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Articles avec #comedie dramatique tag

Un éléphant, ça trompe énormément

Publié le par Rosalie210

Yves Robert (1976)

Un éléphant, ça trompe énormément

Pourquoi est-ce que je n'avais jamais eu envie de regarder "Un éléphant, ça trompe énormément?" Sans doute parce que je pensais que c'était "Le Coeur des hommes" (2003) des années 70 (nul doute que Marc ESPOSITO a d'ailleurs trouvé l'inspiration chez Yves ROBERT) et que ça parlait d'adultère qui est le sujet qui m'ennuie le plus au cinéma! C'est en visionnant par la force des choses plusieurs extraits au fil des différents numéros du web-magazine d'Arte Blow Up ("Le tennis au cinéma", "Le parking au cinéma", "C'était quoi, Jean Rochefort?") que l'image que j'avais du film a changé. Un film de copains dans la lignée de "Vincent, François, Paul et les autres..." (1974) qui a été écrit à la même époque par le même scénariste, Jean-Loup DABADIE mais plus léger et sous influence américaine comme l'était aussi un autre grand succès de Yves ROBERT, "Le Grand blond avec une chaussure noire" (1972). Outre l'emprunt à "7 ans de réflexion" (1955), la couleur rouge symbolisant le désir qui ne quittera plus Etienne (Jean ROCHEFORT), c'est à Blake EDWARDS que l'on pense le plus, le film d'Yves Robert ayant eu l'idée (géniale) d'évoquer la crise de la quarantaine sur le mode burlesque au travers du personnage d'Etienne dont les déboires et la maladresse (mais aussi la tenue et l'allure) ne sont pas sans rappeler ceux de Peter SELLERS dans les différents volets de "La Panthère rose". D'ailleurs par un jeu de vases communicants, Blake EDWARDS s'est ensuite inspiré du film d'Yves Robert pour son désopilant "Elle" (1979). Etienne et ses trois amis se comportent davantage comme des gosses que comme des adultes et c'est ce qui les rend infiniment attachants. Simon (Guy BEDOS) dépassé par sa mère juive envahissante (Marthe VILLALONGA), Bouly (Victor LANOUX) dépassé par sa libido, Daniel (Claude BRASSEUR) vivant le plus naturellement du monde ce qui pourtant à l'époque était encore un tabou relevant d'une infraction pénale et enfin Etienne, contemplant ses chaussures avec l'air penaud d'un enfant pris en faute devant Charlotte (Anny DUPEREY) laquelle lui fait part elle aussi le plus naturellement du monde d'un désir que lui même a tant de mal à assumer. Car outre sa drôlerie, l'éternelle jeunesse de ce film se nourrit de la libre circulation du désir, même celui qui anime le jeune Lucien (Christophe BOURSEILLER qui se faisait alors appeler Christophe BRUCE) vis à vis de Marthe (Danièle DELORME), l'épouse d'Etienne, deux fois plus âgée que lui.

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La Chinoise

Publié le par Rosalie210

Jean-Luc Godard (1967)

La Chinoise

En regardant "La Chinoise" de Jean-Luc GODARD, j'ai pensé à un autre film, vu à sortie, "La Seconda volta" (1995) dans lequel une ancienne victime des brigades rouges jouée par Nanni MORETTI retrouvait fortuitement la militante qui avait tenté de l'assassiner 10 ans auparavant (jouée par Valeria BRUNI-TEDESCHI) au nom de slogans criminels tels que "en tuer un pour en éduquer cent". Véronique, le personnage joué par Anne WIAZEMSKY dans "La Chinoise" pourrait représenter les années de formation de Lisa Venturi, le personnage joué par Valeria BRUNI-TEDESCHI. Soit une étudiante en philosophie à la faculté de Nanterre un an avant les événements de 1968 (ce qu'était réellement Anne WIAZEMSKY, nouvelle compagne de Jean-Luc GODARD) sous influence maoïste, l'idéologie alors tendance car d'un rouge "pur et parfait"* rejoignant la soif d'idéalisme de la jeunesse face aux "socio-traîtres" soviétiques ayant osé pactiser avec "le tigre de papier" américain pour éviter une guerre nucléaire. Si Jean-Luc GODARD utilise de nombreux procédés de distanciation (l'influence de Brecht est explicitement revendiquée) pour ridiculiser les discours de Véronique et de ses amis étudiants qui jouent au grand timonier entre les quatre murs d'un appartement bourgeois repeint aux couleurs aussi primaires que les idées qu'ils "bêlent comme des moutons" jamais il ne se place d'un point de vue véritablement humain ce qui rend son positionnement au final assez ambigu. Tout au plus, insère-t-il dans son film un moment qui le sort de la cour d'école pour le placer sur un terrain plus réaliste. Il s'agit de la séquence de conversation dans le train entre Véronique et son professeur de philosophie, joué par Francis Jeanson, le véritable professeur de philosophie de Anne WIAZEMSKY qui avait été Résistant puis engagé aux côtés du FLN durant la guerre d'Algérie et qui donc a l'expérience nécessaire pour mettre Véronique face à l'inanité de ses projets terroristes. Néanmoins la légitimité de la méthode n'est quant à elle jamais questionnée et encore moins l'aliénation de toutes les formes d'endoctrinement, à l'opposé de l'émancipation individuelle recherchée par la jeune fille mais aussi collective défendue par son professeur. Le film de Jean-Luc GODARD manque donc de hauteur de vue aussi bien que d'humanité, se réduisant pour l'essentiel à un exercice de style (un manifeste?) esthetico-intellectuel désincarné.

* Un rouge si pur et si parfait qu'il fit des millions de victimes (celles du Grand Bond en avant superbement ignorées avant celles dans les années 70 des Khmers rouges).

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Secrets et mensonges (Secrets and Lies)

Publié le par Rosalie210

Mike Leigh (1996)

Secrets et mensonges (Secrets and Lies)

Mike LEIGH a un point commun avec Pedro ALMODÓVAR: c'est un cinéaste qui sait donner du relief à ses personnages et mettre en valeur ses acteurs. Si la jeune génération a découvert David THEWLIS, Imelda STAUNTON ou Timothy SPALL avec les films de la saga Harry Potter, tous trois ont connu la consécration d'un prix d'interprétation dans un grand festival international (Cannes ou Venise) grâce aux films de Mike LEIGH dans lesquels ils ont joué (respectivement "Naked" (1993), "Vera Drake" (2005) et "Mr. Turner") (2014).

Ce talent de portraitiste, Mike LEIGH le met en abyme dans "Secrets et mensonges" au travers du personnage de Maurice (Timothy SPALL) qui est photographe de profession et dont les clichés tentent de saisir la vérité de l'instant sous l'artificialité de la pose (le secret derrière le mensonge?). C'est dans la maison où il habite depuis un an avec sa femme Monica (Phyllis LOGAN) que l'on découvre sur l'un de ses clichés Roxanne (Claire RUSHBROOK), une petite fille charmante et souriante que l'on pense être leur fille. On a tout faux. Roxanne est leur nièce et est devenue une jeune femme au visage renfrogné qui vit encore chez sa mère, Cynthia (Brenda BLETHYN) dans une maison ouvrière exigüe, délabrée et encombrée. Pour ne rien arranger les rapports entre les deux femmes sont exécrables. Si Roxanne semble toujours être en colère, Cynthia semble se résumer à une plainte perpétuelle. Inversant les rôles, elle passe son temps à réclamer de l'amour (voire leur amour exclusif) à sa fille ou à Maurice (qui est son petit frère et qu'elle a plus ou moins élevé) avec une insupportable voix de petite fille geignarde ce qui logiquement les fait fuir tous les deux. Les rapports de Maurice avec Monica ne sont guère plus satisfaisants, celle-ci s'avérant facilement irritable ou souffrante.

Dans cette famille éclatée façon puzzle et dysfonctionnelle, Mike LEIGH introduit non un élément perturbateur (la famille l'est déjà bien assez, perturbée) mais au contraire un élément rassembleur: Hortense (Marianne JEAN-BAPTISTE), la fille aînée de Cynthia abandonnée à la naissance et qui à la mort de sa mère adoptive entreprend des recherches pour retrouver sa mère biologique. L'apparence exogène de Hortense, tant par son appartenance sociale aisée que par sa couleur de peau ou son tempérament apaisant s'avère être une bouffée d'air frais dans le microcosme vicié de la famille de Cynthia. Plus que la fin du film qui pèche parfois par un excès de lourdeur, j'aime les scènes où l'on voit Cynthia et Hortense ensemble, la manière dont elles se découvrent, dont elles s'apprivoisent et le temps que le cinéaste prend pour filmer ce processus (la longueur du film qui a été déplorée par certains est sur ce plan là un atout). Le changement qui s'opère alors chez Cynthia qui redresse la tête, retrouve le goût de se faire belle et surtout la force de sortir de sa posture infantile pour prendre ses responsabilités d'adulte justifie amplement le prix d'interprétation attribué à Brenda BLETHYN (cumulé avec la Palme d'Or, à l'époque, c'était possible), énième preuve du talent de Mike LEIGH à diriger ses acteurs.

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Rushmore

Publié le par Rosalie210

Wes Anderson (1998)

Rushmore

"Rushmore", le deuxième long-métrage de Wes ANDERSON est celui qui l'a fait connaître. Bien que l'on reconnaisse son style et ses thèmes de prédilection, ils ne phagocytent ni l'intrigue, ni le personnage principal comme cela peut être le cas parfois, le film tendant à devenir alors un album Panini comme dans le récent et décevant "The French Dispatch" (2018). L'unité de lieu étant la règle dans les films de Wes ANDERSON (train, maison de famille, sous-marin, plage, hôtel, île, siège de rédaction d'un journal) "Rushmore" est le nom d'une prestigieuse école privée dans laquelle Max (Jason SCHWARTZMAN dans son premier rôle) un adolescent décalé et hyperactif tente de s'y faire une place, multipliant les impostures. Pour commencer, il s'invente une origine sociale prestigieuse alors que son père (Seymour CASSEL) qui est veuf est un modeste coiffeur. Ensuite, il délaisse les études pour lesquelles il n'est pas doué (sauf en rêve!) au profit d'une impressionnante liste d'activités extra-scolaires (et donc autant de vignettes!) destinées à le valoriser. Enfin, il ne se lie qu'avec des gens plus jeunes ou plus vieux que lui ce qui finit par le faire dérailler. Il tombe en effet amoureux de l'institutrice (Olivia WILLIAMS) qui repousse ses avances insistantes mais pas celles de Herman Blume (Bill MURRAY dont c'était la première collaboration d'une longue série avec Wes ANDERSON). L'amitié que Max a noué avec le père d'élève chef d'entreprise dépressif quinquagénaire se transforme en guérilla et le jeune homme finit par être renvoyé de l'établissement. Un long purgatoire l'attend avant qu'il ne puisse retrouver un certain équilibre dans sa vie.

Si le portrait de Max sonne juste, c'est sans doute qu'il présente des similitudes avec Wes ANDERSON. En effet outre le fétichisme des uniformes, Max adore créer des microcosmes ce qui est une métaphore du cinéma et surtout du cinéma tel que l'envisage Wes ANDERSON, lui qui invente des mondes autarciques ressemblant à des maisons de poupées. De façon significative, Max est exclu de son établissement pour avoir voulu construire un aquarium sans autorisation sur un terrain de baseball. De façon tout aussi significative Max parvient à s'accomplir en écrivant et faisant représenter des pièces de théâtre, autre microcosme lui permettant de contrôler son environnement et de le mettre à distance. Ainsi dans sa pièce, sa gué-guerre avec Hernan Blume devient la guerre du Vietnam façon "Apocalypse Now" (1976) en modèle réduit avec dans l'un des rôles principaux, l'une des brutes qui le harcelait à Rushmore! La mise en abyme est évidente: l'école Rushmore apparaît dans l'introduction elle-même derrière des rideaux de théâtre que l'on ouvre.

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Magic Mike

Publié le par Rosalie210

Steven Soderbergh (2012)

Magic Mike

C'est après avoir assisté à une conférence sur le corps queer au cinéma ponctué d'extraits de films pointant les différences dans manière de filmer strip-tease féminin et masculin que j'ai eu envie de voir "Magic Mike". Dans ce dernier domaine, j'en étais resté à "The Full Monty" (1997) qui tout de même commence à dater. En dépit de grandes différences esthétiques, les deux films ont pour point commun de donner aux personnages des origines prolétariennes et de leur faire considérer le strip-tease comme un moyen de réalisation ou de reconnaissance sociale et non comme une fin. Michael (Channing TATUM dont l'expérience dans le milieu a nourri le film) veut passer du rôle d'objet de désir à celui de sujet maître de son destin en devenant entrepreneur. Mais il semble en même temps se saboter en s'entourant de boulets ou de prédateurs qui profitent de lui. Joanna (Olivia MUNN) par exemple est une étudiante issue d'un milieu aisé qui veut se payer un maximum de corps jeunes et beaux avant de se ranger, le chippendale constituant une prise de choix. Il en va de même avec Dallas, son patron, génialement joué par un Matthew McCONAUGHEY extrêmement sensuel voire provocant mais qui ne lui donne qu'un faible pourcentage sur ses performances. Enfin Adam, le petit jeune qu'il prend sous son aile (Alex PETTYFER) afin de se rapprocher de sa soeur (Cody HORN) achève de lui mettre la tête sous l'eau de par sa stupidité. Mais ce n'est pas vraiment cette intrigue, traitée assez superficiellement que l'on retient mais plutôt les numéros de danse dont le caractère sulfureux est là encore trop édulcoré. Certes, Steven SODERBERGH a souvent questionné l'identité masculine dans ses films. Mais la façon dont il tente assez maladroitement de couper court à tout ce que le film peut charrier d'homoérotisme interroge. C'est particulièrement flagrant dans la scène du miroir où Dallas initie Adam à l'aide de force déhanchements plus que suggestifs mais en prévenant que "c'est pour le boulot". Mieux aurait valu laisser le spectateur décider par lui-même de la nature de ce qu'il voyait. C'est sans doute le caractère commercial du film qui explique ce recours à des justifications superfétatoires. Par ailleurs, la photographie duale bleu/jaune qui m'a rappelé "Traffic" (2000) n'est pas du meilleur goût.

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Showing Up

Publié le par Rosalie210

Kelly Reichardt (2023)

Showing Up

Huitième long-métrage de Kelly REICHARDT, le quatrième avec Michelle WILLIAMS (après "Wendy & Lucy" (2008), "La Dernière piste" (2010) et "Certaines femmes") (2016), "Showing up" offre le portrait (l'autoportrait?) d'une artiste quelque peu marginale, Lizzy qui fabrique des statuettes de femmes en céramique. Un portrait que j'ai trouvé d'une grande véracité et c'est à souligner car les femmes ont souvent du mal à exister à l'écran tant elles sont aliénées par des injonctions sociales écrasantes dictées par le "male gaze" issu d'un patriarcat qui domine encore largement le monde de l'art. Mais Kelly REICHARDT est une cinéaste indépendante qui déconstruit film après film ce schéma. Elle a trouvé en Michelle WILLIAMS dont la carrière oscille entre le cinéma indépendant et les films plus mainstream une interprète parfaite. Comme dans "Wendy & Lucy" (2008), celle-ci affiche une apparence anti-glamour au possible, non dictée cette fois par la précarité mais par son immersion dans la création. Une immersion sans cesse perturbée par les aléas d'un quotidien bien encombrant: un ballon d'eau chaude en panne, un pigeon à l'aile cassée dont il faut s'occuper, les problèmes familiaux, une voisine et propriétaire au tempérament opposé au sien dont il faut s'accommoder, le boulot alimentaire dans l'école d'art de sa mère etc. Bien que Lizzy supporte mal ces contraintes, se plaigne et affiche une mine renfrognée, elle se montre d'une grande persévérance, tant pour affronter les tracas du quotidien que dans son travail d'artiste sur le point d'exposer. On assiste ainsi aux différentes étapes de la création de ses statuettes de femmes en mouvement dont l'étape de la cuisson révèle une part d'aléatoire Kelly REICHARDT montre également le petit milieu arty gravitant autour de l'héroïne avec une certaine ironie (l'attention autour du pigeon, les pique-assiette s'invitant chez le père, certaines démonstrations artistiques qui laissent perplexe) mais sans que cela n'altère la sensibilité qui émane de son film.
 

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La Femme de l'aviateur

Publié le par Rosalie210

Eric Rohmer (1981)

La Femme de l'aviateur

Le premier film de la série des "Comédies et proverbes" est le seul que je n'avais jamais vu. Il me semble également être le plus faible de la série. La faute sans doute à un certain manque de charisme des interprètes et à un éparpillement de l'intrigue. Anne jouée par Marie RIVIÈRE, petite amie de François (Philippe MARLAUD) est un personnage plutôt antipathique. Une sorte de miroir inversé de son rôle dans "Le Rayon vert "(1986) dans lequel elle se bougeait pour trouver une issue à son mal-être. Dans "La femme de l'aviateur" elle est au contraire statique, passive, retranchée pour l'essentiel au bureau ou dans sa chambre de bonne. Elle semble considérer François comme un gêneur qu'elle esquive sans que cela le décourage, bien au contraire. Plus elle le repousse, plus il s'accroche. Ayant découvert qu'elle revoyait son ex Christian (Mathieu CARRIÈRE), François, poussé par la jalousie (en théorie) décide de le prendre en filature d'autant qu'une femme inconnue chemine à ses côtés dont François aimerait découvrir l'identité pour sans doute inciter Anne à revenir vers lui. C'est le passage de loin le plus intéressant du film, celui de l'errance géographique comme ouverture des possibles propre au cinéma de Éric ROHMER. François rencontre en effet sur son chemin une lycéenne espiègle, Lucie (Anne-Laure MEURY) qui a tout ce qui manque à Anne: le dynamisme, l'esprit d'initiative, la confiance en soi, en somme, la force de caractère. Avec elle, François retrouve un peu de légèreté, tous deux jouant aux détectives dans le parc des Buttes-Chaumont (l'ancrage territorial des films de Rohmer fait partie de leur charme). Avec elle, il peut réfléchir sur lui-même, réaliser qu'il se fait mener par le bout du nez. Hélas, cet épisode ne s'avère être qu'une parenthèse, François retombant dans les bras de Anne lors d'une scène interminable dans sa chambre où l'on apprend l'identité (décevante) de la femme qui accompagnait Christian. Et si Lucie lui a laissé le moyen de la recontacter, force est de constater que François qui n'en a pas fait de même (peut-être pour se donner l'illusion qu'il maîtrise ses décisions?) risque bien d'avoir laissé passer sa chance bien que la fin soit équivoque.

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Hedwig and the angry inch

Publié le par Rosalie210

John Cameron Mitchell (2001)

Hedwig and the angry inch

"Hedwig and the Angry Inch" est à l'origine une comédie musicale créée par John Cameron MITCHELL en 1998. C'est également lui qui l'adapte pour le cinéma en 2001. Mais le personnage d'Hedwig avait déjà fait des apparitions sur scène à partir de 1994. Biographie chantée subvertie par l'esprit queer et transcendée par l'énergie rock, "Hedwig" met en lumière la part d'ombre des stars "crypto-gays" symbolisées par le chanteur américain Tommy Gnosis (Michael PITT). Hedwig, transexuel originaire de Berlin-est a en effet été son mentor avant que Tommy ne s'enfuie en lui volant les chansons qu'il avait créé pour lui. Ainsi en parallèle des images de concert soulignant le succès de Tommy, on assiste aux galères quotidiennes d'Hedwig contraint pour survivre de se produire dans des lieux miteux avec son groupe "The Angry Inch". Une allusion à l'opération ratée de changement de sexe subie par Hedwig au moment de passer à l'ouest. La symbolique du mur de Berlin qui coupe en deux la ville jusqu'en 1989 rejoint la problématique de Hedwig qui a été charcuté physiquement de telle façon qu'il n'est ni tout à fait un homme, ni tout à fait une femme et qui est à la recherche sentimentalement et sexuellement de sa moitié perdue (ce qu'exprime la chanson "The Origin of love"). Cette symbolique du mur était aussi celle des chanteurs de rock ayant servi de modèle à Hedwig à savoir "The Berlin Three" (David BOWIE, Lou REED, Iggy POP). S'il y a d'ailleurs une chanson qui définit Hedwig au point qu'il la fredonne c'est "Walk on the wild side". Pourtant malgré le caractère périlleux du sujet, le film n'est pas graveleux. John Cameron MITCHELL dont l'abattage impressionne interprète un Hedwig sensible à la recherche de lui-même et de l'âme soeur. Un personnage cash et candide aux émotions à fleur de peau que ce soit dans les larmes ou la colère qui équilibre l'emballage drag exubérant et les sujets explosifs qu'il charrie avec lui. D'autant que à certains moments, il n'y a plus d'emballage, John Cameron MITCHELL n'hésitant pas à se mettre à nu, au propre comme au figuré. La BO est somptueuse.

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Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace)

Publié le par Rosalie210

Frank Capra (1941)

Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace)

Créée à Broadway le 10 janvier 1941, « Arsenic et vieilles dentelles » d'après la pièce de Joseph Kesselring a tenu le haut de l’affiche jusqu’au 17 juin 1944. Elle est entrée dans le livre Guiness des records des pièces les plus jouées à Broadway avec 1 444 représentations, avant de s’installer au Strand Theater à Londres jusqu’en 1946. La pièce a marqué notamment les esprits grâce à l’interprétation magistrale de Boris KARLOFF dans le rôle de Jonathan. Mais c’est Franck Capra qui l'a rendue mondialement célèbre en l’adaptant au cinéma. Sans Boris KARLOFF hélas retenu ailleurs au moment du tournage et remplacé par un "clone" (Raymond MASSEY) mais avec Peter LORRE qui compose un docteur Einstein savoureux. Face à ce duo tout droit sorti du film de James WHALE, Cary GRANT, le roi de la screwball comédie ne fait pas dans la dentelle (^^) et son surjeu permanent (encouragé par Frank CAPRA) finit par émousser le ressort comique de son personnage qui pourtant démarrait très fort. C'est la différence entre le cinéma qui demande de la retenue et le théâtre qui se joue à fond. Pour rappel, Cary Grant joue Mortimer dont le mariage est mis en péril par un encombrant cadavre dans le placard et qui se démène pour que sa famille de cinglés (deux vieilles bigotes qui assassinent par charité chrétienne et leur neveu qui se prend pour Théodore Roosevelt) aille dormir à l'asile psychiatrique dirigé par M. Witherspoon (Edward Everett HORTON, un pilier du second rôle de la comédie américaine de cette époque). On rit encore aujourd'hui beaucoup en regardant cette comédie loufoque et macabre même si l'aspect théâtre filmé et l'ambiance hystérique la rendent parfois un peu lourde à digérer. Certains gags ont mal vieilli (celui du taxi par exemple) de même que certains personnages (la fiancée de Mortimer, le policier théâtreux) mais comme on est dans la surcharge permanente, il y a dans ce trop-plein de quoi largement se contenter. Un exemple parmi d'autres: comme dans les cartoons, Mortimer raconte sur le mode de la fiction ce qui est en train de se dérouler derrière son dos. Pourtant il a découvert très tôt dans le film que la réalité dépassait la fiction!

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Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô)

Publié le par Rosalie210

Ryûsuke Hamaguchi (2021)

Contes du hasard et autres fantaisies (Gûzen to sôzô)

Les films à sketches sont souvent confrontés au même problème: celui de l'inégale réussite de leurs segments qui par ailleurs sont traités à égalité dans leur durée ce qui ne permet pas de les approfondir. "Contes du hasard et autres fantaisies" ne fait pas exception à la règle. On y reconnaît la patte du réalisateur de "Drive My Car" (2021)* qui n'aime rien tant que se griser de mots en huis-clos. Même s'il y a quelques moments annexes, le centre de gravité des trois films est un dialogue entre deux personnages côte à côte ou face à face dans un lieu unique. L'habitacle d'une voiture en éclairage nocturne qui a un équivalent similaire dans "Drive My Car" (2021), un bureau de professeur de faculté dans lequel celui-ci vit comme retranché tout en laissant toujours la porte ouverte et enfin le salon d'une belle maison dont la baie vitrée donne sur la végétation ce qui donne l'impression d'être dans une demeure japonaise traditionnelle tout en rappelant qu'il s'agit d'un leurre ce qui renvoie au monde du théâtre qui était déjà omniprésent dans "Drive My Car" (2021). Le cinéma de Ryusuke HAMAGUCHI est d'ailleurs qualifié de "théâtre de la parole" ce qui lui correspond parfaitement. Celle-ci se substitue aux actes dans le premier et le deuxième volet alors que dans le troisième, elle se prête aux illusions des deux protagonistes pour dissiper leurs regrets d'être peut-être passées à côté de leur vie. C'est ce segment-là qui m'a d'ailleurs le plus convaincue. La rencontre fortuite de deux anciennes élèves du même lycée fondée sur la méprise et le non-dit aboutit à une reconnaissance mutuelle et un rapprochement émouvant. Le premier volet instaure en revanche une triangulation (là encore fondée sur le hasard) assez artificielle. Si la scène dans la voiture est très belle (comme pouvait l'être celle de "Drive my car"), la triangulation qui en résulte semble relever de la théorie sur le désir mimétique de René Girard et sonne assez creux. Enfin le deuxième conte, particulièrement alambiqué est franchement poseur. On ne sait plus qui y manipule qui, les comportements du professeur et de l'étudiante sont assez obscurs. Cette dernière qui aurait pu devenir un personnage enthousiasmant notamment parce qu'elle pose plus de questions que les autres devient le simple véhicule des fantasmes masculins cristallisés par la lecture à haute voix des pages érotiques du livre du professeur. La fin qui se veut cruelle est consternante, la vengeance fortuite n'étant que la réalisation du souhait de l'amant et la nouvelle triangulation envisagée par l'ex-étudiante, conventionnelle à pleurer. Non, désolé, les mots ("conte", "hasard") ne suffisent pas à faire de Ryusuke HAMAGUCHI le nouveau Éric ROHMER. Ce dernier sondait l'âme humaine dans ses cheminements intimes avec beaucoup d'acuité. Hamaguchi en reste la plupart du temps au niveau de l'intellect et éventuellement de l'épiderme.

* "Contes du hasard et autres fantaisies" a été terminé avant "Drive my car" mais est sorti après, sans doute facilité par son succès.

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