Deuxième film de Michel BLANC réalisé dix ans après "Marche a l'ombre" (1984), "Grosse fatigue" est le miroir d'un acteur qui a cassé son image après "Tenue de soiree" (1986) qui lui a valu le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes. Exit les avatars de Jean-Claude Dusse? Pas tout à fait. Car dans "Grosse fatigue", le Michel BLANC devenu respectable aux yeux de l'intelligentsia s'invente un sosie de loser obsédé (bref une version sombre de Jean-Claude Dusse) bien décidé à tout faire pour prendre sa place. Comme si cette place, il n'y avait pas droit. Même si "Grosse fatigue" reste une comédie où on rit beaucoup des quiproquos liés à la confusion entre Michel et Patrick, ce dédoublement ouvre de vertigineux questionnements existentiels liés au syndrome de l'imposteur en plus d'être une mise en abyme du cinéma français (qui traversait une mauvaise passe). Celui de Michel BLANC mais aussi celui de Bertrand BLIER qui lui a suggéré l'idée du film (qui s'inspire par ailleurs d'une mésaventure authentique arrivée à Gerard JUGNOT) et imprime sa marque dessus. Quoi de plus normal pour le réalisateur à l'origine de la mue de Michel BLANC, symbolisée par la disparition de sa moustache à la fin de "Tenue de soiree" (1986)? Pas étonnant que la bande du Splendid, convoquée au complet ne parvienne pas à le reconnaître dans "Grosse fatigue" (1994). Et que sa partenaire dans le film soit Carole BOUQUET. Car sur "Grosse fatigue" plane l'ombre de "Trop belle pour toi" (1989). Qu'est-ce que j'ai de moins que Josiane BALASKO finit-elle par dire en substance, comme si le questionnement du film de Bertrand BLIER se prolongeait dans celui de Michel BLANC. Michel et Carole y sont en effet poursuivis par leur image, celle du "casse-couille" et celle de la femme "froide". Une froideur déconstruite par Michel BLANC qu'elle couve avec des accents qui rappellent de manière troublante Therese LIOTARD dans "Viens chez moi, j'habite chez une copine". (1980) A moins que Michel ne soit Patrick qui préfère les femmes avec un T-shirt Mickey à celles en tailleur Chanel?
Tout d'abord, une remarque: j'ignorais que Claude LELOUCH avait réalisé une multitude de scopitones dans les années 60. Cela explique la présence de Johnny HALLYDAY dans "L'aventure, c'est l'aventure" (assez méconnaissable pour moi qui ne l'ai connu que vieux) comme celle de Gilbert BECAUD dans "Toute une vie" (1974) avec des passages chantés un peu ringards. Par ailleurs, "L'aventure, c'est l'aventure" est un étrange film qui aurait pu s'appeler pour citer le personnage de Charles DENNER "la clarté dans la confusion". Le scénario est complètement foutraque, ça part dans tous les sens, la deuxième partie du film est laborieuse malgré le rebondissement final. Film de gangsters décalé, parodique, "l'aventure, c'est l'aventure" est un buddy movie humoristique façon "Tintin chez les Picaros", "frères Dalton" ou "pieds nickelés" avec un fort accent burlesque voire cartoon. D'ailleurs le film, devenu culte a été lui-même adapté en BD. Une scène qui l'illustre parfaitement est celle où les flics interrogent le personnage de Lino VENTURA à l'entrée d'un aéroport. On pense à l'expression de Henri Bergson à propos du rire quand on le voit répéter les mêmes gestes (reprendre sa serviette, claquer la porte de la voiture) avec une précision toute mécanique. Et ce jusqu'à ce que la une d'un journal vienne lui clouer le bec. Mais évidemment la scène la plus célèbre du film est celle de la plage, quand les cinq hommes se pavanent devant de jolies filles avec des attitudes ridicules calquées sur la démarche de dragueur de Aldo MACCIONE (à qui j'ai trouvé des airs de Robert De NIRO). Bref c'est un film d'acteurs un peu trop léger et désinvolte en dépit de moments vraiment amusants et réussis.
Comme tant et tant de gens ayant connu cette époque, j'ai vu "3 hommes et un couffin" au cinéma à sa sortie, sans doute plusieurs fois, dans des salles pleines et je me souviens encore de ma mère (qui m'accompagnait étant donné mon jeune âge d'alors mais qui elle-même ne fréquentait pas les cinémas) riant aux larmes devant certaines des situations montrées dans le film. En le revoyant près de quatre décennies plus tard, j'ai été frappée par une évidence: toutes les scènes entre les trois hommes et le bébé n'ont pas pris une ride alors que celles qui montrent leur vie sociale apparaissent affreusement datées. Même s'il y a quelques longueurs et artifices dans le scénario, l'essentiel réside dans la relation qui se noue entre le bébé et ses trois pères, surtout les deux pères d'adoption d'ailleurs. En déplaçant les curseurs des rôles genrés, Coline SERREAU ne s'interroge pas seulement sur l'équilibre entre travail et vie de famille. Elle déconstruit un modèle de masculinité égocentrique ne reposant que sur la compétition virile et la recherche du plaisir sans limites. Avec un bébé dans les pattes, les trois hommes découvrent les responsabilités, les compromis qui résultent de la charge mentale mais aussi la tendresse. Seulement, il ne faut pas la montrer aux autres ce qui est source de situations ou de réparties comiques. Au final, "3 hommes et un couffin" se rapproche de "La Belle verte" (1996) en montrant une société marchant sur la tête remise à l'endroit. Le maternage est montré comme pouvant être aussi bien assuré par l'un que par l'autre sexe s'il se donne la peine de s'investir ce qui aboutit à la désopilante scène de confrontation entre Pierre et Mme Rapon (Dominique LAVANANT). Après le départ du bébé, l'aspect factice, vide, mécanique de la vie des trois hommes leur saute au visage au point que Jacques (Andre DUSSOLLIER) fait une couvade, Michel (Michel BOUJENAH) n'a plus d'inspiration alors que Pierre (Roland GIRAUD) tombe en dépression. Bref, comme les autres films de la réalisatrice, "3 hommes et un couffin" n'est pas seulement une comédie culte, c'est un film en avance sur son temps, ébranlant le patriarcat et ébauchant un nouveau modèle parental et familial.
Mais qu'il est beau ce film! Je suis encore enchantée d'avoir pu l'attraper au vol, juste avant qu'il ne disparaisse sur Arte. Parfois (c'est loin d'être toujours le cas), la conjonction de talents aboutit à un résultat harmonieux, cohérent où chacun donne le meilleur de lui-même et converge dans le même sens. C'est l'un des plus beaux rôles de Jean-Paul BELMONDO qui conjugue ici l'action, l'élégance, la sobriété avec une profonde mélancolie qui le rapproche de son fabuleux personnage de "La Sirene du Mississipi" (1969). Les décors, les costumes et la photographie forment un écrin d'une rare justesse, on s'y croirait. Le tout au service d'un puissant récit contestataire de l'ordre social en phase avec le contexte historique retranscrit, la fin du XIX° siècle. L'auteur de l'oeuvre originale, Georges Darien était un libertaire, partisan de l'anarchisme, un mouvement transnational qui avait mené en France au début des années 1890 des attentats sanglants destinés à déstabiliser l'Etat bourgeois (l'assassinat du président Sadi Carnot en 1894 par exemple) avant d'être impitoyablement réprimé. Louis MALLE et Jean-Claude CARRIERE ont ainsi pu à travers son récit régler leurs propres comptes avec la bourgeoisie et faire souffler l'esprit du futur mai 68. Avant de devenir un cambrioleur professionnel (et un obsessionnel compulsif du vol de bijoux), Georges Randal est montré en effet comme une victime de cet ordre social bourgeois, personnifié par son oncle et tuteur, Urbain Randal (Christian LUDE) qui le prive de son héritage et de sa fiancée. Ce faisant, il créé un ennemi de classe au mode opératoire minutieusement retranscrit et symbolique. Il y a un côté hautement jouissif à voir cet homme se venger encore et encore en forçant les portes, fenêtres, coffre-fort et autres secrétaires des maisons patriciennes qu'il ravage systématiquement, ne laissant derrière lui que désordre et désolation. Mais ses interventions subvertissent également les stratégies de ses ennemis en matière matrimoniale comme successorale. Quant il ne se paye tout simplement pas leur tête, ceux-ci rivalisant de bêtise. Les coups de griffe n'épargnent pas le cléricalisme, coupable de sa collusion avec le milieu bourgeois. Ainsi le personnage joué par Julien GUIOMAR s'avère être un abbé escroc alors que offense suprême vis à vis de son oncle, Georges Randal le prive de funérailles religieuses en falsifiant son testament. Les femmes, quel que soit leur statut sont les meilleures alliées de Georges, trouvant à ses côtés le moyen de prendre une revanche vis à vis d'un ordre patriarcal qui les opprime. C'est l'occasion de voir un beau défilé d'actrices: Bernadette LAFONT, Genevieve BUJOLD, Marie DUBOIS, Francoise FABIAN, Marlene JOBERT ou encore Martine SARCEY.
Film d'animation haut en couleurs aux accents proustiens, "Linda veut du poulet" est une course-poursuite menée tambour battant pour mettre la main sur le précieux volatile, ingrédient principal de la recette du poulet aux poivrons. Celle-ci est le plus cher souhait de Linda parce que c'est le seul souvenir qu'il lui reste de son père disparu quand elle était bébé. Et sa mère qui l'a punie injustement est prête à se couper en quatre pour se faire pardonner. Le problème est que Paulette ne cuisine pas et qu'elle ne peut pas faire de courses ce jour-là, les magasins étant fermés pour cause de grève générale. Il va donc lui falloir trouver sa matière première à la source et de façon plutôt cavalière mais ne maîtrisant pas les gestes de la fermière, le poulet va faire des siennes. D'autres personnages entrent bientôt dans la danse: les amies de Linda qui tentent de l'aider à faire le plat ce qui est surtout matière à divers gags (les poivrons qui brûlent, le chien qui mange le poulet...), des policiers zélés, un camionneur allergique aux plumes de poulet, Astrid, la soeur de Paulette etc. Tout cela est mis en scène avec une belle énergie et une symbolique qui fait mouche. A chaque personnage est attribué une couleur qui de loin, le fait ressembler à une tache colorée ce qui finit par former une sorte de guirlande multicolore lorsque tous les participants passent à table. La nuit, seuls les contours des personnages restent en couleur et Linda se demande si tout est noir quand on est mort. Contre l'oubli, restent les sensations. La symbolique du père perdu et retrouvé ne s'arrête pas à ce repas pris ensemble, il concerne aussi la punition injustement donnée à l'origine de l'affaire. Une punition relative à une bague, elle aussi liée au père que Paulette croit perdue et qu'elle finit par retrouver. Proust avait sa madeleine, Linda a désormais son poulet.
Ah mais quel bonheur ce film que je voulais voir depuis longtemps! Impossible de résister à la verve du trio formé par FERNANDEL, ARLETTY et Michel SIMON qui nous fait complètement oublier l'origine théâtrale du scénario. Il faut dire que si officiellement, c'est Maurice LEHMANN, le producteur de l'auteur de la pièce qui a réalisé le film, il a été considérablement aidé par Claude AUTANT-LARA qui a été bien plus qu'un collaborateur technique. De fait, "Fric-Frac" est aussi un délice cinématographique qui fait penser tantôt à Jean RENOIR et sa "Partie de campagne" (1935), tantôt à Ernst LUBITSCH et sa "Haute pegre" (1932) (même s'il s'agit ici de "basse pègre") et tantôt à Howard HAWKS, tant pour ses comédies screwball que pour ses films noirs sans parler d'une touche de réalisme poétique à la Marcel CARNE.
De plus, si "Fric-Frac" est une comédie aussi irrésistible, c'est qu'elle repose non seulement sur la prestation de trois monstres sacrés, mais également sur d'habiles contrastes de caractères et de milieu social. Soit un employé de bijouterie honnête et naïf ( FERNANDEL) qui préfère à la fille de son patron (Helene ROBERT) et à la promotion sociale qui l'accompagne un duo de petites frappes hautes en couleur (Michel SIMON et ARLETTY) au coeur tendre et à la gouaille absolument savoureuse. Les dialogues sont étincelants et rendent un bel hommage à l'argot parisien, un langage fleuri que l'on ne se lasse pas d'écouter et qui rend le film extrêmement vivant. La magie du cinéma fait que si Michel SIMON et FERNANDEL ne s'entendaient pas sur le tournage, ils sont absolument désopilants dans le film (leur duo m'a d'ailleurs rappelé celui avec Louis JOUVET dans "Drole de drame" (1937) tout aussi drôle alors que Michel SIMON ne s'entendait pas non plus avec Louis JOUVET).
En revoyant ce deuxième opus quasiment à la suite du premier, je n'ai pu m'empêcher de les comparer. J'ai trouvé globalement le personnage d'Austin Powers moins flamboyant, moins drôle, peut-être est-ce dû à l'obsession de la perte de son "mojo" qui revient toutes les trois secondes dans ses dialogues et forme une intrigue pour laquelle on ne se passionne guère. Il y a également un certain nombre de redites, de la femme-robot (également présente dans le troisième volet de la trilogie) à l'agent du docteur D'enfer tentant d'assassiner Austin Powers en boîte de nuit et se prenant un retour de boomerang ainsi que le personnage de Mustafa (Will FERRELL) qui n'en finit plus de commenter sa souffrance hors-champ alors qu'il est censé être plus que mort. Néanmoins, ces réserves ne sont que relatives tant le film est un festival de trouvailles burlesques plus réjouissantes les unes que les autres. Citons entre autre une séquence cartoon du meilleur effet, les références à Star Wars, à Bruce LEE, à Esther Williams et à "Le Dictateur" (1939), le montage jouant sur les synonymes du mot "pénis" dans des scénettes variées elles aussi souvent référencées, un jeu d'ombres chinoises salace très développé et très drôle, la mise en abyme du SLN au travers du Jerry SPRINGER show et l'introduction du génial personnage de Mini-moi. Autre point fort, l'esthétique pop et psychédélique avec entre autre un pastiche des sérigraphies de Andy WARHOL est encore plus travaillée si possible que dans le premier volet qui était déjà bien flashy. Mais ce qui m'a le plus enthousiasmée dans ce deuxième volet, c'est la triple performance de Mike MYERS qui joue Austin, le Dr. D'Enfer et un nouveau personnage, Gras double qui n'est pas sans rappeler le Mr. Creosote des Monty Python dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982). En effet, dès, "Austin Powers" (1997), les allusions à "Docteur Folamour" (1964) m'avaient sauté aux yeux mais c'est encore plus évident ici où la triple performance de l'acteur rappelle celles de Peter SELLERS dans le film de Stanley KUBRICK (dont "Full Metal Jacket" (1987) fait également l'objet d'un pastiche désopilant).
Premier volet de la saga "Austin Powers" et déjà l'impressionnant abattage burlesque de Mike MYERS, bête de scène ayant fait ses armes au Saturday Night Live. L'énergie folle dépensée dans ce vortex psychédélique de pastiches et de parodies accouche d'un univers somme toute cohérent où un pur produit du swinging London de la fin des sixties, passablement obsédé et scato est téléporté via la cryogénisation, trente ans plus tard, au beau milieu des années sida (et accessoirement époque du tournage du film). Austin Powers est lui-même un drôle de mélange: si l'aspect parodique des James Bond de la période Sean CONNERY n'échappe à personne, pilosité du torse et allusions sexuelles incluses ("Goldfinger" (1964) déjà et Pussy Galore transformée en Alotta Fagina/Detta Defagin en VF), ses autres identités sont tout aussi savoureuses: la tenue vestimentaire dandy et l'activité "couverture" de photographe de mode sortent tout droit de "Blow-up" (1966) de Michelangelo ANTONIONI qui est pastiché, de même que les partenaires d'Austin, Mrs Kensington et sa fille, Vanessa Kensington parodient Emma Peel de "Chapeau melon et bottes de cuir" (1960). Et même si cela ne sera explicite que dans le troisième volet, "Austin Powers dans Goldmember" (2002), les grosses lunettes et l'aspect anti-héros du personnage établit une filiation avec l'anti-James Bond qu'est Harry Palmer dans "Ipcress - Danger immediat" (1965). Enfin, les sources d'inspiration ne sont pas que british (fausses dents pourries incluses ^^). Le dédoublement de l'acteur qui joue également l'antagoniste de Austin Powers, alias le docteur Denfer, personnage de méchant mégalo issu lui aussi des James Bond est une idée puisée dans la saga "Fantomas" (1964) avec Jean MARAIS alors que "Numero Deux" est joué par Robert WAGNER, une star américaine dont la renommée internationale repose en grande partie sur la série "Pour l'amour du risque" (1979) où il formait un indissociable duo avec une certaine Stephanie POWERS ^^. Si le film se cherche encore un peu au niveau des gags (les illusions d'optique sans changer de style seront bien plus élaborées par la suite), ce laboratoire expérimental est somme toute déjà réjouissant.
Le seul volet de la trilogie Austin Powers que je n'avais pas encore vu est à l'image des autres: un délicieux bonbon pop, régressif juste ce qu'il faut, bourré d'énergie, d'idées et de références judicieusement placées. Cette parodie des films d'espionnage biberonnée au swinging London et animée de l'esprit potache du Saturday Night Live d'où est issu Mike MYERS est plus réjouissante que jamais, frisant souvent le mauvais goût mais parvenant à l'éviter la plupart du temps grâce à sa tonalité bon enfant. Le titre se passe de commentaire, d'autant que même l'original "Goldfinger" (1964) avait déjà donné lieu à des détournements douteux. L'ouverture est un pastiche de "Mission : Impossible 2" (2000) renommé "Austinpussy" (allusion à "Octopussy") (1983)" avec l'apparition clin d'oeil de Tom CRUISE déguisé en Austin Powers, les autres personnages étant incarnés par Gwyneth PALTROW, Kevin SPACEY et Danny DeVITO, le tout sous la houlette de Steven SPIELBERG et Quincy JONES (il n'y a pas à dire, Mike MYERS fait fort en terme de casting). Quant à l'anti-James Bond des années 60, alias Harry Palmer alias Michael CAINE, il devient rien de moins que le père de Austin Powers ce qui rend explicite le fait que Mike MYERS s'est inspiré de lui pour créer son personnage. Autre très bonne idée, rendre hommage à la blaxploitation au travers du personnage joué par Beyonce KNOWLES qui ressemble furieusement à Pam GRIER. Alors il est vrai que le film ressemble plus à une suite de sketches qu'à un vrai film mais c'était après tout également le cas des Monty Python à qui Mike MYERS rend un hommage appuyé. Et plusieurs scènes sont vraiment très drôles comme celle du cameo de Britney SPEARS (qui devient "canon" au sens propre!), du clip de rap, du sous-marin ou celles qui jouent sur les illusions d'optique (il y en a deux fois plus que dans l'opus précédent). Tout n'est cependant pas aussi drôle, à commencer par Goldmember lui-même (joué également par Mike MYERS) qui exploite maladroitement le concept de "bijoux de famille" que l'on retrouve jusque dans "Pulp Fiction" (1994). Et si le répugnant personnage de Gras-Double (autre personnage joué par Mike MYERS) en fait déjà trop (pour moi), cela aurait pu être pire. Heureusement que Beyonce KNOWLES a mis des limites à l'imagination débordante du réalisateur. Il n'en reste pas moins que cet opus est un festival dont on sort le sourire aux lèvres.
En regardant la mini-série "Polar Park", j'avais en tête la phrase de Wim WENDERS "C'est quelqu'un qui est né dans un paysage trop petit pour lui". Comment filmer de grands espaces aux accents très américains au sein d'un petit village français? En créant grâce à la magie du cinéma un lieu ni d'ici, ni d'ailleurs. Alors certes, Mouthe, estampillé "village le plus froid de France" a vraiment l'hiver des airs de Canada, d'Alaska ou de Middle West sous blizzard. Mais il est également évident que les équipements vastes et dernier cri montrés dans la série (piscine, médiathèque) ne sont pas ceux d'une commune de 900 habitants. Peu importe car ce décalage fait une partie du charme de la série. A l'image d'un film sorti récemment "L'Autre Laurens" (2023) dans lequel joue également Olivier RABOURDIN. L'autre aspect qui rend cette série très contemporaine, c'est son message sous-jacent que l'on peut résumer avec une autre phrase, de mon cru cette fois "chercher l'indien qui est en soi". C'est exactement la piste que suit le romancier de polars David Rousseau (Jean-Paul ROUVE) dont la double quête (connaître ses véritables origines, retrouver l'inspiration) s'effectue sous le signe du retour à la nature. Non sans difficultés, il parvient à convertir à sa "pensée magique" sensible aux rêves, aux esprits, aux signes, à l'art, aux coïncidences, aux associations d'idées bref à tout ce qui échappe à la raison le gendarme Louvetot (Guillaume GOUIX) qui vit dans le refoulement de sa véritable nature justement et que Rousseau surnomme dans ses écrits "Le Loup" (comme dans "Le Regne animal") (2023)). Alors bien sûr que l'on pense à "Fargo" (1995) parce que enquête policière, parce que neige, parce que casquettes à oreillettes, parce que trio de tueurs improbable et loufoque. On pense aussi à David LYNCH parce que oreille coupée, parce que cheminement tortueux dans l'inconscient. Mais le film auquel la série m'a fait le plus penser est "Dead Man" (1995) parce que neige tirant la photo vers le noir et blanc parce que forêt, parce que tipi, parce que sacré, parce que poésie parce que sagesse chamanique. Rien que les titres des romans de Rousseau sont un régal pastichant les titres de films et de chansons célèbres: "Apocalypse plus tard", "Orange balsamique", "Drôle de brame" ou "La groupie du botaniste" alors que les crimes reconstituent de célèbres tableaux et sculptures et que les enquêtes s'orientent vers des jeux de lettres au scrabble et des films à plusieurs dimensions ("Shining" (1980), "Orphee" (1949) etc.)
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.