Je n'avais pas très envie d'aller voir "L'Amour Ouf" et je n'ai pas vraiment aimé le résultat. Certes, il y a d'excellentes idées de mise en scène, une photographie qui décoiffe, une envie de cinéma XXL à l'américaine qui n'est pas fréquente dans le cinéma français, une interprétation qui "déchire", surtout de la part des deux jeunes acteurs Mallory WANECQUE et Malik FRIKAH qui peuvent légitimement espérer rafler un prix révélation lors de la prochaine cérémonie des César car ils portent la moitié du film sur leurs épaules. Adele EXARCHOPOULOS et Vincent LACOSTE sont également excellents (en revanche je trouve le jeu de Francois CIVIL trop limité). Oui mais le résultat ne m'a pas convaincu. C'est trop: trop long, trop tape-à-l'oeil, trop m'as-tu vu, trop kitsch avec certains plans frôlant le grotesque (le coeur et le chewing-gum qui battent, le baiser sur fond de coucher de soleil cliché à mort). Et ce n'est pas assez à la fois parce que Gilles LELLOUCHE veut faire une sorte de cinéma total qui brasse un peu tous les genres (drame romantique, teen movie, film de gangsters, comédie musicale, film de procès, film social, comédie "buddy movie" avec Raphael QUENARD et Jean-Pascal ZADI...) mais n'arrive pas bien à les amalgamer et surtout à les creuser. Dans certains films, les contraires s'attirent et s'enrichissent mutuellement mais dans celui-ci, c'est comme s'ils se repoussaient. Peut-être parce que cela manque de dialogues un tant soit peu consistants. On a donc au final une maîtrise insuffisante et un manque de profondeur criant.
Voilà une comédie au succès mérité et qui respire la sincérité jusqu'au fond de ses tripes. On dit souvent qu'on ne fait pas de bons films avec de bons sentiments mais cette phrase mérite d'être nuancée. Il faudrait plutôt dire qu'il est difficile de faire un bon film avec de bons sentiments. "Un P'tit truc en plus" y parvient grâce à deux ingrédients bien dosés: l'humour et la tendresse. Pour cela, il propose de briser la barrière qui sépare habituellement le monde des handicapés de celui des valides. A la suite d'un quiproquo, un valide est pris pour l'un des pensionnaires d'un centre s'occupant de jeunes adultes atteints de handicaps mentaux ou neurodéveloppementaux. Le valide, c'est Paulo alias ARTUS qui cherche à échapper à la police après un braquage avec son père (joué par Clovis CORNILLAC) et se glisse donc dans la peau d'un handicapé, nous permettant de découvrir leur monde. Un principe qui a été la base de quelques monuments de la comédie, tels que "Certains l'aiment chaud" (1959) ou "Les Aventures de Rabbi Jacob" (1973). " Un P'tit truc en plus" n'a pas la prétention de les imiter, pourtant, c'est avec un naturel confondant que l'intrus s'intègre au milieu de ses nouveaux compagnons qui ne sont pourtant pas dupes, contrairement aux éducateurs qui se laissent berner. Un renversement de perspective réjouissant qui fait penser au génial "Ya Basta" (2010) de Gustave KERVERN dans lequel les handicapés prenaient les valides au propre piège de leurs préjugés. Quant au père de Paulo qui pour justifier sa présence doit se faire passer pour un éducateur, son attitude sans filtre remet en cause certains des principes du fonctionnement du centre (c'est à dire de la société), à commencer par la vie sous cloche, même dans un gîte en pleine nature. Il commence par dégager le ballon de Baptiste, l'un des jeunes handicapés fan de Ronaldo au fin fond de la forêt, le laissant aller seul le chercher. Mais c'est lorsqu'il propose de substituer l'aviron à la pâte à sel et qu'il doit se mettre de nouveau hors-la-loi pour y parvenir que l'on se rend compte combien la liberté de mouvement est un droit à défendre face à la tentation de l'enfermement. Ce que faisait déjà Fernand Deligny dans "Ce gamin, la" (1975) qui avait sorti les autistes des hôpitaux pour les laisser vagabonder dans les Cévennes ou encore le personnage (lui aussi intrus) de Patrick McMurphy qui le temps d'une séquence réussissait à prendre la mer avec ses compagnons dans "Vol au-dessus d'un nid de coucou" (1975). ARTUS poursuit donc cet engagement avec talent.
Un homme, trois femmes, combien de possibilités? Film de fin d'études de Emmanuel MOURET qui avait déjà réalisé trois courts-métrages pendant son cursus à la Fémis, "Promène-toi donc tout nu" est un moyen métrage qui fait beaucoup mais alors vraiment beaucoup penser à du Eric ROHMER, celui de "La Collectionneuse" (1967) ou du "Conte d'ete" (1996). L'histoire se déroule à Marseille, la ville d'où est originaire Emmanuel MOURET et raconte une jeu amoureux entre un jeune homme immature (Emmanuel MOURET), sa petite amie qui souhaite qu'il s'engage et lui pose un ultimatum en ce sens et deux filles pas farouches (une amie et "l'amie de son amie" ^^) qui jouent à pile ou face pour qu'il teste l'une d'entre elles avant qu'il ne se décide. Au menu: des jeunes gens en vacances au bord de la mer ou dans des villas désertées, les jeux de l'amour et du hasard, un ton décalé et ludique, des dialogues et des situations à la fois libertins (et parfois vulgaires) et candides, une mise en abyme (Clément est le narrateur de l'histoire et certaines des phrases qu'il emploie sont ensuite récitées par les personnages ce qui renvoie au fait qu'il est interprété par le réalisateur), des filles (Constance et Liberté ah ah ah!) qui mènent le jeu autour d'un garçon qui le subit jusqu'à ce qu'il finisse par se prendre en main. Au final, on a un assez joli conte initiatique, pas impérissable mais annonciateur de la suite de sa carrière.
J'ai beaucoup aimé ce film qui est le premier que je regarde de Alice ROHRWACHER. Le personnage principal, Arthur (Josh O'CONNOR) avec son air désemparé et ses incongrus vêtements blancs (alors qu'il passe beaucoup de temps sous terre) semble ne pas appartenir à ce monde. De fait il y a un décalage énorme entre ses dons surnaturels lui permettant de mettre au jour des trésors archéologiques dans son village situé au bord de la mer Tyrrhénienne et son statut de paria condamné à la marginalité et à l'exclusion. Son désarroi face à la cupidité de ses semblables qui n'hésitent pas à vandaliser les oeuvres pour mieux les voler alors que lui aime juste les admirer en fait une figure sacrificielle qui arrive au bout d'une chaîne d'exploitation. Mais le film de Alice ROHRWACHER s'il contient une part de critique sociale est en même temps poétique, joyeux, coloré, rempli de personnages pittoresques. Il est impossible de ne pas penser à l'univers de Federico FELLINI, plus précisément celui des oisifs de province de "Les Vitelloni" (1953) et celui des arnaqueurs de "Il Bidone" (1955) creusant de fausses tombes avec des trésors de pacotille pour abuser les villageois. On peut aussi y voir l'influence de Pier Paolo PASOLINI, Arthur (qui est joué par un anglais et défini comme tel) faisant penser à l'ange joué par Terence STAMP dans "Theoreme" (1968). De même que l'ouverture des tombes fait ressurgir le passé étrusque de l'Italie, l'âge d'or du cinéma italien s'invite aussi au travers de la présence de Isabella ROSSELLINI dans le rôle d'une matriarche mystérieuse. Tout aussi mystérieuse, sa fille disparue apparaît dans les rêves de Arthur qui parvient à la rejoindre. Dans quel monde? La est toute la question.
J'ai eu du mal à entrer dans le film avec son début bling-bling oscillant entre boîte de strip-tease, maison de fils de milliardaire et casinos de Las Vegas, le tout au service d'un rêve en toc. Sans doute l'héroïne voit-elle ce qui lui arrive comme un conte de fées, celui du prince qui épouse la bergère mais quand on connaît un peu Sean BAKER, il est impossible de prendre ces images pour argent comptant. Car il prolonge d'une certaine manière avec "Anora" "The Florida Project" (2017) avec son hôtel "Magic Castle" destiné initialement aux touristes de Disney World et finalement investi par des déshérités. Anora (Mikey MADISON) qui en fait partie comme le montre la première séquence réaliste où on la voit dans sa vie quotidienne rêve justement de passer sa lune de miel dans le célèbre parc d'attraction. Et elle peut d'autant mieux rêver qu'elle a tiré le gros lot. Avec sa connaissance du russe (elle-même étant d'origine ouzbèque), elle a été mise en relation par sa boîte avec l'héritier pourri gâté d'un oligarque russe qui l'inonde de fric pour s'assurer ses services et finit sur un coup de tête par lui proposer le mariage. Evidemment, c'est le début des ennuis. Car Ivan ne s'avère être que la marionnette immature et lâche de ses parents qui envoient aussitôt la nouvelle connue leurs sbires aux trousses du couple. C'est seulement à ce moment que le film prend sa véritable dimension. On bascule dans une sorte de folie burlesque dans laquelle Anora, déchaînée met en pièce le décor et les sbires qui s'avèrent totalement dépassés par la situation. Mention spéciale au montage qui n'est pas pour rien dans l'impression de chaos indescriptible qui s'empare de la mise en scène. L'effet tornade se poursuit ensuite dans la recherche du mari évanoui dans la nature pendant la mêlée, les petites bombes semées auparavant par Sean BAKER (par exemple la rivalité entre Anora et une autre stripteaseuse de la même boîte) explosant au moment opportun. Mais au fur et à mesure que le rêve vire au cauchemar, une mélancolie sourde perce à l'écran tandis qu'une nouvelle trame scénaristique se révèle. C'est toute la force du film d'avoir ainsi mis en avant une intrigue tapageuse pour mieux dérouler une autre histoire dans son ombre. Cette construction savante et parfaitement huilée souligne le degré de maîtrise du film. J'avais adoré Yuriy BORISOV dans "Compartiment No6" (2021) et son rôle d'Igor semble en être le prolongement. Tout aussi peu loquace, il est le témoin silencieux mais pas indifférent de la déconfiture que subit Anora et tente discrètement de lui venir en aide. Face à cette présence qui ne parle quasiment qu'avec le regard (on l'a comparé à Buster KEATON mais je lui trouve des caractéristiques plus chaplinesques que keatoniennes), on voit celle-ci multiplier les mécanismes de défense envers lui jusqu'à la toute dernière scène qui va chercher bien plus loin dans sa vie (on le devine) que les péripéties auxquelles nous avons assisté dans le film. Car comme dans "Compartiment No6" (2021), début et fin se répondent sauf qu'au lieu de voir un visage triste s'illuminer, on voit un sourire plaqué s'évanouir dans un déluge de larmes "rien de plus fermé qu'un sourire forcé. La vraie tristesse est bien plus avenante que la fausse gaité" (René Bellaïche).
"Les émotifs anonymes" joue sur l'hypertimidité de son duo de personnages pour créer des situations comiques à même de faire rire. Et ça marche plutôt bien. Isabelle CARRE et Benoit POELVOORDE sont à la fois touchants et désopilants. La scène dans laquelle ils se retrouvent pour la première fois en tête à tête au restaurant est particulièrement tordante, au sens propre d'ailleurs puisque Jean-René doit s'interrompre toutes les dix secondes pour aller aux toilettes changer de chemise jusqu'à l'absurde. Evanouissement, mains moites, sueurs, tremblements, rougissements, toutes ces manifestations corporelles indésirables sont du carburant comique, au même titre que la non-maîtrise de son environnement dans le cinéma burlesque (tomber, se cogner, glisser, casser, s'emmêler...) qui est au coeur de la scène de la chambre d'hôtel. Dans "Les émotifs anonymes", on sourit également devant le contraste entre les mantras assertifs que prononcent Jean-René et Angélique ("j'ai confiance en moi", "je suis un volcan") et leur incapacité à s'affirmer (pour l'une) et à sortir de sa carapace (pour l'autre) avec pour conséquence la solitude et l'échec. Si on ajoute que la passion pour le chocolat les réunit, on obtient tout de même pas mal de traits autistiques chez ces personnages allant de la phobie sociale à l'intérêt restreint dans lequel ils sont experts. Si j'ai trouvé qu'il y avait des facilités scénaristiques et que les personnages secondaires étaient insignifiants, j'ai bien aimé l'univers acidulé très "Charlie et la chocolaterie" dans lequel ils évoluent. Parce que cela fait écho à leur difficulté à sortir de leur coquille pour affronter le vrai monde, comme Willy Wonka. Vivre sous cloche dans un Disneyland de pacotille est un bon moyen de conjurer ses angoisses. Et Angélique de rappeler une évidence trop souvent oubliée: le chocolat se mesure avant d'être une sucrerie à son degré d'amertume.
Lorsque Michel BLANC est décédé, c'est l'un de ses films récents qui a été le plus cité par les internautes. Preuve que contrairement à ce qu'avait dit une partie de la critique à sa sortie, "Les petites victoires" n'était pas destiné à être oublié une fois consommé. Sous-entendu, le cinéma populaire serait dénué de qualités cinématographiques. Alors certes "Les petites victoires" est un film sans prétention mais est une réussite dans son genre. D'abord son sujet: la lutte contre la désertification rurale, traitée sur le mode de la comédie, ça fonctionne tellement bien que cela donne les scènes les plus drôles du film. Celle de la boulangerie reconvertie en bistrot clandestin montre que le besoin de lien social est plus fort que le pain! Et celle dans laquelle les villageois se liguent pour faire croire à l'inspecteur du rectorat que la classe unique du village compte assez d'élèves pour ne pas être fermée va dans le même sens. L'increvable Marie-Pierre CASEY en guetteuse avec talkie-walkie, lunettes noires et bob Ricard, il fallait y penser quand même! Car les seconds rôles sont bien mis en valeur et sont portés pa des acteurs de talent, de India HAIR à Lionel ABELANSKI. Ensuite, le tandem-vedette fonctionne particulièrement bien, tant par le talent des acteurs que par l'écriture de leurs personnages en quête d'émancipation. Julia PIATON est très convaincante dans le rôle d'Alice, une jeune femme débordée qui se démultiplie pour sauver son village (elle est à la fois maire, institutrice, assistante sociale, psy, docteur...) au point de s'oublier elle-même. Ce qui n'échappe pas à Emile Menoux (Michel BLANC), ancien ouvrier du genre ours mal léché qui en réalité ne peut plus cacher son illettrisme, son frère avec qui il vivait venant de décéder. Lorsqu'il décide de retourner à l'école pour surmonter son handicap, on découvre que son frère le tenait sous sa coupe en lui cachant les lettres d'amour qu'il recevait. C'est pourquoi Emile comprend que Alice saborde sa vie affective par devoir filial vis à vis d'un père décédé et l'aide à "élargir son périmètre" et vice-versa. Enfin, le côté "éternel enfant" de Michel BLANC ressort particulièrement bien au travers de sa relation pleine de spontanéité avec les enfants de la classe unique du village. Tout semble tellement naturel que l'on oublie que l'un des élèves a plus de 65 ans et que l'on s'amuse beaucoup devant les réactions des uns et des autres.
On prend les mêmes et on continue: si vous avez aimé le premier volet, vous aimerez le second, "Indian Palace: suite royale". L'atout principal reste le même: le fabuleux casting qui réunit la crème des acteurs anglais que l'on a un évident plaisir à retrouver, une touche hollywoodienne en plus. Mais pour faire quoi au juste? Je me le demande encore tant le scénario de cette suite manque d'enjeux. La plupart des intrigues sont menées si mollement qu'elles s'essoufflent presque immédiatement. Il en va ainsi de la concurrence professionnelle et amoureuse entre Sonny Kapoor (Dev PATEL qui cabotine toujours aussi outrageusement) le gérant du Best Exotic Marigold Hotel et Kushal Kadania, beau gosse indien qui semble échappé de Bollywood. Ou encore d'un inspecteur mystère (Richard GERE) bien peu convaincu par sa mission mais qui dès son arrivée se met à draguer la mère de Sonny. A moins que ce ne soit Lavinia Beech (Tamsin GREIG vue dans "Tamara Drewe") (2009) qui a l'air de se demander ce qu'elle fait là. Car ce qui domine dans le film, ce sont les intrigues amoureuses entre des seniors qui pètent la forme, au point de reprendre pour certains une activité professionnelle et de se déhancher comme des diables lors d'une scène de mariage suivie d'une chorégraphie très bollywoodienne. Seule exception à cette débauche d'énergie, le personnage de Maggie SMITH qui jette un regard particulièrement mélancolique sur une fête d'où elle reste à l'écart. Alors pour conclure, il y a deux façons de voir le film. Côté pile, il s'agit d'un divertissement parfaitement superflu. Côté face, tout film qui fait jouer (a fortiori ensemble) des acteurs brillants et intègres tels que Maggie SMITH, Judi DENCH ou Bill NIGHY qui ont dû se battre pour ne pas disparaître derrière l'obsolescence programmée du monde du cinéma est digne d'intérêt.
"Marche à l'ombre", premier film réalisé par Michel BLANC, c'est "Viens chez moi, j'habite chez une copine" (1980) avec un supplément d'âme. Un titre de RENAUD mais avec un "Téléphone"* à la main prêt à partir pour "New-York avec toi". "Marche à l'ombre" est un film en mouvement, un road movie dans lequel Paris n'est qu'une escale dans l'errance de François et Denis entre Athènes et New-York. Et encore, le Paris du film de Michel BLANC a de très forts accents africains et m'a toujours fait penser au clip de la chanson de Maxime LE FORESTIER, "Né quelque part" qui s'en est peut-être inspiré. Le déracinement est donc un puissant thème de "Marche à l'ombre" tout comme la fraternité qui réunit un temps clandestinement une communauté de migrants sous le même toit. Outre le déracinement et la fraternité, le troisième élément qui distingue "Marche à l'ombre" du film de Patrice LECONTE c'est la recherche de la beauté. Le personnage de François est sans doute l'un des plus beaux rôles (si ce n'est le plus beau) incarné par Gerard LANVIN (qui n'avait pas encore les tics de jeu qui me l'ont rendu par la suite si antipathique). En effet François a beau galérer dans un monde sordide, ce qui ressort de lui n'est qu'élévation vers les cimes du grand amour, indissociable de l'art comme le souligne la rencontre avec Mathilde (Sophie DUEZ) qui est danseuse, juste devant un cinéma. Et François est lui-même un musicien hors-pair (et sans doute trop idéaliste pour s'intégrer dans la société, comme autre loser magnifique, "Inside Llewyn Davis") (2013) qui avec ses companeros africains improvise des concerts si merveilleux qu'ils font oublier le minable squat dans lequel ils se sont réfugiés. C'est d'ailleurs par eux et aussi pour retrouver Mathilde qu'il part à New-York tenter sa chance. L'art, l'amour, la fraternité mais aussi l'amitié indéfectible qui unit François et Denis (Michel BLANC), poissard hypocondriaque ultra-"attachiant" qu'il protège comme un grand frère et qui nous fait rire avec des répliques rentrées dans les annales du cinéma, notamment la scène hallucinogène où il mélange loubards, renards et loup-garou ("les dents qui poussent").
* Jean-Louis AUBERT, ex-leader du groupe lui a rendu hommage le 4 octobre, révélant qu'ils avaient fréquentés le même lycée mais pas dans le même club.
"Viens chez moi, j'habite chez une copine" est un film de transition entre les précédentes réalisations de Patrice LECONTE avec les membres du Splendid et le premier film réalisé par Michel BLANC, "Marche a l'ombre" (1984). Celui-ci en co-signe le scénario et écrit les dialogues en plus d'offrir une variante de son personnage de Jean-Claude Dusse aux côtés d'un beau gosse "malabar" au coeur tendre joué par l'un des deux futurs "Les Specialistes" (1985) (du même Patrice LECONTE), ici Bernard GIRAUDEAU. On peut aussi souligner que le titre et une partie de la bande-son des deux films sont tirés d'une chanson de RENAUD et qu'ils ont le même producteur, Christian FECHNER. Bien qu'inscrite dans le registre de la comédie franchouillarde sans prétention, "Viens chez moi, j'habite chez une copine" s'en distingue néanmoins déjà par sa finesse d'écriture. En effet on peut se demander pourquoi Daniel qui a "tout ce qu'il faut pour être heureux" c'est à dire une vie bien rangée s'encombre d'un casse-pieds tel que Guy qui en très peu de temps va y mettre une pagaille monstre. Et bien peut-être parce que sa vie était trop rangée justement et qu'il s'ennuyait. Au moins avec Guy, on ne s'ennuie pas une seconde, c'est le remède à la routine! Héritier d'une longue lignée de personnages burlesques, le Guy de Michel BLANC est un agent du chaos à qui on pardonne tout à cause de son sourire candide et de sa fragilité intrinsèque. Ainsi Therese LIOTARD qui doit supporter ses frasques agit-elle avec lui avec beaucoup d'indulgence et une certaine dose d'ironie, le considérant comme un grand enfant. Un peu comme le faisait Margaret DUMONT avec les frères Marx. C'est pourquoi en dépit d'une liste de défauts longue comme le bras, ne garde-t-on en mémoire que son côté attachant et bien entendu la cascade de situations comiques qu'il créé par son comportement irresponsable, notamment en invitant de jolies filles (dont une ANEMONE pas piquée des vers en nymphomane) sous le nez d'un Daniel rapidement émoustillé par leurs charmes ou bien par ses combines foireuses et ses multiples maladresses.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.