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Articles avec #comedie dramatique tag

La Vie est un roman

Publié le par Rosalie210

Alain Resnais (1983)

La Vie est un roman

Tout au long de sa carrière, Alain RESNAIS n'a cessé d'expérimenter des formes nouvelles, de jouer sur les rapports entre vérité et artificialité et de télescoper les temporalités. "La vie est un roman" est un titre programmatique et autre aspect récurrent du cinéma de Resnais, l'unité de lieu est ici un château comme dans "L'Annee derniere a Marienbad" (1961). Une scène unique pour trois histoires d'époques différentes (Moyen-Age, première guerre mondiale, époque contemporaine du film) dont le lien paraît assez ténu. Il est question de recherche du bonheur et de l'idéal par l'utopie (ré)éducative, façon secte ou façon débat d'idées. Le tout entrecoupé de jeux d'enfants et d'un conte de fées. En dépit du talent de monteur de Resnais, la mayonnaise ne prend pas vraiment tant le résultat paraît théorique et artificiel. La seule touche de naturel du film provient de Sabine AZEMA qui entamait une fructueuse collaboration avec celui qui allait partager sa vie. Elle apporte de la fraîcheur à un film par ailleurs empesé et kitsch dans lequel la plupart des acteurs cabotinent à mieux mieux faute d'avoir des rôles substantiels. Même si c'est toujours intéressant de comprendre les sources d'influence d'un réalisateur et que l'on discerne par exemple dans "La vie est un roman" les prémisses de "On connait la chanson" (1997), le film est à l'image de son château: une grosse meringue indigeste et décousue.

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Joue-la comme Beckham (Bend It Like Beckham)

Publié le par Rosalie210

Gurinder Chadra (2002)

Joue-la comme Beckham (Bend It Like Beckham)

"Joue-la comme Beckham" est une petite comédie britannique alerte et pleine d'énergie positive. Si l'histoire est cousue de fil blanc et ressemble à un conte de fées où tous les rêves se réalisent comme par magie, les personnages sont attachants car ils n'entrent pas dans les normes, formant une équipe informelle que l'on a envie de suivre. Jess (Parminder NAGRA) l'héroïne doit sans cesse trouver des subterfuges pour pratiquer son sport favori à l'insu de sa famille indienne attachée aux traditions qui désapprouve son activité. Sa coéquipière "Jules" (Keira KNIGHTLEY alors débutante) est traquée par sa mère, persuadée que son amour du foot dissimule des penchants homosexuels. Leur coach Joe (Jonathan RHYS MEYERS qui n'avait pas encore révélé la face obscure de son jeu avec "Match point") (2005) entraîne des filles et est rejeté par son père. Enfin Tony, le meilleur ami de Jess, indien comme elle fait croire à une idylle entre eux pour mieux dissimuler son homosexualité. Les quiproquos ne cessent ainsi de s'enchaîner autour des différences culturelles et des stéréotypes de genre. La réalisatrice, Gurinder CHADHA est elle-même anglo-indienne et cette double culture nourrit ses films, comme le savoureux "Bride And Prejudice" (2004) (en français "Coup de foudre à Bollywood"). C'est moins le foot que les couleurs, la musique, l'énergie des interprètes et la vivacité de la mise en scène qui nous entraîne et nous fait passer un moment très agréable.

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Le Ciel peut attendre (Heaven Can Wait)

Publié le par Rosalie210

Ernst Lubitsch (1943)

Le Ciel peut attendre (Heaven Can Wait)

Avant-dernier film de Ernst LUBITSCH (il décèdera quatre ans plus tard), le seul en couleur, "Le ciel peut attendre" est une oeuvre testamentaire dont le maître-mot est une fois de plus l'élégance. Car en plus d'être une étude de moeurs assez piquante sur le couple, "Le ciel peut attendre" est aussi un film sur la mort. "La vie est une entreprise de démolition" disait Fitzgerald et le fait est que le temps est un protagoniste à part entière du film. Les anniversaires de Henry Van Cleve (Don AMECHE) qui scandent le film apportent avec eux de plus en plus de mélancolie et de gravité au fur et à mesure que les pertes s'accumulent et qu'avec le temps "tout s'en va" (la jeunesse, la santé, le pouvoir de séduction, les êtres chers et finalement la vie) alors que son environnement aristocratique est condamné à disparaître avec lui "autre temps, autres moeurs". Néanmoins, si le film reste une comédie, c'est que cette gravité est compensée par la légèreté de moeurs de Henry Van Cleve, coureur de jupons invétéré dont le désir pour le beau sexe durera jusqu'à sa mort comme le montre la séquence de l'échange des infirmières. Une légèreté elle-même tempérée par les sentiments qu'il éprouve pour son épouse Martha (Gene TIERNEY) qui n'est elle-même pas avare de paradoxes. Derrière son apparence de jeune femme rangée, bonne épouse et bonne mère, n'est-elle pas littéralement allergique aux conventions régissant la conjugalité bourgeoise (incarnées par le parfaitement ennuyeux Albert, cousin de Henry ainsi que par ses propres parents, englués dans une guerre domestique sans fin), lui préférant le frivole, amoral et aventureux Henry dont elle n'est jamais dupe? Le délicieux grand-père de Henry (impayable Charles COBURN) est la figure tutélaire unissant le couple (la mise en scène le place souvent entre Henry et Martha, en chair et en os puis en portrait), encourageant les frasques de Henry tout en étant profondément attaché à Martha. Laquelle a compris que "pour rendre son mari heureux" (ou plutôt son ménage heureux), il fallait accepter qu'il soit traversé par "le tourbillon de la vie". Sa tendre indulgence vis à vis de son "petit Casanova" est bien sûr mise à l'épreuve dans un cadre qui semble aujourd'hui bien obsolète (monsieur trompe, madame se tient à carreau pour deux et pardonne). Il n'en reste pas moins que par sa franchise et sa tolérance, Martha échappe aux conventions au point qu'avec un peu de malice, on peut imaginer qu'elle vit par procuration. Dans ses oeuvres pré-code, les femmes sont libres de leurs désirs et envoient valser la morale aussi bien que ne le fait Henry. Le jugement final du diable, qui est le double de Ernst LUBITSCH ne laisse guère de doute sur ce qu'il pensait du puritanisme chrétien.

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Nous irons tous au paradis

Publié le par Rosalie210

Yves Robert (1977)

Nous irons tous au paradis

Enfin j'ai réussi à mettre la main sur le DVD de "Nous irons tous au paradis", la suite de "Un elephant ca trompe enormement" (1976). Plus collégial que le premier qui privilégiait Etienne (Jean ROCHEFORT) même s'il reste le narrateur, le ton de "Nous irons tous au paradis" est également plus varié. La comédie reste prédominante, jouant aussi bien sur les dialogues que sur les situations (les surprises de la maison de campagne achetée par les quatre amis, la destruction de la voiture d'Etienne suite à un quiproquo par un Jean-Pierre CASTALDI furax, le chassé-croisé de Roissy). L'adultère attaché au personnage d'Etienne est toujours traité sur un mode burlesque irrésistible qui s'inspire de "La Panthere rose" (1963) de Blake EDWARDS. D'ailleurs cette fois la référence est explicite puisque lorsque Etienne espionne sa femme, il emprunte systématiquement la défroque de l'inspecteur Clouseau alors que la musique de Vladimir COSMA marche sur les traces du saxophone de Henry MANCINI. Mais par moments, le ton se fait plus grave lorsqu'il s'agit d'évoquer la vie sentimentale des trois amis d'Etienne. Si celui-ci et Daniele DELORME incarnent le couple bourgeois bon teint (heureusement transcendé par un humour ravageur), les autres tâtonnent en dehors des conventions. Simon forme un vieux couple avec sa mère possessive Mouchy (Marthe VILLALONGA) à qui il cherche à échapper avec des subterfuges de gamin pour vivre des aventures mais la fin montre que c'est bien elle le grand amour de sa vie. Bouly (Victor LANOUX) le beauf séducteur se retrouve à la tête d'une tribu recomposée de sept enfants dont il doit s'occuper alors que les mères brillent par leur absence. Enfin Daniel (Claude BRASSEUR) est tiraillé entre son homosexualité (montrée plus explicitement que dans le premier volet) et la tentation de "se ranger" avec sa patronne plus âgée que lui.

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Barbie

Publié le par Rosalie210

Greta Gerwig (2023)

Barbie

"Barbie" qui est en passe comme son modèle en plastique de devenir un phénomène de société n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre. L'excellent début du film de Greta GERWIG rappelle quelle (r)évolution cette poupée a représenté pour les petites filles en 1959. Mais plutôt que de le faire sur un mode documentaro-pédagogique, elle a décidé de pasticher la séquence "A l'aube de l'humanité" de "2001 : l'odyssee de l'espace" (1968) dans laquelle un singe, éveillé par le monolithe apprend à se servir d'un os pour abattre ses proies. Le "monolithe" c'est Barbie qui sonne la révolte des petites filles confinées jusque-là au rôle étroit de mère au foyer miniatures et qui envoient soudainement valser dans l'espace leurs dînettes et leurs poupons pour embrasser le vaste monde qui s'offre à elles où tout devient possible, y compris être présidente et cheffe d'entreprise et tout cela dans des tenues chics et variées valorisant la féminité. Un monde dans lequel il est possible de s'autosuffire, l'homme alias Ken étant réduit au rôle de faire-valoir dépendant du regard de Barbie pour exister. Ce début tonitruant (et qui s'approprie déjà un film et une symbolique des plus phalliques) n'est que le début des festivités. Par un jeu de vases communicants entre le monde de Barbie et celui des humains, Greta GERWIG fait une satire souvent bien vue de notre monde réel très éloigné de l'idéal véhiculé par les poupées de Mattel. L'entreprise dont le PDG est joué par Will FERRELL a  beau avoir une déco et un dress code "pinkwashing", son administration est tout ce qu'il y a de plus phallocrate et monocolore, les justifications du PDG tournant en ridicule celles émises depuis des années par les conservateurs de tous poils pour surtout ne rien changer. C'est d'ailleurs malin de la part de Mattel (producteur du film) qui peut ainsi donner un sacré coup de jeune à son image en faisant son autocritique (comme quoi c'est possible aussi dans le monde capitaliste quand il s'agit de rebondir). Mais si ça peut faire réfléchir, tant mieux car la Barbie jouée par Margot ROBBIE dont le "happy face" de rigueur est effacé par une humeur dépressive, de la cellulite, des pieds plats (ceux de la poupée épousent la forme des chaussures à talon) et plein de questions sans réponses reflète en réalité sa propriétaire adulte, une employée de Mattel (America FERRERA) dont le monologue sur les injonctions contradictoires faites aujourd'hui aux femmes tape dans le mille: c'est à la fois une critique du monde réel et du monde idéal de Barbie qui en dépit de toutes ses déclinaisons ethniques et physiques (rappelées dans le film) reste associée à un modèle stéréotypé de blondeur, de jeunesse, de minceur et d'hypersexualisation qu'incarne Margot ROBBIE.

Mais le film ne s'intéresse pas qu'à Barbie, il accorde une grande place à Ken qui se pose lui aussi des questions sur son identité. Car si Barbie est bouleversée de découvrir que le monde réel n'en a pas fini avec le patriarcat et la considère comme un objet sexuel, Ken qui jusque là n'existait qu'à travers Barbie s'autonomise et va importer les modèles masculins du monde réel dans Barbieland, reproduisant ainsi des comportements paternalistes et machistes bientôt tournés en ridicule par la contre-offensive des Barbies. Ryan GOSLING est très bon dans le registre de l'autodérision, son Ken est désopilant, qu'il soit "beach" ou "cow-boy".

"Barbie" est donc un divertissement intelligent et délicieusement pop, rendant hommage en prime à des films et genres populaires (les comédies musicales, "Toy Story 3" (2010) qui faisait intervenir Barbie et Ken, "Retour vers le futur II") (1989). Je ne suis pas sûre que les 14 films prévus par Mattel pour relancer les ventes de ses jouets seront de la même qualité...

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Yannick

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2023)

Yannick

Ceux qui découvrent la dimension sociale de la filmographie de Quentin Dupieux avec "Yannick" n'ont pas bien écouté le dialogue d'un autre de ses films en forme de huis-clos théâtral: "Au Poste". Quand le commissaire donnait une huître à Fugain, celui-ci la mangeait avec sa coquille et se justifiait en disant qu'il n'avait pas l'habitude des aliments rocheux. On se souvient que dans "La Vie d'Adèle", celle-ci issue d'un milieu populaire était introduite dans le monde bourgeois de Emma notamment par un plat d'huîtres qu'elle dégustait elle aussi d'une manière toute personnelle.

Dans "Yannick" le "marqueur culturel" est une pièce de théâtre de boulevard intitulée "Le Cocu" ce qui est en soi un pléonasme. Ce type de pièces s'adressait au XIX° à la bourgeoisie et aujourd'hui cela n'a guère changé à ceci près qu'il n'existe plus de forme de théâtre vraiment populaire contrairement à l'époque du boulevard du Crime reconstitué dans "Les Enfants du Paradis". Or Yannick, gardien de nuit à Melun qui a pris une journée de congé pour se changer les idées et a mis une heure pour venir à pied et en transports en commun n'y trouve pas son compte et compte le faire savoir haut et fort. Comme son intervention suscite de la part des acteurs un mépris condescendant qui tourne à la moquerie ouverte dès qu'il leur tourne le dos, il décide de renverser les rôles (et le rapport de force/de classe) en prenant le théâtre en otage. L'auteur de la pièce et le metteur en scène, celui qui dicte le tempo, c'est désormais lui, s'offrant un moment de gloire avant que l'ordre établi ne reprenne ses droits.

Ce renversement de perspectives établit une subjectivité (mot souvent employé dans le film) à laquelle le spectateur n'est pas habitué: celle du "peuple silencieux" en mode pétage de plombs ce qui a conduit à faire un parallèle entre Yannick et les gilets jaunes. Il faut dire que le rôle a été écrit par Quentin Dupieux pour Raphaël Quenard, star montante au phrasé particulier qui après "Chien de la casse" dégage la même ambiguïté tour à tout charmeur, drôle, émouvant mais aussi inquiétant voire proche de la folie (lui-même dit plusieurs fois que ça peut mal tourner). Ce qui explique le parallèle qui a été établi entre son personnage et Joker, autre triste clown issu des bas-fonds surgissant par effraction dans la lumière un flingue à la main. Face à lui les acteurs qui ont commencé par le prendre de haut réalisent qu'il est en train de commettre le hold-up du siècle et tombent le masque. Un surtout, celui joué par Pio Marmai qui a droit à un tirade d'anthologie et s'approche lui aussi dangereusement des rivages de la folie.

Avec ce film, Quentin Dupieux a réussi à remettre les pendules à l'heure. En effet et contrairement à ses opus précédents, son cinéma a été enfin vu pour ce qu'il était: un abîme de désespérance sous la politesse de son humour.

 

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Emma.

Publié le par Rosalie210

Autumn de Wilde (2020)

Emma.

"Emma." est la dernière adaptation en date du livre de Jane Austen "Emma l'entremetteuse", la deuxième pour le cinéma après "Emma, l'entremetteuse" (1996) avec Gwyneth PALTROW. Si la réalisatrice, Autumn DE WILDE dont c'est le premier film tente d'apporter une touche visuelle plus contemporaine et si Anya TAYLOR-JOY (connue notamment pour ses collaborations avec M. Night SHYAMALAN et pour avoir joué le rôle principal dans "Le Jeu de la dame") (2019) est charismatique dans le rôle principal, le reste du casting est assez fade et se compose pour l'essentiel d'acteurs interchangeables ou sous-exploités (Bill NIGHY dans le rôle du père) ce qui n'aide pas à rendre l'intrigue lisible. Cette version du livre de Jane Austen n'est pas désagréable à voir mais reste en surface, manque d'enjeux et est nettement en deça de la mini-série réalisée pour la BBC qui donnait du relief à la plupart des personnages et les rendaient mémorables contrairement à cette version qui lisse toutes les aspérités, même celles de l'ami de Emma, Knightley, loin de la rugosité de l'oeuvre d'origine. On sent que la forme a primé sur le fond. Joli mais parfaitement anecdotique comme l'était déjà la version de Douglas McGRATH.

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La Folle journée de Ferris Bueller (Ferris Bueller's Day Off)

Publié le par Rosalie210

John Hugues (1986)

La Folle journée de Ferris Bueller (Ferris Bueller's Day Off)

"La folle journée de Ferris Bueller" est l'un des meilleurs teen-movie de l'histoire. C'est une comédie culte, impertinente, intelligente et qui procure un jubilatoire sentiment de liberté. le film parle d'ailleurs tout autant aux adolescents qu'aux adultes qui ne l'ont pas oublié (à l'image du réalisateur John HUGHES). Ferris Bueller (Matthew BRODERICK, excellent) qui ne cesse de prendre le spectateur à témoin de ses combines pour profiter de la vie au nez et à la barbe des adultes aurait pu être une insupportable tête à claques. Mais grâce aux qualités d'écriture de son personnage qui s'avère agir par altruisme, le spectateur prend son parti et éprouve de la jubilation devant son audace à qui rien ne résiste. Et surtout pas des adultes mortellement ennuyeux à l'image de la plupart des cours, enfermés dans leurs routines morbides, stupidement crédules ou tragiquement absents. Ainsi Cameron, le meilleur ami de Ferris est dépressif et n'a de confrontation avec son père qu'à travers un objet, sa Ferrari à qui il semble tenir plus qu'à son fils. Plutôt que la fuite par la maladie, Ferris propose à sa petite amie Sloane et à Cameron d'inventer une temporalité parallèle (ce que souligne l'affiche du film) lors d'une journée où tout serait permis dans une sorte de subversion carnavalesque. L'aspect jouissif et transgressif de cette soudaine liberté est rehaussée par les manoeuvres grotesques du directeur (Jeffrey JONES) pour coincer Ferris, tel Gargamel échouant à attraper les schtroumpfs. Et pendant que les institutions se ridiculisent, la jeunesse libérée de ses chaînes s'offre une parenthèse enchantée, que ce soit lors d'un numéro improvisé au cours d'une parade ou de la visite du musée de Chicago aussi surprenante et dynamique que dans "Bande a part" (1964). L'insolence et la flamboyance de la jeunesse selon John HUGHES a beaucoup de points communs avec celle qu'a montré à l'écran Jean-Luc GODARD et Michel Poiccard n'hésitait pas non plus à faire rouler à fond la caisse une automobile empruntée tout en brisant le quatrième mur pour prendre le spectateur à témoin. D'ailleurs la soeur frustrée et jalouse de Ferris (Jennifer GREY) finit par être contaminée par l'esprit de la bande en tombant amoureuse d'un petit voyou joué par Charlie SHEEN!

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Wrong

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2012)

Wrong

Un employé archétypal de la classe moyenne aux journées réglées comme du papier à musique se réveille dans son pavillon de banlieue comme il en existe partout aux USA. Pourtant quelque chose ne tourne pas rond dans ce paysage conformiste au possible. Déjà l'horloge située près de son lit passe de "7h59" à "7h60"  au lieu de "8h00". Ensuite le chien de Dolph Springer (Jack Plotnick) semble s'être mystérieusement volatilisé. Le grand palmier de son jardin s'est transformé en sapin. Enfin le pauvre homme qui a été licencié trois mois auparavant continue de se rendre comme si de rien n'était à son bureau, dans une agence noyée sous les trombes d'eau. Mais la perte de son chien contrairement à celle de son emploi menace de lui faire perdre la tête.

Bien que "Wrong" soit considéré comme un film lynchien en raison de la contamination du quotidien le plus banal et le plus conformiste par l'étrangeté, c'est aussi un film bunuélien où l'ombre de la folie guette Dolph mais aussi son entourage, constitué d'hommes qui pourraient être ses doubles. Le summum de la confusion est atteint avec son jardinier français (joué par Eric Judor dont l'évolution du jeu est impressionnante) qui pour avoir voulu profiter d'une nymphomane attirée par la voix de son maître au téléphone se retrouve dans une situation cauchemardesque, quand il n'est pas "possédé" (comme d'autres personnages) par une autre voix, celle du gourou ami des bêtes responsable de l'enlèvement du chien de Dolph. A plusieurs reprises, ces hommes se retrouvent coincés dans un film qui n'est pas le leur, sans prise sur des événements qui leur échappent, en proie à de terribles angoisses ce qui préfigure "Réalité".

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Steak

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2007)

Steak

"Steak" est fondé sur un malentendu devenu célèbre. Les spectateurs croyaient voir le nouveau film de Eric & Ramzy et se sont retrouvés devant le premier vrai long-métrage de Quentin Dupieux (Nonfilm est considéré comme un court-métrage même s'il en existe une version longue). Autrement dit, un film vendu et distribué comme une grosse comédie populaire telle que la France en produit au kilomètre s'est avéré être un film d'auteur expérimental qui plus est dans un registre d'humour nonsensique devenu élitiste alors que jusqu'aux années 80, il existait encore dans la culture populaire. C'était donc le rejet et l'échec assuré. 16 ans et une dizaine de films plus tard, la compréhension de l'univers de Quentin Dupieux aidant (même s'il reste un réalisateur clivant), "Steak" a été réhabilité par les critiques qui l'avaient assassiné à l'époque de sa sortie et est en passe de devenir un film culte.

S'il n'y a pas de steak dans "Steak", la viande (humaine de préférence) est un sujet récurrent du cinéma de Quentin Dupieux. Or le film traite de conformisme par la chirurgie esthétique et quand il n'est pas possible de passer sous le bistouri, on voit un remodelage de façade et un tatouage effectué à l'aide d'agrafes implantées directement dans la chair. Les clones de la bande à "Chivers" (en référence au film de Cronenberg "Shivers", réalisateur qui a énormément influencé les premiers Dupieux) ont tous la tête et la dégaine de Michaël Jackson dans "Thriller" (logique, il y est aussi question de métamorphose et de "shivers") mais ne boivent que du lait ce qui fait ressurgir dans la mémoire cinéphile aux côtés des zombies et loups-garous les droogies de "Orange mécanique". Face à ce phénomène, Eric & Ramzy (alias Blaise et Georges) ont des comportements opposés. Ramzy est un loser qui cherche désespérément à intégrer la bande en se débarrassant de son encombrant ami et en faisant du zèle pour adopter les codes Chivers mais il n'y parvient pas et se fait rejeter. L'introduction du film le montrait déjà comme le souffre-douleur désigné des autres au sein d'un campus estampillé USA mais tourné au Canada (un petit clin d'oeil supplémentaire à Cronenberg). Et ce n'est pas le seul décalage puisque les étudiants ont tous 10-15 ans de trop. Mais les références appartiennent bien aux teen (horror) movies ou aux school shooting movies tels que "Massacre à la tronçonneuse" ou "Elephant". Et à propos de gros mammifère terrestre, il y a aussi du "Rhinocéros" dans "Steak" puisqu'il s'agit de perdre son identité propre pour adopter celle qui permet de se fondre dans le collectif. Blaise lui au contraire n'a aucune difficulté à intégrer la bande alors qu'il ne l'a même pas cherché, son seul désir étant de rester avec son ami. Mais de façon assez machiavélique, ils ne pourront jamais être ensemble, quand l'un est inclus, l'autre est exclu. Rien de tel que de dissocier un duo d'inséparables pour faire réfléchir et faire une satire du rêve américain: obsession du paraître, conformisme outrancier, culte des armes, puritanisme (l'interdiction des substances autres que le lait).

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