Philippe de BROCA a voulu prolonger le succès de "L'Homme de Rio" (1964) avec "L'homme de Hong-Kong" mais "Les Tribulations d'un chinois en Chine" (1965) librement adapté du roman de Jules Verne ne parvient pas à la cheville de son prédécesseur. Le démarrage est particulièrement poussif et par la suite, en dépit de quelques moments amusants, le film, rempli comme un oeuf et brouillon ne parvient jamais à trouver un rythme de croisière satisfaisant. Pour ne rien arranger, Jean-Paul BELMONDO qui est en roue libre cabotine tant qu'il peut et c'est d'ailleurs cette caricature qui a ensuite été pastichée et parodiée par les humoristes au point de recouvrir son véritable talent d'acteur. D'autres sont sous-exploités, je pense particulièrement à Maria PACOME et à Jess HAHN qui passent une grande partie du film assis sur un fauteuil à attendre que ça se passe. Mais au moins ils ont droit à une scène d'action où l'on retrouve fugacement le talent du réalisateur. L'actrice qui joue leur fille, Valerie LAGRANGE reste une vraie potiche du début à la fin. Et Ursula ANDRESS est une fausse bonne idée, elle ne parvient pas à s'imposer autrement que l'actrice ayant joué dans "James Bond 007 contre Dr. No" (1962). Le seul acteur qui réussit à faire une composition savoureuse, bien qu'un peu répétitive est Jean ROCHEFORT dans le rôle d'un Passepartout guindé jusque dans les situations les plus extrêmes.
"Je ne suis pas là pour être aimé", deuxième film de Stéphane Brizé travaille le thème de l'incommunicabilité avec finesse. Le personnage principal, Jean-Claude (Patrick Chesnais) qui a 50 ans mais en fait 60 mène une vie triste à mourir. Divorcé et solitaire, il exerce le métier d'huissier qu'il porte comme un lourd fardeau sur ses épaules. Ce métier, il ne l'a pas vraiment choisi, il l'a hérité de son père (Georges Wilson). Ce père qu'il visite tous les dimanches dans sa maison de retraite est un homme odieux qui fait vivre un enfer à tous ceux qui l'approchent. Jean-Claude est le seul membre de sa famille à encore à aller le voir et à encaisser sa hargne. Le vieil homme tient pourtant grâce à ce fils mais le lui cache soigneusement. Pour couronner le tout, voilà que le fils de Jean-Claude vient travailler à son étude mais ne pense qu'à ses plantes vertes. Tout cela finit par peser si lourd que son médecin lui conseille de faire de l'exercice. Il s'autorise alors à pousser la porte du cours de tango qu'il observait à la dérobée (comme son père l'observe lui quand il quitte la maison de retraite). Et, c'était fatal, il y rencontre son "miroir féminin", Françoise (Anne Consigny) de vingt ans sa cadette. La jeune femme qui ne s'affirme pas est tout aussi prisonnière de sa vie que Jean-Claude. Son fiancé est un égocentrique qui la délaisse mais sa famille met la pression pour qu'elle l'épouse par conformisme social. Dans une scène du film on voit la mère et la soeur faire des plans de table sans un mot ni un regard pour la principale intéressée qui est au bord des larmes. Néanmoins celle-ci ne semble pas avoir l'énergie de secouer le joug qui l'oppresse. Si bien que la rencontre avec Jean-Claude s'effectue dans les non-dits. Seule la danse possède le pouvoir de les délier des boulets invisibles qu'ils portent aux chevilles et aux poignets. Elle possède une magie discrète qui ne suffirait cependant peut-être pas sans qu'un personnage secondaire vienne apporter un coup de pouce peut-être un peu trop appuyé. De même les rebondissements finaux sont un peu trop prévisibles.
Après le Conseil d'Etat de "Cherchez Hortense", l'hôtel Drouot de "Le Tableau volé". Aux requins des cabinets politiques succèdent ceux du marché de l'art dans lequel il est beaucoup plus question de marché que d'art. Un milieu semblable à celui d'un casino où tous les coups sont permis, surtout les plus retors: minimiser la valeur d'un tableau par exemple pour tenter d'arnaquer vendeurs et intermédiaires. Il est beaucoup question en effet de mensonges dans "Le Tableau volé". Et pas que dans le domaine de l'expertise d'oeuvres d'art. Le commissaire-priseur André Masson (Alex Lutz) étale sa réussite d'une manière trop ostentatoire pour être honnête. Il est flanqué de son ex-femme et collègue (Léa Drucker) et d'une stagiaire mythomane et désagréable qui paradoxalement est très franche, Aurore. Louise Chevillotte porte le même prénom que le personnage lumineux d'Isabelle Carré dans "Cherchez Hortense". Et ce n'est pas un hasard car c'est guidé par elle (alors qu'il prétendait tout lui apprendre!) que André Masson parvient à éviter les chausse-trappes et à conclure la vente avec succès. Celui-ci a une portée historique et sociologique qui donne son sel au film, celui-ci étant inspiré de faits réels (un tableau d'Egon Schiele spolié à un collectionneur juif autrichien par les nazis et retrouvé en 2005 dans une maison ouvrière de la banlieue de Mulhouse). André Masson y trouve le moyen de conquérir son indépendance, Aurore venge par procuration son père (Alain Chamfort), marchand d'art ruiné par des concurrents sans scrupules, les héritiers du tableau obtiennent une réparation symbolique et enfin Martin (Arcadi Radeff), l'ouvrier gardien involontaire du tableau devenu riche choisit l'option inverse du parvenu rongé de solitude qu'est André Masson: rester invisible, ne rien changer à sa vie d'ouvrier à l'image du tableau ayant orné pendant 70 ans la demeure dont il a hérité sans que personne ne remarque qu'il était cousu d'or*.
Ce film qui sonne comme un slogan anarchiste ("Ni Dieu, ni maître") tient chaud. Il raconte comment un cabaret perdu au fond de l'Estaque devient le refuge d'une famille d'élection. Ce n'est pas exactement "Bagdad cafe" (1987) " mais il y a de cet esprit-là. La petite communauté qui se constitue sous l'égide du "Perroquet bleu" se compose de trois chômeurs de longue durée (Gerard MEYLAN, Jean-Pierre DARROUSSIN et Jacques GAMBLIN), d'une vieille strip-teaseuse qui a décidé de raccrocher les gants (Pascale ROBERTS), d'une boniche (Ariane ASCARIDE) convoitée par son patron (Alain LENGLET), d'un pré-adolescent orphelin et SDF (Farid Ziane), d'une jeune toxicomane (Laetitia PESENTI), d'un ancien légionnaire allemand (Jacques PIEILLER) et enfin de Papa Carlossa (Jacques BOUDET), un réfugié espagnol cloué sur un fauteuil roulant. Le film oscille entre deux des maîtres de Robert GUEDIGUIAN, Ken LOACH pour la défense des classes populaires et Frank CAPRA pour la fable humaniste. "Vous ne l'emporterez pas avec vous" (1938) aurait également pu être un autre titre du film, la description d'une communauté de "petites gens" soudés autour des mêmes valeurs de camaraderie et de solidarité. Celle-ci se constitue au gré des déboires des uns et des autres: Otto qui repêche Jaco tombé à la rue; José qui adopte Farid; Farid qui aime Vénus d'un amour innocent parce qu'il a encore un visage d'enfant; Papa Carlossa recueilli par Marie-Sol et Patrick avant que tous trois ne soient chassés de leur maison par la construction d'une piscine etc. Mais tout ce petit monde de marginaux utopistes n'est-il pas périmé sur les bords? La grossesse de Marie-Sol fait bien plus que fédérer le groupe et donner à chacun un rôle à jouer, elle leur donne un horizon comme le montre la dernière scène. Et j'aime beaucoup aussi celle où père et fille, passé et avenir sont réunis dans le même plan pendant que le reste de la famille chante "Ay Carmela", le chant résistant de l'Espagne antifranquiste.
Je ne sais pas si c'est intentionnel, mais le point de départ de "Si on s'aimait" m'a fait penser à la première partie de la pièce "Oh les beaux jours" de Samuel Beckett. Soit une femme vieillissante qui tombe dans un trou et se retrouve coincée sous son plancher, seul le haut de son corps émergent du sol. Soit une métaphore assez limpide de la situation de cette sexagénaire séparée de son mari dont la seule perspective se résume à attendre la mort. Helga n'est pas à proprement parler isolée mais au cours du film, sa solitude est mise en évidence par les coups de fils de sa fille qui n'a pas le temps d'aller la voir, par ses amies superficielles et surtout par la scène du concert où elle se rend avec son homme de ménage faute d'avoir trouvé quelqu'un d'autre pour l'accompagner avant de fondre en larmes à la vue de son ex-mari venu avec sa nouvelle compagne. Cet homme de ménage qui surgit à l'improviste pour un remplacement a tout de la pièce ronde à introduire dans un univers carré: il est étranger et ne parle pas l'allemand (et Helga ne parle pas anglais ce qui rend leur communication difficile), il est moins âgé qu'elle et surtout, il brouille les repères du patriarcat puisque Helga le domine socialement. Toutes proportions gardées car Ryszard n'est pas jeune, n'est pas un apollon et n'a rien d'exotique, leur relation fait penser à celles que certaines riches occidentales esseulées s'offrent avec de jeunes hommes issus de pays pauvres. La question de l'argent et celle du regard social constituent des entraves au moins aussi importantes que la barrière de la langue. Comme dans le modèle du genre, "Tout ce que le ciel permet" (1955) mais sur le mode de la comédie. Comment faire exister cette histoire dans un monde qui n'est pas adapté pour elle, sinon en faisant les réajustements qui s'imposent, à commencer par déménager. Mais Helga fait moins qu'elle ne laisse faire, les faux-semblants tombants tout seuls comme des fruits mûrs. Un grand ménage de printemps parfaitement salutaire!
Film d'animation haut en couleurs aux accents proustiens, "Linda veut du poulet" est une course-poursuite menée tambour battant pour mettre la main sur le précieux volatile, ingrédient principal de la recette du poulet aux poivrons. Celle-ci est le plus cher souhait de Linda parce que c'est le seul souvenir qu'il lui reste de son père disparu quand elle était bébé. Et sa mère qui l'a punie injustement est prête à se couper en quatre pour se faire pardonner. Le problème est que Paulette ne cuisine pas et qu'elle ne peut pas faire de courses ce jour-là, les magasins étant fermés pour cause de grève générale. Il va donc lui falloir trouver sa matière première à la source et de façon plutôt cavalière mais ne maîtrisant pas les gestes de la fermière, le poulet va faire des siennes. D'autres personnages entrent bientôt dans la danse: les amies de Linda qui tentent de l'aider à faire le plat ce qui est surtout matière à divers gags (les poivrons qui brûlent, le chien qui mange le poulet...), des policiers zélés, un camionneur allergique aux plumes de poulet, Astrid, la soeur de Paulette etc. Tout cela est mis en scène avec une belle énergie et une symbolique qui fait mouche. A chaque personnage est attribué une couleur qui de loin, le fait ressembler à une tache colorée ce qui finit par former une sorte de guirlande multicolore lorsque tous les participants passent à table. La nuit, seuls les contours des personnages restent en couleur et Linda se demande si tout est noir quand on est mort. Contre l'oubli, restent les sensations. La symbolique du père perdu et retrouvé ne s'arrête pas à ce repas pris ensemble, il concerne aussi la punition injustement donnée à l'origine de l'affaire. Une punition relative à une bague, elle aussi liée au père que Paulette croit perdue et qu'elle finit par retrouver. Proust avait sa madeleine, Linda a désormais son poulet.
Une revenante. Comme Ana TORRENT, Natja BRUNCKHORST est devenue mondialement célèbre très jeune grâce à "Moi, Christiane F., 13 ans, droguee, prostituee..." (1981) avant de disparaître (ou presque) de la circulation pendant des décennies. Et voilà que Arte nous donne de ses nouvelle en diffusant le film qu'elle a réalisé en 2020, "L'Ordre des choses". Très bonne initiative de leur part!
"L'Ordre des choses" repose sur la rencontre de deux personnes dont les appartements reflètent les conceptions opposées de la vie. Un thème archi-classique mais le traitement l'est moins. En effet très rapidement, Fynn, jeune ingénieur informatique qui ne possède que le strict nécessaire dans son appartement se retrouve temporairement sans domicile et contraint de squatter chez sa voisine avec sa valise. Et l'essentiel de l'intrigue prend place dans cet appartement archi-encombré. Marlen est en effet atteinte de syllogomanie et accumule chez elle des objets inutiles au point qu'il devient compliqué de s'y déplacer et d'y vivre. Si contrairement au cas exposé par Thierry Jonquet dans "La Bête et la Belle" qui s'accompagne du syndrome de Diogène, l'appartement est propre et ressemble plus à une vieille librairie ou à une boutique d'antiquités qu'à un dépotoir, les troubles associés à ce syndrome sont bien présents. Marlen vit seule, fuit les relations sociales et s'est isolée du monde, refusant toute intrusion dans son appartement qu'elle sait non conforme aux normes de sécurité. Et elle s'avère incapable de se débarrasser de son bric-à-brac. Celui-ci forme une sorte de carapace à l'intérieur de laquelle elle peut se réfugier. Elle vit la présence de Fynn plutôt mal donc mais celui-ci cherche à l'apprivoiser et imagine diverses stratégies pour l'aider à reprendre le contrôle de son environnement qui menace de lui échapper.
Le film est centré sur Marlen, le personnage masculin étant en quelque sorte son chevalier servant, ce qui est plutôt original, les portraits de femme étant moins nombreux et moins fouillés que ceux des hommes la plupart du temps. Fynn tel un chevalier servant met ses talents d'ingénieur au service d'une organisation plus rationnelle de son intérieur. Le résultat est particulièrement beau et poétique et sans remettre en cause son mode de vie est une métaphore réussie d'une vie plus harmonieuse.
Pris isolément, j'ai trouvé que "Tombe les filles et tais-toi" avait plutôt mal vieilli. L'aspect théâtral sans doute puisque le film (réalisé par Herbert ROSS) est l'adaptation de la pièce de Woody ALLEN, "Play it again, Sam" (1972). Mais aussi le jeu burlesque de Woody ALLEN, tellement outrancier qu'il n'en est même plus drôle. Ou alors ce sont les filles qu'on lui présente qui sont inexistantes, en tout cas il manque quelque chose pour que la sauce prenne. Sauf évidemment quand il est mis en présence de Diane KEATON. Leur duo est une évidence et tous les passages où ils jouent ensemble préfigurent "Annie Hall" (1977) d'autant que Diane KEATON y arbore le même look. Car si on remet le film dans le contexte de la filmographie de Woody ALLEN, on réalise combien celui-ci est un brouillon de ses futurs chefs-d'oeuvre. Sa cinéphilie irrigue tout le film au même niveau que ses névroses. Le titre est un hommage à "Casablanca" (1942), l'archétype du cinéma de l'âge d'or hollywoodien. L'introduction où Allan Felix (le personnage de fiction joué par Woody ALLEN) regarde fasciné la scène finale du film de Michael CURTIZ au cinéma, avant que Humphrey BOGART ne s'incarne à ses côtés pour lui donner des conseils de drague rappelle forcément "La Rose pourpre du Caire" (1985), seuls les genres y sont différents. Et le final où la réalité rejoint la fiction, Woody ALLEN et Diane KEATON endossant les rôles de Humphrey BOGART et Ingrid BERGMAN à l'aéroport revient dans "Meurtre mysterieux a Manhattan" (1992), à ceci près que les deux acteurs sont dans le final d'un autre film de l'âge d'or des studios hollywoodien à l'ambiance exotique, "La Dame de Shanghai" (1947) de Orson WELLES.
Du film-culte de Diane KURYS vu à l'adolescence, il ne me restait à peu près rien. Aussi, le revoir a été pour moi comme le découvrir pour la première fois. Une fois de plus, le contexte est essentiel pour comprendre ce film dont l'histoire est ancrée au début des années 60, époque de l'adolescence de la réalisatrice mais qui a été réalisé à la fin des années 70. Les deux époques se répondent subtilement puisqu'à travers le portrait très autobiographique d'Anne (Eleonore KLARWEIN), de sa soeur et de leurs copines de lycée, Diane KURYS dépeint une génération tiraillée entre la société française traditionnelle gaullienne extrêmement corsetée et un ardent désir d'émancipation et de liberté. Le point de vue féminin donne évidemment à cette question qui concernait l'ensemble de la jeunesse des années 60 une saveur particulière. Il y avait encore peu de réalisatrices à l'époque où Diane KURYS a réalisé son premier long-métrage et celui-ci est devenu le premier teen-movie français. Bien plus que "Les Quatre cents coups" (1959) qui ne possède pas de dimension générationnelle, sans doute parce qu'en 1959, l'adolescent comme "classe d'âge" avec ses goûts et ses désirs propres n'avait pas encore été inventé. C'est la société de consommation et l'allongement de la durée des études qui ont façonné en France cette nouvelle catégorie sociale, née avec le journal "Salut les copains" au début des années 60. Les marqueurs de la culture adolescente sont partout dans le film de Diane KURYS, yé-yé et rock affichés sur les murs ou émanant des tourne-disques et radios portatives. Et puis les photos de vacances à la mer et au ski qui rappellent que ces années-là voient l'avènement du tourisme de masse. Mais "Diabolo Menthe", c'est aussi le poids du patriarcat et des moeurs puritaines. Un lycée qui ressemble à une caserne, la non-mixité, les blouses uniformes, un personnel enseignant de cheftaines psychorigides pour la plupart pouvant aller jusqu'au sadisme (la prof de dessin), une mère certes aimante mais fliquant ses filles sur leurs horaires de sortie ou leur tenue vestimentaire, le divorce alors exceptionnel et stigmatisant, les comportements masculins déplacés etc. Dans cet univers carcéral fait d'interdictions tant sur le plan sexuel que politique, les quelques coups d'éclat marquent les esprits, que ce soit le chahut dans les cours d'une prof de maths sans autorité jouée par Dominique LAVANANT, les badges vendus par Frédérique (Odile MICHEL), le discours de Pascale (Corinne DACLA) sur les événements du métro Charonne encouragée par la prof d'histoire que l'on devine communiste ou encore la fugue de Muriel (Marie Veronique MAURIN) criant "merde, merde, merde" dans la cour du lycée avec le même caractère exutoire que les "fuck you" hurlés par une iranienne à la face du monde dans "Critical Zone" (2023)
Comédie enlevée et sympathique, quelque part entre la série "The Office" et le cultissime "Un jour sans fin" (1993), "Comme un lundi" raconte la semaine infernale d'une employée de bureau japonaise carriériste qui pour se faire embaucher par une agence publicitaire prestigieuse sacrifie sa vie privée, son sommeil et sa santé. Jusqu'au jour où deux de ses collègues lui font remarquer qu'elle revit toujours la même semaine, du lundi au dimanche. Elle ne s'en est même pas aperçue parce que la vie pour elle se résume à un tunnel de travail dans un bureau qu'elle ne quitte quasiment jamais, même pas pour dormir, pas plus que ses collègues d'ailleurs. Et ses rêves, tous identiques se résument encore et toujours au travail. Une conception du travail très japonaise où il paraît normal de sacrifier ses soirées et ses dimanches et où la mort par excès de travail est une réalité.
Le réveil de la jeune femme, puis des membres de toute l'équipe, un par un ne viendra pas d'une marmotte (ils ne dorment pas assez pour ça ^^) mais d'un pigeon qui chaque lundi vient se fracasser contre leur fenêtre. Une fois qu'ils ont tous pris conscience de la boucle temporelle dans laquelle ils sont enfermés, la question devient "comment en sortir?". Et la jeune femme d'être tiraillée par un dilemme cornélien: utiliser ce temps à rallonge pour produire un travail parfait qui lui permettra de réaliser son objectif professionnel ou se joindre à ses collègues pour enquêter sur les causes de leur infortune et briser la malédiction. La culture du collectif face à l'individualisme en somme. La solution se trouve peut-être entre les planches d'un manga à l'ancienne, c'est à dire dans la nostalgie de l'enfance qui apporte une belle touche de mélancolie à l'ensemble.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.