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Le Colosse de Rhodes (Il colosso di Rodi)

Publié le par Rosalie210

Sergio Leone (1961)

Le Colosse de Rhodes (Il colosso di Rodi)

Sergio LEONE et moi avons un point commun qui est de détester le péplum. Pourtant c'est dans ce genre qu'il a fait ses gammes, celui-ci connaissant à la fin des années 50 et au début des années 60 son âge d'or en Italie. Après avoir travaillé en tant que réalisateur de secours sur des films comme "Ben-Hur (1959)" de William WYLER et "Les Derniers jours de Pompéi" (1959) de Mario BONNARD, il est seul aux commandes du "Colosse de Rhodes" qui est donc son premier film officiel.

Force est de constater que l'empreinte du réalisateur est beaucoup moins forte sur le péplum que ce qu'il réussira à faire par la suite sur le western. Les codes de ce genre qui a d'ailleurs très mal vieilli se prêtent sans doute moins à une relecture distanciée et cynique. Et il n'y a aucune vérité historique à rechercher dans ce fatras qui mélange les arènes romaines et la civilisation minoenne avec un traitement fantaisiste du Colosse et des costumes entre autres.

Cependant le style Sergio LEONE transparaît par moments. L'aspect le plus évident réside dans son traitement de la violence. La cruauté sadique de certains passages (expurgée de la version française) n'a rien à envier à celle qui s'exerce dans les films de la trilogie du dollar. Un autre aspect visible de la patte léonienne concerne le traitement du héros. Dans les péplum italiens, celui-ci était hyper-viril, bodybuildé avec des connotations homoérotiques. Dario (Rory CALHOUN), qualifié par Leone (fan de cinéma hollywoodien) de "Cary GRANT du pauvre" est un bellâtre séducteur en jupette qui se fait mener par le bout du nez par la gent féminine comme dans "Allez coucher ailleurs" (1949) de Howard HAWKS. Il y a beaucoup d'allusions à "La Mort aux trousses" (1959) d'Alfred HITCHCOCK dans le film. L'implication à son corps défendant d'un homme dans un complot, le caractère ambigu de la séductrice jouée par Lea MASSARI et enfin le jeu sur les échelles lors de la scène spectaculaire où Dario affronte des adversaires,  juché sur l'épaule et le bras du Colosse après être sorti de la statue par son oreille qui fait penser à la course-poursuite sur le mont Rushmore.

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Youth

Publié le par Rosalie210

Paolo Sorrentino (2015)

Youth
Youth
Youth

La vieillesse est un naufrage disait Charles de Gaulle à propos du maréchal Pétain. Pourtant ce sont trois acteurs nés respectivement en 1933 (Michael CAINE), 1937 (Jane FONDA) et 1939 (Harvey KEITEL) qui sauvent ce film du naufrage. Sans eux, on aurait juste un défilé d'images esthétisantes clipesques ou pubesques (certains persifleurs ont pensé au chocolat Milka, moi plutôt aux bijoux, parfums et séjours en thalassothérapie) et de réflexions sur la difficulté d'être un artiste, surtout quand on est en voie de décomposition. Mais vu que tout cela se déroule dans un hôtel de luxe coupé du monde, difficile d'éprouver de l'empathie pour ces VIP et leurs problèmes d'ego et de prostate (ou de surpoids dans le cas de l'acteur qui joue Maradona et qui séjourne aussi dans le coin avec Miss Univers). Au bout d'une heure et demi de ce cirque, je me suis dit que tout cela était assez poseur et que le cinéma qui se regardait complaisamment le nombril, ça commençait à bien faire. N'est pas Federico FELLINI qui veut!

Il n'en reste pas moins que les trois acteurs cités plus haut sont tellement bons qu'ils réussissent à donner par moments vie à ce défilé de clichés. Michael CAINE (Fred le musicien) et Harvey KEITEL (Mick le réalisateur) s'exposent sans fard et leur fragilité ainsi que leur mélancolie parviennent à émouvoir. Quant à Jane FONDA (Brenda, l'actrice star), elle a peu de scènes mais elle est impériale. Surtout lorsqu'elle claque avec autant de tendresse que de fermeté le beignet à Mick qui vit encore dans l'illusion d'être un grand réalisateur (et un homme irrésistible). Au passage elle en profite pour affirmer son indépendance ("je me suis faite toute seule, ce n'est pas toi qui m'a faite") ce qui lui permet de secouer le joug de la phallocratie pesante qui règne dans ce film où les femmes (et les beaux jeunes hommes) sont autant d'objets désirables pour les deux grands pontes obsédés par les performances de leur zigounette. Le personnage de Fred a passé sa vie à prouver qu'il était un "dieu au lit" et reste obsédé par la compétition virile avec Mick. Il faut voir pour le croire la scène hallucinante où ce dernier contemple le cheptel des 50 actrices qu'il prétend avoir révélées déclamer dans un pré une phrase tirée des films qu'il a réalisé. Déguisées en policiére, noble du XVIII, femme fatale, fermière, extra-terrestre, elles sont autant de pathétiques fantasmes fétichistes (le chapitre correspondant du DVD s'intitule d'ailleurs "créateur et créatures").

Hélas le bel effort d'émancipation de Brenda est démenti par la suite quand elle fait une crise d'hystérie dans l'avion (énième cliché inscrit dans le mot même, hystera signifiant utérus) où elle supplie Mick de lui pardonner (et de la reprendre?) Le machisme pétri de culture judéo-chrétienne a encore de beaux jours devant lui.

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Explorers

Publié le par Rosalie210

Joe Dante (1985)

Explorers

"Explorers" fut un échec public et critique à sa sortie en raison principalement de conditions de production déplorables. Les délais trop courts laissés au réalisateur Joe DANTE l'obligèrent à renoncer à de nombreuses scènes qui développaient davantage les personnages et leur environnement. Le montage bâclé acheva de donner au film son caractère d'oeuvre bancale. Si la première partie se tient à peu près, la deuxième est nettement plus chaotique, décousue et confuse, perdant les spectateurs en chemin. Joe DANTE parle d'ailleurs de "potentiel gâché" pour qualifier l'inaboutissement d'une aventure dans laquelle il s'était laissé entraîner, séduit par le scénario de Éric Luke et mis en confiance par le producteur Jeffrey KATZENBERG qui allait quitter le navire de la Paramount pour Disney pendant la réalisation du film avec les résultats que l'on sait.

Néanmoins le temps a rendu justice au film qui en dépit de ses imperfections est extrêmement riche car imprégné de la personnalité de son réalisateur. Film de science-fiction typique des années 80, il fait penser par son côté artisanal et bricoleur à du Robert ZEMECKIS. Pas seulement "Retour vers le futur" (1985) sorti la même année mais aussi le plus récent "Contact" (1997) par le fait que les plans de la navette spatiale sont dictés par les extra-terrestres à travers les images réceptionnées par les humains (rêves ou écrans). La sous-culture dans laquelle baignent les jeune héros (projection de Joe DANTE lui-même venu du cinéma bis) est omniprésente que ce soit par les écrans de télévision, de cinéma ou les magazines. On pense alors autant à Robert ZEMECKIS qu'à Steven SPIELBERG qui a réalisé sa propre version de la "La Guerre des mondes" (2005), un extrait de la version de 1953 servant d'introduction au film. Outre cette SF des années 50 (existante ou réinventée avec l'hilarant pastiche intitulé "Starkiller"), l'influence du cartoon est importante, Joe DANTE rendant hommage à Chuck JONES à travers le nom de l'école où étudient les héros et les scènes de dévastation de la cave (les livres troués par le passage à toute vitesse de la capsule).

Mais là où le film se distingue d'un Steven SPIELBERG ou d'un Robert ZEMECKIS, c'est dans son caractère complètement désenchanté. Le happy-end plaqué comme un cheveu sur la soupe ne doit pas faire illusion. C'est de désillusion dont il est question. Au lieu de trouver dans l'espace des réponses à leurs questions existentielles, les gamins rencontrent des miroirs d'eux-mêmes, c'est à dire des enfants-aliens ayant fugué et ne connaissant de la terre que les images des vieux films de SF qui en émanent (donnant une vision paranoïaque des relations humains-aliens reflet du contexte de guerre froide dans lequel elles ont été produites). Cette confusion entre l'image et la réalité fait penser au mythe de la caverne de Platon et renvoie finalement à la condition humaine. Le film se termine donc en cul-de-sac et la déconfiture envahit le visage si enthousiaste jusque là de Ben, le rêveur de l'espace. C'était le premier rôle au cinéma de Ethan HAWKE alors adolescent dont on perçoit le potentiel tout comme son acolyte du même âge dont c'était également la première apparition, River PHOENIX dans le rôle de Wolfgang, le petit génie en herbe.

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La Cage aux rossignols

Publié le par Rosalie210

Jean Dréville (1945)

La Cage aux rossignols

Le succès du film Les Choristes (2004), remake avoué de la "Cage aux rossignols" de 1945 a eu le mérite de sortir ce dernier de l'oubli dans lequel il était injustement tombé. Car en dépit des défauts dû à son âge (principalement au niveau sonore), cela reste un très beau film, supérieur à son remake (qui est tout de même honorable).

A quoi tient le petit plus de la "Cage aux rossignols"? Au contexte dans lequel il a été réalisé et à la personnalité de son interprète principal, NOËL-NOËL, également scénariste, dialoguiste, caricaturiste, pianiste de music-hall, bref artiste jusqu'aux bouts des ongles et satiriste de talent par-dessus le marché. Contrairement au film Les Choristes" (2004) qui met l'accent sur le chant comme son titre l'indique, c'est l'éducation qui est le sujet principal de la "Cage aux rossignols". Car le film a été réalisé à la fin de l'occupation allemande et du régime de Vichy, le tournage a d'ailleurs été interrompu par le débarquement du 6 juin 1944 et lorsqu'il a repris, Roger Kreps qui interprète Laugier (l'équivalent de Pierre Morhange dans le film de Christophe BARRATIER) avait grandi et ne portait plus le même tricot. Cette discontinuité est visible pendant qu'il chante son solo extrait de "L'hymne à la nuit" de Rameau.

Mais au-delà du tournage chaotique, le contexte de guerre et de dictature pèse d'une autre façon sur le film (dont l'action est censée se dérouler dans les années 30). Il a été tourné dans une véritable maison de correction et la lourde chape répressive qui pèse sur les enfants (qui apparaissent plus comme abandonnés à eux-mêmes que comme délinquants) est bien perceptible. L'humanité introduite par Clément Mathieu (nommé ainsi à partir de Marie-Eugénie Mathieu, mère de NOËL-NOËL) faite de complicité tendre et malicieuse ainsi que de fermeté bienveillante apparaît beaucoup plus naturelle que dans le film "Les Choristes" (2004) où la reconstitution nostalgique est plus forcée (même si on y aborde des thèmes tabous en 1944 comme la pédophilie ou le statut de mère célibataire). De plus le statut d'outcast de Mathieu est beaucoup plus développé dans la "Cage aux rossignols", faisant de lui un grand frère idéal pour les enfants en dépit du fait que l'acteur n'était plus de la première jeunesse. La manière dont il parvient à faire publier son manuscrit et à obtenir la main de Micheline (Micheline Francey) sous les yeux des enfants relève en revanche du conte de fées là où le film de Christophe BARRATIER est plus réaliste et doux-amer.

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L'Homme de l'Ouest (Man of the West)

Publié le par Rosalie210

Anthony Mann (1958)

L'Homme de l'Ouest (Man of the West)

"L'homme de l'ouest" est à Anthony MANN ce que "L Homme qui tua Liberty Valance" (1962) est à John FORD: une œuvre testamentaire (c'est son avant-dernier western) et crépusculaire. Link Jones, comme l'acteur qui l'interprète (Gary COOPER) est un héros au bout du rouleau. Comme dans le film de John FORD cité plus haut il ne trouve pas sa place dans la civilisation qui s'implante toujours plus à l'ouest, symbolisée par le train. Et au-delà ? Il n'y a plus personne sinon des villes fantômes. Le temps du western est révolu. C'est tout le drame du personnage pathétique de Dock Tobin (Lee J. COBB) de refuser de voir la vérité en face. Avec les quelques hommes qui lui reste (et qui ne sont guère fiables excepté le cousin de Link, Claude, joué par John DEHNER) il se terre dans une ferme abandonnée, hors du monde. C'est depuis ce tombeau qu'il échafaude des plans sur la comète, tous voués à l'échec. Il s'aveugle également sur les raisons du retour de son fils prodigue échappé d'un train qui va trop vite pour lui mais qui pourtant à aucun moment ne manifeste son envie d'être là. Car on sait qu'il a trouvé la voie de la rédemption dans une communauté qui l'a accepté avec son passé (comme dans "Les Affameurs" (1951) mais celle-ci reste hors-champ comme une sorte d'utopie inaccessible (pour le spectateur en tout cas).

Au-delà de son aspect crépusculaire, "L'homme de l'ouest" a des caractéristiques propres au cinéma d'Anthony MANN qui préfigurent ce que sera quelques années plus tard le western de Sergio LEONE. C'est une approche âpre et frontale de la violence, certaines scènes versant même dans le sadisme. Ce sont des personnages sales et mal rasés, plus proches de la bête que de l'homme qui cèdent à leurs pulsions primaires et crient comme des veaux qu'on égorge. C'est un héros ambigu au passé trouble, Anthony MANN ayant l'art et la manière de retourner les acteurs positifs des films de Frank CAPRA (Gary COOPER et avant lui James STEWART). C'est aussi l'impression de confinement qui se dégage du film, les règlements de compte se déroulant en vase clos comme sur une scène de théâtre, que ce soit à l'intérieur d'une ferme ou dans le désert.

Si en dépit de sa qualité, ce western suscite des appréciations contrastées, c'est en raison principalement de quelques problèmes sur les personnages et le casting. Lee J. COBB est beaucoup plus jeune que Gary COOPER, or il joue le rôle de son ancien mentor censé être beaucoup plus âgé. Par conséquent Cobb est grimé et surjoue ce qui sonne faux. D'autre part les deux compagnons de Link, Billie (Julie LONDON) et Sam (Arthur O CONNELL) sont des poids morts dont Anthony MANN ne sait que faire.

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Fatty groom (The Bell Boy)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1918)

Fatty groom (The Bell Boy)

"Fatty groom" est la huitième collaboration entre Roscoe ARBUCKLE et Buster KEATON. Comme dans la plupart de leurs autres films, il n'y a pas de vrai scénario, l'intrigue décousue servant de prétexte aux gags et aux acrobaties. Et quelles acrobaties ! Le film propose des séquences qui s'apparentent à des numéros de cirque comme l'attaque de la banque où Buster KEATON et Al St. JOHN accomplissent des prouesses physiques qui semblent venir d'une autre planète (celle du cartoon d'autant qu'à un moment donné l'oeil d'une tête de cerf accrochée au mur s'anime et que Roscoe ARBUCKLE reprend sa mise en scène de course-poursuite stylisée à distance depuis une ligne de crête). Cet extraordinaire illusion d'apesanteur produite par leurs corps souples et athlétiques fascine car elle est liée à une époque où les acteurs pouvaient être aussi cascadeurs (ce qui est le cas aujourd'hui dans un genre différent de Tom CRUISE dans les "Mission impossible").

Pour le reste, le contexte de réalisation du film à la fin de la guerre explique certains gags comme les attaques de mousse à raser sur un personnage ayant pris l'apparence du Kaiser ou la mention barrée "cuisine allemande". D'autres s'appuient sur la pantomime (nettoyage d'une vitre imaginaire). Roscoe ARBUCKLE n'hésite pas en effet à abattre le quatrième mur en faisant un clin d'œil complice à la caméra.

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Le Jouet

Publié le par Rosalie210

Francis Veber (1976)

Le Jouet


"Je veux ça"
"Le Zorro? Le Cosmonaute?"
"Non ça!"

Il y a deux façons d'interpréter ce dialogue, un des moments-clés de la première réalisation de Francis VEBER dont l'outrance satirique cache une authentique tragédie de l'intime. Comme le dit Michel BOUQUET "Tout est profondément tragique dans ce film et c'est là-dessus que la comédie peut se développer."

La première interprétation consiste à ne voir dans ce désir (s'approprier un être humain et le traiter comme un objet) qu'un caprice d'enfant tellement gâté-pourri qu'il n'a plus aucune limite. C'est d'ailleurs moins la demande de l'enfant qui terrifie que la servilité des adultes qui l'entourent, tous prêts à servir ou à jouer ce jeu malsain. A l'un d'entre eux, le rédacteur en chef Blénac (Jacques FRANÇOIS), le patron et père de l'enfant (Michel BOUQUET) dira cette phrase restée dans les annales: "Qui de nous deux est le monstre, moi qui vous demande de retirer votre pantalon ou vous qui acceptez de montrer votre derrière ?" En effet Veber rappelle que la tyrannie ne peut fonctionner sans l'obéissance, le jeu se joue toujours à deux et quelle que ce soit sa situation (ici la crise économique, la hantise du chômage et des dettes) on a toujours le choix.

Mais la deuxième partie du film montre que la demande de l'enfant a un autre sens. Ce qu'il veut, c'est avoir un être humain avec lui au milieu des objets qui l'entourent. Un père plus exactement. Car le film a une résonance autobiographique aussi bien pour Francis VEBER ("j'ai raté mon père, mon père m'a raté aussi") que pour Pierre RICHARD ("mon père n'en avait pas non plus [d'affection pour moi]"). La relation qui se développe entre l'enfant et François Perrin finit par échapper à la logique de la marchandisation des êtres humains pour devenir affective. Pour François Perrin (et derrière lui Francis VEBER et Pierre RICHARD) il s'agit d'une mission sauvetage, celui de l'enfant qu'ils ont en eux et qui ne veut pas mourir (contrairement à celui qui était à l'intérieur de leurs pères).

Enfin le comique du film ne sert pas qu'à transmuer la tristesse, il est aussi un bon moyen d'expression de la colère. François Perrin apparaît comme un agent du chaos qui dynamite les normes sociales de l'intérieur et investit l'enfance comme principe de subversion. La scène où François Perrin et le gamin dévastent la garden-party du père en jouant aux cowboys et aux Indiens (rebaptisés "rouges") alors qu'une manifestation syndicale d'ouvriers injustement licenciés se déroule à l'extérieur des grilles donne une allure de lutte des classes qui ne dit pas son nom à la scène. Bien qu'à l'époque tout le monde avait reconnu Dassault derrière le personnage de Rambal-Cochet. Le licenciement sous des prétextes futiles comme des mains trop moites est hélas une histoire authentique.

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L'Opérateur/Le Caméraman (The Cameraman)

Publié le par Rosalie210

Edward Sedgwick et Buster Keaton (1928)

L'Opérateur/Le Caméraman (The Cameraman)


"L'Opérateur" est le film de Buster KEATON que je préfère et selon moi son plus grand chef-d'œuvre. On y retrouve les qualités de ses autres chef-d'œuvres, cette manière poétique et décalée d'habiter le monde, d'interagir avec lui et de le mettre en scène. "L'Opérateur" a un personnage principal qui fabrique des images. De portraitiste, il devient reporter et fabrique ainsi ses propres films dans le film principal. Le premier d'entre eux qui passe pour raté est un concentré d'inventivité technique et poétique avec un défilé en arrière des images qui a pour effet d'annuler le temps, une surimpression qui fait naviguer un cuirassé en pleine rue et la juxtaposition de quatre mini écrans diffusant chacun leurs images en simultané sur le principe du split-screen. Le deuxième est un reportage documentaire qui en réalité a fait l'objet d'une mise en scène. Lors du tournage (lui aussi une mise en abyme), Buster KEATON est intervenu plusieurs fois pour "arranger" la vérité, mettant un poignard dans la main d'un homme se bagarrant avec un autre, faisant tomber des hommes à terre et brisant des ampoules pour faire croire à des coups de feu.

Mais "L'Opérateur" a par rapport aux autres films de Buster KEATON un petit supplément d'âme qui le rend unique. Ce n'est pas le seul film où il exprime son inadéquation avec l'environnement. Mais jamais il ne l'avait fait avec une telle sensibilité. Il y a des trouvailles géniales comme ce travelling vertical sur un escalier qui exprime son yoyo émotionnel à cause d'un simple coup de téléphone. Il y a la scène où séparé de sa fiancée il trouve des moyens originaux de la rejoindre (sur le garde-boue d'un bus par exemple). Il y a ce petit singe malicieux qui en filmant la scène du sauvetage de la fiancée qu'un usurpateur s'était attribué fait éclater la vérité (c'est aussi à cela que servent les images et l'art cinématographique a été un temps une planche de salut pour Buster KEATON comme avant lui pour Roscoe ARBUCKLE). Il y a enfin ce qu'exprime le corps de Buster KEATON, par exemple quand il s'affaisse sur la plage. Tout le corps, y compris le visage. Comme s'il sentait que la MGM allait être son tombeau cinématographique, Buster KEATON enlève son masque de pierre et exprime une multitude d'émotions, souvent en gros plan: le trouble et le transport amoureux, la tristesse, la colère, la peur et le soulagement. Cette humanité touche en plein cœur.

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Lettre à Momo (Momo e no Tegami)

Publié le par Rosalie210

Hiroyuki Okiura (2012)

Lettre à Momo  (Momo e no Tegami)


"Lettre à Momo" impressionne par sa technique soignée, le travail sur les expressions faciales des personnages en particulier. Mais sur le fond, le film pâtit d'une histoire aux airs de déjà vu. Il souffre en particulier de la comparaison avec "Mon voisin Totoro" (1988) qui possède une trame proche (des fillettes aident leur mère malade à l'aide de Yokai). Le récent "Okko et les Fantômes" (2018) qui reprend l'idée d'un
soutien des forces surnaturelles pour surmonter un deuil le fait avec plus d'originalité et de puissance. En dépit des fantasques Yokai, les personnages manquent de présence, certains sont à peine esquissés. Seule la relation mère-fille est un peu approfondie, chacune essayant de faire son deuil de son côté et aggravant ainsi son isolement. C'est d'ailleurs ce manque de communication qui pousse Momo à se rapprocher des Yokai qui l'entourent et qu'elle seule peut voir. Mais la fin très convenue (réconciliation mère-fille, message d'amour du père depuis l'au-delà, retour des yokai dans les cieux, capacité de Momo à surmonter ses peurs et à s'intégrer) ne permet pas à ce film de marquer davantage les esprits.

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Johnny English, le retour (Johnny English Reborn)

Publié le par Rosalie210

Oliver Parker (2011)

Johnny English, le retour (Johnny English Reborn)


"Johnny English le retour" ne bénéficie pas d'un meilleur scénario que le premier film de la saga et certains gags restent très primaires mais question mise en scène, il est bien supérieur. Plus rythmé, plus sophistiqué avec des parodies de passages obligés des films d'espionnage très réussies comme la retraite tibétaine, le tueur à gages à l'apparence inoffensive de femme de ménage chinoise ou les manifestations physiques du stress post-traumatique après l'échec d'une mission vue plusieurs fois en flashback (on retrouve ce leitmotiv aussi dans le deuxième OSS 117 de Michel HAZANAVICIUS, "OSS 117 : Rio ne répond plus") (2007). Les scènes d'action sont également très réussies, en particulier celle de la poursuite entre un Yamakasi adepte de prouesses acrobatiques et un Johnny adepte de solutions pragmatiques du genre ascenseur, échelle ou grue. Un grand moment burlesque qu'on a pu rapprocher de Jacques TATI ou de Blake EDWARDS et qui me fait également penser à la scène de "Les Aventuriers de l arche perdue" (1980) où Indiana Jones abat au pistolet un adversaire qui essayait de lui faire peur en maniant le sabre avec dextérité. Enfin si on peut déplorer l'absence de Ben MILLER, remplacé par un second couteau plus fade (Daniel KALUUYA) ainsi qu'un méchant d'opérette plus "fouine que taupe" (Dominic WEST) il est compensé par le casting féminin de choc entre la psychologue comportementaliste amoureuse de Johnny English (Rosamund PIKE une ancienne James Bond Girl) et la chef du M17 (Gillian ANDERSON, ex agent Scully de X-files).

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