Le joueur d'échecs (Geri's game)
Jan Pinkava (1997)
"Le Joueur d'échecs" réalisé en 1997 soit deux ans après le premier "Toy Story" est un moment décisif dans l'histoire des studios Pixar. Ceux-ci avaient abandonné les courts-métrages pour se consacrer au format long et à des projets publicitaires. La décision de relancer un programme de formats courts est liée à la nécessité de donner un nouvel élan aux créations Pixar en mettant le pied à l'étrier à de jeunes talents et en améliorant la technique de l'animation numérique.
C'est ainsi que Jan Pinkava se voit confier la réalisation du "Joueur d'échec" avec une seule contrainte mais de taille: la présence d'un personnage humain qui est alors le point faible de l'animation 3D et dont le studio veut améliorer le rendu. Jan Pinkava va faire bien plus que cela, il va donner une identité forte au studio en choisissant d'animer un vieil homme en lutte contre le temps qui passe symbolisé par un autre lui-même plus jeune et plus dynamique à qui il va pourtant damner le pion. Jan Pinkava s'est inspiré de son propre grand-père passionné d'échecs mais le choix d'un vieillard est également lié aux fait qu'il est plus facile de l'animer qu'un jeune homme. Physiquement, Geri n'est autre que réparateur de jouets de "Toy Story 2" et sa gestuelle préfigure celle de Karl, le héros de "Là-Haut". Son combat de 4 minutes dans un paysage d'automne contre la solitude, la vieillesse et la mort est un morceau de bravoure magistral, d'ailleurs couronné de plusieurs prix. Le tout dans un univers très français, une musique de bal musette et un jardin qui n'est pas sans rappeller celui des Tuileries. Un petit air de "Ratatouille" en somme...
Enfin le court-métrage contient des clins d'oeil qui deviendront récurrents chez Pixar, notamment la boîte à cigare contenant les échecs qui porte l'inscription suivante "Courts métrages artisanaux Pixar réalisés à Pont Richmond" (localité californienne où se trouvaient les studios à l'époque).