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Articles avec #comedie dramatique tag

Marie-Line et son juge

Publié le par Rosalie210

Jean-Pierre Améris (2022)

Marie-Line et son juge

Il y a des schémas récurrents dans l'emploi des acteurs. Comment ne pas penser à un "remix" entre "Je vous trouve tres beau" (2005) et "La Famille Belier" (2013) en regardant "Marie-Line et son juge"? Et ce en dépit du fait qu'il s'agit de l'adaptation d'un roman de Muriel Magellan, "Changer le sens des rivières" (un beau titre). En effet le thème du rapprochement des contraires et du choc des cultures m'a fait penser au film de Isabelle MERGAULT alors que celui de l'émancipation d'une jeune fille soutenant sa famille handicapée m'a paru proche du film de Eric LARTIGAU. L'histoire, assez invraisemblable ne tient que grâce à l'alchimie entre Michel BLANC et Louane EMERA. Ceux-ci parviennent à nous faire oublier les clichés autour des classes sociales qu'ils sont censés incarner ainsi que ceux liés à leur "complémentarité" (la jeunesse et la joie de vivre de Marie-Line en échange de la culture et des ambitions de son juge-employeur occasionnel-mentor-père de substitution). Il est difficile dans un film de cinéma d'évoquer la rencontre de deux êtres que tout oppose sans être schématique. Cependant on peut trouver la barque de Marie-Line particulièrement chargée entre son père invalide, sa mère suicidée, sa soeur délinquante (dont le surgissement dans le film est très maladroit d'ailleurs), ses goûts vulgaires, son inculture. En bref il ne manque que les spaghettis au dîner (ah non, ça c'est Abdellatif KECHICHE dans "La Vie d'Adele - chapitre 1 et 2" - (2013) lui aussi bourré de clichés mais que les critiques ont encensé contrairement au film de Jean-Pierre AMERIS). Si la trajectoire de Marie-Line est particulièrement appuyée, celle du juge n'est pas non plus particulièrement subtile et comme c'est un être solitaire, le réalisateur évacue la description de son milieu. Quand on pense ce que Claude SAUTET avait pu faire d'un tel argument dans "Quelques jours avec moi" (1988) on ne peut que regretter l'aspect convenu du film de Jean-Pierre AMERIS.

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Je vous trouve très beau

Publié le par Rosalie210

Isabelle Mergault (2005)

Je vous trouve très beau

"Je vous trouve très beau" est une sorte "d'amour est dans le pré" avant la lettre. Enfin presque car dans un premier temps, ni Aymé Pigrenet (Michel BLANC), ni Elena (Medeea MARINESCU) ne cherchent l'amour. Leurs considérations sont bien plus terre à terre: le premier a besoin d'une femme pour faire marcher sa ferme et remplacer la sienne, décédée accidentellement. La seconde qui est roumaine a besoin d'argent pour offrir une meilleure vie à sa famille. La transaction est donc claire (hormis le fait que Elena cache à Aymé l'existence de sa petite fille). A partir de ce postulat, Isabelle MERGAULT dont c'était le premier film raconte la naissance d'une romance entre ces deux personnages si dissemblables. Ce n'est ni crédible ni original mais ça fonctionne: la magie opère à l'écran. Isabelle MERGAULT cueille de fragiles instants de grâce avec sensibilité, comme quand Elena met un tablier à Aymé presque en l'enlaçant ou bien quand Aymé caresse le lapin qu'elle tient dans ses bras et que l'on comprend que c'est elle qu'il aimerait caresser bien qu'il n'ose pas. Et les acteurs sont excellents. Medeea MARINESCU est pétillante et Michel BLANC dans un rôle à contre-emploi exprime toute sa sensibilité. On en oublie la lourdeur du monde rural dépeint dans le film à l'image de la choucroute en conserve ramenée soi-disant d'Allemagne par Aymé avec une troupe d'acteurs que l'on croirait sortie d'un film de Cedric KLAPISCH.

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Papy fait de la résistance

Publié le par Rosalie210

Jean-Marie Poiré (1983)

Papy fait de la résistance

Encore un film culte que je n'avais jamais vu, sinon par extraits. Cette mise en pièce de la France sous l'occupation, je l'ai trouvée un peu inégale. Les coutures du patchwork se voient un peu trop. Alors du côté du meilleur, il y a la composition inénarrable de Gerard JUGNOT dans la peau d'Adolfo (!) Ramirez, un gestapiste français avide de revanche. Je soupçonne d'ailleurs très fortement Jean-Paul ROUVE de s'en être inspiré pour le personnage collaborationniste odieux qu'il interprète dans "Monsieur Batignole" (2001) réalisé par ce même Gerard JUGNOT. De façon plus générale, comme dans les années 80, la France n'assumait pas encore son passé vichyste (c'est l'époque où Mitterrand apportait encore des fleurs à Pétain), le film est très en verve pour épingler les collabos. Il faut voir la façon dont Jean YANNE dans la peau d'un milicien susurre à ses interlocuteurs venus se plaindre des dégâts causés par l'occupation allemande dans leur château "et au fait, dans votre famille, il n'y a pas de juifs?" Sans parler du retour de Ramirez "junior" en parfait petit facho bolivien dans le pastiche de "Les Dossiers de l'écran" à la fin. Nul n'ignore qu'un certain nombre de nazis se sont réfugiés en Amérique latine après la guerre où ils ont fait souche. Et puis bien sûr, il y a la dernière demi-heure et le numéro hilarant de Jacques VILLERET dans la peau du demi-frère d'Hitler interprétant à l'heure allemande le "Je n'ai pas changé" du latin lover Julio IGLESIAS. Mais en fait ce qui m'a posé problème provient de l'hommage assumé qu'est "Papy fait de la Résistance" à Louis de FUNES (qui venait juste de mourir et qui aurait dû jouer le rôle du Papy finalement interprété par son complice, Michel GALABRU). En effet Jean-Marie POIRE veut coller ensemble deux morceaux qui s'ajustent mal: "La Grande vadrouille" (1966) bien sûr mais aussi la série des "Fantomas" (1964). C'est de cette source, celle des romans feuilletons et des films de Louis FEUILLADE (bien avant Andre HUNEBELLE) que provient "Super-Résistant", le personnage joué par Martin LAMOTTE, un justicier masqué qui ressemble à Arsène Lupin mais qui comme Zorro ou Batman a une double identité puisque le jour, il joue le rôle d'un coiffeur efféminé, une couverture insoupçonnable. Mais aussi une caricature assez gênante. Par ailleurs, le personnage de "Super-Résistant" vient percuter une page d'histoire tragique en la déréalisant complètement ce que ne faisait pas "La Grande vadrouille" (1966). La scène de la rafle de résistants qui commençait ainsi très bien avec notamment le personnage joué par Jacques FRANCOIS ou "le plus petit rôle du film" confié à Bernard GIRAUDEAU (complice de Michel BLANC qui comme d'autres membres du Splendid, Josiane BALASKO et Thierry LHERMITTE vient faire son petit cameo) se termine ainsi dans la facilité alors qu'elle aurait pu donner lieu à une brillante parodie comique de "L'Armee des ombres). (1969)

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Le Grand amour

Publié le par Rosalie210

Pierre Etaix (1968)

Le Grand amour

Bien que "Le Grand Amour" soit un bon film, je l'ai moins aimé que "Le Soupirant" (1962) et "Yoyo" (1964). Le thème du film y est sans doute pour quelque chose. Pierre ETAIX change en effet de registre en passant de la comédie burlesque quasi muette en noir et blanc à la comédie dramatique dialoguée et en couleur sur les conventions bourgeoises, le délitement du couple et le démon de midi façon "7 ans de reflexion" (1955). Cela ne m'a jamais passionnée. De plus, la bande-son est moins riche qu'à l'ordinaire, le parlant devenant envahissant. Néanmoins les moeurs étriquées de la petite bourgeoise provinciale sont finement observées, la poésie surréaliste du cinéaste (et de son scénariste, Jean-Claude CARRIERE) fait merveille dans une narration non linéaire, brouillant les frontières entre le rêve et le réel, entre le passé et le présent, entre les images et le récit. On oscille entre un ton gentiment satirique et une certaine mélancolie. Car si le film est drôle, c'est la désillusion qui l'emporte. Les grands élans romantiques et romanesques de Pierre, symbolisés par la superbe scène du lit voyageur se heurtent à une réalité prosaïque qui repose sur une impossible intimité. Ce que symbolisent notamment les lits jumeaux mais bien séparés du couple bourgeois dont chaque membre joue la comédie à l'autre. Une comédie jouée d'avance d'ailleurs, chaque pièce du jeu étant présentée comme interchangeable.

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Le Club des miracles (The Miracle Club)

Publié le par Rosalie210

Thaddeus O'Sullivan (2023)

Le Club des miracles (The Miracle Club)

La promesse du titre est trompeuse: le film ne fait pas de miracle. Le scénario et la mise en scène sont convenus à l'extrême. Chaque scène surligne lourdement les enjeux et la progression dramatique est parfaitement prévisible. Prévisible et maladroite. Le thème du pèlerinage à Lourdes est survolé et finit par n'être qu'un décor unissant trois femmes liées par un secret guère palpitant. J'ai remarqué aussi qu'il y avait des passages confus et mous du genou comme ce qui tourne autour des maris (alors que cela aurait pu être au choix soit très drôle ou bien à l'inverse, dramatique voire tragique. Mais le réalisateur ne choisit pas entre ces deux voies et se contente d'un entre-deux peu satisfaisant). Bref, c'est une oeuvre médiocre qui ne vaut d'être vue que pour deux raisons: sa reconstitution d'époque, plutôt soignée et bien entendu son formidable trio d'actrices Maggie SMITH (dont c'est la dernière apparition au cinéma, à 88 ans), Kathy BATES et la trop rare Laura LINNEY. Dommage que cette dernière joue encore un rôle sacrificiel comme dans "Love Actually" (2003) alors que Kathy BATES se retrouve dans le rôle d'un personnage odieux la plupart du temps. Seule Maggie SMITH échappe en partie au cliché, non pas que son personnage ait été mieux écrit mais parce que l'on perçoit sa grande fragilité et que celle-ci nous émeut.

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3 hommes et un couffin

Publié le par Rosalie210

Coline Serreau (1985)

3 hommes et un couffin

Comme tant et tant de gens ayant connu cette époque, j'ai vu "3 hommes et un couffin" au cinéma à sa sortie, sans doute plusieurs fois, dans des salles pleines et je me souviens encore de ma mère (qui m'accompagnait étant donné mon jeune âge d'alors mais qui elle-même ne fréquentait pas les cinémas) riant aux larmes devant certaines des situations montrées dans le film. En le revoyant près de quatre décennies plus tard, j'ai été frappée par une évidence: toutes les scènes entre les trois hommes et le bébé n'ont pas pris une ride alors que celles qui montrent leur vie sociale apparaissent affreusement datées. Même s'il y a quelques longueurs et artifices dans le scénario, l'essentiel réside dans la relation qui se noue entre le bébé et ses trois pères, surtout les deux pères d'adoption d'ailleurs. En déplaçant les curseurs des rôles genrés, Coline SERREAU ne s'interroge pas seulement sur l'équilibre entre travail et vie de famille. Elle déconstruit un modèle de masculinité égocentrique ne reposant que sur la compétition virile et la recherche du plaisir sans limites. Avec un bébé dans les pattes, les trois hommes découvrent les responsabilités, les compromis qui résultent de la charge mentale mais aussi la tendresse. Seulement, il ne faut pas la montrer aux autres ce qui est source de situations ou de réparties comiques. Au final, "3 hommes et un couffin" se rapproche de "La Belle verte" (1996) en montrant une société marchant sur la tête remise à l'endroit. Le maternage est montré comme pouvant être aussi bien assuré par l'un que par l'autre sexe s'il se donne la peine de s'investir ce qui aboutit à la désopilante scène de confrontation entre Pierre et Mme Rapon (Dominique LAVANANT). Après le départ du bébé, l'aspect factice, vide, mécanique de la vie des trois hommes leur saute au visage au point que Jacques (Andre DUSSOLLIER) fait une couvade, Michel (Michel BOUJENAH) n'a plus d'inspiration alors que Pierre (Roland GIRAUD) tombe en dépression. Bref, comme les autres films de la réalisatrice, "3 hommes et un couffin" n'est pas seulement une comédie culte, c'est un film en avance sur son temps, ébranlant le patriarcat et ébauchant un nouveau modèle parental et familial.

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Mr. & Mrs. Bridge

Publié le par Rosalie210

James Ivory (1991)

Mr. & Mrs. Bridge

Sous sa forme classique, un film tout en cruauté feutrée comme les aime James IVORY. Sa finesse d'observation et sa manière délicate d'exprimer les non-dits de personnages aliénés font une fois de plus mouche. Car le film dépeint un couple fossilisé dans un monde en mutation. D'une certaine manière, les Bridge sont des dinosaures comme l'était Stevens le majordome dans "Les Vestiges du jour" (1993). Les deux histoires se déroulent d'ailleurs à la même époque (années 30-années 40). Ils sont donc condamnés à disparaître. Walter (Paul NEWMAN) qui est avocat (mais on le verra très peu à son travail) est l'archétype du conservateur américain. Un vieux réac rigide qui n'a jamais dû sourire une seule fois dans sa vie d'adulte mais qui est plein de certitudes sur tout. Sa femme India (Joanne WOODWARD) est quant à elle l'archétype de l'épouse au foyer puritaine et soumise. Son mal-être ne peut donc s'exprimer qu'indirectement et inconsciemment, à travers celui, plus déclaré de l'une de ses amies ou bien à travers des actes manqués dont James IVORY est friand: un gâteau préparé pour son mari qui qui s'avère raté à l'image de leur mariage sans joie ou encore la scène finale dans laquelle elle se retrouve emprisonnée dans sa voiture ensevelie peu à peu sous la neige. Leurs trois enfants rejettent ce modèle mortifère mais ne savent pas très bien par quoi le remplacer. Ces enfants sont d'ailleurs le maillon faible du film, ils sont peu creusés et antipathiques, dénigrant leur mère mais jamais leur père. Quelque chose de pas net semble relier ce père et la fille aînée qui souhaite devenir actrice, voyager et être libre. Il suffit d'écouter les paroles du fiancé de la deuxième fille pour comprendre qu'elle ratera son mariage. Quant au fils, il ignore sa mère sans que l'on comprenne pourquoi. Ces relations parents-enfants survolées donnent au film un aspect inachevé, dommage.

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Indian palace (The Best Exotic Marigold Hotel)

Publié le par Rosalie210

John Madden (2012)

Indian palace (The Best Exotic Marigold Hotel)

C'est le coeur un peu serré que j'ai regardé "Indian Palace" en apprenant le décès de Maggie SMITH que j'aimais beaucoup. "Indian Palace" est le croisement improbable entre "Slumdog Millionaire" (2008) (le gérant de l'hôtel est interprété par Dev PATEL qui tenait le rôle principal du film de Danny BOYLE mais qui en fait des tonnes ici) et une "Maison de Retraite" (2020) en forme de palais délabré dont les sept pensionnaires sexagénaires ou septuagénaires appartiennent à la crème des acteurs britanniques. L'Inde n'est en effet qu'un décor exotique pour riches seniors en pleine crise existentielle et il y a quelques relents néocolonialistes dans cette approche qui enfile les clichés comme les perles sur l'Inde, ses habitants et leur culture. Il n'en reste pas moins qu'on a tellement de plaisir à retrouver cette formidable troupe d'acteurs qu'on s'attache à leurs personnages en quête d'une nouvelle vie. Judi DENCH est délicate émouvante en veuve qui réalise qu'elle n'a pas eu d'intimité dans son couple, Maggie SMITH joue avec humour et mélancolie un personnage de vieille fille aigrie complètement dévitalisée qui finit par se découvrir une nouvelle vocation. Tom WILKINSON interprète un homosexuel nostalgique qui souhaite avant de mourir retrouver son amour de jeunesse. Bill NIGHY et Penelope WILTON forment un couple en crise. Enfin Celia IMRIE et Ronald PICKUP cherchent l'aventure. Le film vaut donc avant tout pour la subtilité de ces acteurs qui à l'image de leurs personnages sont en fin de vie (outre Maggie SMITH, Tom WILKINSON et Ronald PICKUP nous ont également quittés) et chacune de leur apparition reste un cadeau, quel qu'en soit l'écrin.

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Romuald et Juliette

Publié le par Rosalie210

Coline Serreau (1988)

Romuald et Juliette

"On a souvent besoin d'un plus petit que soi". Ce vers de Jean de la Fontaine correspond parfaitement à la fable sociale qu'est "Romuald et Juliette". Revoir les longs-métrages de Coline SERREAU qui n'ont cessé de se bonifier avec le temps, c'est réaliser à quel point elle était avant-gardiste. Car on pense aujourd'hui à un film comme "Intouchables" (2011) en regardant "Romuald et Juliette". Et effectivement, Romuald (Daniel AUTEUIL) souffre lui aussi d'un handicap. Il est aveugle. Pas au sens littéral bien sûr. Mais il s'agit d'un homme naïf qui ne comprend rien à ce qui se trame dans son dos, que ce soit au bureau où une machination se forme pour le compromettre et le chasser de son poste de PDG ou chez lui. Juliette en revanche n'a pas les yeux dans sa poche et observe le ballet des comploteurs alors que personne ne fait attention à elle. Car le poste qu'elle occupe, femme de ménage nettoyant les bureaux la nuit, fait d'elle une invisible. D'ailleurs, lorsqu'elle sort de sa réserve pour ouvrir les yeux de Romuald, celui-ci ne la croit évidemment pas. Mais c'est pourtant chez elle qu'il vient se réfugier lorsque les emmerdes déferlent sur lui. Il devient à son tour un invisible, préparant sa revanche avec l'aide de celle qui lui a ouvert les yeux. C'est gai, vif, enlevé, spirituel et outre le plaisir de retrouver Daniel AUTEUIL dans une comédie, c'est le film qui a révélé Firmine RICHARD qui est d'un naturel épatant*. De façon tout à fait malicieuse, Coline SERREAU réactualise le vers de La Fontaine en montrant une femme noire et pauvre qui non seulement mène sa barque seule mais vient en aide à un homme blanc et riche. C'est donc lui qui va devoir ramer pour la mériter.

* Et on découvre aussi de jeunes acteurs appelés à faire par la suite une belle carrière comme Isabelle CARRE, Jose GARCIA ou Guillaume de TONQUEDEC.

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Toute une vie

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1974)

Toute une vie

"Toute une vie" est une grande fresque s'étendant sur trois générations, même si c'est la dernière des trois, celle des années 60-70 qui se taille la part du lion. Il paraît qu'il existait une autre fin d'anticipation allant jusqu'en l'an 2000 mais la version que propose Arte s'arrête en 1974. Claude LELOUCH voit grand, mêlant petite et grande histoire à celle du cinéma pour raconter finalement une simple rencontre amoureuse un peu à la manière de "Les Demoiselles de Rochefort" (1966) ou de "Deux moi" (2019) (les futurs amoureux se croisent sans se voir ou se ratent) mais en beaucoup plus grandiose. Le résultat est toutefois inégal. Autant les premières séquences en noir et blanc évoquant la Belle Epoque, la Grande Guerre et la Shoah sont très réussies évoquant à chaque fois une variante de la rencontre amoureuse dont la dernière est la plus émouvante, autant ça se gâte à partir des années 60. Claude LELOUCH veut tellement mettre d'événements que cela devient un défilé sans plus guère de rapport avec l'histoire de ses personnages: mort de Marylin, assassinat de Kennedy, guerre d'Algérie et du Vietnam, guerre froide, premier pas sur la lune, élections de 1965, mai 68 etc. tout cela est évoqué en quelques secondes sans pour autant dater le film. Car à partir des 16 ans de Sarah (Marthe KELLER) en 1962, on a l'impression d'être en permanence sur un plateau de variétés kitsch des années 70 façon Maritie et Gilbert Carpentier en raison de l'omniprésence de Gilbert BECAUD et de ses chansons que Claude LELOUCH ne sait pas doser. Pas plus que les propos sentencieux du père de Sarah (Charles DENNER) ou les mouvements de caméra ostentatoires dans lesquels il pratique l'auto-citation (le tournoiement autour de Andre DUSSOLLIER sur la plage de Deauville ça rappelle forcément "Chabadabada"). Heureusement, les acteurs sont formidables. J'ai regardé essentiellement ce film pour Marthe KELLER qui interprète trois générations de femmes dont la richissime et blasée Sarah mais Andre DUSSOLLIER est très bon également dans le rôle du petit voyou qui parvient au cinéma par des chemins de traverse (la publicité et le porno). Néanmoins, parvenue à la fin du film je suis restée perplexe sur leurs atomes supposés crochus.

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