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Articles avec #cinema britannique tag

Emily Dickinson, A Quiet Passion (A Quiet Passion)

Publié le par Rosalie210

Terence Davies (2016)

Emily Dickinson, A Quiet Passion (A Quiet Passion)

"Emily Dickinson, A Quiet Passion" est l'antithèse des biopics littéraires à l'américaine qui pour plaire à un large public n'hésitent pas à inventer de toutes pièces des rebondissements dramatiques souvent d'ordre sentimentaux (amours, jalousies, rivalités) dans des vies jugées trop plates ou dont on ne sait pas grand chose. L'artiste y est réduit le plus souvent à un simple nom et à son oeuvre la plus populaire ("Roméo et Juliette" pour Shakespeare, "Orgueil et préjugés" pour Jane Austen, "Jane Eyre" pour Charlotte Brontë etc.) dont l'origine de l'inspiration nous est expliquée avec des arguments simplistes.

Rien de tout cela dans le film de Terence DAVIES. Il refuse en effet de romancer l'histoire de la poétesse américaine Emily Dickinson dont la vie fut pourtant particulièrement terne et austère. Comme Jane Austen et Emily Brontë, Emily Dickinson ne se maria jamais, vécut toute sa vie chez ses parents et mourut prématurément. Elle souffrit également d'un manque de reconnaissance à la hauteur de son talent. Seule une poignée de ses poèmes furent publiés de son vivant et encore, remaniés au niveau de la ponctuation par son éditeur. Terence DAVIES fait le choix de dresser le portrait tout en contradictions de la poétesse, à la personnalité particulièrement complexe. D'un côté son combat pour conserver sa liberté d'esprit face au patriarcat et aux autorités religieuses ainsi que son refus des conventions sociales. De l'autre un rigorisme et une intransigeance morale impossible à satisfaire, hormis devenir un ascète comme elle. Sa soeur, Vinnie (Jennifer EHLE) pourtant elle aussi vieille fille incapable de quitter le nid parental mais bien plus souple et pragmatique est consternée par son comportement de plus en plus asocial et ses jugements lapidaires, au point de finir par lui dire que son intégrité est inhumaine. Mais comme Terence DAVIES choisit de nous montrer la vie intérieure d'Emily, on comprend que ce repli sur soi confinant à la misanthropie sur la fin de sa vie est un moyen de se protéger du déchirement de la perte. Car Emily Dickinson (jouée avec beaucoup de subtilité par Cynthia NIXON) est si sensible qu'elle ne supporte aucun changement dans sa vie. L'éloignement des êtres chers est pour elle comme la mort, elle préfère donc couper tous les contacts avec l'extérieur, finissant sa vie confinée dans sa chambre. De plus elle se trouve laide et se cache pour ne pas être jugée sur son apparence. Et pourtant lors d'une scène sublime par sa beauté picturale et son lyrisme, ce lyrisme déchirant qui est la signature intime de Terence DAVIES elle imagine que l'admirateur qu'elle refuse de rencontrer vient jusqu'à elle. Alors oui, le film de Terence DAVIES se mérite, mais cela en vaut la peine.

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Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (1999)

Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

En revoyant ce deuxième opus quasiment à la suite du premier, je n'ai pu m'empêcher de les comparer. J'ai trouvé globalement le personnage d'Austin Powers moins flamboyant, moins drôle, peut-être est-ce dû à l'obsession de la perte de son "mojo" qui revient toutes les trois secondes dans ses dialogues et forme une intrigue pour laquelle on ne se passionne guère. Il y a également un certain nombre de redites, de la femme-robot (également présente dans le troisième volet de la trilogie) à l'agent du docteur D'enfer tentant d'assassiner Austin Powers en boîte de nuit et se prenant un retour de boomerang ainsi que le personnage de Mustafa (Will FERRELL) qui n'en finit plus de commenter sa souffrance hors-champ alors qu'il est censé être plus que mort. Néanmoins, ces réserves ne sont que relatives tant le film est un festival de trouvailles burlesques plus réjouissantes les unes que les autres. Citons entre autre une séquence cartoon du meilleur effet, les références à Star Wars, à Bruce LEE, à Esther Williams et à "Le Dictateur" (1939), le montage jouant sur les synonymes du mot "pénis" dans des scénettes variées elles aussi souvent référencées, un jeu d'ombres chinoises salace très développé et très drôle, la mise en abyme du SLN au travers du Jerry SPRINGER show et l'introduction du génial personnage de Mini-moi. Autre point fort, l'esthétique pop et psychédélique avec entre autre un pastiche des sérigraphies de Andy WARHOL est encore plus travaillée si possible que dans le premier volet qui était déjà bien flashy. Mais ce qui m'a le plus enthousiasmée dans ce deuxième volet, c'est la triple performance de Mike MYERS qui joue Austin, le Dr. D'Enfer et un nouveau personnage, Gras double qui n'est pas sans rappeler le Mr. Creosote des Monty Python dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982). En effet, dès, "Austin Powers" (1997), les allusions à "Docteur Folamour" (1964) m'avaient sauté aux yeux mais c'est encore plus évident ici où la triple performance de l'acteur rappelle celles de Peter SELLERS dans le film de Stanley KUBRICK (dont "Full Metal Jacket" (1987) fait également l'objet d'un pastiche désopilant).

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Austin Powers

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (1997)

Austin Powers

Premier volet de la saga "Austin Powers" et déjà l'impressionnant abattage burlesque de Mike MYERS, bête de scène ayant fait ses armes au Saturday Night Live. L'énergie folle dépensée dans ce vortex psychédélique de pastiches et de parodies accouche d'un univers somme toute cohérent où un pur produit du swinging London de la fin des sixties, passablement obsédé et scato est téléporté via la cryogénisation, trente ans plus tard, au beau milieu des années sida (et accessoirement époque du tournage du film). Austin Powers est lui-même un drôle de mélange: si l'aspect parodique des James Bond de la période Sean CONNERY n'échappe à personne, pilosité du torse et allusions sexuelles incluses ("Goldfinger" (1964) déjà et Pussy Galore transformée en Alotta Fagina/Detta Defagin en VF), ses autres identités sont tout aussi savoureuses: la tenue vestimentaire dandy et l'activité "couverture" de photographe de mode sortent tout droit de "Blow-up" (1966) de Michelangelo ANTONIONI qui est pastiché, de même que les partenaires d'Austin, Mrs Kensington et sa fille, Vanessa Kensington parodient Emma Peel de "Chapeau melon et bottes de cuir" (1960). Et même si cela ne sera explicite que dans le troisième volet, "Austin Powers dans Goldmember" (2002), les grosses lunettes et l'aspect anti-héros du personnage établit une filiation avec l'anti-James Bond qu'est Harry Palmer dans "Ipcress - Danger immediat" (1965). Enfin, les sources d'inspiration ne sont pas que british (fausses dents pourries incluses ^^). Le dédoublement de l'acteur qui joue également l'antagoniste de Austin Powers, alias le docteur Denfer, personnage de méchant mégalo issu lui aussi des James Bond est une idée puisée dans la saga "Fantomas" (1964) avec Jean MARAIS alors que "Numero Deux" est joué par Robert WAGNER, une star américaine dont la renommée internationale repose en grande partie sur la série "Pour l'amour du risque" (1979) où il formait un indissociable duo avec une certaine Stephanie POWERS ^^. Si le film se cherche encore un peu au niveau des gags (les illusions d'optique sans changer de style seront bien plus élaborées par la suite), ce laboratoire expérimental est somme toute déjà réjouissant.

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Les carnets de Siegfried (Benediction)

Publié le par Rosalie210

Terence Davies (2024)

Les carnets de Siegfried (Benediction)

"Les Carnets de Siegfried" est le dernier film de Terence DAVIES, décédé en octobre 2023. Comme Roman POLANSKI dans "Le Pianiste" (2002), il s'abrite derrière l'histoire d'un autre artiste pour mieux parler de lui. Cet autre c'est Siegfried Sassoon (Jack LOWDEN), un poète britannique inconnu chez nous mais en porte à faux avec la société de son temps sur au moins deux plans: la première guerre mondiale qui le priva d'êtres chers et qui fit de lui un pacifiste prêt à mourir pour sa cause et une homosexualité torturée. Ce n'est pas par hasard que la rétrospective que lui consacre le Centre Pompidou s'intitule "Le temps retrouvé". Car dans le film, les ellipses temporelles sont légion et se manifestent de multiples façons, du montage d'images d'archives pour les souvenirs de la première guerre au morphing pour le vieillissement des personnages: celui de Siegfried qui s'accompagne d'un travelling circulaire est particulièrement saisissant. Ainsi selon les méandres du récit fondé sur l'association d'idées et les réminiscences, on retourne en arrière ou bien on franchit plusieurs décennies pour atterrir dans des séquences conçues comme autant de tableaux. Par ailleurs la musique est indissociable des films de Terence DAVIES et constitue, de même que la poésie, un puissant moyen d'expression des êtres opprimés et traumatisés auxquels il s'identifie. Comme dans son magnifique "Distant Voices" (1988), ceux-ci créent de la beauté pour faire rempart à la violence qui leur est faite. Enfin "Les Carnets de Siegfried" se caractérisent par l'utilisation d'une ironie qui fait mouche et qui elle aussi fait partie des ressources salvatrices que possédait ce grand réalisateur, aussi discret qu'élégant.

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Just a kiss (Ae fond kiss...)

Publié le par Rosalie210

Ken Loach (2004)

Just a kiss (Ae fond kiss...)

En regardant "Just a kiss" (2004), j'ai pensé à "My Beautiful Laundrette" (1985) de Stephen FREARS qui racontait également une histoire d'amour (gay de surcroît) entre deux jeunes, l'un d'origine britannique et l'autre d'origine pakistanaise cherchant à réussir, le tout dans un contexte difficile (les années Thatcher pour Stephen FREARS, les retombées du 11 septembre pour le film de Ken LOACH). Les premières images joyeuses de "Just a kiss" (2004) sont assez éloignées de l'univers habituel de Ken LOACH et de fait, "Just a kiss" est atypique dans sa filmographie même si à y regarder de plus près, le cinéaste s'est essayé à employer un ton plus léger dans d'autres réalisations ("La Part des anges" (2012) par exemple). De fait, "Just a kiss" peut être rangé dans la catégorie des comédies romantiques même si le film a également une portée sociale et critique. En témoigne des gags très efficaces comme celui du moyen inventé par le père de Casim pour empêcher les chiens d'uriner sur la réclame située devant son épicerie, la parenthèse espagnole où les amoureux batifolent en toute liberté et les scènes festives de boîte de nuit. C'est tout à fait adapté à l'âge des personnages principaux qui par ailleurs sont issus de la classe moyenne et non du prolétariat, c'est frais et agréable à suivre. Néanmoins, Ken LOACH n'a pas oublié ses combats et s'en prend avec virulence aux communautarismes et à l'intolérance religieuse. Et ce dès l'introduction de son film où la soeur cadette de Casim, Tahara refuse qu'on la réduise à sa confession. Son discours ressemble à celui de Sidney POITIER qui voulait que l'on prenne en compte les autres facettes de sa personnalité (artiste, américain etc.) et pas seulement sa couleur de peau. Tahara doit se battre sur deux fronts, le racisme blanc d'un côté, le patriarcat pakistanais de l'autre qui veut l'empêcher de s'émanciper. Son frère Casim n'a quant à lui pas le courage de s'affirmer face à sa famille qui fait des projets pour lui en lui préparant un mariage arrangé avec une cousine et en construisant un logement annexe à leur pavillon. Or il est tombé amoureux d'une belle prof de musique blonde et catholique et il rêve d'ouvrir un club dont il serait le dj. Sa copine Roisin se heurte de son côté au puritanisme religieux de l'école catholique où elle travaille ce qui nous vaut la scène la plus violente du film. Du pur Ken LOACH où un prêtre refuse de lui renouveler son certificat de bonne conduite, indispensable pour qu'elle conserve son travail sous prétexte qu'elle a une relation hors-mariage avec un musulman. Cette scène est une véritable piqure de rappel pour tous ceux qui ont oublié ce que la religion pouvait avoir de paternaliste et d'intrusif en cherchant à régenter la vie privée de ses ouailles. Quant à la famille de Casim, elle est renvoyée aux limites consistant à élever des enfants en Ecosse tout en faisant comme si elle résidait toujours au Pakistan. Mais l'histoire du père de Casim qui se confond avec celle de son pays aide à mieux comprendre son comportement. Bref un film qui allie avec réussite légèreté relative et réflexion.

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La Zone d'intérêt (The Zone of Interest)

Publié le par Rosalie210

Jonathan Glazer (2024)

La Zone d'intérêt (The Zone of Interest)

"La zone d'intérêt" est une véritable expérience de cinéma et son grand prix à Cannes est tout à fait mérité. Comme dans "L'Empire des lumières" de René Magritte, deux mondes coexistent sans quasiment jamais se croiser. Celui du camp d'Auschwitz qui reste presque totalement hors-champ et celui du domaine de la famille du commandant du camp, Rudolf Höss dans lequel se déroule la majeure partie du film. Comme souvent en pareil cas, de hauts murs dérobent à la vue ce qui se joue de l'autre côté. Pourtant, jamais le spectateur ne perd de vue qu'il est enfermé dans une sorte de cage dorée jouxtant un complexe concentrationnaire. Les trois premières minutes déjà nous plongent dans une obscurité quasi totale que l'on peut interpréter de multiples manières: la cécité de ceux qui vivent juste à côté dans une totale indifférence ou bien les dernières images de ceux qui vont mourir, plongés dans d'insondables ténèbres. Par la suite et comme dans "Parasite" (2019) qui évoquait la contamination des riches par les pauvres dont ils voulaient se préserver sous prétexte d'hygiénisme, la réalité de l'extermination ne cesse de s'infiltrer dans le paradis artificiel des Höss. Par les bruits qui ne peuvent être étouffés par les murs (le travail sur la bande-son est remarquable), par les odeurs de chairs brûlées, par les cendres emportées par le vent ou fertilisant la terre, par les fragments d'ossements que l'on retrouve jusqu'au beau milieu de la nature idyllique, par le rougeoiement des flammes qui donnent à la nuit des allures d'enfer sur terre dans un contraste saisissant avec les pelouses bien taillées, les fleurs éclatantes et la piscine de la maison des Höss. Le film devient alors une étude de caractères, ceux de la famille Höss face à ce monde schizophrénique. Rudolf (Christian FRIEDEL), à l'image d'Eichmann et de tant d'autres hauts dignitaires nazis est un fonctionnaire zélé, un gestionnaire méticuleux qui raisonne en termes d'efficacité technique ou logistique sans jamais s'interroger sur la nature de ses actes. Les seuls moments où l'être humain se manifeste en lui sont ceux où il tente de protéger ses enfants d'une confrontation trop directe avec la mort et la fin où cette espèce de mécanique se met à vomir comme si ses entrailles agissaient indépendamment de lui. Mais en terme de monstruosité, Hedwig (Sandra HULLER) le bat à plate coutures. Elle est en effet tellement aliénée que l'environnement toxique dans lequel elle élève ses enfants lui apparaît comme un paradis et la matérialisation de sa réussite sociale qu'elle ne veut quitter à aucun prix. Chaque fois qu'un grain de sable vient gripper son "bonheur" comme lorsque sa mère finit par s'enfuir, épouvantée par ce qu'elle perçoit malgré l'écran de fumée dressé entre la maison et le camp, elle a une réaction éloquente, effaçant les traces en les brûlant et menaçant de mort sa domesticité (que l'on devine être de pauvres prisonnières polonaises). "La zone d'intérêt" est un film franchement inconfortable et claustrophobique dont la portée dépasse l'époque qu'il dépeint. On pense en effet à d'autres murs, ceux que dressent les pays riches contre les pays pauvres, les quartiers riches contre les quartiers pauvres pour les occulter, s'en protéger et les refouler.

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Race for Glory Audi vs Lancia (2 Win)

Publié le par Rosalie210

Stefano Mordini (2024)

Race for Glory Audi vs Lancia (2 Win)

Je ne suis pas du tout fan de sports mécaniques mais j'ai passé un bon moment devant ce film qui reconstitue le championnat du monde de rallye 1983 ayant vu s'affronter l'écurie allemande Audi contre les italiens de Lancia. Aux premiers l'avantage technologique avec les quatre roues motrices, aux seconds la créativité. Plusieurs qualités m'ont sauté aux yeux: c'est immersif, sans aucun temps mort et les acteurs sont ultra charismatiques, surtout Riccardo SCAMARCIO dans le rôle de Cesare Fiorio, le directeur sportif de Lancia. Je ne l'avais pas vu depuis "Eden a l'ouest" (2008) et il s'est sacrément bonifié avec le temps, d'autant plus qu'il co-signe le scénario et co-produit également le film. Face à lui, un acteur non moins charismatique, Daniel BRUHL dans le rôle de Roland Gumper, le directeur sportif d'Audi. On l'avait déjà vu jouer une dizaine d'années auparavant Niki Lauda dans le film "Rush" (2013), autre compétition entre champions de course automobile mais dans "Race for Glory" ce sont les directeurs sportifs qui sont mis à l'honneur beaucoup plus que les pilotes. Basé sur le témoignage de Cesare Fiorio et utilisant de véritable modèle de l'époque, le film se veut réaliste et ne recherche aucun effet facile du genre sous-intrigue sentimentale propre à de nombreux biopics. La course, rien que la course et ses enjeux, c'est ce qui m'a plu.

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Austin Powers dans Goldmember (Austin Powers In Goldmember)

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (2002)

Austin Powers dans Goldmember (Austin Powers In Goldmember)

Le seul volet de la trilogie Austin Powers que je n'avais pas encore vu est à l'image des autres: un délicieux bonbon pop, régressif juste ce qu'il faut, bourré d'énergie, d'idées et de références judicieusement placées. Cette parodie des films d'espionnage biberonnée au swinging London et animée de l'esprit potache du Saturday Night Live d'où est issu Mike MYERS est plus réjouissante que jamais, frisant souvent le mauvais goût mais parvenant à l'éviter la plupart du temps grâce à sa tonalité bon enfant. Le titre se passe de commentaire, d'autant que même l'original "Goldfinger" (1964) avait déjà donné lieu à des détournements douteux. L'ouverture est un pastiche de "Mission : Impossible 2" (2000) renommé "Austinpussy" (allusion à "Octopussy") (1983)" avec l'apparition clin d'oeil de Tom CRUISE déguisé en Austin Powers, les autres personnages étant incarnés par Gwyneth PALTROW, Kevin SPACEY et Danny DeVITO, le tout sous la houlette de Steven SPIELBERG et Quincy JONES (il n'y a pas à dire, Mike MYERS fait fort en terme de casting). Quant à l'anti-James Bond des années 60, alias Harry Palmer alias Michael CAINE, il devient rien de moins que le père de Austin Powers ce qui rend explicite le fait que Mike MYERS s'est inspiré de lui pour créer son personnage. Autre très bonne idée, rendre hommage à la blaxploitation au travers du personnage joué par Beyonce KNOWLES qui ressemble furieusement à Pam GRIER. Alors il est vrai que le film ressemble plus à une suite de sketches qu'à un vrai film mais c'était après tout également le cas des Monty Python à qui Mike MYERS rend un hommage appuyé. Et plusieurs scènes sont vraiment très drôles comme celle du cameo de Britney SPEARS (qui devient "canon" au sens propre!), du clip de rap, du sous-marin ou celles qui jouent sur les illusions d'optique (il y en a deux fois plus que dans l'opus précédent). Tout n'est cependant pas aussi drôle, à commencer par Goldmember lui-même (joué également par Mike MYERS) qui exploite maladroitement le concept de "bijoux de famille" que l'on retrouve jusque dans "Pulp Fiction" (1994). Et si le répugnant personnage de Gras-Double (autre personnage joué par Mike MYERS) en fait déjà trop (pour moi), cela aurait pu être pire. Heureusement que Beyonce KNOWLES a mis des limites à l'imagination débordante du réalisateur. Il n'en reste pas moins que cet opus est un festival dont on sort le sourire aux lèvres.

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Emily

Publié le par Rosalie210

Frances O' Connor (2023)

Emily

A la fin de "Emily", j'étais en colère. Et pourtant cela aurait pu être un bon film. Il y a des moments où la réalisatrice, Frances O'CONNOR se laisse aller à de la pure sensorialité en faisant écouter les bruits de la lande, en laissant ses héroïnes se mouiller, en donnant à Emily (Emma MACKEY) l'occasion de courir cheveux au vent, en imaginant une scène de quasi-spiritisme. Certes, Andre TECHINE avait posé ces jalons dans son film "Les Soeurs Bronte" (1979). Mais il avait conservé l'austérité et la rudesse de cette vie imprégnée de rigorisme protestant et en même temps de magie païenne de la première à la dernière image et n'avait pas cherché à broder. Dans "Emily" au contraire, Frances O'CONNOR cherche non seulement à combler les trous de l'histoire d'Emily Brontë mais surtout à expliquer la grande énigme que tout le monde se pose à son sujet: où a-t-elle puisé son inspiration pour écrire "Les Hauts de Hurlevent". Disons-le, la réponse est d'une platitude, d'une médiocrité qui fait injure à cette grande autrice, ainsi qu'à Charlotte, dépeinte comme une jeune femme conformiste et jalouse du talent de sa soeur qui n'aurait trouvé l'inspiration que grâce à elle. Ne parlons même pas de Anne qui fait de la figuration. Si la relation fusionnelle entre Emily et Branwell (Fionn WHITEHEAD) donne lieu à quelques moments intéressants, Frances O'CONNOR ne cherche pas un seul instant à s'aventurer dans les eaux troubles de leur relation. Elle préfère jeter entre les pattes d'Emily un vicaire (Oliver JACKSON-COHEN) qu'elle commence par mépriser puis on ne sait pourquoi, dont elle s'éprend et réciproquement ce qui nous vaut les sempiternelles images de troussage dans la grange, si loin de la réalité du XIX° dominé par la répression et la violence sexuelle. Mais grâce à cette passion sortie d'on ne sait où, passion contrariée par la jalousie de Branwell et par la culpabilité du vicaire (horriblement mal jouée, on ne croit pas un instant avoir affaire à un homme de foi) puis par sa mort, Emily va enfin trouver de quoi écrire. Car c'est grâce au vicaire qu'elle a pu entendre la mer, elle n'en était pas capable toute seule! Cette incapacité à sortir des schémas rebattus (j'aime bien l'article du journal Libération qui parle de "la péroraison sur l'inspiration qui vient aux femmes par convention sentimentale éplorée") ne donne qu'une envie: se replonger au plus vite dans les romans d'origine et dans leur mystère heureusement insoluble.

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Mystère à Venise (A Hauting in Venice)

Publié le par Rosalie210

Kenneth Branagh (2023)

Mystère à Venise (A Hauting in Venice)

Après l'Orient-Express et la croisière sur le Nil, Kenneth BRANAGH adapte une troisième fois Agatha Christie, plus précisément son roman "La Fête du potiron" connu aussi sous le titre "Le crime d'Halloween". Comme les deux autres, il met en scène le détective Hercule Poirot sommé de résoudre une enquête criminelle dans un lieu clos, non plus un train ou un bateau mais cette fois un palais vénitien. Ce qui n'est pas le cas du roman d'origine qui situe l'intrigue en Angleterre, plus propice à développer l'imaginaire autour de la fête de Halloween. Qu'à cela ne tienne. Pour accentuer l'effet huis-clos, Kenneth BRANAGH fait se dérouler l'intégralité de l'enquête de nuit et par une tempête déchaînée. Il ne lésine pas non plus sur les effets visuels et sonores du type jump scare qui tendent à faire croire que le palais est envahi d'esprits frappeurs. La question de la croyance est en effet le fil rouge de l'histoire. Le très shakespearien Hercule Poirot joué par Kenneth BRANAGH s'est réfugié dans la Venise d'après-guerre pour y finir ses jours en se terrant dans sa demeure en véritable misanthrope qui ne croit plus en rien ni en personne. Son amie écrivaine, Ariadne Oliver (Tina FEY) au visage aussi couturé que le sien vient l'en exhumer pour le mettre au défi de résoudre une énigme mêlant mettant en oeuvre des phénomènes soi-disant surnaturels. Si le film a du cachet et figure désormais dans la liste des nombreuses oeuvres mettant en scène la cité des Doges (dont le côté mortifère se marie très bien avec les fantômes de Halloween), l'intrigue à la "Shining" (1980) ne tient pas toutes ses promesses, nombre de pistes restant sous-exploitées. Peut-être est-ce dû au trop grand nombre de personnages qui ne peuvent pas être aussi développés qu'il le faudrait. De même tous les phénomènes "surnaturels" (dont certains tombent dans le grand-guignol, pauvre Michelle YEOH!) trouvent une explication rationnelle décevante. J'aurais aimé plus d'ambiguïté, notamment dans tous ces fantômes que croise Hercule Poirot dont Kenneth BRANAGH a fait une âme tourmentée mais qui cette fois-ci s'efface un peu trop au profit de sa galerie survolée de suspects.

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