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Un homme est passé (Bad day at Black Rock)

Publié le par Rosalie210

John Sturges (1955)

Un homme est passé (Bad day at Black Rock)

"Un homme est passé" est le premier film de John STURGES que je vois grâce au Cinéma de minuit qui comme la plupart des émissions et sites dédiés au cinéma s'est mis à l'heure du festival de Cannes. En effet Spencer TRACY y avait reçu le prix d'interprétation pour le personnage de Macreedy.

John STURGES a la réputation d'être un cinéaste inégal, "Un homme est passé" est en tout cas à placer en haut du panier. C'est une petite merveille d'efficacité dramaturgique respectant les trois unités du théâtre classique. Le décor, celui d'un western à peine modernisé par les voitures souligne à quel point le voyageur qui s'arrête à Black Rock entre dans un univers vivant sous cloche, hors de l'espace-temps. D'ailleurs, cette impression se confirme dans le contraste entre le costume moderne et urbain de Macreedy et ceux des hommes du village, tous vêtus de tenues de cow-boy. De même, l'allure des bâtiments comme leur décoration semble ne pas avoir évolué depuis un siècle. Néanmoins la suite de l'histoire évoque moins le western que le thriller, Macreedy faisant penser à un privé par son allure et par son comportement (et à Groucha, le présentateur félin de "Téléchat" avec son bras plâtré dont les séquences au Milk bar ressemblaient à celles des films noirs). Macreedy est en effet manchot ce qui ajoute une dose de mystère à sa présence en un lieu qui manifeste ostensiblement son hostilité vis à vis des étrangers. Les différents spécimens humains qu'il croise sur sa route offrent en effet autant de variations sur les tares de la communauté vivant en autarcie sous la loi mafieuse des terreurs du coin, lesquelles sont incarnées par des acteurs habitués à ce type de rôle: Robert RYAN dans le rôle du "parrain" flanqué de deux grosses brutes incarnées par Lee MARVIN et Ernest BORGNINE. La scène où Macreedy corrige ce dernier après les multiples provocations et humiliations qu'il lui a infligées est un moment hautement jouissif. Mais si Macreedy, un vétéran de la seconde guerre mondiale a du sang-froid et de l'expérience, ce n'est pas un justicier ni un redresseur de torts, encore moins un homme invincible puisqu'il n'est pas armé et est handicapé. Il se rend juste à Black Rock pour solder une dette d'honneur et appuie sans le vouloir là où ça fait mal, déclenchant un engrenage fatal. Par-delà sa dénonciation du racisme, le film, tourné dans le contexte du maccarthysme (à la même époque que "Johnny Guitar" (1954) où jouait aussi Ernest BORGNINE) épingle la lâcheté collective et les lynchages, faisant penser par son intrigue à un "Jean de Florette" (1986) à la sauce américaine bien que la présence de Spencer TRACY ait des relents de "Furie" (1936). Heureusement, son personnage n'est pas tout à fait seul. Il peut compter sur le sidekick préféré du western alias Walter BRENNAN, quatre ans avant "Rio Bravo" (1959).

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Apocalypse Now

Publié le par Rosalie210

Francis Ford Coppola (1976)

Apocalypse Now
Apocalypse Now

Après "L'Esprit de la ruche" (1973) il y a quelques jours qui évoquait l'imaginaire d'une petite fille face à la mort dans un contexte de dictature franquiste, "Apocalypse Now" (1976) est le deuxième film que je visionne baignant presque entièrement dans la lumière dorée des heures magiques de l'aube et du crépuscule, prolongées en nocturne par la lueur des flambeaux. Le dantesque chef-d'oeuvre que Francis Ford COPPOLA a consacré à la guerre du Vietnam est un voyage dans l'espace-temps dont la dernière demi-heure atteint des sommets de mysticisme magnifié par la renversante photographie. Le colonel Kurtz (Marlon BRANDO) et son alter ego le capitaine Willard (Martin SHEEN) sont filmés comme des idoles de sang et d'or à demi noyées dans l'obscurité. Des idoles condamnées à un crépuscule éternel. Car si le film s'ouvre et se ferme sur "The End" des Doors, il est composé comme une relecture de la tétralogie de Wagner: l'Or du Rhin, c'est le fleuve Congo de la nouvelle de Joseph Conrad "Au coeur des ténèbres" ayant servi de base scénaristique au film. C'est aussi une métaphore: "Apocalypse now" est un film-fleuve. C'est enfin le Nung, nom du fleuve vietnamien que remonte Willard et son équipage à la recherche du colonel Kurtz devenu un seigneur de la guerre vivant avec ses fidèles à la frontière du Cambodge. Pour avoir accès au fleuve, Willard doit faire appel au lieutenant-colonel Bill Kilgore (Robert DUVALL) qui lui fraie un chemin avec sa cavalerie d'hélicoptères au son de la chevauchée des Walkyries. Une séquence entrée dans la légende du cinéma d'autant que l'épique y est modéré par l'horreur et le grotesque qui souligne que Francis Ford COPPOLA n'est pas dupe des images qu'il filme en coupant court à toute héroïsation. Car personne n'a oublié la petite phrase de Kilgore regardant brûler la jungle avec satisfaction "j'aime l'odeur du napalm le matin" alors que sur son ordre deux de ses hommes surfent en terrain pas tout à fait conquis. Puis le film se mue en fleuve-movie oscillant entre séquences introspectives (la lecture des lettres de Kurtz qui "hante" l'ensemble du film bien avant qu'il ne se matérialise en chair et en os) et rencontres symboliques et oniriques qui forment autant de jalons expérimentaux dans la quête de ce nouveau Sigfried qu'est Willard. Outre des soldats abandonnés à eux-mêmes continuant absurdement le combat tels "Onoda, 10 000 nuits dans la jungle" (2021), l'une des plus saisissantes est celle des colons français qui a été rajoutée lorsque Francis Ford COPPOLA a pu remonter le film a postériori. Baignant elle aussi majoritairement dans une lumière crépusculaire, elle peut s'interpréter comme une halte au pays des revenants d'une époque révolue vivant en vase clos hors-sol, celle de l'Indochine française dont la disparition avait donné lieu à une première guerre dans laquelle les USA avaient soutenu la France. Francis Ford COPPOLA parvient ainsi à une rare osmose entre mythologie, histoire et critique: "La Charge héroïque" (1948) du lieutenant-colonel Kilgore avait elle-même de relents de conquête de l'ouest génocidaire du XIX° siècle. Et que dire de la fin avec son décor d'autel païen rempli d'offrandes sanglantes à un monstre terré dans son antre se prenant pour un Dieu et incarnant de même que la lumière en clair-obscur la dualité humaine ("qui fait l'ange fait la bête"). Monstre qui doit être sacrifié par un double adoubé sorti des eaux comme Nessie et devant lequel on se prosterne pour que l'Amérique puisse conserver la conscience claire.

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Dieu seul le sait (Heaven Knows Mr Allison)

Publié le par Rosalie210

John Huston (1957)

Dieu seul le sait (Heaven Knows Mr Allison)

Entre "The African Queen" (1951) (un récit d'aventure et d'amour entre deux contraires contraints de survivre en huis-clos dans la jungle tropicale et dans un contexte de guerre mondiale) et "La Nuit de l'iguane" (1964) (reptile qui comme la tortue dans "Dieu seul le sait" symbolise les désirs sexuels refoulés de personnages eux aussi très polarisés ou écartelés et dans lequel joue aussi Deborah KERR dans un rôle assez proche de soeur Angela), "Dieu seul le sait" est un film magnifique, une sorte de huis-clos insulaire d'une très grande intensité entre un Marine de la guerre du Pacifique sauvé des eaux comme Moïse et une bonne soeur, seule rescapée de sa congrégation qui sans lui, n'aurait pas survécu. L'affection immédiate qu'éprouvent l'un pour l'autre le caporal Allison et la soeur Angela (et qui reflétait l'amitié réelle qui unissait Robert MITCHUM et Deborah KERR) et qui a quelque chose d'ingénu et de profondément émouvant se transforme peu à peu en quelque chose de plus trouble lorsqu'ils sont forcés de se cacher dans une grotte lors de l'invasion de l'île par les japonais. Et la grotte n'est pas le seul élément (avec la tortue) symbolique du film. L'évolution des vêtements des deux protagonistes en est un autre. Sorte d'armure qui les enferme dans leurs sacerdoces respectifs, ils sont amenés à les quitter une première fois lorsque les japonais relâchent la pression en quittant temporairement l'île. Si cela n'a aucun effet sur Angela qui depuis les premières images baigne dans une blancheur immaculée complètement irréelle après des jours et des nuits passées dans la jungle et dans la grotte, le bain transforme le caporal hirsute et aux abois depuis les premières images en homme séduisant et détendu qui pour la première fois exprime ses sentiments à Angela qui lui oppose ses fiançailles avec Dieu. Arrive alors le deuxième moment de basculement lorsqu'après avoir tenté de noyer sa frustration dans l'alcool, le caporal qui a laissé échapper de nouveau son amour et son amertume provoque la fuite d'Angela sous la pluie dont l'apparence connaît alors une métamorphose spectaculaire: ses vêtements se mouillent et s'encrassent presque immédiatement et ne reviendront jamais à leur état initial ce qui est un indice qui se passe de mot sur l'évolution que connaît le personnage, en proie subitement à une forte fièvre et qui se retrouve comme Madeleine dans "Vertigo" (1958) nue sous des couvertures, sa chevelure flamboyante jusque là dissimulée apparaissant au moment même où le caporal lui donne sa veste, laissant alors apparaître toute son animalité. Ne reste plus à Angela, une fois rétablie à prendre soin à son tour du caporal lors d'une fin (qui est aussi celle de la délivrance américaine de l'île) ouverte à tous les possibles.

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Just Pals

Publié le par Rosalie210

John Ford (1920)

Just Pals

"Just Pals" ("Juste des potes") est le premier film de John FORD réalisé pour les studios Fox après avoir travaillé plusieurs années durant pour Universal. Par sa durée mais surtout par sa thématique, il fait penser à "Le Gosse" (1921) réalisé un an plus tard par Charlie CHAPLIN. Une version champêtre du kid reposant sur l'amitié qui se noue entre Bim (Buck JONES), le "bon à rien" du village et Bill (Georgie STONE), un jeune vagabond orphelin qu'il adopte par hasard. John FORD créé deux personnages attachants dont il met en avant les qualités morales face à une communauté villageoise remplie de préjugés et dont certains individus à l'apparence respectable dissimulent une âme de crapule, essentiellement par l'argent. C'est le cas des "Thénardier locaux" qui veulent arracher Bill des mains de Bim parce qu'ils le confondent avec un enfant kidnappé et recherché contre une grosse récompense par son père fortuné. C'est aussi le cas du soupirant de la jolie institutrice du village (Helen FERGUSON) dont Bim est également amoureux mais qui n'hésite pas à la compromettre en la persuadant de lui remettre la caisse de l'école. Après la découverte du forfait et du corps de l'institutrice qui a tenté de se noyer, tous les soupçons se portent sur Bim qui est également surpris au beau milieu du hold-up de la banque et compromis par les malfaiteurs. La promptitude avec laquelle les villageois lui mettent la corde au cou révèle à quel point cet intrus les dérange. Mais Bill qui a retrouvé à l'école les enfants des lyncheurs de Bim n'a pas l'intention de les laisser faire. Toutes ces intrigues qui relèvent de la chronique villageoise, du western, du mélo, du film d'action et d'aventures et de la comédie sont traitées de façon aussi limpides que trépidantes et en plus, on ressent beaucoup de tendresse pour ces déclassés inassimilables mais à l'âme intacte. Un petit régal.

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Les Trois Mousquetaires- D'Artagnan

Publié le par Rosalie210

Martin Bourboulon (2023)

Les Trois Mousquetaires- D'Artagnan

Alexandre Dumas est sans doute l'auteur dont les oeuvres ont été les plus adaptées pour le cinéma et la télévision et "Les Trois mousquetaires", la plus populaire d'entre elles est celle qui a connu le plus grand nombre d'adaptations, tous formats confondus. Plusieurs articles essayent d'ailleurs d'en dresser une rétrospective qui n'est absolument pas exhaustive (la version décalée de Max LINDER au temps du muet passe souvent à la trappe, en animation, le version canine a fait oublier la libre mais heureuse adaptation nippone en 52 épisodes "Sous le signe des mousquetaires" etc.) Chaque époque a sa version et sa vision du roman de Alexandre Dumas, flamboyante et "capoeriste" comme chez George SIDNEY ou libertaire et burlesque comme chez Richard LESTER pour celles que j'ai vu récemment. La version de Martin BOURBOULON que j'ai trouvée très réussie (en tout cas cette première partie, j'attends de voir la suite pour juger de l'ensemble) tire quant à elle davantage du côté du western (comme les affiches le laisse deviner) et du film politique. Avec trois qualités principales:

- Une mise en scène tendue à l'extrême, combinant plusieurs arcs narratifs tournant autour de la lutte de pouvoir entre catholiques et protestants et pas seulement l'intrigue des ferrets de la reine que tout le monde connaît par coeur étant donné qu'elle est centrale dans le roman de Dumas.

- Des qualités d'écriture avec des dialogues incisifs, par exemple "il essaye de noyer ses démons dans l'alcool mais ceux-ci ont finir par apprendre à nager" (pour Athos) ou "Le matin il pense à l'armée, le soir à l'évêché mais dans les deux cas les femmes mariées restent possibles" (pour Aramis). Normal, les scénaristes sont Mathieu DELAPORTE et Alexandre de la PATELLIÈRE co-auteurs de "Le Prénom" (2011) et qui préparent une nouvelle adaptation de "Le Comte de Monte-Cristo", l'autre oeuvre-phare de Alexandre Dumas (on verra si elle sera à la hauteur, je n'ai jamais été pleinement satisfaite jusque-là).

- Une interprétation plutôt vivifiante des personnages par des acteurs dont je ne suis pourtant pas fan à la base. La relation entre d'Artagnan (François CIVIL) et Constance (Lyna KHOUDRI) est par exemple joyeuse et spontanée et plus largement, le courant passe assez bien entre les acteurs principaux. Athos (Vincent CASSEL) est beaucoup plus mis en valeur que ses comparses en ayant droit à un arc narratif à lui tout seul mais il est aussi le mousquetaire qui offre le personnage le plus profond. En revanche le cardinal de Richelieu (Éric RUF) est trop en retrait et se fait voler la vedette par le roi Louis XIII (Louis GARREL) qui semble pourtant gouverner sous l'emprise de ses émotions plus que de sa raison.

Tout cela compense des aspects plus faibles comme la photographie, le découpage, les chorégraphies ou la musique. Prometteur en attendant la suite qui on s'en doute va raconter la vengeance de Milady (Eva GREEN fidèle à elle-même).

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By Indian Post

Publié le par Rosalie210

John Ford (1919)

By Indian Post

"By Indian Post" est l'un des plus anciens films de John FORD (sous le nom de Jack FORD) qui nous soit parvenu, bien qu'amputé de quelques minutes. On estime en effet que seuls trois de ses cinquante premiers films ont survécu (à ce jour). Un western de jeunesse de deux bobines plutôt réjouissant mêlant action et humour dans une veine burlesque alors en vogue dans le cinéma muet. Une histoire d'amour contrariée entre un cow-boy et la fille de son patron qui ne voit pas d'un bon oeil cette union, une vie en communauté, un indien qui s'improvise courrier du coeur (d'où le titre) en dévalisant le dortoir des cow-boys au passage, une course-poursuite dynamique, une arrestation musclée et une fin à la mise en scène virtuose et acrobatique jouant sur différentes hauteurs, portes et fenêtres. C'est léger mais la patte du maître est déjà présente sur plusieurs séquences (la course-poursuite très enlevée et le final, brillant) et c'est l'occasion de découvrir un cinéaste à ses tout débuts: une rareté.

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Dunkerque (Dunkirk)

Publié le par Rosalie210

Christopher Nolan (2017)

Dunkerque (Dunkirk)

Immersif et abstrait, le "Dunkerque" de Christopher NOLAN m'a fait penser à "Inception" (2009) avec son montage alterné sur trois temporalités différentes. Une évacuation sur la jetée qui dure une semaine, un bateau de plaisance qui se porte au secours des naufragés sur une journée et un pilote d'avion qui tente de couvrir les opérations sur une heure. Le résultat qui fait penser à un jeu vidéo est cependant brouillon et répétitif. Le scénario est rachitique et les personnages interchangeables, une impression renforcée par le minimalisme des images: ciel, plage, mer presque vides où apparaissent parfois quelques points ou lignes de points. Ennemi invisible, allié français presque inexistant, plage immaculée et ville de Dunkerque anachronique et intacte déréalisent et décontextualisent complètement la guerre. C'est d'ailleurs le but affiché par Christopher NOLAN qui a préféré faire un film de survie. Mieux vaut en effet ne pas être claustrophobe tant les scènes où les soldats sont pris au piège d'une carcasse de bateau ou d'avion qui coule sont nombreuses. On a bien du mal à croire que 300 mille des 400 mille soldats britanniques ont pu être sauvés dans ces conditions tant Christopher Nolan insiste sur les torpillages de bateaux, les mitraillages sur la plage et la sensation d'oppression qui en résulte, renforcée par la musique lancinante de Hans ZIMMER. C'est à peu près la seule sensation qui émerge de ce film qui paradoxalement s'avère étouffant en filmant pourtant des espaces épurés et infinis.

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Du Sang dans le désert (The Tin Star)

Publié le par Rosalie210

Anthony Mann (1957)

Du Sang dans le désert (The Tin Star)

Je ne connaissais pas ce western de Anthony MANN qui est pourtant un maître du genre, en particulier pour son fabuleux quinté avec James STEWART. Si "Du Sang dans le désert" (titre français tapageur sans rapport avec le film destiné à accrocher le public, un procédé fréquent dans ces années-là) ne se hisse pas au même niveau et est l'un des plus méconnus de son auteur, cela reste de la belle ouvrage. On sent la présence du maître dans la précision de la mise en scène, de la première scène (l'arrivée assez sinistre de Hickman) à la dernière (son départ rempli d'espérance). Ce que l'on peut reprocher au film, c'est son scénario convenu, archi-classique, vu 100 fois dans d'autres films. Par exemple le récit d'apprentissage d'un jeunot inexpérimenté par un vieux briscard désabusé ou le surgissement sous les yeux émerveillé d'un enfant d'un justicier sorti de nulle part ("Shane" (1953) es-tu là?), ou encore la solitude du shérif chargé de faire respecter la loi face au chef de bande qui fédère derrière lui tout un village. Tout cela au détriment de sujets comme le racisme qui dans les années cinquante commençait à se frayer un chemin dans le western. La question est abordée par le biais de la relation filiale qui ne noue entre Hickman (Henry FONDA) et le jeune Kip qui vit avec sa mère à l'écart du village parce qu'elle est la veuve d'un indien ou encore à travers les deux frères hors-la-loi McGaffey (l'un d'entre eux étant joué par un Lee VAN CLEEF encore dans l'ombre) que leur métissage expose particulièrement au risque de lynchage. Cependant, la courte durée du film ne permet pas de véritablement approfondir la question. Mais le duo composé par Henry FONDA et Anthony PERKINS fonctionne vraiment bien, le premier prenant le second sous son aile et le second redonnant foi en l'humanité au premier.

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Un Pont Trop Loin (A Bridge Too Far)

Publié le par Rosalie210

Richard Attenborough (1977)

Un Pont Trop Loin (A Bridge Too Far)

"Un pont trop loin" est le miroir inversé de "Le Jour le plus long" (1962). Les deux films sont l'adaptation d'un livre du même auteur, le journaliste Cornelius Ryan racontant chronologiquement une opération de grande envergure menée par les alliés en 1944. Mais là où "Le Jour le plus long" chronique un moment glorieux de la guerre, l'opération Overlord c'est à dire le débarquement anglo-américain en Normandie du 6 juin 1944, "Un pont trop loin" raconte l'opération aéroportée "Market Garden" de septembre 1944 qui se solda par un fiasco et de terribles pertes humaines. Le plan était celui du général britannique Montgomery: parachuter des dizaines de milliers d'hommes aux Pays-Bas, derrière les lignes ennemies pour qu'ils sécurisent les ponts permettant d'acheminer les blindés jusqu'au Rhin et permettent ainsi aux alliés d'entrer plus vite en Allemagne. L'opération fut avalisée par Eisenhower parce qu'elle permettait en cas de réussite d'écourter la guerre alors que les problèmes logistiques des alliés se faisaient de plus en plus aigus. Sauf qu'elle reposait sur une erreur d'appréciation fondamentale: celle des capacités de résistance de l'armée allemande, certes en repli mais pas encore en déroute. De plus, l'aspect démesuré de l'opération ne laisse guère de doutes sur l'hubris de son concepteur et sa volonté de tirer la couverture à lui pour laisser sa trace dans l'histoire au détriment des autres généraux (Patton par exemple qui était en désaccord avec lui). A propos d'hubris, on peut également évoquer le match des producteurs, celui de "Un pont trop loin", Joseph E. LEVINE désirant faire au moins aussi bien que Darryl F. ZANUCK qui avait produit son "concurrent", "Le Jour le plus long".

Richard ATTENBOROUGH, le réalisateur britannique de "Un pont trop loin" a signé par la suite d'autres superproductions mais à caractère biographique telles que "Gandhi" (1982) et "Chaplin" (1992). Outre l'aspect spectaculaire de la reconstitution et un casting de stars long comme le bras (mais qui a pour inconvénient de réduire la part de chacun à la portion congrue, certains s'en sortant mieux que d'autres), le film a une qualité que je n'ai vu soulignée nulle part mais qui m'a frappée: sa capacité à donner un caractère humaniste aux morceaux de bravoure, à ne pas perdre de vue l'intime au coeur de son récit de guerre. C'est la scène dans laquelle le sergent Dohun (James CAAN) brave le danger pour sauver son capitaine gravement blessé qu'il a juré de protéger au début du film; celle dans laquelle Robert REDFORD récite le "je vous salue Marie" alors qu'il est canardé avec ses hommes pendant la traversée d'un fleuve. Ou encore toutes celles qui dépeignent la guerre de position désespérée menée au nord du pont d'Arnhem par le lieutenant-colonel Frost et ses hommes trop peu nombreux qui investissent une maison dont on voit les étapes de la destruction ainsi que celle de leurs propriétaires. Anthony HOPKINS, acteur fétiche de Richard ATTENBOROUGH (il jouera ensuite pour lui dans "Magic" (1978) et "Les Ombres du coeur") (1993) y est déjà intense et bouleversant dans les derniers moments, éclipsant le reste du prestigieux casting à l'exception de Sean CONNERY, lui aussi remarquable.

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Les Trois mousquetaires (The Three Musketeers)

Publié le par Rosalie210

George Sidney (1948)

Les Trois mousquetaires (The Three Musketeers)

C'est passionnant de regarder différentes adaptations d'une même oeuvre car cela nous éclaire sur le contexte du tournage autant sinon plus que sur l'oeuvre elle-même. Ainsi la version de George SIDNEY qui date de 1948 est l'un des fleurons de la MGM, le studio à l'origine du second âge d'or de la comédie musicale dans les années 50 dont l'exemple le plus célèbre est "Chantons sous la pluie" (1952) qui d'ailleurs contient des images en noir et blanc de "Les trois mousquetaires" (renommées sous le titre "Le Spadassin Royal"). La parenté entre le film de cape et d'épée de George Sidney et les comédies musicales produites par le studio à la même époque sont donc nombreuses que ce soit dans l'emploi d'un technicolor flamboyant (la plupart du temps sur fond de superbes paysages) ou dans une mise en scène qui fait une large place à de splendides duels chorégraphiés comme des ballets où Gene KELLY absolument parfait dans le rôle de d'Artagnan multiplie les sauts et acrobaties à la Douglas FAIRBANKS avec une touche de grâce en plus. Cet aspect du film absolument génial est on peut le dire également visionnaire puisque pour retrouver un tel concept, il faudra attendre que les films d'arts martiaux chinois, eux aussi fondés sur des combats-ballets aériens "infusent" dans le blockbuster américain: ce sera "Matrix" (1998) et ses suites. On peut également ajouter que l'adaptation de George SIDNEY comme celle de Richard LESTER 25 ans plus tard est fidèle au roman de Alexandre Dumas et en restitue les épisodes essentiels, y compris les plus dramatiques. En revanche, la différence d'époque est flagrante au niveau du traitement des moeurs et c'est sur cet aspect que le film de George Sidney est le plus daté. En effet, là où le contexte libertaire des années 70 permettait à Richard LESTER d'évoquer l'adultère, le polyamour, le libertinage présent dans l'oeuvre d'origine, la censure du code Hays frappe lourdement le scénario du film de George Sidney. Tout le monde y est monogame (même Milady de Winter jouée par la charismatique Lana TURNER qui n'en a qu'après De Wardes), Constance (la douce June ALLYSON) y devient la filleule de Bonacieux et épouse d'Artagnan, on ne sait absolument pas comment Milady obtient les deux ferrets du duc de Buckingham et elle est privée de ses talents de séductrice (son geôlier devient Constance Bonacieux ce qui n'est absolument pas crédible). Quand il est impossible d'enlever les péripéties amoureuses comme la relation entre la reine de France (Angela LANSBURY) et Buckingham ou l'entreprise de d'Artagnan pour obtenir les faveurs de Milady et de sa servante, elles sont édulcorées (c'est sans doute pour cela que l'acteur qui joue le roi Louis XIII a près de 60 ans). En revanche, la tragédie de Athos est incarnée de façon poignante par Van HEFLIN (ses camarades Porthos et Aramis sont en revanche sous-exploités). Signalons également Vincent PRICE dans le rôle de Richelieu, peut-être pas assez fourbe pour le rôle mais quelle prestance!

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