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Hedwig and the angry inch

Publié le par Rosalie210

John Cameron Mitchell (2001)

Hedwig and the angry inch

"Hedwig and the Angry Inch" est à l'origine une comédie musicale créée par John Cameron MITCHELL en 1998. C'est également lui qui l'adapte pour le cinéma en 2001. Mais le personnage d'Hedwig avait déjà fait des apparitions sur scène à partir de 1994. Biographie chantée subvertie par l'esprit queer et transcendée par l'énergie rock, "Hedwig" met en lumière la part d'ombre des stars "crypto-gays" symbolisées par le chanteur américain Tommy Gnosis (Michael PITT). Hedwig, transexuel originaire de Berlin-est a en effet été son mentor avant que Tommy ne s'enfuie en lui volant les chansons qu'il avait créé pour lui. Ainsi en parallèle des images de concert soulignant le succès de Tommy, on assiste aux galères quotidiennes d'Hedwig contraint pour survivre de se produire dans des lieux miteux avec son groupe "The Angry Inch". Une allusion à l'opération ratée de changement de sexe subie par Hedwig au moment de passer à l'ouest. La symbolique du mur de Berlin qui coupe en deux la ville jusqu'en 1989 rejoint la problématique de Hedwig qui a été charcuté physiquement de telle façon qu'il n'est ni tout à fait un homme, ni tout à fait une femme et qui est à la recherche sentimentalement et sexuellement de sa moitié perdue (ce qu'exprime la chanson "The Origin of love"). Cette symbolique du mur était aussi celle des chanteurs de rock ayant servi de modèle à Hedwig à savoir "The Berlin Three" (David BOWIE, Lou REED, Iggy POP). S'il y a d'ailleurs une chanson qui définit Hedwig au point qu'il la fredonne c'est "Walk on the wild side". Pourtant malgré le caractère périlleux du sujet, le film n'est pas graveleux. John Cameron MITCHELL dont l'abattage impressionne interprète un Hedwig sensible à la recherche de lui-même et de l'âme soeur. Un personnage cash et candide aux émotions à fleur de peau que ce soit dans les larmes ou la colère qui équilibre l'emballage drag exubérant et les sujets explosifs qu'il charrie avec lui. D'autant que à certains moments, il n'y a plus d'emballage, John Cameron MITCHELL n'hésitant pas à se mettre à nu, au propre comme au figuré. La BO est somptueuse.

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Je ne voudrais pas être un homme (Ich möchte kein Mann sein)

Publié le par Rosalie210

Ernst Lubitsch (1918)

Je ne voudrais pas être un homme (Ich möchte kein Mann sein)

"Je ne voudrais pas être un homme" est une comédie muette réalisée par Ernst LUBITSCH à la fin de la guerre. Beaucoup de ses premiers films réalisés en Allemagne ont été perdus. Et ceux qui ont été retrouvés sont globalement sous-estimés en raison de leur nature de divertissements aux effets faciles destinés à remonter le moral des allemands. Pourtant, je ne vois aucune rupture entre ce film et les comédies sophistiquées qu'il réalisera aux USA à partir des années 20. Bien au contraire, ce qui m'a frappé, ce sont les liens étroits avec la partie la plus connue de sa filmographie et celle de celui qui se considérait comme son héritier, Billy WILDER. L'héroïne, jouée par Ossi OSWALDA par son jeu truculent fait penser à Mary PICKFORD que Ernst LUBITSCH a dirigé à son arrivée aux USA. Sa quête d'émancipation et de rapports hommes-femmes égalitaires où circulerait librement le désir fait penser à "Sérénade à trois" (1933) d'autant qu'elle partage avec Miriam HOPKINS une extraordinaire vitalité et une spontanéité rafraîchissante. Enfin, le thème du travestissement recoupe d'autres films de Lubitsch sur le jeu des apparences ("To Be or Not to Be" (1942) par exemple) et contient une charge érotique que Billy WILDER a su utiliser dans plusieurs de ses films. Dans "Certains l'aiment chaud" (1959) évidemment mais aussi dans "Uniformes et jupon court" (1942) le travestissement permet de partager la même couchette alors que dans "La Garçonnière" (1960), Baxter se glisse dans un lit encore chaud des ébats de ses employeurs. Dans "Je ne voudrais pas être un homme", le tuteur de Ossi, un homme en apparence autoritaire, froid et rigide qui a été engagé pour la dresser se lâche complètement lors d'une soirée bien arrosée, se met à flirter avec Ossi travestie en homme qu'il ne reconnaît pas avant qu'un quiproquo ne fasse que chacun se retrouve dans le lit de l'autre. On pense évidemment à "Victor Victoria" (1982) qui reposait sur un quiproquo semblable d'autant qu'Ossi, même revêtue d'habits féminins boit, fume et joue au poker mais on est étonné par une telle liberté de ton dans un film de cette époque qui sous couvert de travestissement aborde frontalement l'homosexualité (les baisers d'Ossi et de son tuteur préfigure celui de Joséphine et Sugar dans "Certains l'aiment chaud") (1959) .

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Le Dossier 51

Publié le par Rosalie210

Michel Deville (1978)

Le Dossier 51

"Le Dossier 51" s'inscrit dans le genre du thriller d'espionnage paranoïaque typique de la guerre froide, tel que "Conversation secrète" (1974)Le Voyeur" (1960). Mais d'une certaine manière, "Le Dossier 51" est un film d'horreur. Il s'agit d'une enquête menée par un service de renseignements appartenant à un pays étranger pour disséquer la vie d'un diplomate qu'elle souhaite faire chanter. Dès le générique, on est fixé sur le fait que les machines se sont substitué aux hommes et qu'elles ont pour fonction d'enregistrer les moindres faits et gestes de l'individu ainsi que de l'ensemble de son entourage. La caméra subjective est particulièrement appropriée en ce qu'elle donne l'impression que les agents sont de pures caméras enregistreuses ce qui place le spectateur dans une position inconfortable. En dehors de l'appât du gain, on se demande d'ailleurs ce qui peut pousser des hommes et des femmes à s'aliéner au point d'avoir des relations sexuelles sur commande ou bien même, d'envisager de mettre enceinte leur cible pour mieux en prendre le contrôle. On est frappé et de plus en plus mal à l'aise devant le contraste entre la pénétration de plus en plus profonde de l'intimité du sujet et la manière totalement impersonnelle et inhumaine dont cette investigation s'accomplit. On redoute l'effet dévastateur de ces intrusions. Ce que les agents sont incapables d'envisager tant ils se comportent comme de simples rouages d'une procédure dans laquelle le sujet est réduit à une silhouette plus ou moins floue. C'est peut-être ce qui explique l'insuccès du film auprès du public. Contrairement à "La Vie des autres" (2006), le spectateur n'a rien à quoi se raccrocher.

A travers l'adaptation (qui était réputée impossible) du roman de Gilles PERRAULT qui a co-scénarisé le film (scénario justement primé aux César), Michel DEVILLE met à jour une deshumanisation qui touche aussi bien l'homme ciblé par les services secrets que ses membres, eux aussi réduits pour la plupart à des numéros (et interprétés par des inconnus qui pour certains, deviendront célèbres comme Christophe MALAVOY ou Patrick CHESNAIS). "Le Dossier 51" renvoie donc in fine à l'histoire. Non pas celle de la guerre froide mais celle des deux guerres mondiales qui ont effacé l'être humain en industrialisant la mort et d'où provient le secret de famille qui va détruire Dominique Auphat par machines interposées.

Le Dossier 51

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Le Talentueux Mr. Ripley (The Talented Mr. Ripley)

Publié le par Rosalie210

Anthony Minghella (1999)

Le Talentueux Mr. Ripley (The Talented Mr. Ripley)

"Le Talentueux Mr Ripley" est la deuxième version du roman "Monsieur Ripley" de Patricia Highsmith après le cultissime "Plein soleil" (1960) de René CLÉMENT qui révéla Alain DELON. Le film de Anthony MINGHELLA n'a pas la même aura mythique que celui de René CLÉMENT qui osait quelque chose qui dans sa première partie flirtait avec "Le Mépris" (1963) de Jean-Luc GODARD (alors que François TRUFFAUT l'avait un peu trop vite catalogué "cinéma de papa", passons): le soleil, la mer, les passions à huis-clos (dans un bateau ou sur une île), un acteur/une actrice transformé en dieu/déesse, un côté épuré, bref quelque chose de l'ordre de la tragédie antique. Evidemment, le film de Anthony MINGHELLA ne se hisse pas à ce niveau. Son film est beaucoup plus conventionnel non dans son sujet mais dans son traitement. En lieu et place des tensions étouffantes sur le bateau, la première partie épouse l'enivrement de Tom Ripley qui goûte à la dolce vita de ses nouveaux amis en Italie. Les humiliations qu'il encaisse de la part de Dickie qui se plaît avec un certain sadisme à souffler le chaud et le froid à son égard se noient dans la tendance qu'ont les acteurs à cabotiner et une succession de scènes "touristiques" mettant en valeur le patrimoine culturel de l'Italie (le jour) et les boîtes de jazz (la nuit). Même une fois le Dickie coulé à pic, cette tendance à survaloriser le cadre au détriment des enjeux dramatiques demeure. Ainsi la place d'Espagne est trop envahissante pour être une bonne scène du petit théâtre de la manipulation mené par un Tom que ses mensonges finissent pourtant par dévorer comme il dévore les hommes qu'il désire. Car s'il y a un point fort à retenir du film de Anthony MINGHELLA, c'est que, époque oblige, il est beaucoup plus explicite que son prédécesseur sur le sous-texte homosexuel du roman. Et il s'appuie sur des acteurs offrant une résonance dans ce type de registre. Matt DAMON fait figure d'agneau en comparaison de Alain DELON mais Gus van SANT a su exploiter par la suite une relation de gémellité trouble entre lui et Casey AFFLECK dans "Gerry" (2002). Même chose en ce qui concerne Jude LAW. Evidemment on pense à "Bienvenue à Gattaca" (1997) où il donnait son identité génétique à un autre. Et quelques années plus tard, il jouera dans le remake de "Le Limier" (2007) dont les ressorts sado masochistes sur fond de lutte des classes et d'attraction sexuelle refoulée ne sont pas sans rappeler ceux du livre de Patricia Highsmith.

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Priscilla, folle du désert (The Adventures of Priscilla, Queen of the desert)

Publié le par Rosalie210

Stephan Elliott (1994)

Priscilla, folle du désert (The Adventures of Priscilla, Queen of the desert)

Autant les films tournés dans le désert américain réservent peu de surprises avec des personnages qui se fondent dans le paysage (on y trouve des cow-boys, des indiens, des hors-la-loi, des pionniers) autant ceux tournés dans le désert australien sont à l'inverse oxymoriques (et souvent cultes et fauchés!). Evidemment on pense à l'univers post-apocalyptique de "Mad Max" (1979) mais aussi aux jeunes filles en fleur avalées par la roche de "Pique-nique à Hanging Rock" (1975) et enfin aux trois drag-queens traversant le désert dans leur bus rose et leurs incroyables costumes chatoyants dans "Priscilla, folle du désert". Le film bénéficie d'une image remarquable avec un tournage en format cinémascope qui met en valeur les décors naturels grandioses dans lesquels se meuvent les personnages et une photographie haute en couleurs. Il est aussi doté d'une bande-son riche en tubes disco qui a également fait beaucoup pour sa pérennisation (il a été logiquement adapté pour les planches de Broadway, Londres et Paris). Il dispose d'un casting trois étoiles avec Terence STAMP, impérial dans un rôle à contre-emploi, Guy PEARCE dans son premier film important et Hugo WEAVING dont la notoriété n'avait pas encore franchi les frontières de l'Australie (il faudra pour cela attendre la trilogie "Matrix" (1998) et son rôle d'Agent Smith, ce qui d'ailleurs ajoute du piment rétrospectivement à sa prestation dans le film de Stephan ELLIOTT). Enfin comme souvent dans les road movies, la trajectoire physique dissimule une quête identitaire. Les trois personnages se cherchent et cherchent leur place dans le monde à travers leur traversée du désert et leur confrontation avec les autres. Evidemment leur expérience est bien différente selon qu'ils tombent sur des aborigènes, des "rednecks" australiens ou des électrons libres comme eux. Les thèmes abordés, avant-gardistes pour l'époque (d'où sans doute l'aspect excessif voire provocateur du film avec ses touches de mauvais goût) sont profondément actuels: l'homophobie pour Adam/Felicia, la transidentité pour Ralph/Bernadette et l'homoparentalité pour Anthony/Mitzi qui est amené à faire un double coming-out, auprès de ses compagnes de voyage qui ignorent l'existence de sa première famille et auprès de son fils qui ne l'a jamais connu mais qui semble bien plus à l'aise que lui sur ces questions.

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Philadelphia

Publié le par Rosalie210

Jonathan Demme (1993)

Philadelphia

"Philadelphia" est un film qui a fait date dans l'histoire du cinéma hollywoodien. C'était la première fois qu'on y abordait aussi frontalement le sida, l'homosexualité et l'homophobie. Les talents de documentariste de Jonathan DEMME qui sortait tout juste de son formidable thriller "Le Silence des agneaux" (1989) n'éclatent pas seulement dans le générique d'ouverture sur le tube de Bruce SPRINGSTEEN "Streets of Philadelphia" qui prend le pouls d'une ville en mouvement. Ils sont également présents dans les scènes du cabinet d'avocat dans lesquelles Andrew Beckett (Tom HANKS) doit dissimuler son orientation sexuelle pour adopter les codes du milieu qui l'emploie dans lequel la connivence masculine s'accomplit par la misogynie et l'homophobie. Jusqu'à la scène de son renvoi où il est isolé face à sa hiérarchie qui lui fait face comme dans un tribunal (ce qui annonce la suite). Ils sont présents aussi dans la scène où il vient rendre visite à Joe Miller (Denzel WASHINGTON) et où la caméra, adoptant le regard de ce dernier scrute avec angoisse le moindre objet avec lequel celui-ci entre en contact. Plus tard, dans la scène de la bibliothèque, Miller encaisse à l'inverse le regard ouvertement méprisant d'un usager qui le toise en contre-plongée. Puis il est témoin de la scène où un bibliothécaire tente de forcer Andrew à s'isoler de ses voisins de table. La prise de conscience de la similarité de leur condition se fait également par son regard filmé en gros plan. L'aspect documentaire du film passe aussi par la métamorphose de Tom HANKS qui a perdu 12 kg pour le rôle (moins toutefois que pour "Seul au monde") (2001) et qui après avoir essayé de cacher ses lésions, les dévoile au cours de son procès, offrant ainsi son corps supplicié aux regards alors qu'à l'inverse, le couple qu'il forme avec Miguel (Antonio BANDERAS) s'il est filmé de façon réaliste se dérobe quant à lui aux regards. Mais la scène la plus forte du film est celle dans laquelle un Joe Miller là encore réduit à son seul regard écoute Andrew commenter avec émotion la musique qu'il est en train d'écouter, celle d'un extrait de l'opéra "Mamma Morta" d'André Chénier chanté par Maria CALLAS. Une musique qui le poursuit jusque dans l'intimité de son foyer et qui lui insuffle l'inspiration de sa dernière plaidoirie. La beauté singulière de "Philadelphia" est ainsi de nourrir le procès qui est au coeur de son intrigue de toutes ces scènes dans lesquelles une âme finit par se déverser dans une autre qui lui était hostile au départ, changeant ainsi le regard porté sur les homosexuels.

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Pédale douce

Publié le par Rosalie210

Gabriel Aghion (1995)

Pédale douce

"Pédale douce" est une comédie inégale mais beaucoup plus habile que ne le laissent penser ses oripeaux criards des années 90 (tubes à foison, vision tape à l'œil des homosexuels comme s'il s'agissait d'une faune à part, ressorts comiques boulevardiers etc.) Les bonnes comédies disent toujours quelque chose de leur époque. Le choc culturel frontal entre le monde bourgeois pétri de valeurs conservatrices d'Alexandre Agut (Richard BERRY) et celui du monde de la nuit débridé représenté par le restau-club d'Eva (Fanny ARDANT) ne sont que les deux faces d'une même pièce schizophrénique. Eva vient du même milieu mais donne l'impression d'avoir mis les doigts dans la prise. Ce qui est presque le cas: Alexandre lui offre un bouquet d'ampoules électriques après l'avoir vu en voler une chez lui. Mais par-delà sa crinière ébouriffée, c'est surtout par elle que le scandale arrive puisqu'avec son look de tigresse et son franc-parler, elle révèle les faux-semblants du couple Agut, et plus largement, les turpitudes qui se cachent derrière les convenances bourgeoises. Tous les personnages qui gravitent autour d'elle ont un double fond, à l'image du salon privé de son restaurant qui représente "la face cachée de la lune". Ainsi, lorsque Alexandre décrit l'image qu'il avait de son employé André Lemoine (Jacques GAMBLIN) avant qu'il ne le découvre en plein strip-tease libérateur dans le salon privé d'Eva (un fameux plan-séquence sur le tube de Dalida "Salma ya Salama"), on a l'impression qu'il se décrit lui-même: trop sérieux, voire ennuyeux. Adrien, le collègue d'André Lemoine et ami fusionnel d'Eva (Patrick TIMSIT) est le plus clivé de tous. Obsédé par les apparences, c'est lui qui a l'idée de présenter Eva comme sa femme chez les Agut, introduisant sans le savoir le loup dans la bergerie. On rit beaucoup de ses efforts pour ne pas vieillir et ne pas paraître gay mais dans le fond, c'est un personnage qui illustre assez bien les difficultés de nombre d'homosexuels de l'époque qui pour faire carrière devaient cacher leur homosexualité et ne pouvaient pas se mettre en couple ou fonder une famille (ou alors comme dans le film, d'une manière bancale et en faisant souffrir tout le monde). Sans parler de l'ombre du sida qui s'invite au beau milieu de la fête dans l'appartement des Agut transformé en boîte de nuit sous l'impulsion de Marie (Michèle LAROQUE) qui ne sait plus quoi inventer pour que son mari la regarde à nouveau. Tout le film repose ainsi sur des quiproquos et des malentendus entre des personnages déboussolés qui cachent leur mal-être sous l'extravagance ou sous les convenances. La pirouette finale qui fait penser à "Les Valseuses" (1974) est plutôt bien trouvée dans le sens où le film de Bertrand BLIER s'attaquait lui aussi aux conservatismes sociétaux même s'il s'atteint pas le même degré de méchanceté subversive. Le film de Gabriel AGHION en dépit de ses répliques acides signées Pierre PALMADE est plus bon enfant que véritablement dérangeant.

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Les Amants passagers (Los Amantes Pasajeros)

Publié le par Rosalie210

Pedro Almodovar (2012)

Les Amants passagers (Los Amantes Pasajeros)

Pedro ALMODÓVAR en panne sèche dans ce qui est l'un de ses plus mauvais films. Bien plus mauvais que ceux de ses débuts qui avaient pour eux une certaine fraîcheur. Là, ça sent franchement la viande avariée dans cet avion qui tourne en rond-rond (comme le scénario du film). Moins une métaphore de l'Espagne en crise qu'une régression communautariste sans pour autant que l'énergie de la Movida n'anime le film. Ce qui est révolu ne peut être ranimé. Aussi le spectateur lambda se retrouve dans la situation du passager classe éco qui sous l'effet de ce puissant somnifère sombre peu à peu dans une douce torpeur et est exclu de la fête (à l'exception de celui qui, bien gaulé peut servir de poupée gonflable à Lola DUEÑAS). Seuls les initiés peuvent s'éclater à l'image des passagers classe affaire et de l'équipage qui s'envoient joyeusement en l'air durant 90% de l'histoire. Mais ils sont bien les seuls avec leurs cocktails à la mescaline et leur déchaînement de libido 100% "La Cage aux Folles" (1973): les personnages sont caricaturaux, les intrigues sont insignifiantes et décousues, le rythme est poussif, la construction, foutraque (la séquence initiale entre Antonio BANDERAS et Penélope CRUZ tombe comme un cheveu sur la soupe ou plutôt comme le téléphone depuis le pont du viaduc qui vient briser le huis-clos du reste du film) La seule scène un peu sympa est celle de la chorégraphie des trois stewards sur "I'm so Excited" des The Pointer Sisters, autrement dit, une séquence-clip. C'est trop peu.

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Un après-midi de chien (Dog day afternoon)

Publié le par Rosalie210

Sidney Lumet (1975)

Un après-midi de chien (Dog day afternoon)

Je n'avais jamais vu ce film et je n'avais aucune idée de ce qu'il contenait. L'effet n'en a été que plus fort. Dès les premières minutes, ce qui m'a frappé, c'est qu'alors que les trois hommes n'ont encore rien fait de concret, il y a déjà écrit "loser" sur leur front: leur air hagard, leurs hésitations, la décision de l'un d'entre eux de rebrousser chemin juste avant de dépasser le point de non-retour, tout cela donne d'emblée l'impression d'un coup improvisé par des amateurs un peu paumés. Ce que la suite vient confirmer. A contre-emploi par rapport à "Le Parrain" (1972) avec son regard mouillé et embrumé, sa pâleur et ses cheveux ébouriffés Al PACINO se retrouve dans la peau d'un personnage qui a certainement inspiré Francis VEBER pour la séquence du hold-up commis par Pierre RICHARD jouant un chômeur désespéré dans "Les Fugitifs" (1986) où il accumule tant de gaffes que la police a tout le temps de se rendre sur les lieux, l'obligeant à prendre un otage en toute hâte. C'est exactement ce qu'il se passe dans "Un après-midi de chien": le braquage tourne court tant les malfaiteurs rivalisent de malchance et de maladresse et ils se retrouvent assiégés à l'intérieur de la banque par la police, le FBI, les journalistes et les badauds avec leurs otages. Le spectacle peut commencer.

C'est seulement à ce moment-là en effet que le film prend sa véritable dimension, celle qui l'ancre profondément dans son époque tout en lui donnant une portée visionnaire. "Un après-midi de chien", c'est le huis-clos caniculaire de "Douze hommes en colère" (1957) dans le bouillon de la contre-culture et sous les projecteurs du tribunal médiatique. Comme si Sidney LUMET-Henry FONDA tendait la main cette fois au Ratso de "Macadam cowboy" (1968) en lui donnant une tribune pour s'exprimer. Et pour cause! Dans cette histoire tirée de faits réels, la presse décrivait l'homme ayant inspiré le personnage de Sonny comme étant très proche du physique de Al PACINO et de Dustin HOFFMAN. Et c'est la crainte qu'il ne lui échappe au profit de son rival qui fit que Al PACINO (qui avait déjà joué pour Lumet dans "Serpico") (1973) accepta le rôle de cet homme dépassé par les événements et qui est amené à devenir le porte-voix des sans voix, ceux-ci étant admirablement symbolisés par la figure mutique et indéchiffrable de Sal (John CAZALE) qui semble emmuré en lui-même. Pourtant on apprend aussi que Sonny et lui-même sont des vétérans du Vietnam et l'on devine entre les lignes que comme Travis Bickle, ils n'ont jamais réussi à se réinsérer. Enfin la sexualité de Sonny, faite d'errance entre une normalité opprimante et une marginalité jetée en pâture aux médias est ce qui est à l'origine de son "coup de folie".

Le film, proche par son dispositif du documentaire offre une critique sociale et sociétale saisissante de l'Amérique au travers notamment de sa police, de sa justice, de ses médias et de ses valeurs morales puritaines. La disproportion flagrante du rapport de forces entre l'énorme cavalerie déployée autour de la banque et l'allure minable des deux braqueurs fait que, à l'image des otages, l'on prend fait et cause pour eux. Cette disproportion n'est que le reflet des inégalités sociales dont Sonny et Sal sont les victimes. C'est ce que met en évidence le moment où Sonny sort avec un mouchoir blanc à la main et se retrouve aussitôt braqué par des dizaines d'hommes. Lorsqu'il hurle "Attica!"* prenant la foule à témoin, il devient le porte-parole des "damnés de la terre" et il en va de même lorsque la raison de son geste désespéré est dévoilée sur la place publique. D'un côté, il est jugé, humilié, conspué, violé dans son intimité (un thème qui fait écho à l'époque paranoïaque du film et notamment à "Conversation secrète" (1974) où jouait aussi John CAZALE), de l'autre, l'homosexualité, le mariage gay et la transexualité (thème encore jamais abordé dans le cinéma en dehors des films underground) peuvent enfin s'exprimer au grand jour comme un abcès que l'on crève, Sonny devenant à son corps défendant aussi le porte-parole de cette humanité en souffrance à qui il clame son amour et qui le lui rend bien. La dimension christique de Sonny rejoint celle de Pacino qui s'est abîmé pour le rôle au point d'avoir réellement fini à l'hôpital (et d'avoir compris qu'il fallait laisser de côté quelque temps le cinéma pour sauver sa peau) alors que la fiction se nourrissant du réel et vice versa, c'est l'argent du film qui a permis au véritable Sonny de financer l'opération de sa femme trans, de même que sa lutte existentielle lui a sans doute sauvé la vie.

* Allusion à une mutinerie dans la prison d'Attica en 1971 en raison de l'assassinat d'un militant des Black Panthers par des gardiens lors d'une tentative d'évasion, le tout sur fond de racisme et de conditions de détention indignes. Le mouvement se termina dans un bain de sang (39 morts).

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Close

Publié le par Rosalie210

Lukas Dhont (2022)

Close

"Close" commence au seuil de l'adolescence dans une sorte de paradis édénique. Une bulle à l'écart du monde où règne une innocence permettant le développement d'une amitié fusionnelle entre deux garçons, Léo et Rémi grâce au regard bienveillant de parents compréhensifs, en particulier les mères (Léa DRUCKER et Emilie DEQUENNE). Arrive une rentrée délicate, celle des 13 ans et patatras, tout s'effondre tant la relation tendre entre Rémi et Léo paraît tendancieuse aux yeux des autres. Ce sont des questions insidieuses, des remarques insultantes, une exclusion du groupe des garçons dominants qui comme dans toute cour d'école classique s'adonnent aux sports collectifs en occupant l'essentiel du territoire. Le film se focalise alors sur Léo qui éprouve de la honte vis à vis de son ami et commence à se détacher de lui pour s'intégrer au groupe dominant. Comme dans "Girl" (2018)", le premier film de Lukas DHONT où une adolescente transgenre pratiquait la danse pour façonner son corps à l'image de ses rêves, Léo se met à pratiquer le hockey sur glace pour se protéger, paraître plus viril et faire ainsi disparaître les stigmates de la "tapette". Rémi de son côté est touché en plein coeur par le rejet de celui qui était comme un frère jumeau. Quant à Léo, il va se retrouver avec un fardeau de culpabilité beaucoup trop lourd pour lui. On a beaucoup ironisé sur les images des deux garçons courant dans les champs de fleurs sauf que d'une part ces champs font partie de leur quotidien (les parents sont floriculteurs) et de l'autre une scène se situant au tournant du film montre celles-ci piétinées par la machine qui les cueille, ne laissant que la terre nue. Lukas DHONT montre avec la sensibilité de celui qui a vécu cette expérience la difficulté de grandir hors des sentiers battus à une période de la vie où il ne semble exister que deux choix possibles: se conformer ou disparaître. "Close" a ainsi un double sens qui reflète l'histoire du film. Il signifie à la fois "proche" et "fermé".

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