Court-métrage bonus du film "Toy Story 3", "Jour Nuit" s'ouvre sur un paysage de campagne en 3D des plus classiques avant qu'un travelling arrière n'expose son dispositif expérimental. Le paysage est en effet l'univers intérieur d'un petit personnage dessiné en 2D, "Jour" qui rencontre bientôt "Nuit", personnage de forme quasi identique mais doté d'une vision antagoniste du même univers intérieur. A ce dispositif visuel hybride 2D/3D vient s'ajouter un excellent travail sur les bruitages. Chaque fois qu'un des deux personnages passe au premier plan, non seulement on voit mais on entend ce qu'il perçoit. Les points de vue s'affrontent, les personnages se repoussent un peu comme dans la célèbre toile de Magritte "L'Empire des lumières" jusqu'à ce qu'ils découvrent leurs points de convergence. Seules paroles du film, un petit message radio d'un cours du docteur Wayne Dyer enregistré dans les années 70 invitant à dépasser ses craintes vis à vis de l'inconnu pour grandir. Limpide!
Ce court-métrage préfigure "Vice Versa", le long-métrage des studios sorti en 2015. On y retrouve notamment la recherche expérimentale sur la figuration de ce qui est abstrait alors que l'opposition entre Joie et Tristesse avant qu'elles ne se mélangent dans la mélancolie est tout à fait semblable à celle de "Jour" et de "Nuit". Une vision finalement très orientale du monde où la complémentarité du Ying et du Yang est symbole de plénitude.
Buster, le surnom de Joseph Keaton junior signifie casse-cou. Tout au long de sa carrière, il s'est distingué par des prouesses physiques dont ce court-métrage offre un assortiment spectaculaire. Le dispositif scénique de "La voisine de Malec" est particulièrement efficace, offrant un spectacle aussi drôle que rythmé. En bas, une palissade sépare la cour d'un immeuble en deux parties. D'un côté vivent les parents de Malec (Buster KEATON) et de l'autre, ceux de sa voisine (Virginia FOX) dont il est amoureux. Mais la querelle de voisinage des parents qui se traduit par la palissade compromet leur union. Keaton en fait un lieu d'échanges romantiques puis de de quiproquos comiques qui annoncent le ballet à venir. Car pour surmonter l'obstacle, rien de mieux que la voie des airs! La corde à linge devient une tyrolienne et la rampe d'escalier un toboggan permettant à Malec de jouer les passe-muraille. Enfin devant l'obstination du père de mariée à faire échouer leur mariage, il s'associe à un tandem d'acrobates, les "Flying Escalantes" pour former une échelle humaine qui transporte sa fiancée d'une fenêtre à l'autre au nez et à la barbe du père fouettard.
Un duo de danseurs inoubliables dans un film parfaitement oubliable, voilà ce qu'est "Top Hat". Cette comédie musicale cumule les défauts d'un genre qui en est encore à ses balbutiements dans les années 30: une intrigue de vaudeville sans intérêt, des décors kitsch à souhait se réduisant pour l'essentiel à de vastes chambres de palace et aux gondoles à Venise, des costumes pas toujours de bon goût (celui de Ginger ROGERS sur "Cheek to Cheek" est carrément mastoc), un jeu cabotin qui sonne faux (la palme à Fred ASTAIRE qui arbore un masque "happy face" digne de Sacha Distel chez les Carpentier), et enfin une caméra statique qui accentue l'aspect théâtral du film.
"Top Hat" ne vaudrait donc pas un clou sans les numéros chantés et dansés de Fred ASTAIRE et de Ginger ROGERS sur la musique d'Irving BERLIN et les chorégraphies de Hermes PAN. Dès que Fred ASTAIRE se met à chanter et à claquer des pieds, il devient plus léger que l'air. Ginger ROGERS l'accompagne magnifiquement. La grâce aérienne de leurs cinq prestations est magique. "Cheek to Cheek" est par ailleurs l'une des chansons les plus célèbres de l'histoire de la comédie musicale et à raison. Elle vous embarque au paradis et vous fait oublier les soucis comme le démontre Woody ALLEN dans la séquence finale de "La Rose pourpre du Caire (1985)". Le peuple américain dans le contexte économique et social sinistré de la crise des années 30 avait en effet besoin de l'évasion qu'offrait l'industrie hollywoodienne et fréquentait les salles au moins une fois par semaine.
L'unique western réalisé par Otto PREMINGER a aujourd'hui pas mal de détracteurs. Il y a ceux qui butent sur les effets spéciaux datés du radeau en gros plan et ceux qui sont choqués par la relation brute de décoffrage entre Robert MITCHUM et Marilyn MONROE. Pourtant les transparences des films de Alfred HITCHCOCK tout aussi voyantes ne gênent personne, pas plus que la mysogynie rance des comédies musicales de cette époque (sans doute en raison de l'élégance de l'emballage).
Il faut donc remettre le film dans son contexte. "La rivière sans retour" n'est certainement pas un film progressiste. Il est pro-colonisation et pro-armes, les indiens sont réduits à n'être qu'un élément de l'environnement hostile que doivent dompter les si courageux pionniers, la relation entre les sexes est primaire "Moi Tarzan, toi Jane". Et pourtant le fait est que ce film est passionnant et magnifique.
Un homme, une femme, un enfant qui ne se connaissent pas sont embarqués dans une odyssée initiatique qui aboutit à la formation d'une famille recomposée. L'intrigue est limpide comme de l'eau de roche et les enjeux dramatiques sont suffisamment forts pour tenir en haleine. L'enfant est l'élément fédérateur entre deux adultes que tout sépare a priori: Matt, un fermier rustre (Robert MITCHUM) et Kay, une chanteuse de saloon éprise d'un aventurier dans scrupules (Marilyn MONROE). Le "fluvial-movie" dans les paysages grandioses du Canada leur permet d'apprendre à se connaître en révélant leurs différentes facettes. Matt est un puritain pétri de préjugés qui cependant n'est pas lui-même sans tache. Il tente de se reconstruire en dissimulant son passé. Kay l'oblige à l'assumer devant son fils. C'est donc un homme vulnérable comme le montre sa dépossession quasi immédiate des deux symboles de puissance virile que sont le fusil et le cheval. Son comportement face à Kay est celui de l'homme des cavernes: il l'embarque sur son dos comme un vulgaire paquet, la frictionne vigoureusement comme un cheval et lui saute dessus avec sauvagerie. Et quand Robert MITCHUM est sauvage, il n'y va pas à moitié comme il le démontrera également un an plus tard avec "La Nuit du chasseur (1955)". Kay bouscule ses repères comme Marilyn MONROE le fait avec les spectateurs. Kay est un de ses plus beaux rôles. Les passages musicaux soulignent ses différentes facettes. Elle est tout à tour vénale sur "One silver dollar", séductrice sur "I'm gonna file my claim", tendre et maternelle sur "Down in the Meadow" et profondément mélancolique sur la chanson-titre "The River of no return".
Savez-vous ce qu'est l'ijime? ("Intimidation") C'est le mot par lequel on désigne le rejet d'une brebis galeuse par la communauté au Japon. Le harcèlement scolaire en est la manifestation la plus typique. Ce fléau n'est pas spécifique au Japon mais dans ce pays il prend des formes particulièrement intenses et dramatiques. Deux raisons au moins à cela. D'abord l'omerta généralisée qui muselle les victimes et les empêche de trouver du secours (les adultes détournent le regard et les structures d'aides sont inexistantes). Ensuite la primauté du groupe sur l'individu propre aux sociétés confucéennes entretient cette culture du silence et de la honte. On peut également ajouter le poids du patriarcat et de la hiérarchie qui entretient un droit implicite à l'humiliation. Par conséquent le pays du soleil levant détient le record du nombre de suicides d'enfants et les homicides sont également parfois la seule issue à ce déferlement de haine.
"Silent Voice", film d'animation adapté du manga éponyme sorti en 2016 au Japon mais seulement aujourd'hui chez nous (et ne nous voilons pas la face, cela nous concerne aussi) brise un double tabou: celui de l'ijime et celui du handicap. Car la différence qui détonne sur l'homogénéité du groupe est l'élément déclencheur de l'ijime. Et l'handicap facteur d'exclusion sociale est particulièrement mal toléré au Japon.
Si cette œuvre s'attaque courageusement aux tares de la société japonaise c'est qu'il y a urgence. Elle fait l'état des lieux d'une société en crise dont le symptôme est le mal-être de sa jeunesse. Le récit se concentre sur deux personnages : Shoko, une jeune fille atteinte de surdité et Shoya, son camarade de classe turbulent qui est à l'origine de la persécution dont elle est victime au quotidien avant d'être à son tour ostracisé et martyrisé par le reste de la classe (qui l'utilise comme bouc-émissaire). Victime et bourreau sont des rôles sociaux réversibles derrière lesquels on remarque surtout la similitude des difficultés qui touchent les deux jeunes gens: isolement, faible estime de soi, famille fragile et défaillante. On observe que dans les deux cas le père, dépassé, a déserté le foyer (être une famille monoparentale au Japon, c'est aussi un handicap), la sœur n'est pas "dans les clous" (celle de Shoya a une petite fille métis et celle de Shoko est un garçon manqué qui sèche l'école pour tenter de pallier l'absence du père). Les jeunes qui gravitent autour d'eux ne sont pas mieux dans leur peau même s'ils sont loin d'être aussi creusés que les protagonistes principaux
A travers l'handicap de Shoko, le film traite aussi des immenses difficultés de communication qui plombent une société du non-dit ou le contact physique est prohibé. Un occidental peut également être agacé par l'aspect larmoyant du film, surtout à la fin (qui comporte quelques longueurs) mais là encore, c'est le fruit d'une société où la colère est interdite au nom de la préservation de l'harmonie du groupe. Le personnage transgressif de Ueno ne cesse d'agresser Shoko justement parce qu'elle passe son temps à s'excuser au lieu de se défendre (en plus du fait qu'elle est jalouse de sa relation avec Shoya). Voilà donc un film courageux et subtil qui mérite d'être découvert.
Tout semble bien ordonné dans la petite ville (fictive) de River Junction. Plutôt qu'une ville, il s'agit d'une basse-cour fluviale avec son inévitable combat de coqs bateliers. D'un côté le propriétaire du steamer flambant neuf King, un homme d'affaires du même nom très sûr de sa supériorité. De l'autre le vieux loup du fleuve, William Canfield propriétaire du Stonewall Jackson, un bateau qui n'est plus de la première jeunesse non plus. Les deux rivaux ont cependant le même talon d'Achille : ils n'ont pas d'héritier. Ou plutôt si, ils en ont un sous leur nez qui pourrait prendre la relève et rétablir la paix entre eux mais ils n'en veulent ni l'un, ni l'autre. Car William Canfield junior (Buster KEATON) est l'antithèse de l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes. Petit, gringalet, pacifique, romantique, doté d'un accoutrement d'artiste improbable entre le bonnet du peintre et le yukulélé du musicien, il suscite les moqueries de J.J. King qui veut un gendre à sa hauteur (supposée) et blesse l'ego de son père biologique qui essaye en vain de le remodeler à son image (supposée également). Mais le coup de vent qui emporte le chapeau qu'il vient juste de lui acheter annonce l'ouragan dévastateur et clarificateur qui emportera tous les faux-semblants sur son passage, ne laissant derrière lui que la vérité.
Le dernier quart-d'heure du film est un moment d'anthologie qui prend aux tripes de par ses enjeux symboliques, sa virtuosité technique et l'investissement qu'il a demandé à Buster KEATON. Celui-ci a pris des risques, notamment lorsqu'il passe à travers la fenêtre d'une façade qui tombe sur lui. Un gag déjà expérimenté pour "La Maison démontable" mais ici en version XXL avec une façade autrement plus lourde et dangereuse. La mise en scène aujourd'hui encore soulève l'admiration, notamment par l'utilisation de la profondeur de champ qui redouble l'aspect spectaculaire de cette ville qui s'écroule maison après maison, le seul à plier sans rompre étant Buster KEATON, incarnation vivante de la morale de la fable du chêne et du roseau.
Audrey HEPBURN a souvent interprété des personnages se situant à mi-chemin du conte de Cendrillon et du mythe de Galatée. Fille de chauffeur dans "Sabrina (1954)", vendeuse des rues à l'accent cockney dans "My fair lady (1963)" et employée de librairie mal fagotée dans "Drôle de frimousse", on la retrouve à chaque fois transformée en gravure de mode pour les beaux yeux de son Pygmalion. Dans "Drôle de frimousse" celui-ci est un photographe inspiré de Richard Avedon (conseiller technique sur le tournage) et interprété par Fred ASTAIRE. En conjuguant leurs talents, Stanley DONEN réalise un film suprêmement élégant et visuellement splendide. C'est une explosion de couleurs ("Think Pink" mais aussi vert, jaune, blanc, rouge, bleu etc.) qui inspireront Jacques DEMY quelques années plus tard pour ses propres comédies musicales. Les clichés d'Audrey HEPBURN en mouvement (du pur Avedon) sont magiques, se mariant parfaitement aux décors parisiens et franciliens (des escaliers de l'Opera à ceux du Louvre où elle prend la pose de la victoire de Samothrace avec la statue en arrière-plan, son foulard lui tenant lieu d'ailes). Les chorégraphies de Fred ASTAIRE sont superbes et son talent reste intact alors qu'il a 58 ans (il s'agit de l'un de ses derniers grands rôles).
Il n'en reste pas moins qu'on aurait pu espérer un scénario plus moderne et plus conforme à la réalité. Non celui de la projection d'un amalgame de fantasmes masculins sur une charmante actrice passive (en dépit de son vernis intello, d'ailleurs tourné en dérision) mais celui d'une actrice atypique allant démarcher d'elle-même et révéler au monde entier le talent d'un créateur tout aussi atypique et donc fait pour elle, alias Hubert de Givenchy. Mais transposer cette réalité-là aurait transgressé les règles du patriarcat (et du narcissisme masculin). Alors on se contente d'avaler la pilule conservatrice à l'aide de la beauté de l'emballage.
La discothèque où danse Tony Manero (John TRAVOLTA) s'appelle le "2001 Odyssey". Le passage culte où il s'élève jusqu'à la stratosphère sur la musique non moins culte des The BEE GEES (qui ont composé 5 titres pour le film, tous passés à la postérité) et les lumières psychédéliques du dancefloor n'en finit plus de retomber en pluie d'étoiles filantes sur la culture pop. A commencer par son king. Les pavés du clip "Billie Jean" qui s'illuminent quand Michael JACKSON pose le pied dessus ne sont-ils pas un hommage direct à cet autre extraterrestre de l'apesanteur que de son propre aveu, il admirait? Steven SPIELBERG dans ce merveilleux best of pop qu'est "Ready Player One (2018)" envoie le dancefloor de pavés lumineux multicolores valdinguer dans l'espace alors que le jeu vidéo de World of Warcraft à Fortnite s'est emparé à son tour du mythe (et de sa relecture par Quentin TARANTINO dans "Pulp Fiction (1993)" pour Fortnite).
Tony Manero ça résonne un peu comme Tony Montana et ce n'est pas surprenant. Certes, Brian De PALMA n'avait pas encore réalisé le remake de "Scarface (1983)" mais il avait fait débuter John TRAVOLTA dans "Carrie au bal du Diable (1976)" et d'autre part l'un des modèles d'identification de Tony est Al PACINO dans "Serpico (1973). Même si l'article sociologique sur les affrontements entre bandes de jeunes new-yorkais d'origine italienne, portoricaine ou afro-américaine à l'origine du film de John BADHAM s'est avéré complètement bidon, l'intrigue (et la danse) rappelle la guerre des gangs ethniques de "West side story (1960)". Et l'envie de s'arracher des bas-fonds pour tutoyer les étoiles grâce à un talent exceptionnel est une référence directe à "Rocky (1976)" de Sylvester STALLONE dont Tony a également le poster dans sa chambre. Si l'on subsistue le rap au disco, Détroit à New-York et l'usine au marchand de couleurs, on constate que "La Fièvre du samedi soir" préfigure "8 mile (2001)" avec EMINEM. En dépit de son emballage disco chatoyant (certains diront kitsch mais comparé à "Grease (1978)", "La Fièvre du samedi soir" est très sobre), c'est en effet un film assez sombre et déprimant sur une jeunesse défavorisée, inculte qui végète dans sa fange. La rencontre entre Tony et Stéphanie (Karen Lynn GORNEY) qui veut s'en sortir par tous les moyens (y compris peu recommandables mais le film ne porte pas de jugement et s'avère nuancé) aboutit à un fragile espoir. Le personnage de Tony, très Kéké bourrin au premier abord gagne beaucoup en maturité au cours du film (nourri par le drame personnel de l'acteur qui a perdu sa compagne sur le tournage).
Le formidable papy conteur du film joué par le non moins formidable Peter FALK est un peu le double de Rob REINER. Il s'adresse à nous spectateurs qui sommes dans la position de l'enfant malade: blasés, sceptiques mais (secrètement) en attente. En attente de quoi? Du récit capable de réenchanter un quotidien morose. Dans les années 80 déjà les petits garçons se détournent des livres jugés ringards pour les jeux vidéos (ironiquement, 31 ans après, le film n'a pas vieilli mais on ne peut pas en dire autant du jeu). Avec son air débonnaire et son œil qui frise papy Falk et derrière lui Rob REINER ont l'air de nous dire "Vous ne croyez plus aux contes de fées ni à la magie du cinéma? Chiche que je peux vous scotcher en un clin d'œil et vous allez même en redemander!"
"Princess Bride" contrairement à ses imitateurs qui se la racontent est un acte de foi envers le pouvoir de la narration (qu'elle soit littéraire ou cinématographique), de l'imaginaire et de la transmission. S'il s'amuse avec les conventions et références du conte de fées et du cinéma de genre (un soupçon d'héroïc-fantasy par-ci, une pincée d'aventures par là, une cuillère de thriller avec une parodie hilarante des dents de la mer et une grosse louche de cape et d'épée avec le personnage du vengeur masqué mi Errol Flynn-mi Douglas Fairbanks joué par Cary ELWES) jamais Reiner ne tombe dans le cynisme ou le second degré poseur destiné à "faire intelligent". Son dispositif de mise à distance est ludique avant tout, mis en scène et joué de façon jubilatoire (y compris par cette pauvre Robin WRIGHT dont le non-jeu rend Bouton d'or encore plus cruche qu'elle ne devait être sur le papier) et parsemé de répliques qui ont fait date. D'où le plaisir intact que le film procure et qui l'a élevé avec les années au statut de film culte que l'on transmet de génération en génération et que l'on étudie en classe.
Le titre en VF n'est pas des plus judicieux. Non seulement le golf n'occupe qu'une petite place dans l'histoire mais Buster KEATON (Malec en VF) n'a rien d'un champion. C'est justement pour échapper à son statut de loser qu'il s'évade dans la peau d'autres personnages (d'abord un bagnard, le "Convict 13" du titre original, puis un gardien) mais la guigne le poursuit. L'environnement changeant dans un film qui épouse la forme surréaliste du rêve fait penser à "Sherlock Junior (1923)" dont "Convict 13" constitue un embryon. Risée des golfeurs, promis à la potence, victime d'une mutinerie menée par un gros malabar, Buster KEATON est toujours à côté de la plaque et c'est ce décalage qui est source de comique. La pirouette finale donne un semblant de cohérence à l'ensemble qui peut paraître décousu au premier abord.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.