Les Noces rebelles (Revolutionary Road)
Sam Mendes (2008)
Ce n'est pas parce que le rêve américain des années cinquante était une illusion cachant un mode de vie ennuyeux et déprimant qu'il était obligatoire de réaliser un film lui-même ennuyeux et déprimant. D'ailleurs "American Beauty" (1999) du même réalisateur n'était ni l'un ni l'autre et pourtant il tapait très fort et très juste sur les hypocrisies et les névroses des américains de la middle class coincés dans leur conformisme banlieusard. "Les Noces rebelles" est un film dévitalisé de bout en bout et pas spécialement subtil. En témoigne les deux scènes où les voisins s'invitent avec leur fils prétendument fou (Michael SHANNON) qui est en fait juste là pour dire tout haut ce que le spectateur est censé penser du triste spectacle qui lui est offert. D'ailleurs la porte de sortie à la crise existentielle que vit le couple Wheeler apparaît bien naïve. Le dépaysement n'est pas une baguette magique qui résout miraculeusement les problèmes, lesquels sont liés au fait que Frank Wheeler (Leonardo DiCAPRIO) est une coquille vide alors que son épouse Alice (Kate WINSLET) n'est qu'un paquet de frustrations, chacune de ses initiatives pour se réaliser (devenir comédienne, partir vivre à Paris) échouant lamentablement. Quant à l'idée de réunir 11 ans plus tard les acteurs qui dans des rôles autrement plus romanesques avaient fait rêver des millions de spectateurs, elle relève du pur masochisme. Là encore le vieillissement n'est pas forcément synonyme d'amertume et de dépression. Il y a des acteurs, hommes aussi bien que femmes qui investissent la maturité avec l'oeil pétillant de malice (un seul exemple: Sean CONNERY dans "Indiana Jones et la dernière croisade") (1989). Or c'est avec ce film que j'ai constaté avec tristesse que Kate WINSLET avait perdu la flamme intérieure qui la rendait incandescente dans ses premiers films et que Leonardo DiCAPRIO avait un visage de plus en plus crispé oscillant entre morosité et fureur rentrée. Ca c'est ce que j'appelle un naufrage.