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Articles avec #robert (yves) tag

Nous irons tous au paradis

Publié le par Rosalie210

Yves Robert (1977)

Nous irons tous au paradis

Enfin j'ai réussi à mettre la main sur le DVD de "Nous irons tous au paradis", la suite de "Un elephant ca trompe enormement" (1976). Plus collégial que le premier qui privilégiait Etienne (Jean ROCHEFORT) même s'il reste le narrateur, le ton de "Nous irons tous au paradis" est également plus varié. La comédie reste prédominante, jouant aussi bien sur les dialogues que sur les situations (les surprises de la maison de campagne achetée par les quatre amis, la destruction de la voiture d'Etienne suite à un quiproquo par un Jean-Pierre CASTALDI furax, le chassé-croisé de Roissy). L'adultère attaché au personnage d'Etienne est toujours traité sur un mode burlesque irrésistible qui s'inspire de "La Panthere rose" (1963) de Blake EDWARDS. D'ailleurs cette fois la référence est explicite puisque lorsque Etienne espionne sa femme, il emprunte systématiquement la défroque de l'inspecteur Clouseau alors que la musique de Vladimir COSMA marche sur les traces du saxophone de Henry MANCINI. Mais par moments, le ton se fait plus grave lorsqu'il s'agit d'évoquer la vie sentimentale des trois amis d'Etienne. Si celui-ci et Daniele DELORME incarnent le couple bourgeois bon teint (heureusement transcendé par un humour ravageur), les autres tâtonnent en dehors des conventions. Simon forme un vieux couple avec sa mère possessive Mouchy (Marthe VILLALONGA) à qui il cherche à échapper avec des subterfuges de gamin pour vivre des aventures mais la fin montre que c'est bien elle le grand amour de sa vie. Bouly (Victor LANOUX) le beauf séducteur se retrouve à la tête d'une tribu recomposée de sept enfants dont il doit s'occuper alors que les mères brillent par leur absence. Enfin Daniel (Claude BRASSEUR) est tiraillé entre son homosexualité (montrée plus explicitement que dans le premier volet) et la tentation de "se ranger" avec sa patronne plus âgée que lui.

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Un éléphant, ça trompe énormément

Publié le par Rosalie210

Yves Robert (1976)

Un éléphant, ça trompe énormément

Pourquoi est-ce que je n'avais jamais eu envie de regarder "Un éléphant, ça trompe énormément?" Sans doute parce que je pensais que c'était "Le Coeur des hommes" (2003) des années 70 (nul doute que Marc ESPOSITO a d'ailleurs trouvé l'inspiration chez Yves ROBERT) et que ça parlait d'adultère qui est le sujet qui m'ennuie le plus au cinéma! C'est en visionnant par la force des choses plusieurs extraits au fil des différents numéros du web-magazine d'Arte Blow Up ("Le tennis au cinéma", "Le parking au cinéma", "C'était quoi, Jean Rochefort?") que l'image que j'avais du film a changé. Un film de copains dans la lignée de "Vincent, François, Paul et les autres..." (1974) qui a été écrit à la même époque par le même scénariste, Jean-Loup DABADIE mais plus léger et sous influence américaine comme l'était aussi un autre grand succès de Yves ROBERT, "Le Grand blond avec une chaussure noire" (1972). Outre l'emprunt à "7 ans de réflexion" (1955), la couleur rouge symbolisant le désir qui ne quittera plus Etienne (Jean ROCHEFORT), c'est à Blake EDWARDS que l'on pense le plus, le film d'Yves Robert ayant eu l'idée (géniale) d'évoquer la crise de la quarantaine sur le mode burlesque au travers du personnage d'Etienne dont les déboires et la maladresse (mais aussi la tenue et l'allure) ne sont pas sans rappeler ceux de Peter SELLERS dans les différents volets de "La Panthère rose". D'ailleurs par un jeu de vases communicants, Blake EDWARDS s'est ensuite inspiré du film d'Yves Robert pour son désopilant "Elle" (1979). Etienne et ses trois amis se comportent davantage comme des gosses que comme des adultes et c'est ce qui les rend infiniment attachants. Simon (Guy BEDOS) dépassé par sa mère juive envahissante (Marthe VILLALONGA), Bouly (Victor LANOUX) dépassé par sa libido, Daniel (Claude BRASSEUR) vivant le plus naturellement du monde ce qui pourtant à l'époque était encore un tabou relevant d'une infraction pénale et enfin Etienne, contemplant ses chaussures avec l'air penaud d'un enfant pris en faute devant Charlotte (Anny DUPEREY) laquelle lui fait part elle aussi le plus naturellement du monde d'un désir que lui même a tant de mal à assumer. Car outre sa drôlerie, l'éternelle jeunesse de ce film se nourrit de la libre circulation du désir, même celui qui anime le jeune Lucien (Christophe BOURSEILLER qui se faisait alors appeler Christophe BRUCE) vis à vis de Marthe (Danièle DELORME), l'épouse d'Etienne, deux fois plus âgée que lui.

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Un mauvais fils

Publié le par Rosalie210

Claude Sautet (1980)

Un mauvais fils

"Un mauvais fils" est le film qui marque une rupture dans la filmographie de Claude SAUTET. Rupture par rapport à ses films des années 70 en ce qu'il se centre sur la génération des trentenaires et non plus des quinquagénaires (la sienne) dont il sonde avec l'hypersensibilité et la finesse qui le caractérise le mal de vivre. Il trouve logiquement en Patrick DEWAERE tout juste sorti de "Série noire" (1979) l'interprète idéal. Claude SAUTET savait sonder (et révéler) l'âme de ses acteurs et il est le premier à véritablement faire tomber le masque de Patrick Dewaere puisque c'est pour ce rôle qu'il a rasé sa moustache et livré un jeu sobre, dénué de tout artifice.

"Un mauvais fils" raconte la relation conflictuelle entre René, un père "Ducon Lajoie" aigri, rancunier et incapable de communiquer (joué par Yves ROBERT) et Bruno, un fils fragile qui après avoir passé plusieurs années en prison tente de se sortir de l'enfer de la drogue et de se réinsérer. Tâche d'autant plus difficile que la période minutieusement décrite en toile de fond n'est pas propice, la France traversant alors une crise économique et sociale profonde. Mais le film n'est pas misérabiliste car en dépit de ses maladresses, Bruno révèle peu à peu ses qualités humaines dans l'adversité: sa détermination, sa persévérance, son endurance et son aspiration à aimer et à être aimé. Il trouve aussi un père de substitution en la personne de Adrien Dussart (Jacques DUFILHO dont Claude Sautet révèle là aussi une facette inattendue) mélomane efféminé amoureux des lettres qui est l'antithèse du rugueux René et qui le prend sous son aile. C'est par son intermédiaire qu'il rencontre Catherine (Brigitte FOSSEY) autre jeune toxicomane en rupture de père, bref une alter ego dont il s'éprend en dépit de sa froideur apparente. La scène des aveux, tout en retenue est particulièrement belle. Mais le retour à la vie (aux émotions) est délicat à gérer pour des personnes souffrant d'addictions. C'est sur cette délicate ligne de crête qu'évolue Bruno alors qu'en dépit des apparences, le lien avec son père biologique n'est pas coupé et se manifeste par des désordres physiologiques (vomissements, chute accidentelle) qui peuvent faire espérer un retour à l'équilibre. Le message du film est donc porteur d'espoir sur une possible réconciliation entre les générations, celle des durs à cuire des 30 glorieuses et celle des enfants perdus de la crise.

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Le retour du grand blond

Publié le par Rosalie210

Yves Robert (1974)

Le retour du grand blond

Cette suite du "Grand blond avec une chaussure noire" est assez décevante. Elle n'est pas mauvaise parce que les acteurs restent géniaux. Pierre Richard vaut à lui seul le déplacement (je l'adore!) mais Rochefort aussi est parfait jusque dans sa dernière réplique en forme de pirouette (il va terriblement me manquer!) Il faut dire que l'un des ressort majeur du retour du grand blond tient dans cette opposition entre un indécrottable candide et un cynique bien retors dont on suit les déconfitures avec jubilation.

Mais le hic provient d'une intrigue qui bégaye sérieusement. De même, plusieurs gags/situations sentent le réchauffé (la robe décolletée de Mireille Darc, les fausses hallucinations de Jean Carmet, les chaussures dépareillées de Pierre Richard etc.) Le capitaine Cambrai (Michel Duchaussoy) ne parvient pas à combler le trou lié à la disparition du personnage joué par Blier. Certes, l'épluchage des dossiers secrets des uns et des autres arrache quelques sourires mais ils ne sont pas exploités à fond. Enfin le premier volet avait réussi à rester léger tout en égratignant les pratiques totalitaires des services secrets car il était resté dans la suggestion. Le deuxième lui souligne lourdement cette critique avec une fin moralisatrice qui n'est pas du meilleur goût. Au final on ne retrouve pas la fraîcheur et le charme qui faisaient la magie du premier volet et c'est dommage.

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Le grand blond avec une chaussure noire

Publié le par Rosalie210

Yves Robert (1972)

Le grand blond avec une chaussure noire

Il y a quelque chose de glaçant derrière cette parodie des films d'espionnage. Ce n'est pas étonnant car les bonnes comédies (et celle-là, même avec ses imperfections l'est, sinon elle n'aurait pas imprimé les rétines et traversé le temps) ont toujours quelque chose de la "politesse du désespoir." Beaumarchais ne disait pas autre chose "Je me presse de rire de tout plutôt que d'être obligé d'en pleurer".

Ce grand blond étourdi, candide et lunaire, innocent en un mot (irremplaçable, unique Pierre RICHARD qui à lui seul porte un univers tout entier) est une proie de choix pour ce panier de crabes que sont les services secrets qui dans les années 70 -en plein contexte de Guerre froide- semblent former un "Etat dans l'Etat" dont l'éthique n'est pas la préoccupation première (euphémisme). Entre les mains de ces hommes de l'ombre, il devient à son insu une marionnette ce que souligne l'excellentissime générique, ses petits tours de passe-passe et sa petite musique ironique à la flûte de pan (à moins que ce ne soit du pipeau). Les méthodes des services secrets ont beau être tournées en dérision, elles sont effectivement "une horreur". Celles du colonel Toulouse en particulier (Jean Rochefort), grand manipulateur en chef sans scrupules qui échafaude le "piège à con" dans lequel il veut faire tomber son adjoint Milan (Bernard Blier) qui souhaite prendre sa place. Véritables animaux à sang froid, ils se livrent un duel à mort où la vie du pauvre François est prise en otage.

Mais parce que l'on est dans une comédie (qui plus est un peu surréaliste et décalée), le second de Toulouse, Perrache a davantage de scrupules que son patron car c'est lui qui s'est arrogé un pouvoir quasi divin en choisissant la victime et le fait qu'un innocent meure par sa faute tourmente sa conscience. Il y a l'ami de François, Maurice (Jean Carmet qui lui aussi habite sur une autre planète) qui devant une réalité qui dépasse la fiction "a des visions et entend des voix". Et puis il y a Christine bien sûr, alias Mireille Darc dont le visage d'ange blond se marie si bien avec celui de Pierre RICHARD. Parodiant les femmes fatales des films d'espionnage avec sa cultissime robe au décolleté ultra-plongeant, elle se retrouve entraînée dans l'univers loufoque et poétique du grand Blond (leur grande scène fait penser aussi bien aux screwball comédies de Hawks qu'à la "Party" d'Edwards) et ce pour ne plus en sortir. La boîte dans laquelle elle se dissimule ne fait-elle pas penser à un tour de magie de plus?

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