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J. Edgar

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (2011)

J. Edgar

Je n'avais pas envie de voir ce film pour deux raisons: je ne suis pas spécialement fascinée par les hommes de pouvoir et je n'aime pas particulièrement Léonardo Dicaprio. Mais en dépit de sa photographie très (trop) sombre, ce film est en réalité une bonne surprise grâce au regard intelligent du réalisateur. Loin d'être une reconstitution poussiéreuse et désincarnée, le film est intimiste et dissèque avec une humanité inattendue une psychologie particulièrement torturée, celle de J. Edgar Hoover, inamovible patron du FBI durant près d'un demi-siècle. Paranoïaque obsédé par la peur de la contamination (des rouges, des truands, des roses, puis des noirs), éternel petit garçon bégayant sous la coupe d'une mère castratrice (Judi Dench), Hoover possède de nombreux démons intérieurs qui expliquent d'autant mieux son autoritarisme, son besoin de contrôle et sa mythomanie. Son homosexualité refoulée (toujours d'après le film à cause de sa mère qui ne supporte pas qu'il soit "de la jaquette") le contraint à vivre une relation aussi forte qu'entravée avec son adjoint Tolson. Paradoxalement les plus belles scènes du film émanent de cet amour (réel ou extrapolé, la nature de la relation entre les deux hommes n'ayant jamais été tirée au clair). Ainsi on voit cet homme qui ne supporte pas que l'on touche aux scènes de crime et qui s'essuie la main après l'avoir serrée, se tamponner le visage avec un mouchoir tenu un instant auparavant par Tolson puis réclamer toujours plus de proximité avec lui tout en se dérobant sans cesse. Cette contradiction donne lieu à une deuxième lecture assez bouleversante de la lettre révélant les amours saphiques d'Eleanor Roosevelt.

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Saint-Laurent

Publié le par Rosalie210

Bertrand Bonello (2014)

Saint-Laurent

J'ai vu les 2 films consacrés à Saint-Laurent à leur sortie au cinéma et je les ai trouvés complémentaires. Le point fort du film de Bonello est assurément dans sa forme, éblouissante. C'est un véritable film d'esthète, délicat et raffiné comme l'était Saint-Laurent. L'art sous toutes ses formes est omniprésent des figures d'identification comme Marcel Proust et Maria Calas aux peintres qui l'inspirèrent d'une manière ou d'une autre (Warhol, Mondrian, Matisse...) sans oublier le cinéma de "Madame De..." aux "Damnés" de Visconti dont l'un des principaux acteurs, Helmut Berger joue YSL vieux. Bonello fait preuve d'inventivité dans sa mise en scène pour relier la culture de Saint Laurent à sa création. L'exemple le plus évident est le défilé des ballets russes de 1976 où l'écran est découpé comme une toile de Mondrian, rappelant ainsi la collection qui lança sa carrière dans les années 60.

Le film de Bonello insiste également beaucoup sur le comportement autodestructeur de Saint-Laurent, son addiction à la drogue, à l'alcool et aux pratiques sexuelles à risque. Il met particulièrement bien en lumière le sulfureux personnage de dandy décadent Jacques de Bascher (joué par Louis Garrel) qui comme Klaus Nomi et tant d'autres fut balayé par l'épidémie de sida. Néanmoins comme le dit YSL âgé, chaque fois qu'il est tombé dans les escaliers, il a réussi à se relever. C'est la force d'YSL qui est une sorte de phénix qui renaît toujours de ses cendres. Sa fragilité et son incapacité à s'adapter au monde réel sont équilibrées par sa créativité et sa capacité à rebondir.

Le film de Bonello n'est cependant pas exempt de défauts. Il est très long et décousu ce qui est un comble pour un biopic consacré à un grand couturier. Il est parfois répétitif et trop clipesque. Il est plein comme un œuf de détails et de personnages survolés (la mère par exemple jouée par Valérie Donzelli puis Dominique SANDA ne fait que passer, les égéries sont peu mises en valeur sans parler des employés de sa maison de couture qui sont interchangeables). Le plus gros raté provient de l'incapacité de Bonello à traiter la relation avec Bergé alors que c'était le point fort du film de Lespert. De façon plus générale, le film manque d'incarnation humaine et se rapproche de l'art pour l'art avec une fascination complaisante pour le vice et la décadence (une obsession de ce réalisateur) ce qui met trop à distance le spectateur.

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Shining (The Shining)

Publié le par Rosalie210

Stanley Kubrick (1980)

Shining (The Shining)

Je ne suis pas d'accord avec tous ceux qui pensent que Shining n'est pas un film effrayant. En 1980, il faut croire qu'il n'existait aucun filtrage des bandes-annonces en fonction du public ciblé. Car c'est juste avant la projection de "Blanche-Neige et les 7 nains" que j'ai eu tout à coup cette vision traumatique qui m'a poursuivie pendant des années: celle d'une pièce se remplissant de sang. J'ai gardé de cette expérience une répulsion pour les motifs et couleurs seventies (l'orange et le marron surtout) ainsi que pour les longs couloirs.

En dehors des grimaces outrancières de Nicholson (que l'on peut diversement apprécier mais qui sont caractéristiques du "masque kubrickien" que l'on retrouve dans "Orange mécanique" ou "Full Metal Jacket"), l'horreur n'est pas démonstrative, elle est plutôt tapie dans l'ombre ce qui crée un climat de tension troué de temps à autre par des images subliminales d'horreur pure. La comparaison de l'hôtel avec un cerveau malade s'impose d'autant plus que l'on passe l'essentiel du temps à en suivre les méandres labyrinthiques avec une répétition obsessionnelle (à l'image de la phrase unique que Jack écrit à longueur de journée sur sa machine).Le surgissement brusque de flots d'hémoglobine dans le dédale de couloirs et de pièces froidement géométriques peut s'interpréter de plusieurs façons. On peut y voir le triomphe des pulsions sur la rationnalité mais aussi l'expression d'un inconscient refoulé fait de crimes. L'hôtel Overlook est en effet un lieu maudit dès l'origine puisque le site a été volé aux indiens. Par conséquent il n'est guère étonnant que son gardien se mue en criminel autodestructeur. Enfin et paradoxalement, le sang représente aussi la vie. Jack s'est en quelque sorte enterré vivant avec sa femme et son fils dans le huis-clos de l'hôtel coupé du monde. Mais le petit Danny possède le shining, la lueur intérieure qui lui permet de briser son isolement en communiquant avec le passé, le futur et les autres êtres ayant le même don. Dont le chef cuisinier de l'hôtel, un "nègre" pour reprendre l'expression du précédent gardien, Grady que l'on devine profondément raciste. C'est pour empêcher l'intrus -l'altérité- de pénétrer son foyer (l'Amérique blanche) que Jack bascule dans la folie meurtrière tentant par tous les moyens d'empêcher sa femme et son fils de s'échapper. Peine perdue, il rejoindra les fantômes pour l'éternité mais seul.

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Le monde de Nemo (Finding Nemo)

Publié le par Rosalie210

Andrew Stanton et Lee Unkrich (2003)

Le monde de Nemo (Finding Nemo)

C'est un film d'une grande richesse qui s'adresse aussi bien aux parents qu'aux enfants. Il brasse nombre de thèmes délicats (deuil, handicap, traumatismes psychologiques, résilience, éducation) avec subtilité. La séquence introductive évoque le massacre d'une famille tout entière de poissons-clowns dont ne subsistent que deux membres: Marin le père et Nemo le fils. Comme tous les rescapés, ceux-ci ont gardé des séquelles de ce traumatisme. Nemo a une nageoire atrophiée et Marin est devenu un papa hyper anxieux et possessif qui empêche son fils de grandir. Pour s'émanciper, Nemo doit se rebeller et prendre des risques. C'est ainsi qu'il est capturé par des humains ce qui s'avère au final être bénéfique pour le père et le fils. En effet, en étant séparés, ils vont faire des rencontres qui vont leur permettre de sortir de leur névrose en croisant des modèles éducatifs alternatifs. Nemo, prisonnier dans un aquarium fait la connaissance de Gill, un poisson estropié comme lui mais qui refuse de l'assister. Marin, parti à la recherche de son fils rencontre plusieurs modèles de coolitude dont Crush, la tortue de mer qui laisse ses enfants se dépatouiller seuls lorsqu'ils rencontrent des problèmes car il a confiance en eux. Si l'on rajoute l'inoxydable bonne humeur de Dory et le passage hilarant où un banc de poissons se paye la tête de Marin ("Lâche-toi man!") on comprend que le salut provient de l'ouverture d'esprit et de la remise en question personnelle. Il est frappant également de constater à quel point les auteurs insistent sur l'imperfection des personnages qui doivent tous vivre avec un ou plusieurs handicaps ou névroses; Nemo, Gill, Marin, Bruce et ses potes requins qui veulent se débarrasser de leur addiction à la chair fraîche (excellente parodie des alcooliques anonymes et de Shining de Kubrick) et Dory dont les problèmes de perte de mémoire donnent lieu à des passages très drôles.

Si l'on ajoute l'incroyable réalisme technique du milieu aquatique dépeint et la mine d'informations cachées qui se trouve à l'intérieur et qui instruisent sans avoir l'air d'y toucher (l'interaction entre le poisson-clown et l'anémone de mer, les troubles de mémoire du poisson-chirurgien, le CEA, l'anatomie des méduses etc.) on peut dire que ce film est un véritable trésor pour qui sait le voir et l'apprécier à sa juste valeur. 

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Minuit dans le jardin du bien et du mal (Midnight in the Garden of Good and Evil)

Publié le par Rosalie210

Clint Eastwood (1997)

Minuit dans le jardin du bien et du mal (Midnight in the Garden of Good and Evil)

C'est un film qui m'a marquée, non pour son histoire assez confuse mais pour l'étrangeté de son atmosphère, un "Autant en emporte le vent sous mescaline" pour reprendre l'expression du seul personnage extérieur de l'histoire, John Kelso joué par John Cusack. Celui-ci est un journaliste new-yorkais des plus rationnels qui va se laisser envoûter par la moiteur sudiste de la ville de Savannah et l'ambivalence romanesque et haute en couleurs de ses habitants. Lui-même en effet est double puisque sa vocation de romancier va revenir le titiller au contact de cet univers plein de mystère où les contraires se côtoient pour le meilleur et pour le pire. Les vivants communiquent avec les morts, le raffinement des mœurs cache une violence sauvage alors que les normes sexuelles et genrées sont profondément bousculées. Jim Williams (joué par Kevin Spacey) est un notable qui cache son homosexualité jusqu'à ce que celle-ci ne sorte du placard ou plutôt de l'horloge de façon fracassante. Son amant Billy (joué par Jude Law) est une petite frappe entretenue prête à tout faire exploser sur son passage. Lady Chablis, connaissance de Billy est une drag-queen aussi extravagante et irrévérencieuse que touchante. Et enfin Minerva est une sorte de prêtresse vaudou dont le talent occulte permet à John Kelso de se frayer un chemin dans un maquis de mensonges, demi-vérités et désillusions.

Film d'atmosphère et étude d'un milieu quasi ethnographique, le film n'en est pas moins tiré de faits réels qui furent par la suite romancés. S'il est un peu trop long, sa profonde originalité mérite le détour.

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Harry Potter et les Reliques de la Mort - 2ème partie (Harry Potter and the Deathly Hallows)

Publié le par Rosalie210

David Yates (2011)

Harry Potter et les Reliques de la Mort - 2ème partie (Harry Potter and the Deathly Hallows)

Pendant des années, je n'ai eu envie de revoir ce film que pour une seule séquence: celle des souvenirs de Rogue qu'Harry consulte dans la pensine. Il faut dire que lorsque j'avais lu le livre, je m'étais directement jetée sur le chapitre correspondant, Rogue étant mon personnage préféré. Et si l'adaptation cinématographique sabre des éléments essentiels comme la cause de la rupture entre Lily et Rogue, il s'agit d'un moment poignant où Alan Rickman déploie plus que jamais son talent et son charisme. En dehors de cette séquence, il y a peu de choses à sauver dans le dernier opus de la saga qui est particulièrement maladroit voire par moments, grotesque. Je pense en particulier aux tirades ridicules du pauvre Neville qui balance un prêchi-prêcha pénible à Voldemort et se déclare fou de Luna (où ont-ils été chercher cela? Pas dans le livre en tout cas) et aux interminables scènes où Daniel Radcliffe se démène en tous sens avec l'expressivité d'un bout de bois et une crédibilité proche du niveau 0. J'adore en particulier les articles qui ont qualifié son baiser avec Ginny de "frigide" car c'est exactement le mot qui qualifie son jeu. Si l'on ajoute que Ralph Fiennes n'a jamais réussi à incarner Voldemort de façon convaincante, il n'est guère étonnant que leur combat final tombe complètement à plat. Sur le plan visuel il y a quelques bonnes idées comme celle des chevaliers de pierre (et l'idée de faire de Maggie Smith leur commandante en chef est plus que plaisante) mais la bataille de Poudlard est sans relief, traitée comme un passage obligé, de même que d'autres morceaux de bravoure de la saga. Preuve quand même qu'un bon acteur peut changer la donne, la prestation des Malefoy pourtant peu présents à l'écran est marquante. Il suffit de quelques plans bien sentis pour que l'on comprenne la déchéance du père rejeté par son propre fils. Jason Isaacs et Tom Felton font passer bien plus de choses en quelques secondes que Daniel Radcliffe durant tout le reste du film. Ce qui laisse entrevoir la tragédie shakespearienne qu'il aurait pu être si tout le casting avait pu être à ce niveau.

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Harry Potter et les Reliques de la Mort - 1ère Partie (Harry Potter and the Deathly Hallows)

Publié le par Rosalie210

David Yates (2010)

Harry Potter et les Reliques de la Mort - 1ère Partie (Harry Potter and the Deathly Hallows)

A l'image des critiques assez contrastées, cet avant-dernier opus de la saga d'Harry Potter toujours réalisé par David Yates est assez inégal. Si certaines séquences sont réussies, le réalisateur a bien du mal à relier harmonieusement l'ensemble et à lui donner du rythme sans parler du sens, pas toujours très clair pour ceux qui n'ont pas lu les livres (Bill Weasley qui jaillit de nulle part comme fiancé de Fleur on ne sait pas pourquoi, Lupin qu'on retrouve marié à Tonks également sans explications etc.). Il n'est pas aidé par une adaptation qui en scindant le tome 7 en deux films étire inutilement l'intrigue principale c'est à dire la quête des horcruxes. Certes, il est méritoire d'avoir voulu restituer les aspects erratiques et contemplatifs du livre. Contrairement à ce que j'ai lu ici et là, il ne s'agit pas d'une faiblesse, bien au contraire. Rowling veut s'ancrer dans un certain réalisme anti-héroïque en montrant que la quête des héros (qui s'inspire de celle des résistants prenant le maquis pendant la seconde guerre mondiale) est faite de doutes, de tensions, d'ennui, de découragement. Elle montre aussi que paradoxalement, c'est le manque de contrôle de Harry sur les événements et son acceptation qui est un facteur essentiel de sa victoire finale. Seulement Rowling mêle à cette errance des aspects qui sont évacués par l'adaptation cinématographique, en premier lieu les doutes de Harry sur Dumbledore dont la biographie fait voler en éclats l'aura de sainteté. Cette simplification abusive des enjeux jointe à la prestation toujours aussi faible des jeunes acteurs désormais seuls à l'écran explique en partie l'ennui profond que l'on ressent devant les séquences de cavale en dépit de la beauté des paysages traversés.

Reste tout de même quelques séquences très réussies, en premier lieu celle du conte des trois frères réalisée en animation d'ombres chinoises. Ensuite celles qui tournent autour du manoir Malefoy en raison de l'atmosphère terrifiante qui y règne et de l'excellence de l'interprétation y compris de Tom Felton qui est le seul des acteurs adolescents à parvenir à nous faire ressentir qu'une tragédie pèse sur ses épaules. Enfin l'infiltration du ministère si elle traîne trop en longueur a le mérite d'offrir des séquences à la Brazil et de nous débarrasser de Rupert Grint, Emma WATSON et surtout de Daniel Radcliffe, véritable boulet de la franchise. En effet grâce au polynectar ce sont d'autres acteurs qui jouent les rôles d'Harry, Ron et Hermione et cela fait très bizarre de voir Harry exprimer enfin des émotions au lieu de nous fixer avec ses yeux de veau et sa raideur de bûche.

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Ca t'la coupe (Girl Shy)

Publié le par Rosalie210

Fred Newmeyer et Sam Taylor (1924)

Ca t'la coupe (Girl Shy)

Ne pas s'arrêter au titre qui certes fait sens mais qui pour des raisons mystérieuses est toujours un peu vulgaire en VF lorsqu'il s'agit de l'œuvre d'Harold Lloyd."Ça t'la coupe" est l'un de ses meilleurs films, très complet, très équilibré. On y trouve du burlesque évidemment mais aussi une bonne dose de romantisme et une fin trépidante digne des meilleurs films d'action où Lloyd multiplie les cascades en passant d'un mode de transport à un autre pour sauver sa bien-aimée d'un mariage avec un imposteur. Lloyd compose d'ailleurs dans ce film un personnage particulièrement touchant. Comme dans "Faut pas s'en faire", il est entravé par des peurs (de la vie dans "Faut pas s'en faire", des femmes dans "Ça t'la coupe") qui lui enlèvent tous ses moyens. Mais contrairement à "Faut pas s'en faire" où il était très riche, il est simple apprenti-tailleur dans "Ça t'la coupe" ce qui rajoute un complexe social à sa timidité face au sexe opposé (le titre en V.O est "Girl Shy"). Il espère résoudre tous ses problèmes en faisant publier un livre ridicule où il se dépeint en expert des relations amoureuses et de la gente féminine. Bien entendu il est la risée des clientes et des maisons d'édition. Seule la plongée dans l'action peut lui permettre de surmonter ses craintes (symboliquement il arrête de bégayer quand il entend siffler) ce qui donne tout son sens à l'ébouriffante scène finale. C'est aussi le premier film qu'il a produit lui-même avec sa société, Harold Lloyd Corporation.

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Harry Potter et le Prince de sang-mêlé (Harry Potter and the Half-Blood Prince)

Publié le par Rosalie210

David Yates (2009)

Harry Potter et le Prince de sang-mêlé (Harry Potter and the Half-Blood Prince)

"Harry Potter et le Prince de sang-mêlé" est le film de la saga que je préfère (si j'excepte le Cuaron qui reste indétronable à mes yeux). Il est très supérieur au cinquième film "Harry Potter et l'ordre du phénix" et ce pour plusieurs raisons:

- Le travail sur la lumière de Bruno Delbonnel, le directeur de la photographie "d'Amélie Poulain" donne à l'image un relief et une élégance qui lui manquait. Souvenirs coulants comme de l'encre de Chine, tableaux vivants travaillés en contre-jour, jeu sur les couleurs et le noir et blanc, le résultat final est somptueux. Pour ne prendre qu'un exemple, les scènes de Pensine de cet opus écrasent toutes les autres sur le plan de l'esthétique de l'image.

-Autre gros atout de cet opus, son scénario et son montage qui alternent avec réussite des moments de comédie légère et des moments extrêmement sombres, les uns succédant aux autres dans une même séquence ce qui assure un rythme soutenu à l'ensemble. Les exemples abondent: Ron ensorcelé par le philtre d'amour de Romilda Vane se comportant de façon hilarante juste avant d'être empoisonné, la boutique de farces des frères Weasley jouxtant des boutiques saccagées par la guerre, l'enterrement cocasse et arrosé d'Aragog précédent l'évocation de souvenirs douloureux ou le flirt insouciant des uns cohabitant avec le spleen des autres.

-Enfin au niveau des personnages, le film -tout comme le livre- introduit des changements. Il étoffe considérablement le rôle de Drago en révélant une facette de lui fragile, sombre et tourmentée. Comme Dudley dans le tome précédent, Drago est confronté à la mort ce qui entraîne une évolution de son caractère jusqu'ici immuable. Il est en effet autant marqué par l'arrogance de son père que par l'amour de sa mère. Laquelle privilégie le sauvetage de son fils à l'idéologie et à Voldemort. Rogue et Dumbledore qui deviennent des personnages de tragédie sont particulièrement magnifiés dans un film qui leur offre des scènes à l'ambiance shakespearienne dans lesquelles Michael Gambon et Alan Rickman peuvent déployer un peu plus leur talent. C'est aussi le livre où Dumbledore apparaît vulnérable et affaibli, en proie à des tourments personnels qui ne seront révélés que dans le livre suivant. Enfin si le piètre jeu de Daniel Radcliffe ne rend pas crédible une seconde sa haine pour Rogue ou son attirance pour Ginny (d'autant que Bonnie Wright n'est pas très convaincante non plus), il est mieux dirigé que d'habitude. Et le nouveau venu, Jim Broadbent est excellent dans le rôle d'Horace Slughorn, le premier serpentard que l'histoire présente comme positif.

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Brève rencontre (Brief Encounter)

Publié le par Rosalie210

David Lean (1945)

Brève rencontre (Brief Encounter)

Les affres d'une passion impossible racontée avec maestria par David Lean dont c'est le quatrième film et le premier succès international. C'est aussi le canevas de ses futurs films, y compris les superproductions qui feront sa renommée car elles conserveront cet aspect intimiste si brillamment mis en scène dans ses premiers films britanniques.

Brève rencontre se joue sur deux théâtres qui sont aussi deux facettes contradictoires et incompatibles entre elles de l'expérience humaine. D'un côté le théâtre du train-train quotidien, paisible et sans surprise qui est aussi celui des relations sociales et du foyer conjugal et familial. C'est pour l'essentiel un monde d'apparences, d'incommunicabilité (L'amie qui s'incruste et impose son bavardage futile sans se rendre compte qu'elle est indésirable, le mari qui fait des mots croisés et n'écoute pas sa femme sauf à la fin ce qui est trop beau pour être honnête), de vacuité, d'ennui profond. De l'autre, le théâtre de l'aventure, du voyage, du frisson, de l'exaltation incarné par la gare et ses trains en partance pour un ailleurs où chacun le sait l'herbe est plus verte. On passe facilement de l'un à l'autre car le film adopte le point de vue de l'héroïne, Celia Johnson, et nous fait entendre ses pensées les plus intimes.

C'est sans le vouloir, sans même s'en rendre compte que cette mère de famille à la vie terne qui assouvit sa soif d'exotisme et d'émotions fortes dans la littérature et le cinéma va basculer dans cette deuxième dimension. A l'origine de ce basculement, sa rencontre avec le médecin Alec Harvey, lui aussi un tempérament passionné en quête de sensations fortes. Mais leur histoire, basée sur une réelle complicité est condamnée dès l'origine à n'exister que dans les interstices que leur laisse la vie quotidienne et sous la menace constante d'être découverte. La souffrance et le stress qui en résultent finissent par avoir raison de leur relation, laquelle n'est même pas consommée. On peut déplorer que les mœurs de l'époque fassent peser une telle chape de culpabilité sur les héros et rendent leur histoire impossible mais les histoires flamboyantes sont souvent à ce prix. Pensons à 'In the mood for love" ou encore à "Sur la route de Madison" où l'on retrouve un adieu qui ne peut s'exprimer verbalement ce qui le rend d'autant plus bouleversant.

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