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Secrets et mensonges (Secrets and Lies)

Publié le par Rosalie210

Mike Leigh (1996)

Secrets et mensonges (Secrets and Lies)

Mike LEIGH a un point commun avec Pedro ALMODÓVAR: c'est un cinéaste qui sait donner du relief à ses personnages et mettre en valeur ses acteurs. Si la jeune génération a découvert David THEWLIS, Imelda STAUNTON ou Timothy SPALL avec les films de la saga Harry Potter, tous trois ont connu la consécration d'un prix d'interprétation dans un grand festival international (Cannes ou Venise) grâce aux films de Mike LEIGH dans lesquels ils ont joué (respectivement "Naked" (1993), "Vera Drake" (2005) et "Mr. Turner") (2014).

Ce talent de portraitiste, Mike LEIGH le met en abyme dans "Secrets et mensonges" au travers du personnage de Maurice (Timothy SPALL) qui est photographe de profession et dont les clichés tentent de saisir la vérité de l'instant sous l'artificialité de la pose (le secret derrière le mensonge?). C'est dans la maison où il habite depuis un an avec sa femme Monica (Phyllis LOGAN) que l'on découvre sur l'un de ses clichés Roxanne (Claire RUSHBROOK), une petite fille charmante et souriante que l'on pense être leur fille. On a tout faux. Roxanne est leur nièce et est devenue une jeune femme au visage renfrogné qui vit encore chez sa mère, Cynthia (Brenda BLETHYN) dans une maison ouvrière exigüe, délabrée et encombrée. Pour ne rien arranger les rapports entre les deux femmes sont exécrables. Si Roxanne semble toujours être en colère, Cynthia semble se résumer à une plainte perpétuelle. Inversant les rôles, elle passe son temps à réclamer de l'amour (voire leur amour exclusif) à sa fille ou à Maurice (qui est son petit frère et qu'elle a plus ou moins élevé) avec une insupportable voix de petite fille geignarde ce qui logiquement les fait fuir tous les deux. Les rapports de Maurice avec Monica ne sont guère plus satisfaisants, celle-ci s'avérant facilement irritable ou souffrante.

Dans cette famille éclatée façon puzzle et dysfonctionnelle, Mike LEIGH introduit non un élément perturbateur (la famille l'est déjà bien assez, perturbée) mais au contraire un élément rassembleur: Hortense (Marianne JEAN-BAPTISTE), la fille aînée de Cynthia abandonnée à la naissance et qui à la mort de sa mère adoptive entreprend des recherches pour retrouver sa mère biologique. L'apparence exogène de Hortense, tant par son appartenance sociale aisée que par sa couleur de peau ou son tempérament apaisant s'avère être une bouffée d'air frais dans le microcosme vicié de la famille de Cynthia. Plus que la fin du film qui pèche parfois par un excès de lourdeur, j'aime les scènes où l'on voit Cynthia et Hortense ensemble, la manière dont elles se découvrent, dont elles s'apprivoisent et le temps que le cinéaste prend pour filmer ce processus (la longueur du film qui a été déplorée par certains est sur ce plan là un atout). Le changement qui s'opère alors chez Cynthia qui redresse la tête, retrouve le goût de se faire belle et surtout la force de sortir de sa posture infantile pour prendre ses responsabilités d'adulte justifie amplement le prix d'interprétation attribué à Brenda BLETHYN (cumulé avec la Palme d'Or, à l'époque, c'était possible), énième preuve du talent de Mike LEIGH à diriger ses acteurs.

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