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Articles avec #aventure tag

Dune: deuxième partie (Dune: part two)

Publié le par Rosalie210

Denis Villeneuve (2024)

Dune: deuxième partie (Dune: part two)

J'ai préféré cette suite au premier volet. Malgré le fait que je n'ai pas lu les romans d'origine et que je n'ai même pas pris la peine de me replonger dans l'histoire avant d'aller voir le film, je n'ai eu aucun problème à comprendre l'intrigue et ses enjeux. Cela est à mettre au crédit de Denis VILLENEUVE et de ses co-scénaristes qui ont fait un travail d'adaptation conséquent pour être lisibles sans simplifier à outrance. Car adapter "Dune" aujourd'hui s'avère extrêmement pertinent. Les thématiques soulevées par Frank Herbert m'ont plus que jamais frappées par leur brûlante actualité: le fondamentalisme et le transhumanisme, les rivalités géopolitiques entre puissances politiques et religieuses pour le pouvoir et les ressources, la guerre asymétrique entre un Empire aux caractéristiques très occidentales (les Atréides faisant penser à la civilisation gréco-romaine et les Harkonnen aux russes ou aux nazis) et un peuple indigène qui ressemble comme deux gouttes d'eau aux Touareg qui font partie du peuple berbère, que leur langue appelle les "imazighen" c'est à dire les hommes libres ce qui en anglais se dit "free men" d'où vient leur nom dans Dune, "Fremen". A travers le mode de vie de ce peuple qui a appris à survivre dans le désert en recyclant la plus petite trace d'humidité et en transformant les éléments hostiles (vers géants, tempêtes) en atouts, c'est une autre manière d'être au monde qui est mise en lumière où l'homme vivrait en harmonie avec la nature plutôt que de chercher à la dominer ou à l'exploiter. L'écologie est centrale dans "Dune" car elle est intimement reliée à cette question du pouvoir et du contrôle alors que dans nos gouvernements occidentaux, elle est marginalisée en tant qu'entrave au désir de pouvoir et de jouissance sans limite qui anime cette civilisation.

Force est de constater que tous les thèmes sont traités avec limpidité dans un récit initiatique par ailleurs classique qui montre Paul Atréides passer du statut de jeune homme innocent à celui de valeureux combattant puis endosser les responsabilités d'héritier et de Messie. Si Timothee CHALAMET m'a paru trop lisse (il faut dire que son rôle est tellement archétypal qu'il est difficile à réinventer), les images superbes confèrent un véritable souffle à l'ensemble comme celle des chevauchées sur les vers géants ou le combat d'arène en noir et blanc des Harkonnen à l'image de leur univers. Bref, "Dune" est un blockbuster intelligent et très recherché esthétiquement comme le sont également dans un autre genre les films de Christopher NOLAN.

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Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (1999)

Austin Powers 2: L'espion qui m'a tirée (Austin Powers, the spy who shagged me)

En revoyant ce deuxième opus quasiment à la suite du premier, je n'ai pu m'empêcher de les comparer. J'ai trouvé globalement le personnage d'Austin Powers moins flamboyant, moins drôle, peut-être est-ce dû à l'obsession de la perte de son "mojo" qui revient toutes les trois secondes dans ses dialogues et forme une intrigue pour laquelle on ne se passionne guère. Il y a également un certain nombre de redites, de la femme-robot (également présente dans le troisième volet de la trilogie) à l'agent du docteur D'enfer tentant d'assassiner Austin Powers en boîte de nuit et se prenant un retour de boomerang ainsi que le personnage de Mustafa (Will FERRELL) qui n'en finit plus de commenter sa souffrance hors-champ alors qu'il est censé être plus que mort. Néanmoins, ces réserves ne sont que relatives tant le film est un festival de trouvailles burlesques plus réjouissantes les unes que les autres. Citons entre autre une séquence cartoon du meilleur effet, les références à Star Wars, à Bruce LEE, à Esther Williams et à "Le Dictateur" (1939), le montage jouant sur les synonymes du mot "pénis" dans des scénettes variées elles aussi souvent référencées, un jeu d'ombres chinoises salace très développé et très drôle, la mise en abyme du SLN au travers du Jerry SPRINGER show et l'introduction du génial personnage de Mini-moi. Autre point fort, l'esthétique pop et psychédélique avec entre autre un pastiche des sérigraphies de Andy WARHOL est encore plus travaillée si possible que dans le premier volet qui était déjà bien flashy. Mais ce qui m'a le plus enthousiasmée dans ce deuxième volet, c'est la triple performance de Mike MYERS qui joue Austin, le Dr. D'Enfer et un nouveau personnage, Gras double qui n'est pas sans rappeler le Mr. Creosote des Monty Python dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982). En effet, dès, "Austin Powers" (1997), les allusions à "Docteur Folamour" (1964) m'avaient sauté aux yeux mais c'est encore plus évident ici où la triple performance de l'acteur rappelle celles de Peter SELLERS dans le film de Stanley KUBRICK (dont "Full Metal Jacket" (1987) fait également l'objet d'un pastiche désopilant).

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Austin Powers

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (1997)

Austin Powers

Premier volet de la saga "Austin Powers" et déjà l'impressionnant abattage burlesque de Mike MYERS, bête de scène ayant fait ses armes au Saturday Night Live. L'énergie folle dépensée dans ce vortex psychédélique de pastiches et de parodies accouche d'un univers somme toute cohérent où un pur produit du swinging London de la fin des sixties, passablement obsédé et scato est téléporté via la cryogénisation, trente ans plus tard, au beau milieu des années sida (et accessoirement époque du tournage du film). Austin Powers est lui-même un drôle de mélange: si l'aspect parodique des James Bond de la période Sean CONNERY n'échappe à personne, pilosité du torse et allusions sexuelles incluses ("Goldfinger" (1964) déjà et Pussy Galore transformée en Alotta Fagina/Detta Defagin en VF), ses autres identités sont tout aussi savoureuses: la tenue vestimentaire dandy et l'activité "couverture" de photographe de mode sortent tout droit de "Blow-up" (1966) de Michelangelo ANTONIONI qui est pastiché, de même que les partenaires d'Austin, Mrs Kensington et sa fille, Vanessa Kensington parodient Emma Peel de "Chapeau melon et bottes de cuir" (1960). Et même si cela ne sera explicite que dans le troisième volet, "Austin Powers dans Goldmember" (2002), les grosses lunettes et l'aspect anti-héros du personnage établit une filiation avec l'anti-James Bond qu'est Harry Palmer dans "Ipcress - Danger immediat" (1965). Enfin, les sources d'inspiration ne sont pas que british (fausses dents pourries incluses ^^). Le dédoublement de l'acteur qui joue également l'antagoniste de Austin Powers, alias le docteur Denfer, personnage de méchant mégalo issu lui aussi des James Bond est une idée puisée dans la saga "Fantomas" (1964) avec Jean MARAIS alors que "Numero Deux" est joué par Robert WAGNER, une star américaine dont la renommée internationale repose en grande partie sur la série "Pour l'amour du risque" (1979) où il formait un indissociable duo avec une certaine Stephanie POWERS ^^. Si le film se cherche encore un peu au niveau des gags (les illusions d'optique sans changer de style seront bien plus élaborées par la suite), ce laboratoire expérimental est somme toute déjà réjouissant.

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100 dollars pour un shérif (True Grit)

Publié le par Rosalie210

Henry Hathaway (1969)

100 dollars pour un shérif (True Grit)

Après avoir vu le film grâce à Arte, je trouve décidément l'original 100 fois (!) meilleur que la copie propre, intellectualisée mais sans âme qu'ont réalisé les frères Joel COEN et Ethan COEN. Je sais qu'ils prétendent s'être inspiré du roman et non du film et qu'une partie de la critique les a encensés pour cela entre autre mais je campe sur mes positions car les deux versions se ressemblent trop pour que cela soit simplement dû à leur source commune. J'en veux pour preuve le clin d'oeil du bandeau ou le passage où Mattie Ross sort de la rivière miraculeusement sèche qui devient sans doute une allusion ironique chez les Coen sauf qu'en fait, on accepte les invraisemblances de ce genre si le film sonne juste par ailleurs et est incarné. La différence pour moi se loge en effet dans les détails et entre les lignes, dans la relation qui se construit entre Rooster Cogburn et Mattie Ross avec le personnage de Leboeuf en intermédiaire. Contrairement à la Mattie des Coen réduite à son rôle de vengeresse désincarnée, celle de Henry HATHAWAY n'a pas abdiqué son humanité si bien que derrière sa quête revendiquée de vengeance s'en cache une autre, implicite qui est la recherche d'un père de substitution (ce qui d'ailleurs entraîne un fin bien différente de celle, glaciale, des Coen). Ca tombe bien, Rooster Cogburn a échoué à en construire une et en particulier à créer un lien avec son fils. Il a donc droit à une seconde chance avec un "garçon manqué". On sourit d'autant mieux devant ses accès de jalousie quand Mattie se détourne trop du "coq" (rooster en VO) pour regarder d'un peu trop près "le boeuf" envers qui elle manifeste une tendresse évidente. Là-dessus John WAYNE nous régale avec une composition pleine de saveur en shérif revenu de tout, borgne, bedonnant et porté sur la bouteille et la gâchette. L'Oscar qu'il a reçu était mérité mais il s'agissait surtout de le couronner pour l'ensemble de sa carrière avant qu'il ne soit trop tard. Comme Ennio MORRICONE dans le domaine de la composition musicale couronné seulement en 2016 à 88 ans, il a payé cher son étiquette d'acteur de films de divertissement alors que plusieurs de ses compositions antérieures auraient dues être récompensées, dans le registre dramatique (comme "La Riviere rouge" (1946) ou "La Prisonniere du desert") (1956) ou dans le registre de la comédie ("Rio Bravo") (1959).

Enfin pour l'anecdote, le film fait jouer dans de petits rôles deux acteurs d'avenir dans le nouvel Hollywood, Robert DUVALL et Dennis HOPPER.

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Austin Powers dans Goldmember (Austin Powers In Goldmember)

Publié le par Rosalie210

Jay Roach (2002)

Austin Powers dans Goldmember (Austin Powers In Goldmember)

Le seul volet de la trilogie Austin Powers que je n'avais pas encore vu est à l'image des autres: un délicieux bonbon pop, régressif juste ce qu'il faut, bourré d'énergie, d'idées et de références judicieusement placées. Cette parodie des films d'espionnage biberonnée au swinging London et animée de l'esprit potache du Saturday Night Live d'où est issu Mike MYERS est plus réjouissante que jamais, frisant souvent le mauvais goût mais parvenant à l'éviter la plupart du temps grâce à sa tonalité bon enfant. Le titre se passe de commentaire, d'autant que même l'original "Goldfinger" (1964) avait déjà donné lieu à des détournements douteux. L'ouverture est un pastiche de "Mission : Impossible 2" (2000) renommé "Austinpussy" (allusion à "Octopussy") (1983)" avec l'apparition clin d'oeil de Tom CRUISE déguisé en Austin Powers, les autres personnages étant incarnés par Gwyneth PALTROW, Kevin SPACEY et Danny DeVITO, le tout sous la houlette de Steven SPIELBERG et Quincy JONES (il n'y a pas à dire, Mike MYERS fait fort en terme de casting). Quant à l'anti-James Bond des années 60, alias Harry Palmer alias Michael CAINE, il devient rien de moins que le père de Austin Powers ce qui rend explicite le fait que Mike MYERS s'est inspiré de lui pour créer son personnage. Autre très bonne idée, rendre hommage à la blaxploitation au travers du personnage joué par Beyonce KNOWLES qui ressemble furieusement à Pam GRIER. Alors il est vrai que le film ressemble plus à une suite de sketches qu'à un vrai film mais c'était après tout également le cas des Monty Python à qui Mike MYERS rend un hommage appuyé. Et plusieurs scènes sont vraiment très drôles comme celle du cameo de Britney SPEARS (qui devient "canon" au sens propre!), du clip de rap, du sous-marin ou celles qui jouent sur les illusions d'optique (il y en a deux fois plus que dans l'opus précédent). Tout n'est cependant pas aussi drôle, à commencer par Goldmember lui-même (joué également par Mike MYERS) qui exploite maladroitement le concept de "bijoux de famille" que l'on retrouve jusque dans "Pulp Fiction" (1994). Et si le répugnant personnage de Gras-Double (autre personnage joué par Mike MYERS) en fait déjà trop (pour moi), cela aurait pu être pire. Heureusement que Beyonce KNOWLES a mis des limites à l'imagination débordante du réalisateur. Il n'en reste pas moins que cet opus est un festival dont on sort le sourire aux lèvres.

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Les Mystères de Paris

Publié le par Rosalie210

André Hunebelle (1962)

Les Mystères de Paris

Ca fait un bail que je n'avais pas vu de film de Andre HUNEBELLE, le spécialiste des films de divertissement des années cinquante et soixante dans des genres variés: espionnage, comédie policière, cape et d'épée ou ici, mélodrame historique XIX° adapté du roman de Eugène Sue mâtiné d'une ambiance western importée des USA (la chanson dans le saloon ou plutôt la taverne, le dégainage des flingues à tout bout de champ, la scène de pendaison collective etc.) Jean MARAIS, acteur fétiche du réalisateur alors au sommet de sa gloire endosse le rôle de Rodolphe, cet aristocrate au grand coeur et à la force herculéenne qui se fait passer pour un ouvrier dans le Paris des bas-fonds pour réparer un malheur dont il est responsable. Tel Robin des bois, notre super-héros redresseur de torts envoie des torgnoles aux méchants exploiteurs du prolétariat et déjoue tous les pièges avant d'affronter le fourbissime baron de Lansignac (Raymond PELLEGRIN), le tout épaulé par une galerie de seconds rôles savoureux: Pierre MONDY, Jean LE POULAIN, Noel ROQUEVERT etc. Bref, un spectacle plaisant à défaut d'être transcendant.

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Le Comte de Monte-Cristo

Publié le par Rosalie210

Denys de la Patellière (1979)

Le Comte de Monte-Cristo

"Le Comte de Monte-Cristo" a été très souvent adapté depuis les origines du cinéma. Hélas, peu de ces adaptations sont des réussites. Même si je trouve la version muette de Henri FESCOURT satisfaisante, elle n'échappe pas au défaut récurrent des adaptations du roman de Alexandre Dumas: celui des coupes sombres dans l'intrigue. De ce point de vue, la mini-série de Denys de LA PATELLIERE réalisée à la fin des années 70 s'avère être le format idéal. L'ampleur de l'oeuvre d'origine se prête beaucoup mieux à six épisodes de 1h (remontés par la suite en 4 épisodes de 1h30) qu'en deux parties de 2h. On appelait encore ce type d'oeuvre audiovisuelle "feuilleton" en référence à la publication des romans du XIX° siècle en épisodes dans les journaux, ce qui avait été le cas de "Le Comte de Monte-Cristo". Elle restitue donc le roman dans sa quasi-intégralité et avec beaucoup de fidélité, même si de nombreux dialogues sont écourtés et que quelques personnages sont expédiés trop rapidement comme la très androgyne Eugénie Danglars et sa relation avec Louise d'Armilly. Mais développer ces questions était sans doute prématuré en 1979 sur une chaîne de télévision à une heure de grande écoute. Ceci étant, je fais la fine bouche étant donné que dans la plupart des adaptations françaises du roman, les Danglars n'existent pas du tout.

L'autre aspect qui fait de cette adaptation un incontournable pour les fans du roman de Dumas, c'est son aspect sépulcral. Plusieurs adaptations traitent le roman de Dumas avec légèreté sous prétexte qu'il s'agit d'une oeuvre populaire, certaines le tirant même vers le film de cape et d'épée ce qui est un contresens. La version de Denys de LA PATELLIERE est au contraire très sombre. Jacques WEBER prend son personnage au sérieux et réussit une composition très proche de celle qu'avait imaginé Alexandre Dumas. Son personnage est au sens propre un revenant qui semble avoir laissé à jamais une partie de lui-même au château d'If. Son visage émacié à la pâleur spectrale annonce la mort partout où il passe. Et ce même s'il parvient à la perfection à se mouler dans le jeu social de la restauration monarchique, empruntant diverses identités (que cette version restitue toutes: le Comte de Monte-Cristo, l'abbé Busoni, Lord Wilmore et Sinbad le marin, chacun d'eux parodiant les statuts sociaux que ses bourreaux parvenus se sont attribués). Comme tous les grands traumatisés, son Edmond Dantès dissimule sous l'impassibilité totale de son personnage de vengeur impitoyable une souffrance déchirante. Si comme dans les autres versions, on assiste à la déchéance de ses bourreaux qui se sont élevés au mieux malhonnêtement, au pire criminellement, l'ampleur de l'adaptation montre également les rouages de l'oppression sociale au sein de la famille bourgeoise, comparée à une prison ou un tombeau, notamment pour les filles réduites au rôle de marchandises vendues au plus offrant par le patriarcat tout-puissant quand elles ne sont pas éliminées pour de sordides questions d'héritage. C'est aussi cet ordre des choses que le Comte de Monte-Cristo remet en cause. Enfin cette vision sombre se maintient jusqu'au bout. Les actes du Comte, inspirés par une vision manichéenne du monde finissent par se retourner contre lui, menaçant d'engloutir le peu d'humanité qui lui reste.

En dépit de son âge et de défauts propres aux réalisations pour la télévision (une photographie pauvre et qui a mal vieilli) ainsi que quelques interprétations insignifiantes, cette version, illuminée par la musique de Nino Rota reste l'une des meilleures et ce n'est pas un hasard si le fils de Denys de LA PATELLIERE, Alexandre de la PATELLIERE prépare à son tour une nouvelle version du roman avec Pierre NINEY dans le rôle principal.

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Le Comte de Monte-Cristo: 1ere époque - la trahison

Publié le par Rosalie210

Robert Vernay (1953)

Le Comte de Monte-Cristo: 1ere époque - la trahison

 

La première adaptation en couleurs du roman de Alexandre Dumas "Le Comte de Monte-Cristo" est de nouveau visible après une restauration qui a permis de lui rendre son éclat, même si elle n'est pas parfaite. Pour information, Robert VERNAY avait déjà réalisé une adaptation du roman dix ans auparavant mais en noir et blanc avec Pierre RICHARD WILLM dans le rôle-titre. Dans la version en couleurs, c'est Jean MARAIS qui interprète Edmond Dantès. Les deux versions possèdent la même structure de deux parties de 1h30 chacune.

La version Vernay-Marais est agréable à suivre. Bien écrite, elle ne manque pas de spiritualité dans sa première partie. Les changements politiques sont racontés avec une certaine ironie, soulignée dans les dialogues par les réparties de Villefort mettant en lumière ses retournements de veste. Ses fiançailles donnent également lieu à une description très juste de ses futurs beaux-parents, le marquis et la marquise de Saint-Méran qui incarnent la nostalgie de l'Ancien Régime. Hélas, le réalisateur ne se sert pas ensuite de cette idée pour montrer comment ceux-ci et le monde révolu qu'ils incarnent sont anéantis dans la deuxième partie. D'autre part, comme dans la version de Henri FESCOURT que j'aime beaucoup, l'aspect théâtre social de l'intrigue est bien restituée. Un parallèle est ainsi établi entre la déchéance de Morcerf à la chambre des pairs et celle de Villefort lors du procès de Andrea Cavalcanti. De même, les retrouvailles entre Dantès et Mercédès ont lieu lors d'un bal masqué. Et comme dans le roman la bonne fortune ne sourit guère à Caderousse, le raté de l'histoire, un esprit faible qui prend systématiquement les mauvaises décisions.

Néanmoins cette adaptation possède également d'importants défauts. Comme la plupart d'entre elles, elle simplifie trop le roman au point de faire passer à la trappe le personnage de Danglars qui est pourtant non seulement le cerveau du complot contre Edmond Dantès mais l'arriviste du monde de la finance qui complète celui de la magistrature qu'incarne Villefort et celui de l'armée qu'incarne Morcerf durant la période de la Restauration et de la monarchie de Juillet propice aux anoblis et aux enrichis peu regardants sur les moyens de leur ascension sociale. Autre gros problème, le personnage de Dantès est dénaturé. Il n'a plus rien de tourmenté, ni de mystérieux. Il semble identique du début à la fin, alors que Edmond Dantès est décrit au départ comme un jeune homme simple et naïf que les épreuves transforment en vengeur manipulateur et mégalomane. Ce manque de profondeur est particulièrement flagrant dans sa relation avec Mercédès. Ils se retrouvent comme s'ils s'étaient quittés deux heures auparavant, Monte-Cristo tentant de convaincre Mercédès de s'enfuir avec lui comme si elle n'était pas mariée et n'avait pas de fils, comme si elle le fait qu'elle ne l'avait pas attendu n'avait aucune importance. Ce qui rend le passage où il se prépare au duel avec Albert incompréhensible. Mais ce n'est qu'une incohérence parmi d'autres dans cette adaptation sympathique mais bien trop légère.

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Le Comte de Monte-Cristo: 2ème époque - la vengeance

Publié le par Rosalie210

Robert Vernay (1954)

Le Comte de Monte-Cristo: 2ème époque - la vengeance

 

La première adaptation en couleurs du roman de Alexandre Dumas "Le Comte de Monte-Cristo" est de nouveau visible après une restauration qui a permis de lui rendre son éclat, même si elle n'est pas parfaite. Pour information, Robert VERNAY avait déjà réalisé une adaptation du roman dix ans auparavant mais en noir et blanc avec Pierre RICHARD WILLM dans le rôle-titre. Dans la version en couleurs, c'est Jean MARAIS qui interprète Edmond Dantès. Les deux versions possèdent la même structure de deux parties de 1h30 chacune.

La version Vernay-Marais est agréable à suivre. Bien écrite, elle ne manque pas de spiritualité dans sa première partie. Les changements politiques sont racontés avec une certaine ironie, soulignée dans les dialogues par les réparties de Villefort mettant en lumière ses retournements de veste. Ses fiançailles donnent également lieu à une description très juste de ses futurs beaux-parents, le marquis et la marquise de Saint-Méran qui incarnent la nostalgie de l'Ancien Régime. Hélas, le réalisateur ne se sert pas ensuite de cette idée pour montrer comment ceux-ci et le monde révolu qu'ils incarnent sont anéantis dans la deuxième partie. D'autre part, comme dans la version de Henri FESCOURT que j'aime beaucoup, l'aspect théâtre social de l'intrigue est bien restituée. Un parallèle est ainsi établi entre la déchéance de Morcerf à la chambre des pairs et celle de Villefort lors du procès de Andrea Cavalcanti. De même, les retrouvailles entre Dantès et Mercédès ont lieu lors d'un bal masqué. Et comme dans le roman la bonne fortune ne sourit guère à Caderousse, le raté de l'histoire, un esprit faible qui prend systématiquement les mauvaises décisions.

Néanmoins cette adaptation possède également d'importants défauts. Comme la plupart d'entre elles, elle simplifie trop le roman au point de faire passer à la trappe le personnage de Danglars qui est pourtant non seulement le cerveau du complot contre Edmond Dantès mais l'arriviste du monde de la finance qui complète celui de la magistrature qu'incarne Villefort et celui de l'armée qu'incarne Morcerf durant la période de la Restauration et de la monarchie de Juillet propice aux anoblis et aux enrichis peu regardants sur les moyens de leur ascension sociale. Autre gros problème, le personnage de Dantès est dénaturé. Il n'a plus rien de tourmenté, ni de mystérieux. Il semble identique du début à la fin, alors que Edmond Dantès est décrit au départ comme un jeune homme simple et naïf que les épreuves transforment en vengeur manipulateur et mégalomane. Ce manque de profondeur est particulièrement flagrant dans sa relation avec Mercédès. Ils se retrouvent comme s'ils s'étaient quittés deux heures auparavant, Monte-Cristo tentant de convaincre Mercédès de s'enfuir avec lui comme si elle n'était pas mariée et n'avait pas de fils, comme si elle le fait qu'elle ne l'avait pas attendu n'avait aucune importance. Ce qui rend le passage où il se prépare au duel avec Albert incompréhensible. Mais ce n'est qu'une incohérence parmi d'autres dans cette adaptation sympathique mais bien trop légère.

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Les Trois Mousquetaires- Milady

Publié le par Rosalie210

Martin Bourboulon (2023)

Les Trois Mousquetaires- Milady

J'ai pris tout mon temps pour voir la suite des aventures de d'Artagnan par Martin BOURBOULON, anticipant le fait que la suite n'allait pas confirmer les promesses du premier volet. Je ne me suis pas trompée. Faire une suite qui fonctionne, ça ne s'improvise pas. Or c'est exactement l'impression que m'a donnée cette brouillonne et anémique deuxième partie. Exit la mise en scène combinant plusieurs arcs narratifs qui donnait du relief à la première partie. Exit également la qualité d'écriture. On se retrouve avec une intrigue pauvre et décousue qui finit par se résumer à une enfilade de scènes de bravoure: le siège de la Rochelle (transposé à Saint-Malo), le combat d'Artagnan/Milady dans les flammes etc. Tout cela est mené avec une facilité si déconcertante qu'elle enlève tout suspens: on s'infiltre dans la citadelle comme dans du beurre, d'Artagnan braque Richelieu puis s'en va comme si de rien n'était (ils sont passés où les gardes du cardinal?), il suffit à Milady de changer de vêtements pour quitter sa prison sans être inquiétée et à l'inverse, D'Artagnan et ses amis y entrent armés jusqu'aux dents comme dans un moulin (les gardes de Buckingham ne sont pas plus réactifs que ceux de Richelieu). Ce n'est pas le fait d'être invraisemblable qui est problématique mais la désinvolture avec laquelle toutes ces séquences, visiblement bâclées tant au niveau de la dramaturgie que de la chorégraphie sont traitées. Cela va de pair avec l'autre gros problème du film, la dénaturation des personnages créés par Alexandre Dumas. D'Artagnan qui court après Constance durant tout le film et s'offusque presque des avances de Milady (un comble par rapport au roman où c'est lui qui abuse d'elle par la ruse) est inintéressant, Portos et Aramis font de la figuration. Mais les deux personnages les plus transformés sont Athos et Milady. Contrairement à ce qui est annoncé dans le titre, l'intrigue ne repose pas sur Milady et pour cause. Celle-ci s'est tellement ramollie que le scénario revu et corrigé lui épargne de faire couler le sang. Au lieu de trucider Constance, elle la prend dans ses bras. Et comme si cela ne suffisait pas, elle devient même une mère. Mais où est donc passé le monstre assoiffé de vengeance de Dumas? Quant à Athos, il semble regretter ses agissements envers Milady ce qui est impensable chez un grand seigneur dont la ligne de conduite est dictée par le code d'honneur propre à son rang qui lui sert à rendre une justice expéditive. Le fait de leur inventer un fils n'explique pas à lui seul le ramollissement de Milady, après tout, l'enfant n'arrêtait nullement la vengeance de "La Mariée" dans "Kill Bill : Volume 2" (2004). On ne sait pas trop où ce scénario revu et corrigé pour le pire veut nous emmener, sinon vers une nouvelle suite totalement déconnectée des romans de Dumas. Pas sûre d'avoir envie de suivre cette voie-là. Je n'aime guère quand il y a tromperie sur la marchandise, encore moins quand après avoir soigné la première partie, on torche à ce point le travail. Ni Alexandre Dumas, ni les spectateurs ne méritent cela.

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