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Frankenweenie

Publié le par Rosalie210

Tim Burton (2012)

Frankenweenie

"Frankenweenie" est le troisième long-métrage d'animation sur lequel a travaillé Tim Burton après "L'étrange noël de monsieur Jack" et "Les noces funèbres". Mais il n'avait pas réalisé le premier et n'avait pas sorti le second sous le label Disney (le premier non plus d'ailleurs, Touchstone étant une filiale de Disney destinée à produire des films plus adultes et Laïka étant le studio des productions de Genry Selick, réalisateur de "L'étrange noël de monsieur Jack" et de "Coraline".

Par ailleurs "Frankenweenie" est un remake du court-métrage live au titre éponyme que Tim Burton
 avait réalisé en 1984. Changement de format et de style oblige, l'histoire est bien plus développée et fait autant penser à "Vincent" qu'à "Edward aux mains d'argent" ou à "Ed Wood". Victor est un enfant différent comme Vincent, un solitaire à l'imagination débordante. Comme Ed, c'est un artiste qui réalise des films bricolés plein de créativité. Comme le "père" d'Edward, il joue les Prométhée pour donner naissance à une créature bien plus touchante et belle intérieurement que tout ce qui l'entoure et comme son nom de famille est Frankenstein, il convoque tout l'imaginaire (et l'atmosphère expressionniste) du film éponyme de James Whale (et de sa suite, la petite chienne dont Sparky est amoureux se dotant de la coiffure zébrée de la fameuse fiancée après son électrisation). Les efforts de Victor pour ressembler à un enfant WASP de la middle class lambda aboutissant à la mort de son chien adoré, il bascule dans une autre dimension aux apparences morbides mais qui l'est moins en réalité que celui dans lequel il vit. L'intolérance qui gangrène les banlieues pavillonnaires aboutit à l'excommunication du professeur de biologie lequel ne se prive pas par ailleurs de dire ce qu'il pense de la mentalité des parents. Et la fin prend la forme d'une chasse aux sorcières contre les monstres nés des expérimentations d'enfants tous plus bizarres les uns que les autres qui sèment la panique sur leur passage. On reconnaîtra toutes sortes de clins d'oeil à Godzilla, aux Gremlins, à la Momie, à Dracula alors que l'ensemble du casting de l'épouvante est représenté d'une manière ou d'une autre (Vincent Price, Christopher Lee, Boris Karloff...) Le résultat est moins horrifique que poétique et émouvant avec cette fragilité propre à l'animation en stop-motion qui fait de ce "Frankenweenie" une petite pépite.

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Rain Man

Publié le par Rosalie210

Barry Levinson (1988)

Rain Man

"Rain Man", c'est le sparadrap qui colle aux basques des représentations sur l'autisme au cinéma. Référence quelque peu écrasante et datée qui depuis a été certes rectifiée mais sans que cela ne déboulonne pour autant la statue du commandeur puisque tout film qui sort mettant en scène un autiste est aussitôt comparé à "Rain Man". Tout n'est certes pas mauvais dans cette représentation. On y voit que la place d'un autiste n'est pas à l'asile, que la différence se situe dans le cerveau et est donc neurologique (et non psychologique) et qu'il ne peut évoluer qu'en fréquentant le reste de la société. On précise également que le cas de Raymond Babbitt est exceptionnel, la majorité des autistes étant non verbaux. Il n'est pas précisé que c'est parce qu'il est atteint du syndrome d'Asperger c'est à dire d'une forme d'autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage. Pour autant le film a contribué à fixer des clichés tels que celui de l'autiste savant, surdoué d'un côté (pour les maths, forcément!), inadapté de l'autre. Evidemment c'est caricatural, beaucoup de ces formes d'autisme ne se manifestant pas de façon aussi voyante et extrême, ni d'un côté, ni de l'autre d'ailleurs. Le but est d'offrir à Dustin Hoffman de quoi réaliser un beau (quoique too much) numéro de composition. En face de lui, il n'y a franchement pas grand-chose à se mettre sous la dent. Son frère joué par un tout jeune Tom Cruise est un yuppie tête à claques obnubilé par les questions d'argent et qui ne tient pas en place. On se demande comment Raymond peut le supporter plus de cinq minutes à s'agiter dans tous les sens. Leur road movie est censé narrer comment des liens se créent entre eux mais la séquence à Las Vegas laisse un arrière goût amer d'exploitation de son don à des fins mercantiles qui donne une tonalité définitivement roublarde à l'ensemble.

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Poetry (Shi)

Publié le par Rosalie210

Lee Chang-Dong (2009)

Poetry (Shi)

"Poetry" est l'histoire d'une héroïne ordinaire. Une sorte de "grand-mère courage" prise dans une situation inextricable mais qui se débat et finit par en sortir par le haut. Autour d'elle, les relations humaines se caractérisent par leur médiocrité voire leur caractère sordide. Pour leur échapper, Mija se réfugie dans un club de poésie. Elle aimerait écrire mais avec tout ce qui lui arrive (et pompe son énergie vitale, la tire vers le bas), elle n'y arrive pas. Elle y arrive d'autant moins qu'elle perd peu à peu la mémoire des mots, étant atteinte d'un début de maladie d'Azheimer. Elle tente aussi le réconfort de la religion mais on la regarde avec désapprobation. Elle est en effet enchaînée au crime commis par son petit-fils qui vit chez elle et elle subit les pressions incessantes de la part des autres parents des gamins impliqués dans le viol collectif (suivi du suicide) d'une collégienne. Tous des hommes qui ne cherchent qu'à étouffer l'affaire en indemnisant la mère de la victime et en évitant les fuites dans la presse. Tout son corps désapprouve au point qu'elle ne peut pas rester plus de quelques minutes dans le même espace qu'eux (façon de dire qu'elle ne peut pas les sentir). De même et sans rien en laisser paraître, elle résiste à leurs injonctions. Devant la mère de la victime qu'ils l'ont forcé à rencontrer, espérant ainsi l'amadouer, elle n'échange que sur de belles choses, gratuitement, et se fait ainsi l'air de rien son alliée contre le club des riches mâles séouliens qui veulent l'acheter (le sexisme se double en effet de la différence de classe sociale, la mère de l'adolescente suicidée étant agricultrice). Mija s'identifie en effet à la jeune fille morte alors que toute communication avec son petit-fils s'avère impossible (un abruti que la culpabilité n'étouffe pas et dont le comportement chez sa grand-mère oscille entre la larve et le porc) et qu'elle ne peut compter sur personne puisque sa fille avec laquelle est est en mauvais terme lui a abandonné l'enfant. Mais Mija dans toute cette désespérance suit une lumière intérieure et finit par rencontrer une porte de sortie dans son club de poésie. Ironiquement, le flic aux textes grivois lui inspire d'abord de l'antipathie avant qu'elle n'apprenne ses actions anticorruptions qui vont à l'opposé de tout ce qu'elle a rencontré jusque là. Lee Chang Dong travaillant beaucoup dans la soustraction c'est à dire le hors champ dans un climat de pudeur et de retenue, on ne saura jamais ce qui s'est passé ensuite sauf que l'on en voit le résultat: le rétablissement d'une justice et la libération d'une voix que l'on a tenté de réduire au silence. Pas seulement celle de Mija mais aussi celle de la jeune fille suicidée qu'elle porte en elle. Donc oui, le titre a raison, c'est la poésie qui triomphe. 

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I'm Not There

Publié le par Rosalie210

Todd Haynes (2007)

I'm Not There

"I'm Not There" est un bel objet arty ultra sophistiqué pensé par et pour les happy few qui se gargariseront avec les multiples références parsemées tout au long du film. Les autres soit l'immense majorité risqueront de rester à quai pour reprendre l'une des métaphores du film qui voit deux des avatars de Bob Dylan sauter à bord d'un wagon de marchandises. Par peur sans doute de tomber dans la soupe des innombrables biopics académiques reconstituant la vie et l'œuvre d'un artiste, Todd Haynes a choisi une démarche inverse radicale, celle d'éclater le récit en plusieurs fragments façon puzzle, chacun étant interprété par un interprète différent dans un style différent. Pour corser le tout et perdre un peu plus le néophyte, les séquences s'enchaînent sans lien entre elles comme on saute du coq à l'âne et aucun personnage ne se nomme Bob Dylan, son nom ne sera d'ailleurs jamais prononcé durant le film. Le problème est que le titre qui fait référence au caractère insaisissable de l'artiste aux multiples vies et identités EST une réalité. Il n'est tout simplement pas là, faute d'incarnation. Ce que l'on voit, ce sont des images au sens de représentations totémiques qui ne sont jamais ramenées à une simple dimension humaine. Poésie et intellectualisme ne font pas bon ménage. La première suscite l'émotion, le second tient à distance. Un peu plus de modestie aurait été de rigueur d'autant que Bob Dylan n'est pas le seul artiste génial sur terre. Quant à ses engagements, ils sont réduits à quelques images-signes en toile de fond qui contrastent cruellement avec l'univers showbiz-paillettes qui est lui surdéveloppé, de même que ses histoires de cœur tout aussi "poseuses" dont on a que faire: le segment avec Charlotte Gainsbourg mélangé à des images de guerre du Vietnam est particulièrement ridicule et c'est bien dommage car le talent de Heath Ledger tourne à vide. Celui avec Cate Blanchett qui offre la prestation la plus mimétique est cependant un monument de vanité narcissique et singe de façon fatigante le "Huit et demi" (1963) de Federico Fellini. Les autres segments sont parfaitement inutiles, notamment celui avec Ben Whishaw dont les propos abscons ne sont là que pour surligner lourdement le symbole rimbaldien du "je est un autre". Reste le plaisir d'entendre les chansons et les textes de Bob Dylan mais cela peut se faire aisément dans un autre cadre que celui-ci d'autant que en dehors du réseau des initiés, il est plus du genre à provoquer ennui voire rejet du bonhomme, assimilé à un personnage détestable infatué de lui-même.

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I Love You Phillip Morris

Publié le par Rosalie210

Glenn Fincarra et John Requa (2009)

I Love You Phillip Morris

"I love you Phillip Morris" est à peu près le seul point d'ancrage de la vie rocambolesque et tapageuse de Steven Russell, un personnage d'escroc et d'imposteur mythomane haut en couleurs capable de se faire passer pour à peu près n'importe qui et de s'inventer 1000 vies (et qui a réellement existé). Sa véritable identité reste d'ailleurs un mystère puisque lui-même ne la connaît pas, ses parents biologiques l'ayant abandonné et refusant de lui communiquer la moindre information. Les réalisateurs, Glenn Fincarra et John Requa dont c'était le premier film s'amusent à jouer avec le spectateur qui tout comme Phillip (Ewan McGregor, mignon tout plein mais un peu transparent) ne sait jamais si ce que son amant lui raconte est du lard ou du cochon ce qui permet de multiples rebondissements jusqu'à la fin. L'ogre Jim Carrey est parfaitement taillé pour le rôle de cet homme insaisissable et son abattage fait merveille. Enfin en plus d'être une sorte de mise en abyme sur l'art du comédien (non plus "aux milles ruses" mais "aux mille visages"), le film est assez insolent, joyeusement carnavalesque (à défaut d'être véritablement subversif). On s'y moque de la religion, de la famille, de la loi, de la réussite et de toutes les valeurs morales de l'Amérique conservatrice. En revanche on y célèbre l'hédonisme, l'amour fou, l'homosexualité est montrée plus frontalement que dans "Le Secret de Brockeback Mountain" (2005) et les arnaques ingénieuses montées par Steven pour s'enrichir sont tout aussi jouissives que son talent houdinesque pour l'évasion. On comprend que le film ait eu du mal à trouver un distributeur aux USA même si comme je le disais plus haut, tout cela relève plus de la farce que du film véritablement engagé.

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Batman- The Dark Knight Rises (The Dark Knight Rises)

Publié le par Rosalie210

Christopher Nolan (2012)

Batman- The Dark Knight Rises (The Dark Knight Rises)

Après un premier volet inégal mais offrant des propositions intéressantes et un second volet abouti qui a fait date, Christopher Nolan se vautre complètement sur ce troisième et dernier volet qui doit de ne pas avoir été jeté aux poubelles de l'histoire uniquement à la qualité de ses deux prédécesseurs. Il n'y a plus en effet aucune ambition, tant esthétique que narrative dans ce blockbuster académique qu'il a sans doute réalisé pour remplir un cahier des charges. La panne d'inspiration est manifeste de même que le manque d'implication. Tout ce qui faisait l'originalité et l'intérêt des films précédents disparaît au profit d'un déluge de scènes d'action vues 100 fois ailleurs. De même que la nuit et l'invisibilité se sont dissipées au profit de plans fixes et poseurs tournés en plein jour, le scénario est décalqué sur celui de 80% des superproductions US dans lesquelles l'Amérique joue à se faire peur pour mieux réaffirmer ses valeurs conservatrices. On a donc le sempiternel héritier qui veut terminer l'œuvre de son méchant de père (Ra's Al Ghul of course, le Joker, trop dérangeant n'est même pas évoqué) à savoir détruire Gotham City. Pendant ce temps Bruce Wayne qui est en petite forme boude dans son manoir (on le comprend au vu du scénario) mais humilié par le méchant à deux balles, il relève la tête et endosse le rôle de super-héros (rôle qu'il refusait jusque là) pour jouer les sauveurs, christique tant qu'on y est. Délivré du fardeau du costume de Batman (car seule l'enveloppe explose avec la bombe nucléaire), il pourra alors couler des jours heureux auprès de Catwoman sous l'œil rassuré d'Alfred qui a lui aussi terminé sa mission de père de substitution (c'est le seul personnage qui s'en tire à peu près honorablement dans ce naufrage, toujours impeccablement joué par Michael Caine). Au passage, on a droit à un petit cours d'édification civique dans lequel on apprend aux masses à se méfier des dangereux révolutionnaires communistes assoiffés de scalps de riches et de figures d'autorité qui deviennent alors de pauvres victimes. Quant au casting qui recycle le catalogue de "Inception" (2009) il a également laissé sa marque, peu glorieuse, à savoir la palme de la mort la plus ridicule (et la plus parodiée) du cinéma contemporain décernée à Marion Cotillard qui s'est pris les pieds dans l'interprétation d'un personnage dont l'écriture est particulièrement grotesque.

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Batman-The Dark Knight, le Chevalier Noir (The Dark Knight)

Publié le par Rosalie210

Christopher Nolan (2008)

Batman-The Dark Knight, le Chevalier Noir (The Dark Knight)

"The Dark Knight" pousse beaucoup plus loin les bonnes idées du premier volet en se débarrassant de la majeure partie des scories qui le plombaient. Tant et si bien que le super-héros Batman (Christian Bale) confine à l'abstraction, façon de dire subtilement qu'il s'agit d'une illusion (celle du "sauveur", marotte du cinéma américain attaché aux vigilante movies et autres justiciers hors la loi adeptes de l'autodéfense hérités du western). La dissolution du mythe Batman, définitivement fondu dans le décor ("dark knight" résonne comme "dark night") permet de donner une place prépondérante à des personnages bien plus denses, donnant au film une dimension de film noir tragique et post-apocalyptique dans laquelle plane l'ombre du 11 septembre. D'un côté, Harvey Dent (Aaron Eckart) surnommé le "chevalier blanc" parce qu'il veut nettoyer Gotham de sa pègre en s'appuyant sur la légalité et un discours intransigeant. Bien entendu cette figure de cire moraliste se dégonflera au premier assaut* et finira par tomber le masque (jusqu'à l'os pourrait-on dire) pour révéler sa propre monstruosité cachée. De l'autre, le Joker, surnommé le "maître du chaos" en raison de son nihilisme et de son anarchisme fou furieux. "Why so serious?" en effet quand plus rien n'a de sens et que l'état physique et mental est dégradé au point de considérer la société et ses valeurs comme une vaste blague dont il faut s'amuser avant de tout faire sauter. Alors qu'il y a encore un peu trop (par moments) de blabla inconsistant, Heath Ledger donne du poids à chaque mot qu'il prononce, rendant glaçant, terrifiant son personnage de clown psychopathe à l'intelligence supérieure avec son corps désarticulé et son maquillage baveux et défait. Ayant toujours un coup d'avance, s'infiltrant partout et manipulant tout le monde, le Joker apparaît comme l'ombre de Batman, la projection dévoyée de son désir de toute-puissance. Entre ces deux entités monstrueuses, Jim Gordon le flic intègre et modeste joué par Gary Oldman tente de sauver comme il le peut l'humanité de Gotham à défaut de sa démocratie, la première étant rudement mise à l'épreuve (la scène des Ferries) et la seconde gangrenée de toutes parts.

* L'insignifiance de sa petite amie Rachel (Maggie Gyllenhaal, aussi transparente que Katie Holmes dans le premier volet), sacrifiée par Batman et Gordon au nom de l'espoir qu'il représente pour sauver Gotham donne encore davantage cette impression d'ensemble vide envahi par la haine et le désespoir.

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Batman begins

Publié le par Rosalie210

Christopher Nolan (2005)

Batman begins

Alors que l'on ne parle plus que du rôle de sauveur du cinéma en salles gravement affecté par la pandémie du Covid-19 que doit jouer le dernier opus de Christopher Nolan, "Tenet" (2020), j'ai eu envie de revoir sa trilogie Batman. Autant le dire tout de suite, j'ai beaucoup de mal avec l'univers des super-héros de comics tant sur la forme que sur le fond au point de confondre encore récemment ceux de DC et ceux de Marvel (mais je me suis fait reprendre par un puriste lors d'une exposition des oeuvres de Nathan Sawaya qui leur était consacrée et depuis j'arrive à les distinguer). Evidemment quand le film est réflexif comme "Incassable" (2000) ou "Les Indestructibles" (2004), ça passe mieux. J'avais le souvenir de m'être ennuyée devant "Batman Begins" et fort heureusement, je l'ai davantage apprécié au deuxième visionnage. J'aime tout particulièrement trois choses: le soin apporté aux décors de Gotham City, très fortement inspirés du "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott. Le caractère théâtral du personnage de Batman, véritable fantôme d'un grandiose opéra urbain que la mise en scène rend aussi insaisissable que l'éther. Et enfin l'humanité qui se dégage de ses pères de substitution, Alfred le majordome (Michael Caine), le sergent puis lieutenant Gordon (Gary Oldman) et enfin Lucius Fox (Moirgan Freeman) qui travaille dans l'entreprise Wayne. Cela permet de supporter un scénario très "premier degré" c'est à dire sans zones d'ombre où les motivations de Bruce Wayne (Christian Bale) sont assez grossièrement surlignées à la manière de nombreux biopics. Vous saurez tout sur ses traumas d'enfance d'autant que "ça" explique le personnage qui paradoxalement ne possède plus une seule zone d'ombre alors que le charisme repose sur le mystère (mais le mystère dérange). Quant à la séquence initiatique en Asie, elle fait terriblement cliché d'autant que la présence de Liam Neeson me fait aussitôt penser à son personnage conventionnel de mentor dans la deuxième (ou première selon le critère retenu) trilogie Star Wars. Alors certes, Ducard est double mais qu'est ce qu'on s'en balance! (Tout comme la simpliste dualité du héros en fait). Rien à voir avec le vilain inoubliable du deuxième volet incarné par Heath Ledger.

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Crazy, Stupid, Love

Publié le par Rosalie210

Glenn Ficarra et John Requa (2011)

Crazy, Stupid, Love

N'étant guère sensible aux comédies romantiques (sauf exception!) j'ai eu envie de regarder ce film pour deux raisons: son casting plutôt alléchant et son duo de réalisateurs dont j'avais aimé le précédent film "I love you, Phillip Morris", hilarant et culotté. Autant le dire tout de suite, si l'on voit bien que "Crazy, Stupid, Love" n'est pas réalisé par des manchots avec une certaine élégance dans le choix des cadrages, des décors, des costumes, de la photographie qui le rend agréable à regarder, il n'en reste pas moins que le contenu est bancal. L'intrigue est pourtant prometteuse avec pour moteur le désir qui vient mettre la pagaille dans l'idéologie familiale américaine en bouleversant les repères générationnels. Le père, Cal (Steve Carell dans son rôle habituel) trompé par sa femme Emily (Julianne Moore) se retrouve dans une sorte de "supermarché du sexe" pour cadres sup et bobos branchés dans lequel il prend des leçons de séduction auprès d'un tombeur quelque peu dandy, Jacob (Ryan Gosling, un peu plus fringant qu'à l'ordinaire) qui pourrait être son fils. Pendant que Cal s'invente une seconde jeunesse plus aventureuse que celle, très plan-plan qu'il a vécu, la baby-sitter de 17 ans tombe amoureuse de lui. Elle-même est l'objet des fantasmes du fils de Cal âgé de 13 ans. Bref cela aurait pu prendre des allures d'un "American Beauty" inversé ou bien d'une screwball comedie moderne dans laquelle les hommes et les femmes auraient échangé les rôles. Rien de tout cela n'advient et la montagne accouche d'une souris. Après une scène drôlissime de règlements de compte entre hommes, chacun reprend sagement sa place. Cal retourne auprès de sa femme, Jacob se range et devient le gendre idéal et Robbie "comprend" qu'il doit attendre d'être un homme (comme Papa?) avant de pouvoir sérieusement prétendre à courtiser Jessica. Tout rendre donc dans l'ordre au final sur fond de discours bien-pensant destiné au public que les audaces de départ auraient pu effrayer. C'est sous-estimer le pouvoir du rire à faire accepter la subversion et c'est donc bien dommage.

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La Femme d'à côté

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1981)

La Femme d'à côté

"La Femme d'à côté" est l'avant-dernier film de François Truffaut. Il aurait pu s'intituler comme celui d'Alain Resnais réalisé à la même époque "L'amour à mort" (avec Fanny Ardant également mais dans un rôle secondaire). Ou bien "Une chambre en ville", comme le film contemporain de son compatriote Jacques Demy. François Truffaut voulait raconter une histoire d'amour qui fait peur. De celles qui foudroient et dont on ne se relève pas. De fait lorsque Mathilde (Fanny Ardant) revoit Bernard (Gérard Depardieu) pour la première fois après leur rupture, elle le fusille du regard. Truffaut connaissait visiblement intimement la relation entre Éros et Thanatos et c'est l'une des raisons qui expliquait son admiration pour Alfred Hitchcock. Le maître du suspense filmait les scènes d'amour comme des scènes de meurtre et vice versa. La passion destructrice de Mathilde et Bernard a en effet quelque chose d'hitchcockien mais sans le glamour. C'est la pulsion morbide qui prime dans le film que ce soit l'incapacité manifeste des amants à communiquer (voir la scène symbolique du téléphone où ils ne parviennent pas à se joindre tout en agissant de façon gémellaire), les tentatives de fuite ou de riposte de Bernard face à la toxicité de sa relation avec Mathilde ou la descente de celle-ci dans les affres de la dépression. Un mal-être profond, nourri de haine de soi qui s'exprime par la confession au psychanalyste bien impuissant à la soulager. S'il y a donc un romantisme indéniable dans leur histoire, celle-ci est montrée comme une addiction, une maladie incurable et létale, n'offrant pas d'alternative à la conjugalité terne dans laquelle les deux amants ont cherché refuge. En vain, leur incapacité à construire une relation comme à concevoir un enfant ensemble tout en ne parvenant pas davantage à couper le cordon et à tourner la page ("ni avec toi ni sans toi", "comment tourner la page quand elle pèse 100 kilos") signant leur arrêt de mort. Dans cette tragédie existentielle le chœur antique est incarné par Mme Jouve, une rescapée restée infirme après une tentative de suicide qui se fait le témoin compatissant des tourments qui se déploient sous ses yeux.

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