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Articles avec #comedie musicale tag

Que le spectacle commence (All That Jazz)

Publié le par Rosalie210

Bob Fosse (1979)

Que le spectacle commence (All That Jazz)

"All that jazz" est l'avant-dernier film de Bob FOSSE qui a obtenu la palme d'or à Cannes en 1980. Il m'a fait penser à une version musicale, flamboyante et sombre de "Le Testament d'Orphee" (1959) de Jean COCTEAU. D'autres le comparent à "Huit et demi" (1963) de Federico FELLINI. Parce que Joe Gideon (Roy SCHEIDER), c'est Bob FOSSEqui sent venir sa fin prochaine et décide de faire un dernier tour de piste avant de tirer sa révérence. Alors dans "All that jazz" ("Tout ce tralala"), il y a du très bon, du surprenant mais aussi de l'agaçant. Le très bon, c'est l'élaboration d'un spectacle "sexe, drogue and rock and roll" fait pour choquer les producteurs conservateurs et qui atteint parfaitement son objectif. Quelques chorégraphies plus intimistes avec la compagne, l'ex-femme et la fille de Gideon fonctionnent aussi très bien. Le surprenant est la juxtaposition d'Eros et de Thanatos. Evoquer en musiques et en images à l'aide d'un montage percutant et d'une musique entraînante la vie à cent à l'heure, l'opération chirurgicale et la mort est inhabituel: d'un côté les corps nus, chauds, vibrants de désir de l'autre la viande saignante et froide. Enfin pour ce qui est de l'agaçant, le bilan d'une vie tourne parfois trop à l'exercice de style narcissique où le "moi moi moi" supplante le chorégraphe de talent. Il faut dire que Gideon est un être excessif, travailleur acharné mais aussi jouisseur et coq de basse-cour, trônant en majesté au milieu de ses danseuses, des coups d'un soir pour la plupart au milieu desquelles se détachent son ex-femme, sa maîtresse et sa fille. L'exercice d'introspection penche ainsi vers l'autocélébration complaisante (même la mort prend la forme d'une jeune et jolie femme: Jessica LANGE) et si Bob FOSSE peut se le permettre étant donné son talent, cela coupe l'émotion.

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Devdas

Publié le par Rosalie210

Sanjay Leela Bhansali (2002)

Devdas

"Devdas" qui en 2002 a donné au public occidental l'occasion de découvrir le cinéma bollywoodien est une splendeur. Du grand spectacle à savourer sans modération. L'usine à rêves de Mumbai lui préfère les excès en tous genres, sollicitant les sens à l'extrême. "Devdas", ce sont 3h magiques dans un palais des 1001 nuits rempli d'acteurs et d'actrices à la beauté stupéfiante (Aishwarya RAI par exemple n'est rien de moins que la Miss Monde 1994!), d'or, de perles, de paillettes, de lumière, de cristaux, de voiles, de grelots, de couleurs, de parfums, de larmes, de danses et de chants absolument envoûtants. Je me souviens avoir découvert le film lors de l'exposition "Musique et cinéma" organisée à la Cité de la Musique à Paris en 2013. Au milieu d'extraits d'autres films, on pouvait voir l'ébouriffante séquence durant laquelle Paro (Aishwarya RAI) et Chandramukhi (Madhuri DIXIT) chantent et dansent sur "Dola re Dola" que j'ai revue depuis des dizaines de fois avec toujours le même émerveillement. Quant à l'histoire, mélodramatique à souhait (d'où le torrent de larmes que déversent les personnages), elle provient d'un classique de la littérature indienne datant de 1917 et adapté plusieurs fois au cinéma. On peut d'ailleurs voir sur les bonus du DVD une comparaison entre la fin choisie par le réalisateur de la version de 2002, Sanjay Leela BHANSALI et celle en noir et blanc de 1955. Derrière l'histoire d'amour impossible entre Paro et Devdas qui rappelle chez nous Roméo et Juliette (les castes se substituant aux rivalités claniques), le film se nourrit d'une symbolique traditionnelle porté par les couleurs, le rouge en particulier qui domine le film ainsi que par l'union de l'eau et du feu, deux éléments omniprésents. Quant aux danses qui sont si importantes dans le pouvoir d'envoûtement du film, elles puisent leurs chorégraphies dans des genres eux aussi traditionnels, disséqués là aussi dans les bonus du DVD qui décryptent notamment leur gestuelle. Tout comme les couleurs et la musique, elles permettent d'exprimer ce qui ne peut être montré frontalement, la passion physique en premier lieu.

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Barbie

Publié le par Rosalie210

Greta Gerwig (2023)

Barbie

"Barbie" qui est en passe comme son modèle en plastique de devenir un phénomène de société n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre. L'excellent début du film de Greta GERWIG rappelle quelle (r)évolution cette poupée a représenté pour les petites filles en 1959. Mais plutôt que de le faire sur un mode documentaro-pédagogique, elle a décidé de pasticher la séquence "A l'aube de l'humanité" de "2001 : l'odyssee de l'espace" (1968) dans laquelle un singe, éveillé par le monolithe apprend à se servir d'un os pour abattre ses proies. Le "monolithe" c'est Barbie qui sonne la révolte des petites filles confinées jusque-là au rôle étroit de mère au foyer miniatures et qui envoient soudainement valser dans l'espace leurs dînettes et leurs poupons pour embrasser le vaste monde qui s'offre à elles où tout devient possible, y compris être présidente et cheffe d'entreprise et tout cela dans des tenues chics et variées valorisant la féminité. Un monde dans lequel il est possible de s'autosuffire, l'homme alias Ken étant réduit au rôle de faire-valoir dépendant du regard de Barbie pour exister. Ce début tonitruant (et qui s'approprie déjà un film et une symbolique des plus phalliques) n'est que le début des festivités. Par un jeu de vases communicants entre le monde de Barbie et celui des humains, Greta GERWIG fait une satire souvent bien vue de notre monde réel très éloigné de l'idéal véhiculé par les poupées de Mattel. L'entreprise dont le PDG est joué par Will FERRELL a  beau avoir une déco et un dress code "pinkwashing", son administration est tout ce qu'il y a de plus phallocrate et monocolore, les justifications du PDG tournant en ridicule celles émises depuis des années par les conservateurs de tous poils pour surtout ne rien changer. C'est d'ailleurs malin de la part de Mattel (producteur du film) qui peut ainsi donner un sacré coup de jeune à son image en faisant son autocritique (comme quoi c'est possible aussi dans le monde capitaliste quand il s'agit de rebondir). Mais si ça peut faire réfléchir, tant mieux car la Barbie jouée par Margot ROBBIE dont le "happy face" de rigueur est effacé par une humeur dépressive, de la cellulite, des pieds plats (ceux de la poupée épousent la forme des chaussures à talon) et plein de questions sans réponses reflète en réalité sa propriétaire adulte, une employée de Mattel (America FERRERA) dont le monologue sur les injonctions contradictoires faites aujourd'hui aux femmes tape dans le mille: c'est à la fois une critique du monde réel et du monde idéal de Barbie qui en dépit de toutes ses déclinaisons ethniques et physiques (rappelées dans le film) reste associée à un modèle stéréotypé de blondeur, de jeunesse, de minceur et d'hypersexualisation qu'incarne Margot ROBBIE.

Mais le film ne s'intéresse pas qu'à Barbie, il accorde une grande place à Ken qui se pose lui aussi des questions sur son identité. Car si Barbie est bouleversée de découvrir que le monde réel n'en a pas fini avec le patriarcat et la considère comme un objet sexuel, Ken qui jusque là n'existait qu'à travers Barbie s'autonomise et va importer les modèles masculins du monde réel dans Barbieland, reproduisant ainsi des comportements paternalistes et machistes bientôt tournés en ridicule par la contre-offensive des Barbies. Ryan GOSLING est très bon dans le registre de l'autodérision, son Ken est désopilant, qu'il soit "beach" ou "cow-boy".

"Barbie" est donc un divertissement intelligent et délicieusement pop, rendant hommage en prime à des films et genres populaires (les comédies musicales, "Toy Story 3" (2010) qui faisait intervenir Barbie et Ken, "Retour vers le futur II") (1989). Je ne suis pas sûre que les 14 films prévus par Mattel pour relancer les ventes de ses jouets seront de la même qualité...

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Les Producteurs (The Producers)

Publié le par Rosalie210

Mel Brooks (1967)

Les Producteurs (The Producers)

"Les producteurs" est le premier long-métrage de Mel BROOKS. Il s'agit d'une satire du milieu du théâtre new-yorkais, plus précisément des productions de comédies musicales de Broadway. L'histoire n'étant pas exempte d'ironie, le film a été adapté à son tour avec succès en comédie musicale en 2001 à Broadway et récemment à Paris sous la houlette de Alexis MICHALIK.

Le film se divise en trois parties. La première, principalement filmée à l'intérieur du bureau de Max Bialystock (Zero MOSTEL) montre la petite cuisine peu ragoûtante qui préside à la décision de monter le spectacle. En gros une escroquerie pour empocher l'argent d'investisseurs principalement composées des clientes âgées et fortunées de Max, une situation qui n'est pas sans faire penser à celle des vieilles, richissimes et généreuses maîtresses de M. Gustave dans "The Grand Budapest Hotel" (2013). A ceci près que Max et son bureau sont cradingues alors que M. Gustave est le raffinement personnifié. Par ailleurs Max trouve un partenaire privilégié en la personne de Leo Bloom (Gene WILDER dans son premier grand rôle), un petit comptable trouillard, efféminé et infantile (son doudou à lui n'est pas Bourriquet mais un vieux morceau de couverture ^^). La deuxième partie porte sur le choix de l'équipe qui montera la pièce, l'occasion trop belle d'offrir une galerie de personnages plus délirants les uns que les autres et des associations incongrues (un auteur nostalgique du III° Reich avec un metteur en scène gay et un acteur principal inénarrable). La troisième partie relate le spectacle lui-même "Le printemps d'Hitler", monument de mauvais goût mais qui pris au second degré par le public devient un succès retentissant au grand dam des producteurs qui espéraient capitaliser sur son échec annoncé.

Bien que j'ai personnellement trouvé le film inégalement drôle, j'ai eu plaisir à retrouver un humour juif tournant en dérision aussi bien le nazisme que le capitalisme, humour que l'on retrouve chez les Marx Brothers (d'ailleurs Gene WILDER me fait penser à Harpo MARX), chez Woody ALLEN évidemment (Groucho MARX étant l'un de ses maîtres) mais aussi chez les frères Coen. Ainsi je me suis demandé si la chorégraphie "croix gammée" à la Busby BERKELEY filmée en plongée n'avait pas inspirée celle des quilles et des boules de "The Big Lebowski" (1998) qui est aussi une satire carabinée du capitalisme américain avec une légère touche allemande.

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Ave, Cesar! (Hail, Caesar!)

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (2015)

Ave, Cesar! (Hail, Caesar!)

Je n'ai pas aimé "Ave, César" qui m'a rappelé le film qui m'avais temporairement fâchée avec les frères Coen, "Le Grand saut" (1994). "Ave, César" a en commun avec ce dernier de rendre hommage au septième art. La forme en est toutefois différente. Au lieu de construire un film bourré de clins d'oeil à d'autres films, "Ave, César" qui adopte un ton plutôt satirique nous plonge au coeur des studios hollywoodiens des années cinquante. Alors certes, les reconstitutions de scènes de tournage des différents genre en vogue à l'époque sont belles (comédie musicale, western, péplum et chorégraphie aquatique à la Busby BERKELEY avec une Scarlett JOHANSSON dans le rôle d'une nouvelle Esther WILLIAMS) mais cela ne fait pas un film, tout au plus une suite de tableaux mal reliés entre eux. Le problème se situe au niveau des personnages, mal écrits à l'exception de Eddie Mannix (Josh BROLIN) qui est le fixeur des studios Capitole c'est à dire qu'il a pour mission d'étouffer dans l'oeuf tout potentiel scandale relatif aux stars employées par le studio avant qu'ils n'éclatent dans la presse spécialisée. Celle-ci est incarnée par deux soeurs jumelles concurrentes jouées par Tilda SWINTON, une habituée du dédoublement mais cette variante du "bonnet blanc et blanc bonnet" fait ici chou blanc tant les soeurs sont peu différenciées (le spectateur peu attentif peut croire que c'est la même personne). La narration se disperse en autant de sous-intrigues que de cas à régler par Mannix (lui-même étant sous exploité, puisque son rôle se résume à passer les plats) dont le manque d'intérêt est flagrant. Le pire est le personnage joué par George CLOONEY, un crétin (pour changer) qui est kidnappé par des communistes aux propos interminables et nébuleux: ennuyeux au possible! Quand on compare ce film à "Babylon" (2021) qui sur le fond en est assez proche, on mesure le gouffre qui les sépare.

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Brigadoon

Publié le par Rosalie210

Vincente Minnelli (1954)

Brigadoon

"Brigadoon" est le premier film tourné par Vincente MINNELLI en Cinémascope, une rêverie enchantée dans laquelle deux américains échappés de l'enfer citadin new-yorkais partent se ressourcer dans la vieille Europe. Plus exactement dans une Ecosse fantasmée où les décors naturels de landes et de lochs sont remplacés par des toiles peintes noyées dans la brume d'où émerge peu à peu un village endormi qui ne figure sur aucune carte. Tommy (Gene KELLY) tombe amoureux de Fiona (Cyd CHARISSE) avec laquelle il forme un duo "de rêve". Et c'est bien là le problème. Car Fiona ne peut quitter le village, tout comme les autres habitants sous peine de voir celui-ci être anéanti. C'est le prix à payer pour pouvoir vivre hors du temps. Dès lors, Tommy est écartelé entre son rêve irréel et la réalité désenchantée. Car "Brigadoon" n'est censé prendre vie qu'une journée tous les 100 ans et il pense donc que quitter ce paradis perdu (ou cette prison dorée, le film ne lève pas tout à fait l'ambiguïté et c'est très bien ainsi), c'est le perdre pour toujours.

Selon que l'on adhère ou non aux conventions du genre, de l'époque et de l'histoire qui est proche du conte de fées (ou de sorcières), "Brigadoon" peut être perçu comme une merveille ou bien comme légèrement désuet. Néanmoins, on ne peut lui retirer la beauté de ses décors, de ses costumes, la qualité de sa photographie, de sa lumière et la virtuosité des numéros chantés et dansés, ma préférence allant à l'entraînant "I'll go home with Bonnie Jean".

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Priscilla, folle du désert (The Adventures of Priscilla, Queen of the desert)

Publié le par Rosalie210

Stephan Elliott (1994)

Priscilla, folle du désert (The Adventures of Priscilla, Queen of the desert)

Autant les films tournés dans le désert américain réservent peu de surprises avec des personnages qui se fondent dans le paysage (on y trouve des cow-boys, des indiens, des hors-la-loi, des pionniers) autant ceux tournés dans le désert australien sont à l'inverse oxymoriques (et souvent cultes et fauchés!). Evidemment on pense à l'univers post-apocalyptique de "Mad Max" (1979) mais aussi aux jeunes filles en fleur avalées par la roche de "Pique-nique à Hanging Rock" (1975) et enfin aux trois drag-queens traversant le désert dans leur bus rose et leurs incroyables costumes chatoyants dans "Priscilla, folle du désert". Le film bénéficie d'une image remarquable avec un tournage en format cinémascope qui met en valeur les décors naturels grandioses dans lesquels se meuvent les personnages et une photographie haute en couleurs. Il est aussi doté d'une bande-son riche en tubes disco qui a également fait beaucoup pour sa pérennisation (il a été logiquement adapté pour les planches de Broadway, Londres et Paris). Il dispose d'un casting trois étoiles avec Terence STAMP, impérial dans un rôle à contre-emploi, Guy PEARCE dans son premier film important et Hugo WEAVING dont la notoriété n'avait pas encore franchi les frontières de l'Australie (il faudra pour cela attendre la trilogie "Matrix" (1998) et son rôle d'Agent Smith, ce qui d'ailleurs ajoute du piment rétrospectivement à sa prestation dans le film de Stephan ELLIOTT). Enfin comme souvent dans les road movies, la trajectoire physique dissimule une quête identitaire. Les trois personnages se cherchent et cherchent leur place dans le monde à travers leur traversée du désert et leur confrontation avec les autres. Evidemment leur expérience est bien différente selon qu'ils tombent sur des aborigènes, des "rednecks" australiens ou des électrons libres comme eux. Les thèmes abordés, avant-gardistes pour l'époque (d'où sans doute l'aspect excessif voire provocateur du film avec ses touches de mauvais goût) sont profondément actuels: l'homophobie pour Adam/Felicia, la transidentité pour Ralph/Bernadette et l'homoparentalité pour Anthony/Mitzi qui est amené à faire un double coming-out, auprès de ses compagnes de voyage qui ignorent l'existence de sa première famille et auprès de son fils qui ne l'a jamais connu mais qui semble bien plus à l'aise que lui sur ces questions.

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New-York, New-York

Publié le par Rosalie210

Martin Scorsese (1977)

New-York, New-York

Qui ne connaît pas la chanson "New York, New York", énorme hit de Frank SINATRA en 1979? Elle contribua à la reconnaissance publique du film de Martin SCORSESE sorti deux ans plus tôt qui avait été un échec commercial. Il faut dire qu'avec sa seule comédie musicale, le réalisateur tentait le mariage de la carpe et du lapin: un hommage aux comédies musicales en technicolor de la MGM des années 50 et une relecture critique du genre à l'aune du cinéma d'auteur indépendant des années 70 lorgnant du côté de John CASSAVETES. A l'image du couple improbable formé par Liza MINNELLI rejouant à la fois la partition de son père (la séquence "Happy Endings") et de sa mère (avec une trajectoire comparable à celle de "Une étoile est née") (1954) et de Robert De NIRO en saxophoniste de jazz au comportement ingérable. Plus qu'à une histoire d'amour à laquelle on ne croit guère (il n'y a aucune alchimie entre les deux acteurs qui semblent évoluer dans des sphères séparées), c'est à une guerre d'ego à laquelle on assiste entre deux personnalités artistiques aux parcours incompatibles avec en point d'orgue la chanson qu'ils sont censé écrire à quatre mains mais là encore, on ne verra rien d'autre que le résultat final. Si tout l'aspect grand spectacle du film est très réussi avec quelques scènes vraiment superbes comme celle de la rencontre entre Francine assise à table et Jimmy fendant la foule pour draguer tout ce qui bouge le tout dans un bain de danse et de musique d'une grande fluidité avec une bande originale en or (due aux compositeurs de "Cabaret" (1972) qui mettait déjà en scène Liza MINNELLI), l'aspect intimiste fait lui cruellement défaut. Les deux personnages s'évitent ou s'affrontent comme dans un ring de boxe tout en restant dans la superficialité. On est très loin de la profondeur des tourments endurés par les personnages de John Cassavetes et de la mise à nu humaniste dont son cinéma était capable.

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En suivant la flotte (Follow the Fleet)

Publié le par Rosalie210

Mark Sandrich (1936)

En suivant la flotte (Follow the Fleet)

Aucun des films tournés par Fred ASTAIRE et Ginger ROGERS pour la RKO n'est véritablement bon en soi, pas même leur plus célèbre, "Top Hat" (1935). La différence entre eux provient surtout de la qualité et de la quantité de leurs numéros dansés et/ou chantés. Ces deux virtuoses parfaitement assortis aussi inventifs que perfectionnistes n'auraient pas pu nous proposer des numéros d'anthologie sans des compositeurs de premier choix (dans "En suivant la flotte", le successeur de "Top Hat" c'est Irving BERLIN qui les a créés) et sans les chorégraphies de Hermes PAN. Quant à Mark SANDRICH qui a réalisé cinq de leurs films (dont "Top Hat" et "En suivant la flotte"), on peut lui reconnaître d'avoir su les mettre en valeur. Le reste est oubliable et aurait été oublié depuis longtemps sans leur présence. C'est d'ailleurs en partie ce qui explique le fait que "En suivant la flotte" soit considéré comme moins réussi que leurs films les plus célèbres. Le duo n'était pas prévu et s'est inséré dans une intrigue dont les héros étaient à l'origine Randolph SCOTT (qui devient le meilleur ami de Astaire) et Harriet HILLIARD (qui devient la soeur de Rogers). De ce fait, leur présence est écourtée, de même que leurs prestations. Du moins ensemble. Car Ginger ROGERS a droit en revanche à 19 minutes de numéros chantés ou dansés, le record de sa filmographie dont un solo de claquettes en short qui met en valeur son jeu de jambes. Cela va de pair avec une histoire où les sexes sont séparés (par la Navy notamment) et où chacun mène sa barque de son côté. Par conséquent l'intérêt pour le film, qui semble bien longuet, s'en ressent en dépit d'un beau numéro final ("Let's Face the Music and Dance") qui est aussi une performance insoupçonnable (la robe de Rogers pesait plus de 12 kilos et dans la prise finalement retenue, elle gifle involontairement Astaire avec sa manche).

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Good Morning England (The boat that rocked)

Publié le par Rosalie210

Richard Curtis (2008)

Good Morning England (The boat that rocked)

Je n'avais pas trop aimé le film lors de mon premier visionnage: j'avais trouvé cet entre-soi masculin un brin potache légèrement indigeste sur les bords. Un deuxième visionnage a quelque peu rectifié le tir. L'ambiance sur le bateau déglingué de Radio Rock flottant dans les eaux internationales de la mer du Nord est digne d'une cour d'internat mais chacun des DJ est un franc-tireur dont la simple existence est un défi à l'autorité. Sans eux, jamais la musique pop-rock qui était alors en pleine effervescence créatrice au Royaume-Uni n'aurait rencontré un tel écho. Le film est un hommage aux radios pirates telles que Radio Caroline ou Radio London. Dans les années 60, le pays était en effet mis sous cloche par une chape de puritanisme incarné par des dirigeants psychorigides sinistres qui contrôlaient les médias. La musique rock jugée trop sulfureuse était cantonnée aux marges des programmes officiels alors qu'elle constituait un échappatoire pour une grande partie de la société, particulièrement la jeunesse en quête de liberté et d'émancipation qui se branchait clandestinement sur les radios-pirates*. La guerre des ondes se déroulait donc off-shore, loin du contrôle d'un Etat qui pourtant avait su en son temps utiliser la radio comme outil de combat. Leur acharnement à faire taire les voix dissonantes est délicieusement tourné en dérision dans le film, y compris par les acteurs qui les incarnent (Kenneth BRANAGH qui va chercher l'inspiration du côté d'Hitler). Par contraste, les pirates turbulents et joyeusement immatures de Radio Rock en deviennent forcément sympathiques d'autant qu'ils sont interprétés par de grandes pointures qui s'en donnent à coeur joie: Philip SEYMOUR HOFFMAN dans le rôle du seul américain à bord qui se fait donner du "comte" est gargantuesque et sa rivalité avec le charismatique Gavin (Rhys IFANS) donne lieu à de belles idées de mises en scène. S'y ajoute un Bill NIGHY impérial, plein de classe et de rage et toute une ribambelle d'acteurs moins connus mais bien allumés...ou éteints pour les plus "babas" d'entre eux. Richard CURTIS est doué pour les films choraux mettant en scène de nombreuses vedettes et si souvent ça vole pas très haut, c'est transcendé par l'énergie et le panache des acteurs** ainsi que par la bande-son omniprésente.

* On retrouve cette tension entre puritanisme et esprit rock aux USA dans "ELVIS" (2020) par exemple. En France, la légalisation des radios libres est évoquée dans "Les Magnétiques" (2021). Si aujourd'hui, le pouvoir politique a cessé d'exercer son emprise sur la culture dans le monde occidental, il a été remplacé par le monde des affaires qui l'a tellement mercantilisée qu'elle est devenue largement inoffensive (et quand elle ne l'est pas, elle reflète les fractures sociétales d'aujourd'hui).

** Même les actrices dont le rôle est très réduit et formaté arrivent à tirer leur épingle du jeu notamment Gemma ARTERTON et Emma THOMPSON.

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