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A Scene at the Sea (Ano natsu, ichiban shizukana umi)

Publié le par Rosalie210

Takeshi Kitano (1991)

A Scene at the Sea (Ano natsu, ichiban shizukana umi)

Troisième film de Takeshi KITANO après "Violent cop" (1989) et "Jugatsu" (1990), "A Scene at the Sea" marque un tournant dans sa filmographie. Pas sur le plan de sa réception qui reste encore confidentielle. Le film n'est pas plus que les précédents distribué en dehors du Japon qui boude son œuvre de cinéaste. Le pays du soleil levant n'a aucune considération pour celui qu'elle considère seulement comme l'amuseur public numéro 1 à la télévision. Mais sur le plan du contenu, "A Scene at the Sea" est une petite révolution par rapport aux deux précédents films par son caractère d'épure contemplative et poétique. Takeshi KITANO n'apparaît pas à l'écran et la violence est totalement absente d'un film où ne figure ni flic ni yakuza. D'autre part il s'agit d'un film quasiment sans paroles du fait qu'il nous plonge dans la bulle sensorielle de deux sourds-muets. Peu de paroles donc (comme dans les films ultérieurs peuplés de personnages plus mutiques les uns que les autres) ainsi qu'une expressivité faciale et corporelle minimaliste qui renvoie à toute une tradition culturelle (l'estampe et le théâtre notamment) mais aussi au clown blanc du type Buster KEATON ou Jacques TATI. Mais par ailleurs une sensibilité exacerbée dans la perception d'un univers où la musique et la peinture jouent un rôle crucial. C'est le premier film auquel participe Joe HISAISHI qui sera le fidèle compositeur des films de Takeshi KITANO jusqu'à "Dolls" (2002). Pour "A Scene at the Sea", il compose des mélopées lancinantes qui font penser au flux et au reflux des vagues. D'autre part les scènes sont composées comme des tableaux ce qui renvoie à l'activité d'artiste-peintre de Takeshi KITANO. Les scènes-tableaux de "A Scene at the Sea" se composent de lignes claires parallèles ou perpendiculaires à la mer qui se répètent de façon hypnotique jusqu'à créer un paysage géométrique à la Mondrian. On pense également aux rimes d'un poème. Rimes et lignes qui se répètent jusqu'à l'infini ou jusqu'au néant. Car cet appel du large qui obsède Shigeru et le pousse à apprendre le surf (et à délaisser son travail d'éboueur on ne peut plus symbolique!) finit-il par l'engloutir ou bien au contraire le libère-t-il de la pesanteur et de l'enfermement de son existence? Le mystère reste entier, le film laissant son acte en hors-champ. Seule reste sa planche de surf et un carton affiché sur l'écran "il est devenu poisson".

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La poursuite impitoyable (The Chase)

Publié le par Rosalie210

Arthur Penn (1966)

La poursuite impitoyable (The Chase)

Une petite ville du sud des Etats-Unis au milieu des années 60. C'est le samedi soir. Les fêtes y tournent à l'aigre. On se noie dans l'alcool, la débauche ou bien on sort son flingue avec l'envie d'en découdre. "La poursuite impitoyable" qui a des accents de "Furie" (1936) vous prend par les tripes et ne vous les lâche plus. Comme les personnages, on est "happé" dans un maelstrom de haine et de violence. Le respect des trois unités (lieu, temps, action) y participe beaucoup mais c'est aussi un climat de tensions exacerbées qui rend ce film aussi immersif (comme quoi, il n'y a pas besoin d'effets spéciaux sophistiqués pour cela).

Lorsque le shérif Calder (Marlon BRANDO) explique à sa femme Ruby (Angie DICKINSON) qu'il ne veut pas d'enfant parce qu'il grandirait à l'ombre d'une prison, on comprend qu'il ne parle pas de son bureau (qui d'ailleurs apparaît plutôt comme un abri bien fragile) mais de la ville texane de Tarl. Un vrai cloaque dans lequel sont englués tous les personnages. Il n'est pas innocent que le fil conducteur de l'histoire soit la tentative de fuite de son ange blond déchu, Bubber Reeves (Robert REDFORD) qui finit par s'y briser les ailes. Comme si une chaîne invisible (le cordon ombilical non coupé avec sa mère avec qui les relations semblent lourdes de contentieux?) le reliait à Tarl, il est toujours ramené en arrière comme le montre la scène du train qu'il prend à contresens. En arrière et vers le sol. L'Amérique profonde des années 60 est dépeinte comme un enfer sur terre. Un monde clos sur lui-même, étouffant, où l'air est vicié et où les relations humaines sont perverties par l'argent, le puritanisme, les conventions sociales et le racisme qui en 1966, époque de la lutte pour les droits civiques reste virulent. La famille, si sacro-sainte aux Etats-Unis est particulièrement mise à mal. Les relations de couple sont tellement en crise que l'adultère semble être devenu la règle comme le montre l'exemple du couple Stewart avec un mari impuissant Edwin (Robert DUVALL) que sa femme Emily (Janice RULE) piétine de ses railleries et trompe ouvertement avec l'autre vice-président de la banque, la brute locale Damon (Démon?) Fuller (Richard BRADFORD) sous les yeux de son épouse abrutie par l'alcool. Les relations parents-enfants ne sont pas plus heureuses. Val Rogers (E.G. MARSHALL) le nabab de la ville perd son fils Jake (James FOX) dont il a dirigé la vie au détriment de son bonheur personnel. Jake, tout comme Calder ne veut d'ailleurs pas avoir d'enfant. Le beau-père de Anna (Jane FONDA) ne pense qu'à s'approprier son héritage. Les parents de Bubber se reprochent de n'avoir pu l'empêcher de mal tourner. Pas étonnant que dans une telle atmosphère, le nihilisme soit si puissant. Car c'est toute la ville qui semble privée d'avenir.

L'annonce de l'évasion de Bubber suivi d'un meurtre dont il est accusé et c'est l'embrasement: toutes les pulsions refoulées s'expriment dans des manifestations collectives d'une effroyable sauvagerie. Face à des groupes d'hommes armés, avinés et violents, la loi semble impuissante à empêcher les lynchages et cette violence aveugle montre que les mentalités de l'Amérique profonde n'ont guère évolué de la conquête de l'ouest jusqu'à nos jours.

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Le Grand bain

Publié le par Rosalie210

Gilles Lellouche (2018)

Le Grand bain

Un film dont la devise est "réveille la fille qui est en toi" ne pouvait que me plaire. Car il tient ses promesses: c'est toute une vision de la vie qui s'en trouve retournée, celle de la "start-up nation" dans laquelle les protagonistes de l'histoire ne trouvent pas leur place. Tous sont des losers dont la virilité est mise à mal. Mais parce qu'ils sont sept (plus le pilier), chiffre de l'union des contraires, ils sont coachés par des filles elles aussi frappées par l’adversité. Et ils cherchent la femme qui est en eux c'est à dire la forme parfaite, celle de l'homme de Vitruve de Léonard de Vinci qui réunit le cercle et le carré, c'est à dire l'homme et la femme. La métaphore du cercle et du carré qui cherchent à s'emboîter ouvre et ferme le film. Les figures de leur prestation de natation synchronisée alternent l'une et l'autre de ces deux figures. Ces hommes cherchent une harmonie, une paix intérieure qui passe certes par un peu de reconnaissance mais au vu du sport "de fille" qu'ils pratiquent, cela ne peut en aucune façon les faire briller au-delà de leur cercle d'amis et de leur carré d'initiés. Mais c'est suffisant pour redresser la tête et prendre une revanche sur tous ceux qui dans leur entourage se moquaient d'eux. Particulièrement la sœur et le beau-frère de Claire (Marina FOÏS) qui considèrent son mari dépressif Bertrand (Mathieu AMALRIC) comme un minable et feignent de la plaindre… de ne pas être partie en vacances depuis deux ans. Ou encore l'équipe de water-polo qui a fait de Thierry (Philippe KATERINE), le ramasseur de bouées de la piscine sa tête de turc.

Outre la mise en scène incisive et un véritable soin apporté à la photographie notamment lors des scènes de ballet aquatique, c'est le casting qui est décisif dans la réussite de ce film choral. Voir des acteurs venus d'horizons si divers jouer avec une telle générosité donne du baume au cœur. Outre Mathieu AMALRIC qui a enfin lâché ses rôles de bobos (je ne suis pas allergique à Godard et j’aime bien Rohmer mais Desplechin par contre...) le numéro déjanté de Philippe KATERINE (qui porte bien son patronyme!) est un atout maître. Benoît POELVOORDE offre lui aussi une excellente prestation en patron ripoux ainsi que Jean-Hugues ANGLADE en musicien raté obligé de travailler dans la cantine de sa fille pour subsister. Le fait de ne plus cantonner les acteurs dans une seule case est une excellente nouvelle pour l'avenir de la comédie en France.

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Fatty en bombe (A Reckless Romeo)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1917)

Fatty en bombe (A Reckless Romeo)

"Fatty en bombe" est le deuxième film tourné par Roscoe ARBUCKLE pour la Comique film corporation juste après "Fatty Garçon boucher" (1917). Il a été longtemps confondu avec le dernier film tourné par Roscoe ARBUCKLE pour la Triangle film Corporation en 1916, renommé depuis "A creampuff romance". Il est d'ailleurs possible que "A Reckless Romeo" (titre en VO de "Fatty en bombe") ait été commencé sous la Triangle et terminé sous la Comique. D'autre part, bien que Buster KEATON ne soit pas crédité au générique, il est établi par la majorité de ses biographes qu'il fait un cameo dans le film, méconnaissable en mendiante aveugle.

A mon avis l'influence de Buster KEATON ne se limite pas au cameo. Il y a en effet une certaine sophistication dans la mise en scène de ce film avec une réflexion sur la narration filmique et le pouvoir des images. Comme dans certains des futurs longs-métrages de Buster KEATON comme "Sherlock Junior" (1923) et "Le Caméraman/L Opérateur" (1928), il y a un film dans le film. Un professionnel du cinéma s'invite dans l'intrigue pour filmer les débordements alcoolisés et lubriques de Roscoe ARBUCKLE qui débouchent sur une bagarre dont ce dernier sort le visage tuméfié. Puis le réalisateur projette le résultat sur un écran devant Fatty, son épouse (Corinne Parquet), sa belle-mère (Agnès Neilson), la jeune fille qu'il a embrassé (Alice LAKE) et son fiancé (Al St JOHN) provoquant une mise en abyme puisque la bagarre entre les deux hommes reprend dans la salle tout en se déroulant à l'écran. Pour complexifier encore la question de la représentation, Fatty a proposé auparavant à sa femme et à sa belle-mère sa propre version de l'histoire, autrement dit un film alternatif basé sur un gros mensonge. Dans le fake, il se donne le beau rôle de redresseur de torts et ses contusions sont des preuves de son courage. C'est cette version qui est la plus drôle avec du slapstick et le petit numéro de la mendiante aveugle qui s'avère elle aussi être un pur fake. Si ça ce n'est pas la signature de Keaton!

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Pulp Fiction

Publié le par Rosalie210

Quentin Tarantino (1994)

Pulp Fiction

"Pulp Fiction", le film le plus célèbre de Quentin TARANTINO a fait l'effet d'une bombe à sa sortie, devenant instantanément culte auprès du public tout en gagnant la reconnaissance critique. Ce film inclassable qui entremêle plusieurs genres (principalement le film de gangsters et la comédie burlesque) et plusieurs histoires sans respecter la chronologie fonctionne comme un puzzle à la manière du film de Stanley KUBRICK "L'Ultime razzia" (1956). Il fait également penser à un énorme chaudron à recycler les références d'où pourtant sort un alliage final profondément original. Tarantino n'hésite pas à exploser les barrières spatio-temporelles et à tenter des mélanges inédits entre toutes les formes de culture sans tenir compte d'une quelconque hiérarchie entre elles.

La séquence cultissime du Jack Rabbit Slim's est l'exemple le plus évident d'un empilement de références par strates temporelles: le décorum et la carte du restaurant évoquent les années 50 et ses stars dont Douglas SIRK, le duo Dean MARTIN et Jerry LEWIS, Elvis PRESLEY ou encore Marilyn MONROE dans "Sept ans de réflexion" (1955). Le concours et la chanson de Chuck Berry "You never can tell" se situent dans les années 60 tout comme la coiffure de Mia (Uma THURMAN) et le twist. Il s'agit en effet de références à Anna KARINA et au film "Bande à part (1964)" de Jean-Luc GODARD. John TRAVOLTA (Vincent) incarne les seventies à lui tout seul, comment ne pas penser à un revival de sa prestation dans "La Fièvre du samedi soir" (1977)? Enfin, Quentin TARANTINO fait des clins d'œil à ses propres films, passés et à venir. Le serveur du restaurant est l'un des membres du gang de son premier film "Reservoir Dogs" (1992) alors que le scénario du pilote de la série auquel a participé Mia Wallace dessine les contours du futur gang des vipères assassines de "Kill Bill : Volume 1 (2003) et sa suite.

Une autre scène remarquable fourmille de références mais au lieu d'être superposées, elles sont juxtaposées. Il s'agit du moment où Butch (Bruce WILLIS) décide de secourir Marcellus Wallace (Ving RHAMES). Chaque outil pouvant servir d'arme qu'il trouve dans le magasin de leurs tortionnaires évoque un ou plusieurs films parmi lesquels "Justice sauvage" (1973), "Massacre à la tronçonneuse" (1974) ou "The Toolbox murders" (1978) avant qu'il ne fixe son choix sur le katana, allusion aux films de chanbara. Les deux tortionnaires eux-mêmes évoquent ceux de "Délivrance" (1971), le film de John BOORMAN alors que la rencontre entre Butch au volant de sa voiture et Marcellus traversant la route est une allusion à "Psychose" (1960), l'épisode "The Gold Watch" s'inspirant largement de la première partie du film de Alfred HITCHCOCK (de l'intrigue policière avec l'argent volé pour refaire sa vie au basculement dans le film d'horreur avec le sous-sol de la boutique de prêt sur gages).

En dépit de sa structure complexe, on remarque que "Pulp Fiction" est construit principalement sur des duos: Vincent et Jules, Vincent et Mia, Ringo et Yolanda, Butch et Marcellus Wallace, Butch et Fabienne. Certains sont des couples, d'autres des partenaires. Mais c'est le sceau du secret qui lie Vincent et Mia ainsi que Butch et Marcellus Wallace. Le premier a involontairement plongé le second/la seconde dans une situation cauchemardesque (en lui permettant d'avoir accès à de l'héroïne ou en le livrant à des tortionnaires) et s'est ensuite racheté en le/la secourant. On remarque à ce propos l'importance des thèmes religieux dans un film qui se situe a priori aux antipodes tels que la résurrection (l'épisode de la piqûre d'adrénaline dans le coeur fait penser à un rituel vampirique inversé), la purification (tout l'épisode "The Bonnie situation" avec le nettoyeur Wolf joué par Harvey KEITEL) ou la rédemption de Jules (Samuel L. JACKSON), frappé par la grâce divine après ce qu'il considère comme un miracle, le fait d'être sorti indemne d'un face à face avec un homme armé qui a fait feu sur lui et sur Vincent sans les toucher.

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Une journée en Enfer (Die Hard 3 : Die Hard With a vengeance)

Publié le par Rosalie210

John McTiernan (1995)

Une journée en Enfer (Die Hard 3 : Die Hard With a vengeance)

Comme Simon (Jeremy IRONS), je propose un jeu: après avoir regardé "Piège de cristal" (1988) vous pouvez sauter par dessus la deuxième case, dispensable, des aventures de John McClane et vous rendre directement sur celle du 3, réalisé comme le premier par John McTIERNAN. "Une journée en enfer" est en effet et de loin la meilleure suite de toute la saga. Il faut dire que la multitude de clones pondus par Hollywood suite au succès du premier Die Hard obligeait le réalisateur à faire preuve d'originalité. C'est le scénario de Jonathan HENSLEIGH sur un flic blanc obligé de faire équipe avec un activiste noir pour contrer un terroriste poseur de bombes jouant à Jacques-a-dit ("Simon Says" en anglais) qui est retenu. Il permet à John McTIERNAN de jouer de façon virtuose tout au long du film sur deux registres: l'action et l'humour pour un résultat deux fois plus jouissif pour le spectateur. Il campe également des personnages hauts en couleur. On retrouve avec joie le McClane crasseux et vulnérable du premier volet, un McClane-épave migraineux abonné à la lose et à la bibine campé de manière toujours aussi parfaite par Bruce WILLIS (qui je le rappelle a plusieurs cordes à son arc: en plus d'être un bon acteur de films d'action, il est particulièrement brillant dans le registre comique tout en ayant aussi un grand talent dramatique). Mais cette fois, il n'est plus embarqué par hasard dans l'intrigue mais littéralement élu protagoniste principal par le méchant de l'histoire. A ses côtés, Carver (Samuel L. JACKSON) est un partenaire de jeu idéal, le film s'avérant être un excellent buddy movie. Il représente le bon samaritain pourtant rempli de méfiance envers les blancs. Enfin plus réussi sera le méchant, meilleur sera le film. Dans le premier film, c'était Hans Gruber un allemand tout en flegme et distinction british (joué par Alan RICKMAN). Dans le troisième, c'est également un allemand tout en flegme et en distinction british avec en plus un goût très affirmé pour l'escape game ^^. Normal, Simon est le frère de Hans (Gruber) et comme lui, il est imbu de sa personne tout en étant mû par la cupidité et le goût du pouvoir. Sous son impulsion, la ville de New-York, filmée nerveusement dans ses moindres recoins en caméra à l'épaule devient un jeu vidéo frénétique avec des défis en temps limité à relever. Il n'est guère étonnant que ce style une fois de plus précurseur ait fait école comme avant lui, celui de "Piège de cristal" (1988).

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58 minutes pour vivre (Die Hard 2: Die Harder)

Publié le par Rosalie210

Renny Harlin (1990)

58 minutes pour vivre (Die Hard 2: Die Harder)

Autant le dire d'emblée: je n'aime pas "58 minutes pour vivre". La raison en est simple: je trouve qu'il s'agit d'une pâle copie de "Piège de cristal" (1988). Une copie en mode bourrin. On prend les mêmes personnages, les mêmes situations (flic perspicace contre vilains terroristes et autorités sourdes et aveugles, journaliste en manque de sensationnalisme se prenant un bon coup de taser par Holly alias Bonnie BEDELIA), les mêmes punchlines, les mêmes boules de noël sur fond de Dean MARTIN et on recommence sur un autre terrain de jeu mais sans le charme et la spontanéité du premier film. Ce n'est pas l'humain qui est au centre du jeu comme on peut le voir avec les méchants semblables à des G.I Joe interchangeables mais une mécanique narrative très convenue. Le fait que John McTIERNAN n'ait pas réalisé cet opus est un facteur déterminant car toutes les qualités que j'ai apprécié dans "Piège de cristal" (1988) comme les face à face psychologiques, les passages de comédie, la critique pertinente des institutions, on les retrouve intacts dans le troisième volet "Une journée en Enfer" (1995) alors que "58 minutes pour vivre" réalisé par Renny HARLIN en est totalement dépourvu. Tout y fonctionne de manière caricaturale et il n'y a pas la place pour la moindre fantaisie. Les scènes d'action sont efficaces mais elles ne dissimulent pas toujours une mise en scène un peu grotesque comme le combat final sur l'aile de l'avion où McClane (Bruce WILLIS) affronte successivement le major Grant (John AMOS) puis le colonel Stuart (William SADLER) qui attend sagement son tour et n'a pas une seconde l'idée de tirer sur MacClane pendant qu'il affronte son premier adversaire alors qu'il a une vue panoramique sur la situation. Si néanmoins je ne descend pas complètement ce film, c'est pour deux raisons: le plaisir de retrouver le personnage de John McClane et le fait qu'il n'est tout de même pas le pire de la saga.

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Mélinda et Mélinda (Melinda and Melinda)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (2004)

Mélinda et Mélinda (Melinda and Melinda)


"Melinda et Melinda" est assurément un des films les plus faibles de Woody ALLEN. Il s'agit d'un exercice de style inspiré de "La Fête à Henriette" (1952) de Julien DUVIVIER où deux auteurs s'amusent à imaginer leur version de la vie d'un même personnage, Melinda Robicheaux (Radha MITCHELL). Dans la première version, Melinda est un personnage de tragédie et dans la seconde, c'est un personnage de comédie. Le problème est qu'on a bien du mal à voir où est la tragédie ou à l'inverse la comédie. Le petit milieu des intellos new-yorkais dont les préoccupations narcissiques tournent autour de la carrière, de problèmes de couple ou de marivaudages amoureux se prête mal à cet exercice. Les malheurs de Mélinda se résument pour l'essentiel à des histoires de mec et quand l'auteur de la version tragique veut la lester de problèmes plus graves comme un meurtre ou la garde des enfants, il rate son coup, versant dans le grotesque. Quant à la version comique, elle ne fait pas rire à part le personnage de Hobie (Will FERRELL) qui est un clone de Woody ALLEN. Le casting est hétéroclite avec d'un côté de très bons acteurs Chloë SEVIGNY ou Steve CARELL (hélas dans un tout petit rôle) et de l'autre Chiwetel EJIOFOR qui semble se promener en touriste dans le film et hérite des dialogues les plus ridicules du genre "j'ai vu ton âme à travers ton toucher", waouh ça c'est de la séduction subtile!

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Il était une fois en Amérique (Once upon a time in America)

Publié le par Rosalie210

Sergio Leone (1984)

Il était une fois en Amérique (Once upon a time in America)

"Il était une fois en Amérique", le film testamentaire de Sergio LEONE aurait pu tout aussi bien s'intituler "La vie est un songe". Son originalité tient au fait qu'il ne raconte pas cinquante ans de la vie d'un homme mais plutôt ce qui lui en reste au travers du prisme de ses souvenirs. Le film d'une mémoire sélective et orientée qu'il passe et repasse dans sa tête en fumant de l'opium. La forme, très proustienne, épouse cette temporalité éclatée, faite de réminiscences, d'ellipses et de moments dilatés. Ainsi 35 ans de sa vie se résument en une seule phrase évoquant l'incipit du premier roman de "A la recherche du temps perdu", "je me suis couché tôt" alors que des moments brefs comme la danse de Deborah ou la mort de Dominic sont devenus des instants d'éternité. Des sons et des images servent de sas temporels entre le présent et le passé: la sonnerie du téléphone, un trou dans les toilettes, une montre, un miroir, les phares d'un véhicule, une chanson (Yesterday des Beatles). La musique de Ennio MORRICONE contribue considérablement au halo de nostalgie qui imprègne le film.

Bien que non linéaire, le film reconstitue trois périodes de la vie de David Aaronson, surnommé Noodles (Robert De NIRO): son adolescence au début des années 20, son activité de jeune truand au début des années 30 et enfin le retour nostalgique sur les traces de son passé à la fin des années 60. Ses 12 ans d'emprisonnement et ses 35 ans d'exil constituant en revanche des trous noirs dans sa biographie.

La période la plus intéressante des trois est sans nul doute celle de la jeunesse dans le quartier juif new-yorkais du lower east side (celui dans lequel ont grandi à la même époque les Marx Brothers). L'étude sociologique et psychologique y est particulièrement poussée. Dans chacun des films de sa trilogie des "Il était une fois", Sergio LEONE filme la perte de l'innocence à travers l'assassinat d'un enfant. C'est la mort de cet enfant qui pousse David à tuer pour la première fois. On découvre en effet comment la délinquance est une pente naturelle dans un contexte alliant l'extrême pauvreté, l'abandon parental et l'injustice liée à la corruption des autorités symbolisées par un flic véreux. D'autre part et contrairement aux idées reçues selon lesquelles la corruption de la jeunesse daterait des images pornographiques de l'ère internet, la découverte de la sexualité chez les jeunes de cette époque se fait sur le mode sordide de la prostitution. Chez le héros, elle entraîne une dissociation destructrice entre l'amour et le sexe, les femmes étant soit des figures éthérées, soit des objets sexuels (le dualisme vierge/putain si caractéristique des sociétés patriarcales).

La période de la Prohibition permet aux activités mafieuses de la bande à Noodles de prospérer mais elle détruit ce qui lui reste d'idéaux et d'illusions, son côté sentimental s'avérant incompatible avec le milieu de la pègre. Les dissensions se creusent entre lui et son meilleur ami Max (James WOODS) dont les rêves de gloire et de fortune sont sans limites. C'est en voulant le sauver, lui et les autres membres de la bande que Noodles les trahit (ou plutôt croit les trahir) et perd tout. Il en va de même avec Deborah (Elizabeth McGOVERN) tout aussi ambitieuse et indépendante qu'il ne sait que posséder et non aimer, la faisant fuir. Enfin la période de vieillesse où il fait retour sur son passé est celle de la délivrance. Paradoxalement, en découvrant qu'il a été trahi et abusé, il éprouve un soulagement car il peut transférer sa culpabilité sur quelqu'un d'autre à savoir le sénateur Bailey en qui il refuse de reconnaître son ami Max, mort pour lui depuis des lustres.

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La forêt de Mogari (Mogari no mori)

Publié le par Rosalie210

Naomi Kawase (2007)

La forêt de Mogari (Mogari no mori)

"La forêt de Mogari" est le premier film de Naomi KAWASE que j'ai vu et il m'a durablement marqué de par sa beauté, sa simplicité, son dépouillement, son caractère contemplatif et en même temps sa grande richesse. Il peut cependant rebuter et ennuyer si l'on est hermétique à la culture japonaise d'autant que le rythme est extrêmement lent et qu'il y a peu de paroles et d'actions.

L'histoire est centrée sur deux personnages très dissemblables: une jeune aide soignante qui travaille dans une maison de retraite (Machiko ONO) et l'un de ses patients, un homme étrange qui ressemble davantage à un jeune homme vieilli qu'à un vieil homme (Shigeki UDA). Tous deux ont cependant un point commun: ils sont minés par la mort d'un être cher dont ils ne parviennent pas à faire le deuil. Pour Machiko il s'agit de son fils mort dans un accident dont elle est en partie responsable. Pour Shigeki, il s'agit de sa femme Mako, morte 33 ans auparavant. La maison de retraite agit comme une prison qui les coupe d'eux-mêmes. Machiko écrasée par la culpabilité passe son temps à s'excuser. Shigeki sombre doucement dans la sénilité. Machiko est attirée vers lui mais a bien du mal à entrer en communication, Shigeki se montrant agressif lorsqu'elle tente de toucher à son intimité. Elle a alors au bout d'une demi-heure (de film) l'idée de l'arracher à sa prison pour l'emmener en promenade. Une promenade qui dérive en périple au cœur d'une forêt. Pas n'importe quelle forêt, celle de Mogari qui signifie "la fin du deuil". Car c'est en renouant le contact avec la nature sauvage c'est à dire avec leurs émotions profondes que Machiko et Shigeki vont pouvoir accomplir leur travail de deuil. Machiko en explosant de chagrin au bord d'une rivière en crue et Shigeki en creusant une tombe pour sa femme et en y déposant les lettres qu'il lui a écrite pendant 33 ans. Parallèlement, tous deux vont redécouvrir le goût de la vie au travers de sensations comme la dégustation d'une pastèque fraîche sous la canicule, la pluie qui trempe, la chaleur bienfaisante du feu de bois ou d'un corps que l'on serre contre soi pour se réchauffer. Car seule l'acceptation de la mort permet de vivre pleinement.

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