Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #jane austen tag

Coup de foudre à Bollywood (Bride and Prejudice)

Publié le par Rosalie210

Gurinder Chadha (2004)

Coup de foudre à Bollywood (Bride and Prejudice)

"Orgueil et Préjugés" à la sauce bollywoodienne revue et corrigée par Hollywood et la réalisatrice de "Joue-la comme Beckham" (2002) cela donne un film chatoyant et entraînant dans lequel on ne s'ennuie pas une seconde. Le livre de Jane Austen renommé en VO "Bride and Prejudice" est astucieusement transposé de nos jours entre personnes de la très bonne société certes mais issues de deux cultures différentes ce qui épice pas mal la sauce. Outre les chassés croisés dans les différents pays des protagonistes (l'Inde, le Royaume-Uni et les USA) on retrouve l'esprit melting-pot dans des chorégraphies qui évoquent autant Bollywood que Broadway. Les acteurs indiens sont globalement très bons avec une mention spéciale pour l'héroïne, Lalita. Aishwarya RAI est d'une beauté à couper le souffle (elle a été miss monde dix ans avant de jouer dans le film) et a beaucoup d'esprit et de caractère, bref elle est parfaite en Elizabeth indienne. L'autre acteur épatant, c'est Nitin Chandra Ganatra qui joue un M. Kohli (Mr. Collins) beaucoup plus sympathique que dans le roman, ridicule certes mais tendre. Il est clair que le film n'est pas une satire sociale comme peut l'être le roman d'origine, tout est fait pour faire rêver et divertir le spectateur à la manière des soap opera donc on ne parle pas des choses qui fâchent et on reste léger. Il n'empêche que le charme opère et que le film opte pour une direction clairement féministe. Les personnages masculins sont en effet pâlots à côté des filles de la famille Bakshi, y compris le pauvre Darcy joué par un bellâtre quelconque. C'est dommage mais le personnage est souvent sacrifié dans les adaptations au profit d'Elizabeth.

Voir les commentaires

Orgueil et Préjugés (Pride and Prejudice)

Publié le par Rosalie210

Joe Wright (2006)

Orgueil et Préjugés (Pride and Prejudice)

Cette version de "Orgueil et préjugés" qui est la plus connue à l'international est moins convaincante à mes yeux que celle de Simon LANGTON pour la BBC. Et ce n'est pas une question de format car la scénariste du film de Joe WRIGHT réussit plutôt habilement à condenser le roman de Jane Austen. L'autre aspect que je trouve réussi dans le film, c'est son atmosphère. Il y a un vrai travail impressionniste sur le climat et la lumière qui se ressent dans plusieurs scènes-clés comme la première déclaration de Darcy sous la pluie et la deuxième où il émerge de la brume matinale avant que le soleil ne se lève sur les amoureux. Le lac qui borde la maison des Bennett est particulièrement photogénique.

Mais que ce soit dû à l'écriture des personnages ou à l'interprétation des acteurs, le film ne retranscrit pas suffisamment l'esprit du roman et arrondit tous les angles. Le caractère incisif du personnage d'Elizabeth (Keira KNIGHTLEY) par rapport à la société de son époque n'est pas vraiment mis en valeur, pas plus que les divisons qui traversent la famille Bennet. Dans le film, celle-ci s'entend bien avec sa mère et n'est pas plus choquée que cela par le comportement de ses sœurs ce qui jure avec le texte de Jane Austen. Le caractère frondeur de Elizabeth est souligné en mode individualiste pour en faire une jeune fille moderne je suppose à laquelle les spectatrices peuvent s'identifier. Les inégalités de classe et de sexe qui sont au cœur de la machinerie sociale dans laquelle elle est plongée ne sont montrés que d'une manière superficielle alors qu'ils sont au cœur du roman qui est d'abord une satire sociale avant d'être une rêverie romantique. Mais l'interprétation la plus problématique est celle de Matthew MacFADYEN qui ne retranscrit pas du tout la morgue aristocratique de Darcy. Celui-ci apparaît seulement timide, emprunté voire dépressif, bref c'est "the boy next door" même s'il vit dans un grand château ^^^^. Décontextualiser à ce point l'œuvre de Jane Austen c'est donner corps aux préjugés de tous ceux qui pensent que c'est juste de la littérature Harlequin pour les filles en mal de romantisme de gare et c'est vraiment dommage

Voir les commentaires

Emma l'entremetteuse (Emma)

Publié le par Rosalie210

Douglas McGrath (1996)

Emma l'entremetteuse (Emma)


"Emma l'entremetteuse" est une adaptation américaine du roman de Jane Austen "Emma" surfant sur la austenmania de la seconde moitié des années 1990. Il y a d'ailleurs un clin d'œil appuyé à "Orgueil et Préjugés" (1995), la mini-série de la BBC avec la reprise à l'identique d'une musique et d'une danse de bal mettant en relation Emma et l'homme qu'elle aime sans le savoir. Il est par ailleurs assez évident que le film lorgne du côté de celui de Ang LEE qui avait réussi une superbe adaptation de "Raison et sentiments" (1995) en collaboration avec Emma Thompson.

Néanmoins le film de Douglas McGRATH fait pâle figure aux côtés de ces références. Le roman de Jane Austen n'offre certes guère de faits saillants et se concentre sur une étude de mœurs et sur l'évolution intérieure des protagonistes principaux. Il faut donc de la subtilité pour accrocher l'intérêt du spectateur. Or je me suis ennuyée pendant les 3/4 du film qui se contente d'une restitution plate et littérale donc superficielle du roman. Et le casting n'aide pas. Gwyneth PALTROW était alors à la mode mais son jeu limité transforme Emma en caricature. Elle ne donne jamais corps à ce personnage peu sympathique au départ (snob, hypocrite, immature, intrusif voire manipulateur) mais qui est censé évoluer. Il lui sert de prétexte à exhiber ses éternels tics de jeu (sourire charmeur, moue et froncement de sourcil). Face à elle, Jeremy NORTHAM est bien meilleur, il est même le seul à m'avoir sortie de ma torpeur mais il n'a pas l'âge du rôle ce qui ne permet pas de saisir en quoi il pallie les déficiences éducatives de Emma en jouant un rôle de père de substitution auprès d'elle. Dans les deux cas les considérations économiques ont clairement prévalu (offrir des acteurs bankables à tout prix même s'ils étaient trop jeunes, non british etc.) Il en va de même
pour les autres personnages. Ils sont tout simplement inexistants car peu mis en valeur, mal caractérisés et donc eux aussi caricaturaux. Harriet Smith, l'indécise influençable jouée par Toni COLLETTE (aussi peu british que sa partenaire de jeu) devient juste une grosse gourde, le séducteur Frank Churchill est ridiculisé par la perruque que semble porter Ewan McGREGOR sur la tête et il faut attendre les 2/3 du film pour comprendre qu'Elton le chasseur de dot est vicaire.

 

Voir les commentaires

Jane (Becoming Jane)

Publié le par Rosalie210

Julian Jarrold (2007)

Jane (Becoming Jane)

Le titre est mensonger. Il ne s'agit pas d'un biopic sur Jane Austen mais d'une fiction autour des quelques éléments biographiques que nous connaissons d'elle. "Jane" fait partie d'une mode commerciale qui consistait alors à broder des histoires d'amour (superficielles) autour d'écrivains célèbres dont nous ne connaissons finalement que peu de choses. Pour attirer le client-spectateur, on met donc l'accent sur la romance à partir de la trame (revue et maladroitement corrigée) de "Orgueil et Préjugés" et le tour est joué. S'il ne peut y avoir de happy end (car nous savons que Jane Austen ne s'est jamais mariée), le scénario s'abstient de trop insister sur le milieu et l'époque dans lesquels vit Jane Austen. Et pour cause. L'amour, présent dans ses romans sert de compensation au fait que dans la réalité il était cruellement absent. La réalité pour les femmes de cette époque et de ce milieu était glaçante. Dépourvues de moyens de subsistance propre, dépendantes par conséquent de leurs parents et époux, infériorisées juridiquement, elles étaient traitées comme des marchandises à vendre au plus offrant. Cette forme de prostitution implicite s'appelle le mariage forcé (Virginia Woolf parle du fait que pour faire céder les filles, leurs parents les enfermaient, les frappaient et les traînaient dans leur chambre) ou le mariage arrangé/négocié dans le moins pire des cas c'est à dire avec le consentement de la jeune femme. Mais avec un tel déséquilibre de statut entre les sexes, même le meilleur des hommes finissait par se transformer en tyran domestique alors que le viol conjugal était la règle. Dans ces conditions, rester célibataire et vivre de sa plume était le seul moyen d'échapper à cet esclavage. 

Tout cela, le film n'en parle pas puisqu'il confond la fiction et la réalité historique. Certes il montre en arrière-plan le maquignonnage matrimonial, réfléchit par moments au statut compliqué de la femme écrivain mais cela reste du saupoudrage. Cette fantaisie divertissante est néanmoins plaisante à regarder grâce à sa belle photographie et son interprétation soignée. Anne HATHAWAY est trop sentimentale et pas assez (pas du tout même) caustique mais James McAVOY réussit à sortir son personnage des sentiers battus, c'est déjà ça.

Voir les commentaires

Persuasion

Publié le par Rosalie210

Adrian Shergold (2007)

Persuasion

Il y a beaucoup de maladresses dans ce téléfilm produit et diffusé par la BBC en 2007 qui semble avoir été réalisé avec des bouts de ficelle. Des maladresses scénaristiques tout d'abord avec une histoire qui fait la part belle au couple principal en laissant trop dans l'ombre les intrigues secondaires au point qu'on a du mal à identifier de nombreux personnages. Ceux-ci sont à peine esquissés alors qu'un vrai travail de fond permet toujours de rehausser le niveau d'ensemble. En découle un ton mélancolique voire amer assez monocorde qui peine à maintenir l'intérêt. Ensuite, la mise en scène qui manque d'élégance abuse des gros plans. Le gros plan, ça peut être merveilleux quand il s'agit de traquer des émotions sur le visage d'un personnage, dévoiler des vérités intimes dans les échanges. Mais là, cela devient un procédé systématique, vide de sens et donc lassant. Sans parler de la qualité d'image qui laisse à désirer (elle est granuleuse et tremblotante). Et que dire de la fin, trop longue, où l'héroïne court à droite et à gauche avec une caméra à l'épaule qui ne sait pas trop ou se placer (un procédé qui revient plusieurs fois et dont le rendu est particulièrement laid et brouillon). L'interprétation n'est pas non plus très convaincante, voire pas du tout, celle de Sally Hawkins excepté. C'est le premier film où je l'ai vue jouer et j'ai tout de suite été touchée par sa fragilité et sa sensibilité. Hélas, son costume et sa coiffure ne la mettent pas en valeur. Il ressort donc du visionnage du film une impression de travail bâclé à tous les niveaux. C'est dommage car "Persuasion", le dernier roman de Jane Austen, moins connu que "Orgueil et Préjugés" et "Raison et Sentiments" et bien que de tonalité plus grave que ces deux derniers méritait une adaptation plus soignée qui permette de mieux le découvrir. Ainsi Anne, l'héroïne peut être considérée à certains égards comme une lointaine cousine du Bingley de "Orgueil et Préjugés". Elle manque en effet de caractère et de "fermeté" d'âme" et de ce fait, se laisse influencer par les autres (d'où le titre "Persuasion") ce qui compromet ses chances de bonheur.

Voir les commentaires

Raison et Sentiments (Sense and Sensibility)

Publié le par Rosalie210

John Alexander (2008)

Raison et Sentiments (Sense and Sensibility)

Comme "Orgueil et Préjugés" de Simon Langton, "Raison et Sentiments" de John Alexander est une mini-série produite par la BBC et scénarisée par Andrew Davies.  Dans les deux cas, la longueur (ici trois épisodes de 60 minutes) permet d'être fidèle à l'œuvre. L'autre intérêt de cette adaptation est de mettre l'accent sur des points qui semblent secondaires dans le roman mais qui en réalité sont absolument cruciaux. Ainsi la première scène, volontairement transgressive, montre un prédateur sexuel en train de déshabiller une jeune fille. Son destin, nous ne l'apprenons qu'à la fin mais il menace les sœurs créées par Jane Austen aussi bien dans "Orgueil et Préjugés" que dans "Raison et Sentiments": privées de protection (paternelle notamment) et de fortune, elles se retrouvent à la merci d'hommes qui peuvent ruiner à jamais leurs perspectives d'avenir, ne serait-ce que sur la foi d'une simple rumeur. Tout comme Jane et Elizabeth, Elinor et Marianne sont deux victimes de ce système social qui broie les femmes livrées à elles-même et la richesse de l'œuvre consiste à analyser deux tempéraments opposés face à la même injustice: celle qui supporte son sort avec un stoïcisme apparent et celle qui se laisse consumer par la passion. Les hommes, au nombre de trois dans les deux romans représentent trois possibilités: l'amour réciproque et immédiat mais contrarié (Jane et Bingley, Elinor et Edward), le substitut paternel qui veille secrètement sur celle qu'il aime et dont la patience et le dévouement finissent par être récompensés (Darcy et Elizabeth, Brandon et Marianne) et enfin le séducteur, lâche, manipulateur et irresponsable spécialiste du détournement de mineures (les deux W, Wickham et Willoughby) qui s'en prennent aux filles protégées par le substitut paternel (la sœur de Darcy, la pupille de Brandon) et menacent directement ou indirectement de perdre leur grand amour. Pour parvenir à démêler le bon grain de l'ivraie, un repère est donné dans la série par cette citation: "ce qui est important, ce n'est pas ce qu'il dit ou ce qu'il ressent, c'est ce qu'il fait". Le casting n'est pas aussi flamboyant que dans le film de Ang Lee (qui reste ma version préférée du roman de Jane Austen) mais il est tout à fait satisfaisant (les fans de la série "Downton Abbey" reconnaîtront Dan Stevens dans le rôle de Edward Ferrars alors que ceux qui connaissent les films Harry Potter retrouveront Mark Williams dans le rôle de sir John Middleton). Le paysage maritime où viennent se retirer les sœurs Dashwood a même un côté un peu sauvage et primitif qui fait penser à "L'Aventure de Mme Muir" de Joseph L. Mankiewicz.

Voir les commentaires

Orgueil et Préjugés (Jane Austen's Pride and Prejudice)

Publié le par Rosalie210

Simon Langton (1995)

Orgueil et Préjugés (Jane Austen's Pride and Prejudice)

La meilleure adaptation du plus célèbre roman de Jane Austen n'est pas un long-métrage de cinéma mais une mini-série télévisée en six épisodes de 50 minutes produite par la BBC et diffusée à partir de 1995. Elle fit sensation dans tous les pays anglo-saxons où elle fut diffusée et devint une œuvre culte, couverte de récompenses. Elle fit redécouvrir Jane Austen aux jeunes générations qui multiplièrent les initiatives pour faire revivre son œuvre (sites internet, marathons de lecture, fanfictions, bals d'époque). Helen Fielding s'en inspira (très) fortement pour sa saga littéraire consacrée à Bridget Jones que les adaptations cinématographiques rendirent indissociables de la mini-série avec de nombreux clins d'œil, à commencer bien sûr par le réemploi de Colin Firth en Mark Darcy.  Son influence s'exerça jusqu'au "Discours d'un roi" qui réunit pour la première fois depuis 1995 Colin Firth et Jennifer Ehle, le splendide couple phare de la version BBC (mais toute la distribution est remarquable). Ce dernier qui devint une star internationale à la suite de la diffusion de la série déclara d'ailleurs en 2006 que les trois femmes de sa vie étaient "sa mère, sa femme et Jane Austen" ^^.

Le format de la mini-série s'avère absolument idéal pour transposer le roman de Jane Austen. Il permet de coller au plus près de l'œuvre dont il restitue toute la richesse avec une grande fidélité grâce au travail scénaristique de Andrew Davies.  De plus, il la rend incroyablement vivante et actuelle, avec une mise en scène très dynamique de Simon Langton et une musique enlevée signée Carl Davis. L'histoire a beau se passer au début du XIX° siècle dans un contexte social et juridique beaucoup plus rigide et inégalitaire que le nôtre, l'écriture de "Orgueil et Préjugés" est très moderne dans son analyse de la difficulté à communiquer, dans son féminisme et dans son regard plein d'ironie vis à vis de la société dont elle croque les travers avec un humour caustique irrésistible. Une ironie qui est l'un des traits de caractère les plus saillants de Elizabeth Bennet (qui tient cela de son père avec lequel elle partage une délicieuse complicité), l'héroïne. Un esprit libre dans un corps toujours en mouvement plongé dans un monde corseté, vénal (il faut voir avec quelle vulgarité la mère d'Elizabeth affiche sur la place publique son obsession de voir ses filles faire un beau mariage) et étriqué. Un monde que semble incarner l'austère, froid et hautain Darcy. Mais dans cette histoire où les apparences sont trompeuses, Elisabeth va l'aider sans le vouloir (consciemment en tout cas) à se libérer du carcan qui l'aliène, rendu dans la série (comme chez James Ivory, autre as du genre) par les plans où le personnage la regarde par la fenêtre comme s'il était en prison. Car Darcy n'est pas plus conventionnel qu'Elizabeth notamment par le fait qu'il est trop intelligent pour se plier à la stupidité des règles du théâtre social et tout aussi incapable de mensonge. Il se révèle également le plus mature de tous les personnages de l'histoire avec un sens des responsabilités qui le fait se substituer aux pères défaillants (le sien, celui d'Elizabeth et même celui de Bingley). Même si sa première demande en mariage est humiliante et maladroite sur la forme elle est révélatrice sur le fond: il est incapable d'aller à l'encontre de ses sentiments, même si son orgueil doit en souffrir et en dépit de toutes les pressions sociales qu'il aura à subir du fait qu'il s'agit d'une mésalliance. Tout en respectant à la perfection tous ces aspects, la mini-série ajoute une dimension sensuelle qui n'existait pas dans le roman. Entre Elizabeth et Darcy, l'essentiel ne passe pas par les mots mais par le corps et surtout le regard, doté d'une charge émotionnelle et même érotique surpuissante qui culmine avec la scène cultissime de la chemise mouillée (qui me fait penser à la "Femme au corbeau" de Frank Borzage). Le désir féminin se fait donc une vraie place dans cette série (la littérature dérivée du type Bridget Jones est d'ailleurs qualifiée de "chick lit", "littérature de fille") tout à fait comparable à celui qui se manifeste dans les shojo mangas même s'il faut pour cela qu'il s'exprime à travers la petite lucarne, jugée moins "noble" que la grande. Heureusement que les apparences sont -parfois- trompeuses.

Orgueil et Préjugés (Jane Austen's Pride and Prejudice)

Voir les commentaires

Love & Friendship

Publié le par Rosalie210

Whit Stillman (2016)

Love & Friendship

Love & Friendship est l'adaptation d'un court roman épistolaire écrit par Jane Austen dans sa jeunesse. Il se déroule en Angleterre à la fin du XVIII° siècle entre Londres et différents domaines aristocratiques situés à la campagne (une constante chez Austen). Il se focalise sur le personnage de Lady Susan une belle veuve désargentée mais rusée et manipulatrice qui est prête à tout pour retrouver un mari fortuné quitte à sacrifier sa fille, une adolescente timide écrasée par la forte personnalité de sa mère. Celle-ci possède un art consommé de l'intrigue, et un débit de mitraillette qui impressionne d'autant qu'elle ne se démonte jamais et retourne toutes les situations à son avantage.

Très apprécié par la critique à cause de son aspect satirique et de ses dialogues ciselés et souvent très drôles, le film n'en souffre pas moins du nombre élevé de personnages dont les liens ne sont pas faciles à saisir d'emblée (alors qu'ils nous sont pourtant présentés à l'écran) et dont certains se ressemblent trop. Mais surtout il fait une telle part aux scènes statiques en intérieur, au cynisme et au caustique au détriment du romanesque qu'il finit par ressembler à une pièce de théâtre ronronnante et un peu vaine à force de manquer de fond et de variété. Prenons l'exemple de Sir James Martin riche benêt au perpétuel sourire béat. A peine a-t-il épousé Lady Susan qu'il est cocufié sous son propre toit sans qu'il ne s'en rende compte. Le scénario place dans sa bouche des phrases à double sens pour que le spectateur se délecte de la situation. De façon générale les hommes sont des pions méprisés par la gent féminine dont la sécheresse de coeur finit par lasser. Frédérica la fille de Lady Susan et sa tante Katherine font exception mais elles sont sacrifiées par l'intrigue.

A noter que pour le film le réalisateur a réuni deux comédiennes (Kate Beckinsale et Chloë Sevigny) qu'il avait dirigées 18 ans plus tôt dans Les derniers jours du disco. Mais sous l'effet du bistouri ou du botox, le visage de Kate Beckinsale qui joue Lady Susan est particulièrement inexpressif. Quant à Chloë Sevigny qui joue son amie américaine Alice elle lui sert de faire-valoir et son personnage n'a pas d'intérêt par lui-même.

Voir les commentaires

Raison et sentiments (Sense and Sensibility)

Publié le par Rosalie210

Ang Lee (1995)

Raison et sentiments  (Sense and Sensibility)

Quand sort Raison et Sentiments au cinéma en 1995, l’oeuvre de Jane Austen était un peu passée de mode. L’immense succès du film d'Ang Lee a permis à une nouvelle génération de redécouvrir son oeuvre féministe et a suscité depuis une ribambelle d'adaptations fidèles et d'époque (Comme le célèbre Orgueil et préjugés avec Colin Firth dans le rôle de Darcy) ou plus libres et modernes (comme Le journal de Bridget Jones avec Colin Firth dans le rôle de...Darcy).

Comment expliquer le succès de cette adaptation et le fait qu'elle soit devenue une oeuvre de référence alors qu'à sa sortie beaucoup jugeaient le film "académique", "mièvre" sans parler d'Emma Thompson jugée trop âgée pour le rôle d'Elinor (Elle a 19 ans dans le roman mais 27 dans le film et Emma Thompson avait alors 35 ans)?

Si le film est si réussi c'est parce qu'il rassemble une impressionnante brochette de talents. A commencer par Emma Thompson justement. Car non seulement la divine Emma campe une inoubliable Elinor d'une sensibilité à fleur de peau sous son apparente retenue mais elle a également écrit pendant cinq ans le scénario du film, couronné par un Oscar. L'aspect caustique et satirique du livre est atténué au profit de personnages et de relations plus creusés, complexes et émouvants. Ang Lee qui n'avait pas encore réalisé Le magnifique Secret de Brockeback Mountain faisait déjà la preuve de son talent discret et subtil en alternant avec bonheur humour et émotion dans des paysages variant selon les états d'âme des protagonistes filmés au plus près de leur ressenti. Le jury du festival de Berlin ne s'y est pas trompé et lui a remis l'Ours d'or. Le reste de la distribution fait également des étincelles. Hugh Grant avec Edward Ferrars trouve l'un de ses meilleurs rôles au cinéma et peut exprimer toutes les facettes de son jeu (autodérision, maladresse, sensibilité, charme...) Kate Winslet deux ans avant d'exploser avec Titanic déploie déjà toute sa flamboyante énergie avec le rôle de Marianne la soeur fougueuse et passionnée d'Elinor. Enfin Alan Rickman dans un rôle à contre-emploi, celui du colonel Brandon, est prodigieusement intense. Il suffit d'observer son visage la première fois qu'il apparaît à l'écran lors d'une longue séquence où il écoute Marianne chanter pour s'en rendre compte.

 

Voir les commentaires