"La petite boutique des horreurs" de Frank OZ est un remake eighties du film éponyme des années 60 de Roger CORMAN. Il faut dire qu'à l'époque la paranoïa liée à la guerre froide battait son plein et que les invasions d'extra-terrestres hostiles (ici sous forme de plantes) étaient nombreuses. Bien que le film de Frank OZ soit résolument kitsch et rétro (les robes et les rêves d'Audrey sont typiquement ceux de la ménagère américaine des années 60 accro à l'american way of life), il ajoute plusieurs nouveautés.
Tout d'abord, il s'inspire directement de la comédie musicale adaptée du film de Roger CORMAN. Composée par Alan MENKEN et écrite par Howard ASHMAN, la première fut jouée en 1982 dans une petite salle avant que, succès aidant elle ne déménage pour une salle plus prestigieuse où elle fut jouée pendant cinq ans. Il est d'ailleurs très dommageable que les paroles des chansons sur le DVD français ne soient pas traduites car elles participent directement à l'action.
Ensuite, il fait intervenir dans les rôles secondaires toute une brochette d'acteurs comiques, la plupart issus du Saturday night live des années 80 : Christopher GUEST, John CANDY, Bill MURRAY et James BELUSHI (frère du regretté John BELUSHI des BLUES BROTHERS). La scène la plus drôle du film est celle où Bill MURRAY (qui reprend le rôle du patient masochiste tenu dans le film de Roger CORMAN par Jack NICHOLSON) se rend chez un dentiste sadique (joué par Steve MARTIN qui lui aussi a fait ses classes au Saturday night live) dans l'espoir de se faire charcuter. Mais l'attirail pourtant impressionnant d'appareils de torture exhibé par ce dernier ne réussit qu'à lui soutirer des soupirs d'extase!
Enfin ce film préfigure en un certain sens les comédies d'adolescents/adultes obsédés par la perte de leur pucelage tout en étant plus digeste qu'une "American Pie" (1999). La métaphore de la plante à laquelle le héros (joué par l'impayable Rick MORANIS vu notamment dans "S.O.S. fantômes" (1984) aux côtés de Bill MURRAY) se pique le doigt et qui porte le prénom de la fille qu'il convoite est assez limpide, depuis au moins "La Belle au bois dormant" (mais j'aime bien aussi le poème "Ronce au tronc gris" de Federico Garcia Lorca).
Un duo de danseurs inoubliables dans un film parfaitement oubliable, voilà ce qu'est "Top Hat". Cette comédie musicale cumule les défauts d'un genre qui en est encore à ses balbutiements dans les années 30: une intrigue de vaudeville sans intérêt, des décors kitsch à souhait se réduisant pour l'essentiel à de vastes chambres de palace et aux gondoles à Venise, des costumes pas toujours de bon goût (celui de Ginger ROGERS sur "Cheek to Cheek" est carrément mastoc), un jeu cabotin qui sonne faux (la palme à Fred ASTAIRE qui arbore un masque "happy face" digne de Sacha Distel chez les Carpentier), et enfin une caméra statique qui accentue l'aspect théâtral du film.
"Top Hat" ne vaudrait donc pas un clou sans les numéros chantés et dansés de Fred ASTAIRE et de Ginger ROGERS sur la musique d'Irving BERLIN et les chorégraphies de Hermes PAN. Dès que Fred ASTAIRE se met à chanter et à claquer des pieds, il devient plus léger que l'air. Ginger ROGERS l'accompagne magnifiquement. La grâce aérienne de leurs cinq prestations est magique. "Cheek to Cheek" est par ailleurs l'une des chansons les plus célèbres de l'histoire de la comédie musicale et à raison. Elle vous embarque au paradis et vous fait oublier les soucis comme le démontre Woody ALLEN dans la séquence finale de "La Rose pourpre du Caire (1985)". Le peuple américain dans le contexte économique et social sinistré de la crise des années 30 avait en effet besoin de l'évasion qu'offrait l'industrie hollywoodienne et fréquentait les salles au moins une fois par semaine.
Audrey HEPBURN a souvent interprété des personnages se situant à mi-chemin du conte de Cendrillon et du mythe de Galatée. Fille de chauffeur dans "Sabrina (1954)", vendeuse des rues à l'accent cockney dans "My fair lady (1963)" et employée de librairie mal fagotée dans "Drôle de frimousse", on la retrouve à chaque fois transformée en gravure de mode pour les beaux yeux de son Pygmalion. Dans "Drôle de frimousse" celui-ci est un photographe inspiré de Richard Avedon (conseiller technique sur le tournage) et interprété par Fred ASTAIRE. En conjuguant leurs talents, Stanley DONEN réalise un film suprêmement élégant et visuellement splendide. C'est une explosion de couleurs ("Think Pink" mais aussi vert, jaune, blanc, rouge, bleu etc.) qui inspireront Jacques DEMY quelques années plus tard pour ses propres comédies musicales. Les clichés d'Audrey HEPBURN en mouvement (du pur Avedon) sont magiques, se mariant parfaitement aux décors parisiens et franciliens (des escaliers de l'Opera à ceux du Louvre où elle prend la pose de la victoire de Samothrace avec la statue en arrière-plan, son foulard lui tenant lieu d'ailes). Les chorégraphies de Fred ASTAIRE sont superbes et son talent reste intact alors qu'il a 58 ans (il s'agit de l'un de ses derniers grands rôles).
Il n'en reste pas moins qu'on aurait pu espérer un scénario plus moderne et plus conforme à la réalité. Non celui de la projection d'un amalgame de fantasmes masculins sur une charmante actrice passive (en dépit de son vernis intello, d'ailleurs tourné en dérision) mais celui d'une actrice atypique allant démarcher d'elle-même et révéler au monde entier le talent d'un créateur tout aussi atypique et donc fait pour elle, alias Hubert de Givenchy. Mais transposer cette réalité-là aurait transgressé les règles du patriarcat (et du narcissisme masculin). Alors on se contente d'avaler la pilule conservatrice à l'aide de la beauté de l'emballage.
"Peines d'amour perdues" sorti en 2001 est la quatrième adaptation d'une pièce de Shakespeare par Kenneth Branagh après "Henry V" (1989), "Beaucoup de bruit pour rien" (1993) et "Hamlet" (1996). Et c'est la moins réussie des quatre, contrairement aux 3 autres, elle est d'ailleurs passée relativement inaperçue. Le fait que Branagh transpose, modernise ou coupe une partie du texte d'origine n'est pas en soi un problème. Il avait fait de même pour "Henry V" et "Beaucoup de bruit pour rien" et le résultat était enthousiasmant. L'ennui c'est qu'ici tout ce dispositif semble tourner un peu à vide:
- Cette pièce déjà mineure dans l'œuvre du dramaturge est en plus privée des 3/4 de son texte, remplacé pour l'essentiel par des numéros chantés et dansés extraits des plus grandes comédies musicales américaines des années 30 et 50. Mais le mariage des deux genres fonctionne mal. L'introduction de la comédie musicale est trop timide à cause de chorégraphies assez minables alors qu'en revanche le verbe de la pièce est largement vidé de sa substance, se réduisant à un bavardage inconsistant ou à des numéros burlesques consternants.
-Pour donner un peu de poids au film, Branagh transpose l'histoire à la veille de l'éclatement de la seconde guerre mondiale. On pense à "La Règle du jeu" de Jean Renoir réalisé en 1939 où les personnages dignes d'une comédie de Marivaux "dansaient sur un volcan". Mais il ne change pas le contexte Renaissance de la pièce ce qui jure horriblement avec celui de la guerre. On se retrouve ainsi avec un roi de Navarre et une princesse de France alors que le royaume de Navarre a disparu depuis belle lurette et que la France n'est plus une monarchie depuis près de 70 ans! Les "Actualités" qui commentent les actions de la pièce semblent ainsi raconter un conte de fées déconnecté de la réalité de cette époque.
-La fadeur du casting est sans doute une autre conséquence malheureuse du choix de faire une comédie musicale. Au lieu des acteurs chevronnés plein de talent auxquels nous avait habitué Branagh, on a en personnages principaux des Ken et des Barbie plus insignifiants les uns que les autres et en personnages secondaires des caricatures absolument grotesques qui gesticulent dans le vide. Résultat: on s'ennuie ferme.
"Un jour à New-York", le premier film du duo Stanley Donen-Gene Kelly est une sorte de brouillon de l'âge d'or de la comédie musicale des années 50 dont le chef d'œuvre absolu, "Chantons sous la pluie" est signée par ce même duo.
"Un jour à New-York" est une sorte de laboratoire où sont expérimentées des idées nouvelles. Quelques scènes sont tournées en extérieurs pour aérér le film. Le surgissement particulièrement dynamique des marins hors du bateau dans le port de New-York fait penser aux ouvertures des films de Jacques Demy. L'harmonie des couleurs et la stylisation des décors préfigurent également l'esthétique des années 50. La musique est signée Léonard Bernstein que l'on associe à la modernité de "West side story". Et puis il y a les passages où Gene Kelly danse et qui sont prodigieux.
Mais il y a une énorme carence du côté du scénario. Celui-ci est inconsistant et on suit cette histoire très premier degré, sans enjeux forts avec un enthousiasme plus que modéré. D'autre part les personnages sont trop caricaturaux. Certes en dehors de Miss Métro (Vera Allen) tout droit sortie d'une pub pour ménagère de moins de 50 ans, les femmes sont assez anti-conformistes. Mais elles traitent leurs marins comme des hommes-objets ce qui n'est qu'une autre forme de sexisme. Brunehilde (Betty Garrett) "lève un mec" (Chips alias Frank Sinatra, très effacé) grâce à son métier de chauffeur de taxi alors que Claire (Ann Miller) jette son dévolu sur Ozzie (Jules Munshin, plutôt marrant) en tant que "spécimen d'homme des cavernes". Ça ne fait pas vraiment rêver.
"My fair lady" est une comédie musicale à grand spectacle. Son esthétisme raffiné, ses chansons assez irrésistibles et son interprétation impeccable jouent en sa faveur. Mais sur le fond, je n'adhère pas du tout aux propos qui n'en sont pas moins révélateurs d'une époque pas si lointaine et loin d'être révolue.
Les relents nauséabonds de "My fair Lady" sous couvert d'humour et de critique sociale relèvent de "Tintin au Congo". Et pour cause, lorsque George Bernard Shaw écrit la pièce, la colonisation est à son apogée et le Royaume-Uni a le plus grand Empire du monde. Une puissance fondée sur l'oppression des classes laborieuses condamnées à un semi-esclavage dans les mines et usines du pays. Le racisme de classe qui s'exprime sans vergogne dans le film rejoint parfaitement le racisme proprement racial et trouve ses prolongements jusqu'à nos jours. Quand Higgins (Rex Harrison) traite Eliza (Audrey Hepburn) de sauvageonne, comment ne pas penser aux "sauvageons", terme par lequel certains politiques qualifient les jeunes de nos banlieues populaires contemporaines? Ce que propose le professeur Higgins a un caractère assimilationniste. Il veut "civiliser" Eliza à la manière du fardeau de l'homme blanc ou du discours de Jules Ferry "Il y a un devoir pour les races supérieures, c'est de civiliser les races inférieures". En la débarassant de son argot populaire, de ses manières grossières et de son accent cockney, il fait table rase de son identité (que serait par exemple l'identité vocale du groupe Madness sans cet accent cockney? Et sa chanson célébrant Michael Caine, acteur magnifique récemment anobli avec cette identité?) pour la transformer en une sorte de poupée-vitrine du narcissisme exacerbé de la upper class. Même le choix d'Audrey Hepburn peut se lire de cette manière. Dans les premiers films américains, les noirs étaient joués par des blancs grimés. Audrey Hepburn est une aristocrate grimée en fleur de pavé ou plutôt selon l'une des remarques odieuses de Higgins en "raclure de macadam".
Car l'autre aspect nauséabond du film est sa profonde misogynie. Le fait qu'Eliza puisse tomber amoureuse d'un homme qui ne cesse de l'humilier et de l'insulter (en tant que pauvre mais aussi en tant que femme) et que l'on fasse passer cela pour du romantisme est une escroquerie pure et simple. De ce point de vue Shaw a été plus honnête dans sa pièce que Cukor et son équipe. Estimant la romance entre Higgins et Eliza impossible, il lui fait épouser Freddy qui a été séduit par son naturel transpirant malgré son vernis mondain. Il laisse également entendre que Higgins est homosexuel ce qui est totalement occulté dans le film alors que c'est un élément clé de son comportement. Mais il était impensable à cette époque qu'un film hollywoodien à gros budget vendant du rêve au plus grand nombre puisse aborder ce thème. Shaw avait déjà dû altérer la fin de son oeuvre pour sa première adaptation cinématographique en 1938. Le résultat est un gros lézard qui créé un sentiment de malaise.
Un feel good movie qui sonne faux, voilà comment j'ai ressenti La La Land. Alors oui, il y a de belles choses: l'ouverture inspirée des "Demoiselles de Rochefort" de Jacques Demy, la conclusion "conte de fée" en forme de réalité alternative, quelques envolées lyriques brisées net par des contretemps qui vont s'avérer fatals (la première rencontre, le premier "pas de deux".) La musique est particulièrement soignée tout comme les éclairages (les vues de Los Angeles d'en haut sont splendides). On en prend plein la vue, plein les oreilles... Et pourtant la mayonnaise ne prend pas car une fois de plus (après Whiplash) le réalisateur s'empêtre dans ses contradictions. Créer de la magie avec des acteurs aussi mal assortis est mission impossible. Emma Stone est bien mignonne mais elle minaude à longueur de temps (on dirait une gamine de 16 ans!) alors que Ryan Gosling a le charisme, la sensualité et l'expressivité d'une baignoire (non Ryan, désolée mais tu n'as pas la "saturday night fever".) Leur histoire sent la pacotille à plein nez. Quant à leurs capacités en chant et en danse, disons qu'elles ne volent pas très haut. C'est voulu dans l'espoir d'en tirer quelque chose de fragile, d'émouvant. Mouais. A mon avis ça ne remplace pas le talent. D'autre part à force de citer (piller?) à droite et à gauche d'illustres classiques, on frise le maniérisme et/ou l'indigestion (Sara Preciado en a fait une liste non exhaustive sur Vimeo). Le scénario souffre de longueurs car l'histoire privée de seconds rôles et d'enjeux forts est un peu trop ténue. Enfin et peut-être surtout, comme Whiplash, la vision que Chazelle a de l'art, axée sur la performance est antinomique avec ce qu'il prétend nous donner: du plaisir.
Bien que très mineure dans la filmographie de Wilder, cette Valse réalisée en 1948 se laisse voir sans déplaisir. Pas tellement en raison du technicolor daté et de la chanson sirupeuse interprétée par Bing Crosby (qui vaut au film l'étiquette exagérée de "comédie musicale"). Mais à cause du fait qu'il injecte dans un univers très kitsch à la Sissi une bonne dose de screwball comédie ainsi qu'une critique acerbe des discriminations sociales et surtout raciales. Issu d'une famille juive autrichienne, né dans l'empire austro-hongrois au début du vingtième siècle puis exilé aux USA, Wilder a perdu une partie de sa famille à Auschwitz. C'est ce parcours que l'on retrouve dans un film Mitteleuropa situé à la Belle Epoque mais qui évoque en réalité le nazisme et l'épuration raciale. On comprend mieux pourquoi l'histoire d'amour impossible entre une comtesse autrichienne et un commis voyageur américain (joués par Joan Fontaine et Bing Crosby) s'accompagne d'une métaphore canine qui a le mérite de mettre les points sur les i. Car lorsque Shéhérazade la chienne de race de la comtesse promise à une saillie avec le chien de l'empereur François-Joseph accouche de petits bâtards qu'elle a eu avec Buttons, le chien du commis voyageur, le père de la comtesse ordonne de les noyer...
Un film d'animation du studio Illumination (Moi Moche et Méchant 1 et 2, Les Minions, Comme des bêtes) divertissant qui fait penser irrésistiblement au télé-crochet de la nouvelle star en version animale, plus précisément à l'étape du théâtre. Si Buster Moon le directeur du théâtre aux abois est un personnage assez stéréotypé et la fin du film, convenue et par moments tire-larmes (on aurait pu largement se passer de la réconciliation père-fils), la galerie des personnages sélectionnés tient la route. Ils ne sont que 5 ce qui permet de dresser un portrait efficace de chacun d'eux et de leur associer un style différent de musique (rock, pop, variété, disco, jazz). Leur seul point commun est d'être empêtré dans une situation personnelle qui constitue un obstacle à la réalisation de leur rêve. L'inventivité qu'ils déploient pour contourner ces obstacles fait sourire plus d'une fois. D'ailleurs nombre de ces obstacles sont liés au patriarcat. On pense à la mère de famille qui croule sous ses marmots et ses tâches ménagères avec un mari qui se laisse porter, à l'ado punk qui ne peut pas s'exprimer sans déclencher la jalousie de son petit ami (qui finit par la plaquer et la remplacer par un clone plus obéissant), au fils de délinquant à la voix d'or qui cultive son jardin secret dans le dos de sa famille, à la souris crooneuse, machiste, imbue d'elle-même et bling-bling qui coupe l'herbe sous le pied de l'éléphante timide... Si on rajoute un large panel de chansons ultra-connues appartenant à plusieurs époques (de Sinatra et Billie Holliday à Elton John en passant par Wham, Queen, Lady Gaga, Katy Perry, Taylor Swift...) un graphisme agréable et un bon sens du rythme, on passe un bon moment.
Remake d'un film allemand de 1933 Viktor und Viktoria de Reinhold Schünzel, le film de Blake Edwards se situe en 1934. Paris est reconstitué en studio comme dans les comédies musicales de Vincente Minelli mais on pense surtout à l'univers de music-hall de Bob Fosse dans Cabaret. Le film offre ainsi un véritable voyage dans le temps de ce genre cinématographique. Mais comme il s'agit aussi (et surtout) d'une comédie burlesque sur le travestissement et ses corollaires, le mensonge, l'artifice, la dissimulation, Edwards multiplie les hommages à ceux qui l'ont précédé. La photo de Marlène Dietrich sur la table de chevet de Victoria n'est pas là par hasard tant l'actrice allemande a su jouer de son androgynie pour jeter le trouble chez les hommes et les femmes notamment dans ses rôles de chanteuse de cabaret. Mais Edwards multiplie aussi les clins d'oeil à Billy Wilder (sous la direction duquel Dietrich a joué deux fois). Ainsi la maîtresse de King Marchand Norma renvoie à Marilyn par son prénom, ses cheveux blonds platine, sa coiffure et son costume. Son numéro reprend en version non censurée la célèbre séquence de la bouche de métro dans 7 ans de réflexion. Quant aux gangsters de Chicago dont King Marchand est l'un des leaders, ils renvoient évidemment à ceux de Certains l'aiment chaud, l'un des plus grands films existant sur le travestissement et ses thèmes sous-jacents, le désir et la sexualité.
La grande différence cependant avec les références citées par Edwards c'est qu'en 1982, les moeurs ont évolué et qu'il devient possible d'appeler un chat un chat. Les enjeux liés à la sexualité sont donc explicites qu'il s'agisse d'homophobie, de désir (homosexuel ou pas d'ailleurs), d'impuissance... Par le biais du travestissement, Edwards démontre brillamment que le désir se moque des catégories qui veulent l'enfermer. Il le fait avec élégance et légèreté. Sa mise en scène fluide fourmille de gags. Certains appartiennent au vaudeville (portes qui claquent, dissimulation dans le placard ou sous le lit...) d'autres, plus subtils relèvent d'un savant mécanisme de mise en scène (le doigt de l'inspecteur pris dans la porte mais qui ne réagit qu'après coup, le tabouret cassé de ce même inspecteur qui tombe à retardement, le numéro d'équilibriste qui trouve sa chute quand la voix de Victoria brise la bouteille etc.)
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.