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Articles avec #coen (joel & ethan) tag

Ave, Cesar! (Hail, Caesar!)

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (2015)

Ave, Cesar! (Hail, Caesar!)

Je n'ai pas aimé "Ave, César" qui m'a rappelé le film qui m'avais temporairement fâchée avec les frères Coen, "Le Grand saut" (1994). "Ave, César" a en commun avec ce dernier de rendre hommage au septième art. La forme en est toutefois différente. Au lieu de construire un film bourré de clins d'oeil à d'autres films, "Ave, César" qui adopte un ton plutôt satirique nous plonge au coeur des studios hollywoodiens des années cinquante. Alors certes, les reconstitutions de scènes de tournage des différents genre en vogue à l'époque sont belles (comédie musicale, western, péplum et chorégraphie aquatique à la Busby BERKELEY avec une Scarlett JOHANSSON dans le rôle d'une nouvelle Esther WILLIAMS) mais cela ne fait pas un film, tout au plus une suite de tableaux mal reliés entre eux. Le problème se situe au niveau des personnages, mal écrits à l'exception de Eddie Mannix (Josh BROLIN) qui est le fixeur des studios Capitole c'est à dire qu'il a pour mission d'étouffer dans l'oeuf tout potentiel scandale relatif aux stars employées par le studio avant qu'ils n'éclatent dans la presse spécialisée. Celle-ci est incarnée par deux soeurs jumelles concurrentes jouées par Tilda SWINTON, une habituée du dédoublement mais cette variante du "bonnet blanc et blanc bonnet" fait ici chou blanc tant les soeurs sont peu différenciées (le spectateur peu attentif peut croire que c'est la même personne). La narration se disperse en autant de sous-intrigues que de cas à régler par Mannix (lui-même étant sous exploité, puisque son rôle se résume à passer les plats) dont le manque d'intérêt est flagrant. Le pire est le personnage joué par George CLOONEY, un crétin (pour changer) qui est kidnappé par des communistes aux propos interminables et nébuleux: ennuyeux au possible! Quand on compare ce film à "Babylon" (2021) qui sur le fond en est assez proche, on mesure le gouffre qui les sépare.

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True Grit

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (2010)

True Grit

La filmographie des frères Coen est inégale, oscillant entre des films personnels pour la plupart géniaux et des exercices de style et remakes pas inintéressants mais souvent un peu vains. "True Grit" appartient à la seconde catégorie. Remake de "100 dollars pour un shérif" de Henry Hathaway qui permit à John Wayne de décrocher un oscar en 1969, le film est un western très bien réalisé mais qui ne dépasse pas son sujet rebattu, la vengeance*. La soumission des frères aux lois du genre fait que leur personnalité ne ressort pas vraiment. Si le film se suit sans déplaisir, il s'oublie aussi très vite. Cela n'empêche pas Jeff Bridges d'être savoureux dans le rôle truculent de Rooster Cogburn, marshall alcoolique à la gâchette facile. Matt Damon, méconnaissable, est plus fade. Quant à Hailee Steinfeld, elle déréalise complètement le film, donnant l'impression que celui-ci se déroule sur une scène de théâtre. D'une part parce qu'elle est bien trop lisse et propre sur elle. Ainsi la scène reprise à l'identique dans le film des frères Coen où elle sort de la rivière parfaitement sèche est digne de James Bond qui se bat sans faire un seul pli à son costume. De l'autre parce que son jeu est dénué d'émotions: elle semble ne connaître ni la peur, ni le chagrin, ni la joie, sauf vis à vis de son cheval, c'est mince. Deux films brillants que j'ai vu récemment, "Le Crabe-Tambour" et "La loi de Téhéran" montrent que même les guerriers ou les truands les plus aguerris se font dessus avant de mourir, mais visiblement cette jeune fille a le pouvoir magique de ne pas se mouiller, au propre comme au figuré. Cela n'aurait pas été si embêtant si l'adolescente avait ressemblé un tant soit peu aux jeunes femmes de ce temps là vivant dans les conditions très difficiles de l'ouest sauvage, vieillies et endurcies avant l'âge. Voir cette gamine poupine à tresses jouer au cow-boy face à des brutes d'opérette a donc quelque chose de risible. Lorsque enfin, son corps porte les traces de son vécu, c'est hors-champ puis 25 ans plus tard, dans l'épilogue, avec une autre comédienne. Autrement dit, c'est trop tard, l'occasion est manquée. Et c'est dommage car on passe à côté de ce qui aurait pu être le sujet du film: la construction d'un lien père-fille et  l'éveil de cette dernière à la sensualité qui aurait donné plus de sens à son odyssée.

* Chez Tarantino par exemple, ce sujet récurrent dans son cinéma n'est souvent qu'un MacGuffin (comme la fameuse mallette de "Pulp Fiction"), le vrai sujet étant méta filmique (hommage à des acteurs, actrices et genres de seconde zone des années 60-70-80 qui se retrouvent soudainement projetés dans la lumière.)

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Inside Llewyn Davis

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (2013)

Inside Llewyn Davis

Sans en être une puisque le personnage principal est fictif (même si inspiré de personnages réels), "Inside Llewyn Davis" m'a fait penser à une uchronie, un monde parallèle dans lequel cet avatar de Bob Dylan se serait fourvoyé dans une odyssée de l'échec. Un thème cher aux frères Coen tout comme leur talent à inventer des losers attachants dans une Amérique alternative. Les allusions à un double fantomatique sont légion dans le film, du partenaire musical gémellaire disparu aux origines (réelles ou fantasmées) galloises en passant par la confusion entre deux chats fugueurs à l'apparence identique mais de sexe opposé après lequel cours l'anti-héros une bonne partie du film. L'atmosphère hivernale et brumeuse (formidable travail de Bruno Delbonnel à la photographie) renforce l'impression d'irréalité tout autant que la structure cyclique qui commence et se termine par la rencontre entre Llewyn Davis (Oscar Isaac) et un mystérieux personnage noyé dans l'ombre qui l'agresse avant de le quitter sur ces paroles "On se tire de ce trou à rats, on te le laisse". Le "trou à rats" peut désigner la salle de concert folk où se produit Davis comme le film tout entier alors que l'homme de l'ombre s'envole lui pour la gloire, mais en hors-champ, laissant son double malheureux au tapis. Le clin d'oeil à Dylan que l'on entrevoit dans cette même salle de concert à ses débuts peut faire penser qu'il s'agit de lui mais au fond peu importe. Car le héros de l'histoire, c'est le perdant que l'on suit dans son errance bohème en quête d'un canapé où dormir et de contrats à décrocher, son entêtement à vivre de son art n'ayant d'égal que son incapacité à connaître le succès. Incapacité que l'on peut voir comme un refus des compromissions, de l'arrogance, de l'inadaptation sociale, de la malchance ou de l'inconséquence selon le point de vue que l'on choisit d'adopter, celui de Jean par exemple (Carey Mulligan qui avait déjà joué avec Oscar Isaac dans "Drive") fermant provisoirement la marche des relations sans avenir entretenues par le folksinger "adulescent". Comme Ulysse (le chat ^^), Davis reviendra à son point de départ sans avoir avancé d'un pouce non sans nous avoir au passage gratifié de quelques beaux morceaux de son répertoire solitaire et mélancolique. Et en contrepoint ironique, les frères Coen lui font participer à la séquence devenue culte de l'enregistrement d'une chanson aux paroles absurdes, "Please Mr Kennedy" avec Justin Timberlake et Adam Driver dans le rôle d'un autre musicien crève-la-faim. Adam Driver qui était encore au début de sa carrière mais n'allait pas, contrairement à son personnage rester dans les bacs encore longtemps!

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Fargo

Publié le par Rosalie210

Joel Coen (1996)

Fargo

J'ai suivi fidèlement les frères Coen au cinéma jusqu'à leur cinquième film, "Le Grand saut" (1994). Mais celui-ci m'a tant déçu que j'ai ensuite complètement laisser tomber (jusqu'à récemment) leur filmographie. Résultat, je suis passée à côté d'un de leurs meilleurs films, mon préféré à ce jour qui mérite son statut de film culte.

Entre autres défauts, "Le Grand Saut" était un film assez impersonnel, un mélange désincarné et peu harmonieux de références cinématographiques faisant pourtant partie pour certaines de mes films préférés (de "L Extravagant Mr. Deeds" (1935) de Frank CAPRA à "Brazil" (1985) de Terry GILLIAM). Tirant la conclusion du relatif échec du film, les frères Coen ont décidé de faire l'inverse et de proposer avec "Fargo" un film extrêmement personnel mais qui, contrairement à certains de leurs films ultérieurs parvient à toucher à l'universel.

Film personnel en effet puisque l'action se déroule dans les plaines enneigées du Minnesota, région natale des deux frères au peuplement d'origine scandinave (si l'on en juge par les patronymes très nordiques de la plupart des personnages) et que le ton est complètement décalé. Le générique annonce un drame épique dans un désert blanc avec une musique grandiose (en référence à la mythologie de la conquête de l'ouest ou plutôt du middle ouest) mais la première scène désamorce complètement cette approche et donne à voir un autre visage, peu glorieux, de l'Amérique: on se retrouve dans un ploucland paumé peuplé de personnages minables, dont le niveau de bêtise n'a d'égal que l'inhumanité. Un club de dégénérés sans coeur, sans âme et sans cervelle qu'on imagine bien parmi les foules idôlatres du Führer durant le III° Reich. Mais l'histoire se déroulant aux USA à l'époque du tournage du film, le totem de ces glandus dont le vide intérieur est à la mesure de celui de leur environnement est le rêve américain, autrement dit la réussite par l'argent. Pour l'atteindre, ils imaginent un plan complètement foireux dont l'exécution tourne au jeu de massacre. Leur incapacité à communiquer dû à la pauvreté de leur vocabulaire doublé d'un état d'esprit férocement individualiste (chacun tente d'escroquer l'autre en dissimulant la majeure partie du magot et l'autre réagit bien évidemment par une violence aveugle) joue un rôle déterminant dans la tournure catastrophique que prennent les événements.

Si les trois pieds nickelés de l'histoire (Jerry, le commanditaire pleutre et ses deux hommes de main sanguinaires, l'un mutique et inexpressif, l'autre volubile et agité) sont bien évidemment risibles, leurs actes n'en sont pas moins terrifiants et ouvrent la voie à un vertige proprement métaphysique illustré par le désert glacé dans lequel ils vivent et qui facilite leurs sinistres desseins (le couple d'automobilistes aurait pu leur échapper s'il y avait eu un endroit où se cacher. Mais rien de tel dans ces espaces de plaines arides et monotones). Ce n'est pas un hasard si la policière enceinte jouée par Frances McDORMAND parvient à les confondre. Le fait même qu'elle incarne la fertilité au sein de ce paysage stérile dans lequel aucun lien humain ne semble pouvoir se nouer (les dialogues révèlent la déconnexion totale de Jerry d'avec sa famille et son insensibilité quant à leur sort bien qu'il cherche à sauver les apparences) explique la portée de la célèbre scène dans laquelle elle s'interroge devant l'absurdité tragique des agissements des truands, eux qui ont commis un massacre pour un argent qui en plus leur restera inaccessible. Le regard songeur de Marge devant l'aspect insondable du mal (Pourquoi tant de sang pour quelque chose d'aussi dérisoire?) nous poursuit longtemps.

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Sang pour sang (Blood Simple)

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (1983)

Sang pour sang (Blood Simple)

C'est avec "Blood Simple", leur premier long métrage que j'ai découvert les frères Coen (j'ai d'ailleurs vu par la suite au cinéma la plupart de leurs films jusqu'à "Ladykillers") (2004). "Blood Simple" m'a marqué par son atmosphère (poisseuse) et par sa mise en scène (brillante). Une scène en particulier a laissé en moi une trace indélébile, celle des trous de balles tirées à travers la cloison, une scène que j'ai ensuite reconnue lorsqu'elle a été reprise par Luc BESSON au début de "Léon" (1994). Elle révèle aussi un formidable travail sur la lumière effectué par Barry SONNENFELD, futur réalisateur des films de la famille Addams et des Men in Black.

En revoyant le film, j'ai été frappée par ses similitudes avec d'autres longs-métrages des Coen comme "The Big Lebowski" (1998): la présence d'une voix-off, le choix d'ancrer l'histoire dans l'Amérique profonde, le ton cynique et désabusé, l'incapacité des personnages à communiquer (source de nombreux malentendus). En même temps, dès ce film en forme d'exercice de style (les personnages assez mécaniques sont au service de l'intrigue et celle-ci épouse les codes du film noir avec une touche d'horreur à la "Shining") (1980), on observe le goût des réalisateurs pour les hommages au cinéma pas seulement hollywoodien mais anglo-saxon en général. En effet "Blood Simple" est un thriller hitchcockien transplanté au Texas avec des scènes d'un suspense insoutenable (soulignée par une bande-son anxiogène du meilleur effet), notamment autour d'un homme qui agonise pendant près de 16 minutes (toute ressemblance avec "Le Rideau déchiré" (1966) et ce jusqu'à la pelle est une pure coïncidence ^^). C'est aussi le premier rôle d'une toute jeune Frances McDORMAND appelée à faire une belle carrière, notamment auprès des frères Coen. Quant au personnage répugnant et retors du détective gluant joué par Emmet WALSH, il symbolise l'aspect dégénéré du milieu dans lequel trempe le film, tout comme les plans récurrents de poissons en train de pourrir sur le bureau de l'homme assassiné (une métaphore de la putréfaction qui me rappelle "Répulsion" (1965) et la progression de la démence symbolisée par une carcasse de lapin en décomposition). Pour finir, il y a dans ce premier film que l'on peut qualifier de "néo-noir" une touche tarantinesque dans le jeu avec le spectateur aussi bien que dans la bande-son vintage ("It's the Same Old Song").

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The Big Lebowski

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (1998)

The Big Lebowski

Cette relecture satirique de l'Amérique devenue culte avec le temps revisite tout un pan de son industrie hollywoodienne, principalement le film noir (nombreux parallèles avec le "Le Grand sommeil" (1946) par exemple), la comédie musicale ("Palmy Days" et ses chorégraphies de Busby BERKELEY), le buddy movie, les films de la contre-culture ou encore le western dans sa séquence d'introduction. Sauf que tous ces genres sont passés en mode dégradé quand ils ne sont tout simplement pas morts. Ainsi la séquence d'introduction qui suit un virevoltant (boule d'herbe séchée qui roule, une signature du western) du désert du Nevada jusqu'à l'océan Pacifique en passant par la ville de Los Angeles montre que l'Amérique des origines n'existe plus et que sa société se désagrège en communautés disparates qui ne communiquent pas entre elles. De même, le premier plan du Dude (Jeff BRIDGES) au supermarché dit tout du personnage: ex-contestataire (ce sera confirmé par la suite avec son premier rêve sur du Bob DYLAN) qui a renoncé à ses idéaux pour une existence de glandeur négligé sans perspectives autre que celle de la satisfaction de ses petits plaisirs tels que la fumette, le bowling et l'alcool. Tout le reste est à l'avenant: l'enquête policière s'annule d'elle-même lorsque l'on découvre que son objet (une mallette pleine d'argent) n'existe pas (sans parler de son piètre enquêteur décérébré par la fumette intensive). La comédie musicale devient une séquence de rêve surréaliste dont le producteur (joué par Ben GAZZARA) est spécialisé dans les films porno. Le buddy movie se compose de deux types qui se chamaillent tout le temps et ne s'écoutent jamais (le Dude et Walter joué par John GOODMAN) alors que celui qui harmonisait leur relation et leur permettait de tenir ensemble, l'effacé Donnie (Steve BUSCEMI) disparaît, comme le tapis du Dude qui semble dérisoire alors qu'il est essentiel. C'est donc, caché par le ton loufoque du film un portrait très sombre d'une Amérique décadente (pour ne pas dire dégénérée) que nous offrent les frères Joel Coen et Ethan Coen symbolisé par le choix de Maude (Julianne Moore) de faire du Dude le géniteur de son enfant. C'est pourquoi je ne suis jamais parvenue à adhérer complètement à ce film que je trouve trop désespérant pour être vraiment drôle. Le rire qui me comble est subversif mais aussi souvent progressiste. L'Amérique des Coen sent la fin de race et l'anti-héros qu'ils proposent n'offre aucune alternative à celui du self made man incarné par son homonyme.

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Arizona Junior (Raising Arizona)

Publié le par Rosalie210

Joel Coen (1987)

Arizona Junior (Raising Arizona)

Parmi tous les films des frères Coen que j'ai pu voir dans ma prime jeunesse, leur deuxième a toujours été mon préféré. Et le revoir a juste été un régal de tous les instants. Comédie déjantée, parfaitement exécutée et survitaminée grâce notamment à une science du montage impeccable et une musique plus qu'entraînante, "Arizona junior" s'amuse beaucoup à revisiter les genres en mode décalé (le western, le cartoon, le film de braquage, la comédie familiale, la satire voire le film post-apocalyptique à la "Mad Max") (1979) et se paye le luxe de nous faire apprécier des taulards pied-nickelés aussi improbables qu'attachants. De gros nounours inadaptés et immatures au grand dam de Edwina (Holly HUNTER) ex-flic trop sentimentale pour résister bien longtemps à l'opération séduction de H.I. (Nicolas CAGE, craquant quand il est bien dirigé). Mais par delà ses scènes d'action (courses poursuites, bagarres) et son humour ravageur, le film est traversé de temps à autre par une sourde mélancolie et un réel sentiment d'injustice. Celui qui anime un couple si totalement démuni qu'il ne peut même pas avoir la seule richesse de l'American dream qui a priori ne s'achète pas: une descendance. Mais par contre il a toujours le droit de rêver, ça ne mange pas de pain.

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A Serious Man

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (2009)

A Serious Man

Bien entendu, c'est toujours un plus de connaître la culture juive dans laquelle baigne "A Serious Man". Mais à mon avis ce n'est pas indispensable pour entrer dans le film et l'apprécier. Il faut juste essayer de se mettre dans la peau d'un type a qui on a appris la valeur cardinale de la droiture depuis le berceau et qui manifestement navigue dans un monde qui en dépit des apparences est tout sauf droit. C'était déjà le message d'un de mes films fétiches, "La Garçonnière" (1960) de Billy WILDER (lui-même d'origine juive) dans lequel un petit employé new-yorkais noyé sous les compromissions tentait sous l'influence de son voisin juif de devenir un "mensch", un homme bien. C'est la ligne de conduite de Larry (Michael STUHLBARG) et pourtant tout va de travers dans sa vie: sa femme le quitte et le chasse de la maison pour un ami certes juif aussi mais bien plus accommodant avec la réalité (et la morale religieuse), ses enfants se disputent, son frère inadapté au comportement délictueux lui colle aux basques ce qui lui vaut d'être régulièrement visité par les flics, un de ses étudiants tente à tour de rôle de le soudoyer et de le diffamer pour faire changer sa note, sa titularisation à l'université semble compromise, son voisin redneck marche sur ses plates-bandes, une société de vente d'albums par correspondance lui impose des achats qu'il n'a pas demandé, sa voisine impudique le tente terriblement etc. Et à chaque fois qu'il essaye de trouver des solutions à sa montagne de problèmes, il se retrouve dans des situations kafkaïennes, demandant conseil à des rabbins ou à des hommes de loi de sa communauté qui au lieu de lui apporter des réponses l'enfoncent toujours davantage dans un dédale de perplexité. Au-delà de la question culturelle, il est intéressant de se glisser dans la peau d'un anti-héros écrasé par un environnement hostile mais qui est si policé qu'il ne parvient à extérioriser la vérité de son ressenti que dans ses cauchemars. Les frères Coen ont mis beaucoup de leur propre histoire dans ce récit et s'interrogent sur les différents moyens de concilier un bagage culturel ancestral avec les temps modernes. L'histoire se déroule en 1967 alors que les juifs du Midwest forment encore un clan mal assimilé au reste de la population mais les temps changent. Le fils de Larry qui s'apprête à fêter sa Bar-Mitsva (communion juive) et étudie dans une école hébraïque découvre en même temps la contre-culture à travers la musique et la marijuana.

J'ajouterai pour finir que la distribution, remplie d'acteurs peu connus est excellente.

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