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Articles avec #aventure tag

Indiana Jones et le cadran de la destinée (Indiana Jones and the Dial of Destiny)

Publié le par Rosalie210

James Mangold (2023)

Indiana Jones et le cadran de la destinée (Indiana Jones and the Dial of Destiny)

Contrairement à la majorité, j'avais aimé "Indiana Jones et le royaume du crane de cristal" (2007) qui tentait de faire évoluer la saga (et qui était réalisé par Steven SPIELBERG) alors que celui-ci recycle en grande partie les recettes qui ont fait le succès des trois premiers opus (ce qui est la marque de fabrique de Disney qui a racheté Lucasfilm en 2012). Les décors sont plutôt ceux de "les Aventuriers de l'Arche perdue" (1980), les ennemis sont à nouveau des nazis et le sidekick Sallah (John RHYS-DAVIES) est lui aussi de retour, le trio homme/femme/enfant fait penser à celui de "Indiana Jones et le temple maudit" (1984) de même que des scènes d'action "rollercoaster" (la poursuite en tuk-tuk), on y ajoute brièvement quelques sales bestioles dans une crypte, quelques créatures faisant penser à des serpents, des clins d'oeil en veux-tu en voilà mais pourtant ça n'a ni le charme ni l'exotisme des débuts. Il faut dire que le film n'est pas dénué de contradictions. D'un côté la nostalgie du passé et un héros vieux, fatigué, mélancolique et désormais has-been. De l'autre, des effets numériques trop visibles (rien que la séquence inaugurale avec le rajeunissement de Harrison FORD et de Mads MIKKELSEN pour impressionnante qu'elle soit se sent trop) et une filleule effrontée censé prendre la relève (le fils d'Indiana Jones n'ayant pas convaincu, il est passé par pertes et profits). Je n'ai pas aimé le personnage de Helena (Phoebe WALLER-BRIDGE) que j'ai trouvé bien trop caricaturale en "super-woman" sans parler du manque de feeling avec son partenaire (ça m'a fait penser au duo autrement plus réussi celui-là entre Harrison FORD et Emmanuelle SEIGNER dans "Frantic) (1988) et l'ado qui les accompagne, Teddy est lui aussi fort dispensable. A leur place, il aurait été tellement plus intéressant de voir l'interaction entre Harrison FORD et Antonio BANDERAS qui joue un ami d'Indiana mais que l'on ne voit que le temps d'une séquence à l'écran. On a donc un film brouillon, tiraillé de toutes parts, pour ne perdre aucun public? Il y a tout de même quelques scènes spectaculaires que j'ai trouvé réussies, notamment celle de la course-poursuite au milieu d'une parade qui aurait pu être davantage exploitée pour égratigner le patriotisme US, de même que la guerre du Vietnam, le mouvement hippie ou le recyclage d'anciens nazis au service du complexe militaro-industriel des USA qui sont à peine effleurés. Et puis il y a la fin qui est le seul moment du film qui a suscité chez moi de l'enthousiasme. Peut-être parce que j'aime la thématique des voyages dans le temps et que ça me parle que d'avoir envie de vivre dans une autre époque. Mais là encore, le film bégaie et au lieu d'une fin qui claque, il se termine sur quelque chose de beaucoup plus conventionnel.

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Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2007)

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull)

Je n'avais jamais eu envie de voir le quatrième épisode des aventures d'Indiana Jones bien qu'il ait fait couler beaucoup d'encre, plutôt négativement. Au final, sans atteindre la dimension mythique du premier ou l'intensité du troisième, c'est un film qui se regarde avec plaisir, même s'il est trop bavard et un peu longuet. Le poids des ans se fait ressentir et il est difficile d'anticiper le vieillissement des effets spéciaux numériques qui sont très présents dans le film. Mais la scène d'ouverture est tout aussi brillante que celle des opus précédents et nous plonge en immersion dans les années cinquante ou plutôt dans l'immense cinémathèque consacrée à cette période. Steven SPIELBERG et George LUCAS voulaient conserver l'aspect "série B" de leur saga en mixant l'aventure dans la jungle à la manière des aventures de Bob Morane avec les histoires de science-fiction souvent à connotation paranoïaque dans un contexte de guerre froide. Alors ils s'en donnent à coeur joie, parfois en s'auto-citant, de "American Graffiti" (1973) à "E.T. L'extra-terrestre" (1982) en passant par "Rencontres du troisième type" (1977) ou en citant les amis avec l'allusion à la première version du scénario de "Retour vers le futur" (1985) dans lequel la machine à voyager dans le temps fonctionnant à l'énergie nucléaire était un réfrigérateur. D'ailleurs le film de Robert ZEMECKIS transportait le héros dans les années cinquante et citait "L'Invasion des profanateurs de sépultures" (1956) également mentionné dans le film de Steven SPIELBERG. Quant à la cité maya construite par des aliens, elle aussi constitue un thème important de l'ufologie des années cinquante, soixante et soixante-dix dont on trouve l'héritage dans ce qui est un de mes souvenirs d'enfance "Les Mystérieuses cités d'or" (1983). Donc, respect vis à vis de tout ce travail d'assimilation et de restitution qui est d'une grande cohérence tout comme d'ailleurs l'autre aspect majeur du film, la saga familiale, amorcée dans le deuxième, affirmée dans le troisième et pleinement exploitée dans le quatrième. Steven SPIELBERG et George LUCAS sont tout autant mythologues que cinéastes et Harrison FORD est loin d'avoir rendu son dernier soupir. Même s'il doit faire équipe avec un petit jeune aux faux airs de James DEAN et de Marlon BRANDO joué par Shia LaBEOUF, aucun ancien, vivant ou non n'est oublié que ce soit Karen ALLEN (Marion Ravenwood), Sean CONNERY (Henry Jones senior) ou Denholm ELLIOTT (Marcus Brody) remplacé par Jim BROADBENT dans le rôle du doyen de l'institut où enseigne encore Indiana Jones qui lui aussi a vu sa retraite repoussée puisqu'il doit reprendre du service cette année pour un cinquième volet.

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Indiana Jones et la dernière croisade (Indiana Jones and the last crusade)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1989)

Indiana Jones et la dernière croisade (Indiana Jones and the last crusade)

Deux Jones pour le prix d'un dans cette dernière croisade au rythme échevelé, aux rebondissements incessants et aux ressorts comiques imparables. Ce troisième volet d'Indiana Jones est aussi pour moi le meilleur car le  plus personnel de Steven SPIELBERG. On retrouve ainsi les ennemis absolus, les nazis à la recherche d'un nouvel objet sacré, le saint graal dont ils espèrent s'emparer pour obtenir la toute-puissance. S'y superpose une histoire familiale qui était maladroitement esquissée dans "Indiana Jones et le temple maudit" (1984) mais qui trouve dans cet opus une expression magistrale. D'abord en la personne de River PHOENIX dans le rôle d'Indiana adolescent lors une scène d'ouverture d'anthologie qui n'est autre que la Genèse du personnage (son chapeau, son fouet, sa cicatrice, sa phobie des serpents et... sa relation difficile avec son père). Ensuite avec Sean CONNERY qui forme un duo irrésistible avec Harrison FORD en père indigne qui concurrence son fils aussi bien sur le plan scientifique que dans le domaine des conquêtes féminines. De toutes manières, cette confusion des rôles est entretenue par le fait qu'ils ont le même prénom. D'où le surnom "Indiana" auquel le père préfère "junior" pour se placer en position de supériorité, alors qu'il agit comme un vieux gamin. La première scène où ils jouent ensemble donne le ton, Henry Jones se souciant davantage du vase qu'il a cassé en frappant par erreur Indiana que de l'état de santé de celui-ci. Le saint graal devient alors la quête du lien père-fils qui n'a jamais pu s'établir jusque là. Et bien que l'on reste toujours dans une atmosphère légère et bondissante, c'est le film qui des trois ressemble le moins à une BD. On est plus proche du style James Bond (Sean Connery oblige!) avec un fort caractère parodique qui sera repris plus tard par Michel Hazanavicius pour ses OSS 117. 

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Indiana Jones et le temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1984)

Indiana Jones et le temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom)

La suite des aventures de "Indiana Jones" est en réalité ce que le jargon hollywoodien appelle aujourd'hui une préquelle. L'histoire se déroule en effet en 1935 soit un an avant "Les Aventuriers de l'arche perdue" ce qui permet en réalité de ne pas avoir les mains liées par un scénario préexistant et rapproche encore plus la saga des serials, cartoons et autres comics dont elle s'inspire avec une succession de morceaux de bravoure ébouriffants. L'introduction est aussi magistrale que celle du premier opus avec ses hommages simultanés aux comédies musicales et aux films de gangsters des années 30, une ambiance très "Lotus bleu", un clin d'oeil à "Star Wars" (le club s'appelle "Obi Wan"!), un autre à James Bond et encore une autre à "19413 (1979) (le gong qui se détache comme le faisait la grande roue) et cette incroyable mise en scène où les personnages courent après un diamant et un antidote qui ne cessent de se dérober au moment où ils vont les attraper: un véritable ballet! Il en annonce un autre, celui de la course-poursuite en wagonnet qui fait de ce "Temple maudit" un film "rollercoaster" qui sera ensuite décliné à Disneyland (tout comme Star Wars). S'y ajoute la scène du pont suspendu qui est également spectaculaire.

Cependant, des trois Indiana Jones que j'ai vu, c'est celui que j'aime le moins. Autant "L'Empire contre-attaque" (1980) réussit à avoir des accents de tragédie shakespearienne (merci Akira KUROSAWA!) autant les pérégrinations souterraines de Indiana Jones et de ses amis m'ont paru relever du grand guignol bien plus que d'une descente aux enfers (les effets spéciaux vieillis n'arrangent rien). Et si Willy Scott (Kate CAPSHAW) en chanteuse de cabaret perdue dans la jungle façon "la ferme célébrités" ou confrontée à des plats exotiques peu ragoûtants ou encore assaillie de bestioles plus que jamais "Ford Boyard" est drôle au début, sa mue est ratée: elle devient tout simplement une potiche lambda pendue au cou de son aventurier préféré. Dommage car on reconnaît à travers le trio du film une ébauche de la famille dysfonctionnelle chère à Steven SPIELBERG avec un père immature voire défaillant qui annonce la relation père-fils de "Indiana Jones et la dernière croisade" (1989). Il y a même un petit côté "Joueur de flûte de Hamelin" dans le film en ce sens que Indiana Jones à la recherche d'un artefact magico-mystique doit choisir entre ses réflexes d'archéologue occidental pilleur de trésor et sa promesse de le rendre aux villageois à qui il a été dérobé, leur permettant par là même de retrouver leurs enfants eux aussi volés, donc leur avenir.

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Les Aventuriers de l'Arche perdue (Raiders Of The Lost Ark)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1980)

Les Aventuriers de l'Arche perdue (Raiders Of The Lost Ark)

J'avais sept ou huit ans quand j'ai vu "les Aventuriers de l'Arche perdue" (1980) pour la première fois dont la fin m'avait terrifiée à l'époque! Mais cette touche d'horreur ne doit pas occulter que Indy est l'héritier de toute une série d'oeuvres l'ayant précédé et d'un genre qu'il a contribué à relancer. Principalement des BD et des films de série B mais aussi l'aventure avec un grand A incarnée par le film de John HUSTON "Le Trésor de la Sierra Madre" (1947), le look de Harrison FORD s'inspirant de celui de Humphrey BOGART. Ou encore la comédie de Philippe de BROCA, "L'Homme de Rio" (1964) qui s'inspire des aventures de Tintin ce qui explique la parenté entre le célèbre reporter belge (que ne connaissait pas à l'époque Steven SPIELBERG, il s'est rattrapé depuis) et l'archéologue intrépide. Mais des références ne font pas un film, encore moins un film culte à l'origine d'une saga mythique. Alors forcément, "Les Aventuriers de l'arche perdue" innove aussi. Avec d'abord un héros d'un nouveau genre, certes très physique mais également intellectuel, même si ce n'est pas son érudition qui semble fasciner ses étudiantes. Surtout Indy est cool et attachant, vulnérable et plein d'autodérision en harmonie avec ce que dégage Harrison FORD (et dont on sent qu'il a fait école avec "À la poursuite du Diamant vert" (1984), "Allan Quatermain et les mines du roi Salomon" (1985), Bruce WILLIS pour la saga "Die Hard" ou encore bien sûr les OSS 117 de Michel HAZANAVICIUS entre Le Caire et Rio et ses nazis d'opérette). Et le film est à l'unisson. Un rythme haletant, ponctué de morceaux de bravoure qui préfigurent "Ford Boyard", ses mygales et ses serpents, ses coffres et "La Boule" ^^ mais laissant des espaces pour la comédie comme le célèbre gag improvisé du pistolet tueur de sabre dicté par un épisode de dysenterie qui obligeait Harrison FORD à boucler la prise entre deux passages au toilettes. Enfin on ne peut pas faire l'impasse sur la partition mythique de John WILLIAMS qui est à l'aventure ce que celle de "Star Wars" est à la science-fiction.

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Les Colons (Los Colonos)

Publié le par Rosalie210

Felipe Galvez Haberle (2023)

Les Colons (Los Colonos)

En attendant une éventuelle sortie en salles en France, il est possible de voir "Les colons", le premier long-métrage de Felipe GÁLVEZ HABERLE qui faisait partie de la sélection du festival de Cannes "Un certain regard" en VOD depuis le 2 mai ou bien en avant-première dans quelques salles. Le film raconte la naissance de la nation chilienne en deux parties. La première qui fait penser à un western évoque les conditions dans lesquelles les colons espagnols ont pris possession des terres de la Patagonie. C'est à dire en faisant "pacifier" la zone, terme occultant la réalité de l'extermination des autochtones. Trois de leurs sbires sont envoyés pour "nettoyer le terrain" des indiens qui dérangent l'ordre que les colons veulent établir en détruisant les clôtures (symbole de propriété privée) et en mangeant le cheptel (symbole de l'économie capitaliste). Contrairement à ce que j'ai pu lire lors des retours critiques après la projection du film, il n'est inexact d'affirmer que l'on voit tout du seul point de vue des blancs. Car le troisième homme, l'employé métis tant par son statut d'inférieur perpétuellement rabaissé et humilié que par sa nature hybride observe et consigne dans sa mémoire les horreurs dont il est le témoin et auxquelles parfois ses supérieurs l'obligent à participer. Supérieurs qui sont montrés sous leur jour le plus barbare ce qui a été également critiqué. Cependant d'une part, le témoignage précieux d'un Bartolomé de La Casas a fait état des atrocités commises par les espagnols en Amérique. D'autre part, il s'agit pour Felipe GÁLVEZ HABERLE de déconstruire leur prétendue oeuvre civilisatrice en montrant la véritable nature de ces missions de "pacification" qui ont précédé la naissance des nations modernes du Chili et de l'Argentine. Ainsi le (pseudo) lieutenant écossais qui joue le rôle de contremaître du propriétaire terrien espagnol, le mercenaire texan que celui-ci lui impose comme compagnon de voyage et le colonel Martin qu'ils croisent sur leur chemin rivalisent de sauvagerie et de cruauté, chacun cherchant par ailleurs à dominer l'autre de la plus brutale des manières. Tout au plus peut-on reprocher au réalisateur de ne montrer les indiens que comme des victimes, même si leur résistance est évoquée quand Segundo (le métis) n'a pas des visions où lui apparaît un guerrier indien. On remarquera également que les violences sont plus suggérées que montrées, elles sont soient racontées, soit cachées derrière un épais brouillard. La deuxième partie du film, non moins intéressante se concentre sur la façon dont les représentants des autorités officielles tentent de maquiller les faits historiques afin de construire un "roman national" autour de la naissance de la nation chilienne pour souder ses divers éléments autour d'un consensus forcément mensonger. Pour parvenir à leurs fins, ces représentants vont à la rencontre de Segundo et de son épouse, une indienne rescapée des massacres qui elle aussi a été témoin et victime. La façon dont elle décide de résister à la mise en scène façon "film dans le film" qui doit nourrir le récit des autorités de la pseudo véracité des images conclue en beauté un film aussi riche que puissant cinématographiquement.

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Apocalypse Now

Publié le par Rosalie210

Francis Ford Coppola (1976)

Apocalypse Now
Apocalypse Now

Après "L'Esprit de la ruche" (1973) il y a quelques jours qui évoquait l'imaginaire d'une petite fille face à la mort dans un contexte de dictature franquiste, "Apocalypse Now" (1976) est le deuxième film que je visionne baignant presque entièrement dans la lumière dorée des heures magiques de l'aube et du crépuscule, prolongées en nocturne par la lueur des flambeaux. Le dantesque chef-d'oeuvre que Francis Ford COPPOLA a consacré à la guerre du Vietnam est un voyage dans l'espace-temps dont la dernière demi-heure atteint des sommets de mysticisme magnifié par la renversante photographie. Le colonel Kurtz (Marlon BRANDO) et son alter ego le capitaine Willard (Martin SHEEN) sont filmés comme des idoles de sang et d'or à demi noyées dans l'obscurité. Des idoles condamnées à un crépuscule éternel. Car si le film s'ouvre et se ferme sur "The End" des Doors, il est composé comme une relecture de la tétralogie de Wagner: l'Or du Rhin, c'est le fleuve Congo de la nouvelle de Joseph Conrad "Au coeur des ténèbres" ayant servi de base scénaristique au film. C'est aussi une métaphore: "Apocalypse now" est un film-fleuve. C'est enfin le Nung, nom du fleuve vietnamien que remonte Willard et son équipage à la recherche du colonel Kurtz devenu un seigneur de la guerre vivant avec ses fidèles à la frontière du Cambodge. Pour avoir accès au fleuve, Willard doit faire appel au lieutenant-colonel Bill Kilgore (Robert DUVALL) qui lui fraie un chemin avec sa cavalerie d'hélicoptères au son de la chevauchée des Walkyries. Une séquence entrée dans la légende du cinéma d'autant que l'épique y est modéré par l'horreur et le grotesque qui souligne que Francis Ford COPPOLA n'est pas dupe des images qu'il filme en coupant court à toute héroïsation. Car personne n'a oublié la petite phrase de Kilgore regardant brûler la jungle avec satisfaction "j'aime l'odeur du napalm le matin" alors que sur son ordre deux de ses hommes surfent en terrain pas tout à fait conquis. Puis le film se mue en fleuve-movie oscillant entre séquences introspectives (la lecture des lettres de Kurtz qui "hante" l'ensemble du film bien avant qu'il ne se matérialise en chair et en os) et rencontres symboliques et oniriques qui forment autant de jalons expérimentaux dans la quête de ce nouveau Sigfried qu'est Willard. Outre des soldats abandonnés à eux-mêmes continuant absurdement le combat tels "Onoda, 10 000 nuits dans la jungle" (2021), l'une des plus saisissantes est celle des colons français qui a été rajoutée lorsque Francis Ford COPPOLA a pu remonter le film a postériori. Baignant elle aussi majoritairement dans une lumière crépusculaire, elle peut s'interpréter comme une halte au pays des revenants d'une époque révolue vivant en vase clos hors-sol, celle de l'Indochine française dont la disparition avait donné lieu à une première guerre dans laquelle les USA avaient soutenu la France. Francis Ford COPPOLA parvient ainsi à une rare osmose entre mythologie, histoire et critique: "La Charge héroïque" (1948) du lieutenant-colonel Kilgore avait elle-même de relents de conquête de l'ouest génocidaire du XIX° siècle. Et que dire de la fin avec son décor d'autel païen rempli d'offrandes sanglantes à un monstre terré dans son antre se prenant pour un Dieu et incarnant de même que la lumière en clair-obscur la dualité humaine ("qui fait l'ange fait la bête"). Monstre qui doit être sacrifié par un double adoubé sorti des eaux comme Nessie et devant lequel on se prosterne pour que l'Amérique puisse conserver la conscience claire.

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Coeurs brûlés (Morocco)

Publié le par Rosalie210

Josef Von Sternberg (1930)

Coeurs brûlés (Morocco)

"Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis". C'est sur ce mouvement d'attraction et de répulsion qu'est bâti l'atmosphérique "Morocco" au titre français tout aussi évocateur de moments torrides, "Coeurs brûlés". Deuxième film de Josef von STERNBERG avec Marlene DIETRICH après "L'Ange bleu" (1930), c'est aussi leur premier film hollywoodien, tourné dans un Maroc de pacotille reconstitué dans les studios de la Paramount. Mais comme pour "Pépé le Moko" (1937) " tourné dans une Casbah reconstituée à Paris ou Casablanca" (1942) qui a été tourné entre les studios de la Warner et un aérodrome de Los Angeles, la magie opère. Il faut dire que les spectateurs de l'époque étaient bien peu nombreux à avoir réellement voyagé, se contentant de reconstitutions exotiques comme l'exposition coloniale de Paris en 1931. Moment d'anthologie quand Marlene DIETRICH, chanteuse de cabaret (cosmopolite comme il se doit) apparaît habillée en smoking et chapeau haut-de-forme, suscitant la fascination érotique des hommes aussi bien que des femmes de l'assistance et n'hésitant pas à les provoquer, jusqu'à ce qui est considéré comme l'un des premiers baisers lesbiens de l'histoire du cinéma (on est encore dans la période pré-code). Parmi eux, un beau légionnaire en sueur (Gary COOPER, dans un contre-emploi de séducteur désinvolte) au sourire ravageur et toujours flanqué d'une ou plusieurs indigènes dans ses bras ou sur ses genoux. Un bourreau des coeurs qui tape dans l'oeil de Amy Jolly (le personnage joué par Marlène Dietrich) puisque sous prétexte de lui vendre des pommes (on notera la référence au fruit défendu bon à croquer ^^), elle en profite pour lui glisser la clé de sa chambre. Le tout sous l'oeil déjà résigné mais conquis du riche La Bessière (Adolphe MENJOU). Amy Jolly n'est pas insensible à ses attentions mais éprouve en dépit de ses dénégations de femme qui a déjà trop vécu (de déceptions amoureuses) une passion pour Tom Brown digne de la chanson d'Édith PIAF d'autant que lui-même est du genre à porter sur son coeur le tatouage "personne" (même s'il en grave un autre dans le bois percé de la flèche de Cupidon avec le nom d'Amy Jolly, pas question de renoncer à sa liberté). Logique que tout cela se termine dans le "sable chaud" du désert du Sahara (en réalité de la Californie) lors d'une scène onirique hallucinante de beauté.

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Dieu seul le sait (Heaven Knows Mr Allison)

Publié le par Rosalie210

John Huston (1957)

Dieu seul le sait (Heaven Knows Mr Allison)

Entre "The African Queen" (1951) (un récit d'aventure et d'amour entre deux contraires contraints de survivre en huis-clos dans la jungle tropicale et dans un contexte de guerre mondiale) et "La Nuit de l'iguane" (1964) (reptile qui comme la tortue dans "Dieu seul le sait" symbolise les désirs sexuels refoulés de personnages eux aussi très polarisés ou écartelés et dans lequel joue aussi Deborah KERR dans un rôle assez proche de soeur Angela), "Dieu seul le sait" est un film magnifique, une sorte de huis-clos insulaire d'une très grande intensité entre un Marine de la guerre du Pacifique sauvé des eaux comme Moïse et une bonne soeur, seule rescapée de sa congrégation qui sans lui, n'aurait pas survécu. L'affection immédiate qu'éprouvent l'un pour l'autre le caporal Allison et la soeur Angela (et qui reflétait l'amitié réelle qui unissait Robert MITCHUM et Deborah KERR) et qui a quelque chose d'ingénu et de profondément émouvant se transforme peu à peu en quelque chose de plus trouble lorsqu'ils sont forcés de se cacher dans une grotte lors de l'invasion de l'île par les japonais. Et la grotte n'est pas le seul élément (avec la tortue) symbolique du film. L'évolution des vêtements des deux protagonistes en est un autre. Sorte d'armure qui les enferme dans leurs sacerdoces respectifs, ils sont amenés à les quitter une première fois lorsque les japonais relâchent la pression en quittant temporairement l'île. Si cela n'a aucun effet sur Angela qui depuis les premières images baigne dans une blancheur immaculée complètement irréelle après des jours et des nuits passées dans la jungle et dans la grotte, le bain transforme le caporal hirsute et aux abois depuis les premières images en homme séduisant et détendu qui pour la première fois exprime ses sentiments à Angela qui lui oppose ses fiançailles avec Dieu. Arrive alors le deuxième moment de basculement lorsqu'après avoir tenté de noyer sa frustration dans l'alcool, le caporal qui a laissé échapper de nouveau son amour et son amertume provoque la fuite d'Angela sous la pluie dont l'apparence connaît alors une métamorphose spectaculaire: ses vêtements se mouillent et s'encrassent presque immédiatement et ne reviendront jamais à leur état initial ce qui est un indice qui se passe de mot sur l'évolution que connaît le personnage, en proie subitement à une forte fièvre et qui se retrouve comme Madeleine dans "Vertigo" (1958) nue sous des couvertures, sa chevelure flamboyante jusque là dissimulée apparaissant au moment même où le caporal lui donne sa veste, laissant alors apparaître toute son animalité. Ne reste plus à Angela, une fois rétablie à prendre soin à son tour du caporal lors d'une fin (qui est aussi celle de la délivrance américaine de l'île) ouverte à tous les possibles.

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Just Pals

Publié le par Rosalie210

John Ford (1920)

Just Pals

"Just Pals" ("Juste des potes") est le premier film de John FORD réalisé pour les studios Fox après avoir travaillé plusieurs années durant pour Universal. Par sa durée mais surtout par sa thématique, il fait penser à "Le Gosse" (1921) réalisé un an plus tard par Charlie CHAPLIN. Une version champêtre du kid reposant sur l'amitié qui se noue entre Bim (Buck JONES), le "bon à rien" du village et Bill (Georgie STONE), un jeune vagabond orphelin qu'il adopte par hasard. John FORD créé deux personnages attachants dont il met en avant les qualités morales face à une communauté villageoise remplie de préjugés et dont certains individus à l'apparence respectable dissimulent une âme de crapule, essentiellement par l'argent. C'est le cas des "Thénardier locaux" qui veulent arracher Bill des mains de Bim parce qu'ils le confondent avec un enfant kidnappé et recherché contre une grosse récompense par son père fortuné. C'est aussi le cas du soupirant de la jolie institutrice du village (Helen FERGUSON) dont Bim est également amoureux mais qui n'hésite pas à la compromettre en la persuadant de lui remettre la caisse de l'école. Après la découverte du forfait et du corps de l'institutrice qui a tenté de se noyer, tous les soupçons se portent sur Bim qui est également surpris au beau milieu du hold-up de la banque et compromis par les malfaiteurs. La promptitude avec laquelle les villageois lui mettent la corde au cou révèle à quel point cet intrus les dérange. Mais Bill qui a retrouvé à l'école les enfants des lyncheurs de Bim n'a pas l'intention de les laisser faire. Toutes ces intrigues qui relèvent de la chronique villageoise, du western, du mélo, du film d'action et d'aventures et de la comédie sont traitées de façon aussi limpides que trépidantes et en plus, on ressent beaucoup de tendresse pour ces déclassés inassimilables mais à l'âme intacte. Un petit régal.

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