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Coeurs brûlés (Morocco)

Publié le par Rosalie210

Josef Von Sternberg (1930)

Coeurs brûlés (Morocco)

"Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis". C'est sur ce mouvement d'attraction et de répulsion qu'est bâti l'atmosphérique "Morocco" au titre français tout aussi évocateur de moments torrides, "Coeurs brûlés". Deuxième film de Josef von STERNBERG avec Marlene DIETRICH après "L'Ange bleu" (1930), c'est aussi leur premier film hollywoodien, tourné dans un Maroc de pacotille reconstitué dans les studios de la Paramount. Mais comme pour "Pépé le Moko" (1937) " tourné dans une Casbah reconstituée à Paris ou Casablanca" (1942) qui a été tourné entre les studios de la Warner et un aérodrome de Los Angeles, la magie opère. Il faut dire que les spectateurs de l'époque étaient bien peu nombreux à avoir réellement voyagé, se contentant de reconstitutions exotiques comme l'exposition coloniale de Paris en 1931. Moment d'anthologie quand Marlene DIETRICH, chanteuse de cabaret (cosmopolite comme il se doit) apparaît habillée en smoking et chapeau haut-de-forme, suscitant la fascination érotique des hommes aussi bien que des femmes de l'assistance et n'hésitant pas à les provoquer, jusqu'à ce qui est considéré comme l'un des premiers baisers lesbiens de l'histoire du cinéma (on est encore dans la période pré-code). Parmi eux, un beau légionnaire en sueur (Gary COOPER, dans un contre-emploi de séducteur désinvolte) au sourire ravageur et toujours flanqué d'une ou plusieurs indigènes dans ses bras ou sur ses genoux. Un bourreau des coeurs qui tape dans l'oeil de Amy Jolly (le personnage joué par Marlène Dietrich) puisque sous prétexte de lui vendre des pommes (on notera la référence au fruit défendu bon à croquer ^^), elle en profite pour lui glisser la clé de sa chambre. Le tout sous l'oeil déjà résigné mais conquis du riche La Bessière (Adolphe MENJOU). Amy Jolly n'est pas insensible à ses attentions mais éprouve en dépit de ses dénégations de femme qui a déjà trop vécu (de déceptions amoureuses) une passion pour Tom Brown digne de la chanson d'Édith PIAF d'autant que lui-même est du genre à porter sur son coeur le tatouage "personne" (même s'il en grave un autre dans le bois percé de la flèche de Cupidon avec le nom d'Amy Jolly, pas question de renoncer à sa liberté). Logique que tout cela se termine dans le "sable chaud" du désert du Sahara (en réalité de la Californie) lors d'une scène onirique hallucinante de beauté.

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