Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #aventure tag

Tabou (Tabu, A Story of The South Seas)

Publié le par Rosalie210

Friedrich Wilhelm Murnau (1931)

Tabou (Tabu, A Story of The South Seas)

La perfection de Tabou réside dans ses prodiges d'équilibre (une caractéristique de Murnau) à mi-chemin de la fiction et du documentaire, de l'esthétisme allemand et de la culture polynésienne, de la tragédie grecque et du tableau épicurien renoirien, de Gauguin et de Matisse, du sombre et du solaire, du paradis sur terre et des ravages de la colonisation. Le résultat est fascinant, envoûtant à l'image d'une scène de danse indigène qui met le spectateur en état de transe. Comme dans le Dernier des hommes, aucun intertitre ne vient polluer le flux d'images (magnifiques), tout semble couler de source.

Tabou qui semble au premier abord très rousseauiste contient une évidente critique de la civilisation corruptrice un peu comme dans l'Aurore. Dès que les deux jeunes gens rencontrent les colons français et les commerçants chinois, on devine qu'ils sont perdus. Mais comme l'Aurore, Tabou est en réalité bien plus nuancé et subtil. Il montre de façon très avant-gardiste la naissance d'une société multiculturelle (magnifique scène de bal où Murnau filme les pieds des danseurs dont certains sont nus et d'autres revêtus de chaussures de prix.) D'autre part il critique également le poids des traditions indigènes qui broient le libre-arbitre. On peut d'ailleurs voir dans la décision du vieux chef de tribu de faire de cette jeune fille une vestale privée de l'homme qu'elle aime une sorte d'inceste comme le montre une cérémonie qui ressemble à un mariage forcé.

Voir les commentaires

1941

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1979)

1941

1941 est le quatrième film de Spielberg et l'un des premiers scénarios du tandem Zemeckis-Gale adapté au cinéma. Ceux-ci venaient en effet tout juste de quitter l'université. Film maudit devenu culte avec le temps, 1941 est une comédie burlesque anarchisante qui comme les premiers films des Marx Brothers met en pièce le décor et tourne en dérision l'armée et la famille (au grand dam de John WAYNE qui traitera le film "d'anti-patriotique"). 1941 fait ressortir les thèmes et motifs favoris du duo de scénaristes qui sont alors dans la provocation: antimilitarisme, goût pour la subversion, attirance pour les personnages complètement cinglés, allusions sexuelles permanentes (mention spéciale à l'actrice des "Dents de la mer" embrochée non cette fois par un requin mais par un périscope sans parler de la nymphomane obsédée par l'idée de s'envoyer en l'air à bord d'un B-17). L'intérêt de Zemeckis pour l'histoire apparaît également car le film est vaguement inspiré de faits réels. C'est assez jubilatoire de voir le d'ordinaire si sérieux Spielberg s'adonner à cette nuit de folie joyeuse et libre. Bon d'accord, 2h30 d'hystérie en roue libre (sans jeu de mots puisque la grande roue quitte réellement son axe dans le film!) c'est too much mais on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre!

A noter que comme Comme Zemeckis et Gale, Spielberg est un inconditionnel du Docteur Folamour. C'est pourquoi il a embauché Slim Pickens (le mythique major Kong du film de Kubrick) pour lui faire rejouer dans 1941 certaines scènes cultes aux côtés d'une brochette d'acteurs hauts en couleurs dont le regretté John Belushi (en frappadingue capitaine Kelso). La musique parodique de John Williams est un régal.

Voir les commentaires

La Machine à explorer le temps (The Time Machine)

Publié le par Rosalie210

George Pal (1960)

La Machine à explorer le temps (The Time Machine)

Oeuvre de jeunesse plusieurs fois réécrite entre 1888 et 1924, la Machine à explorer le temps de H.G Wells est une satire de la société capitaliste dont les inégalités poussées à l'extrême finissent par donner naissance à deux clans de dégénérés (les Elois à la surface et les Morlocks dans les souterrains) au comportement barbare et inculte, les anciens esclaves se nourrissant de leurs anciens maîtres réduits à des sortes de pantins décérébrés. Fritz Lang a d'ailleurs repris l'idée de l'étagement des classes sociales dans son film Metropolis en l'inversant (les maîtres occupent les étages supérieurs et les esclaves les étages inférieurs.)

L'adaptation cinématographique de George Pal a été réalisé en 1960. Si le film reprend fidèlement la trame du livre de H.G Wells, il porte la marque du contexte dans lequel il a été réalisé. Ainsi au lieu de filer tout droit vers l'an 802 701, le scientifique (qui s'appelle désormais George en référence à Wells alors qu'il n'avait pas de nom dans le livre) fait plusieurs arrêts, tous liés aux guerres du XX° siècle. En pleine période de guerre froide, le film extrapole même une attaque nucléaire qui engloutit la surface de Londres sous une couche de lave, obligeant les survivants à se réfugier sous terre (une obsession de l'époque: La Jetée, Docteur Folamour etc.) La fin est également différente.

Le film de Pal est devenu une référence pour les cinéastes traitant du voyage dans le temps. Meyer a repris la première séquence quasiment à l'identique pour son film de 1979 C'était demain dont Wells est également le héros. De même Zemeckis s'est inspiré du générique du film pour celui du premier Retour vers le futur et les trois couleurs des lampes de la machine à voyager dans le temps (jaune, rouge, verte) sont devenues celles du tableau de bord de la Deloréan. Enfin un remake du film de Pal a été réalisé en 2002 avec pour réalisateur l'arrière-petit fils de H.G Wells.

Voir les commentaires

All is lost

Publié le par Rosalie210

J.C. Chandor (2013)

All is lost

Ce film limpide grâce à son parti pris radical et rigoureux (un lieu, un personnage, pas de dialogues, pas d'explications, juste l'immersion dans le présent) ramène l'humain à ce qu'il est: une poussière dans l'univers. L'univers ici est l'immensité de l'océan, indifférent aux malheurs successifs du héros qui lutte de façon acharnée pour sa survie dans une situation toujours plus précaire, utilisant toutes les ressources de son intelligence et de son savoir-faire avant de s'avouer vaincu et de lâcher prise. Scène énigmatique à dimension mystique car la main tendue au moment où tout semble perdu ressemble à la grâce divine. Un des plus grands rôles de Robert Redford dont la retenue émotionnelle impressionne autant que son acceptation de la vieillesse vis à vis du regard de la caméra (qui le filme au plus près).

Voir les commentaires

Interstellar

Publié le par Rosalie210

Christopher Nolan (2014)

Interstellar

Interstellar qui s'inscrit clairement dans la lignée de 2001 l'Odyssée de l'espace tout en recyclant les obsessions géométriques de Christopher Nolan réussit à instruire tout en réenchantant l'exploration spatiale. Le film s'appuie sur les travaux de l'astrophysicien Kip Thorne et s'avère visionnaire sur les dernières découvertes concernant la théorie de la relativité. J'ai récemment assisté à une conférence de vulgarisation sur le sujet au Palais de la découverte et pour illustrer le phénomène des trous noirs (dont on vient de prouver l'existence grâce à des appareils capables de capter les ondes gravitationnelles qu'ils émettent), il y avait une photo de Gargantua, celui que l'on voit dans Interstellar (trou noir qui illustre également nombre de revues spécialisées).

D'autre part le film rappelle qu'il n'y a pas que la lumière et les ondes gravitationnelles qui sont capables de franchir le vide intersidéral, il y a aussi l'amour. Le lien très fort qui unit Cooper et sa fille Murphy par-delà l'espace et le temps est ce qui sauve au final l'humanité. Et la puissance de cet amour filial est un nouvel hommage au génial théoricien de la relativité, Albert Einstein. Ce dernier avait en effet écrit à sa fille une lettre qui disait en substance:
"Il y a une force extrêmement puissante pour qui jusqu’à présent, la science n’a pas trouvé une explication officielle. C’est une force qui comprend et régit toutes les autres et est même derrière tout phénomène qu’elle opère dans l’univers et qui a été identifié par nos soins. Cette force universelle est l’Amour.
Lorsque les scientifiques étaient à la recherche d’une théorie unifiée de l’univers, ils ont oublié la plus invisible et la plus puissante des forces: L’Amour est Lumière, parce qu’il éclaire celui qui s’y donne et la reçoit. L’Amour est gravité, car elle rend certaines personnes attirées par l’autre. L’Amour est la puissance, car elle démultiplie la meilleure chose que nous ayons et permet que l’humanité ne s’éteigne pas dans son égoïsme aveugle. L’Amour révèle et se révèle. Par l’Amour, meurt et vit. L’Amour est Dieu, et Dieu est Amour".

Les allusions religieuses d'Interstellar (vaisseau arche de noé, héros nouveaux Adam et Eve pouvant vivre plusieurs centaines d'années, puissance de l'amour) sont donc profondément fidèles à la vision d'Einstein et rappellent que la science sans humanité n'a pas de sens. Les critiques français qui dénoncent la dimension religieuse des films de SF américains sont donc complètement à côté de la plaque (c'est d'ailleurs sans doute pour cela que nous sommes incapables de réaliser un film de ce genre).

Voir les commentaires

Hugo Cabret (Hugo)

Publié le par Rosalie210

Martin Scorsese (2011)

Hugo Cabret (Hugo)

Hugo Cabret nous propose une passionnante et émouvante relecture de la genèse du cinéma à l'ère du numérique en 3D. Un automate qui rappelle le robot de Métropolis de Fritz Lang et qui dessine la lune de son créateur Meliès. Méliès, ancien magicien et cinéaste oublié dans les années 30 qui par le biais de deux enfants Hugo et Isabelle "ressuscite" en tant qu'artiste. Hugo suspendu à une horloge à la façon de Harold Lloyd dans Monte là-dessus. Hugo rêvant puis vivant une scène où il se retrouve sur les rails de la gare et voit le train foncer sur lui à la façon de l'arrivée d'un train en gare de la Ciotat des frères Lumière (et de la célèbre photo de l'accident de la gare Montparnasse en 1895, année de la naissance du cinéma et gare où Méliès a vendu des jouets pour survivre après avoir été oublié).

Loin d'être "un cinéma de grenier" naphtalisé comme l'ont proclamé stupidement certains critiques, Hugo Cabret est un hommage vibrant au cinéma, un pont jeté entre les époques et les générations, un rappel du fait que toute oeuvre importante s'appuie sur un solide héritage.

Voir les commentaires

Vice-Versa (Inside Out)

Publié le par Rosalie210

Pete Docter (2015)

Vice-Versa (Inside Out)

Un film d'animation totalement original, réussissant à inventer un univers traduisant de façon compréhensible l'univers psychique d'une pré-adolescente confrontée à un bouleversement majeur.

Cet univers possède un QG gouverné par de petits toons colorés incarnant les 5 émotions primaires: la joie (jaune en forme d'étoile), la tristesse (bleue en forme de larme inversée), la colère (rouge en forme de brique pour taper sur tout ce qui bouge), la peur (violet en forme de nerf) et le dégoût (vert en forme de brocolis, le légume détesté par Riley).

Les souvenirs de l'héroïne se matérialisent sous la forme de boules colorées par l'émotion dominante ressentie. De sa naissance à ses 11 ans, l'émotion reine de Riley est celle de l'enfance heureuse c'est à dire la joie. Les souvenirs sont donc à dominante jaune et les plus importants occupent la mémoire centrale. Il s'agit des principales sources de joie de Riley et leurs rayons donnent vie aux îles de la personnalité, des pôles d'équilibre psychique: famille, amies, hockey (la passion de Riley), bêtises...

Mais ce bel équilibre s'effondre à la suite d'un déménagement qui se passe mal. Riley perd tous ses repères et se laisse gagner par la colère et le dégoût. Car pour faire plaisir à ses parents elle refoule sa tristesse qui tout comme la joie est expulsée du quartier général et envoyée dans des zones inconnues de son cerveau. On découvre le train de la pensée, la bibliothèque de la mémoire à long terme, le studio des rêves, l'inconscient... dans une atmosphère de plus en plus sombre. Joie découvre alors le rôle essentiel de Tristesse dans l'équilibre de la personnalité de Riley. Si elle ne peut l'exprimer, elle risque de perdre le contact avec toutes ses émotions et de sombrer dans la dépression.

D'une inventivité formelle remarquable pour donner corps à des concepts abstraits, le film se double d'une analyse subtile du passage de l'enfance à l'adolescence et de la difficulté de grandir. Il montre que la perte et le deuil sont indispensables (celle de l'ami imaginaire par exemple) pour que d'autres choses puissent renaître (de nouvelles îles de la personnalité plus ado comme celle des boys band!) Il montre aussi que toutes les émotions sont nécessaires à l'équilibre d'une personne y compris celles que l'on considère comme indésirables. La peur assure la sécurité, le dégoût est un anti-poison tout comme la tristesse qui permet d'expulser son chagrin ou la colère (un personnage hilarant) qui défend la justice. Inversement la joie sans mélange mène à une impasse.
C'est pourquoi les émotions adolescentes et adultes deviennent hybrides (les souvenirs de la mémoire centrale deviennent bi ou tricolores). La joie n'est plus l'élément central comme on peut le voir avec les plongées dans l'esprit des parents.

Ne pas rater le générique de fin qui offre un supplément délectable!

Le film est transgénérationnel mais il est trop complexe pour les plus jeunes. Mieux vaut le découvrir vers 7-8 ans (mais c'est aussi l'âge indiqué pour la plupart des Harry Potter et d'autres oeuvres estampillées "jeunesse" qui sont aussi transgénérationnelles).

Voir les commentaires

<< < 10 20 30 31 32 33