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Articles avec #aventure tag

A la poursuite du diamant vert (Romancing the stone)

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (1984)

A la poursuite du diamant vert (Romancing the stone)

"L Homme de Rio" (1963) de Philippe de BROCA a fécondé au moins deux beaux bébés. Steven SPIELBERG s'en est inspiré pour "Les Aventuriers de l arche perdue" (1980) et a ensuite rendu hommage à la source originelle du film d'action et d'aventures de Philippe de Broca en réalisant "Les Aventures de Tintin : le secret de la Licorne" (2010). Robert ZEMECKIS, poulain de Spielberg qui avait réalisé "1941" (1979) à partir d'un scénario écrit par Zemeckis et Bob GALE et produit ses deux premiers films n'avait cependant pas encore connu de succès commercial retentissant. Afin de convaincre les studios de lui donner le feu vert pour tourner "Retour vers le futur" (1985) dont il avait écrit le scénario, toujours avec Bob Gale, il s'est donc lancé dans sa propre version de "L'Homme de Rio", "A la poursuite du diamant vert" que Michael DOUGLAS lui avait proposé de réaliser. On l'a un peu oublié aujourd'hui mais Michael Douglas était à cette époque davantage connu comme producteur que comme acteur (il avait notamment été l'artisan du succès de "Vol au-dessus d un nid de coucou") (1975). Le rôle de jack D. Colton a définitivement lancé sa carrière d'acteur.

Dans le genre, "A la poursuite du diamant vert" est une réussite qui se démarque de ses illustres "parrains" en ajoutant à la BD d'aventures trépidantes dans la jungle (par ailleurs parfaitement menée) une touche de screwball comédie à caractère féministe. Le film doit beaucoup en effet à l'alchimie du duo formé par Michael DOUGLAS et Kathleen TURNER et à la dynamique de leur relation. Alors qu'au départ Jack D. Colton est présenté comme un baroudeur expérimenté face à Joan la romancière inadaptée avec sa valise et ses talons, le rapport de forces s'inverse très vite. Colton fait systématiquement les mauvais choix face aux situations auxquelles ils sont confrontés alors que Joan s'ouvre facilement toutes les portes ce qui conduit Colton à se plonger dans des romans qu'il aurait auparavant méprisés. A ce couple détonant il faut ajouter la plue-value comique de Danny DeVITO et voilà comment Robert Zemeckis obtint le ticket gagnant pour sa célèbre saga rétro-futuriste tout en nous livrant un film réjouissant qui traverse le temps avec une suprême élégance!

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Le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad)

Publié le par Rosalie210

Raoul Walsh (1924)

Le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad)

Le Voleur de Bagdad est un exemple de syncrétisme réussi entre le conte européen* dont on retrouve la plupart des codes (récit initiatique où le héros après une série d'épreuves sort transformé de sa quête) et le rêve américain (le voleur est un self man man parti de rien et qui réussit à s'élever jusqu'au sommet par sa seule volonté et un peu de chance qui est ici incarnée par la magie) auquel il faut rajouter une grosse pincée d'exotisme oriental (avec sa dose de clichés, le fourbe chinois à l'apparence de Fu Manchu par exemple). Douglas FAIRBANKS alors au sommet de sa gloire est le véritable maître d'oeuvre du film. C'est lui qui a choisi la plupart des membres de l'équipe dont le réalisateur Raoul WALSH. Douglas Fairbanks réussit ainsi la fusion du courant expressionniste allemand alors maître du genre fantastique (dont il s'est chargé de distribuer un certain nombre de films au travers de sa société de production, la United Artists) et de la superproduction américaine à la manière de D.W. GRIFFITH. S'y ajoute les qualités athlétiques de l'acteur-scénariste-producteur-cascadeur qui faisaient déjà merveille dans ses précédents films d'action et d'aventures où il jouait les bandits au grand coeur tels que "Robin des Bois" (1922). Douglas Fairbanks semble plus que jamais libéré des contraintes de la pesanteur, à l'image des décors verticaux imaginés par William Cameron MENZIES et des différents moyens de transport magiques qu'il expérimente (cheval ailé, tapis volant, corde qui se dresse toute seule). Le résultat, fastueux, spectaculaire, merveilleux est entré dans les annales du cinéma et n'en est plus ressorti depuis. Un sommet du genre.

* En dépit de son titre, l'histoire n'est pas tirée des mille et une nuits mais a été écrite spécialement pour le film.

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Top Gun: Maverick

Publié le par Rosalie210

Joseph Kosinski (2022)

Top Gun: Maverick

J'aurais bien aimé revoir le premier "Top Gun" réalisé en 1986 dont je n'ai plus guère de souvenirs avant d'aborder celui-ci mais j'ai raté l'opportunité et il fallait se décider avant qu'il ne quitte les salles obscures étant donné que c'est un film qui se savoure mieux sur grand écran.

"Top Gun: Maverick" est un blockbuster entièrement construit autour de Tom Cruise, l'un des derniers acteurs de chair et d'os à pouvoir dicter ses exigences aux studios hollywoodiens. Le scénario, ultra convenu doit être lu à l'aune de la star sexagénaire qui se bat pour rester au top alors que la jeune génération aimerait le mettre au placard. La fin est de ce point de vue, limpide. Cruise alias Maverick et son protégé s'emparent d'un F-14, un avion datant de l'époque du premier Top Gun jugé bon pour la casse mais qui entre les mains des pilotes chevronnés fait encore des prouesses ("on a vu souvent, rejaillir le feu, de l'ancien volcan, qu'on croyait trop vieux"). Il ne s'agit pas seulement de nostalgie mais d'une métaphore car ce qui fait la valeur d'un avion "ce sont les pilotes" et à côté du petit jeune qu'il est chargé de former, Cruise doit montrer qu'il en a encore sous la pédale. L'autre cheval de bataille de l'acteur est d'ailleurs résumé dans la scène introductive où il se mesure à un drone: aucune technologie ne pourra se substituer à l'être humain. Comme dans les "Mission: impossible", les effets spéciaux numériques ne remplacent pas le réel. Même si les acteurs n'ont pas eu l'autorisation de piloter eux-mêmes les avions de chasse, ils ont tourné à l'intérieur de véritables appareils et non de simulateurs si bien qu'ils ont ressenti les effets des accélérations et autres voltiges que l'on voit dans le film. Ce souci du réel (même si l'intrigue est truffée d'invraisemblances, les pilotes étant "Incassable" pour reprendre le titre du film de M. Night Shyamalan) est ce qui distingue les films d'action de Tom Cruise du tout-venant. Ce panache du dernier des mohicans qui accouche de scènes d'action spectaculaires avec ce petit supplément d'âme qui fait toute la différence.

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Robin des Bois (Robin Hood)

Publié le par Rosalie210

Allan Dwan (1922)

Robin des Bois (Robin Hood)

S'il ne s'agit pas de la première adaptation cinématographique du mythe du justicier hors la loi qui vole aux riches pour donner aux pauvres, il s'agit de l'une des premières superproductions de l'histoire: 2h20, un budget de 1,4 millions de dollars, des milliers  de figurants, le plus grand décor alors jamais construit pour un film muet et le plus  grand succès de l'année 1922. A cela il faut ajouter la première superstar de la cascade, Douglas Fairbanks dans l'un de ses rôles les plus célèbres. Et pour cause, il livre une prestation en apesanteur, multipliant les prouesses acrobatiques et interprète un Robin des bois joyeux, léger et perpétuellement en mouvement d'un charme irrésistible: 100 ans après, il crève toujours l'écran. Eternel adolescent, on le voit s'amuser avec ses ennemis de façon très cartoonesque (on pense aussi à la façon dont Astérix sous potion et Obélix envoient valser les romains dans les airs). Cependant, il faut attendre plus d'une heure avant de voir surgir le diablotin bousculant une mise en scène bien trop sage. La faute à un prologue fastueux pour ne pas dire fastidieux (que l'on appellerait aujourd'hui une préquelle) essayant de donner une explication réaliste à l'origine du personnage avant que la légende telle qu'on la connaît se déploie dans toute sa splendeur, entraînant une nette accélération du rythme du film.

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Le Crabe-Tambour

Publié le par Rosalie210

 Pierre SCHOENDOERFFER (1977)

Le Crabe-Tambour

C'est le premier film que je vois de Pierre SCHOENDOERFFER et ce qui m'a frappé tout de suite, c'est à quel point il respire le vécu: un vécu de marin, de soldat et de reporter de guerre nourri aux mêmes livres d'aventures que l'acteur Bernard GIRAUDEAU qui avait été mécanicien dans la marine nationale (celle-ci joue un rôle central dans "Le Crabe-Tambour"). D'ailleurs le père de Bernard Giraudeau qui était militaire avait été envoyé en mission en Indochine et en Algérie alors que Pierre SCHOENDOERFFER avait été fait prisonnier à la fin de la première de ces deux guerres de décolonisation avant de partir documenter la seconde. Enfin les deux hommes outre une carrière dans l'armée et au cinéma étaient eux-mêmes devenus romanciers, les livres de Pierre SCHOENDOERFFER ayant servi de support à ses deux films les plus célèbres, "La 317ème section" (1964) et donc "Le Crabe-Tambour". Deux films entretenant une relation étroite au travers de l'itinéraire des frères Willsdorff inspirés par l'histoire des frères Guillaume, le premier tué en Algérie à la tête de son commando, le second devenu lieutenant de vaisseau. Dans la fiction, l'adjudant Willsdorff (Bruno CREMER), central dans "La 317ème section" qui se déroule en Indochine est juste mentionné sur un journal dans "Le Crabe-Tambour" lorsqu'il meurt en Algérie. Dans "le Crabe-Tambour", on découvre au travers de flashbacks l'existence de son frère, le lieutenant Willsdorff (joué par Jacques PERRIN qui dans "La 317ème section" était le sous-lieutenant que Bruno Cremer secondait) ayant également traversé les deux guerres avant de devenir capitaine de pêche sur un chalutier au large de Terre-Neuve.

C'est donc vers cet homme devenu un fantôme hantant les souvenirs de ceux qui l'ont croisé que vogue le navire d'escadre Jauréguibbery. A son bord un commandant taciturne, dissimulant sa maladie et son infirmité sous son code d'honneur (Jean ROCHEFORT alors à contre-emploi), son confident, le médecin du bord (Claude RICH) et enfin le chef-mécanicien, un vieux loup de mer breton friand d'histoires bigoudènes (Jacques DUFILHO). On est pris dans une expérience immersive puissante oscillant entre le documentaire (de nombreuses scènes sont saisissante de réalisme et minutieusement documentées: vie à bord d'un navire de guerre en mission d'assistance à la Grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve, transfert et soins des marins-pêcheurs blessés et malades, découpe du poisson en haute-mer etc.) et le mythe à la manière d'un roman de Emile Zola. La manière dont la mer est filmée par Raoul COUTARD, compagnon de route de Pierre SCHOENDOERFFER sur les théâtres de guerre et chef-opérateur de la nouvelle vague (c'est le cas de le dire) en fait un être vivant, actrice du film à part entière tous comme les bateaux qui ressemblent à de grands animaux marins. Quant au code d'honneur des militaires qui est lui aussi central dans le film, il m'a fait penser avant même que je ne le découvre à celui de Arthur HARARI, "Onoda, 10 000 nuits dans la jungle" (2021). Je ne savais pas encore (et Arthur Harari non plus puisqu'il ne l'a découvert qu'a postériori) que "Le Crabe Tambour" s'ouvre justement sur une référence directe au véritable Onoda qui venait alors à peine de se rendre en 1974 après trente ans passés dans une réalité parallèle à continuer une guerre officiellement terminée en 1945 au nom de la parole donnée et des engagements pris et non révoqués, le lien d'homme à homme étant plus important que les décisions de l'Etat.

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Arrête-moi si tu peux (Catch Me If You Can)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (2002)

Arrête-moi si tu peux (Catch Me If You Can)

Un adolescent à l'orée de l'âge adulte, grand lecteur de comics découvre que ses talents de faussaire et de comédien lui ouvrent les portes d'une société crédule où l'habit fait le moine. Mais contrairement à Peter Parker pour qui "un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités", Frank Abagnale Jr. (qui a réellement existé, son histoire servant de base au film) s'enferme dans un monde de faux-semblants. Il ne touche plus terre (littéralement) jusqu'à ce qu'un véritable adulte, certes un peu empoté mais qui lui ne vit pas dans l'illusion l'y ramène. Le bondissant, léger et cartoonesque générique de "Arrête-moi si tu peux" fait immédiatement penser à Indiana Jones ou à Tintin (sur lequel Spielberg a réalisé un film en 2011), évoquant la comédie policière et d'aventures en mode BD. Le ton est cependant un peu plus grave avec l'histoire de cet adolescent délinquant qui fuit ses problèmes dans l'ivresse d'une vie de mensonges comme d'autres sombreraient dans l'alcool ou la drogue. En dépit de sa forme légère, élégante et pétillante, le fond n'est finalement pas si différent de "Moi, Christiane F." avec un père défaillant (joué par un excellent Christopher Walken) et un foyer éclaté. La symbolique des fêtes de noël a une grande importance dans le film, elle retourne l'illusion contre son protagoniste principal en soulignant cruellement sa solitude et son exclusion. Le policier du FBI qui est la seule personne à s'intéresser à lui et dont le comportement est un rappel à la loi fait donc office de seul (re)père de substitution. Leonardo DiCaprio était alors au sommet de son talent dans ce type de rôle que son vieillissement lui a ensuite interdit et Tom Hanks est l'acteur parfait pour incarner l'humanisme spielbergien.

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Mystères de Lisbonne (Mistérios de Lisboa)

Publié le par Rosalie210

Raoul Ruiz (2010)

Mystères de Lisbonne (Mistérios de Lisboa)

Je ne savais rien de "Mystères de Lisbonne", avant de regarder la mini-série sur Arte et pourtant j'en avais entendu beaucoup parler. Le paradoxe n'est qu'apparent. Je savais qu'il s'agissait d'un monument du cinéma et le gravir avait quelque chose d'un peu impressionnant. En fait le terme est mal choisi. Se jeter dans le tourbillon est bien plus exact. Tourbillon d'un récit aussi foisonnant et romanesque que structuré à la manière d'un labyrinthe mental. Un récit littéraire puisant sa sève dans le roman-feuilleton populaire (ce qui le rend passionnant à la manière de ces livres qu'on ne peut plus lâcher jusqu'à la dernière page tant on a envie de connaître la suite et la fin) mais le développant dans une armature sophistiquée de type cathédrale qui en décuple la portée.

D'un côté en effet les péripéties haletantes et le souffle romanesque typique des feuilletons européens du XIX° siècle: vengeances, trahisons, enfants et couples illégitimes, duels, complots, meurtres etc. Bien qu'adapté d'un roman portugais du XIX°, "Mystères de Lisbonne" évoque immanquablement "Les mystères de Paris" de Eugène Sue et les romans-fleuves de Alexandre Dumas, notamment "Les mémoires d'un médecin" et celui qui est mon préféré (c'est d'ailleurs mon roman préféré tout court), "Le comte de Monte-Cristo" dont je n'avais jamais réussi jusqu'ici à trouver une adaptation qui épouse pleinement toute l'écrasante démesure. Mais le personnage du père Dinis autour de qui se nouent toutes les ramifications du récit de "Mystères de Lisbonne" avec ses multiples identités, ses déguisements et son omniscience (connaissance des langues incluse) qui lui permet d'être le porte-parole d'un Dieu justicier a convoqué chez moi l'ombre de l'abbé Busoni, l'un des multiples masques d'Edmond Dantès. Autour de lui, s'entrecroisent des ascensions sociales tout aussi vertigineuses que celles de Mercédès ou Fernand Mondego avec le personnage (à tiroirs lui aussi) de Alberto de Magalhaes dont il a en quelque sorte "acheté l'âme" alors que d'autres, comme le marquis de Montezelos ou le comte de Santa-Barbara connaîtront "la vengeance de dieu" et chuteront impitoyablement. Et au milieu de toutes ces identités changeantes au gré du "tourbillon de la vie" (et de l'Histoire en arrière-plan, des opportunités d'enrichissement des Amériques à la Révolution française et aux conquêtes napoléoniennes), Pedro, l'autre personnage clé de l'histoire, fils adoptif officieux du père Dinis en représente le reflet inversé. Son reflet car il est un enfant illégitime comme lui, privé comme lui "de père, de mère et de patrie", condamné à l'errance, au déracinement, à l'exil mais lui est amené à disparaître dans le gouffre du néant tandis que son tuteur occupe au contraire une position surplombant l'humanité. Tous deux se rejoignent cependant dans la répartition des rôles littéraires. Pedro le narrateur couche sur le papier les réminiscences de son histoire alors que Dinis le créateur met en garde les personnages de leur funeste destin à venir sans qu'ils ne tiennent compte pour autant de ses conseils (évidemment s'ils en tenaient compte, adieu le romanesque et le mélodrame flamboyant!)

De l'autre, ce qui fascine dans "Mystères de Lisbonne" c'est l'architecture qui soutient cet énorme édifice. Je l'ai comparée à un labyrinthe parce que je l'ai associée spontanément à l'écrivain argentin Jorge Luis Borges (Raoul Ruiz est d'origine chilienne) mais il s'agit davantage d'un récit arborescent de type proustien (Raoul Ruiz a adapté "Le Temps retrouvé") (1999). Raoul RUIZ utilise beaucoup le récit emboîté à la manière des poupées russes et établit des correspondances entre les différentes nappes temporelles de ses récits (d'une tout autre façon que dans "Inception" ^^) (2009). Autre référence à laquelle on pense, "Fanny et Alexandre" (1982). Parce qu'il s'agit d'une oeuvre-fleuve avec une version cinéma (de 3h pour Ingmar BERGMAN et 4h30 pour Raoul RUIZ) et une version télévisée sous forme de mini-série (quatre épisodes chez Ingmar BERGMAN totalisant cinq heures et six épisodes chez Raoul RUIZ totalisant une durée similaire). Et parce qu'un petit théâtre de papier accompagne aussi bien Alexandre que Pedro dans leurs aventures respectives, faisant le pont entre le réel et l'imaginaire en mettant en abyme le monde du spectacle. Dans un tout autre genre, ce théâtre de papier qui lie souvent les séquences entre elles en montrant les personnages sous forme de petites figurines animées de façon sommaire fait penser aux transitions dans les films des Monty Python tout comme certains détails surréalistes (un serviteur qui marche comme les chevaliers de "Monty Python : Sacré Graal !" (1974), les noix de coco en moins).


"Mystères de Lisbonne" dont la construction très rigoureuse fait qu'on ne se perd jamais dans la multiplicité des récits est ainsi ponctué de ces passages récurrents: le théâtre de papier, les serviteurs qui écoutent aux portes (et symbolisent la place du spectateur), le perroquet ironiquement mis sur le même plan que les personnages, le rot et le "passe par le jardin" qui trahit l'identité d'un personnage que l'on reconnaît sous un déguisement qui sinon serait "presque parfait" (ce qui procure au spectateur un plaisir incommensurable), bref la dimension ludique du récit (qui se joue à deux) n'est jamais oubliée sans que cela n'altère le moins du monde l'émotion que seules les grandes oeuvres peuvent procurer.

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Onoda, 10 000 nuits dans la jungle

Publié le par Rosalie210

Arthur Harari (2021)

Onoda, 10 000 nuits dans la jungle

Quel film improbable que cet "Onoda, 10 000 nuits dans la jungle"! Improbable car réalisé par un français alors que mettant en scène une histoire japonaise avec des acteurs japonais, parlant japonais et se déroulant dans une île des Philippines. Tout aussi improbable est pour un film français le choix de s'attaquer au film de guerre mâtiné d'un récit de survie d'une durée de 2h40 qui fait forcément penser aux fresques réalisées par les américains sauf qu'il choisit d'être anti-spectaculaire au possible. Improbable aussi par ce que ce film nous raconte et qui est pourtant tiré d'une histoire vraie. Une réalité qui dépasse la fiction à savoir l'histoire du dernier soldat japonais de la seconde guerre mondiale qui n'a rendu les armes qu'en 1974, soit près de trente ans après la fin du conflit. Si le film ne ne m'a pas séduit, sans doute parce que les personnages mis en scène (de bons petits soldats imperméables au doute) me sont profondément antipathiques et que le réalisateur ne leur donne guère de relief en édulcorant les faits (les tueries de la réalité historique se réduisent à deux meurtres en état de légitime défense, le racisme japonais vis à vis des autres asiatiques n'est jamais évoqué, la sexualité de ces hommes est à peine effleurée comme si c'était un tabou) il n'en reste pas moins qu'il soulève nombre de questionnements pertinents. Il montre en particulier jusqu'où peut aller l'aveuglement lié à l'endoctrinement, à la soumission et au fanatisme (dans le langage manipulateur de l'armée, cela s'appelle du "courage", du "dévouement", de la "loyauté", de la "fidélité", de "l'honneur" etc.) "Onoda, 10 000 nuits dans la jungle" aurait pu s'appeler "Onoda, 30 ans de déni" tant le délire qui s'empare du personnage et de ses compagnons (dont le nombre se réduit comme peau de chagrin au fil du temps jusqu'à ce qu'il se retrouve seul) défie l'entendement. La façon dont ils interprètent les informations venues du monde réel pour les tordre à l'aune de leur propre récit fictif délirant (à savoir une uchronie dans laquelle le Japon serait vainqueur et toute la géopolitique mondiale bouleversée à l'aune de cette victoire) laisse sans voix et a bien évidemment des résonances dans notre actualité. Mais un autre type de questionnement qui vient à l'esprit concerne l'irresponsabilité du Japon vis à vis de ces soldats laissés à l'abandon, véritables dangers publics pour les populations locales. Là encore, c'est révélateur du mépris que l'archipel nippon entretient vis à vis de son ancienne "sphère de co-prospérité" (terme employé dans le film qui désignait l'Empire que le Japon avait conquis en Asie entre le début des années 30 et 1945). Il est évident que cela n'aurait jamais pu se produire dans un pays développé: ces hommes auraient été arrêtés depuis longtemps. Car le plus improbable peut-être de toutes les improbabilités de ce film est le fait que ce soit un étudiant japonais qui retrouve Onoda et aille chercher son ancien supérieur pour obliger ce dernier (qui avait opportunément "tout oublié" de l'endoctrinement qu'il avait fait subir à son élève zélé, devenant un simple libraire plus blanc que neige) à le démobiliser. Néanmoins il manque à ce film indéniablement original dans le cinéma français un véritable point de vue sur la guerre et la violence, comme chez Kubrick, Spielberg ou Cimino

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Arizona Dream (The Arrowtooth Waltz)

Publié le par Rosalie210

Emir Kusturica (1993)

Arizona Dream (The Arrowtooth Waltz)

La seule chose que j'avais retenu de ce film, c'était sa BO que j'avais énormément écouté à l'époque et que je connais par coeur. Mais le film en lui-même, je l'avais oublié et pour cause: le scénario, extrêmement faiblard est décousu et répétitif et les personnages sont parfaitement creux. D'ailleurs ils se ressemblent tous. Les jeunes sont des losers paumés assez pathétiques quand ils ne sont pas carrément suicidaires alors que leurs parents qui se comportent en grands enfants vivent dans le déni de leur âge en transgressant les barrières générationnelles. Elaine (Faye DUNAWAY) croque les jeunots pendant que Leo (Jerry LEWIS) épouse une jeune fille qui a le presque le même âge que son neveu, Axel (Johnny DEPP) qui est aussi l'amant d'Elaine, au grand dam de sa belle-fille, Grace (Lili TAYLOR) qui se consume de désespoir pour cet homme qu'elle ne peut pas avoir. Emir KUSTURICA superpose maladroitement leurs rêves (s'envoler, s'évader) avec ceux qui ont fondé la civilisation des USA (la Cadillac, le western, le voyage lunaire et bien sûr le cinéma qui est abondamment cité, de "Autant en emporte le vent" (1938) à "La Mort aux trousses" (1959), "Le Parrain, 2e partie" (1974) et "Raging Bull") (1980). Tout cela fonctionne en autarcie sans guère de lien avec la réalité (le métaphore du ballon est assez explicite) et ne mène nulle part sinon à la mort. Même les quelques effets spéciaux paraissent datés. Bref c'est l'exemple d'un film qui a marqué son époque mais qui avec le temps a révélé sa vacuité.

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L'Esclave libre (Band of Angels)

Publié le par Rosalie210

Raoul Walsh (1957)

L'Esclave libre (Band of Angels)

"Autant en emporte le vent" (1938) numéro 2, "L'esclave libre"? Superproduction hollywoodienne certes, traitant du même thème certes (esclavage et guerre de Sécession), avec le même acteur certes (Clark GABLE avec vingt ans de plus) mais dans lequel le racisme et ses ravages joue un rôle bien plus important, Raoul WALSH ayant un point de vue nettement plus engagé sur la question que Victor FLEMING. Il y a quand même quelques (grosses) couleuvres à avaler. Yvonne DE CARLO n'est pas métisse et aucun effort n'est fait pour qu'elle passe pour telle sans doute pour que l'américain blanc moyen de 1957 s'identifie à elle et compatisse à son sort. Le scénario, adapté du roman "Band of Angels" de Robert Penn Warren comporte quelques grosses invraisemblances. On ne peut guère imaginer qu'un planteur du XIX° siècle élève la fille qu'il a eu d'une esclave noire comme si elle était sa fille légitime (puisqu'elle porte son nom) au vu et au su de tout le monde (sauf de la principale intéressée) sans que cela ne pose le moindre problème dans une société phobique du métissage. Et encore moins que celui-ci meure sans avoir pris la moindre disposition pour la protéger des esclavagistes après avoir passé vingt ans à la faire éduquer dans les meilleures écoles. Le personnage de Clark Gable est également un peu trop beau pour être vrai en ancien négrier cherchant à se racheter, même si on devine qu'une histoire d'amour interdite est (encore!) derrière tout ça et que ce n'est pas par hasard si la rédemption de Hamish Bond a commencé le jour où il a sauvé son rejeton. Lequel devenu adulte éprouve un sentiment inextricable d'amour et de haine vis à vis de son maître qui se comporte avec lui en père adoptif et dont on se demande s'il n'est pas son père biologique. La relation entre Rau-Ru (Sidney POITIER dans un de ses meilleurs rôles) et Hamish Bond (qui veut dire "lien") est autrement plus intéressante que celle, très balisée par les conventions romantiques et romanesques de l'époque entre Hamish Bond et Amantha Starr. Un des passages que je trouve parmi les plus remarquables du film est ce leitmotiv lancinant (il revient trois fois!) de l'homme traqué et en fuite. Le film s'ouvre sur deux esclaves cherchant à s'échapper de la plantation du père d'Amantha puis c'est Rau-Ru qui après avoir frappé un prétendant trop entreprenant avec Amantha doit s'enfuir vers le nord où il s'enrôle chez les nordistes. Enfin, dans un saisissant renversement de situation, c'est Amish Bond qui fuit les nordistes lancés à sa poursuite dans les marais. Nordistes dont Raoul WALSH souligne les préjugés racistes tout aussi ancrés dans leurs mentalités que dans celles des sudistes. Seuls des individus isolés parviennent à échapper à l'aliénation générale et à se libérer semble dire la mise en scène qui montre Rau-Ru observant Amish fausser compagnie à ceux qui l'ont arrêté grâce aux menottes qu'il avait lui-même truqué avant de s'embarquer avec Amantha pour on ne sait quel ailleurs.

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