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Articles avec #comedie policiere tag

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon

Publié le par Rosalie210

Philippe Lacheau (2019)

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon

Quand le "Monde" titre son article web en date du 9 février 2019 "Tsukasa Hojo, un mangaka complexe qui va bien au-delà de son chef-d'oeuvre "Nicky Larson" ("City Hunter" en VO) je ne peux qu'applaudir des deux mains. On est bien loin désormais du manga-bashing des années club Dorothée dans la presse française. Tsukasa Hojo mélange en effet les genres avec un talent hors pair et pas seulement en passant sans transition du tragique au burlesque et d'un dessin détaillé, plein d'action et réaliste à un dessin comique caricatural. J'ose à peine imaginer la réaction des idéologues de la famille tendance "manif pour tous" devant son manga seinen "Family Compo" où les Watanabe ont échangé leur rôle, la mère ayant été assignée homme à sa naissance par la génétique et la société et le père, ayant été de même assigné femme. Leur neveu qu'ils hébergent est quant à lui amoureux de sa cousine qui refuse d'être définie par son genre ce qui est source de confusions et d'interrogations. Si j'évoque "Family Compo" c'est aussi pour faire mieux comprendre ce qu'est réellement "City Hunter". Dans un polar/film d'action classique, le héros se doit d'être un séducteur hyperviril et les femmes, des "clodettes" qui lui servent de faire valoir. "City Hunter" est une subversion complète de ce schéma avec son héros qui se fait taper dessus chaque fois qu'il fait "mokkori" (c'est à dire à chaque fois qu'il a une érection) par sa "partenaire", Kaori (Laura en VF) qui veille à réfréner ses ardeurs, ardeurs qui restent par ailleurs parfaitement stériles face à des femmes certes hyper-sexy mais toutes plus fortes les unes que les autres (dans la lignée des "Cat's eye"), lesquelles l'envoient tout simplement balader ou le mènent par le bout du nez (comme le faisait Tam avec l'inspecteur Quentin dans "Cat's eye"). La relation Ryo/Nicky-Kaori/Laura est par ailleurs marquée par l'empêchement et la confusion des sentiments mais aussi des identités. Kaori est un garçon manqué qui passe son temps à repousser/réfréner les manifestations sexuelles de Ryo à l'aide de son énorme marteau mais en même temps, elle aimerait le séduire et être aimée de lui. Ryo de son côté se comporte envers Kaori tantôt en protecteur, tantôt en partenaire dans une relation asexuée d'associés/d'amitié virile. Il fuit son intimité dans la boutade et nie sa féminité tout comme il laisse les coups de marteau l'émasculer: c'est tellement plus facile que d'aller sonder ses zones d'ombre.

Le fait est que Philippe LACHEAU a compris ce qui fait l'essence de "City Hunter" même s'il n'a pas réussi complètement à le traduire. S'il a en bouché un coin à ceux qui le dénigraient c'est qu'il est incontestable qu'il aime et respecte cette œuvre (il a d'ailleurs obtenu le soutien de son auteur). Ce n'est pas par hasard que le parfum de Cupidon assigne à Nicky un objet de désir masculin (Letellier joué par Didier BOURDON). Celui-ci est traité sur le mode de la bouffonnerie mais cela entre bien dans la valse des places et des identités qui caractérise l'œuvre de Tsukasa Hojo. Dommage que son interprétation de Nicky soit aussi neuneu, parfois à la limite de la parodie alors que tout l'intérêt du personnage réside dans le fait que la façade comique "bébête" dissimule une dimension tragique qui ne l'est pas du tout. En dépit de cette limite, il parvient quand même à bien retranscrire la complexité de sa relation avec Laura. Et ce d'autant mieux que Élodie FONTAN est absolument parfaite dans le rôle, un rôle dont Philippe LACHEAU montre bien toutes les facettes (marteau compris mais il n'abuse pas de l'engin non plus). Sa relation avec Nicky est motrice comme dans le manga et le dessin animé (mention spéciale aux passages cultes où ils ne forment plus qu'une seule entité chorégraphique comme la case iconique où Nicky tire à travers ses jambes à elle). Le dynamisme du film concerne également les scènes d'action, intenses et la mise en scène, ingénieuse, notamment dans le découpage des scènes, parfois revues sous un nouvel angle qui apporte des informations cruciales. Reste qu'outre son jeu, Philippe LACHEAU doit également affiner ses personnages secondaires, pas très drôles, ses gags, souvent très lourds et ses clins d'œil à la génération club Do, pas toujours bien écrits et intégrés (même si le cameo de Dorothée est sympa). Un peu plus de travail sur l'atmosphère polar (délaissé au profit de la comédie) ne ferait pas de mal non plus. Mais pour un premier essai, c'est plutôt pas mal.

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Meurtre à Hollywood (Sunset)

Publié le par Rosalie210

Blake Edwards (1988)

Meurtre à Hollywood (Sunset)

Blake EDWARDS s'amuse avec l'âge d'or d'Hollywood, ses paillettes et ses scandales. Le film est une satire qui entremêle les genres (western, polar, comédie burlesque) et de nombreuses références: il fusionne Chaplin et Hearst dans le personnage d'acteur et producteur Alfie Alperin joué par Malcolm McDOWELL, il fait revivre la rencontre entre le premier cow-boy de l'histoire du cinéma Tom Mix (Bruce WILLIS) et le marshall Wyatt Earp (James GARNER) qu'il doit interpréter au cinéma, il fait allusion à l'affaire du viol et du meurtre de Virginia Rape, faits pour lesquels Roscoe ARBUCKLE a été injustement accusé ainsi que d'autres affaires de décès non élucidées (le réalisateur Thomas Ince, l'actrice Natalie Wood), il recréée la première cérémonie des Oscars. Le titre en VO et l'époque (passage du muet au parlant) peuvent faire penser à "Sunset boulevard" de Billy Wilder qui évoquait les remugles nauséabonds du même microcosme. La phrase répétée telle un mantra "tout est vrai, à un ou deux mensonges près" évoque la fameuse citation du film de John FORD, "L Homme qui tua Liberty Valance" (1962) "Entre la légende et la vérité, imprimez la légende".

Bref, sans être un grand film (car la charge satirique est plus ludique que sérieuse et l'intrigue est volontairement confuse pour coller aux polars de type Chandler), "Meurtre à Hollywood" vaut mieux que ce que sa réception à l'époque de sa sortie (où il avait raflé un "razzie award") peut laisser penser. C'est juste un divertissement certes, mais haut de gamme.

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Johnny English, le retour (Johnny English Reborn)

Publié le par Rosalie210

Oliver Parker (2011)

Johnny English, le retour (Johnny English Reborn)


"Johnny English le retour" ne bénéficie pas d'un meilleur scénario que le premier film de la saga et certains gags restent très primaires mais question mise en scène, il est bien supérieur. Plus rythmé, plus sophistiqué avec des parodies de passages obligés des films d'espionnage très réussies comme la retraite tibétaine, le tueur à gages à l'apparence inoffensive de femme de ménage chinoise ou les manifestations physiques du stress post-traumatique après l'échec d'une mission vue plusieurs fois en flashback (on retrouve ce leitmotiv aussi dans le deuxième OSS 117 de Michel HAZANAVICIUS, "OSS 117 : Rio ne répond plus") (2007). Les scènes d'action sont également très réussies, en particulier celle de la poursuite entre un Yamakasi adepte de prouesses acrobatiques et un Johnny adepte de solutions pragmatiques du genre ascenseur, échelle ou grue. Un grand moment burlesque qu'on a pu rapprocher de Jacques TATI ou de Blake EDWARDS et qui me fait également penser à la scène de "Les Aventuriers de l arche perdue" (1980) où Indiana Jones abat au pistolet un adversaire qui essayait de lui faire peur en maniant le sabre avec dextérité. Enfin si on peut déplorer l'absence de Ben MILLER, remplacé par un second couteau plus fade (Daniel KALUUYA) ainsi qu'un méchant d'opérette plus "fouine que taupe" (Dominic WEST) il est compensé par le casting féminin de choc entre la psychologue comportementaliste amoureuse de Johnny English (Rosamund PIKE une ancienne James Bond Girl) et la chef du M17 (Gillian ANDERSON, ex agent Scully de X-files).

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Johnny English

Publié le par Rosalie210

Peter Howitt (2003)

Johnny English


En dépit de la prestation très drôle de l'excellent John MALKOVICH, du capital sympathie de Rowan ATKINSON et du talent de l'acteur qui joue Bough, Ben MILLER (que l'on retrouve avec plaisir dans le numéro 3, "Johnny English contre-attaque" (2018), ce premier "Johnny English" n'est pas une franche réussite. Trop poussif, trop statique avec des gags de niveau maternelle assez grossiers et des longueurs (tout ce qui tourne autour du personnage féminin joué par Natalie IMBRUGLIA est raté). Il n'en reste pas moins que Johnny English est un personnage attachant, un grand enfant bien servi par la bouille attendrissante de Rowan ATKINSON. Sa bêtise et sa maladresse dynamitent allègrement les fondements des films du type James Bond. A savoir le virilisme fondé sur la maîtrise et la conquête. Johnny English est un incapable notoire bien qu'il affirme le contraire ce qui ajoute au ridicule ("j'ai la situation bien en main", "vous jouiez encore à la marelle à l'école que j'utilisais déjà ce matériel") et sa virilité lui joue de sales tours que ce soit le chargeur du pistolet qui tombe, ou une partie du canon ou encore sa cravate qui se prend dans un rail de sushis.

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Johnny English contre-attaque (Johnny English Strikes Again)

Publié le par Rosalie210

David Kerr (2018)

Johnny English contre-attaque (Johnny English Strikes Again)

C'est toujours un plaisir de revoir sur les écrans <st_17619_st/>Rowan ATKINSON<st/>. Il se donne tellement à fond dans le rôle improbable de ce sous-doué de l'espionnage qu'on lui pardonne bien volontiers la légèreté du scénario, ses incohérences (il est bête en espion mais intelligent en professeur) et son caractère décousu. L'essentiel est que l'on passe un bon moment. Les gags ne sont peut-être pas toujours neufs mais ils restent drôles et font de ce film un petit concentré de réjouissances burlesques. Un genre qui au temps du muet a toujours privilégié le gag à la cohérence et à la vraisemblance il faut le rappeler. Johnny English dynamite involontairement plusieurs séquences (une réunion d'espions à la retraite, un restaurant chic, un navire à partir duquel se déroule les cyberattaques). Il est aussi définitivement fâché avec les nouvelles technologies ce qui nous vaut une scène très drôle où muni d'un casque de réalité virtuelle et lâché dans la nature il sème le désordre à Londres. Il finit d'ailleurs harnaché dans une armure du moyen-âge ce qui décrit assez bien où il se situe temporellement. Enfin il est bien épaulé par <st_17030_st/>Emma THOMPSON<st/>, hilarante dans le rôle du premier ministre britannique.

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Charade

Publié le par Rosalie210

Stanley Donen (1963)

Charade

Stanley DONEN n'a pas fait que des comédies musicales, il a également excellé dans la comédie policière. La preuve avec "Charade", un petit bijou du genre porté par un duo de stars réuni pour la seule et unique fois à l'écran: Cary GRANT et Audrey HEPBURN. On peut déplorer la lourde tendance d'apparier de jeunes et jolies actrices avec des acteurs qui auraient l'âge d'être leur père d'autant que Stanley DONEN est un récidiviste. En effet il avait jeté quelques années plus tôt Audrey HEPBURN dans les bras de Fred ASTAIRE pour Drôle de frimousse (1956). Cependant le couple Grant/Hepburn fonctionne bien à l'écran et dégage beaucoup de charme et d'élégance ce qui fait que l'on oublie assez vite ce désagrément, hélas très courant, société patriarcale oblige!

"Charade" lorgne explicitement du côté des thrillers hitchcockiens comme "Vertigo (1958)" (la bagarre sur le toit), "Psychose (1960)" (le meurtre dans la salle de bains) ou "L'Ombre d'un doute (1943)" (le personnage qui tombe d'un train) sans parler de la présence de Cary GRANT qui a joué dans plusieurs de ses films dont "La Mort aux trousses (1959)". Mais "Charade" est aussi une comédie pétillante dont le célèbre générique aux couleurs pop est signé Maurice BINDER créateur de génériques pour les James Bond. La question du faux-semblant y est centrale. Comme dans la "Lettre" d'Edgar Allan Poe, la clé de l'énigme se trouve sous le nez des personnages sans qu'ils s'en aperçoivent alors que Regina Lampert a de sérieux problèmes avec l'identité de ses partenaires amoureux. Veuve d'un mari dont elle ne savait rien, pas même le vrai nom puisqu'il se dissimulait sous de fausses identités, elle tombe amoureuse d'un personnage qui lui ment sur son identité réelle. Et Cary Grant, spécialiste des rôles à multiples facettes s'en donne à cœur joie. Est-il pour autant semblable à son mari, peut-elle lui faire confiance, qui est-il réellement? Ces questionnements donnent lieu à un jeu de pistes et à un marivaudage des plus réjouissants. Car derrière la multiplicité des identités, il y a une question récurrente, la seule qui soit d'importance (le trésor n'étant qu'un Mc Guffin): "Y-a-t-il une madame Peter Joshua? Alexander Dyle? Adam Canfield? Brian Cruikshank?" Avec dans les trois premiers cas, une seule et même réponse, ils sont divorcés. La quatrième étant un peu différente et logique puisqu'elle dénoue l'intrigue en même temps qu'elle lève le voile sur la véritable identité du protagoniste.

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Dilili à Paris

Publié le par Rosalie210

Michel Ocelot (2018)

Dilili à Paris

"Dilili à Paris" est le huitième long-métrage de Michel Ocelot. Tant sur la forme que sur le fond, il a choisi de célébrer l'hybridité, se mettant volontairement dans une position inconfortable. En effet son film a divisé les critiques l'ayant vu en avant-première mondiale au festival d'Annecy et il risque de provoquer les mêmes réactions à sa sortie. Pourtant si la démarche d'Ocelot peut paraître déconcertante, elle est profondément cohérente.

Tout d'abord sur le plan esthétique, il a utilisé pour décor de vraies photos de Paris qu'il a retravaillées afin de leur donner un cachet Belle Epoque. Sur ces décors en 3D, il a greffé ses personnages animés en 2D qui forment des à-plats de couleurs vives de toute beauté. Le résultat est somptueux, un vrai régal pour l'œil, d'autant que beaucoup de plans reprennent les courants artistiques de cette époque, de l'impressionnisme à l'art nouveau d'Alphonse Mucha en passant par les toiles exotiques du Douanier Rousseau. La scène finale en ballon dirigeable sur fond de tour Eiffel est magique.

Ensuite il a choisi de naviguer à vue entre le conte poétique pour enfants et le pamphlet politique pour adultes, sans filtre et sans prendre de gants. Cela a déplu à certains qui l'ont trouvé moralisateur et peu subtil. La mise en scène est pourtant par moments franchement percutante. Je pense en particulier à la scène de début dotée d'un travelling arrière choc qui met en abyme le regard du spectateur sur "l'Autre" à travers la mise en scène des zoos humains. Il y a aussi le concept des femmes "quatre-pattes". Si le voile noir qui les recouvre fait penser aux tenues islamiques, les femmes à quatre pattes ou dans des positions humiliantes existent réellement, plus ou moins stylisées dans le domaine de la sculpture ou de l'ameublement occidental (la femme-fauteuil, la femme-table etc.)

Enfin pour enfoncer le clou du pamphlet anti-raciste et anti-sexiste, il a choisi une héroïne métisse venue de Nouvelle-Calédonie que l'on regarde comme une française en Kanaky mais comme une indigène de couleur en France. Pour accentuer le décalage et le malaise, il lui donne des manières et une diction parfaite et un costume blanc de petite fille modèle alors que les parisiens s'adressent à elle en lui parlant petit-nègre. Dilili est ainsi moins la petite cousine de Kirikou que la grande sœur de Léopold Sédar Senghor et de Aimé Césaire.

A défaut de pouvoir les croiser, époque oblige, elle rencontre un impressionnant aéropage de célébrités du monde artistique et scientifique de la Belle Epoque dans un dispositif proche du film de Woody Allen "Minuit à Paris". Ils sont censés lui donner des indices sur l'enquête qu'elle mène mais force est de constater qu'un tri aurait été le bienvenu. Beaucoup d'entre eux sont inutiles et ralentissent le rythme du film. En revanche, on remarque que les femmes célèbres sont mises au premier plan: Marie Curie, Sarah Bernhardt, Louise Michel, Emma Calvé, Camille Claudel, Berthe Morisot, Suzanne Valadon. Michel Ocelot aurait même pu leur donner encore plus de place, accentuant les partis-pris féministes de son film.

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Micmacs à Tire-Larigot

Publié le par Rosalie210

Jean-Pierre Jeunet (2009)

Micmacs à Tire-Larigot

On retrouve dans "Micmacs à tire-larigot" le savoir-faire et la personnalité de Jean-Pierre JEUNET. Néanmoins la magie n'opère pas cette-fois ci avec autant d'efficacité que dans ses précédents films. Cela tient déjà à une histoire qui privilégie la vengeance sur tout le reste. Je n'aimais déjà pas beaucoup dans "Le Fabuleux destin d Amélie Poulain" (2001) les passages où celle-ci se prenait pour Zorro et faisait intrusion dans l'appartement de Collignon pour lui rendre la vie impossible. Attitude puérile et moralement discutable mais qui heureusement n'était pas au centre du film, il était facile de l'oublier. Or "Micmacs à tire-larigot" repose entièrement sur ce principe ce qui ne rend pas les héros spécialement sympathiques. Ceux-ci sont d'ailleurs très mal définis, c'est une autre des faiblesses du film. Les chiffonniers rappellent moins les locataires de l'immeuble de "Delicatessen (1990)" que les troglodistes qui n'étaient pas l'aspect le plus réussi du film. Chacun d'eux se réduit à une caractéristique liée à son surnom qui n'est pas spécialement drôle, voire consternante (pauvre Yolande MOREAU réduite à faire la "tambouille" pour toute la communauté ou Marie-Julie BAUP la "calculette" humaine! Mais le pire de tous est Omar SY dans le rôle de "Remington" chargé d'aligner les maximes bateau). Leur seule fonction est d'aider (et de servir de faire-valoir) au héros. Mais Bazil (Dany BOON) se réduit à ses malheurs et à sa vengeance et c'est un personnage qui manque cruellement de poésie. Alors certes, on passe un bon moment devant les stratagèmes alambiqués échafaudés par la bande pour faire s'entretuer les deux marchands d'armes (André DUSSOLLIER et Nicolas MARIÉ transfuge de la bande à Albert DUPONTEL). Mais entre un message anti militariste d'une naïveté confondante, des personnages -ou plutôt pantins- stéréotypés et une intrigue parfois confuse, on reste un peu sur sa faim.

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OSS 117: Rio ne répond plus

Publié le par Rosalie210

Michel Hazanavicius (2009)

OSS 117: Rio ne répond plus

Cette suite est peut-être encore plus percutante que le premier film qui était déjà excellent. 12 ans ont passé depuis "Le Caire, nid d'espions", beaucoup de changements ont eu lieu (décolonisation, retour du général de Gaulle, changement de République), d'autres sont déjà dans l'air comme la révolution culturelle de mai 68. Mais ils n'ont eu aucun effet sur Hubert Bonnisseur de la Bath. Tel les héros des BD franco-belges qui traversent le temps avec une tête et un costume immuable, il est resté confit dans ses certitudes moyenâgeuses et a oublié de s'acheter un cerveau. Outre les énormités racistes, sexistes, homophobes et antisémites qu'il continue à débiter (et qui dans un autre contexte lui vaudraient de sérieux ennuis), il étale plus que jamais ses valeurs réactionnaires néo-pétainistes face au mouvement hippie (contester papa c'est rien de moins que s'opposer à la patrie et au drapeau).

La Vème République du général de Gaulle s'accommode en effet très bien des anciens pétainistes puisque qu'Armand Lesignac, le supérieur d'OSS 117 (joué par Pierre Bellemare qui vient juste de nous quitter) est un ancien collaborateur réintégré à son poste comme ce fut le cas de la plupart d'entre eux après l'amnistie générale de 1951. Mais Hubert qui avale la propagande gouvernementale sans se poser de questions s'en étonne: les français n'ont-ils pas tous été résistants? Il faudra attendre Ophüls et Paxton au début des années 70 pour battre en brèche le résistancialisme en dépit de la chape de plomb de l'héritier pompidolien.

Mais la meilleure saillie provient de sa coéquipière Dolorès (Louise Monot): "Comment vous appelez un pays qui a pour président un militaire avec les pleins pouvoirs, une police secrète, une seule chaîne de télévision et dont toute l'information est contrôlée par l'État ?" Et OSS 117 de répondre : "J'appelle ça la France, mademoiselle. Et pas n'importe laquelle ; la France du général de Gaulle". La dictature bien entendu c'était le communisme. Combien de films français un tant soit peu grand public ont ce regard critique sur notre histoire récente? Ils doivent se compter sur les doigts d'une seule main!

Plus explicitement encore que dans le premier film, OSS 117 est doté d'un inconscient qui la nuit venue, à l'aide de quelques puissantes substances pyschotropes se venge de tout ce que le conscient lui fait subir dans la journée. OSS devient libertaire et bisexuel, un dualisme qui n'est pas sans rappeler le millionnaire des "Lumières de la ville" de Chaplin. Ce dualisme est évidemment le propre des sociétés répressives.

Avec ça, le film reste ludique et léger, toujours aussi soigné dans ses effets de reconstitution d'époque (tant dans les costumes et décors que dans la mise en scène avec des effets sixties comme de nombreux split screen). Et il contient une avalanche d'hommages aux films de cette période. On soulignera particulièrement les références à "L'Homme de Rio" et au "Magnifique" (OSS 117 est un frenchie qui se prend pour Sean Connery mais qui a des attitudes très Bebel) ainsi qu'aux films d'Hitchcock ("Vertigo", "La Mort aux Trousses", "La Main au Collet"...) Et le grand méchant nazi d'opérette Von Zimmel (joué par Rüdiger Vogler, excellent comme d'habitude) a droit à une tirade parodiant une réplique de "To Be Or Not To Be" de Lubitsch, elle-même tiré du "Marchand de Venise" de Shakespeare. Dans la version parodique, le mot juif est remplacé par le mot nazi ce qui donne:

" Un nazi n'a-t-il pas des yeux ? Un nazi n'a-t-il pas des mains, des organes, des dimensions, des sens, de l’affection, de la passion ; nourri avec la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé aux mêmes maladies, soigné de la même façon, dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été que les Chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ?"

Là encore Hazanavicius mêle références ludiques et poil à gratter historique, rappelant que de nombreux nazis ont trouvé refuge en Amérique Latine avec la bénédiction de la CIA avant d'être traqués par le Mossad (non donné aux services secrets israéliens) et autres chasseurs de nazis pour des résultats médiocre: pour un Eichmann capturé combien de Mengele ont échappé aux mailles du filet?

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OSS 117: Le Caire, nid d'espions

Publié le par Rosalie210

Michel Hazanavicius (2006)

OSS 117: Le Caire, nid d'espions

Il est beauf, suffisant, raciste, macho, ignare, en un mot il est bête à pleurer… de rire, l'agent secret frenchie Hubert Bonisseur de la Bath (Jean Dujardin) alias OSS 117. Mais si Hubert est bas de plafond, le film de Michel Hazanavicius pétille d'intelligence. En effet, comme toute reconstitution historique qui se respecte, y compris dans la comédie, il joue sur deux tableaux ou plutôt deux temporalités. D'une part, celle de la narration qui nous plonge dans le contexte du milieu des années cinquante quand la France s'illusionnait encore sur sa puissance coloniale en Afrique peu de temps avant sa première déculottée dans la crise de Suez. De l'autre, celui du tournage cinquante ans plus tard qui permet de transformer la figure d'une colonisation autosatisfaite et aveugle en punching ball pour les anciens colonisés. On goûtera par exemple l'échange savoureux avec le contremaître égyptien que Hubert tutoie et traite de façon paternaliste et condescendante. Lorsqu'il lui demande combien il a d'enfants (les indigènes étant perçus comme des lapins se reproduisant à toute vitesse), le contremaître lui répond qu'il en a deux et un peu plus tard lorsque Hubert lui dit qu'il va acheter des chaussures pour eux, il répond que ce n'est pas possible car ils terminent leurs études à New-York. Les phrases de Hubert datent des années cinquante, celles du contremaître des années 2000 ce qui créé un décalage comique jouissif que l'on retrouve aussi dans le domaine de la religion ou des femmes.

Le jeu sur le décalage temporel se retrouve aussi dans la forme. "OSS 117: Le Caire, nid d'espions" ressemble à un pastiche à la fois élégant et grotesque des films d'espionnage exotique des années cinquante. Tout sonne faux, du jeu outrancier des acteurs allant avec leurs personnages caricaturaux jusqu'aux décors de carton-pâte et aux trucages cheap. Mais derrière cette apparente grossièreté de série B (voire Z), il y a énormément de soin apporté à la reconstitution des films de cette époque, des inscriptions en surimpression des plans-clichés de villes jusqu'au travail sur la couleur avec des contrastes qui donnent un rendu technicolor très convaincant. On se croirait dans un "James Bond" de la période Sean Connery ou dans "L'Homme qui en savait trop" d'Hitchcock (d'autant que les transparences dans les scènes filmées à l'intérieur d'une automobile étaient l'une de ses marques de fabrique). Et l'outrance de certaines scènes comme celles des flashbacks édéniques entre "amis" (qui font penser à certains moments à du soap opera) est profondément ironique, surlignant l'homosexualité refoulée des personnages masculins par la censure/autocensure de l'époque. 

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