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Articles avec #comedie policiere tag

Les fugitifs

Publié le par Rosalie210

Francis Veber (1986)

Les fugitifs

Troisième et dernier épisode de la trilogie de Francis Veber consacrée à François Pignon avec le duo Gérard DEPARDIEU/Pierre RICHARD, les Fugitifs mélange avec bonheur le rire, les larmes et la tendresse. D'un côté on retrouve des situations burlesques irrésistibles (comme la grossesse "nerveuse" de Pignon ou la scène culte de l'extraction de la "ba-balle" chez un Jean Carmet vétérinaire maniant l'absurde avec brio). De l'autre, le film repose sur un lourd contexte social avec des héros marginalisés. Pignon est un chômeur et un SDF au bout du rouleau alors que Lucas est un ex-taulard dont la réinsertion est compromise par le harcèlement du commissaire Duroc qui rêve de le remettre en prison pour obtenir une promotion. Là-dessus se greffe un troisième personnage, la petite fille de Pignon, mutique et fragile que son père ne parvient plus à protéger et qui est placée à l'assistance publique où elle dépérit. Plusieurs décennies avant leur reconnaissance officielle, Veber met en scène la naissance d'une nouvelle famille de type homoparental, chacun de ses membres étant sauvé par les autres. On pense au moment où Pignon fait soigner Lucas, à la très belle scène où Lucas porte dans ses bras le père et la fille mais aussi aux échanges de regards entre Lucas et la petite. En l'adoptant comme second père, Jeanne lui donne une responsabilité qui le met à l'abri de la récidive.

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Certains l'aiment chaud (Some Like it Hot)

Publié le par Rosalie210

Billy Wilder (1959)

Certains l'aiment chaud (Some Like it Hot)

Some like it classic and some like it hot. Un des maîtres-mot du chef-d'oeuvre de Billy Wilder est la diversité et pas seulement celle des musiques. Celle des genres: poursuite du film noir/gags burlesque/comédie romantique d'un côté, filles/garçons/transgenres de l'autre. Celle des sexualités: hétérosexuelles et homosexuelles (féminine et masculine). Celle des climats: neige et mort à Chicago/soleil, palmiers et désirs torrides en Floride.

Car les autres thèmes majeurs du film sont le travestissement et la transgression. La Prohibition (le film se situe dans les années 20) cache le vrai sujet du film qui est le code de censure Hays encore en vigueur au moment du tournage à la fin des années 50. Seul le travestissement permet la transgression. Le cercueil contient des bouteilles de whisky, le corbillard contient des armes, les pompes funèbres abritent un tripot, le gâteau d'anniversaire cache un tueur, Joséphine et Daphné sont deux hommes, le millionnaire aux faux airs de Gary Grant (star glamour connu pour ses tendances bisexuelles et son goût pour le travestissement) est un saxophoniste fauché etc.

Certains l'aiment chaud s'avère donc être outre une comédie irrésistible un film très moderne dans son approche du désir, de la sexualité et de la féminité. Le film raconte l'initiation de deux hommes plutôt machistes au féminisme en les faisant passer de l'autre côté de la barrière. Ils découvrent la complicité et l'intimité avec des femmes et ils découvrent aussi les désagréments d'être considérés comme des objets sexuels par la gent masculine. En définitive ils découvrent surtout leur propre part de féminité. Joe acquiert une sensibilité qui lui faisait défaut dans son rapport à l'autre sexe alors que Jerry se retrouve coincé dans une hybridité comique dans laquelle son identité (de genre et sexuelle) vacille lorsqu'il se prend au jeu de la séduction avec le désopilant et néanmoins adorable millionnaire Osgood Fielding III. La scène finale ouvre tous les possibles comme le souligne la dernière réplique devenue culte, véritable provocation lancée à la face du puritanisme. Il est significatif que cette fin ouverte donne lieu aujourd'hui à deux interprétations diamétralement opposées. Pour la critique traditionnelle plutôt machiste, Jerry est pris au piège. Son "je suis un homme" est interprété comme une volonté d'être reconnu comme tel et le nobody's perfect d'Osgood est perçu comme une castration. Pour les gender studies, les féministes et les critiques LGTB il est au contraire libéré du poids de l'hétéro-machisme symbolisé par Joe et la mafia et l'on assiste à la naissance du premier couple homosexuel de l'histoire du cinéma, le nobody's perfect d'Osgood résonnant comme une déclaration d'amour inconditionnelle. Quant à Marilyn, elle est absolument parfaite dans le rôle de Sugar car elle est aussi hybride, ingénue d'un côté, bombe sexuelle de l'autre (et le film ne se prive pas de le souligner par tous les moyens!) 


 

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Sparrow (Man jeuk)

Publié le par Rosalie210

Johnnie To (2008)

Sparrow (Man jeuk)

Les films récents de Hong-Kong sont des films de plaisir, célébrant la douceur de vivre. Cependant les nuages noirs menaçants à la fin de Sparrow évoquent la fragilité d’une démocratie sur le point d’être avalée par l’ogre chinois. Les parapluies pourront-ils la protéger ?

Sparrow (qui signifie pickpocket en argot de Hong-Kong) puise son inspiration à la fois dans le cinéma populaire asiatique (les films de kung-fu et de combat type Bruce Lee) et dans le cinéma français des années 50 et 60, source d’exotisme importante aussi bien pour le cinéma chinois que pour le cinéma japonais.
Dans Sparrow, deux films français sont cités directement, deux films qui gravitent autour de la nouvelle vague sans y appartenir :

-Pickpocket de Robert Bresson (1959). La séquence de la gare est reprise dans Sparrow. Le plaisir du spectateur provient de la virtuosité avec laquelle les portefeuilles passent de main en main. Le vol à la tire s’apparente à un art à mi-chemin entre la danse (chorégraphie des voleurs autour de la victime, grâce et délicatesse des vols sans aucune brutalité) et le tour de magie. Le voleur doit rester invisible. Pour cela il offre chez Bresson un visage neutre et une voix blanche. Chez To, il se comporte en monsieur tout le monde et se fond dans la masse. Bresson est une influence majeure du cinéma asiatique par son sens de l’épure et ses personnages neutres qui tendent vers l’abstraction et se fondent dans le décor. En même temps les gestes, économes, sont ritualisés et entrent dans une partition qui s’apparente à une chorégraphie.

-Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1963). Sparrow se termine par une reprise du générique de début du film de Demy avec chorégraphie de vélos et de parapluies. Bien des aspects des Parapluies de Cherbourg sont proches du cinéma asiatique : le sens de l’épure, la légèreté, la lenteur, l’explosion des couleurs et l’abstraction avec des figures quasi-géométriques. C’est cette esthétique qui est reprise dans le cinéma d’action de Hong-Kong (où Les parapluies de Cherbourg fait figure de film culte et d’inspiration majeure).

Autre exemple d’influence française dans Sparrow :
Alain DELON (qui a droit à une étagère entière dans les vidéos-clubs locaux!) En effet son jeu d’acteur est proche de celui des acteurs asiatiques. Ainsi Le Samouraï de Melville a beaucoup influencé le cinéma de cette région du monde et son générique est repris dans celui de Sparrow avec le moineau dans une cage au beau milieu d'un appartement. 
 

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Cluedo (Clue)

Publié le par Rosalie210

Jonathan Lynn (1985)

Cluedo (Clue)

Une adaptation américaine très réussie du célèbre jeu de société britannique créé en 1943. La version cinématographique mélange une atmosphère anglaise (un manoir et un majordorme à l'accent british joué par Tim Curry) et un contexte historique précis dans l'histoire des USA, celui du Maccarthysme. Pour mémoire il s'agit d'une période située au début de la guerre froide. Les USA découvrent avec horreur que l'URSS s'est dotée de la bombe nucléaire en 1949. Une commission dirigée par le sénateur Mac Carthy se forme de 1950 à 1954 pour traquer et emprisonner les communistes "traîtres" à la nation et plus généralement tous ceux qui sont accusés d'être de mauvais américains. Elle s'attaque principalement aux élites intellectuelles, artistiques, scientifiques, politiques et même militaires. Dans le film qui se situe en 1954 en Nouvelle-Angleterre, les six convives (colonel Moutarde, Mme Leblanc, Mme Rose, M. Olive, Professeur Violet et Mme Pervenche) et le majordome sont réunis dans un manoir car ce sont tous de mauvais américains (essentiellement sur le plan des moeurs: homosexualité, adultère, prostitution, proxénétisme, corruption...) liés de près au pouvoir (ils ont tous des liens directs ou indirects avec le Pentagone ou la maison Blanche ou le Congrès ou l'ONU). Par conséquent ils sont tous espionnés par le FBI et subissent un chantage. L'atmosphère paranoïaque et confinée du manoir et la promesse de rencontrer leur maître-chanteur précipite les meurtres d'autant que celui-ci offre à chacun une arme létale.
En dépit de ce contexte étoffé, le huis-clos n'est jamais pesant car l'enquête est menée sur un rythme endiablé et il y a beaucoup d'humour dans le registre burlesque et coquin notamment. Yvette, la soubrette en tenue de cocogirl donne le ton du film. Parmi les acteurs, on retrouve d'ailleurs Christopher Lloyd, le Doc de Retour vers le futur (les deux films datent de 1985) qui joue un professeur Violet obsédé sexuel très amusant.
3 fins au choix sont proposées, aussi crédibles les unes que les autres.

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