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Articles avec #lutz (alex) tag

Le Tableau volé

Publié le par Rosalie210

Pascal Bonitzer (2024)

Le Tableau volé

Après le Conseil d'Etat de "Cherchez Hortense", l'hôtel Drouot de "Le Tableau volé". Aux requins des cabinets politiques succèdent ceux du marché de l'art dans lequel il est beaucoup plus question de marché que d'art. Un milieu semblable à celui d'un casino où tous les coups sont permis, surtout les plus retors: minimiser la valeur d'un tableau par exemple pour tenter d'arnaquer vendeurs et intermédiaires. Il est beaucoup question en effet de mensonges dans "Le Tableau volé". Et pas que dans le domaine de l'expertise d'oeuvres d'art. Le commissaire-priseur André Masson (Alex Lutz) étale sa réussite d'une manière trop ostentatoire pour être honnête. Il est flanqué de son ex-femme et collègue (Léa Drucker) et d'une stagiaire mythomane et désagréable qui paradoxalement est très franche, Aurore. Louise Chevillotte porte le même prénom que le personnage lumineux d'Isabelle Carré dans "Cherchez Hortense". Et ce n'est pas un hasard car c'est guidé par elle (alors qu'il prétendait tout lui apprendre!) que André Masson parvient à éviter les chausse-trappes et à conclure la vente avec succès. Celui-ci a une portée historique et sociologique qui donne son sel au film, celui-ci étant inspiré de faits réels (un tableau d'Egon Schiele spolié à un collectionneur juif autrichien par les nazis et retrouvé en 2005 dans une maison ouvrière de la banlieue de Mulhouse). André Masson y trouve le moyen de conquérir son indépendance, Aurore venge par procuration son père (Alain Chamfort), marchand d'art ruiné par des concurrents sans scrupules, les héritiers du tableau obtiennent une réparation symbolique et enfin Martin (Arcadi Radeff), l'ouvrier gardien involontaire du tableau devenu riche choisit l'option inverse du parvenu rongé de solitude qu'est André Masson: rester invisible, ne rien changer à sa vie d'ouvrier à l'image du tableau ayant orné pendant 70 ans la demeure dont il a hérité sans que personne ne remarque qu'il était cousu d'or*.

* "Pour vivre heureux, vivons cachés".

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Une Nuit

Publié le par Rosalie210

Alex Lutz (2023)

Une Nuit

L'idée de départ était séduisante. Suivre la déambulation nocturne de deux inconnus choisissant spontanément de s'offrir une parenthèse hors du temps. Qui n'a pas fantasmé un jour de s'abandonner aux surprises de la nuit, période propice à l'intimité et au lâcher-prise? Hélas, après une entrée en matière percutante qui règle d'emblée la question de la tension sexuelle entre Aymeric (Alex LUTZ) et Nathalie (Karin VIARD), le film s'enfonce dans un ennuyeux bavardage ponctué de lieux communs sur le couple. La vulnérabilité des personnages n'émeut guère, tant elle semble reposer sur du nombrilisme, du genre "regardez comme je suis malheureux, regardez comme je souffre". De plus, Alex LUTZ bafouille beaucoup au point qu'il devient difficile de saisir la teneur de ses propos. Karin VIARD a quant à elle tendance à surjouer, surtout au début. Leurs "aventures" de noctambules sont toutes plus improbables les unes que les autres et la fin également purement fantasmagorique est incompréhensible. Bref, je ne suis jamais entrée dans ce "délire" plein de vacuité.

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OSS 117: Rio ne répond plus

Publié le par Rosalie210

Michel Hazanavicius (2009)

OSS 117: Rio ne répond plus

Cette suite est peut-être encore plus percutante que le premier film qui était déjà excellent. 12 ans ont passé depuis "Le Caire, nid d'espions", beaucoup de changements ont eu lieu (décolonisation, retour du général de Gaulle, changement de République), d'autres sont déjà dans l'air comme la révolution culturelle de mai 68. Mais ils n'ont eu aucun effet sur Hubert Bonnisseur de la Bath. Tel les héros des BD franco-belges qui traversent le temps avec une tête et un costume immuable, il est resté confit dans ses certitudes moyenâgeuses et a oublié de s'acheter un cerveau. Outre les énormités racistes, sexistes, homophobes et antisémites qu'il continue à débiter (et qui dans un autre contexte lui vaudraient de sérieux ennuis), il étale plus que jamais ses valeurs réactionnaires néo-pétainistes face au mouvement hippie (contester papa c'est rien de moins que s'opposer à la patrie et au drapeau).

La Vème République du général de Gaulle s'accommode en effet très bien des anciens pétainistes puisque qu'Armand Lesignac, le supérieur d'OSS 117 (joué par Pierre Bellemare qui vient juste de nous quitter) est un ancien collaborateur réintégré à son poste comme ce fut le cas de la plupart d'entre eux après l'amnistie générale de 1951. Mais Hubert qui avale la propagande gouvernementale sans se poser de questions s'en étonne: les français n'ont-ils pas tous été résistants? Il faudra attendre Ophüls et Paxton au début des années 70 pour battre en brèche le résistancialisme en dépit de la chape de plomb de l'héritier pompidolien.

Mais la meilleure saillie provient de sa coéquipière Dolorès (Louise Monot): "Comment vous appelez un pays qui a pour président un militaire avec les pleins pouvoirs, une police secrète, une seule chaîne de télévision et dont toute l'information est contrôlée par l'État ?" Et OSS 117 de répondre : "J'appelle ça la France, mademoiselle. Et pas n'importe laquelle ; la France du général de Gaulle". La dictature bien entendu c'était le communisme. Combien de films français un tant soit peu grand public ont ce regard critique sur notre histoire récente? Ils doivent se compter sur les doigts d'une seule main!

Plus explicitement encore que dans le premier film, OSS 117 est doté d'un inconscient qui la nuit venue, à l'aide de quelques puissantes substances pyschotropes se venge de tout ce que le conscient lui fait subir dans la journée. OSS devient libertaire et bisexuel, un dualisme qui n'est pas sans rappeler le millionnaire des "Lumières de la ville" de Chaplin. Ce dualisme est évidemment le propre des sociétés répressives.

Avec ça, le film reste ludique et léger, toujours aussi soigné dans ses effets de reconstitution d'époque (tant dans les costumes et décors que dans la mise en scène avec des effets sixties comme de nombreux split screen). Et il contient une avalanche d'hommages aux films de cette période. On soulignera particulièrement les références à "L'Homme de Rio" et au "Magnifique" (OSS 117 est un frenchie qui se prend pour Sean Connery mais qui a des attitudes très Bebel) ainsi qu'aux films d'Hitchcock ("Vertigo", "La Mort aux Trousses", "La Main au Collet"...) Et le grand méchant nazi d'opérette Von Zimmel (joué par Rüdiger Vogler, excellent comme d'habitude) a droit à une tirade parodiant une réplique de "To Be Or Not To Be" de Lubitsch, elle-même tiré du "Marchand de Venise" de Shakespeare. Dans la version parodique, le mot juif est remplacé par le mot nazi ce qui donne:

" Un nazi n'a-t-il pas des yeux ? Un nazi n'a-t-il pas des mains, des organes, des dimensions, des sens, de l’affection, de la passion ; nourri avec la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé aux mêmes maladies, soigné de la même façon, dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été que les Chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ?"

Là encore Hazanavicius mêle références ludiques et poil à gratter historique, rappelant que de nombreux nazis ont trouvé refuge en Amérique Latine avec la bénédiction de la CIA avant d'être traqués par le Mossad (non donné aux services secrets israéliens) et autres chasseurs de nazis pour des résultats médiocre: pour un Eichmann capturé combien de Mengele ont échappé aux mailles du filet?

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