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Tom à la ferme

Publié le par Rosalie210

Xavier Dolan (2014)

Tom à la ferme

Le quatrième film de Xavier DOLAN m'a fait l'effet d'un exercice de style bourré de références (à Alfred HITCHCOCK, à Stanley KUBRICK, à Brian DE PALMA, également au générique de "L'Affaire Thomas Crown" (1968) et au tango de "Happy Together") (1997). L'aspect positif, c'est que Xavier DOLAN n'hésite pas à s'aventurer dans des genres variés, ici le thriller psychologique pour renouveler son cinéma, même si celui-ci reste parfaitement reconnaissable (univers queer ou gay, figure de la mater dolorosa, goûts vintage, gros plans, musique signifiante). L'aspect négatif, c'est que l'on reste trop en surface, l'ensemble manque tout de même de substance. J'ajouterais également que le caractère souvent excessif du cinéma de Xavier DOLAN s'avère être ici un défaut. En mettant ses pas dans ceux de Alfred HITCHCOCK, il brouille le message du film qui ne traite plus vraiment de l'homophobie ordinaire des campagnes (ce qui était quand même son point de départ) mais du thème du double sur un mode sadomasochiste, le grand frère homophobe (Pierre-Yves CARDINAL) s'avérant être un véritable psychopathe. Cette outrance, à l'image d'un Tom (Xavier DOLAN) qui ne cesse de fuir pour mieux revenir se jeter dans les bras de son bourreau empêche de prendre tout à fait le film au sérieux. Film par ailleurs alourdi par quelques séquences explicatives dispensables.

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A peine j'ouvre les yeux

Publié le par Rosalie210

Leyla Bouzid (2015)

A peine j'ouvre les yeux

Très belle découverte que ce film, le premier long-métrage de Leyla BOUZID qui me donne envie de voir le deuxième "Une histoire d'amour et de desir" (2019). Le style est flamboyant et le scénario, subtil. Il peut en effet se lire aussi bien comme un récit initiatique que comme celui d'une désillusion ou encore celui d'une prise de conscience. Il mêle habilement le douloureux passage à l'âge adulte de Farah, 18 ans à une relation mère-fille conflictuelle et à un contexte historique précis: celui des quelques mois qui ont précédé la révolution du jasmin en Tunisie fin 2010 et début 2011 ayant abouti au départ du dicteur Ben Ali qui était au pouvoir depuis 1987. Farah et son groupe de musique jouent en quelque sorte le rôle d'éclaireurs, exprimant les aspirations à la liberté de toute une génération. Les textes engagés et la folle énergie déployée par la jeune chanteuse captivent l'auditoire et le spectateur, entraîné dans une atmosphère électrique. En même temps et dès les premières images, les signes que l'histoire se déroule dans un Etat policier sont présents et se font de plus en plus envahissants jusqu'à prendre toute la place à la fin. Dans la première partie du film, le spectateur a l'illusion d'être dans un pays occidental en suivant une jeune fille issue de la bourgeoisie libérée voire délurée qui boit, fume, fait la fête, a une relation amoureuse et ne semble rencontrer que l'opposition de Hayet, sa mère qui veut qu'après son bac décroché brillamment elle fasse médecine. Puis peu à peu on comprend qu'en réalité Hayet n'est pas castratrice, bien au contraire mais qu'elle tremble pour sa fille et on comprend peu à peu qu'il y a de bonnes raisons à cela. Ce ne sont pas seulement les illusions de Farah qui disparaissent les unes après les autres, ce sont aussi les nôtres. En témoigne par exemple la scène où Hayet se rend dans un café pour rencontrer l'auteur-compositeur du groupe le soir de la disparition de Farah et où Leyla BOUZID filme longuement les regards pesants que les clients, tous masculins, font peser sur elle. Une expérience que n'importe quelle femme ayant vécu ou voyagé au Maghreb a pu faire et qui en dit plus long que tous les discours sur la réalité de sociétés encore très marquées par la tradition et ses valeurs machistes.

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Simple comme Sylvain

Publié le par Rosalie210

Monia Chokri (2023)

Simple comme Sylvain

Des films sur les oppositions de classe sociale, j'en ai vu un certain nombre, dans le registre de la comédie le plus souvent et j'en ai conclu que c'est un terrain glissant voire miné tant il est propice aux clichés. Il comporte quand même son lot de réussites comme "Ainsi va l'amour" (1971) de John CASSAVETES ou dans un registre plus satirique "La Vie est un long fleuve tranquille" (1987) de Etienne CHATILIEZ. Sur "Simple comme Sylvain", je suis beaucoup plus réservée. J'ai apprécié le regard féministe, c'est si rare au cinéma de montrer la sexualité féminine de façon réaliste, c'est à dire avec une bonne connaissance du fonctionnement du corps féminin et des pensées et désirs propres à l'émoustiller (de quoi aider ce pauvre George Brassens à améliorer les statistiques de sa chanson "Quatre-vingt quinze pour cent"). En revanche le "choc des cultures" produit par la rencontre entre deux personnages aux prénoms-programmes, Sophia (sagesse) et Sylvain (forêt) s'il est au début du film très bien mené grâce à un ton alerte, s'essouffle sur la longueur. Surtout, il n'échappe pas à la caricature. Les deux personnages sont dépeints comme de purs produits de leur milieu social, ils sont unidimensionnels. Et ces milieux sont eux-mêmes uniformes. Sophia est une intello, donc forcément elle intellectualise tout et donc forcément son entourage est composé de snobs. Sylvain est un prolo, donc forcément il est inculte, ne marche qu'à l'instinct et a des goûts vulgaires à l'image de son entourage. C'est là qu'une autre réussite aurait fait du bien pour nuancer le tableau, "Le Gout des autres" (1999) d'autant que plus que le mépris de classe y est montré pour être mieux démonté. Dans "Simple comme Sylvain", on a la désagréable impression qu'il en est rien et que l'on rit beaucoup plus aux dépends de Sylvain, ses fautes de langage, son ignorance de la langue anglaise et ses goûts de "plouc" que de Sophia. Goûts de ploucs décrétés d'ailleurs par l'élite bien-pensante (j'ignorais que la République Dominicaine en faisait partie). Plus gênant encore, Sylvain s'avère être un traditionnaliste réac partisan de la peine de mort comme si le fait d'appartenir à la bourgeoisie intellectuelle était une garantie de progressisme. Un petit tour du côté de Pier Paolo PASOLINI et de Stefan Zweig rappelle qu'il n'en a rien été. Alors qu'à l'inverse des gens "simples" ont pu à la même époque agir avec une noblesse dont ces gens-là auraient été incapables.

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Lancement d'un navire

Publié le par Rosalie210

Louis Lumière (1896)

Lancement d'un navire

Le 21 mars 1896, un an après leur premier film, les frères Lumière filment le lancement du voilier Persévérance à sa sortie des chantiers navals de la Seyne-sur-Mer. Dérogeant pour une fois à la composition du cadre selon une diagonale, ils installent leur caméra frontalement, de façon à saisir trois lignes du premier au dernier plan: une rangée de spectateurs endimanchés, la coque du navire en train de passer devant eux et derrière le quai, une autre rangée de spectateurs avec en toile de fond le chantier naval. On remarque que certains d'entre eux au premier plan paniquent au passage du navire et s'écartent. Il faut dire qu'ils paraissent minuscules à côté de la masse d'acier qui semble les frôler. L'impression rendue est celle d'un panneau coulissant qui révèle progressivement la profondeur du champ, comme sur une scène de théâtre. Le Persévérance finira sa carrière coulé par les allemands en 1917. Quant au film, il bénéficie aujourd'hui comme d'autres vues Lumière d'une version colorisée.

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Les Diaboliques

Publié le par Rosalie210

Henri-Georges Clouzot (1955)

Les Diaboliques

La piscine au cinéma est souvent implicitement comparée à un tombeau. Ainsi en est-il de l'ouverture de la "La Piscine" (1969) de Jacques DERAY ou de celle de "Boulevard du crepuscule" (1950) de Billy WILDER. Le générique de "Les Diaboliques" ne fait pas exception. Il montre une surface aquatique trouble et putride, à peine trouée par les gouttes de pluie qui s'abattent sur elle. Cette surface est bien celle d'une piscine et comme dans les deux films cités plus haut, elle est amenée à accueillir à un moment donné un cadavre... ou peut-être pas. Le film le plus célèbre de Henri-Georges CLOUZOT préfigure plusieurs thrillers de Alfred HITCHCOCK tels que "Psychose" (1960) qui repose sur un twist final et "Vertigo" (1946) qui se base sur un roman écrit par Boileau-Narcejac, duo à l'oeuvre sur "Les Diaboliques" et que Hitchcock avait déjà souhaité adapter. D'ailleurs, il suffit de comparer les titres de leurs deux romans, "Celle qui n'était plus" et "D'entre les morts" pour comprendre que les deux films qui en sont issus ont en commun une histoire de fantôme. De fait, le film de Henri-Georges CLOUZOT se situe au carrefour de deux genres: le polar à suspense et le fantastique à tendance horrifique. Et bien que la fin du film (que je ne dévoilerai pas pour ceux qui ne l'ont pas vu) apporte une explication rationnelle aux manifestations étranges qui semblent suggérer qu'un fantôme hante le pensionnat, une toute dernière scène relance le suspense et l'ambiguïté, laissant la porte ouverte à toutes les hypothèses (dimension fantastique ou énième twist renversant les rôles manipulateur/manipulé).

Néanmoins, le ton est bien plus sec et froid dans "Les Diaboliques" que dans "Vertigo". Car le film de Henri-Georges CLOUZOT est une étude de moeurs impitoyable, décrivant une galerie de personnages médiocres voire haïssables. Le pire de tous est le directeur du pensionnat joué par Paul MEURISSE, un homme odieux qui rabaisse sa femme (Vera CLOUZOT) plus bas que terre devant tout le monde et bat sa maîtresse (Simone SIGNORET), toutes deux enseignantes dans l'établissement. Mais les deux femmes ne sont pas plus sympathiques avec leur projet criminel et leur alliance de façade pleine de fiel et de faux-semblants. Quant aux personnages secondaires, ils sont peu reluisants pour la plupart bien qu'interprétés par la crème des seconds rôles de l'époque (Pierre LARQUEY, Noel ROQUEVERT, Jean LEFEBVRE, Charles VANEL ...) sans parler de nouvelles têtes prometteuses (Michel SERRAULT et même furtivement Jean-Philippe SMET!)

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Il reste encore demain (C'è ancora domani)

Publié le par Rosalie210

Paola Cortellesi (2024)

Il reste encore demain (C'è ancora domani)

Je n'ai pas tellement apprécié "Il reste encore demain" parce que je l'ai trouvé confus et sans rythme. L'histoire m'a paru bien longuette et répétitive et la fin, déceptive. Toutes ces cachotteries pour en arriver à l'exercice d'un droit dont on sait bien qu'il n'a pas mis fin aux violences faites aux femmes, ni d'ailleurs à une meilleure représentation des femmes en politique. J'ajoute qu'il y a de grosses incohérences telles que le dynamitage d'un café par un soldat US à la demande d'une pauvre mère de famille censé ne pas comprendre un mot d'anglais. Ou bien le fait qu'elle laisse de l'argent bien en vue sur une table pour sa fille alors qu'on sait que son mari leur prend tout. Là-dessus se greffent des confusions qui m'ont gêné. Au niveau du style, on a l'impression d'être dans une comédie italienne des années 70 mêlée avec le drame de Ettore SCOLA, "Une journee particuliere" (1977) mais avec des codes néo-réalistes des années 40. Au niveau du fond, les violences conjugales sont transformées en scènes de danse ce qui est d'une insigne maladresse, de même que le fait de faire disparaître les ecchymoses de Délia aussitôt apparues, comme si elles n'avaient jamais existé. D'ailleurs Délia (joué par Paola CORTELLESI elle-même) semble bien trop rayonnante dès que son mari n'est plus dans les parages pour apparaître telle qu'elle devrait être au bout de vingt ans d'un tel traitement. Rayonnante, fleur-bleue avec son ancien amoureux qui comme par hasard se trouve toujours sur son chemin, pleine d'énergie pour enchaîner quatre boulots mal payés et gueuler sur ses voisines commères. Bref, le film est plein d'intentions louables mais le rendu est assez lourd, maladroit et cliché.

Cependant si cinématographiquement parlant, j'ai trouvé "Il reste encore demain" assez mauvais, je comprends ses 5 millions d'entrées en Italie. Car sur le plan sociologique, le film vise en effet juste. Il s'interroge sur la reproduction des violences conjugales de génération en génération, plus particulièrement de mère en fille. Ainsi, Delia qui est tyrannisée au quotidien par son mari de toutes les manières possibles (contrôle de ses moindres mouvements et confiscation de son argent, insultes, coups, humiliations et dénigrement systématique) n'a longtemps qu'un seul désir: voir sa fille dans une belle robe de mariée. Fille déjà bien partie pour prendre le relai de sa mère: privée d'école, obligée de travailler pour arrondir les fins de mois de sa famille pauvre et flanquée d'un fiancé qui promet de la mettre au pas une fois qu'elle "sera à lui". Et tout le monde de se réjouir, mère et fille compris du destin qui l'attend parce qu'il y a à la clé une bague, une belle robe et un "statut de dame". Belle manière de souligner la façon dont l'aliénation est intégrée par celles qui en sont victimes. Evidemment, le film montre comment Délia torpille ce destin tout tracé et réoriente l'avenir de sa fille en prenant conscience de ses droits.

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Quelques heures de printemps

Publié le par Rosalie210

Stéphane Brizé (2011)

Quelques heures de printemps

Revoir plus d'une décennie après le premier visionnage "Quelques heures de printemps", le film par lequel j'ai découvert Stephane BRIZE m'a permis de relever les points communs qui l'unissent à "Je ne suis pas la pour etre aime" (2004). Un personnage d'homme mûr triste et désintégré, une grande difficulté à communiquer avec son entourage et une relation particulièrement difficile avec le parent qui lui reste. Pourtant, "Quelques heures de printemps" se situe dans un milieu beaucoup plus populaire et diffère par son issue. Alors que la majorité du métrage se complaît dans une ambiance morose et grise, trop longue à mon goût, d'autant que la sous-intrigue avec Emmanuelle SEIGNER est inutile et vite expédiée (il n'y a pas besoin d'elle pour comprendre le personnage d'Alain joué par l'acteur fétiche de Stephane BRIZE, Vincent LINDON), la fin change complètement de ton et offre un très beau paradoxe, comme seuls les humains en ont le secret. D'un côté, la photographie s'illumine, le paysage s'ouvre, offrant une magnifique vue sur ce qui semble être les Alpes suisses, la maison où la mère d'Alain se rend est moderne et douillette, à l'inverse de la sienne, figée dans les années 70. Enfin mère et fils se déclarent leur amour, sortant de leurs déserts affectifs respectifs, mais c'est parce qu'ils sont au seuil de la mort. En effet le spectateur ne perd jamais de vue qu'il regarde le suicide assisté d'une femme humble qui semble ne pas avoir choisi grand-chose dans sa vie, hormis de mourir dans la dignité. Autant la confrontation avec le médecin m'a paru assez lourdement didactique (principal défaut du film), autant la rencontre avec l'association qui accompagne les personnes condamnées par la maladie ayant décidé d'en finir m'a paru juste, en particulier lorsqu'elle demande à Yvette Evrard (le personnage joué par Helene VINCENT, troublante de crédibilité dans ce rôle beau et ingrat à la fois) si elle a eu une belle vie et qu'elle répond "je ne sais pas, c'est ma vie".

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Une vie cachée (A Hidden Life)

Publié le par Rosalie210

Terrence Malick (2019)

Une vie cachée (A Hidden Life)

Alors que je n'ai pas toujours été convaincue par le positionnement surplombant et le ton grandiloquent des films de Terrence MALICK (je pense particulièrement à "Les Moissons du ciel" (1978) et à "The Tree of Life") (2010) ainsi que par ses choix d'acteurs (je ne suis pas du tout sensible à Richard GERE et à Brad PITT), "Une vie cachée" m'a bouleversée. C'est bien simple, avec ce film, Terrence MALICK atteint l'équilibre parfait entre le ciel et la terre. La signature si reconnaissable du réalisateur atteint des sommets avec une photographie époustouflante de beauté et un paysage édénique, celui du village de St Radegund situé près de Salzbourg dans les Alpes autrichiennes (et non loin de Linz, le lieu de naissance de Hitler). L'ode à la nature passe aussi par l'utilisation du grand-angle et les voix intérieures. Mais les questionnements existentiels s'y ancrent dans les faits historiques et dans les comportements humains, les plus nobles comme les plus vils. Ils s'incarnent au travers du "chemin de croix" emprunté par Franz et son épouse qui à rebours de leur communauté, refusent de signer le pacte avec le diable (c'est à dire de se soumettre à Hitler) et en payent le prix. Lui par fidélité à sa foi, elle par amour pour lui. J'ai pensé très fort à la phrase de Viktor Frankl (lui aussi autrichien) "Tout peut être enlevé à l’homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines – le choix de son attitude face à un ensemble de circonstances – pour décider de son propre chemin." C'est en ce sens qu'il faut comprendre les propos de Franz lorsqu'il dit et répète qu'il est un homme libre, alors même que Terrence MALICK montre toutes les formes de pressions, d'humiliations et de violences qu'il subit, d'abord dans son village, puis en prison*. Ses interlocuteurs se heurtent tous à sa foi inébranlable qui lui interdit toute compromission avec "l'Antéchrist". Son parcours singulier, fruit d'un choix singulier fait par contraste tomber tous les faux-semblants, particulièrement ceux qui sont liés à la religion. En effet, Terrence MALICK montre d'un côté des autorités religieuses s'accommodant (à l'image de toutes les autres formes d'autorité) du totalitarisme et un troupeau prêt à suivre aveuglément n'importe quel berger, par conformisme, par endoctrinement (la patrie ayant remplacé Dieu) mais aussi par peur. Il montre également la haine des villageois envers le mouton noir, celui qui ne suit que sa conviction intime, haine qui touche particulièrement la femme de Franz après l'arrestation de son mari et s'étend jusqu'à leurs enfants, ostracisés par ceux des autres familles. De l'autre, il montre en quoi l'indépendance d'esprit et une vie intérieure riche élève celui qui les possède au dessus des bas instincts, rendant son esprit incorruptible. Voir les chefs nazis qui se croient tout-puissants et leurs complices représentant les institutions incapables de faire plier un simple petit fermier a quelque chose de profondément satisfaisant. J'ai pensé à Sophie Scholl qui manifestait la même résistance inébranlable.
Le coup de grâce est asséné à la fin du film par l'extraordinaire confrontation entre August DIEHL et Bruno GANZ qui a joué tour à tour l'ange et le diable (et a eu le temps de passer chez Terrence MALICK avant de trépasser) et par une allusion flagrante à l'un des plus célèbres films anti-nazis, "Le Testament du Docteur Mabuse" (1932) de Fritz LANG.

* Comme dans la novlangue de George Orwell, le sens du mot liberté s'est restreint dans le III° Reich à la simple liberté physique d'aller et de venir, occultant le sens figuré du mot.

Au vu du nombre de gens qu'elle a pu toucher, j'ajoute exceptionnellement la présentation du film que j'ai faite sur Facebook:

Je viens de voir un film magnifique sur Arte (disponible pendant encore 3 jours): "Une vie cachée" de Terrence Malick. A part "Le nouveau monde" et "La ligne rouge" (deux films qui ont en commun avec "Une vie cachée" d'être basé sur des faits historiques), je n'avais pas été jusqu'ici très sensible à son cinéma. Comme ses autres films, "Une vie cachée" est d'une très grande beauté esthétique et rempli de questions existentielles. Mais comme il s'ancre dans les faits historiques, il témoigne également de ce qu'il y a de plus noble mais aussi de plus vil en chaque homme. Témoigne est le mot qui convient puisque le film raconte l'histoire d'un martyr du christianisme sous le III° Reich. Pas exactement un objecteur de conscience car ce n'est pas le combat que Franz refuse, c'est de devoir faire allégeance à Hitler. Malick montre l'échec de toutes les tentatives pour faire plier Franz qui ne dévie pas d'un pouce de sa trajectoire, laquelle rappelle celle de Sophie Scholl. Il montre la vilénie humaine sous les traits des autorités toujours prêtes à courber l'échine (par calcul mais aussi par peur), mais aussi sous celle des meutes humaines, ces hommes et ces femmes qui tournent le dos à leur conscience individuelle pour se fondre dans la masse et hurler avec les loups. L'hommage à Fritz Lang est aussi transparent que le rideau de "Le Testament du docteur Mabuse" qui apparaît à la fin du film est opaque. Bref tout dans "Une vie cachée" m'a fait penser à une phrase que j'aime particulièrement, "Tout peut être enlevé à l’homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines – le choix de son attitude face à un ensemble de circonstances – pour décider de son propre chemin." (Viktor Frankl)

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Barbarella

Publié le par Rosalie210

Roger Vadim (1968)

Barbarella

Dans "Sois belle et tais-toi" (1976), Jane FONDA raconte comment elle a été façonnée à ses débuts par Hollywood pour être une icône de studio très éloignée de sa vraie personnalité (et de son vrai corps). Roger VADIM, son mari de l'époque a revêtu à son tour les atours de Pygmalion en faisant d'elle une bombe sexuelle calquée sur Brigitte BARDOT, l'une des précédentes muses du réalisateur. La séquence de strip-tease ouvrant "Barbarella" (1968) fait d'ailleurs un clin d'oeil appuyé à l'érotisme des stars façonnées par Hollywood, plus précisément à la scène des gants de "Gilda" (1945). Pour le reste, c'est gentiment coquin et scopophile sans complexe (et hop, mine de rien, la caméra saisit par-ci par-là une fesse à moitié dénudée ou un bout de sein), Roger VADIM s'amusant à habiller et (surtout) déshabiller sa nouvelle Barbie au moindre prétexte. Des poupées aux dents d'acier et des perruches au bec affûté façon "Les Oiseaux" (1962) auront raison des différents justaucorps de Barbarella qui heureusement trouve rapidement une nouvelle tenue, toujours plus sexy que la précédente. Sans l'attraction que représente la plastique de Jane FONDA mise en valeur non seulement par ses costumes mais aussi par des décors hideux qui la magnifient par contraste, que resterait-il aujourd'hui de cette kitscherie dépourvue d'un scénario digne de ce nom? A mon avis, rien.

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Citizen Jane, l'Amérique selon Jane Fonda

Publié le par Rosalie210

Florence Platarets (2020)

Citizen Jane, l'Amérique selon Jane Fonda

Une personnalité riche pour un documentaire qui ne l'est pas moins. "Citizen Jane, l'Amérique selon Fonda" revient sur la carrière de celle qui au départ n'était qu'une "fille de" destinée à faire fantasmer les hommes avec des rôles stéréotypés de pom-pom girl. Comme elle l'explique dans "Sois belle et tais-toi" (1976), si elle a réussi à échapper à la chirurgie esthétique, elle a dû porter pendant les dix premières années de sa carrière de faux cils, des cheveux teints en blond et de faux seins, lui donnant de faux airs de Brigitte BARDOT en rejoignant la "collection" de Roger VADIM. Jusqu'à ce que comme sa consoeur féministe française, Delphine SEYRIG, elle ne se rebelle au début des années 70 après avoir tourné son premier film en prise avec le réel "On acheve bien les chevaux" (1969), notamment au travers de combats politiques (contre la guerre du Vietnam notamment) qui lui valurent de nombreux ennuis avec le gouvernement Nixon et l'Amérique conservatrice mais aussi une carrière remarquable au sein du nouvel Hollywood. Quant à sa réinvention en reine de l'aérobic dans les années 80, elle est expliquée comme un moyen de se réapproprier son corps et de vaincre ses troubles alimentaires, face au star system mais aussi face à son père qui la dévaluait constamment, la trouvant trop grosse. De fait, Jane FONDA apparaît comme une guerrière capable de surmonter traumatismes (suicide de sa mère, viol dans l'enfance, trois divorces) et maladies (plusieurs cancers), à la manière d'une Pam GRIER. Une dure à cuire que l'on a encore pu voir à l'oeuvre dans un moment d'anthologie du film "Youth" (2015) de Paolo SORRENTINO.

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