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Articles avec #mini-serie tag

Le Comte de Monte-Cristo

Publié le par Rosalie210

Josée Dayan (1998)

Le Comte de Monte-Cristo

Au vu de ce que j'en avais entendu dire, je n'avais pas envie de voir la mini-série de Josee DAYAN car je me doutais bien qu'elle trahissait le roman de Alexandre Dumas. Et ce, sans avoir l'excuse des contraintes de durée qui rendent les long-métrages de cinéma si frustrants. Comme d'autres adaptations avant celle-ci, le souci prioritaire semble avoir été d'offrir un divertissement prestigieux et politiquement correct c'est à dire calibré pour plaire au grand public selon la mode du moment avec le gratin des acteurs français de l'époque, la plupart hélas sous-employés. Pourquoi s'en priver, l'opération s'est avérée être un succès et aujourd'hui encore, cette version est citée comme une référence. Pourtant, il y a de quoi redire. Déjà dans la construction dramatique. Certes, l'idée des flashbacks pour condenser la première partie du roman et ainsi dynamiser le récit est pertinente. Encore faut-il être capable de le faire avec rigueur. Ce n'est pas le cas et plusieurs informations cruciales sont escamotées. Danglars et Fernand ne sont pas présentés, tout juste montrés et le spectateur qui ne connaît pas le roman devra attendre le dernier épisode pour connaître la raison de la trahison de Fernand. Quand à celle de Danglars, elle n'est jamais expliquée. On retrouve ce problème plus tard dans le récit avec par exemple le personnage d'Héloïse de Villefort jouée par Helene VINCENT dont l'explication des agissements meurtriers est privée du sens que lui donne le roman, sens pourtant lourd de significations. La relation filiale avec l'abbé Faria si importante pour la construction du personnage de Monte-Cristo est négligée, comme d'ailleurs globalement tout l'aspect intimiste du roman. Josee DAYAN et son scénariste Didier DECOIN ne prennent pas la peine de construire des personnages crédibles et laissent les acteurs en roue libre. Pauvre Jean ROCHEFORT qui semble errer comme une âme en peine dans la série et qui n'évoque en rien le personnage de félon qu'il est censé interpréter mais plutôt celui d'un pathétique cocu en puissance. Car j'en viens à ce qui est pour moi le pire défaut de cette adaptation: avoir transformé la tragédie en une assez grotesque pantalonnade. Toute la grandeur du roman disparaît au profit d'un mauvais goût assumé porté par le choix d'un acteur aux antipodes du personnage solitaire, spectral, ascétique et mystérieux de Monte-Cristo. A la place on a un Gerard DEPARDIEU qui sort de 18 ans d'incarcération dans un cul de basse-fosse au pain sec et à l'eau parfaitement imberbe et bien peigné, nanti d'un tour de taille conséquent et d'un ventre rebondi qui rend risible la scène dans laquelle ses geôliers se plaignent du poids du sac qu'ils ont à jeter du haut du château d'If. Un Gerard DEPARDIEU faisant du Gerard DEPARDIEU c'est à dire fort en gueule, jouisseur au point de se chercher un cuisinier personnel en la personne d'un Bertuccio revu et corrigé (Sergio RUBINI aurait tellement mieux convenu dans le rôle de son maître!) et une maîtresse inventée de toutes pièces (Florence DAREL), pauvre cruche à la voix de crécelle venant piquer sa crise de jalousie dès qu'une autre femme l'approche. Mercédès (Ornella MUTI) est traitée de la même manière écervelée ce qui explique sans doute la consternante fin où les deux amoureux se retrouvent à barboter joyeusement dans l'eau comme si rien ne s'était passé. Ne parlons même pas des piètres déguisements que revêt le comte, l'homme cherchant plus à se faire reconnaître qu'à se cacher. De temps en temps, il se rappelle quand même qu'il doit se venger alors les scènes du roman viennent laborieusement se rappeler à notre souvenir à l'aide de fastidieuses explications. Là où dans le roman on a un maître en manipulation qui a ourdi sa vengeance durant des années en ne laissant rien au hasard et la déroule comme une horloge suisse, le Monte-Cristo de Dayan semble découvrir les secrets de ses ennemis par hasard, au détour d'un chemin. Comme dans d'autres versions, Haydée est évacuée en deux-trois scènes parce qu'elle n'entre pas dans les cases du politiquement correct et plus surprenant, l'intrigue du fils illégitime de Villefort est amputé de toute sa dimension sociale, tout cela au profit d'amourettes sans substance. Abaisser ce grand roman à un tel niveau de médiocrité, il fallait le faire!

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Le Comte de Monte-Cristo (The Count of Monte-Cristo)

Publié le par Rosalie210

Peter Hammond (1964)

Le Comte de Monte-Cristo (The Count of Monte-Cristo)

Autant j'ai eu mainte fois l'occasion de souligner la qualité des productions BBC récentes, notamment dans le domaine de l'adaptation littéraire, autant celles du passé sont une "terra incognita". Et pour cause, nombre d'archives radiophoniques et télévisuelles ont disparu parce que notamment dans les années 60 et 70, il était coûteux de les conserver. Les supports d'enregistrements étaient le plus souvent recyclés ou détruits. L'avènement du numérique (et avant lui des moyens de lecture et de commercialisation tels que la VHS et le DVD) ont bouleversé ces paramètres à partir des années 80. La survie de l'intégralité de cette version du roman d'Alexandre Dumas, la seule produite par la BBC que l'on crut longtemps perdue et qui date du milieu des années 60 est donc en soi un petit miracle.

Les contraintes (notamment budgétaires) inhérentes à ce type de production pèsent évidemment sur la réalisation qui privilégie les séquences dialoguées en gros plan. Les personnages vieillissent peu ou pas du tout et les différents masques du comte sont purement et simplement abandonnés. C'est le banquier Thomson de la maison Thomson et French de Rome qui apparaît en personne par exemple dans la plupart des scènes en lieu et place de "Lord Wildmore", l'avatar anglais de Edmond Dantès. Il faut donc invoquer le pouvoir de la fiction pour expliquer que Caderousse ne reconnaisse pas Edmond qui lui apparaît tel qu'il était quatorze ans plus tôt mais revêtu d'une soutane. Le charismatique Alan Badel qui l'interprète a d'ailleurs comme la plupart des comédiens une quarantaine d'années et s'appuie seulement sur son jeu d'acteur pour dépeindre le jeune et naïf Edmond d'avant son arrestation.

L'adaptation par Anthony Steven est cependant d'une grande fidélité au roman d'Alexandre Dumas. Celui-ci est définitivement mieux fait pour la mini-série que pour le cinéma. Quelques personnages sont certes supprimés comme Noirtier, Franz d'Epinay, Edouard de Villefort et le père de Dantès, quelques sous-intrigues passent également à la trappe comme ce qui touche à Caderousse une fois le diamant en poche ou l'empoisonnement de la famille Saint-Méran par Mme de Villefort mais rien de fondamental. Il y a en revanche une véritable volonté de mettre en valeur les aspects les plus audacieux du roman. C'est particulièrement frappant en ce qui concerne le personnage féministe et lesbien d'Eugénie Danglars dont le franc-parler et le refus de jouer le jeu du théâtre social frappent Monte-Cristo au point que dans le roman, il lui fournira de faux papiers pour l'aider à se faire passer pour un homme et s'enfuir. Dans la série, on la voit échafauder son plan d'évasion allongée sur un lit en compagnie de Louise d'Armilly: l'allusion bien que chaste à leur relation est transparente. Il en va de même pour Haydée qui affirme très clairement son amour passionnel et charnel pour le comte, lequel finit par l'accepter, conformément à la fin du roman.

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Les quatre filles du docteur March (Little Women)

Publié le par Rosalie210

Vanessa Caswill (2017)

Les quatre filles du docteur March (Little Women)

Comme nombre de grands classiques de la littérature populaire, "Les quatre filles du docteur March" a été adapté de nombreuses fois au cinéma mais aussi à la télévision. Ma génération, celle qui a grandi avec la Cinq se souvient du générique de la série de la Nippon Animation chanté par Claude LOMBARD "Toutes pour une, une pour toutes". Mais la BBC a également sa version en mini-série de trois épisodes réalisée un an avant le film de Greta GERWIG. Pas de stars dans les rôles principaux, hormis la fille de deux célébrités* dans le rôle de Jo (à quand son "Marcello Mio"?) (2023) mais un casting particulièrement relevé pour les rôles secondaires. Emily WATSON dans le rôle de Mary March, Michael GAMBON dans celui de James Laurence, le grand-père de Laurie (pour rappel, c'est lui qui interprète Dumbledore dans la saga Harry Potter à partir de "Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban") (2004) et enfin dans le rôle de la tante March, Angela LANSBURY dans son dernier rôle où elle s'avère aussi drôle qu'émouvante. La série est comme la plupart des adaptations de la BBC particulièrement soignée, très fidèle au roman de Louisa May Alcott mais avec une touche de finesse psychologique en plus dispensée ici et là autour des "démons intérieurs" que chaque soeur doit tenter de surmonter comme l'impulsivité, la colère, la coquetterie ou la timidité. Jo y écrase en effet moins ses soeurs que dans d'autres adaptations. S'il est difficile de développer un personnage aussi conventionnel que celui de Meg, la scénariste Heidi THOMAS s'appuie beaucoup sur les caractères antinomiques de Beth et d'Amy qui représentent également deux facettes de la personnalité de Jo. Elle partage avec la première un lourd sentiment d'inadaptation au monde étriqué promis aux femmes du XIX° siècle alors qu'elle est en rivalité avec la seconde à qui tout semble mieux réussir qu'à elle, que ce soit au niveau artistique ou relationnel.


* Maya HAWKE est la fille de Uma THURMAN et Ethan HAWKE.

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Varda par Agnès

Publié le par Rosalie210

Agnès Varda (2019)

Varda par Agnès

Durant toute sa vie d'artiste, Agnes VARDA s'est livré au jeu de l'autoportrait sous diverses formes (mosaïque, peinture, photographie, cinéma etc.) En vieillissant, son travail s'est enrichi d'une dimension autobiographique dont l'aboutissement est "Les Plages d'Agnes" (2007). Cette oeuvre est aussi une somme artistique, mêlant les trois passions de Agnes VARDA: la photographie, le cinéma et les arts visuels avec de nombreux aperçus de son travail. Durant la décennie qui a suivi et surtout dans les dernières années de sa vie, Agnes VARDA a multiplié les documentaires sur son oeuvre, comme dans "Les 3 vies d'Agnes" (2012) ou "A Visual History with Agnes Varda" (2017). "Varda par Agnès", son ultime film ne fait pas exception à la règle. Se composant de deux parties chronologiques, "Causerie 1" (1954-1994) et "Causerie 2" (1994-2019), il se présente sous la forme d'extraits de conférences données par la réalisatrice dans lequel elle narre à la manière d'une conteuse aguerrie l'histoire de son parcours. Bien que le canevas soit chronologique, son oeuvre n'est pas présentée dans l'ordre mais selon le principe de l'association d'idées. Par exemple, dans la première causerie, elle relie "L'Opera-Mouffe" (1958) à "Documenteur" (1981) par Georges DELERUE qui a composé la musique des deux films et aussi par le fait qu'il s'agit d'oeuvres très personnelles voire introspective pour le deuxième. Dans la deuxième causerie qui est plus axée sur son oeuvre de photographe et d'artiste visuelle, le film "Les Glaneurs et la glaneuse" (2000) dont elle souligne le lien avec l'avènement technologique des caméras numériques permettant d'approcher les populations précaires l'amène par exemple à parler de son installation "Patatutopia". Avec le mantra "inspiration, création, partage" qui a guidé son travail, Agnes VARDA met en évidence quelques uns des procédés de sa "cinécriture" (c'est à dire de son style): le mélange entre fiction et documentaire, entre les différentes formes d'art (elle met en évidence par exemple le fait que plusieurs de ses installations ont une source d'inspiration picturale avec des panneaux comme le triptyque repliable de Noirmoutier jouant sur le champ et le hors-champ et le polyptyque de "Quelques veuves de Noirmoutier") (2006) et plus généralement le goût de l'hybridité, du collage et du recyclage comme le passage où elle raconte comment elle a redonné vie aux vieilles bobines du "Le Bonheur" (1965) en transformant les boîtes et la pellicule en installation. L'ultime cadeau d'une artiste soucieuse de son héritage.

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Germinal

Publié le par Rosalie210

David Hourrègue (2021)

Germinal

J'étais partie pour revoir le film de Claude BERRI et puis finalement, je me suis laissé tenter par l'adaptation la plus récente du célèbre roman de Emile Zola, la mini-série "Germinal" réalisée pour France télévisions par David HOURREGUE et écrite par Julien LILTI. Cette commande illustre parfaitement l'ambition des chaînes du service public (en France mais aussi en Italie et en Allemagne, la RAI et ZDF ayant mis la main à la poche) de se hisser au niveau des mini-séries de la BBC et la présence de Alix POISSON m'a tout de suite renvoyée à "Sambre" (2023) qui a fait sensation il y a quelques mois. "Germinal" se prête en plus parfaitement au format de la mini-série ce qui n'est guère étonnant puisque tous les grands romans du XIX° ont d'abord été publiés en feuilleton. Et le point fort de la mini-série est sa montée progressive en tension, chaque épisode constituant une marche plus haute que la précédente sur l'échelle de Richter de la révolte et de la répression. Il y a également des passages inspirés comme la fin du cinquième épisode qui filme un massacre d'une manière marquante, originale et un souci d'écriture nuancée des personnages qui sont pour la plupart assez approfondis. Sans parler du poids des idéologies écrasant les individus, dont le sort est ramené au "jeu" du capitalisme dans lequel ils ne sont que des "pions" pour le nihilisme anarchiste. Néanmoins j'ai trouvé qu'il y avait aussi un certain nombre de défauts. Trop souvent, la mise en scène se contente de filmer platement les sempiternels mêmes décors, notamment une cour et un café, presque toujours éclairés de la même manière (je n'ai pas vu "Peaky Blinders" (2013), il paraît que c'est la référence mais je n'ai pas trouvé le résultat convaincant ici). Le souci de modernisation est parfois mal dosé si bien que l'attention se déporte de l'intrigue principale, le conflit social à la Loach vers les violences faites aux femmes et le racisme. La question de la concentration capitaliste est occultée par le fait que Hennebeau, le patron au service de la compagnie minière est un grand bourgeois du cru (joué par Guillaume de TONQUEDEC) et son rival, Deneulin l'indépendant (joué par Sami BOUAJILA) devient un immigré. Pour ces mêmes raisons, des aspects majeurs du roman de Zola sont évacués comme l'atavisme héréditaire et l'influence néfaste du milieu. Ainsi Jeanlin reste tout à fait sympathique en dépit de ses tares et même de son crime et sa petite soeur est charmante, loin de la petite bossue décrite par Zola. Ne parlons même pas de la Maheude, Alix POISSON est bien trop jolie pour le rôle même si elle l'interprète avec ferveur. Enfin Cécile Grégoire est si ripolinée dans la mini-série que son meurtre en devient absurde alors qu'il agit comme une catharsis dans le roman tant elle et ses parents sont insupportables. Bref c'est encore trop propre, trop lisse (y compris au niveau de l'oreille, l'expression comme la diction datent du XXI° siècle et non du XIX°) en dépit d'un souffle réel porté par un acteur inspiré, Louis PERES ayant l'âge d'Etienne Lantier et donnant de la crédibilité à son rôle.

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Pluto (Puruto)

Publié le par Rosalie210

Toshio Kawaguchi (2023)

Pluto (Puruto)

Naoki Urasawa est l'auteur de mes deux mangas préférés: "20th Century Boys" et "Pluto", tous deux primés à Angoulême, respectivement en 2004 et en 2011. Tout en bâtissant des intrigues palpitantes et des personnages intenses, Naoki Urasawa insuffle à ses oeuvres une dimension existentielle d'une puissance rare. Ainsi en est-il de "Pluto" qui rend hommage au père des mangas, Osamu Tezuka et à "Tetsuwan atomu" alias "Astro le petit robot" chez nous. Un auteur qui développait dans ses oeuvres nombre de thèmes religieux et philosophiques. Mais l'oeuvre d'Urasawa est plus sombre, plus adulte, plus mélancolique, plus inquiète, hantée par le mal. Elle prolonge à la fois la réflexion d'Asimov et celle de Philip K. Dick sur les robots avec un questionnement très simple mais imparable sur nos profondes contradictions humaines. L'homme a voulu créer le robot à son image mais il ne veut pas qu'il mente ni qu'il tue tout en l'utilisant comme machine de guerre dans les conflits armés. Il veut en garder le contrôle tout en lui insufflant des émotions par essence incontrôlables et ensuite s'effraie de voir celui-ci lui échapper. Le dernier avatar de Frankenstein s'appelle d'ailleurs Bora dans "Pluto" et ressemble à la créature d'eau et de glaise de Prométhée.  

Le résultat est que les robots de "Pluto" sont des vétérans de guerre remplis de tourments. Les plus sophistiqués d'entre eux ont une apparence humaine qui les rend indécelables à l'oeil nu. Ils ont un subconscient, une mémoire traumatique, sont submergés par la haine ou l'empathie, jouent du piano, peignent, jardinent, ont une famille, ne comprennent pas d'où viennent leurs larmes, mentent aux autres comme à eux-mêmes. Alors évidemment en dépit du tabou nimbé d'une épaisse couche de déni, il apparaît évident que ces robots peuvent tuer, et pas seulement d'autres robots. L'enquête porte d'ailleurs sur une intelligence artificielle qui commet des meurtres, sur les robots les plus puissants du monde mais aussi sur des humains qui leur sont liés. Tous ont trempé dans un conflit sanglant qui s'inspire de l'invasion de l'Irak par les USA en 2003, le "39° conflit d'Asie centrale".

Mais cette enquête en rejoint une autre, beaucoup plus intime. Gesicht, le robot-inspecteur chargé des investigations veut comprendre l'origine des cauchemars qu'il fait toutes les nuits, comprenant peu à peu que sa mémoire a été trafiquée par ses supérieurs humains pour reprendre le contrôle sur lui et les armes redoutables qu'il possède dans son corps. Armes et démons intérieurs ne faisant pas bon ménage, il éprouve le besoin d'interroger Brau 1589, seul robot a avoir officiellement tué un humain en violation de la législation inspirée des lois d'Asimov. Celui-ci est prisonnier mais n'a pas été détruit parce que les humains, dépassés par son cas ont peur des conséquences. Peu à peu, Gesicht reprend possession de ses souvenirs et de son identité et c'est de cette mémoire que hérite Astro. Tous deux sont reliés par le souvenir d'un enfant mort et des émotions extrêmes qu'elle a déclenché, des émotions incontrôlables qui les ont propulsé à un stade d'évolution supérieur. Alors bien évidemment, la question angoissante qui se pose aux humains dépassés face à ces robots ayant acquis le libre-arbitre c'est "que vont-ils choisir?" 

 

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Le Comte de Monte-Cristo

Publié le par Rosalie210

Denys de la Patellière (1979)

Le Comte de Monte-Cristo

"Le Comte de Monte-Cristo" a été très souvent adapté depuis les origines du cinéma. Hélas, peu de ces adaptations sont des réussites. Même si je trouve la version muette de Henri FESCOURT satisfaisante, elle n'échappe pas au défaut récurrent des adaptations du roman de Alexandre Dumas: celui des coupes sombres dans l'intrigue. De ce point de vue, la mini-série de Denys de LA PATELLIERE réalisée à la fin des années 70 s'avère être le format idéal. L'ampleur de l'oeuvre d'origine se prête beaucoup mieux à six épisodes de 1h (remontés par la suite en 4 épisodes de 1h30) qu'en deux parties de 2h. On appelait encore ce type d'oeuvre audiovisuelle "feuilleton" en référence à la publication des romans du XIX° siècle en épisodes dans les journaux, ce qui avait été le cas de "Le Comte de Monte-Cristo". Elle restitue donc le roman dans sa quasi-intégralité et avec beaucoup de fidélité, même si de nombreux dialogues sont écourtés et que quelques personnages sont expédiés trop rapidement comme la très androgyne Eugénie Danglars et sa relation avec Louise d'Armilly. Mais développer ces questions était sans doute prématuré en 1979 sur une chaîne de télévision à une heure de grande écoute. Ceci étant, je fais la fine bouche étant donné que dans la plupart des adaptations françaises du roman, les Danglars n'existent pas du tout.

L'autre aspect qui fait de cette adaptation un incontournable pour les fans du roman de Dumas, c'est son aspect sépulcral. Plusieurs adaptations traitent le roman de Dumas avec légèreté sous prétexte qu'il s'agit d'une oeuvre populaire, certaines le tirant même vers le film de cape et d'épée ce qui est un contresens. La version de Denys de LA PATELLIERE est au contraire très sombre. Jacques WEBER prend son personnage au sérieux et réussit une composition très proche de celle qu'avait imaginé Alexandre Dumas. Son personnage est au sens propre un revenant qui semble avoir laissé à jamais une partie de lui-même au château d'If. Son visage émacié à la pâleur spectrale annonce la mort partout où il passe. Et ce même s'il parvient à la perfection à se mouler dans le jeu social de la restauration monarchique, empruntant diverses identités (que cette version restitue toutes: le Comte de Monte-Cristo, l'abbé Busoni, Lord Wilmore et Sinbad le marin, chacun d'eux parodiant les statuts sociaux que ses bourreaux parvenus se sont attribués). Comme tous les grands traumatisés, son Edmond Dantès dissimule sous l'impassibilité totale de son personnage de vengeur impitoyable une souffrance déchirante. Si comme dans les autres versions, on assiste à la déchéance de ses bourreaux qui se sont élevés au mieux malhonnêtement, au pire criminellement, l'ampleur de l'adaptation montre également les rouages de l'oppression sociale au sein de la famille bourgeoise, comparée à une prison ou un tombeau, notamment pour les filles réduites au rôle de marchandises vendues au plus offrant par le patriarcat tout-puissant quand elles ne sont pas éliminées pour de sordides questions d'héritage. C'est aussi cet ordre des choses que le Comte de Monte-Cristo remet en cause. Enfin cette vision sombre se maintient jusqu'au bout. Les actes du Comte, inspirés par une vision manichéenne du monde finissent par se retourner contre lui, menaçant d'engloutir le peu d'humanité qui lui reste.

En dépit de son âge et de défauts propres aux réalisations pour la télévision (une photographie pauvre et qui a mal vieilli) ainsi que quelques interprétations insignifiantes, cette version, illuminée par la musique de Nino Rota reste l'une des meilleures et ce n'est pas un hasard si le fils de Denys de LA PATELLIERE, Alexandre de la PATELLIERE prépare à son tour une nouvelle version du roman avec Pierre NINEY dans le rôle principal.

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Le monde de demain

Publié le par Rosalie210

Katell Quillévéré et Hélier Cisterne 52022)

Le monde de demain

Une des meilleures mini-séries de 2022, diffusée d'abord sur Arte puis sur Netflix. Réalisée par Katell QUILLEVERE et Helier CISTERNE dont l'intérêt pour l'histoire et les questions politiques et sociales n'est plus à démontrer, elle raconte la genèse du mouvement hip-hop en France au début des années 80, indissociable de l'émergence artistique d'une jeunesse populaire et métissée jusque là invisible dans les médias alors cadenassés par l'Etat. La mini-série suit plusieurs de ces jeunes, mettant en lumière au passage les différentes facettes du hip-hop que l'on a tendance à réduire au seul rap.

Le premier d'entre eux est le DJ Dee Nasty alias Daniel Bigeault (Andranic MANET) qui a joué un rôle fondateur méconnu et pourtant essentiel. Passionné par ce mouvement qu'il a découvert à San Francisco et qu'il importe en France, il mixe et scratche dans des clubs, enregistre le premier album de rap français en 1984, anime des soirées en plein air, ouvre l'antenne des radios libres au rap et aux rappeurs, notamment sur Radio Nova entre 1988 et 1989. Tout cela en autodidacte et dans une marginalité dont il ne sortira jamais vraiment. Il est dépeint sous les traits d'un jeune homme passionné, sensible, introverti et qui s'affirme peu. Tout le contraire de son explosive compagne Béatrice (Leo CHALIE), personnage fictif mais très fortement inspiré par le parcours et la personnalité de Catherine Ringer (et Daniel a d'ailleurs des points communs avec Fred Chichin). Ce n'est d'ailleurs pas le moindre exploit de la série que de mettre en avant des femmes fortes dans un univers très masculin, à l'image de la graffeuse Lady V (Laika BLANC-FRANCARD) qui fut la compagne de Kool Shen alias Bruno Lopes, l'un des deux membres du groupe NTM.

Parmi la nouvelle génération de talents que Dee Nasty a contribué a révéler, la série se focalise en effet sur Didier Morville (Melvin BOOMER) et Bruno Lopes (Anthony BAJON) qui traversent toutes les strates de ce mouvement sans véritable solution de continuité. Ils sont d'abord danseurs, puis graffeurs (stade durant lequel ils inventent leurs pseudos, JoeyStarr et Kool Shen) et enfin rappeurs. Tout cela dans une sorte de bouillonnement culturel propre à l'époque. L'histoire s'arrête en effet avant leur starisation et ne cherche jamais à les extraire de leur milieu. Celui-ci est dépeint avec beaucoup de réalisme et c'est ce qui est passionnant. On voit par exemple leurs "battles" avec d'autres groupes de danse et de rap. On voit également comment leurs milieux familiaux à la fois proches et opposés les ont forgés. D'un côté la famille chaleureuse et unie de Bruno Lopes dont il ne veut pas s'éloigner ce qui lui fait renoncer à une carrière de footballeur. De l'autre la jeunesse chaotique de Didier Morville cherchant à échapper à un père violent. L'une de mes séquences préférées est celle où le père ouvrier de Bruno Lopes voit son fils pour la première fois à la télévision dans "Mon Zénith à moi" à l'initiative de Nina Hagen qui a connu NTM via son compagnon, Frank Chevalier qui est alors le manager du groupe: choc culturel garanti!

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Sambre

Publié le par Rosalie210

Jean-Xavier de Lestrade (2023)

Sambre

Prise à la gorge (comme les victimes) du début à la fin de cette admirable mini-série qui m'a fait penser à celle, non moins brillante qui a été consacrée l'année dernière à Malik Oussekine (dans laquelle jouait également Olivier GOURMET). Cependant, "Sambre" bénéficie d'une diffusion très large sur France Télévision, en direct et en replay et a été vu par plusieurs millions de personnes. La France atteint aujourd'hui le niveau des mini-séries et téléfilms de la BBC dont certains comme "Warriors : L'impossible mission" (1999) surnommé "L'Apocalypse now des Balkans" sont devenues des références sur l'histoire récente et ses enjeux humains et sociétaux.

Car "Sambre" n'est pas que la retranscription d'un sordide fait divers ayant défrayé la chronique de par son ampleur et sa durée à savoir plus d'une cinquantaine de viols, tentatives de viols et agression sexuelles commis sur trente ans par le même individu, dans la même région et selon le même mode opératoire. C'est une véritable radiographie de la société et des institutions françaises et de leur très lente évolution des années 80 à nos jours sur la question des crimes sexuels envers les femmes. "Sambre" s'inscrit complètement tant par ce qu'il raconte que par la façon dont il le raconte dans les oeuvres "post Metoo" c'est à dire postérieures à 2017. Non seulement celles-ci ont bouleversé la vision du monde qui prévalait jusque-là mais elles reposent toutes sur une relecture du passé à l'aune de cette nouvelle vision. Une relecture sans concessions, d'une précision documentaire car basée sur une enquête journalistique qui glace le sang de par ce qu'elle montre. D'abord le décalage insupportable entre ce qu'endurent les victimes traumatisées à court et à long terme et l'indifférence, la désinvolture et la négligence avec laquelle la police locale traite leurs agressions. Des agressions dont la nature et la gravité ne sont d'ailleurs pas reconnues sans parler de la honte qui pousse les victimes au silence, au déni, au désespoir, à la dépression voire au suicide. Une police corporatiste et masculine, non formée et dépourvue de moyens qui se fait inconsciemment la complice du violeur et dont les multiples manquements au fil du temps sont cruellement soulignés, lui permettant de faire à chaque fois de nouvelles victimes. Mais ce n'est pas le seul dysfonctionnement majeur souligné par la série. Celle-ci met en lumière l'isolement des quelques personnes empathiques (juge, maire, scientifique) qui ont tenté de faire bouger les choses en vain. Surtout elle pointe du doigt un aveuglement collectif touchant aussi bien les français lambda côtoyant le violeur au quotidien que les institutions, tous se refusant à admettre que certains "bons" citoyens c'est à dire ayant un emploi, une famille, des responsabilités locales puissent avoir une face cachée. Le moment où Enzo nargue les policiers devant son portrait-robot sans que jamais ceux-ci ne fassent le lien malgré une ressemblance évidente ou bien celui où la psychologue assène à la scientifique qu'elle doit chercher un marginal alors que ses données lui prouvent le contraire sont éloquents du refus d'admettre que le criminel est parfaitement intégré, dispose même de compétences sociales étendues et de ce fait se fond dans la masse. Qu'ils soient les victimes, le criminel sexuel ou les flics, tous sont écrits avec un réalisme remarquable et non moins remarquablement interprétés, notamment par Alix POISSON, Julien FRISON et Jonathan TURNBULL qui traversent les trente années du récit.

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Polar Park

Publié le par Rosalie210

Gérald Hustache-Mathieu (2023)

Polar Park

 

En regardant la mini-série "Polar Park", j'avais en tête la phrase de Wim WENDERS "C'est quelqu'un qui est né dans un paysage trop petit pour lui". Comment filmer de grands espaces aux accents très américains au sein d'un petit village français? En créant grâce à la magie du cinéma un lieu ni d'ici, ni d'ailleurs. Alors certes, Mouthe, estampillé "village le plus froid de France" a vraiment l'hiver des airs de Canada, d'Alaska ou de Middle West sous blizzard. Mais il est également évident que les équipements vastes et dernier cri montrés dans la série (piscine, médiathèque) ne sont pas ceux d'une commune de 900 habitants. Peu importe car ce décalage fait une partie du charme de la série. A l'image d'un film sorti récemment "L'Autre Laurens" (2023) dans lequel joue également Olivier RABOURDIN. L'autre aspect qui rend cette série très contemporaine, c'est son message sous-jacent que l'on peut résumer avec une autre phrase, de mon cru cette fois "chercher l'indien qui est en soi". C'est exactement la piste que suit le romancier de polars David Rousseau (Jean-Paul ROUVE) dont la double quête (connaître ses véritables origines, retrouver l'inspiration) s'effectue sous le signe du retour à la nature. Non sans difficultés, il parvient à convertir à sa "pensée magique" sensible aux rêves, aux esprits, aux signes, à l'art, aux coïncidences, aux associations d'idées bref à tout ce qui échappe à la raison le gendarme Louvetot (Guillaume GOUIX) qui vit dans le refoulement de sa véritable nature justement et que Rousseau surnomme dans ses écrits "Le Loup" (comme dans "Le Regne animal") (2023)). Alors bien sûr que l'on pense à "Fargo" (1995) parce que enquête policière, parce que neige, parce que casquettes à oreillettes, parce que trio de tueurs improbable et loufoque. On pense aussi à David LYNCH parce que oreille coupée, parce que cheminement tortueux dans l'inconscient. Mais le film auquel la série m'a fait le plus penser est "Dead Man" (1995) parce que neige tirant la photo vers le noir et blanc parce que forêt, parce que tipi, parce que sacré, parce que poésie parce que sagesse chamanique. Rien que les titres des romans de Rousseau sont un régal pastichant les titres de films et de chansons célèbres: "Apocalypse plus tard", "Orange balsamique", "Drôle de brame" ou "La groupie du botaniste" alors que les crimes reconstituent de célèbres tableaux et sculptures et que les enquêtes s'orientent vers des jeux de lettres au scrabble et des films à plusieurs dimensions ("Shining" (1980), "Orphee" (1949) etc.)

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