Très beau film du studio Laïka (Coraline), animé en stop-motion (photographies de figurines image par image) avec une grande richesse de coloris, motifs et textures. Le récit initiatique et héroïque est somme toute très classique mais le choix de situer l'histoire dans un Japon médiéval sublimé est une superbe idée. La riche culture de ce pays sert à merveille le récit et donne lieu à des scènes d'une grande poésie. Citons celles où Kubo exerce ses pouvoirs magiques au travers d'un shamisen pour créer et animer des origamis (soit une mise en abyme du film lui-même) et celle, de toute beauté, de la cérémonie unissant les vivants et les morts avec un cortège de lampes allumées flottant sur l'eau. Le travail de deuil est d'ailleurs un des thèmes centraux du film. En acceptant la perte de ses parents tout en conservant leur mémoire, le héros découvre que "rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme." Ceux qui refusent cette loi de l'univers se placent en dehors de l'humanité et deviennent des monstres. La mission de Kubo étant de les réintégrer car tous font partie de la même famille.
Le dernier né d'Illumination la filiale animation d'Universal n'est ni original ni bien maîtrisé. Il lorgne trop du côté du Toy Story des studios Pixar en substituant des animaux aux jouets. Mais surtout il multiplie les personnages et les références sans les approfondir. D'où une impression de superficialité et de remplissage qui ne dissimule pas la vacuité du scénario. C'est dommage car le design est agréable, certains gags sont bien trouvés, il y a du rythme mais des personnages incohérents et un gros manque de sens. Bref c'est un film bâclé en dépit d'un inéniable savoir-faire. A noter la présence en première partie d'un court métrage des minions certes niveau pipi-caca mais bien plus drôle que le film sorti l'année dernière.
Cette adaptation de la célèbre comédie musicale de Philippe Chatel datée de 1979 est d'une médiocrité affligeante. La trame du conte n'est pas respectée, les chansons sont tronquées et seule une partie d'entre elles sont conservées. Tout cela sans doute dans le but de moderniser et dynamiser l'histoire. C'est raté. L'animation est laide, les personnages convenus voire antipathiques (Emilie est à giffler) et l'intrigue décousue sans parler du rythme mollasson faute d'enjeu à la hauteur. On a la désagréable impression d'assister à une mauvaise copie de Kirikou et la sorcière (La méchante toute noire se transforme en gentille blonde selon les stéréotypes les plus éculés) et de Hook de Spielberg (le papa vissé au téléphone qui ne s'occupe pas de sa fifille chérie). Alors qu'il aurait suffi de faire confiance à la force intrinsèque de ce conte sur l'imaginaire enfantin et la peur de grandir. Chatel semble avoir perdu ses pouvoirs magiques avec le temps. Mieux vaut écouter l'original qui reste un must du genre.
Le monde de Dory est la suite du monde de Némo sorti en 2003. Marin et son fils Némo qui étaient les personnages principaux du premier film deviennent les personnages secondaires du second alors que pour Dory c'est l'inverse. Ce deuxième film est à la hauteur du premier. Il se situe dans sa continuité tout en offrant une variation intéressante du thème de l'imperfection/vulnérabilité/handicap et de la nécessité de l'accepter pour le surmonter. Dans le premier film on se souvient que Némo souffrait d'une nageoire atrophiée et d'un père particulièrement angoissé. Dans le second se sont les défaillances de la mémoire immédiate de Dory et les tentatives de ses parents pour lui donner les outils de l'autonomie en dépit de sa différence et de leurs inquiétudes qui ouvrent le film. Heureusement car Dory perd très tôt ses parents de vue et se retrouve seule et perdue. Son handicap ne lui permet pas de trouver de l'aide puisqu'elle ne se souvient pas de ce qu'elle cherche. Et pourtant elle survit et s'adapte en rencontrant d'autres poissons déficients comme Marin et Némo mais aussi Destinée un requin-baleine myope, Bailey un Béluga qui fait un blocage psychosomatique ou Hank un poulpe caméléon à 7 branches (il a perdu la huitième). Avec eux elle part à la recherche de ses parents biologiques (dont elle finit par se souvenir).
On retrouve l'humour et la beauté des décors aquatiques du premier film ainsi qu'une efficacité redoutable dans la mise en scène des scènes d'action. L'impact de l'homme sur le milieu est également souligné au travers de la pollution mais aussi du centre aquatique. Ce centre est censé aider, soigner et relâcher les poissons dans leur milieu naturel mais ce que le film montre c'est que les poissons sont surtout exhibés comme des phénomènes de foire et utilisés comme des jouets de stands de fête foraine. Pas étonnant que leur vraie libération soit celle qui les délivre de la main de l'homme.
"Sans attache, ni passé, l'homme autant que la société sont voués à disparaître." On pourrait ajouter "sans spiritualité". C'est exactement ce que nous découvrons au début du film. La famille de Chihiro est tellement occidentalisée qu'elle semble complètement hors-sol dans la campagne japonaise. Le comportement sacrilège des parents de Chihiro qui dévorent la nourriture destinée aux esprits en pensant qu'il leur suffira de la payer pour être quitte le confirme. C'est d'ailleurs parce qu'ils ont oublié les règles les plus élémentaires de leur civilisation qu'ils sont transformés en cochons (comme Marco Pago dans Porco Rosso qui a perdu son humanité à la guerre). Durant tout le film, divers indices confirment les dégâts du capitalisme sur l'identité profonde du Japon. Le parc à thème construit sans vergogne sur un lieu religieux sans doute pendant une bulle spéculative puis abandonné par la crise l'illustre. La séquence de l'esprit de la rivière devenu putride à la suite de sa pollution et dont le nettoyage dantesque fait apparaître une montagne de déchets et de boue le confirme. De même le sans visage est une métaphore de l'homme capitaliste. Un homme dangereux et pathétique, sans identité, dont le vide intérieur ne peut jamais être comblé malgré une consommation intensive consistant à tout dévorer sur son passage en échange de pépites d'or. Des pépites dont la fausse valeur se révèle lorsqu'elles pourrissent. Enfin Haku est l'esprit d'une rivière qui a oublié son identité à la suite de son drainage par les promoteurs immobiliers à la recherche de nouveaux terrains à construire.
Mais Miyazaki n'est ni manichéen, ni passéiste. Il ne sépare jamais l'univers des humains et celui des esprits, contaminés les uns par les autres. Ainsi Yubaba la sorcière directrice de la maison des bains (Onsen) vit dans le luxe et règne sur un tas d'or alors que son gigantesque bébé joufflu incarne l'enfant-roi gâté et surprotégé des sociétés développées. Les employés du Onsen sont tout aussi obsédés par l'or. A contrario Chihiro qui est humaine se comporte de façon désintéressée lorsqu'elle purifie le Dieu de la rivière ou sauve Haku. Miyazaki démontre une fois de plus l'unité foncière du monde et cherche à renouer des liens entre ses différentes dimensions. Une différence fondamentale avec les aventures d'Alice de Lewis Caroll dont Miyazaki s'inspire aussi bien pour Totoro que pour Chihiro.
Le film est d'une beauté époustouflante soulignant l'hybridité qui l'anime. Le bâtiment des bains est un grandiose mélange d'éléments orientaux et occidentaux. Mais la séquence la plus sublime est celle où Chihiro se rend dans un symbole de la révolution industrielle jusqu'au coeur de ce qui représente le fin fond des âges (et les peurs les plus primitives) pour rencontrer Zeniba, la soeur jumelle de Yubaba. Le train glissant sans bruit sur l'eau puis le réverbère unijambiste guidant les voyageurs jusqu'au coeur de la forêt font écho à la séquence de l'arrêt de bus de Totoro et constituent un sommet de zénitude et de plénitude.
Le succès international du film et les prestigieux prix glanés à travers le monde (notamment en Europe et aux USA) démontrent à quel point derrière son caractère japonais le voyage de Chihiro est universel.
Mon voisin Totoro, le quatrième film de Miyazaki est absolument magique. Dénué d'intrigue spectaculaire, le film se concentre sur la vie quotidienne de deux fillettes japonaises qui dans les années 50 s'installent avec leur père à la campagne pour se rapprocher du sanatorium où est hospitalisé leur mère atteinte de tuberculose. Tout est vu à travers le ressenti et l'imaginaire des enfants qui font corps avec la nature au point de "traverser le miroir" et d'y découvrir qu'elle regorge d'esprits bienveillants dont un puissant protecteur, le grand Totoro mélange de chat, de hibou et de tanuki (raton-laveur du folklore japonais) qui vit dans un camphrier géant.
Les sources d'inspiration de Miyazaki sont multiples. Il y a d'abord des éléments de son enfance et adolescence à la campagne avec une mère en sanatorium (comme celle du film). Il y a ensuite la littérature européenne. Mon voisin Totoro est en partie une transposition d'Alice aux pays des merveilles dans la campagne japonaise. Le petit Totoro blanc (le Chibi-Totoro) que suit Mei avant de tomber dans le creux de l'arbre fait penser évidemment au début du roman de Lewis Caroll. De même le Chat bus a un sourire identique à celui du Chester et peut disparaître comme lui. Mais contrairement à l'univers d'Alice, il n'y a pas de rupture entre l'univers de la réalité et celui de l'imaginaire animiste des enfants. Car les croyances shintoïstes jouent évidemment un rôle essentiel dans cet univers peuplé d'esprits de la forêt où l'homme est un élément du grand tout.
Miyazaki parvient à faire ressentir cette unité cosmique lors de scènes mémorables dont la plus belle, la plus poétique est l'attente du bus sous la pluie qu'il nous rend incroyablement tangible. D'autre part il démontre son sens aigu de l'observation des enfants. La plus jeune, Mei qui n'a que 4 ans est criante de vérité dans sa façon de répéter ce que dit sa grande soeur ou de chercher à attirer l'attention en dérangeant son père. Satsuki qui a 11 ans est entre le monde des enfants (elle finit elle aussi par percevoir les esprits) et celui des adultes (elle remplace sa mère). Quant au père, il n'a plus la possibilité de voir les esprits et loin de décrédibiliser ce qu'a vu Mei, il lui dit qu'elle a eu beaucoup de chance. Ce qui nous fait mesurer au passage ce que nous perdons en renonçant à notre âme d'enfant.
Le château ambulant est une libre adaptation du roman de Diana Wynes Jones, Le château de Hurle. Comme dans la plupart de ses films, Miyazaki laisse libre cours au métamorphisme et à une esthétique singulière très steampunk.
La construction identitaire est au coeur du film. Il s'agit d'un jeu sur les places, les rôles et les apparences. Contrairement à une idée reçue, l'identité peut évoluer tout au long de la vie. Sophie est une jeune fille solitaire qui subit son destin au travers d'un héritage (la chapellerie de son père) qu'elle ne remet pas en question. Jusqu'au jour ou à la suite d'un maléfice elle devient physiquement ce qu'elle est déjà intérieurement: une vieillarde. C'est la perte de sa jeunesse qui paradoxalement la libère, lui donne l'audace et le regain d'énergie pour prendre son destin en main et choisir sa manière de vivre avant que celle-ci ne lui échappe. Comme elle le dit elle-même, elle a peu à perdre. Tout au long du film, son âge ne cesse de varier selon son état d'esprit avant de se fixer vers la fin sur un ultime paradoxe. Elle retrouve l'apparence de ses 18 ans mais garde les cheveux blancs ou plutôt comme le dit Hauru "couleur de lune." Comme quoi de multiples significations peuvent être attachées à cette couleur.
Hauru est lui aussi un personnage en quête d'identité comme en témoigne ses changements de nom et de couleur de cheveux. Il semble très attaché à montrer de lui une apparence parfaite mais ses transformations démontrent qu'il ne la maîtrise pas cette identité parfaite ce qui le désespère. D'autre part Sophie découvre à la suite d'un voyage dans le passé qu'il a uni ses pouvoirs à ceux d'un démon du feu ce qui l'a privé de son coeur. Le démon alias Calcifer est enchaîné au château par le pacte qu'il a conclu avec Hauru. Quant à ce dernier, il n'a plus accès à ses émotions et se transforme lorsqu'il combat en oiseau nocturne qui a bien du mal à reprendre ensuite forme humaine. Sophie a la tâche de libérer Calcifer et de rendre son cœur à Hauru.
Comme souvent chez Miyazaki, la technologie est ambigue. Hauru est un magicien-sorcier (l'ancêtre du scientifique) qui est sollicité pour participer à l'effort de guerre. Il se distingue justement par le fait qu'il rejette cette guerre qu'il considère injuste et refuse de prendre parti quitte à se mettre à dos sa hiérarchie. On retrouve ainsi dans le Château ambulant l'antimilitarisme et la dénonciation de l'utilisation perverse de la technologie comme dans les films de Kubrick et Zemeckis.
Mais en même temps Miyazaki est un grand admirateur de l'oeuvre de Jules Verne comme en témoigne ses machines volantes diverses inspirées des premiers aéroplanes, ses cités industrielles basées sur l’énergie thermique, sans parler des costumes des personnages qui s’apparentent à ceux du XIXe siècle. Le château ambulant lui-même reprend cette esthétique steampunk. La demeure est faite de bric et de broc et se déplace grâce à l’énergie thermique procurée par un esprit de feu. Elle ouvre sur plusieurs mondes et plusieurs époques, soutenue par cette énergie mystérieuse.
Un film d'animation totalement original, réussissant à inventer un univers traduisant de façon compréhensible l'univers psychique d'une pré-adolescente confrontée à un bouleversement majeur.
Cet univers possède un QG gouverné par de petits toons colorés incarnant les 5 émotions primaires: la joie (jaune en forme d'étoile), la tristesse (bleue en forme de larme inversée), la colère (rouge en forme de brique pour taper sur tout ce qui bouge), la peur (violet en forme de nerf) et le dégoût (vert en forme de brocolis, le légume détesté par Riley).
Les souvenirs de l'héroïne se matérialisent sous la forme de boules colorées par l'émotion dominante ressentie. De sa naissance à ses 11 ans, l'émotion reine de Riley est celle de l'enfance heureuse c'est à dire la joie. Les souvenirs sont donc à dominante jaune et les plus importants occupent la mémoire centrale. Il s'agit des principales sources de joie de Riley et leurs rayons donnent vie aux îles de la personnalité, des pôles d'équilibre psychique: famille, amies, hockey (la passion de Riley), bêtises...
Mais ce bel équilibre s'effondre à la suite d'un déménagement qui se passe mal. Riley perd tous ses repères et se laisse gagner par la colère et le dégoût. Car pour faire plaisir à ses parents elle refoule sa tristesse qui tout comme la joie est expulsée du quartier général et envoyée dans des zones inconnues de son cerveau. On découvre le train de la pensée, la bibliothèque de la mémoire à long terme, le studio des rêves, l'inconscient... dans une atmosphère de plus en plus sombre. Joie découvre alors le rôle essentiel de Tristesse dans l'équilibre de la personnalité de Riley. Si elle ne peut l'exprimer, elle risque de perdre le contact avec toutes ses émotions et de sombrer dans la dépression.
D'une inventivité formelle remarquable pour donner corps à des concepts abstraits, le film se double d'une analyse subtile du passage de l'enfance à l'adolescence et de la difficulté de grandir. Il montre que la perte et le deuil sont indispensables (celle de l'ami imaginaire par exemple) pour que d'autres choses puissent renaître (de nouvelles îles de la personnalité plus ado comme celle des boys band!) Il montre aussi que toutes les émotions sont nécessaires à l'équilibre d'une personne y compris celles que l'on considère comme indésirables. La peur assure la sécurité, le dégoût est un anti-poison tout comme la tristesse qui permet d'expulser son chagrin ou la colère (un personnage hilarant) qui défend la justice. Inversement la joie sans mélange mène à une impasse. C'est pourquoi les émotions adolescentes et adultes deviennent hybrides (les souvenirs de la mémoire centrale deviennent bi ou tricolores). La joie n'est plus l'élément central comme on peut le voir avec les plongées dans l'esprit des parents.
Ne pas rater le générique de fin qui offre un supplément délectable!
Le film est transgénérationnel mais il est trop complexe pour les plus jeunes. Mieux vaut le découvrir vers 7-8 ans (mais c'est aussi l'âge indiqué pour la plupart des Harry Potter et d'autres oeuvres estampillées "jeunesse" qui sont aussi transgénérationnelles).
Comme Un jour sans fin, le film culte d'Harold Ramis sorti en 1993, La traversée du temps de Mamoru Hosoda explore le paradoxe temporel pour montrer la métamorphose de son héroïne adolescente vers l'âge adulte. Si dans le film de Ramis la répétition en boucle du jour de la marmotte finissait par faire grandir humainement son protagoniste, dans celui de Hosoda, la répétition du 13 juillet offre autant de variations sur les possibles destins qui s'ouvrent devant Makoto, lui permettant au final de tirer des leçons de son expérience et de grandir. Ces destins s'incarnent dans les nombreux carrefours qui ponctuent le film et dans le triangle amoureux qu'elle forme avec ses deux amis Chiaki et Kosuke. Véritable garçon manqué passant son temps à jouer au baseball avec ses deux "potes", la voilà soudain confrontée à la nécessité de se déterminer par rapport à chacun d'eux. Longtemps incapable de le faire, elle choisit la fuite, agissant sans réfléchir et enchaînant catastrophe sur catastrophe. Car le film rappelle que le passage est risqué. L'une des routes mène tout simplement à la mort, aussi bien la sienne que celle de ses amis. En effet si le film commence sur un ton léger et utilise abondamment le comique de répétition, il laisse entrevoir un arrière-plan tragique qui prend toute son ampleur dans la dernière partie du film. Alors c'est à la Jetée de Chris Marker et à ses amoureux "désyncronisés" que l'on pense d'autant que l'un d'entre eux vient d'un futur apocalyptique où toute beauté a disparu.
Un petit bijou plein de finesse hélas sorti directement en DVD en France. Il s'agit de l'unique film de Yoshifumi Kondo qui aurait du prendre la succession de Miyazaki s'il n'avait pas trouvé la mort peu après la sortie du film. Celui-ci est tout en délicatesse et sensibilité. Il dépeint par petites touches l'éveil d'une adolescente à l'amour et à elle-même. Il montre son quotidien morose (la banlieue dortoir de Tama, l'appartement exigu dans lequel elle vit)et comment par la lecture, les rencontres et l'écriture elle va peu à peu y échapper. A noter la première apparition du baron, le chat habillé en gentleman qui fera son retour dans le Royaume des chats (film très en dessous de celui-ci).
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.