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Articles avec #animation tag

Moi, moche et méchant 3 (Despicable me 3)

Publié le par Rosalie210

Kyle Balda et Pierre Coffin (2017)

Moi, moche et méchant 3 (Despicable me 3)

"Cherche scénario désespérément" voilà le vrai titre de "Moi moche et méchant 3". En manque visible d'inspiration, le studio Illumination nous a pondu un film composé de petites histoires sans véritable lien entre elles. Gru retrouve un frère jumeau parachuté gratuitement dans l'histoire ce qui a pour effet de remiser la pauvre Lucy au placard. Ce qui est injuste car ce frère a l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette et n'est qu'un prétexte à quelques scènes d'action spectaculaires. Pauvre Lucy dont on se demande s'il n'aurait pas mieux valu qu'elle reste célibataire, au moins elle n'aurait pas perdu son travail. Quant à sa relation avec les filles, elle est d'autant plus convenue et bâclée qu'elle est redondante avec le premier film. Les filles ont été mises de côté dès le deuxième film mais le troisième bat leur record d'inutilité. Margo se fait de nouveau draguer, Edith a deux secondes d'antenne et trois phrases et la recherche d'une vraie licorne par Agnès sert surtout à surexposer sa bouille craquante. Enfin les mignons continuent à faire bande à part pour des séquences gag à l'humour particulièrement réchauffé. Le méchant est certes plus fun et décalé que celui du 2 mais il accentue le côté clipesque de ce film qui manque sérieusement de rythme. Cependant le studio n'est pas près de lâcher le filon. Le film se termine de façon ouverte ce qui annonce une suite.

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Le grand méchant renard et autres contes

Publié le par Rosalie210

Benjamin Renner et Patrick Imbert (2017)

Le grand méchant renard et autres contes

Comment faire pour élever trois poussins quand on est un renard? Comment un canard, un lapin et un cochon peuvent-ils livrer un bébé/des cadeaux alors qu'aucun d'eux ne vole comme une cigogne/ le père Noël dont c'est normalement le boulot?

C'est cet art du décalage et du brouillage des identités que cultive la petite ferme de Benjamin Renner dont les animaux-acteurs nous présentent 3 contes de 26 minutes chacun: "Un bébé à livrer"; "Le grand méchant renard" et "Il faut sauver Noël". Les influences sont nombreuses des fables de La Fontaine à la comédie américaine de Billy Wilder en passant par Les contes du chat perché de Marcel Aymé et Tex Avery.

Les plus jeunes se tordront de rire devant les nombreux gags burlesques déclenchés par le duo pas fûte-fûte du canard et du lapin qui ne comprennent pas que le loup prépare la soupe pour les mettre dedans, se portent au secours d'un père Noël en plastique qu'ils croient vrai, démarrent une camionnette en marche arrière, intervertissent les paquets, s'apprêtent à catapulter le bébé etc. Les adultes eux seront plus sensibles aux messages cachés dans les contes, particulièrement dans le deuxième, "Le grand méchant renard" qui donne son titre au film et qui est le plus audacieux. Il pose en effet la problématique des nouvelles familles: monoparentalité (un renard élève seul 3 poussins), adoption (2 espèces à priori incompatibles s'apprivoisent), question de genre (les poussins considèrent le renard comme leur maman), établissement d'une garde alternée entre le parent biologique (la poule qui a retrouvé sa progéniture) et le parent adoptif... Ce qui facilite les choses c'est que ces animaux transgressent les caractères qui leur sont assignés: le renard est un gros froussard qui rêve de pantoufler à la ferme, les poussins se prennent pour des renardeaux et agressent leurs congénères, les poules pratiquent le self-défense et terrassent le loup, le chien et la cigogne sont de gros paresseux qui se dérobent à leurs missions.

C'est drôle, fin, délicat, sensible, original, c'est une animation intelligente qui fait du bien. Et qui n'a pas de frontières, le clin d'œil à Totoro le montre.

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Les enfants-loups, Ame et Yuki (Ōkami kodomo no Ame to Yuki)

Publié le par Rosalie210

Mamoru Hosoda (2012)

Les enfants-loups, Ame et Yuki (Ōkami kodomo no Ame to Yuki)

"Les Enfants Loups" est le film de la maturité pour Mamoru Hosoda et celui qui a permis à un plus large public de le découvrir en France. Il s'agit d'une superbe fable qui reprend les thèmes de ses précédents longs-métrages: le temps qui passe et la nécessité de faire des choix pour se construire (comme dans son premier film, "La Traversée du temps"); l'opposition entre ville et campagne, tradition et modernité (comme dans "Summer Wars" son deuxième film). On le compare avec justesse aux "Souvenirs goutte à goutte" d'Isao Takahata à cause de son réalisme et de son caractère intimiste en forme de tranches de vie. Mais des similitudes avec l'œuvre animiste de Miyazaki existent également, notamment avec "Mon voisin Totoro".

Toutefois "Les Enfants Loups" n'a rien d'une redite. Le film développe une histoire originale traitée avec beaucoup de sensibilité et de finesse. Son sujet central n'est pas la maternité ou l'éducation comme on peut le lire ici et là mais la complexité de l'identité humaine. L'hybridité d'Ame et de Yuki, mi-humains, mi-loups est métaphorique et peut s'interpréter de plusieurs façons. Comme une double identité/culture, une mixité, un métissage lié au fait qu'ils sont issus d'un couple humain/loup-garou (lequel est lui-même hybride comme le centaure ou la sirène) qu'il faut cacher pour ne pas être rejeté de la société. Mais également comme une mise en lumière de la double nature de l'homme mi animale, mi spirituelle mise en péril par la civilisation moderne. Selon John Knight, l’un des meilleurs experts des loups japonais, l’attitude de la population japonaise envers le loup reflète son attitude à l’égard de la nature. Longtemps sacralisés, les loups ont été éradiqués à la fin du XIX° parallèlement à l'expansion urbaine du premier miracle japonais et à son occidentalisation. Le bétonnage de la nature va de pair avec celui des émotions. Les grandes villes surpeuplées comme Tokyo ont coupé le contact avec la nature et se montrent particulièrement inadaptées et intolérantes vis à vis de tout ce qui peut s'apparenter à l'animalité de l'homme. Pour survivre, la mère doit se retrancher dans son appartement avec ses enfants, menacés par les voisins et les services sociaux. Elle n'a aucun recours comme on peut le voir dans la scène ou partie pour faire soigner Ame, elle ne peut choisir entre un service pédiatrique et une clinique vétérinaire. La campagne apparaît certes comme un milieu rude et délaissé mais dans lequel il est possible de s'intégrer et de s'épanouir pleinement. Au delà des enfants loups, chacun peut composer avec sa double nature: Hana le prénom de la mère signifie "fleur", elle est aidée par un vieux paysan revêche qui ressemble à un loup solitaire etc. C'est donc là que les enfants peuvent choisir ce qu'ils veulent devenir. De caractères opposés, on les voit grandir et se tourner vers des destins complètement différents. Yuki, jeune fille bouillonnante doit apprendre à canaliser ses émotions animales pour s'intégrer au monde des humains. Ame au contraire doit larguer les amarres humaines et se séparer de sa mère pour intégrer le monde animal.

On le voit la réflexion est riche, subtile et les graphismes sont magnifiques. Un film majeur de l'animation japonaise des dix dernières années.

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Moi, moche et méchant 2 (Despicable Me 2)

Publié le par Rosalie210

Chris Renaud et Pierre Coffin (2013)

Moi, moche et méchant 2 (Despicable Me 2)

Moi moche et méchant 2 est aussi plaisant à regarder que le 1. On y retrouve le rythme enlevé, les couleurs chatoyantes, les gags des irrésistibles minions accro à leurs "bananas" ainsi que la musique de Pharrell Williams avec notamment son méga hit "Happy".

En revanche pour l'originalité du scénario, on repassera. Il n'offre aucune surprise et pioche dans la même gamelle que "Cars 2" à savoir une intrigue d'espionnage pleine de gadgets à la James Bond (qui n'en demandait pas tant). Les nouveaux personnages déçoivent, en particulier le méchant, très fade en dépit de la sauce mexicaine à laquelle on veut nous le faire manger (de ce point de vue le 3 qui renoue avec le personnage décalé sera meilleur). Quant aux anciens personnages, s'ils sont toujours aussi attachants, ils sont exploités de façon très conventionnelle. Gru en particulier s'est tellement rangé des voitures qu'il a perdu presque tout son mordant. Il y a quand même quelques moments drôles où on retrouve son caractère mal embouché, notamment lorsqu'il est en proie à une déception sentimentale ou lorsqu'il doit se déclarer au téléphone. La satire des sites de rencontre, rendez vous arrangés, jeunes play-boy à mèche et autres entremetteuses est assez réjouissante. Mais la fin en forme d'autopromotion pour le spin-off des "Minions" n'est pas du meilleur goût (à l'image des gelées que fabrique l'usine de Gru). 

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Moi, moche et méchant (Despicable Me)

Publié le par Rosalie210

Chris Renaud et Pierre Coffin (2010)

Moi, moche et méchant (Despicable Me)

Pour se démarquer de ses concurrents (Disney-Pixar, la Fox, Dreamworks), Illumination entertainment, filiale d'Universal a décidé de choisir un "Détestable moi" ("Despicable me" en VO) pour héros. Gru est un méchant de la vieille école, socialement et écologiquement incorrect. Il pollue avec son véhicule mastodonte, chasse la faune protégée pour peupler sa maison de trophées, pistogèle les clients pour ne pas faire la queue, emboutit leurs voitures pour se garer, menace de tuer le chien de son voisin qui a fait ses besoins sur ses plate-bandes et fait tourner en bourrique un petit garçon innocent. Il doit cependant lutter pour ne pas se faire complètement ringardiser par le jeune Vector, un méchant 2.0 qui est en quelque sorte la caricature du geek. Un surdoué en informatique entouré de gadgets high-tech qui passe son temps vautré sur le canapé en train de grignoter d'où une bedaine peu glorieuse qui accompagne une coupe au bol et de grosses lunettes du meilleur effet!

Cette caractérisation originale des méchants est le meilleur aspect du film avec les gags potaches des inénarrables minions qu'on ne présente plus. Avec leur 2 ans d'âge mental et leur sabir incompréhensible, on ne peut que s'attendrir lorsqu'ils offrent une "papuche" alors que les plus jeunes s'esclafferont à les voir se photocopier les fesses. Les plus rationnels pourront s'interroger sur le sens à donner à leur présence. Minion signifie en VO larbin (et non adorable) et en effet ils occupent tour à tour le rôle de domestique, soldat, cobaye, ouvrier le tout dans la joie et la bonne humeur puisqu'ils ne peuvent vivre sans maître comme le dévoilera le spin-off. On est pas loin des slogans racistes et paternalistes du genre "battu et content" avec le hit de Pharrell Williams en prime dans le 2.

Enfin je ne suis pas du tout fan de l'histoire des orphelines, trop convenue. Même si la petite Agnès est très attachante ("J'aime les licornes, beaucoup, beaucoup") et qu'il y a de belles scènes de tendresse avec Gru il est dommage que l'aspect sentimental prenne autant de place, spectacle familial oblige. On sent déjà dans ce premier volet la contradiction entre la volonté de se démarquer avec un aspect grinçant et satirique et celle de plaire à tous en rentrant dans le rang. Le deuxième film accentuera encore plus l'aspect papa-gâteau de Gru et se chargera de parachever sa métamorphose en lui trouvant une épouse, anéantissant partiellement ce que le premier film pouvait encore avoir de réjouissant et d'original.

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Les contes de la nuit 3D

Publié le par Rosalie210

Michel Ocelot (2011)

Les contes de la nuit 3D

C'est en quelque sorte la deuxième partie d'un diptyque dont le premier volet était "Princes et princesses", la nouveauté résidant dans l'usage de la 3D pour essentiellement accentuer la profondeur de champ. Si j'ai une petite réserve sur la fragmentation induite par le film à sketchs qui empêche de développer le récit et de nous attacher aux personnages, cela est largement compensé par la beauté envoûtante des images. Les fonds colorés sont de véritables œuvres d'arts (à l'exception de ceux du "garçon qui ne mentait jamais" que je trouve moins ciselés) sur lesquels se détachent d'autant mieux les personnages en ombres chinoises dont l'esthétique est tout aussi finement travaillée. L'intérêt de ces ombres est au moins double:

- L'animation en papier découpé a été la première employée par Michel Ocelot et son caractère artisanal la rend largement accessible. Le film rend hommage à la créativité et à l'imagination de deux jeunes gens et d'un vieux technicien qui réenchantent un cinéma à l'abandon.

-L'ombre chinoise est un espéranto visuel. Les contes d'Ocelot se déroulant aux 4 coins du monde et mettant en scène des personnages d'origine très variée, l'ombre permet une identification et une incarnation universelle.

On remarque également que si les contes varient temporellement et géographiquement (civilisation Aztèque du XV° siècle, Moyen-Age et Renaissance en occident, Afrique, Antilles et Tibet à une époque indéterminée), le message est toujours le même. Il s'adresse à la jeunesse et à ses capacités émancipatrices vis à vis des préjugés, abus de pouvoir et traditions obscurantistes incarnées par les anciens. C'est particulièrement évident dans "L'élue de la ville d'or" qui s'insurge contre les sacrifices humains et la soif de l'or, "Ti Jean et la Belle-sans-connaître" où le héros rejette les conseils malavisés d'un vieil homme ce qui lui sauvera la vie ou encore "La fille-biche et le fils de l'architecte" où la métamorphose permet d'échapper à un mariage forcé.

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Summer Wars (Samā wōzu)

Publié le par Rosalie210

Mamoru Hosoda (2010)

Summer Wars (Samā wōzu)

Lorsque l'artiste plasticien Takashi Murakami a exposé ses œuvres dans les grands appartements et la galerie des glaces à Versailles en 2010, les dents ont grincé. D'un côté le classicisme, la tradition, de l'autre l'art contemporain inspiré de l'esthétique manga avec ses personnages acidulés et kawai, le choc des cultures était assuré.

Or c'est à cette même période que "Summer Wars", le deuxième long-métrage d'auteur de Mamoru Hosoda arrive chez nous, suscitant sur le moment des avis plutôt mitigés voire négatifs, notamment sur le graphisme d'Oz, l'univers virtuel, proche de celui de Takashi Murakami. Hosoda a été depuis reconnu en France comme un auteur majeur de l'animation japonaise avec "Ame et Yuki, les enfants-loups" et par conséquent "Summer wars" a été réévalué.

L'un des thèmes centraux de "Summer Wars" est la confrontation entre la tradition et la modernité. Le titre fait allusion aussi bien aux guerres féodales entre samouraï et shogun qu'à la cybercriminalité contemporaine. Il contient en plus un paradoxe qui annonce son caractère fondamentalement divertissant, l'été étant plus propice à la farniente qu'au combat.

La tradition est incarnée par le clan Jinnouchi, une très vieille famille vivant près de Nagano dans une immense demeure et s'étant réunie pour fêter le 90eme anniversaire de leur bisaïeule. Leur histoire reflète celle du Japon: guerriers samouraï au Moyen-Age, ils se sont reconvertis en marchands de soie sous l'ère Meiji avant d'être ruinés par leur de leurs membres. Lorsque le héros, Kenji débarque dans cette immense famille, il découvre que ses membres exercent des métiers variés: pêcheur, policier, joueur de baseball, informaticien etc.

Face à la tradition, la modernité est incarnée par Kenji mais aussi par le monde virtuel d'Oz. Kenji est un jeune lycéen japonais surdoué en mathématiques. Il vit dans un petit appartement, sa famille, vraisemblablement réduite brille par son absence et il passe l'essentiel de son temps à geeker. C'est par lui que l'on découvre que le web est devenu un véritable monde parallèle dans lequel chaque personne possède un avatar, peut travailler, acheter, jouer comme dans le monde réel. Mais une nuit, il craque sans le savoir le code d'Oz, permettant à une I.A malveillante, "Love machine" de s'emparer de façon exponentielle des comptes utilisateurs de particuliers mais aussi d'entreprises et d'administrations. La société réelle est totalement désorganisée ce qui révèle sa dépendance vis à vis des hautes technologies (la réalité a depuis rejoint la fiction avec le logiciel wannacry qui a touché une grande partie du monde et désorganisé des pans entiers de l'économie et de la société). Love machine n'a plus qu'à programmer la fin du monde en faisant tomber un satellite artificiel sur une centrale nucléaire.

Tradition et modernité s'entremêlent lorsqu'on découvre que le créateur de la Love machine est Wabisuke, le vilain petit canard du clan Jinnouchi, marginalisé par son origine illégitime et que la maison du clan est dans le périmètre de chute du satellite. Cette opposition entre une menace planétaire et un point de vue domanial fait penser à "Mélancholia" de Lars Von Trier. On pense aussi un peu à "Matrix" (même si Oz à l'image de sa référence magique est autrement plus coloré et joyeux que l'alignement austère de chiffres sur fond vert de la matrice.) et à "Docteur Folamour". Les spécialistes des mangas et jeux vidéos penseront eux plutôt aux "War games."

Les thèmes sont graves mais le ton reste léger car l'humour est omniprésent et le rythme, très enlevé sans parler du graphisme. C'est frais et pétillant comme une boisson estivale!

 

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Cars 2

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Brad Lewis (2011)

Cars 2

La question que je me pose toujours devant ce film est la suivante: "Où sont passés les studios Pixar?" Si ce n'était la qualité technique visuellement bluffante et le retour de personnages que nous savons appartenir à leur univers, le film pourrait aussi bien être un Disney (ceux-ci ayant racheté Pixar ont d'ailleurs produit leurs propre dérivé de Cars, la saga spin-off Planes, affligeante), un Dreamworks ou un Illumination. La faute à un scénario premier degré favorisant le remplissage, la morale convenue, les clichés éculés et les blagues à la consistance de pudding au détriment d'un vrai travail de fond. Résultat: un gros jouet coloré qui n'apporte rien. Les enfants s'en détachent très vite et les adultes s'ennuient ferme. Cette absence d'identité propre, de personnalité est d'autant plus incompréhensible que les studios abordent habituellement dans leurs films d'animation les sujets graves (avec maestria qui plus est): l'oubli, l'abandon, la mort, le désespoir. C'est ce qui leur donne leur profondeur et par conséquent leur immortalité. Il y avait pourtant de quoi faire avec la mort des doubleurs de Doc Hudson en VO et VF. Mais non, le sujet est escamoté. Aucune explication ne nous est fournie sur la disparition de Doc Hudson comme au "bon vieux temps" où pour ne pas "traumatiser" ces chères "têtes blondes" (comme si tous les enfants étaient blonds!!), on censurait la mort du petit prince des collines dans "Candy."

Heureusement, la suite a montré notamment avec "Vice-Versa" que "Cars 2" n'avait été qu'un incident de parcours et que si Pixar avait bel et bien un pied englué dans le business bas de gamme, l'autre restait connecté aux étoiles. Pour le moment.

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Kirikou et la sorcière

Publié le par Rosalie210

Michel Ocelot (1998)

Kirikou et la sorcière

Où est mon père? Où sont les frères de mon père? Où sont les frères de ma mère? Pourquoi la source s'est tarie? Pourquoi Karaba est-elle si méchante?

Ces questions sont autant de brèches contre le poids de la fatalité qui accable un village d'Afrique de l'ouest quelque part entre le Sénégal (d'où viennent les doubleurs qui prêtent leurs voix aux personnages ainsi que le compositeur Youssou N'Dour) et la Guinée (où Michel Ocelot a vécu enfant). Ce village s'est résigné à mourir à petit feu sous l'emprise de la terrible sorcière à qui ils attribuent tous leurs malheurs. Mais Kirikou qui a été actif dès le début de sa vie puisqu'il s'est enfanté tout seul ne se résigne pas. Il veut comprendre et il veut agir. Et il n'a pas peur. Tout le contraire des villageois qui rivalisent d'obscurantisme, de pusillanimité, de bêtise et de préjugés. La taille lilliputienne de Kirikou et son jeune âge leur inspirent le plus grand mépris. Ils refusent d'écouter ses conseils et refusent de l'aider. Et leur mémoire de poisson rouge leur fait bien vite oublier leur sauveur. Kirikou est tout seul. Sa mère et son grand-père sont de son côté mais sa mère est prisonnière du village et son grand-père de la montagne. Une seule autre personne subit un tel ostracisme: la sorcière qui vit à l'écart du village. Pas étonnant qu'elle fascine Kirikou qui ne veut pas seulement l'empêcher de nuire. Il veut la délivrer de la haine des hommes qui la ronge, sachant sans doute confusément que son sort et le sien sont liés. Et ils le sont effectivement. Karaba a été meurtrie dans sa chair et sa soif de vengeance est d'abord une volonté de contrôler ceux qui l'ont fait souffrir (elle transforme les hommes en objets fétiches, ainsi ils ne pourront plus lui faire du mal). La terreur qu'elle inspire se nourrit aussi de préjugés puisque Kirikou découvre qu'elle n'a pas fait le mal qu'on lui prête. En la délivrant, il se délivre aussi puisqu'un baiser (de réconciliation entre l'homme et la femme) suffit à le métamorphoser en prince.

Outre la profondeur de son histoire et ses personnages marquants, Kirikou et la sorcière scelle un mariage particulièrement réussi entre la culture occidentale et la culture africaine. Michel Ocelot est un trait d'union entre ces deux civilisations qu'il mêle harmonieusement. La forme est aussi somptueuse que le fond. Musique de Youssou N'Dour, esthétique inspirée du Douanier Rousseau, de Klimt et de l'Egypte antique, inspiration puisée dans les contes de fée occidentaux... Mais à l'image de Kirikou, il a fallu une détermination sans faille à Michel Ocelot pour résister aux pressions qui voulaient dénaturer son œuvre en la privant de son identité africaine. Ceux qui voulaient que les personnages soient doublés par des français et ceux qui voulaient rhabiller les corps dénudés, un tabou pour les sociétés anglo-saxonnes. Mais ils ont dû plier devant "l'innocence toute nue et l'intelligence toujours en éveil": le succès bien mérité de Kirikou a été planétaire.

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Cars: 4 roues (Cars)

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Joe Ranft (2006)

Cars: 4 roues (Cars)

Cars est un Pixar sous-évalué en France à cause de sa culture "américano-centrée" à commencer par ses personnages, des automobiles humanisées. Des a-priori complètement stupides (et c'est une personne qui déteste les automobiles qui l'affirme). Outre sa qualité technique irréprochable, Cars comme la majorité des films des studios Pixar possède un scénario absolument remarquable, bien plus étoffé et subtil qu'un énième récit d'apprentissage pour enfants destiné à passer le temps.

C'est justement de temps dont il est question dans Cars. Deux temps, deux espace temps. L'introduction nous plonge avec un dynamisme et une efficacité qui devrait être enseignée dans toutes les écoles spécialisées au beau milieu d'une course automobile comme métaphore de la société américaine actuelle et par extension de la mondialisation libérale. Culte de la vitesse, absence de vision à long-terme, compétition acharnée pour être le premier dans un monde se divisant entre winner et loosers, podium offrant trois profils typiques (le ponte indéboulonnable soutenu par une écurie de sponsoring que tout le monde rêve d'intégrer, l'éternel second frustré et revanchard prêt à tous les coups bas et le jeune rookie ambitieux), marchandising effréné, médias omniprésents... La suite ne fait que peaufiner la critique de l'individualisme, de l'argent roi et de la société de consommation. Harv, l'agent de Flash McQueen se réduit à une calculatrice dont la jovialité est démentie par de petites phrases bien assassines ("quelle course mon vieux! Bon je ne l'ai pas vue mais on m'a dit que tu t'es surpassé"; "Je regrette presque de te prendre 10% de tous tes gains, produits dérivés, droits d'exploitation"; "Tu te passes très bien de moi. Non je rigole, t'as signé de toutes façons". McQueen lui-même est un orgueilleux qui refuse d'écouter les conseils, cabotine à mort devant les projecteurs oups, un "one-man-show" qui "travaille en solo", méprise les pit stoppers qu'il appelle "machin", a honte de son sponsor tout pourri, la marque Rust-eze (excellente satire des produits cosmétiques censés rendre la jeunesse/dérouiller les vieux tacots) et rêve d'atteindre les sommets de la gloire et de la toute-puissance.

Mais à force d'être trop pressé, McQueen se retrouve largué à Ploucville, au milieu de la cambrouse, condamné à accomplir des travaux d'intérêt général pour réparer la route que son comportement de chauffard a dévasté. Une ville morte située au milieu du désert et où le temps s'est arrêté. Il bascule alors dans le passé oublié du rêve américain symbolisé par les Ford T Stanley et Lizzie fondateurs de la ville et la mythique route 66, dévitalisée, abandonnée par la construction en parallèle d'une autoroute en ligne droite "Il y a 40 ans, on roulait de façon différente. La route épousait le paysage. Elle montait, descendait, serpentait, elle ne coupait pas à travers les terres pour gagner 10 minutes." Et de mesurer le temps perdu non en quantité mais en qualité "On ne cherchait pas à gagner du temps. On cherchait à prendre du bon temps."

C'est alors que la société altermondialiste se fait jour, puisant paradoxalement dans les racines de l'histoire des USA. Une société de la lenteur, de la contemplation, des émotions, de l'anti-consumérisme (le décor de montagnes en arrière-plan de Radiator Springs fait allusion à une œuvre d'art contestataire bien réelle le "Cadillac Ranch" où 10 épaves de Cadillac sont alignées dans le désert) du travail bien fait et de l'écologie avec pour emblème Fillmore le van Volkswagen hippie adepte de Hendrix et accessoirement vendeur de carburant bio. Fillmore qui tempère l'Amérique réac profonde symbolisée par le sergent. Radiator springs s'avère être un refuge pour tous les cabossés-rebuts de la société dominante qu'ils soient immigrés (Luigi et Guido, Ramone et Flo), inadaptés (Red), trop vieux (le shérif), simples d'esprit (Martin) ou désabusés (Sally l'ancienne avocate et Hudson Hornet l'ancien champion), tous sont partis se ressourcer (et soigner leurs blessures) au "vert" (enfin plutôt au "rouge" du désert).

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