Martin-crétin dans Cars équivaut aux Mignons-crétins dans Moi, moche et méchant: ça fonctionne bien sur un court-métrage ou en tant que personnage secondaire vecteur de gags d'un long-métrage. En revanche, quand on le prend comme protagoniste principal d'un long-métrage, le résultat est catastrophique (Cars 2, Les Minions). Heureusement ici, il s'agit d'un court métrage qui fonctionne sur le canevas d'une recette éprouvée, celle de l'arroseur arrosé. Martin qui aime faire des blagues à ses amis se prend un retour de boomerang dans la carlingue. Pris au piège de sa crédulité, il en est quitte pour une bonne frousse. L'ensemble est amusant et enlevé. On passe un bon moment.
Comme Kubrick, Miyazaki n'a réalisé que des chefs-d'oeuvre au prix d'une certaine parcimonie (13 long-métrages pour Kubrick, 11 pour Miyazaki à ce jour). Aucun de ses films ne peut être qualifié de "mineur", même ceux qui comme Ponyo semblent simples et "enfantins".
Comme la plupart de ses autres films, Ponyo dépeint un univers profondément animiste où les forces de la nature malmenées par l'homme se rappellent brutalement à son souvenir avec le déclenchement d'un cataclysme. Mais Miyazaki n'est pas belliciste. C'est bien pour cela d'ailleurs que le seul personnage qui éprouve du ressentiment, Fujimoto le sorcier est désavoué. Sa "Brünnhilde", un poisson rouge quelque peu hybride tombe amoureuse d'un petit humain Sosûké qui l'a renommée "Ponyo". Après avoir léché son sang et mangé du jambon, deux actes à forte symbolique autour du thème de la pureté et de la contamination, elle choisit de se métamorphoser en petite fille pour aller vivre avec lui en s'appropriant les pouvoirs magiques de son père. Par conséquent sa chevauchée des Walkyries sur le dos des vagues-poissons relève de la joie et non de la colère. Même si l'énergie phénoménale qu'elle utilise met l'humanité et son propre avenir en jeu, sa confiance est récompensée contrairement au conte d'Andersen dont le réalisateur s'inspire, une autre marque d'hybridité typiquement miyazakienne. Il y a également la réconciliation des générations, le film mettant en scène des enfants, des parents et des vieillardes dans une maison de retraite que le tsunami (c'est à dire le contact avec les pouvoirs magiques de Fujimoto) vont régénérer. Il est enfin intéressant de souligner la manière dont Miyazaki dépeint les relations entre les sexes. Si l'on retrouve le schéma traditionnel de l'homme en mer et de la femme s'occupant du foyer en plus de son travail, Lisa casse l'image que l'on se fait d'une femme traditionnelle notamment de par sa façon de conduire très casse-cou.
Beau film d'animation primé à Annecy (ce qui n'a pas suffi à lui offrir une distribution élargie, à Paris, il n'est visible que dans 4 salles). Son intrigue rappelle fortement "Ponyo sur la falaise" de Miyazaki à cause de la rencontre entre un jeune garçon et une créature marine à la morphologie instable ainsi que du déclenchement d'un cataclysme naturel. On pense aussi au récent "Your name" de Makoto Shinkai qui évoquait le mal-être d'adolescents trop à l'étroit dans les petites villes provinciales japonaises. Quoique Tokyo ne soit pas présentée comme un paradis édénique pour autant, le retour amer de ceux qui ont tenté leur chance dans la capitale en témoigne.
On comprend donc que le principal intérêt du film n'est pas dans son contenu mais dans sa forme, extrêmement inventive. Le réalisateur Masaaki Yuasa aime l'expérimentation visuelle et le psychédélisme. Les objets, les corps, les décors sont pour lui une matière malléable et déformable à l'infini ce qui autorise tous les délires (distorsions, fusions, déformations y compris sonores). La montée des eaux qui efface les limites entre civilisation et nature/imagination est un grand moment de perte de repères entre déferlement, prolifération et redéfinition des contours et des couleurs de la réalité. Idem avec la musique, une passion partagée par les humains et les créatures marines qui s'animent à son contact, littéralement.
C'est un film d'une grande richesse qui s'adresse aussi bien aux parents qu'aux enfants. Il brasse nombre de thèmes délicats (deuil, handicap, traumatismes psychologiques, résilience, éducation) avec subtilité. La séquence introductive évoque le massacre d'une famille tout entière de poissons-clowns dont ne subsistent que deux membres: Marin le père et Nemo le fils. Comme tous les rescapés, ceux-ci ont gardé des séquelles de ce traumatisme. Nemo a une nageoire atrophiée et Marin est devenu un papa hyper anxieux et possessif qui empêche son fils de grandir. Pour s'émanciper, Nemo doit se rebeller et prendre des risques. C'est ainsi qu'il est capturé par des humains ce qui s'avère au final être bénéfique pour le père et le fils. En effet, en étant séparés, ils vont faire des rencontres qui vont leur permettre de sortir de leur névrose en croisant des modèles éducatifs alternatifs. Nemo, prisonnier dans un aquarium fait la connaissance de Gill, un poisson estropié comme lui mais qui refuse de l'assister. Marin, parti à la recherche de son fils rencontre plusieurs modèles de coolitude dont Crush, la tortue de mer qui laisse ses enfants se dépatouiller seuls lorsqu'ils rencontrent des problèmes car il a confiance en eux. Si l'on rajoute l'inoxydable bonne humeur de Dory et le passage hilarant où un banc de poissons se paye la tête de Marin ("Lâche-toi man!") on comprend que le salut provient de l'ouverture d'esprit et de la remise en question personnelle. Il est frappant également de constater à quel point les auteurs insistent sur l'imperfection des personnages qui doivent tous vivre avec un ou plusieurs handicaps ou névroses; Nemo, Gill, Marin, Bruce et ses potes requins qui veulent se débarrasser de leur addiction à la chair fraîche (excellente parodie des alcooliques anonymes et de Shining de Kubrick) et Dory dont les problèmes de perte de mémoire donnent lieu à des passages très drôles.
Si l'on ajoute l'incroyable réalisme technique du milieu aquatique dépeint et la mine d'informations cachées qui se trouve à l'intérieur et qui instruisent sans avoir l'air d'y toucher (l'interaction entre le poisson-clown et l'anémone de mer, les troubles de mémoire du poisson-chirurgien, le CEA, l'anatomie des méduses etc.) on peut dire que ce film est un véritable trésor pour qui sait le voir et l'apprécier à sa juste valeur.
"Les As de la jungle" est le premier long-métrage de la société TAT productions basée à Toulouse. Créée en 2000 par David Alaux, Éric Tosti et Jean-François Tosti, elle a commencé par réaliser des publicités puis des courts-métrages et des téléfilms dont le premier "As de la jungle: opération banquise" en 2011 avant de connaître le succès en 2012 avec la série dérivée "Les As de la jungle en direct" puis en 2013 "Les As de la jungle à la rescousse" qui leur a permis de gagner plusieurs prix.
Nul besoin cependant de connaître les opus précédents pour apprécier le long-métrage même si l'intrigue adopte certains raccourcis. La formation de la bande ne nous est pas racontée par exemple.
Si le scénario ne brille pas par son originalité en reprenant le thème archi-rebattu d'une bande de super-héros contre un super-méchant, il utilise la parodie et le décalage avec intelligence, fraîcheur et dynamisme. De plus il réussit à nous attacher aux personnages. Comme dans "Le grand méchant renard", il aborde le thème décidément très français des nouvelles familles à travers une filiation élective inter-espèces: Natacha la tigresse est une super-justicière qui recueille et élève Maurice, un pingouin qui pour lui ressembler se peint des rayures sur le corps et qui adulte, adopte à son tour Junior, un poisson-clown. Natacha fait partie des fortiches, une bande de justiciers à la retraite et Maurice a repris le flambeau en fondant les "As de la jungle" avec son fils adoptif et une bande de bestioles aussi hétéroclite qu'improbable: deux crapauds Alf et Bob, une chauve-souris Batricia, un tarsier, Gilbert qui est le scientifique de la bande et un gorille bien neuneu Miguel (qui n'a que deux mots de vocabulaire: bananes et taper!). Bien entendu le comique naît du décalage entre cette équipe de bras cassés et l'image que l'on se fait d'une équipe de super-héros. Là-dessus les réalisateurs s'amusent à placer de judicieuses références à "Mission: impossible", "Rocky" (Eye of The Tiger) et surtout "Indiana Jones et le temple maudit" avec la descente en wagonnets! Enfin sur le plan technique, le résultat est de bonne facture en dépit d'un budget réduit par rapport aux studios américains. L'animation française se porte bien et on espère qu'elle continuera à se développer.
Pour les toulousains et ceux qui iront séjourner dans la ville rose d'ici juillet 2018, une exposition très bien faite aborde les techniques d'animation et les aspects écologiques de l'univers des "As de la jungle" au muséum d'histoire naturelle.
Visuellement c'est bluffant, scénaristiquement beaucoup moins. Beaucoup de bruit pour rien en quelque sorte. 10 ans d'élaboration qui font ainsi pschitt c'est dommage.
Pourtant l'idée de transposer "Akira", œuvre post apocalyptique culte dans un univers steampunk à la Jules Verne avait de quoi susciter de grands espoirs. De fait le résultat technique est grandiose. La société victorienne est reconstituée avec beaucoup de minutie, les machines sont plus fascinantes les unes que les autres et il y a de grands morceaux de bravoure où on en prend plein les mirettes, notamment à la fin lors de (l'auto)destruction de la tour steam qui entraîne la glaciation d'une partie de Londres.
Le problème, c'est que toute cette débauche visuelle a été réalisée au détriment de l'histoire et des personnages. Le conflit intra-familial autour de l'utilisation des innovations technologiques était pourtant une excellente idée, une sorte de réactualisation de la tragédie des Atrides à l'ère de la vapeur. Hélas, les personnages ne sont pas cohérents, leurs motivations sont floues ce qui introduit la confusion. Le grand-père semble s'opposer à la récupération de ses inventions pour des intérêts politiques ou économiques mais sa quête de puissance est tout aussi démente que celle de son fils. Quant au petit-fils, il apparaît surtout comme un pion que s'échangent les deux patriarches et leurs camps respectifs (bonnet blanc et blanc bonnet tellement les inventeurs artisanaux semblent aussi cupides et mesquins que les riches industriels). Les autres personnages, trop nombreux, sont tout aussi mal ficelés. Scarlett par exemple nous est présentée comme une insupportable fille à (très riche) papa avant de se transformer sans transition en courageuse héroïne. Les questions éthiques sont traitées de façon tout aussi superficielles. Bref le travail de fond est bâclé ce qui fait de cet animé une énorme usine à gaz sans âme.
"Le retour de Flash McQueen témoigne de l'épuisement de la série du studio d'animation de John Lasseter" écrit le Monde. Ce n'est pas vrai. Tout d'abord, rappelons que les suites de "valeurs sûres" permettent de financer des projets originaux comme récemment "Là Haut", "Vice Versa" et bientôt "Coco". A l'heure où Hollywood recycle ses vieilles recettes à l'infini, cette prise de risque mérite d'être soulignée et saluée. Ensuite parce que Pixar sait faire de bonnes suites. Celles de "Toy Story" sont même supérieures au premier volet qui était déjà un chef d'œuvre du genre. Et si "Cars 3" n'a pas tout à fait la même puissance d'évocation que le premier, il se situe dans la même lignée, faisant oublier le lamentable raté (technique excepté) du deuxième film qui était complètement hors-sujet.
"Cars 3" se situe dans la filiation du premier "Cars". Il est un peu l'équivalent du "Vingt ans après" d'Alexandre Dumas. Flash Mc Queen est confronté au même destin que jadis son mentor, Doc Hudson: il est has been et les petits jeunes n'ont qu'une hâte, l'envoyer à la retraite. Mais par fierté, Flash s'accroche car il veut être maître de sa sortie.
Comme dans le premier film, l'histoire est centrée sur l'hubris du héros et sa découverte des valeurs altruistes. Flash doit accepter le temps qui passe. Une notion qui fait l'ADN des studios Pixar et qui implique la nostalgie et le deuil. Peu à peu, Flash voit ses amis concurrents raccrocher les gants ce qui le renvoie à son propre déclin. Il doit admettre qu'il est devenu vieux et lent et qu'il ne peut donc pas rivaliser avec la rapidité des rookies high tech. D'autant qu'en dépit de ses efforts, il ne peut s'adapter aux nouvelles méthodes d'entraînement. Mais celles-ci sont suffisamment tournées en dérision pour que l'on comprenne que l'expérience "humaine" acquise par le bolide est également indispensable à l'étoffe d'un vrai champion. C'est ainsi que bien malgré lui, il entraîne à sa suite sa coach sportive, Cruz Ramirez, qui s'avère être une ancienne fan mais aussi une voiture de course inhibée à qui on a jamais donné sa chance (et le sexisme/racisme ambiant n'y est certainement pas étranger, il suffit de voir comment elle est traitée par son patron milliardaire Sterling ou par le leader de la course Jackson Storm). Il l'entraîne tant et si bien sur les traces de Doc Hudson qu'il finit par devenir son entraîneur. Et c'est une belle histoire de transmission qui s'esquisse par petites touches comme le fut dans le premier film celle de Doc et de lui-même. La transmission entre générations, un thème cher aux studios Pixar puisqu'on le retrouve dans "Toy Story 3" ou encore dans "Là-Haut."
"Cherche scénario désespérément" voilà le vrai titre de "Moi moche et méchant 3". En manque visible d'inspiration, le studio Illumination nous a pondu un film composé de petites histoires sans véritable lien entre elles. Gru retrouve un frère jumeau parachuté gratuitement dans l'histoire ce qui a pour effet de remiser la pauvre Lucy au placard. Ce qui est injuste car ce frère a l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette et n'est qu'un prétexte à quelques scènes d'action spectaculaires. Pauvre Lucy dont on se demande s'il n'aurait pas mieux valu qu'elle reste célibataire, au moins elle n'aurait pas perdu son travail. Quant à sa relation avec les filles, elle est d'autant plus convenue et bâclée qu'elle est redondante avec le premier film. Les filles ont été mises de côté dès le deuxième film mais le troisième bat leur record d'inutilité. Margo se fait de nouveau draguer, Edith a deux secondes d'antenne et trois phrases et la recherche d'une vraie licorne par Agnès sert surtout à surexposer sa bouille craquante. Enfin les mignons continuent à faire bande à part pour des séquences gag à l'humour particulièrement réchauffé. Le méchant est certes plus fun et décalé que celui du 2 mais il accentue le côté clipesque de ce film qui manque sérieusement de rythme. Cependant le studio n'est pas près de lâcher le filon. Le film se termine de façon ouverte ce qui annonce une suite.
Comment faire pour élever trois poussins quand on est un renard? Comment un canard, un lapin et un cochon peuvent-ils livrer un bébé/des cadeaux alors qu'aucun d'eux ne vole comme une cigogne/ le père Noël dont c'est normalement le boulot?
C'est cet art du décalage et du brouillage des identités que cultive la petite ferme de Benjamin Renner dont les animaux-acteurs nous présentent 3 contes de 26 minutes chacun: "Un bébé à livrer"; "Le grand méchant renard" et "Il faut sauver Noël". Les influences sont nombreuses des fables de La Fontaine à la comédie américaine de Billy Wilder en passant par Les contes du chat perché de Marcel Aymé et Tex Avery.
Les plus jeunes se tordront de rire devant les nombreux gags burlesques déclenchés par le duo pas fûte-fûte du canard et du lapin qui ne comprennent pas que le loup prépare la soupe pour les mettre dedans, se portent au secours d'un père Noël en plastique qu'ils croient vrai, démarrent une camionnette en marche arrière, intervertissent les paquets, s'apprêtent à catapulter le bébé etc. Les adultes eux seront plus sensibles aux messages cachés dans les contes, particulièrement dans le deuxième, "Le grand méchant renard" qui donne son titre au film et qui est le plus audacieux. Il pose en effet la problématique des nouvelles familles: monoparentalité (un renard élève seul 3 poussins), adoption (2 espèces à priori incompatibles s'apprivoisent), question de genre (les poussins considèrent le renard comme leur maman), établissement d'une garde alternée entre le parent biologique (la poule qui a retrouvé sa progéniture) et le parent adoptif... Ce qui facilite les choses c'est que ces animaux transgressent les caractères qui leur sont assignés: le renard est un gros froussard qui rêve de pantoufler à la ferme, les poussins se prennent pour des renardeaux et agressent leurs congénères, les poules pratiquent le self-défense et terrassent le loup, le chien et la cigogne sont de gros paresseux qui se dérobent à leurs missions.
C'est drôle, fin, délicat, sensible, original, c'est une animation intelligente qui fait du bien. Et qui n'a pas de frontières, le clin d'œil à Totoro le montre.
"Les Enfants Loups" est le film de la maturité pour Mamoru Hosoda et celui qui a permis à un plus large public de le découvrir en France. Il s'agit d'une superbe fable qui reprend les thèmes de ses précédents longs-métrages: le temps qui passe et la nécessité de faire des choix pour se construire (comme dans son premier film, "La Traversée du temps"); l'opposition entre ville et campagne, tradition et modernité (comme dans "Summer Wars" son deuxième film). On le compare avec justesse aux "Souvenirs goutte à goutte" d'Isao Takahata à cause de son réalisme et de son caractère intimiste en forme de tranches de vie. Mais des similitudes avec l'œuvre animiste de Miyazaki existent également, notamment avec "Mon voisin Totoro".
Toutefois "Les Enfants Loups" n'a rien d'une redite. Le film développe une histoire originale traitée avec beaucoup de sensibilité et de finesse. Son sujet central n'est pas la maternité ou l'éducation comme on peut le lire ici et là mais la complexité de l'identité humaine. L'hybridité d'Ame et de Yuki, mi-humains, mi-loups est métaphorique et peut s'interpréter de plusieurs façons. Comme une double identité/culture, une mixité, un métissage lié au fait qu'ils sont issus d'un couple humain/loup-garou (lequel est lui-même hybride comme le centaure ou la sirène) qu'il faut cacher pour ne pas être rejeté de la société. Mais également comme une mise en lumière de la double nature de l'homme mi animale, mi spirituelle mise en péril par la civilisation moderne. Selon John Knight, l’un des meilleurs experts des loups japonais, l’attitude de la population japonaise envers le loup reflète son attitude à l’égard de la nature. Longtemps sacralisés, les loups ont été éradiqués à la fin du XIX° parallèlement à l'expansion urbaine du premier miracle japonais et à son occidentalisation. Le bétonnage de la nature va de pair avec celui des émotions. Les grandes villes surpeuplées comme Tokyo ont coupé le contact avec la nature et se montrent particulièrement inadaptées et intolérantes vis à vis de tout ce qui peut s'apparenter à l'animalité de l'homme. Pour survivre, la mère doit se retrancher dans son appartement avec ses enfants, menacés par les voisins et les services sociaux. Elle n'a aucun recours comme on peut le voir dans la scène ou partie pour faire soigner Ame, elle ne peut choisir entre un service pédiatrique et une clinique vétérinaire. La campagne apparaît certes comme un milieu rude et délaissé mais dans lequel il est possible de s'intégrer et de s'épanouir pleinement. Au delà des enfants loups, chacun peut composer avec sa double nature: Hana le prénom de la mère signifie "fleur", elle est aidée par un vieux paysan revêche qui ressemble à un loup solitaire etc. C'est donc là que les enfants peuvent choisir ce qu'ils veulent devenir. De caractères opposés, on les voit grandir et se tourner vers des destins complètement différents. Yuki, jeune fille bouillonnante doit apprendre à canaliser ses émotions animales pour s'intégrer au monde des humains. Ame au contraire doit larguer les amarres humaines et se séparer de sa mère pour intégrer le monde animal.
On le voit la réflexion est riche, subtile et les graphismes sont magnifiques. Un film majeur de l'animation japonaise des dix dernières années.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.