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Articles avec #comedie dramatique tag

L'île aux chiens (Isle of Dogs)

Publié le par Rosalie210

Wes Anderson (2018)

L'île aux chiens (Isle of Dogs)

"L'île aux chiens" est le deuxième film d'animation en stop motion de Wes Anderson après "Fantastic M. Fox". Mais 10 ans ont passé et Anderson a étendu et approfondi son univers. Je suis d'accord avec l'article de Robin Canonne publié le 12/04 dans le Figaro.fr: "On pouvait reprocher aux premiers films de Wes Anderson une certaine froideur. Depuis Moonrise Kingdom, le réalisateur a semble-t-il trouvé cette petite chose qui manquait à son cinéma." Comme le résume Jérôme d'Estais pour la Septième Obsession, ce "conte ancien et moderne, éternel, dresse un pont entre le cinéma insulaire d'Anderson qui menaçait un jour d'être englouti et le monde extérieur, celui d'un public ébloui et reconnaissant".

"L'île aux chiens" est une fable politique mordante doublé d'un récit d'aventures SF prenant et d'un hommage éblouissant au Japon. Les amoureux de cette culture (dont je fait partie) seront comblés. Les tambours japonais, le sumo, les haïkus, les estampes, le théâtre kabuki, le cinéma de Kurosawa, le wasabi et les sushis, les cerisiers en fleurs ainsi que la langue sont particulièrement mis à l'honneur. La BO d'Alexandre Desplat s'avère particulièrement inspirée et le doublage (dont le casting en VO et en VF a été choisi par Wes Anderson) est particulièrement soigné. Les chiens s'expriment dans la langue du spectateur et les hommes en japonais (le plus souvent non traduit). L'animation est somptueuse, les plans sont riches visuellement et fourmillent de détails. Cependant, le film n'est pas avare de moments contemplatifs sortis tout droit de l'œuvre de Miyazaki (qui est à l'animation ce que Kurosawa est au live: un géant du cinéma). Il a fallu deux ans pour réaliser le film et le perfectionnisme maniaque de Wes Anderson se ressent partout. Mais l'exigence est la marque des grands.

Le Japon de Wes Anderson est à la fois éternel et dystopique. Rétrofuturiste en somme. Le Japon contemporain se devine dans l'importance accordé aux drones et aux robots canins mais aussi dans les déchets de l'île-poubelle. Le parc d'attraction désaffecté fait penser au "Voyage de Chihiro" et les centrales nucléaires éventrées à la catastrophe de Fukushima. Quant aux déchets compactés, ils rappellent les cubes de "Wall-E" et son vibrant plaidoyer écologiste. Car l'île-poubelle est aujourd'hui une vision post-apocalyptique terriblement réelle. Même s'il s'agit aussi de rendre hommage à "Akira". Le laboratoire caché de l'île où les chiens avant d'être pestiférés étaient soumis à des expériences fait penser à l'œuvre d'Otomo et ses cobayes humains.

Il en va de même de la fable politique du film. Elle évoque aussi bien le nazisme (qui avant d'exterminer les juifs songeait à les déporter sur l'île de Madagascar) que les politiques actuelles d'exclusion et de parcage des migrants dans des conditions inhumaines. L'île de Megasaki est dirigée par un tyran qui manipule la population à coups de propagande, de censure et d'élections truquées. Celui-ci désigne à la foule un bouc-émissaire qu'il a lui-même créé (le chien contaminé par ses soins) et qui est porteur de tous les maux. Cet ennemi sanitaire est banni, déporté, enfermé, soumis à des conditions de vie misérables dans l'attente d'être exterminé. Les "dissidents" sont officiellement tolérés mais en réalité persécutés et assassinés. Les élites sont corrompues ou éliminées. Seuls quelques jeunes refusent d'admettre la disparition du meilleur ami de l'homme (c'est à dire leur propre deshumanisation) et décident de résister. Le principal d'entre eux est le neveu adoptif du maire de Megazaki qui part en expédition sur l'ile-poubelle afin de retrouver son chien, aidé par cinq de ses congénères, quatre anciens chiens domestiques et un chien errant quelque peu asocial et décalé mais qui va s'avérer être central dans l'intrigue.

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Mariage à l'italienne (Matrimonio all'italiana)

Publié le par Rosalie210

Vittorio De Sica (1964)

Mariage à l'italienne (Matrimonio all'italiana)

La comédie du remariage à l'italienne réalisée par Vittorio de Sica c'est un mélange de screwball (pour les échanges verbaux électriques entre Sophia Loren et Marcello Mastroianni), de satire sociale fustigeant l'hypocrisie bourgeoise (comme dans le Billy Wilder de "Embrasse-moi idiot", la prostituée rêve d'une vie d'épouse rangée) et de mélodrame. Mastroianni est élégant et très drôle mais il est desservi par la médiocrité de son personnage. La vedette du film, c'est Sophia Loren qui nous offre diverses facettes de son talent. Jeune et naïve ou mûre et désabusée, mégère ou mère courage, séductrice et calculatrice ou femme bafouée dans sa dignité et ses sentiments, on ne sait jamais exactement où se situe la vérité de son personnage complexe. Aime-t-elle Domenico ? Se sert-elle de lui? Se venge-t-elle de tout ce qu'il lui fait subir? Les 3 à la fois dans une belle confusion des sentiments ? Ces questions sans réponses ne rendent son personnage que plus fascinant.

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Dans la cour

Publié le par Rosalie210

Pierre Salvadori (2014)

Dans la cour

Une idée de départ intéressante: faire une comédie sur des dépressifs et des névrosés réunis dans un même lieu. Celui-ci est un immeuble typique de l'est parisien. Sa cour intérieure revêt un rôle stratégique et le personnage principal, logiquement est le gardien. Musicien au bout du rouleau, Antoine (Gustave Kervern, Droopy puissance 10) décide de tout plaquer du jour au lendemain et de repartir à zéro. Mais son nouvel environnement semble contaminé par son spleen. Mathilde (Catherine Deneuve égale à elle-même) qui l'a embauché commence à voir des fissures se répandre sur les murs et craint un effondrement de l'immeuble. Evidemment, c'est sa propre dépression qui se manifeste car il s'agit d'une jeune retraitée qui tente de combler sans succès son sentiment de vide en aidant les autres. C'est d'ailleurs aussi ce que tente de faire Antoine. Sans succès.

L'ennui c'est que peu à peu, la comédie sur les dépressifs et les névrosés devient elle-même neurasthénique. Le film manque de rythme et les personnages de consistance (en dehors des deux principaux et encore, qu'ont-ils en commun à part leur mal-être? Ils ne se parlent jamais vraiment et au final ils ne s'ouvrent pas assez pour que l'on soit émus de leurs états d'âme). Rien ne semble couler de source, tout paraît forcé. La fin, sinistre, plombe définitivement l'ambiance déjà bien glauque de l'ensemble. Et la note d'espoir qui est censé en découler sonne horriblement faux. Reste quelques sympathiques allusions cinématographiques. Les obsessions de Deneuve envers les lézardes font penser au "Répulsion" de Polanski et l'apparition de Garance Clavel dans le 11eme arrondissement de Paris renvoie à "Chacun cherche son chat" de Klapisch qui avait pour théâtre un immeuble identique.

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Rebelle (Brave)

Publié le par Rosalie210

Mark Andrews et Brenda Chapman (2012)

Rebelle (Brave)

Visuellement c'est une splendeur, narrativement une escroquerie. D'ailleurs de nombreuses critiques disent qu'il s'agit d'un film Disney. C'est très révélateur. Car en réalité il s'agit d'un film des studios Pixar. Techniquement, du moins. On reconnaît en effet le perfectionnisme qui fait la supériorité du studio sur tous ses concurrents. Le rendu photo-réaliste des paysages écossais, de la musique, la qualité de l'animation (incroyable par exemple sur la crinière rousse de l'héroïne), la finesse des textures, lumières etc. tout est là pour nous enchanter.

Sauf qu'il manque l'essentiel: l'âme pixarienne, cette identité à nulle autre pareille qui fait de cette œuvre pour reprendre l'expression de Télérama "une vaste fresque sur l'impermanence du temps". Déjà tragiquement absente du mercantile "Cars 2", voilà que le studio récidive en nous livrant une intrigue de princesse Disney faussement rebelle, véritablement ringarde.

Mais il y a plus grave. L'intrigue du film n'est pas seulement superficielle, linéaire, convenue, elle est mensongère et manipulatrice. L'affaire Weinstein a révélé si besoin était que le patriarcat, le sexisme et la domination phallique n'ont pas disparu au Moyen-Age mais qu'ils sont toujours d'actualité. "Rebelle" le confirme. En surface Mérida est un garçon manqué qui refuse de se conformer au rôle d'épouse soumise que l'on attend d'elle. En réalité elle revient très vite au bercail lorsqu'elle est "punie" par un châtiment divin pour son "égoïsme" et son "orgueil". On croit rêver devant ces jugements de valeur et cette vieille morale moisie qui ne sont là que pour manipuler nos cervelles "Ouh Mérida, ce n'est pas bien, tu as fait exploser la sacro-sainte famille avec tes rêves d'émancipation, tu es responsable du chaos, de la mort et de la destruction de toute civilisation [hérétonormée et patriarcale] alors jette loin de toi cette épée phallique avec laquelle tu as déchiré le tissu familial et en bonne fille dévouée, prends ton fil et ton aiguille, recoud-nous tout ça et l'ordre [moral] triomphera." Manipulation doublée d'une escroquerie: le film fait croire que c'est la mère de Mérida qui opprime sa fille alors que les hommes sont tous de braves types inoffensifs. Autrement dit il nie l'oppression exercée par les hommes sur les femmes en prétendant que les femmes s'oppriment entre elles: hallucinant!! Comme le dit très bien un article qui soulève la question de l'antiféminisme du film "imagine-t-on un film où le racisme envers les noirs serait provoqué par les noirs eux-mêmes et où les blancs seraient de bonnes pâtes inoffensives?"

Ce film sous emprise Disney est donc un Pixar en toc et un tel ratage scénaristique après celui de "Cars 2" laissait craindre le pire. Heureusement celui-ci allait s'avérer momentané, les studios Disney s'apercevant que le fait d'étouffer la créativité des Pixar faisait aussi diminuer les recettes. Mais depuis cet épisode consternant, le studio n'est pas à l'abri des rechutes ("Le voyage d'Arlo").

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Patients

Publié le par Rosalie210

Grand Corps Malade et Mehdi Idir (2016)

Patients

Hormis les toutes premières images qui peuvent faire penser au film de Julien Schnabel "Le Scaphandre et le Papillon", "Patients" ne brille pas particulièrement par sa réalisation. Côté scénario, le principal intérêt du film consiste à suivre de façon documentaire la rééducation de Ben, un jeune garçon semi-tétraplégique qui en dépit de ses progrès doit faire le deuil de sa vie "d'avant", centrée sur le sport.

Sachant que ce garçon, bien qu'interprété par Pablo Pauly n'est autre que Fabien Marsaud alias "Grand Corps Malade", je regrette d'autant plus que l'éveil de sa fibre artistique ne soit jamais évoquée dans le film. Il aurait gagné en profondeur. On doit se contenter d'une chronique au ton plutôt juste des difficultés quotidiennes endurées par un handicapé en centre de rééducation (l'absence d'intimité et d'autonomie, le confinement, l'ennui, la mise en berne de la sexualité...) doublé d'un buddy movie avec les amis de Ben rencontrés au sein du centre qui se substituent à l'équipe de basket dont il était membre auparavant. On remarque assez rapidement que ceux-ci appartiennent aux couches défavorisées de la société, les autres ayant sans doute les moyens d'être soignés à domicile ou dans des instituts privés. Néanmoins leurs personnages respectifs ne sont pas suffisamment creusés et ils servent surtout de faire-valoir au héros. Quant aux femmes, elles sont rares et la vision qui est donnée d'elles laisse sceptique: une aide-soignante parfaitement incompétente et une jeune femme handicapée dont le héros tombe amoureux avant de la fuir comme la peste au motif qu'elle a tenté de se suicider après un chagrin amoureux.

Alors oui le film est intéressant et évite l'écueil du pathos mais il s'en dégage une impression de superficialité qui laisse sur sa faim.

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The Full Monty

Publié le par Rosalie210

Peter Cattaneo (1997)

The Full Monty

Billy Wilder disait qu'il faisait des films drôles lorsqu'il était complètement désespéré. Ce qui est une variante de la célèbre phrase de Chris Marker (réalisateur de "La Jetée") selon laquelle "l'humour est la politesse du désespoir". La crise sociale des pays noirs britanniques a donné lieu à d'excellentes comédies dont la plus célèbre est "The Full Monty", devenue culte et adaptée depuis en comédie musicale. La B.O du film particulièrement entraînante s'y prête.

Pourtant du désespoir il y en a dans "The Full Monty". Le point commun qui réunit la bande de strip-teasers amateurs n'est pas seulement le chômage, ce sont aussi toutes ses conséquences délétères: perte d'estime de soi, paupérisation, précarisation, éclatement familial, tentatives de suicide. Mais avant même l'idée du numéro de strip-tease, l'aspect revigorant du film réside dans la lutte que chacun mène pour rester debout. Gaz (Robert Carlyle) imagine des combines aussi drôles que calamiteuses pour conserver sa place de père, Gérald (Tom Wilkinson) tente de sauver les apparences d'un train de vie bourgeois, Dave (Mark Addy) a peur que son épouse lui en préfère un autre etc.

Là où le film passe dans la catégorie supérieure, c'est quand Gaz a l'idée de proposer son propre spectacle de chippendales. Elle lui vient à la suite d'une double transgression de la séparation des sexes. Il pénètre en effet dans un espace réservé aux femmes (le spectacle de chippendales) et espionne des femmes qui s'invitent en retour dans les toilettes des hommes (jusqu'à imiter leur façon d'uriner.) On ne peut mieux souligner le renversement des rôles, les hommes devenant ainsi des objets du désir féminin. C'est précisément en l'acceptant que ces hommes vont retrouver leur dignité perdue. Non sans mal. Chacun est confronté à la peur du jugement vis à vis de la non-conformité de son corps (trop gros, trop maigre, trop vieux, trop typé etc.) par rapport aux canons de la beauté jeune et bodybuildé. Chacun doit apprendre à l'apprivoiser pour en faire un instrument au service de l'affirmation de soi-même. Lomper l'ex-suicidaire (Steve Huison) découvre même à cette occasion son orientation homosexuelle jusque là refoulée.

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1001 pattes (A Bug's Life)

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Andrew Stanton (1998)

1001 pattes (A Bug's Life)

"1001 pattes" est le deuxième long-métrage des studios Pixar. Après le succès du premier "Toy Story", allaient-ils transformer l'essai? Oui, d'autant plus que l'équipe fourmillait (c'est le cas de le dire) d'idées, toutes réalisées depuis: mettre en scène les peurs enfantines ("Monstres & Cie"), un univers marin ("Le monde de Nemo"), un robot seul sur une terre dévastée (Wall-E) et donc un univers d'insectes inspiré de la fable de La Fontaine "La cigale et la fourmi".

Beaucoup moins connu que son prédécesseur, "1001 pattes" mérite d'être redécouvert, ne serait-ce que pour mesurer tout ce qui sépare les studios Pixar des autres:

- L'excellence technique. Les progrès sont visibles à l'œil nu entre "Toy Story" et "1001 pattes". Même si certains détails du paysage (les feuilles et le sol) font encore un peu toc, la texture des personnages est très travaillée, les mouvements de foule parfaitement rendus, l'intérieur de la fourmilière magnifique et les atmosphères variées (brume, orage) donnent lieu à des scènes spectaculaires aux limites du fantastique. Et ce d'autant plus que le jeu sur les échelles atteint un stade virtuose (des gouttes d'eau ou des fissures dans le sol deviennent des masses écrasantes ou des crevasses à hauteur de fourmi mais en format cinémascope!)

- Des personnages attachants et originaux. Pas les fourmis qui offrent un éventail de caractères très classiques mais les 7 samouraïs/mercenaires/clowns (ratés) du cirque qui sont plus décalés les uns que les autres. Heimlich, la chenille obèse à l'accent allemand et Marcel, la coccinelle mâle à l'apparence femelle et à l'instinct maternel (doublé de surcroît en VF par Patrick Poivey, la voix de Bruce Willis) sont mes préférés! A cette joyeuse troupe il faut rajouter les sauterelles dont le chef (le Borgne) est réussi dans le genre tyran cruel et le frère (Plouc!) d'une bêtise tordante.

- Une histoire non seulement efficace mais qui a du sens. Le plan que le Borgne expose aux sauterelles est un véritable petit traité sur "l'art d'exploiter son prochain". Il montre que leur domination est basée sur la méconnaissance que les fourmis ont de leur force. Si une d'entre elle en prend conscience et le communique aux autres, les sauterelles perdent leur source de richesse. Car ce sont les sauterelles qui exploitent les fourmis mais elles en sont dépendantes. Il faut donc les manipuler pour en tirer le maximum de bénéfice tout en veillant à ce qu'elles ne puissent pas s'unir et se rebeller. Par ailleurs la société des fourmis soumise et formatée met bien en valeur le non-conformiste rebelle (Tilt) qui va tordre le cou de la pensée unique et au final libérer sa colonie de l'exploitation dont elle fait l'objet.

- Des détails qui font la différence comme le bêtisier du générique de fin qui fait office de mise en abyme hilarante.

Il fallait bien tout cela pour triompher (aussi bien sur le plan critique que public) du concurrent Dreamworks dont le film sorti un mois avant "Fourmiz" présentait d'évidentes similitudes avec "1001 pattes". Mais en surface seulement tant l'état d'esprit des deux studios et de leurs leaders est à l'opposé l'un de l'autre (l'un fourmi rebelle et l'autre sauterelle opportuniste).

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Passages Nuageux (Partly Cloudy)

Publié le par Rosalie210

Peter Sohn (2009)

Passages Nuageux (Partly Cloudy)

Présenté en première partie de "Là-Haut" et aujourd'hui disponible dans les bonus du DVD, "Passages nuageux" en est le complément idéal. Il s'agit avant tout d'un hommage à "Dumbo", le film préféré de John Lasseter. On voit en effet tout comme dans le film de Disney des cigognes apporter des bébés à leurs propriétaires. Et comme dans "Dumbo" il y a un vilain petit canard. Sauf qu'il ne s'agit pas seulement du bébé, il s'agit aussi de celui qui le fabrique! Car la belle idée de Peter Sohn (réalisateur et scénariste) est de montrer d'où viennent les bébés: directement des nuages! Ceux-ci sont anthropomorphisés et confectionnent de leurs mains (et avec un peu de magie produite par la foudre) toutes sortes de bébés plus mignons les uns que les autres. Sauf dans le cas de Gus: lui ne fabrique que des monstres. Au grand dam de sa cigogne attitrée, Peck qui en subit les conséquences. Le duo Peck et Gus de par sa complicité et sa complémentarité rappelle d'autant plus Bob et Sully de "Monstres & Cie" que l'idée de la fabrique imaginaire est commune aux deux films. On peut également penser à une version aérienne du "Monde de Nemo" où le partenariat entre le poisson-clown et l'anémone de mer est remplacé par celui de la cigogne et du nuage.

Mêlant humour, poésie et émotion, "Passages nuageux" est un petit bijou. Un de plus dans la longue liste des réussites du studio et le meilleur antidote à la laideur (visuelle et morale) d'un "Baby Boss".

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La compagnie d'assurance permanente Crimson (The Crimson permanent assurance)

Publié le par Rosalie210

Terry Gilliam (1983)

La compagnie d'assurance permanente Crimson (The Crimson permanent assurance)

"La compagnie d'assurance permanente Crimson" a été réalisé au moment où Terry Gilliam écrivait "Brazil". Il s'agissait pour lui de tester une version miniature de sa "bombe filmique" prévue pour exploser en 1985. Le court-métrage devint le prologue du "Sens de la vie", dernier film des Monty Pythons sans vraiment s'y intégrer tant il jurait aussi bien par son esprit que par sa forme avec le reste du film. Même si la pirouette finale parfaitement absurde était bien dans le ton des Pythons.

On retrouve dans ce court-métrage tout ce qui fait le génie de "Brazil" en version condensée: le bouillonnement d'idées, les fulgurances visuelles, la haine de l'oppression bureaucratique, la nécessité de la révolte, l'ode au rêve et à la liberté de l'esprit humain. Sauf qu'ici, comédie oblige, les victimes l'emportent sur les bourreaux dans un festival aussi grotesque que jouissif où la métaphore navale joue à plein.

Seule la dimension cathartique du cinéma permet en effet à de vieux employés de bureau traités en galériens d'envoyer dans le décor les doigts dans le nez de jeunes loups de la finance en pleine possession de leurs moyens. Mieux encore, ils le font en retrouvant leur âme d'enfant. L'art du détournement d'objets atteint ici des sommets: les pales du ventilateur deviennent des sabres, les perroquets des portemanteaux des grappins, les piques-papiers et les tampons des poignards, les tables de bureaux des passerelles, les rangements deviennent des canons et le plus beau de tout, le bâtiment qui abrite l'assurance se transforme en bateau-pirate prêt à lever l'ancre pour partir à l'abordage de la haute finance internationale. Gilliam utilise des procédés qu'il reprendra à l'identique pour "Brazil" à savoir des maquettes et des trompe-l'oeil combinés avec des prises de vue qui en jettent.

On peut quand même déplorer que la seule femme dans ce mondes de vieux loups de mer aux prises avec des requins soit cantonnée au rôle de la théière sur pattes. Heureusement Gilliam se rattrapera avec "Brazil" et les films suivants en créant des personnages féminins d'une autre trempe. 

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Là-Haut (Up)

Publié le par Rosalie210

Pete Docter et Bob Peterson (2009)

Là-Haut (Up)

"Là-haut" possède une introduction si exceptionnelle qu'elle ternit le reste du film, beaucoup plus classique. En quelques minutes, on voit défiler 40 ans de la vie d'un couple aimant mais qui n'a pu s'accomplir pleinement. Carl et Ellie n'ont pas pu avoir d'enfant et les aléas de la vie les ont empêché à plusieurs reprises de faire des économies pour leur projet de grand voyage en Amérique du sud. Lorsque Carl parvient enfin à acheter les billets, c'est trop tard pour Ellie. Alors plutôt que de se laisser enfermer en maison de retraite et de voir les promoteurs détruire la maison où il a tous ses souvenirs, Carl décide de l'emporter jusqu'aux chutes du Paradis à l'aide de milliers de ballons gonflés à l'hélium. Une sorte de "mission suicide" pour "rejoindre sa femme au ciel" selon Peter Docter, le réalisateur du film (également réalisateur de "Monstres et Compagnie" et "Vice Versa").

Et voilà comment en quelques minutes, le spectateur se prend une grosse claque de la part d'un studio qui sait parler de la fuite du temps, de la perte, du deuil et de la mémoire mieux que personne. A cela s'ajoute une poésie visuelle digne du court-métrage que Terry Gilliam a réalisé pour "Le Sens de la vie", "The Crimson Permanent Assurance" où de vieux employés maltraités par les jeunes loups de la finance transformaient leur immeuble de bureaux en bateau pirate.

Malheureusement, la suite du film est plus conventionnelle. On se retrouve devant un récit d'aventures un peu trop balisé avec des animaux à protéger d'un méchant (le héros de jeunesse de Carl qui doit affronter une grosse désillusion) et un petit scout rondouillard en mal de père qui cherche à se faire adopter. C'est pour lui que Carl renonce à la mort (il abandonne la maison dans son désert du bout du monde) et retourne à la civilisation. Cette intrigue un peu téléphonée était sans doute un compromis nécessaire pour faire accepter un héros aussi atypique dans le cinéma d'animation.

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