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Articles avec #sturges (john) tag

Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Publié le par Rosalie210

John Sturges  (1960)

Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven)

Je n'avais jamais vu "Les sept mercenaires", contrairement au film original, "Les 7 samourais" (1954) de Akira KUROSAWA, grand pourvoyeur de scénarios de blockbusters américains malgré lui*. J'ai trouvé le film historiquement instructif, car Eli WALLACH, Charles BRONSON et James COBURN s'illustreront quelques années plus tard dans les westerns novateurs de Sergio LEONE** qui les feront tous trois passer à la postérité. Cela fait d'autant plus ressortir les conventions du film de John STURGES, non réaliste au possible. Beaucoup ont ironisé sur les invraisemblances du scénario, notamment le fait que le chef des brigands raccompagne gentiment les mercenaires jusqu'à la sortie du village où il leur rend leurs armes, mais on peut en dire autant des trois enfants mexicains qui accompagnent Bernardo (le personnage de Charles BRONSON) sur les lieux des fusillades sans récolter une seule égratignure ou encore de la grotesque infiltration de Chico (d'autant que l'acteur, Horst BUCHHOLZ brille plus pour sa belle gueule que pour sa finesse de jeu) dans le camp des bandits qui finissent par ne plus être pris au sérieux. Cette théâtralisation outrancière des enjeux est complètement assumée ce que souligne également le choix de parer les villageois de vêtements d'un blanc éclatant en plein Far West, sans parler des ponchos pimpants, des barbes bien taillées ou des visages imberbes à des années lumières de la crasse et de la sueur des trognes des films de Sergio LEONE.

"Les sept mercenaires", est donc un film efficace, qui bénéficie d'un casting de haut vol (en plus des trois futurs acteurs "léoniens", les deux chefs de bande joués par Yul BRYNNER et Steve McQUEEN sont fort charismatiques) et d'une musique accrocheuse mais dont le résultat est plutôt lisse et convenu. S'y ébauche une réflexion existentielle intéressante sur le statut du "poor lonesome cowboy" sans racines ni attaches mais la réponse apportée à la fin du film est également on ne peut plus conventionnelle (se fixer, se marier etc.)


* Pour rappel, Georges LUCAS a avoué s'être fortement inspiré de "La Forteresse cachee" (1958) pour l'épisode IV de sa saga intergalactique.

** Dont le premier western, "Pour une poignee de dollars" (1964) est lui-même inspiré d'un film de Akira KUROSAWA, "Yojimbo" (1960).

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Règlements de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral)

Publié le par Rosalie210

John Sturges (1957)

Règlements de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral)

Un classique du western dont l'intérêt repose sur l'amitié virile entre le shérif incorruptible Wyatt Earp (Burt LANCASTER) et l'ex-dentiste devenu chasseur de primes Doc Holliday (Kirk DOUGLAS). Tiré de faits réels plusieurs fois racontés au cinéma, le duel l'ayant opposé avec ses frères et Doc Holliday aux Clanton est depuis entré dans la légende. En témoigne la popularité de l'expression "règlements de comptes à O.K. Corral" ou la célébrité des noms de lieux (la ville de Tombstone en Arizona devenue un lieu touristique pour nostalgiques de l'univers western, le cimetière de Boot Hill associé aujourd'hui à celui qui se trouve à Disneyland dans son "Frontierland"). La célèbre chanson du film, interprétée par Frankie LAINE a contribué à donner au film son lyrisme au détriment de la réalité historique (car la fusillade ne s'est pas déroulée dans un enclos mais dans la rue). Si le personnage de Earp est assez lisse, celui, autodestructeur de Holliday est plus intéressant, notamment dans sa relation compliquée avec Kate (Jo Van FLEET) qui l'accuse non sans raison de lui préférer Wyatt Earp. Pour tenter de lever les ambiguïtés, le scénario flanque dans les pattes de Earp une joueuse de poker (Rhonda FLEMING) certes bien mise en valeur mais qui une fois l'hétérosexualité du shérif démontrée disparaît de l'image. On aperçoit aussi Dennis HOPPER dans un rôle secondaire où il est sous-exploité malgré un charisme assez évident. Et que dire de Lee VAN CLEEF qui n'apparaît que quelques minutes au début du film mais marque les esprits! Bref on est typiquement dans une oeuvre maîtrisée où ont convergé nombre de talents mais bridée par les conventions de l'époque. Les fans de western aimeront, les autres risqueront de rester sur leur faim.

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Un homme est passé (Bad day at Black Rock)

Publié le par Rosalie210

John Sturges (1955)

Un homme est passé (Bad day at Black Rock)

"Un homme est passé" est le premier film de John STURGES que je vois grâce au Cinéma de minuit qui comme la plupart des émissions et sites dédiés au cinéma s'est mis à l'heure du festival de Cannes. En effet Spencer TRACY y avait reçu le prix d'interprétation pour le personnage de Macreedy.

John STURGES a la réputation d'être un cinéaste inégal, "Un homme est passé" est en tout cas à placer en haut du panier. C'est une petite merveille d'efficacité dramaturgique respectant les trois unités du théâtre classique. Le décor, celui d'un western à peine modernisé par les voitures souligne à quel point le voyageur qui s'arrête à Black Rock entre dans un univers vivant sous cloche, hors de l'espace-temps. D'ailleurs, cette impression se confirme dans le contraste entre le costume moderne et urbain de Macreedy et ceux des hommes du village, tous vêtus de tenues de cow-boy. De même, l'allure des bâtiments comme leur décoration semble ne pas avoir évolué depuis un siècle. Néanmoins la suite de l'histoire évoque moins le western que le thriller, Macreedy faisant penser à un privé par son allure et par son comportement (et à Groucha, le présentateur félin de "Téléchat" avec son bras plâtré dont les séquences au Milk bar ressemblaient à celles des films noirs). Macreedy est en effet manchot ce qui ajoute une dose de mystère à sa présence en un lieu qui manifeste ostensiblement son hostilité vis à vis des étrangers. Les différents spécimens humains qu'il croise sur sa route offrent en effet autant de variations sur les tares de la communauté vivant en autarcie sous la loi mafieuse des terreurs du coin, lesquelles sont incarnées par des acteurs habitués à ce type de rôle: Robert RYAN dans le rôle du "parrain" flanqué de deux grosses brutes incarnées par Lee MARVIN et Ernest BORGNINE. La scène où Macreedy corrige ce dernier après les multiples provocations et humiliations qu'il lui a infligées est un moment hautement jouissif. Mais si Macreedy, un vétéran de la seconde guerre mondiale a du sang-froid et de l'expérience, ce n'est pas un justicier ni un redresseur de torts, encore moins un homme invincible puisqu'il n'est pas armé et est handicapé. Il se rend juste à Black Rock pour solder une dette d'honneur et appuie sans le vouloir là où ça fait mal, déclenchant un engrenage fatal. Par-delà sa dénonciation du racisme, le film, tourné dans le contexte du maccarthysme (à la même époque que "Johnny Guitar" (1954) où jouait aussi Ernest BORGNINE) épingle la lâcheté collective et les lynchages, faisant penser par son intrigue à un "Jean de Florette" (1986) à la sauce américaine bien que la présence de Spencer TRACY ait des relents de "Furie" (1936). Heureusement, son personnage n'est pas tout à fait seul. Il peut compter sur le sidekick préféré du western alias Walter BRENNAN, quatre ans avant "Rio Bravo" (1959).

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