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Articles avec #truffaut (francois) tag

Les Deux Anglaises et le continent

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1971)

Les Deux Anglaises et le continent

Un des quelques films de Francois TRUFFAUT que je n'avais jamais vu. Un film très littéraire, follement romantique et d'une grande richesse. Sans doute un nouvel autoportrait déguisé de Francois TRUFFAUT à travers son double, Jean-Pierre LEAUD qu'il dirigeait pour la première fois dans un rôle différent de celui de Antoine Doinel. Autoportrait déguisé aussi à travers l'oeuvre originale de Henri-Pierre Roché publiée en 1956 dont on aperçoit la couverture dans le générique, dont on entend des extraits en voix-off (celle de Francois TRUFFAUT lui-même) alors que son double de fiction, Claude Roc publie dans la même édition au cours du film un roman "l'histoire de Jérôme et de Julien" qui se réfère de façon assez transparente à "Jules et Jim" (1962) qui est aussi à la base un roman de ce même auteur. Les deux romans sont d'ailleurs liés par leur thème principal, celui du triangle amoureux. Mais dans "Les deux anglaises et le continent", ce sont deux soeurs qui sont amoureuses du même homme et le récit, initiatique, est centré sur leur éducation sentimentale et sexuelle. Autre différence majeure avec "Jules et Jim" (1962), l'histoire se déroule à la Belle Epoque et se divise en deux parties. La première qui se déroule en Angleterre ressemble à un roman du XIX° siècle. On se croirait presque chez les soeurs Brontë ou chez Jane Austen ou encore dans le dîner de Babette et d'autres romans contemporains évoquant le puritanisme. D'ailleurs Truffaut lui-même disait que l'histoire du film était celle d'un jeune Proust qui se serait épris de Charlotte et d'Emily Brontë. Sentiments comme transports y sont en effet retenus à l'extrême. Le moindre regard échangé étant alors considéré comme une invitation érotique, il n'est guère surprenant que Ann Brown (Kika MARKHAM) se révèle à travers une voilette ou ne reçoive le premier baiser qu'à travers les barreaux d'une chaise. Quant à sa soeur, Muriel (Stacey TENDETER), elle a la plupart du temps le regard dissimulé derrière des lunettes ou un bandage sous prétexte qu'elle est fragile des yeux. Une maladie que je soupçonne d'être psychosomatique au vu de ce que l'on découvre plus tard, à savoir qu'il s'agit d'un personnage déchiré entre ses pulsions sexuelles et sa culpabilité à les assouvir. Car la deuxième partie, par contraste avec la première se déroule pour l'essentiel à Paris où vont se rendre l'une puis l'autre des deux soeurs afin d'assouvir leur passion pour le jeune homme qui mène une vie de libertin. Néanmoins ce libertinage n'empêche pas Claude d'éprouver des sentiments profonds pour les deux jeunes filles. On est frappés par le respect qu'il leur porte et par son sens de l'écoute. Le jeu amoureux qu'Ann et lui mettent en place rappelle fortement "le mur de Jéricho" de "New York - Miami" (1933) et il ne tombe que lorsque Ann le décide. Même chose pour Muriel, Claude s'assure plusieurs fois de son consentement. Bref, le séducteur se révèle être aussi un gentleman très éloigné de la masculinité dominatrice et toxique qui a gangrené le monde du cinéma comme le reste de la société. Cette approche délicate met particulièrement bien en valeur la fragilité de Jean-Pierre LEAUD et la pudeur de Francois TRUFFAUT, notamment dans sa manière de filmer les étreintes charnelles. C'est pourquoi leurs amours ont beau être malheureuses, impossibles dans le cadre social qui est le leur, elles n'en restent pas moins belles et émouvantes, à l'image d'un film sublimé par sa mise en scène, sa photographie (signée Nestor ALMENDROS) et la musique de Georges DELERUE.

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La Mariée était en noir

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1968)

La Mariée était en noir

"La Mariée était en noir" est le "Pas de printemps pour Marnie" de François Truffaut, son héroïne changeant d'identité, de costume et de couleur de cheveux à chaque nouvelle étape de son parcours, le tout sur la musique de Bernard Herrmann. Cependant au lieu de voler, Julie (Jeanne Moreau) tue un par un les hommes responsables de son malheur (joués respectivement par Claude Rich, Michel Bouquet, Michel Lonsdale, Charles Denner et Daniel Boulanger). Il s'agit donc d'une vengeance dont les ressemblances avec le "Kill Bill" de Quentin Tarantino (qui pourtant a juré ne pas connaître le film de Truffaut, ce dont je doute) sont nombreuses: tenue d'une liste dont les noms sont rayés au fur et à mesure que la vengeance s'accomplit, coupables formant un groupe dont le nombre est identique, construction d'une histoire et d'un mode opératoire différent à chaque nouveau crime et surtout, meurtre initial le jour des noces de la Mariée (c'est d'ailleurs son surnom dans les deux films de Tarantino) en pleine église. Cependant l'héroïne de Truffaut est moins un personnage qu'une simple pulsion de mort agissant sous des atours divers. C'est une image, un fantasme obsessionnel, celui de la femme fatale projeté sur les toiles et les murs de l'atelier de Fergus, l'un des cinq coupables qui en jouant les Pygmalion semble être comme un double du réalisateur. Inutile de préciser que dans cette configuration, il n'existe aucun espace permettant à Julie d'exister par elle-même. D'une certaine manière, elle n'est pas plus humaine que le Terminator de James Cameron, ne déviant jamais de son objectif, quitte à y laisser sa liberté et sa vie. Cet aspect programmatique rend le film bien trop prévisible dans son déroulement.

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Une histoire d'eau

Publié le par Rosalie210

Jean-Luc Godard, François Truffaut (1958)

Une histoire d'eau

"Une histoire d'eau" est l'une des rares collaboration entre Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT bien qu'il ne soit pas le fruit d'un travail commun. Les images sont tournées par François Truffaut qui a l'idée de se rendre avec Jean-Claude BRIALY et une jeune actrice inconnue, Caroline Dim sur les lieux des inondations touchant l'Ile-de-France en 1958. Mais déçu par le résultat qui pèche par son manque de scénario, il abandonne le film. Jean-Luc Godard reprend le matériau délaissé par Truffaut et décide d'y imprimer sa marque très "nouvelle vague" par un riche montage visuel et sonore qui donne tout son piment au film. Celui-ci adopte le ton d'un itinéraire géographique et sentimental à la manière de la carte du tendre (que Godard citera ultérieurement dans "Bande à part") (1964). Une jeune fille souhaite se rendre à Paris depuis Villeneuve-saint-Georges ce qui va s'avérer pour le moins compliqué. Echouant à plusieurs reprises dans son entreprise à pied, en barque et faute d'autobus elle finit par se laisser embarquer dans une voiture conduite par un jeune homme entreprenant. Mais la voiture prenant l'eau, c'est plutôt la direction du flirt que prend le couple ainsi nouvellement formé dans des images impressionnistes très picturales qui font penser à celles de "Une partie de campagne" (1936) de Jean RENOIR. Ce couple, on ne l'entend qu'en voix-off, essentiellement celle de Caroline Dim dont le commentaire brode voire digresse sur les images et enchaîne les citations littéraires et philosophiques alors que celle de Jean-Claude Brialy est doublée par Godard comme avec Jean-Paul BELMONDO pour "Charlotte et son jules" (1960). A intervalles réguliers, la flânerie du couple est interrompue par des images aériennes des inondations sur une musique de percussions afro-cubaines qui créé un énième décalage assez loufoque avec ce qui est montré ce qui peut expliquer l'hommage rendu à Mack SENNETT à la fin du film.

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La Sirène du Mississipi

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1969)

La Sirène du Mississipi

"La Sirène du Mississipi" est un film injustement sous-estimé de François TRUFFAUT, une déclaration d'amour fou à Catherine DENEUVE, à Alfred HITCHCOCK, à Jean RENOIR, à Nicholas RAY, à Walt DISNEY, à Honoré de Balzac. C'est aussi le film bâti sur des contrastes et sur le mélange des genres. Un film généreux et riche que l'on peut raconter de plein de façons différentes et cet aspect multifacettes me plaît énormément. On pourrait faire un livre des récits superposés ou plutôt entremêlés de "La Sirène du Mississipi". En voici trois, du plus superficiel au plus profond:

- Après "L Homme de Rio" (1963), le nouveau film d'aventures rocambolesques et exotiques de Jean-Paul BELMONDO qu'un destin hors du commun entraîne de l'île de la Réunion jusqu'au fin fond des Alpes enneigées ("tu as tué mon frère à Gstaad" puisque "Rio ne répond plus" ^^).

- "L'Amour à mort" version François TRUFFAUT, quinze ans avant Alain RESNAIS. Entre "Blanche Neige et les 7 Nains" (1935) et sa pomme empoisonnée et "Phantom Thread" (2017) et ses champignons vénéneux, une exploration très hitchcockienne de la réversibilité du désir et de la mort dans la passion amoureuse, un calice qui se boit jusqu'à la lie comme dans "Soupçons" (1941).

- L'éveil douloureux aux sentiments d'une gourgandine droguée à l'argent et au mensonge (sa dualité fait évidemment penser à "Vertigo" d'autant que Catherine DENEUVE est une parfaite blonde hitchcockienne) (1958), éveil qui s'effectue au prix du don de soi du personnage de Louis qui se dépouille peu à peu de tout (ses biens, son être social et ainsi de suite jusqu'au sacrifice de sa vie) sans rien exiger en retour. L'aspect selon moi le plus beau, le plus secret, le plus profond de "La Sirène du Mississipi" est en effet son caractère spirituel qui lui fait tutoyer la grâce à la manière d'un Robert BRESSON, d'un Pier Paolo PASOLINI ou encore d'un Jean COCTEAU. La clinique où est soigné Louis ne s'appelle pas Heurtebise par hasard. Heurtebise est le passeur qui dans le film de Jean COCTEAU, "Orphée" (1950) permet à celui-ci de traverser le miroir pour retrouver Eurydice aux enfers et la ramener dans le monde des vivants.

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L'Amour en fuite

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1978)

L'Amour en fuite

"L'Amour en fuite" est le dernier film que François TRUFFAUT a consacré à son double cinématographique, Antoine Doinel incarné par Jean-Pierre LÉAUD à l'écran. C'est le seul film du cycle (si l'on excepte "Antoine et Colette") que je n'avais pas encore vu. Clairement il s'agit d'un film testamentaire qui est d'ailleurs parsemé de flashbacks obtenus grâce à des extraits des précédents films. En ressort une atmosphère profondément mélancolique qui transpire la fin d'un cycle. Néanmoins le film est inégal. Le passage documentaire sur le divorce par consentement mutuel apparaît aujourd'hui quelque peu naïf. L'aspect le plus réussi est sans nul doute les retrouvailles avec Colette (Marie-France PISIER telle qu'elle est restée dans ma mémoire au faîte de sa beauté) dont le personnage est considérablement approfondi. Son esprit critique et sa distance ironique vis à vis d'Antoine font mouche. Elle souligne à raison ses petits arrangements avec la vérité et son désintérêt pour la vie des autres (autrement dit son égocentrisme). Elle brise également l'image "iconique" qu'il a d'elle (comme de toutes les femmes qu'il croise et qui sont prétexte à ses élucubrations fantasmatiques) jusqu'à ce qu'il prenne la fuite, une fois de plus (le titre du film est programmatique). Par ailleurs Colette s'avère être un personnage ayant vécu des tragédies d'une amplitude bien supérieure aux siennes. En revanche l'histoire avec Sabine qui commence de façon romanesque (et qui fait penser quelque peu à "Le Fabuleux destin d Amélie Poulain" (2001) avec sa photographie reconstituée et l'enquête qui s'ensuit) pour ensuite atterrir dans une dimension plus réaliste a bien du mal à convaincre. Si le but était de montrer que Antoine Doinel avait enfin mûri et dépassé ses traumatismes comme cela semble être le cas avec la visite sur la tombe de sa mère, le fait est que le faire tomber dans les bras de celle qui est devenue depuis l'égérie des enfants n'est pas un choix très heureux (à moins que ce soit un acte manque de François TRUFFAUT? DOROTHÉE a tourné le film en même temps que ses débuts dans Récré A2 et s'il n'était pas mort prématurément, François TRUFFAUT l'aurait fait jouer dans un autre de ses films).

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Domicile conjugal

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1970)

Domicile conjugal

Deux ans ont passé depuis "Baisers volés". Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) a épousé Christine (Claude Jade) et a transposé son ancienne vie de bohème sur des métiers plus incongrus les uns que les autres: (teinturier d'oeillets, conducteur de maquettes) avant de succomber aux sirènes d'un exotisme de pacotille et de retourner à sa vie de jeune célibataire de "Antoine et Colette" (même chambre, même façade de cinéma avec cette fois du John Ford à l'affiche). En effet, fidèle à lui-même, Antoine est resté un éternel adulescent qui avoue benoîtement qu'il tombe amoureux des filles qui ont des parents gentils et qu'il adore les parents des autres (ce dont on s'était rendu compte dès "Antoine et Colette"). Christine, dont le rôle est considérablement développé est moins la femme que de son propre aveu la fille, la soeur, la mère. C'est vers elle qu'il se tourne quand il est en détresse lors d'une belle scène où il dévoile toute sa fragilité. On lui pardonne alors ses écarts de comportement. Le film couvre une période assez longue qui va des premiers pas de la vie de couple à une délicieuse comédie du remariage à la façon Truffaut*. Entre les deux, la naissance d'un enfant dont on se demande quel genre de père il aura. Les modèles américains ne sont pas loin, à commencer par Ernst Lubitsch qui donne le la à la relation entre Antoine et Christine. Mais on y trouve aussi des scènes burlesques à la Jacques Tati (avec même une scène où apparaît M. Hulot), des hommages aux compères de la nouvelle vague (Jean Eustache) et aux maîtres révérés (Jean Renoir) avec le paradoxe de la cour d'immeuble populaire où tout un petit monde pittoresque se croise mais où chacun est irrémédiablement seul. Toutes ces références opèrent un brouillage spatio-temporel qui font de ce film du début des années 70 un film ayant la patine d'une comédie franco-américaine des années 30.

* Et dont Ingmar Bergman s'inspirera pour son film "Scènes de la vie conjugale" (1972).

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Baisers volés

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1968)

Baisers volés

Près de dix ans se sont écoulés depuis "Les quatre cent coups" (1959) et six depuis "Antoine et Colette" (1962). Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) est désormais un jeune adulte qui se caractérise par son instabilité tant professionnelle qu'amoureuse*. "Baisers volés" prend la forme d'un conte initiatique quelque peu chaotique et parfois transgressif. Au début du film, Antoine Doinel n'a pas évolué depuis "Antoine et Colette". Il vit à l'hôtel, courtise une fille Christine (Claude Jade) qui accepte de le fréquenter mais repousse ses avances et est régulièrement invité par les parents de Christine qui semblent l'avoir adopté. Soit exactement le schéma de "Antoine et Colette". La brève rencontre avec Colette (Marie-France Pisier) qui s'est mariée et a eu un bébé avec l'homme qu'elle a choisi dans le volet précédent souligne par contraste le caractère d'éternel adolescent de Antoine Doinel. Le seul changement par rapport à "Antoine et Colette" est outre la couleur le fait qu'on y aborde de front la sexualité (on est en 1968). Une sexualité qui ne semble pas avoir beaucoup évolué non plus depuis le XIX° siècle avec la dichotomie vierge/putain. D'un côté la jeune fille de bonne famille que l'on fréquente depuis des années mais qui, cornaquée par les parents semble inapte au désir. De l'autre, le déchargement des pulsions dans des hôtels miteux auprès de filles qui le sont tout autant.

Mais il est temps que tout cela change (outre le contexte de 1968, François Truffaut était impliqué dans un mouvement de soutien à Henri Langlois qui avait été limogé de la cinémathèque ce qui explique que le film s'ouvre justement sur l'entrée de la cinémathèque en grève). Tel Oedipe, Antoine Doinel en vient à tuer le père (le détective qui lui a fourni un emploi stable et s'appelle justement Henri) et coucher avec la mère (Fabienne Tabard à travers laquelle il trahit la déontologie du cabinet dans lequel l'a fait entrer Henri) pour au final parvenir enfin à susciter le désir de Christine qui profite de l'absence des parents pour le faire venir et coucher avec lui. Conséquence paradoxale, Doinel qui était jusque là inadapté se transforme en être socialisé prêt à se fondre dans la case du mariage bourgeois. Et ce en tuant ce qu'il y a de romanesque, passionné, exalté en lui, caractérisé par la lecture des romans de Balzac, en particulier "Le Lys dans la vallée" lecture projetée ensuite sur "l'apparition" magnétique de Fabienne Tabard, elle-même jouée par la non moins magnétique Delphine Seyrig. C'est d'ailleurs les scènes avec elle qui m'avaient le plus marquées au premier visionnage du film. Les expressions de son visage lorsqu'elle entend que Antoine est fou amoureux d'elle, la considère comme une femme exceptionnelle. Et puis son discours dans la chambre d'Antoine dans laquelle elle vient lui confirmer qu'elle est bien une femme qui "n'est pas au-dessus de ça" et non une "apparition". Cette folie, on la retrouve à la fin dans le discours du personnage mystérieux qui suit Christine comme une ombre et lui fait une déclaration incongrue alors même qu'elle projette de se marier avec Antoine. C'est la part irréductible de romanesque qui ressurgit dès que la triste réalité routinière menace de s'installer...

* En le revoyant, la filiation avec la trilogie de Cédric Klapisch mettant en scène Romain Duris dans le rôle de Xavier à plusieurs étapes de sa vie m'a paru évidente. Et très récemment le premier tome de la BD de Riad Sattouf intitulé "Le jeune Acteur" qui raconte le casting et le tournage de "Les Beaux Gosses" et donc la rencontre avec Vincent Lacoste qui était alors collégien établit un parallèle explicite avec la découverte de Jean-Pierre Léaud par François Truffaut. En effet Riad Sattouf a un projet au long cours impliquant de suivre celui avec lequel il a établi une relation quasi filiale jusqu'à l'âge de 76 ans!

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Antoine et Colette

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1962)

Antoine et Colette

Conçu à l'origine comme le segment parisien du film à sketches "L Amour à vingt ans" (1962), "Antoine et Colette" est aujourd'hui diffusé de façon indépendante comme le chaînon manquant de la saga de Antoine Doinel entre "Les Quatre cents coups" (1959) et "Baisers volés" (1968). En effet, il est la suite directe du premier long-métrage de François TRUFFAUT qui est souvent rappelé que ce soit par une affiche dans la chambre d'Antoine, la musique qui vient de temps en temps à nos oreilles, les façades de cinéma et même un court extrait quand lui et son ami René (Patrick AUFFAY qui reprend également son rôle) fumaient dans la chambre de ce dernier. Trois ans séparent seulement les deux films mais Antoine (et l'acteur qui l'incarne, Jean-Pierre LÉAUD devenu d'un des visages emblématiques de la nouvelle vague) a bien changé, du moins en apparence. Le film est en effet construit sur un paradoxe qui en fait tout son intérêt. Alors que la voix-off ne cesse d'affirmer qu'Antoine est devenu un adulte dont il a la plupart des attributs extérieurs, la rencontre amoureuse avec Colette (Marie-France PISIER, si jeune qu'elle en est à peine reconnaissable) ne se produit pas malgré tous les efforts de ce dernier. Colette le considère juste comme un ami ou un membre de la famille et lui préfère un homme plus aguerri. Car La véritable rencontre a lieu avec les parents de Colette (Rosy VARTE et François DARBON) qui semblent avoir adopté le jeune homme qui il faut le dire donne l'impression d'être à peine tombé du nid. Et c'est ainsi que sans avoir besoin de le souligner, François TRUFFAUT créé le lien le plus fort avec "Les Quatre cents coups" (1959) en faisant ressortir le manque parental qui empêche Antoine Doinel de devenir un homme et le relègue au statut peu enviable de petit garçon.

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La Peau douce

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1964)

La Peau douce

"La Peau Douce" est un film qui est longtemps resté dans l'ombre de la filmographie de François TRUFFAUT alors que c'est l'un de ses plus réussis et l'un de ses plus personnels. Comme quoi on peut raconter l'histoire la plus banale du monde -un adultère bourgeois- en la rendant passionnante si l'on sait s'y prendre.

Sur deux points au moins "La Peau Douce" est un chef d'oeuvre. Sa mise en scène d'une précision chirurgicale d'abord qui transforme un drame bourgeois en thriller hitchcockien. Et ça commence quasiment dès le début avec la scène haletante dans laquelle Pierre (Jean DESAILLY) entame une course contre la montre pour prendre un avion pour Lisbonne. Quand on sait que sa future maîtresse, Nicole (Françoise DORLÉAC) l'attend à bord, c'est tout l'enjeu du film qui est contenu dans cette seule scène tournée pied au plancher. Des scènes de tension semblables, on en retrouve avec la grande séquence du séjour à Reims dans laquelle Pierre s'empêtre dans ses mensonges et ne parvient pas à concilier sa vie mondaine et sa vie secrète. Ou encore vers la fin, quand, sur les conseils d'une amie de son épouse, il tente de lui téléphoner pour lui avouer la vérité mais toute une mécanique bien huilée fait qu'il la rate de quelques secondes comme s'il y avait une sorte de "fatum" sur ses épaules.

Cependant, cet engrenage qui transforme un drame bourgeois en tragédie n'aurait pas été possible sans le caractère du personnage principal, artisan de son propre malheur. Pierre s'avère être la médiocrité même, incapable de prendre des décisions, incapable de communiquer franchement. Il dit oui à tout sans le penser ce qui le met dans des situations impossibles engendrant déception, frustrations et amertume. A force d'être incapable de gérer les situations, il finit par se comporter grossièrement avec l'un de ses collègues dont il n'arrive pas à se débarrasser, son épouse à qui il ne parle pas tout en laissant traîner des indices compromettants ou sa maîtresse dont il jouit sur l'instant avec une ardeur fétichiste (très beaux plans à l'appui) mais qui le reste du temps l'embarrasse. Tous deux qui ont une sensible différence d'âge ne vivent pas sur la même planète et n'ont en réalité rien à se dire. D'ailleurs Pierre appelle significativement Nicole "ma poupée", veut qu'elle porte des robes, des talons et des bas (et non des jeans) pour lui faire plaisir et n'éprouve qu'à une seule reprise le besoin de lui dire qu'il l'aime: quand il la pense loin de lui (c'est un écrivain après tout). Dès qu'il réalise sa méprise, il jette son télégramme à la poubelle. Tout cela finit par se payer cash et quand la parole ne peut pas sortir, on sait que le seul soulagement sera celui d'une explosion fatale.

 

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La sonate à Kreutzer

Publié le par Rosalie210

Eric Rohmer (1956)

La sonate à Kreutzer

Une curiosité que ce moyen métrage datant du début de la carrière de Éric ROHMER. Longtemps considéré comme perdu, il a essentiellement une valeur documentaire. On y voit en effet non seulement Éric ROHMER faisant l'acteur (et on comprend pourquoi contrairement par exemple à François TRUFFAUT il n'a pas continué l'expérience) mais le temps d'une brève séquence, toute l'équipe des Cahiers du cinéma de l'époque: Jean-Luc GODARD (qui jour le rôle de l'ami journaliste du personnage principal), François TRUFFAUT, Claude CHABROL, André Bazin... En dehors de ce dernier, y figurent plusieurs grosses pointures de la Nouvelle vague alors en gestation.

Pour le reste "La sonate à Kreutzer", librement inspiré d'une nouvelle de Léon Tolstoï raconte l'histoire moyennement intéressante d'un architecte qui cherche à se marier par pur conformisme social. Résultat, il épouse la première venue (Françoise MARTINELLI) qui ne l'aime pas plus que lui ne l'aime. Il n'avait pas prévu que la femme qu'il épouserait ne serait pas une marionnette mais un être humain qui ne se plierait pas à ses désirs. Aussi au lieu de l'amour, c'est la haine liée à la frustration qui l'envahit, surtout quand son épouse tombe amoureuse d'un jeune critique (Jean-Claude BRIALY alors débutant qui traînait dans le sillage de l'équipe des Cahiers du cinéma et que l'on a vu ensuite dans plusieurs films importants de la Nouvelle vague dont "Le Genou de Claire" (1970) d'un certain... Éric ROHMER) avec lequel elle partage les mêmes goûts musicaux. Bref "La sonate à Kreutzer" est un banal "crime passionnel" qui porte bien mal son nom car il s'agit plutôt d'une histoire d'orgueil bafoué qui se mue en violence conjugale.

Le film se distingue aussi par son style particulier. Il est en effet dépourvu de dialogues, tourné comme au temps du muet avec une bande-son ajoutée a posteriori contenant les morceaux musicaux et la voix off intarissable de Éric ROHMER qui raconte ce qu'il s'est passé, le film étant construit en flashback.

 

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