Secret Sunshine (Miryang)
Lee Chang-Dong (2007)
"Secret Sunshine" est la signification du nom coréen de la ville de Miryang dans laquelle vient s'installer au début du film l'héroïne, Sin-ae et son fils de neuf ans, Joon pour tenter de refaire leur vie après un deuil familial. J'ai d'ailleurs bien aimé le début prometteur de ce film (après tout le titre n'est pas porteur d'espoir?), disons la première demi-heure. J'ai bien aimé aussi la fin quand Sin-ae sort de sa posture de martyre pour exprimer enfin sa rage contre tout ce (et tout ceux) qui l'accablent pendant mais aussi bien en amont de l'histoire du film. Entre les deux cependant, il faut supporter un interminable calvaire doloriste, masochiste et nihiliste ponctué de crises d'hystérie assez insupportables. Le début déjà sentait la culpabilité à plein nez ("Pour me faire pardonner d'être veuve, je vais élever mon fils dans la ville natale de son père même si c'est un sacrifice") mais ce n'est rien à côté de la suite. Une soirée entre filles un peu arrosée où l'héroïne s'éclate? Pif, on lui enlève son fils. Elle veut acheter un terrain? Paf, on lui prend tout son argent. Comme dans le tout aussi horripilant "Peppermint Candy", Lee Chang-Dong donne à son personnage principal la posture du flagellant sur qui s'abattent tous les malheurs du monde mais qui en rajoute des couches et des couches par son attitude extrêmement négative. Certes, Sin-ae n'est ni une tueuse, ni une tortionnaire mais elle n'attire guère la sympathie. D'abord parce qu'elle est extrêmement versatile, passant pour tenter de se reconstruire sans transition du piano à la religion pour la vilipender quand celle-ci ne répond pas à ses attentes. Il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire sur la manière dont la foi chrétienne est montrée dans le film (un objet de consommation comme un autre qu'on prend et que l'on jette? Un moyen facile de s'acheter une bonne conscience? En tout cas ce n'est pas glorieux). Quant aux relations humaines, on ne peut pas dire que ce soit le point fort de Sin-ae, y compris envers le spectateur qui a bien du mal à s'intéresser à cette femme tellement occupée à s'abîmer dans sa douleur qu'elle ne regarde pas ce qui se trouve autour d'elle, notamment le garagiste serviable qui tente de l'accompagner maladroitement mais sincèrement. Kim Jong-Chan (Song Kang-ho, star coréenne des films de Bong Joon-ho) n'essuie tout au long du film en effet que mépris et rebuffades, non seulement de la part de Sin-ae mais aussi de son odieuse famille (bien que lorsque la belle-mère lui dit lors des funérailles qu'elle "pue la mort", elle n'a pas totalement tort). Bien que son obstination à suivre une femme qui le snobe ou se sert de lui relève là aussi du masochisme le plus total, la gentillesse de Jong-Chan tranche avec l'hypocrisie, la mesquinerie ou la haine des gens qui entourent Sin-ae et s'avère être peut-être le seul "soleil secret" de l'histoire.