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Articles avec #fantastique tag

Le Marchand de notes

Publié le par Rosalie210

Paul Grimault (1942)

Le Marchand de notes

"Le Marchand de notes" est le premier court-métrage de Paul GRIMAULT, co-écrit avec Jean AURENCHE et sorti en 1942. Les deux hommes s'étaient rencontrés dans une agence publicitaire dans laquelle ils travaillaient au cours des années 30. La patte de Grimault est parfaitement reconnaissable dans l'histoire qui raconte un affrontement sur le mode burlesque entre un marchand qui vend des notes de musique... au poids mais aussi le ballet mécanique d'une danseuse (il faut mettre une pièce de monnaie pour qu'elle s'anime) et un troubadour quelque peu facétieux qui met des bâtons dans les roues de cette conception mercantile de l'art, libère les notes et aussi la danseuse. Leur duo préfigure celui du "Le Petit Soldat" (1947) et bien sûr, celui de la bergère et du ramoneur*. Grimault puise en effet sa source d'inspiration chez Hans Christian Andersen, conteur spécialiste de l'animation des objets. Par ailleurs tous les films de Grimault sont porteurs d'un message politique subversif. Sur le plan formel, deux styles graphiques s'entrechoquent pour un résultat étonnamment harmonieux: un décor dépouillé constitué de lignes géométriques qui n'est pas sans rappeler certains tableaux de Giorgio de Chirico (influence majeure par ailleurs de son chef-d'oeuvre "Le Roi et l'Oiseau") (1979). Et des personnages tout en rondeurs que l'on imagine sans peine sortis de l'univers Disney, l'irrévérence en moins.

* "Objets inanimés, avez-vous donc une âme" est le trait d'union entre l'univers des contes d'Andersen, les films animés de Grimault et leurs héritiers des studios Pixar, ce dernier ayant eu une influence mondiale.

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Jumbo

Publié le par Rosalie210

Zoé Wittock (2020)

Jumbo

Noémie MERLANT a dit à propos de Jeanne Tantois, son personnage dans "Jumbo" que celle-ci n'était pas autiste. Laissez-moi rire. Elle est toujours seule, se fait harceler, ne regarde pas les gens dans les yeux, leur répond à peine, son visage est inexpressif, elle allume et éteint mécaniquement sa lampe de poche pour se consoler et passe son temps à fabriquer des maquettes dans sa chambre dont elle ne sort que pour aller travailler, dans un parc d'attraction désert la nuit. Noémie MERLANT a donc perdu une occasion de se taire parce que lorsqu'on ne sait pas de quoi on parle, c'est ce qu'il vaut mieux faire. Et c'est d'autant plus dommage que sa prestation est très juste. Et qu'être "queer" (étiquette sous laquelle a été vendue le film pour qu'il paraisse moins étrange sans doute) n'est pas incompatible avec l'autisme, bien au contraire. Le genre étant une construction sociale, il passe par-dessus de la tête de la plupart des autistes qui sont naturellement "queer" c'est à dire ne se reconnaissent pas dans le clivage masculin/féminin. Mais bon, la question essentielle que traite ce film sans le dire explicitement c'est pourquoi certains autistes sont accros ("Jumbo" signifie "crack", c'est une addiction) aux attractions à sensations fortes, plus particulièrement quand elles tournent en rond. Et bien la meilleure réponse qui soit se trouve dans, "Ma vie d'autiste" le livre de, Temple Grandin et plus particulièrement dans le chapitre intitulé "Le Manège". Extrait:

"Par hasard, j'ai découvert un moyen de soulager temporairement mes crises de nerfs. Pendant l'été, avec l'école, nous avons fait une excursion au parc d'attraction. L'un des manèges s'appelait le Rotor, un énorme baril dans lequel les gens se tenaient contre les parois pendant qu'ils tournaient rapidement. La force centrifuge les poussait contre les parois du baril même quand le plancher se dérobait* (...) désormais mes sens étaient à un tel point submergés par la stimulation que je ne sentais ni l'anxiété ni la peur. Je n'éprouvais qu'une sensation de bien-être et de détente (...) Le Rotor est devenu une obsession (...)."

L'explication est très simple. Les sens des autistes sont déréglés. Ils sont soit hyposensibles (ils ne sentent rien) soit hypersensibles (ils ressentent trop). La plupart du temps, ils alternent entre les deux (trop de stimuli et c'est le court-circuit). Certains autistes ne peuvent pas monter sur un manège mais d'autres éprouvent un apaisement à leur anxiété car la surstimulation s'accompagne d'un sentiment de sécurité lié à l'aspect routinier, répétitif du manège. Bref il s'agit d'une extension mécanique de l'autostimulation que pratiquent beaucoup d'autistes pour calmer leur anxiété (balancements, flapping etc.)

Jeanne n'est donc pas folle, son fonctionnement qui la pousse à rejeter les contacts humains au profit d'une histoire d'amour avec un manège est au contraire parfaitement logique pour qui connaît le phénomène. Même les neurotypiques (non autistes) peuvent ressentir de l'excitation sexuelle dans certaines attractions. La machine est prévisible contrairement aux humains et c'est ce qui en fait un formidable allié pour un autiste dont le besoin le plus viscéral est la sécurité. Là où ça se complique, c'est quand le jugement s'en mêle**. De ce point de vue l'écriture du film a la main bien trop lourde, offrant une galerie de personnages stéréotypés bas du front assez désolante. Comme si le monde se divisait en deux catégories, les freaks et les "normaux" affreux, bêtes et méchants. Fallait-il également adjoindre à cette pauvre Jeanne une mère aussi vulgaire, infantile et elle aussi bête à pleurer? Le retournement de dernière minute semble bien peu crédible. Dommage.

* Ce manège est visible par exemple dans "Les Quatre cents coups" (1959).

** Je me souviens encore de l'incompréhension qu'a suscité la joie que ma meilleure amie et moi-même (qui avons par ailleurs longtemps écumé les parcs d'attraction ^^) avons ressenti quand nous avons découvert qu'au Japon, nous pouvions commander nos repas au restaurant sur des machines, comme cela se pratique dans les fast-food en France. Lorsque nous en avons parlé à notre retour, on s'est vu rétorquer que cela manquait de chaleur humaine...

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La Flûte magique

Publié le par Rosalie210

Paul Grimault (1946)

La Flûte magique

Comme la plupart des films d'animation de Paul GRIMAULT, "La Flûte magique" est une ode à la résistance à l'oppression par le pouvoir enchanteur de la beauté. Réalisé en 1946 soit dans l'après-guerre, sans le scénariste de ses premières oeuvres Jean AURENCHE, il préfigure dans son esthétique comme dans sa thématique "Le Roi et l'Oiseau"* (1979). Il raconte l'histoire d'un jeune troubadour qui se fait méchamment refouler à l'entrée d'un château fort par un seigneur et ses sbires particulièrement mal embouchés, ceux-ci allant jusqu'à lui casser son instrument. Mais par la grâce d'une flûte magique, don de la nature alliée au petit troubadour (et obtenue par la métamorphose d'un oiseau), celui-ci va radicalement changer la nature de la menaçante forteresse et de ses sombres habitants, à leur corps défendant, les obligeant au péril de sa vie à danser au son de sa petite musique. Bien que l'histoire se situe au Moyen-Age, le film lorgne vers le cinéma burlesque et cartoonesque et le compositeur Marcel DELANNOY se permet de délicieux anachronismes avec des airs jazzy entraînants. C'est joyeux, léger et délicieusement impertinent.

* "graphisme net et élégant fondé sur la courbe, le traitement en volume des personnages, le soin apporté aux détails dans les décors tendant au réalisme, une animation fluide et riche en mouvements, une palette luxuriante de couleurs fort variées, un découpage technique abondant en plans de différentes valeurs, de changements d'angles de prises de vues et de mouvements d'appareils... En ce qui concerne le fond, par une philosophie poético-anarchiste « prévertienne », par un amour pour les faibles, les êtres différents et fantaisistes, par une haine de la méchanceté, de la bêtise, de l'envie et de la tyrannie." (Alain GAREL critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma)

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Le Voyage du Prince

Publié le par Rosalie210

Jean-François Laguionie et Xavier Picard (2019)

Le Voyage du Prince

Dans "Le Château des singes" (1999), Kom, un jeune singe appartenant à la tribu des Woonkos, peuple de singes "primitifs" vivant dans la canopée découvrait sur le plancher des vaches la civilisation des Laankos, peuple singe de la Renaissance prétendument civilisé mais rongé par les complots. "Le Voyage du prince", dernier-né de Jean-François LAGUIONIE offre un prolongement à la fable philosophique du film de 1999 en reprenant en prélude la scène tragique de la traversée de la mer gelée effectuée par l'armée du prince Laanko directement inspirée de "Alexandre Nevski" (1938) de Sergei M. EISENSTEIN. Sauf qu'en dépit de la Bérézina, Le Prince naufragé réussit à atteindre le rivage situé de l'autre côté de la mer. Il découvre alors à son tour une nouvelle civilisation, celle des Nioukos. Celle-ci est revêtue des atours de la société industrielle de la fin du XIX° siècle-début XX° (des grands palais de la consommation en verre et acier aux tramways électriques en passant par le travail à la chaîne et les projections cinématographiques qui synthétisent les débuts de cet art en version muette et musicale sous chapiteau de fête foraine et "King Kong") (1932). Prouesse technologique qui rappelle à la fois dans son architecture le Paris art nouveau et "Metropolis" (1927), cette société fait écho à la nôtre telle qu'elle s'est construite depuis deux siècles. On y évoque tour à tour l'obscurantisme (vis à vis des scientifiques qui remettent en cause "la doxa"), le suprémacisme (le prince est exhibé dans une cage à la manière des zoos humains de l'époque coloniale), le productivisme et le capitalisme (avec l'obsolescence programmée), le combat de l'homme contre la nature qui donne lieu à des scènes de ruines envahies par la végétation d'une grande beauté visuelle et enfin le véganisme au travers d'une société écologiste vivant d'énergies renouvelables et de végétaux dans les arbres. Une vie trop simple pour le Prince, sorte de Léonard de Vinci simiesque qui rêve de mettre au point une machine volante lui permettant de voyager et d'être libre.

Poétique et fantastique, "Le Voyage du Prince" (2019) se situe dans la continuité des plus beaux films de cet émule de Paul GRIMAULT.

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Les Enfants de la mer (Kaijû no kodomo)

Publié le par Rosalie210

Ayumu Watanabe (2019)

Les Enfants de la mer (Kaijû no kodomo)

"Stanley KUBRICK est un réalisateur qui m'a profondément marqué" (Ayumu WATANABE). C'est un euphémisme. Quand on regarde "Les Enfants de la mer", s'il y a une référence qui saute aux yeux, c'est bien "2001, l odyssée de l'espace" (1968), son psychédélisme, sa dimension métaphysique, ses interrogations existentielles (d'où venons-nous, où allons nous?) Oui mais le film de Stanley KUBRICK a beau être énigmatique et rebuter certains par son hermétisme, il me semble bien plus lisible et maîtrisé que "Les Enfants de la mer". Car le problème de ce film d'animation, c'est son scénario qui semble être resté à l'état d'ébauche. Après un début qui tient à peu près la route, même s'il n'est pas follement original (une adolescente en mal de communication avec ses parents et mise au ban de la société via la métaphore de son exclusion du club de handball se retrouve "en vacance" c'est à dire disponible), la rencontre avec Umi et Sora, les deux mystérieux frères venus de la mer et cousins de l'enfant astral de Kubrick semble tracer de nouvelles perspectives fort intéressantes. Sauf qu'elles ne sont pas creusées et ne mènent finalement nulle part. Au lieu de donner du sens à cette rencontre, le réalisateur préfère se concentrer sur une débauche d'effets visuels -magnifiques au demeurant- à la Kandinsky naviguant entre les échelles micro et macrocosmiques pour évoquer quoi au fond? Le mal que l'homme s'inflige à lui-même en dévastant les océans? Le fait qu'il doit se reconnecter de toute urgence au langage du vivant s'il veut survivre? Le lien entre la plus infime cellule et "le grand tout"? Hayao MIYAZAKI fait passer les mêmes messages dans ses films (on pense notamment à "Le Voyage de Chihiro") (2001) avec autrement plus d'efficacité narrative et d'émotions grâce à des personnages intelligemment travaillés. Dans "Les Enfants de la mer", ces aspects sont expédiés au profit d'une débauche grandiloquente qui à force d'excès finit par lorgner plus du côté du "Lucy" (2014) de Luc BESSON que de Stanley KUBRICK dont la froideur et la rigueur formelle permettent d'éviter in extremis ces écueils. C'est regrettable car le spectateur se sent rapidement exclu, s'ennuie et parfois quitte la salle avant la fin. Autrement dit, le réalisateur a un peu trop oublié les destinaires de son oeuvre pour que celle-ci reste dans les annales.

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Les Quat'cents farces du diable

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1906)

Les Quat'cents farces du diable

"Les Quatre cents farces du diable" est un "best-of" du cinéma de Georges MÉLIÈS, une sorte de testament. Inspiré comme "Le Royaume des fées" (1903) d'une féérie théâtrale représentée au théâtre du Châtelet, il accumule les morceaux de bravoure, chaque tableau renvoyant à un ou plusieurs de ses films*. On y trouve des scènes "à trucs" comme les explosions et transformations alchimiques qui peuvent faire penser à "Le Chaudron infernal" (1903). Les malles contenant le contenu entier d'une maison fait penser par anticipation à "Le Locataire diabolique" (1909). D'autres comme la scène du restaurant sont d'essence burlesque avec beaucoup d'acrobaties. Enfin la scène dans les étoiles, onirique, renvoie aux voyages fantastiques inspirés de Jules Verne ("Le Voyage dans la Lune" (1902), "Le voyage à travers l Impossible" (1904)). On mesure combien Terry GILLIAM s'est inspiré de Georges MÉLIÈS dans ses techniques artisanales d'animation (la scène du Vésuve pourrait tout à fait appartenir à un des génériques des Monty Python) tout comme pour l'idée des têtes détachées du roi et de la reine de la lune dans "Les Aventures du baron de Münchausen" (1988). De même, j'ai souvent relevé les similitudes entre les inventions de Méliès et celles qui se trouvent dans la saga Harry Potter. C'est peut-être juste une coïncidence mais c'est quand même troublant. Ici, comment par exemple ne pas penser aux Sombrals, les chevaux squelettiques tirant les carioles acheminant les élèves vers Poudlard lorsqu'on voit celui de Méliès emporter l'inventeur et son valet dans les étoiles? D'autant que celui-ci ayant signé un pacte avec le diable, son destin est de finir aux enfers, lequel est figuré par un Moloch monumental qui préfigure celui de "Metropolis" (1927). Bref c'est beau, c'est riche, ça fourmille d'inventivité et tout amateur de cinéma devrait se jeter dessus sans attendre.

La version que l'on peut voir aujourd'hui n'est que partiellement colorisée (technique de colorisation au pinceau, image par image).

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Le Chaudron infernal

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1903)

Le Chaudron infernal

"Le Chaudron infernal" est l'un des plus illustres films de la carrière de Georges MÉLIÈS, sans doute en raison de son ambiance gothique, de la qualité de ses trucages, de son rythme parfait et de la poésie horrifique qui s'en dégage. Car en effet il ne s'agit pas moins que de l'ancêtre du film d'épouvante! La colorisation au pinceau image par image rehausse considérablement l'impact du film. D'abord avec l'opposition entre la couleur verdâtre des démons et le rose vif de leurs trois victimes. Le vert, tout comme le jaune également présent à l'image sont les couleurs du soufre et symbolisent la folie. Tandis que le rose est la couleur associée au féminin, genre auquel appartiennent les trois victimes et dont sont friands les démons. Mais comme il n'est pas question de montrer la luxure, c'est plutôt en les jetant dans les flammes de l'enfer que ceux-ci espèrent s'en repaître (via des trucages cinématographiques et des escamotages théâtraux que l'on devine: coupures/raccords, trappe coulissante verticale à l'intérieur du décor figurant le chaudron). Viennent ensuite les spectaculaires explosions d'un rouge écarlate qui ponctuent la transformation des jeunes femmes en fantômes, lesquels apparaissent à l'aide d'un magnifique travail de surimpression floutés en blanc en haut de l'image avant que ceux-ci ne s'embrasent inexplicablement. Le chef des démons (joué par Georges MÉLIÈS) n'a plus qu'à se jeter à son tour dans le chaudron pour leur échapper... ou bien les rejoindre.

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Le Palais des mille et une nuits

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1905)

Le Palais des mille et une nuits

Selon les goûts et les couleurs de chacun, certains préfèreront "Le Royaume des fées" (1903) à ce "Palais des mille et une nuits" en raison de la faiblesse de son scénario. Mais personnellement, j'ai une préférence pour celui-ci. D'abord parce que c'est une splendeur visuelle de tous les instants. Les décors et les effets spéciaux sont juste fabuleux. Paradoxalement, sa restauration très inégale (certains passages sont très abîmés et en noir et blanc, d'autres colorisés, d'autres d'une excellente qualité dans les deux registres) n'est pas un obstacle au fait que je le trouve beaucoup plus moderne que "Le Royaume des fées" (1903). Les costumes et décors orientaux d'une grande richesse de détails y sont sans doute pour quelque chose mais pas seulement. C'est l'un des films dans lesquels l'influence que Georges MÉLIÈS a eu sur Terry GILLIAM et Tim BURTON me saute le plus aux yeux. Dans le premier cas, toute l'oeuvre animée de l'ancien membre des Monty Python s'y réfère mais aussi les effets spéciaux de ses films live, la citation la plus directe se trouvant dans le voyage lunaire de "Les Aventures du baron de Münchausen" (1988) sur le fond mais aussi et surtout, sur la forme. Dans le second cas, la scène des squelettes m'a tout de suite fait penser à une scène similaire (bien sûr pas avec la même technologie!) de "Miss Peregrine et les enfants particuliers" (2015).

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Le Royaume des fées

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1903)

Le Royaume des fées

L'un des meilleurs films de Georges MÉLIÈS d'une beauté visuelle et d'une richesse qui rivalise voire surpasse pour certains "Le Voyage dans la Lune" (1902) mais qui hélas ne bénéficie pas de la même notoriété. Inspiré d'une féérie (pièce de théâtre fondée sur le merveilleux et la magie) qui se donnait alors au Théâtre du Châtelet, il s'agit d'un film de 32 tableaux (plans fixes), racontant une histoire dont le début fait penser à "La Belle au bois dormant" puis "Raiponce" puis "Jonas et la baleine". On remarque la sophistication et la beauté des décors (environ une vingtaine) ainsi que la variété des costumes très connotés XIX° en dépit du caractère censé être intemporel de l'histoire. Certains passages sont saisissants pour l'époque, jouant sur la profondeur de champ, faisant appel à des effets pyrotechniques spectaculaires, des chausse-trappes, des effets ingénieux comme celui consistant à filmer à travers un véritable aquarium pour les scènes sous-marines sans parler des nombreux trucages (fondus-enchaînés, apparitions-disparitions). Les films de cette durée bénéficiaient d'un commentaire oral qui à l'époque était déclamé par un bonimenteur et aujourd'hui est enregistré. Enfin comme beaucoup de films de Georges MÉLIÈS, "Le Royaume des fées" a été entièrement colorisé à la main ce qui participe à renforcer son climat féérique en dépit de la détérioration de la pellicule.

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La Sirène

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1904)

La Sirène

"La Sirène" fait partie des très nombreux courts-métrages en forme de numéro de prestidigitation améliorés par les trucages cinématographiques que Georges MÉLIÈS a réalisé au début du cinéma parlant qui était encore considéré comme un art forain et traité en tant que tel (projection sous tente et non dans des salles dédiées, films-spectacles plus que films-récits etc). Toutefois si le procédé peut sembler répétitif, il comporte toutes sortes d'expérimentations qui ont été ensuite reprises dans des films ultérieurs, à commencer par les courts métrages de Max LINDER, beaucoup plus élaborés narrativement.

"La Sirène" propose ainsi plusieurs petites originalités: des poissons tantôt véritables et tantôt en papiers découpés et surtout le pseudo-zoom déjà utilisé dans "L Homme à la tête de caoutchouc" (1901) où l'aquarium s'approche de la caméra à l'aide d'un chariot monté sur rails quand on passe du cadre de la scène de spectacle à l'intérieur de l'aquarium où se déroule la seconde partie du numéro.

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