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Monty Python sacré Graal (Monty Python and the Holy Grail)

Publié le par Rosalie210

Terry Gilliam et Terry Jones (1975)

Monty Python sacré Graal (Monty Python and the Holy Grail)

Un grand film fauché qui nous sort un gag tordant à la seconde, on y perd son latin ou plutôt son anglais. Il y a au moins trois ingrédients qui expliquent cet OVNI indémodable et culte du paysage cinématographique (même si à titre personnel j'ai une préférence pour le moins connu Sens de la vie):

- Comme je le disais plus haut, le tout petit budget accordé aux Monty Python pour réaliser leur premier film les a paradoxalement servis. Ainsi le gag des noix de coco, utilisé dans les studios de doublage pour imiter le bruit du galop devient-il ici un gag du plus haut effet comique servant à ridiculiser Arthur et ses chevaliers réduits à des enfants contraints de faire semblant de "jouer à dada" sur des chevaux fantômes. On peut en dire autant d'un autre gag célébrissime du film, celui du lapin tueur.

- Noix de coco et lapin tueur ont aussi pour fonction de participer au caractère brechtien et iconoclaste du film qui casse tout effet d'illusion cinématographique. Le générique à tiroirs, à rallonge et à différents degrés a pour mission d'annoncer la couleur. La discussion avec les chevaliers du château qui demandent d'où peuvent venir les noix de coco souligne le caractère absurde du film. Enfin l'anachronisme est utilisé comme une mise en abyme réjouissante de l'époque à laquelle le film a été tourné, à savoir celle de la guerre froide USA/URSS. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la scène de lutte des classes entre Arthur et un groupe de paysans anarcho-syndicalistes organisés en communes autonomes ainsi que l'apparition d'objets/aliments contemporains (voiture, orange...) ou la répétition d'une même scène ou l'interruption de l'action pour interpeller l'équipe du film. A partir du meurtre de l'historien par un chevalier, le Moyen-Age et l'époque contemporaine se télescopent jusqu'à être réunies dans les scènes finales. Celles-ci laissent d'ailleurs entendre qu'Arthur et ses chevaliers pourraient tout à fait être des fous échappés d'un asile en 1975. Ou bien plus subversivement que la légende arthurienne, ciment national anglais (avec le sentiment anti-français retourné contre eux et ridiculisé) n'est qu'un leurre.

-Enfin la "parodie érudite" est un autre cocktail détonnant. Terry Jones et Terry Gilliam ont une connaissance approfondie du Moyen-Age et de son iconographie. Ainsi le code d'honneur du chevalier mû par l'amour courtois est fidèlement retranscrit mais tourné en dérision. Lancelot trucide sauvagement tous ceux qui croisent son chemin pour délivrer une princesse enfermée dans sa tour qui s'avère être un prince efféminé. De même le ménestrel censé chanter les louanges de Robin se met à vanter sa couardise. Idem avec les religieux. Les moines en prennent pour leur grade mais les enluminures animées de Gilliam qui ouvrent les sketches rappellent leur fonction de copiste et d'enlumineur de manuscrits tout en détournant leur contenu. Même le lancer de vache trouve ses origines dans la ruse imaginée par les habitants d'un château assiégé par les troupes de Charlemagne. Ils avaient lancé un cochon par dessus les remparts pour leur faire croire qu'ils avaient encore de la nourriture. Ce qui avait eu pour effet d'entraîner la levée du siège.

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Divines

Publié le par Rosalie210

Houda Benyamina (2016)

Divines

Ce qui m'a le plus gêné dans ce film c'est son manque de simplicité et de rigueur. Il y a plein de fulgurances poétiques (la scène de la Ferrari suggérée par les mouvements de caméra et le son, la scène où Djigui et Dounia tourbillonnent dans le magasin...) mais il y a aussi des maladresses et des longueurs. Un manque d'émotion aussi. Car ce que la caméra filme, c'est surtout un "ego trip", celui de Dounia qui parce qu'elle part de très bas se rêve au sommet de la puissance et de la richesse façon clip de rappeur bling-bling (son slogan préféré? "Money, money, money!"). La séquence où elle humilie sa prof de lycée pro en montant sur la table est particulièrement révélatrice de ses rêves de pouvoir et de grandeur. Des rêves qui prennent pourtant corps dans les bas-fonds du trafic de drogue et de la prostitution. Pour donner du lyrisme à sa mise en scène et rendre ce personnage moins étriqué, la réalisatrice imagine une autre porte de sortie possible pour Dounia: l'art et de façon plus générale, la spiritualité (d'où la grande musique et les chants religieux omniprésents). Seulement, cela ne marche pas vraiment. Dounia reste à la porte de ce monde comme elle reste à la porte de la mosquée ou à la surface de l'église. De plus, la réalisatrice abuse pour conforter son propos des plans de plongée et contre-plongée si bien que la danse de Djigui fait plus penser au serpent tatoué sur son dos qui rampe au sol qu'à un ballet aérien. Ce n'est pas très gracieux. Enfin si j'ai omis de parler de Maimouna c'est à dessein. En dépit du titre pluriel très trompeur, elle n'est que le faire-valoir de sa copine. C'est le personnage le plus sacrifié du film (au sens propre comme au sens figuré) et c'est bien dommage car c'est celui que je trouvais le plus intéressant. Seulement les grandes gueules ont souvent le dessus, au cinéma comme dans la vie.

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Les Mistons

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1958)

Les Mistons

Voici le contenu de l'annonce parue le 31 juillet 1957 dans le journal Midi Libre: "Offre d'emploi pour (futures) vedettes. Metteur en scène de cinéma cherche 5 jeunes garçons de 11 à 14 ans pour jouer "Les Mistons". S'adresser à Midi Libre." Le metteur en scène c'est Truffaut qui a déjà réalisé un premier court-métrage en 1954 "Une visite" qu'il a renié, le jugeant indigne. Miston signifie gamin dans le Midi. Or l'histoire se déroule à Nîmes.

Avec ce film, Truffaut pose les principes de la Nouvelle Vague: tournage en décors naturels, large part laissée à l'improvisation et au système D, autofinancement, acteurs inconnus au jeu fluide et naturel. C'est la première apparition de Bernadette Lafont dont on peut comprendre la convoitise qu'elle suscite chez les gamins. Tout chez elle n'est que mouvement et sensualité avec ses pieds nus et sa jupe volant au vent lorsqu'elle pédale ou joue au tennis. Mais la vie est indissociable de la mort qui finit par frapper la jeune femme, l'enfermant dans un voile noir de tristesse. L'influence de Renoir dans cette célébration de l'Eros se muant en Thanatos paraît évidente.

"Les Mistons" préfigure les grands films sur l'enfance que réalisera Truffaut par la suite. Il avait pensé à faire dans un premier temps un film à sketches, idée qu'il développera et qui deviendra "L'argent de poche." Quant à Bernadette, Claude Miller a peut-être pensé à ce film lorsqu'il lui a offert le rôle de la mère de l'Effrontée près de 30 ans plus tard.

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Moi, moche et méchant 2 (Despicable Me 2)

Publié le par Rosalie210

Chris Renaud et Pierre Coffin (2013)

Moi, moche et méchant 2 (Despicable Me 2)

Moi moche et méchant 2 est aussi plaisant à regarder que le 1. On y retrouve le rythme enlevé, les couleurs chatoyantes, les gags des irrésistibles minions accro à leurs "bananas" ainsi que la musique de Pharrell Williams avec notamment son méga hit "Happy".

En revanche pour l'originalité du scénario, on repassera. Il n'offre aucune surprise et pioche dans la même gamelle que "Cars 2" à savoir une intrigue d'espionnage pleine de gadgets à la James Bond (qui n'en demandait pas tant). Les nouveaux personnages déçoivent, en particulier le méchant, très fade en dépit de la sauce mexicaine à laquelle on veut nous le faire manger (de ce point de vue le 3 qui renoue avec le personnage décalé sera meilleur). Quant aux anciens personnages, s'ils sont toujours aussi attachants, ils sont exploités de façon très conventionnelle. Gru en particulier s'est tellement rangé des voitures qu'il a perdu presque tout son mordant. Il y a quand même quelques moments drôles où on retrouve son caractère mal embouché, notamment lorsqu'il est en proie à une déception sentimentale ou lorsqu'il doit se déclarer au téléphone. La satire des sites de rencontre, rendez vous arrangés, jeunes play-boy à mèche et autres entremetteuses est assez réjouissante. Mais la fin en forme d'autopromotion pour le spin-off des "Minions" n'est pas du meilleur goût (à l'image des gelées que fabrique l'usine de Gru). 

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Moi, moche et méchant (Despicable Me)

Publié le par Rosalie210

Chris Renaud et Pierre Coffin (2010)

Moi, moche et méchant (Despicable Me)

Pour se démarquer de ses concurrents (Disney-Pixar, la Fox, Dreamworks), Illumination entertainment, filiale d'Universal a décidé de choisir un "Détestable moi" ("Despicable me" en VO) pour héros. Gru est un méchant de la vieille école, socialement et écologiquement incorrect. Il pollue avec son véhicule mastodonte, chasse la faune protégée pour peupler sa maison de trophées, pistogèle les clients pour ne pas faire la queue, emboutit leurs voitures pour se garer, menace de tuer le chien de son voisin qui a fait ses besoins sur ses plate-bandes et fait tourner en bourrique un petit garçon innocent. Il doit cependant lutter pour ne pas se faire complètement ringardiser par le jeune Vector, un méchant 2.0 qui est en quelque sorte la caricature du geek. Un surdoué en informatique entouré de gadgets high-tech qui passe son temps vautré sur le canapé en train de grignoter d'où une bedaine peu glorieuse qui accompagne une coupe au bol et de grosses lunettes du meilleur effet!

Cette caractérisation originale des méchants est le meilleur aspect du film avec les gags potaches des inénarrables minions qu'on ne présente plus. Avec leur 2 ans d'âge mental et leur sabir incompréhensible, on ne peut que s'attendrir lorsqu'ils offrent une "papuche" alors que les plus jeunes s'esclafferont à les voir se photocopier les fesses. Les plus rationnels pourront s'interroger sur le sens à donner à leur présence. Minion signifie en VO larbin (et non adorable) et en effet ils occupent tour à tour le rôle de domestique, soldat, cobaye, ouvrier le tout dans la joie et la bonne humeur puisqu'ils ne peuvent vivre sans maître comme le dévoilera le spin-off. On est pas loin des slogans racistes et paternalistes du genre "battu et content" avec le hit de Pharrell Williams en prime dans le 2.

Enfin je ne suis pas du tout fan de l'histoire des orphelines, trop convenue. Même si la petite Agnès est très attachante ("J'aime les licornes, beaucoup, beaucoup") et qu'il y a de belles scènes de tendresse avec Gru il est dommage que l'aspect sentimental prenne autant de place, spectacle familial oblige. On sent déjà dans ce premier volet la contradiction entre la volonté de se démarquer avec un aspect grinçant et satirique et celle de plaire à tous en rentrant dans le rang. Le deuxième film accentuera encore plus l'aspect papa-gâteau de Gru et se chargera de parachever sa métamorphose en lui trouvant une épouse, anéantissant partiellement ce que le premier film pouvait encore avoir de réjouissant et d'original.

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Une partie de campagne

Publié le par Rosalie210

Jean Renoir (1936)

Une partie de campagne

Ce que je trouve absolument fascinant dans "Partie de campagne" c'est la manière dont Renoir suggère trois temporalités (passé, présent, avenir) à partir d'un même lieu.

- Le passé situé dans la seconde moitié du XIX° siècle est celui de la nouvelle de Maupassant mais aussi (et surtout) celui du propre père de Jean Renoir, l'illustre peintre impressionniste Auguste Renoir. Le choix de tourner sur les bords du Loing s'explique avant tout par le fait qu'il s'agissait de paysages adorés par son père. Et combien de scènes du film se réfèrent à ses tableaux de la Balançoire à la Yole en passant par les Amoureux ou les Canotiers!

-Le présent est celui du tournage du film, l'été 1936, moment mythique du Front populaire où les classes laborieuses accèdent pour la première fois aux congés payés. "L"embellie dans des vies obscures" pour reprendre les mots de Léon Blum on la ressent dans l'aspect hédoniste et sensuel du film (l'envol sur la balançoire, la promenade au fil de l'eau, le rossignol, le temps des cerises ou encore Renoir dans un petit rôle qui invite à goûter la bonne "chair"...)

-Le futur est annoncé par les gros nuages noirs qui s'amoncellent, l'orage violent et le destin funeste d'Henriette (Sylvia Bataille) enchaînée à sa famille et à son mariage arrangé avec un sinistre imbécile. Henriette condamnée à ne plus vivre que dans ses souvenirs. Henriette dont la détresse du regard face caméra nous bouleverse toujours tel un petit agneau sacrifié sur l'autel de la mesquinerie bourgeoise. Une bourgeoisie dont le slogan "Mieux vaut Hitler que le Front populaire" prépare son ralliement aux forces les plus obscurantistes du pays.

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Soupçons (Suspicion)

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1941)

Soupçons (Suspicion)

En fait plus que "Soupçons" le film aurait pu s'appeler Indécision. C'est ce qui fait à la fois son imperfection et son intérêt.

L'intrigue du roman d'origine, centrée sur un personnage masculin criminel n'offrait aucune ambiguïté. Hitchcock fut tenté dans un premier temps de respecter cette intrigue convenue au point de tourner une fin en tous points conforme au roman. Il changea d'avis sous la pression de la RKO qui ne voulait pas que l'image de Cary Grant soit abîmée par un rôle trop sombre. Il réalisa au final un film truffé d'incohérences, bancal mais profondément hitchcockien situé entre "L'Ombre d'un doute" et "Pas de printemps pour Marnie". Un mélange de film policier manipulateur à grosses ficelles et de fine analyse psychologique.

Contrairement au roman, le film est centré sur le personnage de Lina (Joan Fontaine), une riche aristocrate à lunettes et coiffure stricte sous la coupe d'un père castrateur. C'est alors que Johnnie-Cary s'impose à elle, un irrésistible séducteur aux 73 conquêtes qui la fait chavirer autant qu'il l'effraie. Le conflit intérieur s'exprime par exemple lorsqu'elle repousse son baiser en refermant brusquement son sac (un symbole du sexe féminin verouillé identique à celui de Marnie) avant qu'elle ne se ravise en entendant son père évoquer son avenir tout tracé de vieille fille. Cette dynamique se poursuit tout au long du film. Lina épouse Johnnie en cachette contre l'avis de ses parents mais le poison du doute s'insinue en elle et ne la lâche plus, l'empêchant de l'aimer. Sous l'emprise persistante de son père, elle se persuade que Johnnie ne l'a épousée que pour sa fortune et veut se débarrasser d'elle, développant à son égard une paranoïa aiguë, alimentée par ses mensonges et manquements.

La fin de ce drame de l'incommunicabilité aurait pu être tragique mais Hitchcock la retourne comme un gant, la rendant cathartique. N'est-il pas selon Truffaut le spécialiste des scènes d'amour filmées comme des scènes de mort et des scènes de mort filmées comme des scènes d'amour? C'est d'autant plus facile qu'Hitchcock s'appuie sur les zones d'ombre de Cary Grant dont le charme léger dissimule les tourments, notamment sa méfiance vis à vis des femmes dont il mettra des décennies à se débarrasser.

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Boyhood

Publié le par Rosalie210

Richard Linklater (2014)

Boyhood

"Toutes les choses coulent" disait Héraclite, premier philosophe du temps qui passe et d'un monde en mouvement perpétuel. Face à cette réalité humaine, le cinéma a pu choisir soit de se placer hors du temps, soit d'épouser le temps. Dans ce deuxième cas de figure, la plupart des réalisateurs ont eu recours à des artifices plus ou moins convaincants pour marquer le temps qui passe: des changements d'acteurs, du maquillage (comme dans La Famille d'Ettore Scola) ou bien aujourd'hui des effets spéciaux (comme dans L'histoire extraordinaire de Benjamin Button de David Fincher). D'autres ont préféré dans un souci de réalisme garder les mêmes acteurs et les laisser grandir ou vieillir. Richard Linklater se situe dans cette deuxième catégorie et il poussé le concept plus loin que les autres. Pendant 12 ans, il a filmé à intervalles réguliers un petit garçon, Mason (Ellar Coltrane) se transformer en adolescent puis en jeune homme. Il en va de même pour les autres personnages qui soit grandissent soit vieillissent. Autour de cet aspect documentaire, il a brodé une fiction en forme de chronique familiale intimiste qui touche juste.

Il est complètement faux d'affirmer qu'il ne se passe rien durant 2h46. Il ne se passe rien de spectaculaire. Et pourtant c'est passionnant de bout en bout car le réalisateur a compris que le moteur du devenir réside dans les oppositions complémentaires qui structurent l'univers. Une pluralité dont le potentiel conflictuel est le moteur du changement et ne peut être résolu que dans l'équilibre harmonieux (souvent provisoire) ce que Héraclite a démontré en occident mais la philosophie du ying et du yang ne dit pas autre chose.

Les parents de Mason illustrent à la perfection cette dualité faite de déchirures, de recomposition et de flux. La mère (Patricia Arquette) est tiraillée entre une attirance pour la bohème rock and roll et le désir d'une vie rangée. Elle rejette cependant rapidement le père adulescent de Mason et Samantha pour se jeter dans les bras d'hommes en apparence plus mûrs et posés, sauf que leurs comportements tyranniques et leurs addictions finissent par la faire fuir. De même, il lui tarde de voir ses enfants quitter le nid pour "vivre enfin" mais lorsque Mason s'en va elle ressent un grand vide existentiel (le syndrôme du nid vide). Le père (Ethan Hawke) se comporte comme un éternel ado irresponsable, instable, absent, plus copain que père pour ses enfants. Lorsqu'il décide in fine de "siffler la fin de la récré" c'est pour épouser une traditionaliste de la "Bible belt" et de la "Riffle association" du Texas profond. Lui-même se définit comme désormais "ennuyeux et psychorigide". Mason lui-même reproduit le modèle de ses parents. Arborant un look excentrique bohème puissance 10, il sert de révélateur à la tyrannie de ses beaux-pères à l'esprit étriqué. Le premier lui "offre" une belle castration symbolique en l'obligeant à faire couper ses cheveux longs et le second s'en prend à ses ongles peints. Par la suite, il sort avec une fille avec laquelle il rejoue l'histoire de ses parents sauf qu'il n'y aura pas d'enfants issu de cette union. La fille est attirée par son look arty et ses dons artistiques mais elle finit par le rejeter pour un hockeyeur beaucoup plus "carré".

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Lost in la mancha

Publié le par Rosalie210

Keith Fulton et Louis Pepe (2002)

Lost in la mancha

Quant un making-of se transforme en une chronique d'une catastrophe annoncée, cela donne "Lost in la Mancha", l'histoire d'un film maudit dont le tournage fut arrêté au bout d'une quinzaine de jours.

L'ambition de porter à l'écran les aventures de Don Quichotte n'est pas nouvelle. Comme le rappelle le film, il y eut le précédent d'Orson Welles qui pendant plus de 20 ans tourna des séquences du film y compris après la mort de l'acteur principal. Mais lorsqu'il mourut en 1985, celui-ci était toujours inachevé.

Un projet aussi démesuré ne pouvait qu'attirer Gilliam dont la créativité est intimement liée au combat contre le système. Gilliam "celui qui montre une idée par plan alors que d'autres font des films entiers sur un semblant d'idée", Gilliam visionnaire mais persona non grata auprès des grands studios à cause du caractère (budgétairement) incontrôlable de ses projets "trop excentriques pour Hollywood".

Dès l'origine, le film "trop élaboré pour un petit budget" part donc avec un gros handicap: il est mal financé et son organisation tourne au cauchemar: acteurs injoignables, matériel dispersé aux quatre coins d'Europe etc. Néanmoins Gilliam et son équipe pensent pouvoir vaincre ces difficultés en lançant le tournage. Las, la malchance les poursuit: tournage près d'un terrain militaire sous le vacarme des F-16, déluge qui emporte les décors et transforme la couleur du désert empêchant de faire le raccord avec ce qui a été déjà tourné et pour couronner le tout double hernie discale de Jean Rochefort qui s'avère incapable de tenir le rôle principal.

Les quelques bribes de scènes tournées sont superbes et font d'autant plus regretter l'abandon du projet initial. Mais Gilliam n'a jamais renoncé et a tenté de le relancer au moins à trois reprises. 17 ans après, il vient enfin de boucler le tournage le 4 juin 2017 avec une autre distribution mais il n'en a pas fini avec les problèmes puisqu'il est en conflit avec un producteur sur les droits d'exploitation du film ce qui risque de retarder voire de compromettre sa sortie. Le feuilleton n'est pas terminé.

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Répulsion (Repulsion)

Publié le par Rosalie210

Roman Polanski (1965)

Répulsion (Repulsion)

De la trilogie des appartements de Polanski (Répulsion, Rosemary's Baby et Le Locataire) c'est Répulsion que je préfère. Ce n'est ni un brouillon comme l'affirme son réalisateur (les créateurs ne sont pas toujours lucides sur leur propre œuvre) ni un film de genre horrifique. C'est un chef-d'oeuvre. Tout est réussi dans ce film: le choix de Catherine DENEUVE dont le pouvoir d'attraction n'est plus à démontrer et qui remarquablement dirigée fait une composition étonnante, la lumière en clair-obscur et les décors de plus en plus distordus, les trucages artisanaux qui font penser à Cocteau, la mise en scène (tant visuelle que sonore), le montage.

Le film offre deux points de vue. Externe et interne.

Le point de vue externe est celui des personnages qui gravitent autour de Carol. On peut y ajouter une partie des critiques du film. Aucun ne manifeste la moindre empathie vis à vis de Carol. Helen, la sœur antinomique de Carol est dans le déni (sa sœur est juste "trop sensible"), son amant, un macho grossier se rend compte qu'elle ne va pas bien mais la traite avec mépris ("elle devrait voir un docteur"), son "amoureux" la harcèle tout en n'utilisant avec elle qu'un registre badin stéréotypé qui sonne horriblement faux, ses collègues pensent qu'elle a juste besoin de se changer les idées etc. Quant aux critiques, ils posent un diagnostic de frigidité et de schizophrénie bien pratique pour éviter de creuser un peu la question et y découvrir des vérités qui dérangent.

Le point de vue interne est celui de Carol. Le film s'ouvre et se clôt sur un gros plan de son œil, comme une plongée dans les abysses de son être. On pense forcément au générique de Vertigo (bien qu'il y ait aussi des analogies avec Psychose et Pas de printemps pour Marnie du même réalisateur). Carol qui est belge apparaît comme un être désemparé dont la solitude et l'isolement dans une ville étrangère et hostile (Londres) sont sans cesse soulignés. Ce motif est récurrent dans toute l'œuvre de Polanski et fait écho à l'enfermement en soi-même que symbolise le huis-clos, ici sous la forme d'un appartement qui devient la métaphore de l'organisme de Carol. Celui-ci est en voie de désagrégation mentale (le symbole le plus éprouvant est le lapin en décomposition mais les fissures dans les murs et les légumes flétris ont la même signification). La cause de cette désagrégation est l'impossibilité de se protéger face aux intrusions extérieures. Quelles que soit les tentatives de Carol pour se bunkériser et se couper du monde l'appartement est sans cesse soit dans l'imaginaire halluciné de Carol soit dans la réalité, forcé, pénétré, agressé (la porte défoncée par Colin, le violeur qui entre dans la chambre en dépit des obstacles, le propriétaire qui s'invite, l'épouse de Michael qui insulte Carol au téléphone en la prenant pour sa sœur, les mains masculines qui sortent des murs). Les meurtres de Carol ne sont que des réactions défensives devant les agressions masculines. Sa folie est sa seule échappatoire. La photo d'enfance sur lequel se termine le film n'est pas là par hasard, elle montre que le traumatisme est ancien et a commencé dans le cadre familial. On y voit la sœur visiblement heureuse et choyée, intégrée dans la famille et Carol en retrait regardant déjà ailleurs.

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