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Articles avec #thriller tag

La nuit du chasseur (The Night of the Hunter)

Publié le par Rosalie210

Charles Laughton (1955)

La nuit du chasseur (The Night of the Hunter)

La nuit du chasseur est un conte cruel truffé de références bibliques et doté d'un riche sous-texte psychanalytique. Dans un monde où la civilisation s'est effondrée suite à la crise de 1929, deux enfants livrés à eux même sont contraints de retourner à la nature pour échapper aux griffes d'un terrifiant prédateur humain. Les références à M le Maudit et l'expressionnisme allemand avec l'ombre portée du pasteur sur les enfants, les symboles phalliques (couteau, locomotive) ne laissent aucun doute: il s'agit d'un prédateur sexuel (l'argent servant de substitut).

Aucun adulte ne semble en mesure de protéger les enfants. Le pasteur est un substitut du père biologique. Ce dernier a en effet violé psychologiquement ses enfants en déchargeant le fruit de son crime sur eux. Il dissimule l'argent volé (que l'on peut associer au sperme) dans le ventre de la poupée de sa fille et contraint son fils au silence. Un silence qu'il est pourtant incapable de garder devant le pasteur, le lançant ainsi aux trousses des enfants, tel un passage de relai puisque lui-même est condamné à la potence. Le pasteur est donc une version grotesque, monstrueuse, sanguinaire du père. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que John, le petit garçon, se tienne le ventre de douleur lorsqu'il assiste à l'arrestation de son père puis à celle du pasteur où il se délivre enfin de son terrible secret (les billets s'échappant de la poupée.)

Face au pasteur, la mère s'avère tout aussi défaillante. Elle se laisse séduire puis détruire sans lever le petit doigt, passive et impuissante. Les autres adultes (voisins, amis) se laissent tout aussi facilement abuser quand ils ne sont pas abrutis par l'alcool ou en proie à des pulsions perverses (sexualité vécue par procuration à travers la veuve). Les enfants n'ont d'autre choix que de fuir pour sauver leur peau et leur âme et d'errer dans la nature jusqu'à ce qu'ils rencontrent enfin Rachel Cooper, l'adulte salvateur capable de les protéger face au monstre. Rachel est le double inversé de Harry Powell sa foi religieuse n'est qu'amour et compassion face à la haine et au fanatisme des discours du pasteur. Ils sont liés dans l'âme humaine telles les mains tatouées de ce dernier, telle la scène où ils chantent des versions différentes du même cantique alors que le pasteur assiège la maison-refuge de la vieille dame et que celle-ci veille, sa carabine à la main.

La présence de Lilian Gish est un hommage au père du cinéma américain D.W. Griffith et à l'art du muet dont le film est imprégné. L'esthétique, sublimée par le chef opérateur Stanley Cortez marque les esprits avec un jeu d'ombres et de lumières d'une grande beauté et puissance expressive. Par bien des aspects la nuit du chasseur s'apparente à un rêve ou à un cauchemar.

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La vie des autres (Das Leben der Anderen)

Publié le par Rosalie210

Florian Henckel von Donnersmarck (2006)

La vie des autres (Das Leben der Anderen)

La vie des autres s'appuie sur un solide substrat historique et reconstitue avec précision la mise au pas des élites intellectuelles en RDA dans les années 80 par les dirigeants et leur police politique secrète la stasi (mise sur écoute, interdiction d'exercer leur art, de voyager, emprisonnement, tortures, "suicides", chantage à la délation sur l'entourage...) Il montre de façon tout aussi convaincante les conséquences de la chute du mur avec l'ouverture des archives de la stasi et la redécouverte par les allemands de l'est de tout un pan méconnu de leur passé.

Néanmoins, le film sait s'écarter de la véracité historique au profit du romanesque lorsqu'il s'agit de raconter le basculement d'un vaillant petit soldat de la stasi. Wiesler (le dernier rôle du formidable Ulrich Mühe) terrifiant robot obsédé par l'efficacité de ses méthodes répressives est brusquement arraché à son inhumanité par son écoute quotidienne de la vie d'un écrivain, Georg Dreyman (Sebastian Koch). Il est bouleversé à la fois par son amour pour sa compagne Christa Maria Sieland (Martina Gedeck) et par son talent d'artiste et devient son ange gardien. Son évolution psychologique (du réflexe conditionné aux retour du libre-arbitre et aux élans du coeur) est analysée avec beaucoup de finesse et son double jeu est jubilatoire pour le spectateur.

Le supérieur de Wiesler, le carriériste et cynique Grubitz joué par Ulrich Tukur s'oppose en tous points à son subordonné, qui comme Dreyman est un idéaliste déçu par ce qu'il découvre du fonctionnement réel de la RDA (à savoir le fait qu'il surveille Dreyman sur ordre du "camarade ministre" qui veut se débarrasser de lui pour s'emparer de sa petite amie). Dans Amen de Costa-Gavras Mühe et Tukur jouaient deux nazis mais Mühe était au-dessus de Tukur et il était du côté du mal alors que Tukur était l'idéaliste du côté du bien.

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Twixt

Publié le par Rosalie210

Francis Ford Coppola (2011)

Twixt

Film romantico-gothique (la filiation avec Dracula est évidente) où le réalisateur accomplit un remarquable travail sur l'espace-temps, la mémoire, les symboles et le processus créatif. La petite bourgade californienne où se déroule l'histoire ressemble à une ville-fantôme burtonienne-hichcokienne avec sa forêt brumeuse, son beffroi aux 7 cadrans indiquant 7 heures différentes son hôtel hanté et son lac où campent quelques jeunes motards gothiques que les habitants du village (des personnages grotesques sortis tout droit des films des frères Coen) accusent de satanisme.
Comme tous les repères temporels sont brouillés, plusieurs temporalités se superposent et aussi plusieurs niveaux de réalité. La jeune fille suppliciée de l'histoire c'est Virginia, l'une des victimes du pasteur de la ville qui assassina dans l'hôtel 13 enfants dans les années 50. Soi-disant pour sauver leur âme (des tentations du satanisme) en réalité parce que lui même était torturé par des désirs inavouables pour Virginia, la plus grande des enfants (la scène où il l'emmure vivante est explicite). Mais Virginia c'est aussi Vicky, la fille de l'écrivain en panne d'inspiration venu vendre sa camelote dans la ville. Vicky morte adolescente dans un accident de bateau et qui hante Hall Baltimore est une allusion à la mort dans les mêmes circonstances de Gian Carlo, le fils de Coppola. Virginia et Vicky s'incarnent enfin dans une troisième jeune fille morte avec un pieu dans le coeur et qui inspire à Baltimore une histoire de vampire qui s'écrit/se filme sous nos yeux façon palimpseste. Le tout sous le signe de la grande littérature du XIXe siècle: Poe, Dickens, Whitman, Hawthorne et Baudelaire qui insufflent leur âme à un écrivain sans génie (une sorte de sous-Stephen King).

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C'était demain (Time After Time)

Publié le par Rosalie210

Nicholas Meyer (1979)

C'était demain (Time After Time)

Plein de bonnes intentions au départ, le film de Nicholas Meyer s'avère décevant au final. Tout d'abord si la séquence d'ouverture très proche de celle de la machine à explorer le temps, le film de George Pal, est convaincante, la suite l'est beaucoup moins. H.G. Wells (joué par Malcolm McDowell) parti de Londres en 1893 se retrouve à San Francisco en 1979 alors que la machine de Wells ne voyage jamais dans l'espace mais seulement dans le temps. Le temps justement est implacable: 37 ans après le tournage du film, les séquences tournées à San Francisco apparaissent datées et sans vrai point de vue alors que cette ville était censée figurer la modernité à l'époque. Il en est de même avec Amy, la petite amie de H.G. Wells (jouée par Mary Steenburgen) qui ne cesse de clamer qu'elle est une femme moderne mais qui manque cruellement de substance. Néanmoins ce rôle a eu un impact positif pour elle. D'une part il lui a permis de rencontrer Malcolm McDowell avec qui elle s'est mariée peu de temps après, un mariage qui a duré une dizaine d'années. D'autre part il a donné à Zemeckis l'idée de l'engager pour un rôle similaire dans Retour vers le futur III.

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