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Articles avec #chabat (alain) tag

L'Amour Ouf

Publié le par Rosalie210

Gilles Lellouche (2024)

L'Amour Ouf

Je n'avais pas très envie d'aller voir "L'Amour Ouf" et je n'ai pas vraiment aimé le résultat. Certes, il y a d'excellentes idées de mise en scène, une photographie qui décoiffe, une envie de cinéma XXL à l'américaine qui n'est pas fréquente dans le cinéma français, une interprétation qui "déchire", surtout de la part des deux jeunes acteurs Mallory WANECQUE et Malik FRIKAH qui peuvent légitimement espérer rafler un prix révélation lors de la prochaine cérémonie des César car ils portent la moitié du film sur leurs épaules. Adele EXARCHOPOULOS et Vincent LACOSTE sont également excellents (en revanche je trouve le jeu de Francois CIVIL trop limité). Oui mais le résultat ne m'a pas convaincu. C'est trop: trop long, trop tape-à-l'oeil, trop m'as-tu vu, trop kitsch avec certains plans frôlant le grotesque (le coeur et le chewing-gum qui battent, le baiser sur fond de coucher de soleil cliché à mort). Et ce n'est pas assez à la fois parce que Gilles LELLOUCHE veut faire une sorte de cinéma total qui brasse un peu tous les genres (drame romantique, teen movie, film de gangsters, comédie musicale, film de procès, film social, comédie "buddy movie" avec Raphael QUENARD et Jean-Pascal ZADI...) mais n'arrive pas bien à les amalgamer et surtout à les creuser. Dans certains films, les contraires s'attirent et s'enrichissent mutuellement mais dans celui-ci, c'est comme s'ils se repoussaient. Peut-être parce que cela manque de dialogues un tant soit peu consistants. On a donc au final une maîtrise insuffisante et un manque de profondeur criant.

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Réalité

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2014)

Réalité

Etait-ce un rêve ou était-ce la réalité? Cette phrase en introduction de la série d'animation japonaise "Vision d'Escaflowne", je l'avais en tête en regardant "Réalité" qui abolit les barrières entre les dimensions du réel, du rêve et de la fiction avec ce mélange unique de ludisme et d'angoisse existentielle qui caractérise le cinéma de Quentin Dupieux. Véritable petit labyrinthe en forme de boucle temporelle, le film à multiples facettes associe voire connecte par le biais du montage et de la mise en abyme des personnages, des intrigues, des lieux et des temporalités incompatibles. Et il en tire un résultat vertigineux et étonnamment rigoureux où il n'hésite pas à appuyer à fond sur la pédale méta. Par exemple, il suit une petite fille américaine (en référence au fait que Quentin Dupieux tourne alors aux USA) qui a récupéré une cassette VHS trouvée par son père dans les entrailles d'un sanglier qu'il a tué en forêt ("vidéo-viande", non je plaisante!). La gamine va passer l'essentiel du film à tenter de visionner la cassette mais lorsqu'elle y arrive, le cadre choisi ne nous permet pas de voir son contenu mais montre au contraire la fillette en train de regarder l'écran de sa TV, scène projetée dans une salle de cinéma devant le producteur, M. Marshall (Jonathan Lambert) et un certain Zog, réalisateur du film dans lequel se trouve "en réalité" la fillette (prénommée "Reality" cela va de soi) ce qui renvoie en miroir le fait que nous en faisons de même derrière notre écran. Ce que Reality regarde a donc également une fonction de miroir, "un homme coincé dans son propre cauchemar" (alias Jason, le caméraman joué par Alain Chabat) et elle croise aussi le rêve de son proviseur lequel est psychanalysé par l'épouse de Jason (Elodie Bouchez) qui parle en anglais (sous-titré) avec le proviseur et le plan d'après en français avec Jason. Cela explique sans doute la raison pour laquelle elle s'appelle Alice! Jason de son côté découvre que le film qu'il a en tête ("Waves") a déjà été tourné et est projeté aux côtés d'un certain "Rubber 2" (sympa l'autoréférence!), avant de découvrir qu'il s'est dédoublé. Quant à l'émission de TV pour laquelle il travaille, elle est présentée par un hypocondriaque dont l'eczéma est dans la tête et qui croit que Jason et lui sont la même personne. L'asile de fous guette mais cette petite pépite bilingue surréaliste référencée (la recherche du meilleur gémissement pour le film de Jason fait penser par exemple à "Blow out" de De Palma, les images extraites de viscères renvoient à Cronenberg, la cassette mystérieuse aux films d'horreur japonais du type "Ring" etc.) et rythmée par la musique de Philippe Glass est aussi une jolie leçon de cinéma comme sait les façonner un Michel Hazanavicius qui apparaît dans le film de Quentin Dupieux pour une scène clin d'oeil de remise de prix qui tourne mal car une fois de plus cela se passe dans la tête d'un homme "coincé dans son propre cauchemar". Brillant!

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Incroyable mais vrai

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2022)

Incroyable mais vrai

Ayant découvert le cinéma de Quentin DUPIEUX trop tard pour voir "Incroyable mais vrai" en salle, j'attendais de pied ferme son passage sur Canal + et j'ai été complètement bluffée. En dépit de sa courte durée, il s'agit de l'un de ses meilleurs films, beaucoup plus rigoureux dans sa construction que "Fumer fait tousser" (2021) et qui tient davantage du conte philosophique que de la comédie loufoque. Si le film repose sur deux postulats fantastiques dont l'un est propice à déclencher l'hilarité (je me suis d'ailleurs demandé combien il avait fallu de prises pour que les acteurs réussissent à garder leur sérieux devant l'énormité de certaines répliques), l'arrière-plan comme dans la plupart des films du réalisateur est vertigineux de désespérance. Les deux couples du film, Alain et Marie (Léa DRUCKER et Alain CHABAT), Jeanne et Gérard (Anaïs DEMOUSTIER et Benoît MAGIMEL) se sont unis autour d'un secret qui s'avère être en réalité une sorte de pacte avec le diable: plus on avance dans le film et plus ce secret libère sa toxicité, révélant que ces unions ne reposent finalement que sur un vide abyssal. D'ailleurs Marie et Gérard sur qui reposent les postulats fantastiques finissent par devenir des monstres, leurs complexes, leurs frustrations mais aussi leurs égocentrismes se muant en névroses obsessionnelles qui non seulement les coupe du monde mais se répercute sur leurs anatomies respectives jusqu'à l'autodestruction complète. Si la question du temps est centrale dans le film, pas seulement dans son intrigue mais aussi dans sa forme avec un montage accéléré sur la fin nous montrant les conséquences désastreuses des choix des protagonistes sur le long terme, celle de l'espace l'est tout autant. Lorsque Marie ressort du conduit par le haut alors qu'elle y est entré par le bas (symbolisant son parcours contre-nature), elle se retrouve face à son propre reflet, séduisant en surface, pourri à l'intérieur. Lorsque Gérard change de partenaire sexuelle, les choisissant de plus en plus exotiques, il se retrouve immuablement à son point de départ jusqu'à l'explosion finale. Bref, c'est l'impasse existentielle et ça ne peut que mal finir. J'ajoute que la métaphore du pourrissement pour symboliser le temps qui passe et le vieillissement m'a fait penser à "La Rose et la flèche" (1976). Même si les fourmis qui s'échappent de la main sont une évidente référence au cinéaste fétiche de Quentin DUPIEUX, Luis BUÑUEL et au peintre Salvador DALÍ à qui Dupieux a récemment consacré un film qui va bientôt sortir en salles.

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Fumer fait tousser

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2022)

Fumer fait tousser

Bien que "Fumer fait tousser" aurait eu besoin d'avoir un rythme plus soutenu pour libérer toute sa puissance de frappe, le film, à l'image de "Le Daim" (2019) m'a renvoyé à toute une série de références. Le fait d'appartenir à la même génération, celle des "enfants de la TV" des années 80 aide certainement à mieux l'apprécier. En effet j'ai grandi avec les Sentai ("Bioman") (1984) et autres metal heroes japonais ("X-Or") (1982). Je me suis bidonnée devant l'excellente parodie des Inconnus même si elle était mâtinée de la xénophobie antijaponaise propre à l'époque ("toi tu t'appelles Nathalie avec tes yeux bridés et ta face de citron? Tais-toi c'est pour l'exportation en France"). Et je n'ai raté aucun des épisodes de la version amateur franchouillarde des sentai "Les France five" (très appréciée d'ailleurs au Japon), beaucoup plus fun que la déclinaison américaine, pro mais très premier degré alias les "Power Rangers" (2015). Néanmoins le film de Quentin DUPIEUX s'abreuve à d'autres sources. La bande reçoit ses missions à la manière de les "Drôles de dames" (1976) d'un personnage qui ressemble à une version dégoûtante de "Alf" (1986) (qui a la voix de Alain CHABAT donc l'esprit des Nuls) et se déplace à bord d'un véhicule qui n'est pas sans rappeler "Scoubidou" (1969) (sans le flower power mais avec la crétinerie des personnages joués par Gilles LELLOUCHE et Anaïs DEMOUSTIER qui m'ont fait penser à Fred et Daphné). Mais en voyant le film, je me suis dit qu'il était bien dommage que Quentin Dupieux n'ait pas pu collaborer avec Roland TOPOR tant "Fumer fait tousser" m'a rappelé l'esprit absurde, surréaliste, critique et mélancolique de "Téléchat". Ou encore celui des Monty Python (Anthony SONIGO qui se fait broyer par Blanche GARDIN sans moufter c'est un peu Graham CHAPMAN commentant d'un air détaché sa jambe arrachée dans "Monty Python : Le Sens de la vie") (1982). Car "Fumer fait tousser" n'est pas si absurde qu'il en a l'air (comme tous les Dupieux). Il s'agit en réalité d'un film catastrophe mais qui prend le contrepied du blockbuster spectaculaire façon "Le Jour d après" (2004). Le méchant, Lézardin (Benoît POELVOORDE) veut anéantir la "petite planète malade" qu'est devenue la Terre mais en fait elle s'empoisonne très bien toute seule. Chaque membre de la "Tabac force" libère la substance toxique qui lui donne son nom. Le lac autour duquel ils font leur retraite est tellement pollué qu'on y pêche un barracuda qui parle (comment ne pas penser à "The Host" (2006) de BONG Joon-ho?) Les histoires que chacun raconte au coin du feu pour faire peur aux autres évoquent la dissolution prochaine du corps humain dans un monde privé de sens. Et la fin est sans ambiguïté: nulle technologie ne viendra nous sauver. "Le changement de l'époque en cours" s'avère être un vieux disque rayé. Sous le rire perce une angoisse proprement métaphysique.

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Gazon Maudit

Publié le par Rosalie210

Josiane Balasko (1994)

Gazon Maudit

Un titre trouvé par Bertrand BLIER, des acteurs sortis tout droit de "Talons aiguilles" (1991) de Pedro ALMODÓVAR (Victoria ABRIL et Miguel BOSÉ tous deux "caliente"), ça donne tout de suite de l'allure à cette comédie parfaitement jubilatoire qu'est "Gazon Maudit". Jubilatoire, iconoclaste (c'était la première fois qu'on parlait frontalement d'homosexualité féminine dans une comédie mainstream), décomplexée et tendre. Car si l'hétéro-beauf cavaleur, jaloux et homophobe en prend plein la gueule c'est pour mieux se réinventer par la suite. Ce n'est pas pour rien qu'il s'appelle Lafaille! Il faut dire que c'est Alain CHABAT qui s'y colle et qu'il n'a pas son pareil pour rendre crédible ce genre de métamorphose. Je est un autre disait en son temps Arthur Rimbaud. Et voilà que "l'autre" comme Laurent appelle sa rivale Marijo (Josiane BALASKO) avec tant de mépris, ça pourrait bien être en fait une partie ignorée de lui-même. Ignorée et refoulée tant qu'il s'accroche à son rôle de mâle-alpha insupportablement macho avec les femmes, la sienne y compris qu'il néglige, trompe à tire-larigot et à qui il ne cesse de mentir. Pourtant elle aurait de quoi le combler parce qu'à peine Marijo débarquée dans leur vie, ça devient tout de suite très chaud et sans tabou entre elles. Et ça finit même par le contaminer, lui. Seulement voilà, il faut qu'il accepte Marijo pour qu'il voie enfin vraiment sa femme et qu'il se voie aussi vraiment lui-même. Et ça c'est un gros travail d'acceptation de soi à travers cet autre honni justement. Car Laurent et Marijo ont un point commun: ils aiment Loli (il faut dire qu'elle est irrésistible!) Et Loli les aime tous les deux. Alors Marijo est bien obligée d'aller au-delà de sa détestation des hommes et Laurent au-delà de ses préjugés sur les "camionneuses". Et ça pourrait même accoucher de nouvelles configurations amoureuses et familiales tout ça, peut-être peu orthodoxes mais qu'importe si tout le monde y trouve son compte et peut s'y épanouir et en sortir enrichi.

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Chouchou

Publié le par Rosalie210

Merzak Allouache (2003)

Chouchou

Sur le plan strictement cinématographique, "Chouchou" est franchement mauvais, entre son scénario torché à la va-vite, ses personnages secondaires parfois caricaturaux au possible, sa mise en scène approximative, sa photographie très banale. Bref tout cela forme un emballage grossier au milieu duquel se trouve tout de même une petite perle: Chouchou lui-même. Le film n'existe en effet que par la performance de son acteur principal, Gad ELMALEH qui est parvenu à faire connaître à un public plus large que celui de ses one-man-show son personnage attachant et extravagant de travesti maghrébin au langage aussi approximatif qu'imagé. Chouchou est un univers à lui tout seul que son interprète parvient à faire exister "de la tête aux pieds" et qui s'avère à la fois très drôle, plein de délicatesse, et d'une sensualité troublante, notamment lors de son numéro de cabaret sur le "Ah si j'étais un homme" de Diane Tell. D'autre part le caractère candide de Chouchou et l'univers de conte de fées qui l'entoure (avec Catherine FROT et le regretté Claude BRASSEUR dans le rôle des bonnes fées et Alain CHABAT dans celui du prince charmant) permettent d'échapper à ce que le récit aurait pu avoir de graveleux et sont sans doute pour beaucoup dans l'adhésion d'un large public à un personnage qui n'a pourtant rien de mainstream. Comme si d'un coup de baguette magique, le racisme, l'homophobie et la transphobie* avaient disparu miraculeusement du paysage. C'est toujours bon à prendre.

* Chouchou est à la fois homosexuel et transgenre puisqu'il se sent naturellement femme. Cependant l'orientation sexuelle et le sentiment d'appartenance à un genre sont deux choses distinctes. Dans le manga "Family Compo" par exemple qui vient d'être réédité et que j'aime particulièrement, l'auteur, Tsukasa Hojo (plus connu en France pour "City Hunter" alias "Nicky Larson" sous nos contrées) raconte l'histoire d'une famille dont les parents sont hétérosexuels mais ont inversé les rôles de genre, la mère ayant un sexe masculin et le père, un sexe féminin. Ils ont un enfant dont on ne connaît pas le genre avec certitude, celui-ci jouant à brouiller les pistes, au grand dam de l'adolescent qui est amoureux de lui/elle.

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Santa & Cie

Publié le par Rosalie210

Alain Chabat (2017)

Santa & Cie

Alain Chabat a réussi à réaliser un film de noël féérique grâce à des effets visuels splendides tout en lui injectant son humour décalé, de la tendresse et une bonne dose de satire.

Son père noël vit au pôle nord dans une cabane en rondins avec la mère noël (Audrey Tautou). Il reçoit des lettres d'enfants qui lui commandent des jouets, il a une armée de lutins sous ses ordres qui les fabriquent dans une immense usine qui fait penser à la chocolaterie de Charlie et il se déplace en traîneau avec des rennes. Il n'est pas totalement coupé de la modernité (avec de multiples petits anachronismes comme le casque de réalité virtuelle testé par les lutins au milieu des jouets en bois, le bip et les phares de traîneau, la planche de surf également rétro éclairée etc.) Mais son "Santa Claus" porte un habit vert car dans la tradition païenne antique, la période de noël donnait lieu à des réjouissances célébrant le rallongement des jours et donc la venue prochaine du printemps. D'autre part il a une allure de patriarche ou de roi mage, allusion à la christianisation de la fête avec l'évêque Saint Nicolas de Myre protecteur des enfants et l'identification progressive de la fête de Saint Nicolas avec la naissance de Jésus. Ce père noël là ne connaît pas son dernier avatar civilisationnel mais il va avoir l'occasion de le rencontrer à la suite de son parachutage au cœur de Paris. Ce qui est l'occasion d'un échange drôlissime avec le père noël rouge popularisé par Coca-Cola et les grands magasins incarné par Jean-Pierre Bacri. Une vision désenchantée de noël corroborée par la coercition que subit Santa, coffré à plusieurs reprises et accusés d'être un alcoolique, un drogué et un pédophile.

L'humour ne procède pas seulement de l'inadaptation du père noël au monde qui l'entoure, il est également lié au décalage entre ce qu'il est et l'image que l'on a de lui. Ainsi il ne comprend rien aux échanges monétaires, au commerce en ligne et aux enfants ce qui ne manque pas de saveur. Mais cela ne l'empêche pas de prendre soin des enfants d'Amélie et de Thomas qui en échange s'engagent à l'aider à récolter 92 mille cachets de vitamine C pour ses lutins malades. Quant au frère de Thomas, s'il ne s'agit pas d'un personnage bien construit, il est à l'origine d'une course-poursuite aussi belle que loufoque sur un bateau-mouche.

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Astérix et Obelix mission Cléopâtre

Publié le par Rosalie210

Alain Chabat (2002)

Astérix et Obelix mission Cléopâtre

Je ne suis pas fan de la BD Astérix et de la plupart de ses adaptations mais celle-ci est une véritable exception. Non seulement l'esprit de l'oeuvre d'origine (qui est une parodie du film "Cléopâtre" de Mankiewicz) est respecté mais Chabat l'emmène encore plus loin, "vers l'infini et au-delà". C'est quand même une sacré gageure d'arriver à maintenir de bout en bout une intrigue limpide tout en multipliant les délires tous azimut. Et ce sans aucune beauferie, ni vulgarité. J'irai même plus loin: Chabat enlève à Astérix ce qu'il peut avoir parfois de déplaisant (l'aspect franchouillard, protectionniste voire raciste comme dans l'exécrable 33° album "Le ciel lui tombe sur la tête") en lui apportant légèreté, ludisme ("Je suis mon cher ami, très heureux de te voir". C'est un Alexandrin!, tous les noms finissant en us ou is, les intermèdes absurdes comme le documentaire sur la langouste, l'art "contemporain" de Léonard de Vinci et Géricault etc.) et ouverture sur le monde, d'Haut-Rang (Oran) à Hong-Kong et Tokyo (avec la scène géniale et culte du combat entre Numérobis et Amonbofils qui compile Kung-fu, mangas et cartoon). Même si certaines références peuvent être 15 ans après un peu difficile à saisir pour les plus jeunes (au hasard Itinéris, ZZ top, Alexandrie, Alexandra, Cyrano de Bergerac, Titanic, Pulp Fiction...) il y a de quoi faire dialoguer les générations. Et le choix de Jamel Debbouze en Numérobis est une vraie bonne idée. Je ne suis pas fan de Jamel ni en règle générale du (feu) esprit canal + mais dans ce film où les Edouard Baer (Otis) et autres Robins des bois sont intégrés à d'autres composantes, ça fonctionne plutôt bien. On y voit même Dieudonné au temps où il n'avait pas encore basculé du côté obscur de la force. Ce temps où il interprétait avec le groupe Zebda "Je crois que cela ne va pas être possible" dont le film propose une hilarante parodie durant le générique de fin (César-Chabat et Ceplus-Dieudonné refoulés à l'entrée de la soirée par Mathieu Kassovitz).

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Le Goût des autres

Publié le par Rosalie210

Agnès Jaoui (2000)

Le Goût des autres

Ces gens-là n'auraient jamais dû se rencontrer. Des barrières (des gouffres) de classes, de culture, d'opinion les séparent. Chacun vit dans son petit entre soi (et les vaches seront bien gardées): les beaufs avec les beaufs (la famille Castella), les prolos avec les prolos (Frank-Bruno-Manie), les intermittents du spectacles snobinards fauchés avec les artistes snobinards fauchés (la bande de Clara). Mais au fond chacun se sent bien seul. Castella (Jean-Pierre Bacri) déprime dans la bonbonnière de sa femme dans laquelle il ne se reconnaît pas. Manie et cie jouent les durs alors qu'ils sont tous blessés, perdus et phobiques de l'engagement. Enfin Clara (Anne Alvaro) résume sa situation par une punchline bien sentie: "tu sais ce que c'est qu'une actrice de 40 ans au chômage? Un pléonasme." Sans parler de l'horloge biologique qui tourne et pas d'enfant ni d'homme pour le faire à l'horizon. D'autant que Clara est une romantique "Je veux être un peu amoureuse, que ça veuille dire quelque chose, ça n'a rien d'extraordinaire." Car et c'est tout le génie de cette comédie de mœurs, sommet d'écriture dans la carrière du couple "Jabac" (Jaoui/Bacri), les préjugés et les sentiments sont deux choses bien différentes. Au point que les deuxièmes peuvent démonter les premiers ce que cette comédie s'emploie à faire avec jubilation et non sans cruauté au passage.

Bien sûr il faut quand même un lien pour que tous ces gens se rencontrent. L'usine de Castella est pourtant tout sauf glamour. Mais relookée par l'un des artistes qui gravitent autour de Clara (Anne Alvaro), elle présente déjà beaucoup mieux. L'artiste en question méprise soit disant ceux qui sont "bankables"... jusqu'à ce que Castella dégaine son chéquier. Et puis il y a un gros contrat à signer avec des iraniens. En attendant que l'affaire soit conclue, on colle à Castella un coach polytechnicien (Xavier de Guillebon) et un garde du corps, Frank (Gérard Lanvin) qui sympathise avec le chauffeur Bruno (Alain Chabat) lequel est un des anciens amants de passage de Manie (Agnès Jaoui) laquelle vend de l'herbe et écoute les confidences de Clara qui donne des cours d'anglais accélérés à Castella (toujours dans le but de faciliter la signature du contrat).

Mais cela ne suffit bien évidemment pas même si au fil du temps, certains malentendus seront levés. Un autre lien essentiel est celui de l'art. A priori incompatible avec Castella, son côté bling-bling, ses blagues grossières, jusqu'à ce qu'il tombe fou amoureux de Clara en train de déclamer avec feu du Bérénice sur scène (Anne Alvaro n'est pas tragédienne pour rien). Laquelle le rejette même si elle refuse de participer aux scènes de lynchage collectif (type "Le dîner de cons") avant de s'apercevoir mais un peu tard (ou pas, suspens) qu'elle est peut-être passée à côté du grand amour.

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