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Charlot garçon de théâtre (The Property Man)

Publié le par Rosalie210

Charles Chaplin (1914)

Charlot garçon de théâtre (The Property Man)

The Property Man est la première comédie de deux bobines de Chaplin en tant que réalisateur, scénariste et acteur principal. Elle s'inspire d'un sketch de l'époque où Chaplin travaillait pour l'impresario de music-hall britannique Fred Karno. Le sketch s'intitulait Mumming Birds et mettait en scène des numéros burlesques particulièrement mauvais. Et ce sujet reste au centre de The Property Man. On y voit en effet se succéder de soi-disant vedettes à l'ego surdimensionné et aux numéros plus exécrables les uns que les autres. Chaplin se paye leur tête en apparaissant à plusieurs reprises sur le devant de la scène, provoquant des catastrophes et le rire des spectateurs. Un running gag qu'il reprendra pour Le Cirque.

Le film a suscité de nombreuses critiques à toutes les époques à cause de sa méchanceté gratuite. C'est pourtant un des piliers du burlesque Keystone fondé sur le slapstick. Mais visiblement les coups de pied de Charlot sur le visage d'un vieil homme plié en deux sous le poids d'une malle sont restés sur l'estomac de quelques uns. Pourtant cette violence semble ici limitée à un effet cartoon (ou spectacle de catch!) avec des acteurs clownesques parfaitement entraînés à ce genre de numéro.

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Lumière! L'aventure commence

Publié le par Rosalie210

Thierry Frémaux (2016)

Lumière! L'aventure commence

A ceux qui croient toujours que les frères Lumière se sont contentés de poser leur caméra et de capter ce qui passait sous leur nez, le film à la fois didactique et ludique de Thierry Frémeaux, sélection de 108 films commentés et classés par thèmes sur près de 1500 réalisés entre 1895 et 1905 leur apportera un total démenti.

Les Lumière n'ont pas seulement inventé le cinématographe, cet appareil permettant à la fois de filmer et de projeter les vues obtenues sur grand écran. Ils sont à l'origine de l'art cinématographique:

- Les vues sont certes réalisées en un seul plan et la pellicule ne faisant que 17 mètres, elles ne duraient que 50 secondes. Mais ces plans sont soigneusement composés avec une attention particulière à la lumière, au cadre et à la position de la caméra. Avec la restauration numérique, la splendeur visuelle de ces vues éclate en pleine lumière. Beaucoup d'entre elles évoquent la peinture impressionniste de Renoir et ce n'est pas un hasard: Antoine Lumière, le père d'Auguste et Louis était lui-même peintre impressionniste et connaissait Renoir. D'autre part, la profondeur et l'axe du champ jouent un rôle essentiel dans la plupart de ces vues composées comme des tableaux animés avec sfumato et lignes de fuite.

- Contrairement à une idée reçue, les Lumière n'ont pas toujours filmé des plans fixes depuis le plancher des vaches. Ils ont filmé le paysage ou les gens à bord d'un train, d'un bateau, d'une voiture, d'un tramway et même d'un ballon. On obtient ainsi ce qui s'apparente aux premiers travellings horizontaux, verticaux, avant, arrière. De même, en filmant depuis des hauteurs, ils ont fait de magnifiques plans en plongée.

- On a souvent identifié les films Lumière à la tendance documentaire du cinéma et ceux de Méliès à la fiction. Evidemment c'est simpliste. Ainsi le célèbre "Arroseur arrosé" est la première comédie de l'histoire du cinéma. La mise en scène y est d'autant mieux mise en valeur que l'on voit deux versions différentes (l'invention du remake c'est aussi eux!) avec des variantes dans l'angle de prise de vue, les péripéties, la direction d'acteurs... Dans d'autres vues, un personnage se fendant la poire est sciemment placé à côté de la scène pour indiquer au spectateur son aspect comique. Les Lumière filment également des scènes de spectacle vivant. Et une vue telle que la "Charcuterie mécanique" s'apparente à de la science-fiction. Même un film d'apparence réaliste comme le tout premier, "La sortie des ouvriers de l'usine Lumière" existe en plusieurs versions et des éléments montrent que les ouvriers ont reçu des indications sur leur façon de se comporter devant la caméra.

- De même l'idée que les Lumière n'ont pas utilisé de trucages et "d'effets spéciaux" dans leurs films s'avère erronée. On en voit un premier, involontaire, où après être tombé, un mur se reforme tout seul conséquence d'un visionnage du film à l'envers. Puis un deuxième où un homme avec des béquilles est renversé par une voiture. Mais l'homme est devenu un mannequin démembré. Une fois remembré avec de la colle, il redevient bien humain et vivant!

- Enfin et toujours pour combattre l'idée reçue de la "fixité", les vues Lumière constituent une invitation au voyage. Dans l'espace tout d'abord car les opérateurs Lumière sont partis filmer aux quatre coins du monde de Genève à Kyoto, de Fort-de-France aux pyramides de Gizeh, de New-York à Moscou. Mais surtout dans le temps. Témoignage irremplaçable car sans aucune reconstitution de la société de la Belle-Epoque, elles permettent de visualiser les progrès technologiques (l'exposition universelle) comme les énormes différences de classes sociales (grands bourgeois d'un côté, va-nu-pieds de l'autre). Mais la vue la plus saisissante est celle qui témoigne de la violence de la société coloniale. On y voit dans l'Indochine française (Vietnam actuel) de grandes bourgeoises jeter à la volée des pièces à des enfants annamites comme s'ils s'agissait de poulets de basse-cour.

En résumé le film de Thierry Frémeaux outre son aspect documentaire permet de redécouvrir la beauté et la modernité de ces vues à l'origine du septième art.

 

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Charlot dentiste (Laughing Gas)

Publié le par Rosalie210

Charles Chaplin (1914)

Charlot dentiste (Laughing Gas)

Laughing gas est le deuxième court-métrage réalisé par Chaplin seul aux manettes. Et ce sera pareil pour les suivants jusqu'à la fin de sa collaboration avec la Keystone (à l'exception du long-métrage Le roman comique de Charlot et Lolotte). En effet le succès est au rendez-vous et grandira de film en film au même rythme que sa popularité. De plus comme Chaplin exclut Mabel Normand du casting (pas assez docile? Lui faisant trop d'ombre?), Mack Sennett n'a plus à jouer les chaperons.

La marque de Chaplin est immédiatement reconnaissable dans le scénario. Le comique repose en effet en partie sur le thème de l'imposture, récurrent dans son univers. Charlot qui n'est qu'assistant se donne des airs importants et tente dès qu'il le peut de prendre la place de son patron pour voler des baisers aux jolies patientes. Son incompétence est source de gags très chaplinesques comme lorsqu'il écoute le pouls du patient à partir de la plante de son pied. Mais pour le reste, cela reste une comédie Keystone avec son burlesque grossier fait de violence gratuite: claques, coups, lancer de briques et KO général à la fin.

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Avril et le monde truqué

Publié le par Rosalie210

Franck Ekinci et Christian Desmares (2015)

Avril et le monde truqué

A côté de la science-fiction d'anticipation qui imagine le futur existe la science-fiction uchronique qui imagine ce qu'aurait pu être le passé à partir d'une modification d'un événement de l'histoire appelé "point de divergence". Le prologue d'Avril et le monde truqué se situe exactement à cet endroit. A la veille de l'éclatement de la guerre franco-prussienne de 1870, l'Empereur Napoléon III se rend dans une base scientifique secrète pour évaluer les résultats d'un sérum censé rendre ses soldats invincibles. Déçu par le résultat, il fait tirer sur la cage renfermant les cobayes (des varans) qui s'échappent et provoquent une gigantesque explosion. A partir de là, les événements "alternatifs" s'enchaînent. L'empereur et son général sont tués donc la guerre n'aura pas lieu donc il n'y aura pas la défaite de Sedan donc l'Empire ne s'effondrera pas, donc il n'y aura pas de troisième République ni de deuxième ni de troisième Reich ni de seconde guerre mondiale. Et la divergence ne se limite pas aux faits politiques. Comme après l'explosion, tous les savants disparaissent mystérieusement dès qu'ils sont sur le point de mettre au point une nouvelle invention (l'électricité par exemple), la civilisation reste bloquée à l'âge de la vapeur avec des conséquences dramatiques: épuisement des ressources en charbon de terre et de bois, catastrophe écologique due à la déforestation, guerre entre l'Empire français et la ligue des Amériques pour l'exploitation des forêts du Canada, airpocalypse dans les villes, le charbon étant l'énergie la plus polluante.

Mais si historiquement parlant, on mesure la (toute relative) chance de la découverte du pétrole (même si son qualificatif "d'énergie propre" dans le film laisse rêveur ou alors c'est que la pollution au diesel relève des "faits alternatifs" à la 1984), sur le plan fictionnel et esthétique, l'ère charbon-vapeur permet de développer un magnifique univers steampunk rétrofuturiste. Deux tours Eiffel au lieu d'une avec des câbles tendus entre elles pour laisser passer un téléphérique rouge vif qui relie Paris à Berlin (en plus de 80 jours quand même); des ballons dirigeables, des tramways, des voitures à vapeur etc. Et dans tout ce capharnaüm, une adolescence mal embouchée, Avril, dont les parents font partie des savants disparus et qui pourchassée par la police (mais aussi par les kidnappeurs des scientifiques) va essayer de les retrouver en compagnie de son chat parlant Darwin et d'un jeune voyou/indic tombé amoureux d'elle Julius.

Foisonnant et brillant dans sa forme, passionnant sur le fond car alternant aventures haletantes et réflexion sur les dangers pour l'homme de la science sans conscience, Avril et le monde truqué est un bijou. Il faut dire que la patte de Jacques Tardi sur l'univers graphique, l'histoire ou le caractère des personnages est très forte. Le film a reçu le cristal du meilleur long-métrage au festival d'Annecy en 2015.

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La La Land

Publié le par Rosalie 210

Damien Chazelle (2016)

La La Land

Un feel good movie qui sonne faux, voilà comment j'ai ressenti La La Land. Alors oui, il y a de belles choses: l'ouverture inspirée des "Demoiselles de Rochefort" de Jacques Demy, la conclusion "conte de fée" en forme de réalité alternative, quelques envolées lyriques brisées net par des contretemps qui vont s'avérer fatals (la première rencontre, le premier "pas de deux".) La musique est particulièrement soignée tout comme les éclairages (les vues de Los Angeles d'en haut sont splendides). On en prend plein la vue, plein les oreilles... Et pourtant la mayonnaise ne prend pas car une fois de plus (après Whiplash) le réalisateur s'empêtre dans ses contradictions. Créer de la magie avec des acteurs aussi mal assortis est mission impossible. Emma Stone est bien mignonne mais elle minaude à longueur de temps (on dirait une gamine de 16 ans!) alors que Ryan Gosling a le charisme, la sensualité et l'expressivité d'une baignoire (non Ryan, désolée mais tu n'as pas la "saturday night fever".) Leur histoire sent la pacotille à plein nez. Quant à leurs capacités en chant et en danse, disons qu'elles ne volent pas très haut. C'est voulu dans l'espoir d'en tirer quelque chose de fragile, d'émouvant. Mouais. A mon avis ça ne remplace pas le talent. D'autre part à force de citer (piller?) à droite et à gauche d'illustres classiques, on frise le maniérisme et/ou l'indigestion (Sara Preciado en a fait une liste non exhaustive sur Vimeo). Le scénario souffre de longueurs car l'histoire privée de seconds rôles et d'enjeux forts est un peu trop ténue. Enfin et peut-être surtout, comme Whiplash, la vision que Chazelle a de l'art, axée sur la performance est antinomique avec ce qu'il prétend nous donner: du plaisir.

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Charlot et le mannequin (Mabel's Married Life)

Publié le par Rosalie210

Mabel Normand, Charles Chaplin, Mack Sennett (1914)

Charlot et le mannequin (Mabel's Married Life)

Encore un film à la réalisation incertaine faute de crédits précis. Disons que c'est la dernière co-réalisation Chaplin-Normand avec la supervision de Mack Sennett. Tourné à l'Echo Park situé à quelques encablures des studios Keystone, le film présente des similitudes avec la première réalisation de Chaplin Caught in the rain (la trilogie parc-bar-hôtel, la drague rustre avec la jambe sur le genou de la belle ) mais aussi avec l'Etrange aventure de Mabel car de nouveau celle-ci apparaît vêtue d'un pyjama. Elle affirme ainsi son caractère de garçon manqué et son refus des conventions. Quant à la confrontation avec le mannequin, elle préfigure les nombreux films où Charlot lutte contre des objets.

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Sahara

Publié le par Rosalie210

Pierre Coré (2017)

Sahara

Pas évident de rendre sympathiques des serpents et des scorpions. C'est pourtant ce que sont arrivés à faire les studios d'animation de la Station Animation basés à Arles et à Paris. Pour le premier long-métrage du réalisateur Pierre Coré, ils ont donc fait ce pari risqué et ont travaillé longuement le graphisme de leurs héros pour les rendre attachants sans pour autant complètement les dénaturer. Le graphisme est d'ailleurs également une réussite en ce qui concerne l'esthétique du film. Contrairement à la série des Age de glace dont je déteste le graphisme, je trouve que les paysages, les couleurs, les tatouages sur les peaux des serpents sont splendides.

L'intrigue est des plus classiques pour un film d'animation (une énième quête initiatique) avec un traitement trop vite expédié des questions sociales (plein aux as contre démunis) et "raciales" (oasis contre désert, frontière gardée par une police animale féroce, amitiés et relations amoureuses entre espèces différentes ou catégories différentes d'une même espèce). Les personnages principaux sont sympathiques mais assez lisses (il faut avant tout ratisser large) à l'exception notable du frère d'Eva, Gary, adolescent rebelle nonchalant en pleine crise d'identité et adepte de substances psychotropes à qui la voix de Vincent Lacoste va comme un gant. Il y a également quelques maladresses et longueurs dans le déroulement même si j'apprécie le rythme contemplatif plutôt qu'hystérique choisi pour ce film.

Un premier long-métrage pas complètement abouti donc mais prometteur. Malgré ses imperfections, j'ai plus apprécié ce film que l'artillerie lourde de Tous en scène.A suivre...

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Interstella 5555:The Story of the Secret Star System (Intāsutera fō faibu)

Publié le par Rosalie210

Interstella 5555:The Story of the Secret Star System (Intāsutera fō faibu)

Les parents et les critiques des années 70-80 étaient totalement à côté de la plaque lorsqu'ils descendaient en flamme les dessins animés japonais. Outre d'incontestables réflexes protectionnistes ("face aux japonais, il fallait rusé. La production française redémarre. Enfin!" titrait Télérama, soulagé d'avoir trouvé une parade.) voire racistes ("nippon ni mauvais" dans un abominable article du journal de Spirou intitulé "Japoniaiseries"), il y avait une incompréhension foncière vis à vis de ces oeuvres. Heureusement, un partenariat créatif allait à l'encontre de ces préjugés et jugements à l'emporte-pièce exactement à la même époque. Il s'agissait de Ulysse 31, fruit de la rencontre entre Jean Chalopin et la société japonaise TMS. Le résultat: une expérience hybride, celle de l'Odyssée d'Homère dans l'espace et des personnages aux traits occidentaux mêlés à des extras-terrestres à la peau bleue, Thémis et Noumaïos tous deux créés par Shingo Araki, le character design star de la TMS. Et un dessin animé devenu une référence dans l'univers des séries animées.

C'est exactement dans cette démarche de partenariat créatif transnational que s'inscrit Interstella 5555. Un rêve d'enfant devenu réalité selon les propres mots des Daft Punk qui ont découvert Albator à l'âge de 5 ans. Leur musique électro (l'album Discovery) alliée aux images du mangaka Leiji Matsumoto connu pour ses space-opera poétiques et énigmatiques (Outre Albator, on peut citer Galaxy Express 999, deux oeuvres qui allient futur hypothétique et passé fantasmé) débouche sur un dessin animé musical assez fascinant. Un bijou d'un peu plus d'une heure où se mêlent galaxies, vaisseaux spatiaux, limousines et show-business décadent. Les thèmes abordés sont ultra-contemporains: double identité, choc des cultures, ravages du star-system et du culte de la réussite, mondialisation, exploitation des peuples dominés par des capitalistes sans scrupules, dégâts de la surconsommation... Les Crescendolls portent bien leurs noms. Ce sont des poupées désincarnées, manipulées par un magnat de l'industrie du disque qui leur a fait subir un lavage de cerveau et s'apprête à les jeter dans la fosse aux lions après les avoir sucés jusqu'à la moëlle. Mais c'est sans compter sur un desperados solitaire, héros au vaisseau en forme de guitare prêt à sacrifier sa vie pour sauver celle de la bassiste du groupe dont il est amoureux. Le design des personnages est reconnaissable au premier coup d'oeil (la fille longiligne type sylvidre, le nabot, le beau gosse romantique...) tout comme les touches d'humour et la profonde mélancolie qui se dégage de l'ensemble. Bref c'est magique et percutant.

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La valse de l'Empereur (The Emperor Waltz)

Publié le par Rosalie210

Billy Wilder (1948)

La valse de l'Empereur (The Emperor Waltz)

Bien que très mineure dans la filmographie de Wilder, cette Valse réalisée en 1948 se laisse voir sans déplaisir. Pas tellement en raison du technicolor daté et de la chanson sirupeuse interprétée par Bing Crosby (qui vaut au film l'étiquette exagérée de "comédie musicale"). Mais à cause du fait qu'il injecte dans un univers très kitsch à la Sissi une bonne dose de screwball comédie ainsi qu'une critique acerbe des discriminations sociales et surtout raciales. Issu d'une famille juive autrichienne, né dans l'empire austro-hongrois au début du vingtième siècle puis exilé aux USA, Wilder a perdu une partie de sa famille à Auschwitz. C'est ce parcours que l'on retrouve dans un film Mitteleuropa situé à la Belle Epoque mais qui évoque en réalité le nazisme et l'épuration raciale. On comprend mieux pourquoi l'histoire d'amour impossible entre une comtesse autrichienne et un commis voyageur américain (joués par Joan Fontaine et Bing Crosby) s'accompagne d'une métaphore canine qui a le mérite de mettre les points sur les i. Car lorsque Shéhérazade la chienne de race de la comtesse promise à une saillie avec le chien de l'empereur François-Joseph accouche de petits bâtards qu'elle a eu avec Buttons, le chien du commis voyageur, le père de la comtesse ordonne de les noyer...

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Charlot et les saucisses (Mabel's Busy Day)

Publié le par Rosalie210

Mabel Normand (1914)

Charlot et les saucisses (Mabel's Busy Day)

Comme le film précédent, Charlot et Fatty dans le ring, il existe une incertitude sur le degré d'implication de Mack Sennett dans sa réalisation. Certaines sources l'attribuent seulement à Mabel Normand mais elle aurait en fait seulement dirigé ses propres scènes, laissant à Chaplin une grande liberté pour jouer les siennes. Quant à Sennett, s'il s'attribue un petit rôle et réalise les scènes de Chaplin c'est surtout pour garder un oeil sur lui car il craignait qu'il ne séduise sa protégée (voir Le Maillet de Charlot pour plus de détails sur le triangle amoureux Sennett-Chaplin-Normand).

Comme beaucoup de courts-métrages de la Keystone, le film a été tourné sur les lieux d'un événement réel, le Ascot Park Speedway de Los Angeles lors d'une course amicale spéciale le 17 mai 1914. Le réalisateur saisit au passage les réactions amusées des spectateurs devant les facéties de Chaplin ce qui rappelle Charlot est content de lui. De fait, ce dernier s'en donne à coeur joie dans les mimiques chaplinesques: roulement de chapeau sur son bras, dérapages contrôlés, danse provocatrice autour du policier, multiples acrobaties... Quant à Mabel Normand, le film permet d'apprécier autant ses talents de mime que son tempérament de garçonne bagarreuse. Bien que Charlot se montre surtout malhonnête et violent dans le monde de brutes évoqué par le film, il choisit au final de consoler Mabel avec tendresse plutôt que de continuer à se battre avec elle. De fait, dès qu'il sera totalement libre de réaliser ses films, Chaplin s'éloignera de la violence gratuite et critiquera la loi de la jungle. Il suffit de comparer ce film de 1914 et Une vie de chien réalisé pour la First National en 1918 pour mesurer cette évolution.

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