Fatty en bombe (A Reckless Romeo)
Roscoe Arbuckle (1917)
"Fatty en bombe" est le deuxième film tourné par Roscoe ARBUCKLE pour la Comique film corporation juste après "Fatty Garçon boucher" (1917). Il a été longtemps confondu avec le dernier film tourné par Roscoe ARBUCKLE pour la Triangle film Corporation en 1916, renommé depuis "A creampuff romance". Il est d'ailleurs possible que "A Reckless Romeo" (titre en VO de "Fatty en bombe") ait été commencé sous la Triangle et terminé sous la Comique. D'autre part, bien que Buster KEATON ne soit pas crédité au générique, il est établi par la majorité de ses biographes qu'il fait un cameo dans le film, méconnaissable en mendiante aveugle.
A mon avis l'influence de Buster KEATON ne se limite pas au cameo. Il y a en effet une certaine sophistication dans la mise en scène de ce film avec une réflexion sur la narration filmique et le pouvoir des images. Comme dans certains des futurs longs-métrages de Buster KEATON comme "Sherlock Junior" (1923) et "Le Caméraman/L Opérateur" (1928), il y a un film dans le film. Un professionnel du cinéma s'invite dans l'intrigue pour filmer les débordements alcoolisés et lubriques de Roscoe ARBUCKLE qui débouchent sur une bagarre dont ce dernier sort le visage tuméfié. Puis le réalisateur projette le résultat sur un écran devant Fatty, son épouse (Corinne Parquet), sa belle-mère (Agnès Neilson), la jeune fille qu'il a embrassé (Alice LAKE) et son fiancé (Al St JOHN) provoquant une mise en abyme puisque la bagarre entre les deux hommes reprend dans la salle tout en se déroulant à l'écran. Pour complexifier encore la question de la représentation, Fatty a proposé auparavant à sa femme et à sa belle-mère sa propre version de l'histoire, autrement dit un film alternatif basé sur un gros mensonge. Dans le fake, il se donne le beau rôle de redresseur de torts et ses contusions sont des preuves de son courage. C'est cette version qui est la plus drôle avec du slapstick et le petit numéro de la mendiante aveugle qui s'avère elle aussi être un pur fake. Si ça ce n'est pas la signature de Keaton!
Commenter cet article