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Mean Streets

Publié le par Rosalie210

Martin Scorsese (1973)

Mean Streets

"Mean Streets", le troisième film de Martin SCORSESE est une plongée dans les bas-fonds de Little Italy qui a des airs de "Les Quatre cents coups" (1959) d'autant plus qu'on y rencontre pour la première fois celui qui deviendra l'alter ego du cinéaste, Robert De NIRO. Mais en beaucoup plus trash et torturé. Le film déconcerte de par son hétérogénéité voire ses nombreuses contradictions. D'un côté, un aspect néoréaliste voire documentaire, pris sur le vif, nerveux, souvent caméra à l'épaule. De l'autre, des effets maniéristes qui deviendront la signature du réalisateur tels que le rouge écarlate, les ralentis, les explosions de violence, l'utilisation flamboyante de la musique. Les contradictions sont également au coeur du personnage de Charlie, joué par le premier acteur important du cinéma de Scorsese, Harvey KEITEL. En quête de respectabilité et de réussite dans la mafia de son quartier dont l'un des bonnets est son propre oncle, le jeune homme ne peut pas s'empêcher de risquer de tout perdre en protégeant envers et contre tout Johnny Boy (Robert De NIRO), un jeune chien fou inconscient et incontrôlable. Le catholicisme est aussi important que la pègre chez Scorsese et Charlie ne cesse d'osciller entre l'Eglise et le bar comme si Johnny boy était sa croix et son rachat. Même contradictions vis à vis de la gent féminine car le quartier est un théâtre où il ne faut pas montrer qu'on en pince pour une afro-américaine ou pour une épileptique. Le machisme, le racisme et la morale chrétienne font écran aux désirs et aux sentiments. "Mean Streets" avec son apparence de patchwork désordonné, son absence de véritable scénario, ses personnages de petites frappes immatures n'est franchement pas un film aimable ni confortable. Mais il vaut la peine d'être vu non seulement parce qu'il annonce la filmographie d'un grand cinéaste mais parce qu'une direction finit par émerger de tout ce chaos. Comme dans "Les Vitelloni" (1953) qui décrivait également le marigot dans lequel vivotait une bande de jeunes paumés soudés comme des frères, le salut est à chercher seul et dans l'exil lors d'une fin autrement plus violente que dans le film de Federico FELLINI (également largement autobiographique). Une fin dans laquelle Martin Scorsese apparaît d'ailleurs en personne dans un rôle des plus symboliques.

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