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Articles avec #cinema muet tag

Fatty groom (The Bell Boy)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1918)

Fatty groom (The Bell Boy)

"Fatty groom" est la huitième collaboration entre Roscoe ARBUCKLE et Buster KEATON. Comme dans la plupart de leurs autres films, il n'y a pas de vrai scénario, l'intrigue décousue servant de prétexte aux gags et aux acrobaties. Et quelles acrobaties ! Le film propose des séquences qui s'apparentent à des numéros de cirque comme l'attaque de la banque où Buster KEATON et Al St. JOHN accomplissent des prouesses physiques qui semblent venir d'une autre planète (celle du cartoon d'autant qu'à un moment donné l'oeil d'une tête de cerf accrochée au mur s'anime et que Roscoe ARBUCKLE reprend sa mise en scène de course-poursuite stylisée à distance depuis une ligne de crête). Cet extraordinaire illusion d'apesanteur produite par leurs corps souples et athlétiques fascine car elle est liée à une époque où les acteurs pouvaient être aussi cascadeurs (ce qui est le cas aujourd'hui dans un genre différent de Tom CRUISE dans les "Mission impossible").

Pour le reste, le contexte de réalisation du film à la fin de la guerre explique certains gags comme les attaques de mousse à raser sur un personnage ayant pris l'apparence du Kaiser ou la mention barrée "cuisine allemande". D'autres s'appuient sur la pantomime (nettoyage d'une vitre imaginaire). Roscoe ARBUCKLE n'hésite pas en effet à abattre le quatrième mur en faisant un clin d'œil complice à la caméra.

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L'Opérateur/Le Caméraman (The Cameraman)

Publié le par Rosalie210

Edward Sedgwick et Buster Keaton (1928)

L'Opérateur/Le Caméraman (The Cameraman)


"L'Opérateur" est le film de Buster KEATON que je préfère et selon moi son plus grand chef-d'œuvre. On y retrouve les qualités de ses autres chef-d'œuvres, cette manière poétique et décalée d'habiter le monde, d'interagir avec lui et de le mettre en scène. "L'Opérateur" a un personnage principal qui fabrique des images. De portraitiste, il devient reporter et fabrique ainsi ses propres films dans le film principal. Le premier d'entre eux qui passe pour raté est un concentré d'inventivité technique et poétique avec un défilé en arrière des images qui a pour effet d'annuler le temps, une surimpression qui fait naviguer un cuirassé en pleine rue et la juxtaposition de quatre mini écrans diffusant chacun leurs images en simultané sur le principe du split-screen. Le deuxième est un reportage documentaire qui en réalité a fait l'objet d'une mise en scène. Lors du tournage (lui aussi une mise en abyme), Buster KEATON est intervenu plusieurs fois pour "arranger" la vérité, mettant un poignard dans la main d'un homme se bagarrant avec un autre, faisant tomber des hommes à terre et brisant des ampoules pour faire croire à des coups de feu.

Mais "L'Opérateur" a par rapport aux autres films de Buster KEATON un petit supplément d'âme qui le rend unique. Ce n'est pas le seul film où il exprime son inadéquation avec l'environnement. Mais jamais il ne l'avait fait avec une telle sensibilité. Il y a des trouvailles géniales comme ce travelling vertical sur un escalier qui exprime son yoyo émotionnel à cause d'un simple coup de téléphone. Il y a la scène où séparé de sa fiancée il trouve des moyens originaux de la rejoindre (sur le garde-boue d'un bus par exemple). Il y a ce petit singe malicieux qui en filmant la scène du sauvetage de la fiancée qu'un usurpateur s'était attribué fait éclater la vérité (c'est aussi à cela que servent les images et l'art cinématographique a été un temps une planche de salut pour Buster KEATON comme avant lui pour Roscoe ARBUCKLE). Il y a enfin ce qu'exprime le corps de Buster KEATON, par exemple quand il s'affaisse sur la plage. Tout le corps, y compris le visage. Comme s'il sentait que la MGM allait être son tombeau cinématographique, Buster KEATON enlève son masque de pierre et exprime une multitude d'émotions, souvent en gros plan: le trouble et le transport amoureux, la tristesse, la colère, la peur et le soulagement. Cette humanité touche en plein cœur.

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Sportif par amour/Campus (College)

Publié le par Rosalie210

James W. Horne, Buster Keaton (1927)

Sportif par amour/Campus (College)

Même cornaqué de tous les côtés (budget, réalisation, sujet) par un studio et un producteur soucieux de rentabiliser ses futurs films après l'échec commercial du "Mécano de la Général", Buster KEATON parvient à imprimer sa personnalité à cette pâle copie de "Vive le sport !" (1925)" avec Harold LLOYD sorti deux ans auparavant et qui avait été extrêmement bankable.

"Collège" distille un grand malaise dès ses premières images. On y voit exposé un système dans lequel Buster KEATON ne trouve jamais sa place. La métaphore du costume mouillé devenu trop étroit est éloquente du mal-être du personnage (et de l'acteur) dans un système qui n'a pas été conçu par et pour sa personnalité artistique mais pour faire de l'argent. Si bien que par la suite Buster KEATON dynamite les scénettes dans lesquelles il est impliqué. Il y a une profonde ironie dans le fait qu'en dépit de l'application à la lettre des vieilles recettes américaines ("tu peux y arriver si tu essayes plus fort") il échoue dans tout ce qu'il entreprend. Non le sport en soi (Buster KEATON était un athlète accompli et nous fait une grande démonstration de ses talents à la fin du film quand il est enfin libre de ses mouvements) mais de ce qu'il y a de contraint dans le cadre universitaire: la normativité, les codes sociaux, la soumission à la collectivité. Il échoue dès qu'il doit faire corps avec un groupe et en appliquer les règles, assimiler les gestes techniques d'une discipline bref abdiquer sa singularité. Pas seulement dans le sport d'ailleurs mais aussi dans le monde du travail (excellente scène du bar à cocktails) et enfin dans l'institution du mariage dont Buster KEATON a une vision très noire, les dernières images du film en témoignent.

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Cendrillon (Cinderella)

Publié le par Rosalie210

James Kirkwood Sr. (1914)

Cendrillon (Cinderella)

"Cinderella" est l'une des illustrations de l'influence de l'Europe sur l'Amérique personnifiée par sa petite fiancée d'alors alias l'actrice Mary PICKFORD. Certes il ne s'agit pas de la première adaptation cinématographique du conte de Charles Perrault mais c'est celle qui servira de modèle au film d'animation des studios Disney. De fait en dépit des limites de l'époque, le film dégage un certain charme grâce au charisme de sa star et à l'onirisme dans lequel il baigne. Cendrillon passe son temps moins à travailler qu'à rêver étendue sur l'herbe ou sur sa paillasse. Et elle rêve à quoi? A l'amour bien sûr ! Cendrillon est l'un des exemples parmi les plus emblématiques du mythe du prince charmant, l'homme idéal rêvé par les très jeunes filles et dont la venue leur permettra de s'accomplir dans les sociétés patriarcales. La famille de Cendrillon est pourtant matriarcale mais les modes de pensée de la belle-mère, des deux sœurs et de Cendrillon sont façonnées par le patriarcat. Ce sont des rivales qui cherchent à susciter le désir chez un homme en se parant des atouts de la séduction. Et si Cendrillon y parvient, c'est parce qu'elle a le profil idéal. La femme idéale selon le patriarcat se doit d'être belle pour flatter l'ego de l'homme et lui servir de trophée. Elle se doit d'être bonne c'est à dire dévouée afin de s'oublier pour se mettre au service des besoins de son seigneur et maître. Elle doit être douce, soumise, décorative et excellente maîtresse de maison. Tout est fait pour rendre ce modèle désirable et son revers (celui des demi-sœurs), repoussant. Il va sans dire que la relation qu'entretenait alors le réalisateur James KIRKWOOD avec Mary PICKFORD (un grand classique des rapports asymétriques hommes-femmes dans le monde du cinéma) s'inscrit parfaitement dans ce schéma.

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Fatty bistro (Out West)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1918)

Fatty bistro (Out West)

Roscoe ARBUCKLE s'échappe de Manhattan pour effectuer une virée à l'ouest. "Fatty bistro" est en effet une joyeuse parodie de western et c'est une nouveauté suffisante pour renouveler agréablement la série. Les plans de poursuite à distance depuis une ligne d'horizon avec des silhouettes en contre-jour se mouvant en accéléré dans le fond du plan sont l'une des originalités du film. Cet effet cartoon apparaissait déjà brièvement dans "Fatty chez lui (1917)" mais les grands espaces californiens permettent de les multiplier. Par ailleurs l'utilisation du train en marche comme source de gags est très keatonienne et on sent son influence dans cette partie du film.

En contrepoint, le saloon "de la dernière chance" devient le petit théâtre où Roscoe ARBUCKLE peut mettre en place la mécanique burlesque habituelle de ses films. Quelques gags sont hilarants comme le cheval qui titube après avoir ingéré de l'alcool, la trappe à cadavres et l'insensibilité de Wild Bill Hickup (Al St JOHN) qui continue à s'acharner sur Alice LAKE alors que Fatty lui fracasse des dizaines de bouteilles sur la tête. En revanche il ne supporte pas les chatouilles ce qui signe le caractère enfantin du film. Et ce bien qu'encore une fois, époque oblige, ni la femme (mère la morale puis proie sans défense) ni l'homme noir (que l'on fait "danser" à coups de pistolet) ne sont présentés à leur avantage.

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Fatty Docteur (Oh Doctor!)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1917)

Fatty Docteur (Oh Doctor!)

"Fatty docteur" est une comédie surprenante car en rupture avec celles qui précèdent ("Fatty Garçon boucher" (1917), "Fatty chez lui" (1917) et "La noce de Fatty" (1917)). Au lieu du gros bébé amateur de bagarres qui se sert de son commerce pour jouer avec la nourriture et détruire le décor et la bienséance, Fatty interprète le rôle d'un bourgeois respectable qui vient assister aux courses de chevaux avec sa famille. Certes il fait de l'œil à une vamp (Alice Mann) mais ses agissements restent somme toute très sages. Lorsqu'il découvre que cette femme veut l'escroquer avec son mari (Al St. JOHN), il se déguise en Keystone Cop (son ancien emploi) et réussit un doublé: arrêter les voleurs et empocher l'argent des paris. Buster KEATON occupe lui aussi un rôle à contre-emploi par rapport à ses trois premières collaborations avec Fatty. Il interprète le rôle de son fils, un gamin à l'âge indéterminé mais particulièrement bête et pleurnichard. A l'opposé du visage figé qu'il arborera dans la suite de sa carrière, il grimace ici à qui mieux mieux. Il effectue également une acrobatie spectaculaire avec une roulade arrière sur une table avant de se réceptionner dans un confortable fauteuil.

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La noce de Fatty (His Wedding Night)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1917)

La noce de Fatty (His Wedding Night)

"La noce de Fatty" est un court-métrage de Roscoe ARBUCKLE d'apparence très classique mais quand on creuse un peu, on réalise qu'il s'agit d'une comédie fondamentalement incorrecte qui ne passerait pas du tout aujourd'hui. On s'y moque tour à tour d'une afro-américaine (qui se retrouve avec une facture imprimée au dos de sa jupe "4 dollars l'once" comme au temps de l'esclavage) et d'un homme efféminé qui s'asperge de parfum, on endort une femme avec du chloroforme pour pouvoir la bécoter en toute impunité ou bien on l' étrangle et on la mord parce qu'elle refuse une proposition de mariage. Heureusement il y a Buster KEATON pour relever le niveau. Eméché, il se glisse dans la chambre puis dans les habits de la mariée avec une telle aisance qu'il finit par être pris pour elle (d'autant qu'il a la même taille et la même corpulence que Alice LAKE avec laquelle il partage une belle complicité à l'écran). Alors que Roscoe ARBUCKLE est à couteaux tirés avec Al St. JOHN pour obtenir la main de Alice LAKE, il n'est pas du tout jaloux de Buster KEATON avec lequel il est plutôt complice dès qu'il s'agit de débordement alcoolisé. Lorsque ce dernier se travestit puis est enlevé, la confusion devient telle qu'Al et lui-même manquent de peu l'épouser.

Ce court-métrage a un autre atout: ses nombreux gros plans qui permettent de bien saisir les expressions des protagonistes. On comprend pourquoi Al St. JOHN n'est pas passé à la postérité en dépit de son talent: il ne dégage aucun charisme alors que Buster KEATON et Roscoe ARBUCKLE rayonnent littéralement.

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Fatty chez lui (The Rough House)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1917)

Fatty chez lui (The Rough House)

A défaut d'un vrai scénario, "Fatty chez lui" se singularise par le talent burlesque du trio Roscoe ARBUCKLE, Buster KEATON et Al St. JOHN ainsi que l'inventivité des gags. Certes il y a beaucoup de slapstick dans la veine des comédies de la Keystone (auquel Roscoe ARBUCKLE rend hommage avec Buster KEATON et Al St. JOHN en Keystone cops) et l'essentiel du film consiste à détruire l'intérieur d'une maison (j'ose à peine imaginer l'état de la cuisine, du salon et de la chambre tels qu'ils apparaîtraient dans un film d'aujourd'hui en couleurs). Mais il y a aussi des idées originales promises à un bel avenir. Fatty environné d'étoiles animées préfigure les cartoons de la Warner Bros. De même, quelques plans de poursuite sont tournés avec les acteurs apparaissant en silhouette en arrière-plan. Et surtout on voit Fatty esquisser la danse des petits pains qui sera reprise une dizaine d'années plus tard par Charles CHAPLIN pour "La Ruée vers l'or" (1925). Quant à Buster KEATON s'il fait une démonstration de son art de la chute il n'a pas encore le visage complètement figé de ses futurs films.

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Fatty cabotin (Back Stage)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1919)

Fatty cabotin (Back Stage)

"Fatty cabotin" est l'un des derniers court-métrage de Roscoe ARBUCKLE avec Buster KEATON. Il effectue un retour aux racines théâtrales des protagonistes puisqu'il se déroule dans un music-hall. En même temps, il préfigure certaines des œuvres à venir de Buster KEATON. On y voit pour la première fois l'un de ses gags les plus célèbres en raison de son aspect dangereux et spectaculaire: une façade qui s'écroule (ici sur Fatty) mais celui-ci reste indemne car son corps est passé par l'encadrement de la fenêtre. On retrouve ce gag par la suite dans deux films de Buster KEATON: "La Maison démontable (1920)" l'un de ses court-métrage en solo et "Steamboat Bill Junior" (1928) où le danger atteint son maximum, la façade qui s'écroule étant très lourde. Le film est à voir aussi pour sa variante du gag de l'escalier en trompe l'oeil et la séquence dansée entre Fatty et Buster travesti, vraiment très drôle

On pense aussi à Chaplin en regardant ce court-métrage. D'une part parce que celui-ci venait également du même monde, évoqué dans certains de ses courts-métrages et ensuite par la présence au casting des Coogan, père et fils. John Coogan joue le rôle du danseur efféminé et son fils, Jackie COOGAN celui du gamin importunant Fatty peu de temps avant de passer à la postérité avec "Le Kid / Le Gosse" (1921).

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Le Garage infernal (The Garage)

Publié le par Rosalie210

Roscoe Arbuckle (1920)

Le Garage infernal (The Garage)

Il s'agit du dernier court-métrage du tandem Roscoe ARBUCKLE/Buster KEATON et l'un des plus réussis. Officiellement, ils sont mécaniciens et pompiers dans un garage-caserne. En réalité, on a l'impression qu'ils veulent surtout faire joujou avec diverses substances: la graisse, l'eau, la mousse de savon, la glue… gare aux personnes et aux objets qui sont sur leur passage, ils n'en sortiront bien évidemment pas indemnes. Il y a aussi un plateau tournant bien pratique pour y faire des cascades (le gag de la course à contresens sera repris par Buster KEATON mais avec une roue verticale dans "Grandeur et décadence" (1922)), une bassine remplie d'eau, une voiture "pas toute neuve" (entendez qui se désosse toute seule) et divers mécanismes ingénieux pour accélérer le rythme déjà frénétique de l'ensemble.

A l'extérieur du garage, ce sont les problèmes d'attentat à la pudeur de Buster KEATON qui assurent le spectacle. Surtout lorsque Roscoe ARBUCKLE se met à jouer les paravents mobile pour dissimuler son comparse au flic qui le poursuit. Il lui emboîte le pas de façon parfaitement synchronisée et le montage en champ-contrechamp permet de voir leur figure de face puis ce dos. Ce gag sera repris quasiment à l'identique dans "L Impossible monsieur Bébé" (1938) de Howard HAWKS, la comédie des années trente étant l'héritière naturelle du burlesque muet des années vingt.

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