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Articles avec #cinema muet tag

Le talisman de grand-mère (Grandma's Boy)

Publié le par Rosalie210

Fred C. Newmeyer (1922)

Le talisman de grand-mère (Grandma's Boy)

L'effet placebo est un mécanisme psychophysiologique lié à la foi en la puissance curative d'une substance, d'un objet ou d'un lieu. En cela, il est très proche du porte-bonheur, cet objet auquel on attribue le pouvoir magique de porter chance. Le talisman comme l'amulette ou le gri-gri est une variante du porte-bonheur.

Les œuvres de fiction ont largement eu recours à ce subterfuge pour révéler les talents cachés d'un personnage peu sûr de lui. Pensons à la plume noire donnant l'assurance nécessaire à Dumbo pour voler ou la potion avalée par le lion du magicien d'Oz pour se persuader qu'il a du courage. Harold est un personnage à qui ce genre de béquille va comme un gant. Avec ce qui peut être considéré comme son premier long-métrage (à l'origine il ne devait faire que deux bobines mais il fut rallongé à cinq bobines), il campe un personnage que l'on retrouvera dans nombre de ses films ultérieurs comme "Faut pas s'en faire" ou "Ca t'la coupe": le loser qui se transforme en héros. Doté de moments comiques irrésistibles (il faut voir comment par exemple le grand-père d'Harold terrasse à lui seul pendant la guerre de Sécession quatre généraux lorsqu'il reçoit le fameux talisman!) et sans temps morts, le film fut un succès. Chaplin lui-même salua sa réussite: « C’est l’un des meilleurs scénarios que j’ai jamais vu… Ce garçon a une belle maitrise de la lumière et des formes. Ce film m’a procuré un vrai frisson artistique et m’a stimulé. » (Interview par Rob Wagner, 23 mai 1922).

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Ayez donc des gosses (I Do)

Publié le par Rosalie210

Hal Roach, Fred C. Newmeyer (1921)

Ayez donc des gosses  (I Do)

"I do" ("Ayez donc des gosses" ou "Un heureux mari" en VF) était prévu à l'origine pour être un 3 bobines. Mais après avoir montré le film en projection test, il fut décidé de le réduire à 2 bobines. La première partie qui traitait du mariage et de l’installation du jeune couple fut jugée trop lente. Elle fut remplacée par un petit dessin animé au tout début du film qui montre rapidement la cérémonie de mariage. Une cérémonie prémonitoire: Mildred Davis qui interprète ici la jeune épouse d’Harold Lloyd allait l’être dans la vraie vie peu après.

"I do" est un court-métrage amusant mais un peu répétitif (des plans, des idées de mise en scène reviennent plusieurs fois). D'autre part il utilise des ficelles (la peur du noir et de l'intrusion au cœur de la nuit) qui seront infiniment mieux traitées dans "Le manoir hanté" par exemple. Il y a cependant une séquence à ne pas manquer, celle où Lloyd traverse à l'aveugle une route très fréquentée avec un landau, manquant à chaque instant de se faire renverser. Cette séquence est impressionnante, dangereuse et nécessite un réglage au cordeau. Elle témoigne du caractère casse-cou de Lloyd, nombre de ses comédies burlesques ayant un aspect thriller assez affirmé.

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Quel numéro demandez-vous? (Number please)

Publié le par Rosalie210

Hal Roach, Fred C. Newmeyer (1920)

Quel numéro demandez-vous? (Number please)

Un court-métrage typique de Lloyd. Typique en ce qu'il utilise la modernité comme source de gags. La modernité c'est le parc d'attractions symbolisant la société de loisirs dont les USA sont les précurseurs. Mention spéciale au manège qui sert à se débarrasser des importuns (quoique le roller coaster qui fait voler chapeaux et moumoutes n'est pas mal non plus). C'est surtout le téléphone qui donne son titre au film. Cette invention encore considérée comme nouvelle est au cœur d'un brillant morceau de bravoure situé au centre du film. Pour court-circuiter son rival parti demander à la mère de Mildred Davis l'autorisation de l'emmener en ballon, Lloyd a l'idée de lui téléphoner. Mais l'adversité se met de la partie: cabines toujours pleines, opératrices peu concentrées, oubli du numéro et du jeton, bébé braillard qui empêche d'entendre l'interlocuteur. On assiste à un véritable ballet millimétré au cordeau avec un feu d'artifices de gags. On retrouve la même virtuosité à la fin avec le sac volé de Mildred Davis, sorte de patate chaude que se passent et repassent le voleur, Lloyd et son rival pour tenter d'échapper à la police.

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Prince malgré lui (His Royal Slyness)

Publié le par Rosalie210

Hal Roach (1920)

Prince malgré lui  (His Royal Slyness)

"Prince malgré lui" également connu sous le titre "Le royaume de Tulipatan" est un court-métrage que l'on peut considérer comme l'embryon du futur long-métrage de Lloyd "Faut pas s'en faire". Dans les deux films, on assiste à une révolution dans un pays imaginaire. Seule la source d'inspiration diffère (la révolution russe pour "Prince malgré lui", la révolution mexicaine pour "Faut pas s'en faire.") D'autre part, il y a quelque chose du "Prince et du pauvre" et du "Prisonnier de Zenda" dans cette histoire de sosie et de substitution d'identité sur fond de palais royal. Harold Lloyd avait déjà joué avec son frère dans une histoire de double et une fois de plus on ne peut que constater l'extraordinaire ressemblance qu'il y a entre eux. Lloyd s'amuse d'ailleurs beaucoup à décliner ce thème tout au long du film. Il donne par exemple à l'acteur Gus Leonard le rôle du roi mais aussi celui d'un révolutionnaire. Il utilise également l'effet du miroir pour nous leurrer.

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Amour et poésie (Bumping Into Broadway)

Publié le par Rosalie210

Alfred C. Newmeyer (1919)

Amour et poésie (Bumping Into Broadway)

"Amour et poésie" est le premier film de deux bobines d'Harold Lloyd avec ses lunettes d'écaille. Doté d'un nouveau contrat, il disposait désormais de budgets plus importants pour tourner ses films. Celui-ci comporte en effet deux courses-poursuites d'anthologie menées à un train d'enfer, réglées comme du papier à musique et dans lesquelles Lloyd effectue d'étourdissantes prouesses physiques. La première met en scène les efforts de Lloyd pour échapper à sa logeuse et à sa brute de mari qui lui réclament le loyer en retard. La deuxième se situe dans un casino clandestin où Lloyd tente d'échapper à toute une escouade de policiers lancés à ses trousses. Parmi les acrobaties que Lloyd réalise pour leur échapper, on reconnaît le déguisement en portemanteau qu'il réutilisera dans "Monte là-dessus" pour ne pas payer son loyer.

"Amour et poésie" est aussi un des derniers films que Lloyd a tourné avec Bebe Daniels car elle fut repéré dans ce film par Cecil B. DeMille et partit par la suite travailler à la Paramount.

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Mon ami le voisin (Just Neighbors)

Publié le par Rosalie210

Harold Lloyd et Frank Terry (1919)

Mon ami le voisin  (Just Neighbors)

Court-métrage d'une dizaine de minutes assez inégal.

A son crédit, des scènes d'action pleine de dynamisme et beaucoup d'inventivité dans les péripéties. Les animaux (chien voleur, perroquet rapporteur, poules-terriers) sont particulièrement bien utilisés. On peut également ajouter des éléments sociologiques intéressants sur les USA de la fin des années 10. Lloyd et son voisin sont des banlieusards qui tous les jours prennent le train pour aller travailler. Le début du film a quelque chose du "struggle for life" qui rappelle (en version comique) "Une vie de chien" de Chaplin, film qui lui est contemporain.

Néanmoins et c'est son principal défaut, le film n'a aucun fil conducteur hormis les querelles de voisinage. L'ensemble est assez décousu et ressemble plus à une suite de petites scènes indépendantes les unes des autres plutôt qu'à un vrai film.

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Feux croisés (Two-Gun Gussie)

Publié le par Rosalie210

Alfred J. Goulding (1918)

Feux croisés (Two-Gun Gussie)

Court-métrage d'une dizaine de minutes dont l'effet comique principal repose sur le contraste entre Harold Lloyd, jeune homme d'apparence frêle et bien élevé et le milieu de rustres dans lequel il se produit. D'un côté la bourgeoisie urbaine de la côte est, de l'autre le Far West, ses saloons minables et ses hors-la-loi. Les efforts méritoires d'Harold pour "s'encanailler" (ou plutôt se mettre à la hauteur du dangereux bandit qui a échangé son identité avec lui) se soldent par de piteux échecs. Heureusement celui-ci reçoit des renforts qui l'aident à en venir à bout.

Le mélange de comédie et de western est une spécialité d'Harold Lloyd. Deux ans plus tard, il figurera dans un autre court-métrage du même genre (mais bien plus drôle): "Pour le cœur de Jenny" (également appelé "Viré à l'ouest"). L'index révolver qu'il utilise pour jouer préfigure le style de Chico Marx dans les films où il apparaît avec ses frères.

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Destino

Publié le par Rosalie210

Dominique Monféry, John Hench (2003)

Destino

Curieux destin que celui de "Destino", ce court-métrage surréaliste et muet, véritable OVNI réalisé conjointement par Salvador Dali et Walt Disney qui connut une gestation de plus d'un demi-siècle.

En 1945, les deux artistes se rencontrèrent lors d'un dîner à Hollywood. Dali travaillait alors sur les séquences oniriques de "La maison du docteur Edwards" d'Hitchcock. Ils s'étaient déjà brièvement rencontrés dans les années 30. Dali considérait Disney comme l'un des trois plus grands surréalistes américains (avec les Marx Brothers et Cecil B.DeMille). Les deux hommes décidèrent de faire un dessin animé ensemble. Disney a un projet qui séduit Dali: celui du destin tragique de Chronos, dieu grec du temps, désespérément amoureux d’une mortelle, le tout sur l'air de la chanson mexicaine d'Armando Dominguez intitulée "Destino". Dali se rendit tous les matins pendant 8 mois aux studios de la compagnie. Il produisit une petite centaine de croquis, puis parvint à réaliser dix-huit secondes de film animé. Mais, faute de budget dans le contexte difficile de l'après-guerre, Walt Disney finit par lâcher l'artiste et le projet (il se murmure également qu'il était mécontent de la tournure du projet, plus dalien que disneyen).
 
C'est Roy Disney, neveu de Walt, alors à la tête de la société, qui ressortit les archives de Dali du coffre du studio en 1999 et décida de relancer le film. Entre temps, l'histoire de leur collaboration était devenue légendaire, bien au delà des seuls fans d'animation. Une équipe de 25 personnes œuvra alors, dans le studio d'animation français de Disney à Montreuil, sous la houlette du réalisateur Dominique Monféry et l'indispensable supervision de John Hench qui avait assisté Dali en 1946 et était toujours en vie. En 2003, « Destino », d'une durée de six minutes, fut enfin achevé. Après avoir parcouru festivals et expositions, il est visible depuis 2010 sur internet.

"Destino", beau et harmonieux, fait penser à l'enfant d'un couple dans lequel on recherche la ressemblance avec les géniteurs. La parenté avec l'œuvre de Dali saute aux yeux. On croise toutes les obsessions graphiques du peintre : croissants de lune montés sur échasses, montres molles, sculptures aux têtes coupées, coquillages géants, globes oculaires pourvus de bras, paysages désertiques etc. Par conséquent, la parenté avec l'œuvre de Disney y est beaucoup plus discrète. Elle existe néanmoins à travers la figure de la princesse qui lorsqu'elle s'envole fait penser à la fée Clochette dans Peter Pan alors que son avatar abstrait se rapproche de certaines séquences de Fantasia.

"Destino" est une œuvre précieuse qui illustre la rencontre de deux grands esprits. Preuve que le dialogue des différences enrichit, j'aime particulièrement le point de vue de chacun sur l'intrigue du film: « Un spectacle magique du problème de la vie dans ce labyrinthe qu’est le temps » ou « l’histoire simple d’une jeune fille à la recherche de l’amour vrai »: deux visions, deux vérités illustrant ce petit bijou de film.

 

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Passez muscade (Are Crooks dishonest ?)

Publié le par Rosalie210

Gilbert Pratt (1918)

Passez muscade  (Are Crooks dishonest ?)

Aux Etats-Unis, l’expression « wooden nutmeg » (= noix de muscade en bois) désigne toute forme de fraude. Le terme vient d’une légende selon laquelle certains commerçants peu scrupuleux du Connecticut vendaient des noix de muscade en bois. Cela a même valu au Connecticut son surnom de « Nutmeg State ».

Dans ce court-métrage d'une bobine, Harold Lloyd et son comparse Snub Pollard sont deux petits escrocs qui arnaquent les "pigeons" d'un parc en leur vendant de faux bijoux qu'ils font passer pour des vrais. Les affaires marchent bien jusqu'au moment où Harold tombe sur Miss Goulash (Bebe Daniels), une fausse voyante qui en matière d'escroquerie en connaît un rayon. Tant et si bien qu'elle les dépouille avec une grande facilité. Harold et Snub se rendent dans son cabinet pour récupérer leur "bien" mais en vain car elle est plus forte qu'eux. Les tours de passe-passe entre les trois acteurs avec l'argent ainsi que les allées et venues vaudevillesques dans les différentes parties du cabinet sont assez virtuoses. Ce n'est pas la comédie la plus originale de Lloyd mais elle très divertissante.

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Les Fiancées en folie (Seven Chances)

Publié le par Rosalie210

Buster Keaton (1925)

Les Fiancées en folie (Seven Chances)

Les Fiancées en folie, le film de la perfection divine? Si le chiffre saint par excellence est partout (le héros a 27 ans et 7 chances de se marier avant 7 heures pour gagner 7 millions de dollars), la construction du film relève plutôt de la sainte trinité ou du film à 3 vitesses. Un début lent et poétique qui joue sur le contraste entre le temps qui passe (défilé des saisons et chiot qui devient un redoutable molosse) et le blocage du héros, un amoureux transi qui n'ose pas se déclarer. Un milieu au rythme intermédiaire où un événement déclencheur (l'héritage) provoque une vaine chasse à la mariée qui reste confinée dans un lieu clos. Une fin complètement déjantée, au rythme endiablé où une marée humaine de mariées se lance dans une course-poursuite d'anthologie avec un héros qui multiplie les cascades plus ébouriffantes les unes que les autres. Celle des (faux) rochers qui a inspiré le début du premier Indiana Jones n'était pas prévue au départ et a été rajoutée in-extremis causant à son concepteur quelques frayeurs et contusions.

Au fur et à mesure que le rythme du film s'accélère, les convenances corsetées se défont et laissent place à la sauvagerie la plus totale entre les prédatrices et leur proie qui ne pense plus qu'à fuir après avoir oublié ses bonnes manières. On est frappé aussi par le fait qu'en dépit de l'urgence de la situation, le héros rejette les prétendantes qui ne sont pas de sa communauté (une juive et une noire) alors qu'il est prêt sans le savoir à se jeter dans les bras d'une gamine et d'un travesti. Irrévérence ou préjugés racistes de cette époque, les débats sont ouverts.

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