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Articles avec #cinema indien tag

La Complainte du sentier (Pather Panchali)

Publié le par Rosalie210

Satyajit Ray (1955)

La Complainte du sentier (Pather Panchali)

Lorsqu'en 2013 je suis allée voir (et revoir tant elle était riche) l'exposition "Musique et cinéma" à la cité de la Musique, il y avait deux extraits de films indiens musicaux mais aux antipodes l'un de l'autre: "Devdas" (2002) représentait la magnificence et la démesure du film de studio bollywoodien avec un extrait mêlant danse et chanson alors que "La complainte du sentier" bercé par le sitar deRavi SHANKAR au contraire se distinguait par son caractère naturaliste. L'influence du néoréalisme italien est en effet palpable dans le film qui est tourné en décors réels, avec des acteurs amateurs et peu de moyens ainsi que celle de Jean RENOIR que Satyajit RAY rencontra au moment où il tournait "Le Fleuve" (1951) à Calcutta et qui lui donna la confiance nécessaire pour tourner son premier long-métrage en dehors des canons en vigueur dans son pays. Les personnages de "La complainte du sentier" sont pris comme ceux de "Une partie de campagne" (1946) entre le marteau (de la nature lorsqu'elle se déchaîne) et l'enclume (de la société).

Néanmoins ces influences revendiquées qui sont aussi des repères pour le cinéphile occidental (ce n'est pas un hasard si Satyajit RAY a été primé à Cannes pour le film) n'empêchent pas le film d'avoir son identité propre, irréductible. "La complainte du sentier" est un film magnifique qui capture l'essentiel de la vie, avec ses joies et ses peines d'une famille très pauvre vivant dans un petit village du Bengale perdu dans la forêt au début du XX° siècle. En dépit de quelques signes de modernité venus de la ville (fils électriques et train), les personnages vivent hors du temps, selon des coutumes séculaires. Mais l'incapacité manifeste du père à subvenir aux besoins de sa famille et notamment à entretenir la maison de ses ancêtres ainsi que l'absence de solidarité des voisins pourtant mieux nantis finit par ébranler cette famille dans ses fondements et la pousser à l'exil, donc au changement (d'où le fait logique que "La complainte du sentier" soit devenu le premier volet d'une trilogie). Les deux enfants, Durga et Apu qui se retrouvent coincés entre un père qui fuit ses responsabilités et une mère au contraire accablée par les soucis matériels tentent de s'en sortir comme ils le peuvent. Alors qu'en tant que garçon, Apu est le mieux loti (il va par exemple à l'école), c'est sa soeur qui s'avère la plus énergique et débrouillarde* bien que pourtant son destin ne cesse de s'assombrir. Apu saura s'en souvenir le moment venu.

* C'est la seule à s'inquiéter par exemple de la vieille tante Indir qui bien que n'ayant que la peau sur les os est considérée comme un boulet par la mère qui ne cesse de la chasser de la maison.

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The Householder

Publié le par Rosalie210

James Ivory (1963)

The Householder

"The Householder" ("Le chef de famille") est le premier film du fameux trio composé du réalisateur James IVORY (qui n'avait alors réalisé que des documentaires), du producteur Ismail MERCHANT et de la scénariste Ruth PRAWER JHABVALA qui a adapté son propre roman. Contrairement aux films ultérieurs du trio situés en Inde, plus multiculturels et multiethniques (et plus pessimistes aussi quant à leur issue en raison des séquelles douloureuses de la colonisation) "The Householder" est centré sur la culture indienne et n'a presque que des protagonistes indiens. Il faut dire que l'influence de Satyajit RAY qui a soutenu la production du le film se fait sentir. D'une certaine manière, il est une figure tutélaire pour le trio. Autre lien important avec l'Inde, la rencontre avec la dynastie Kapoor, Shashi KAPOOR étant présent dans la plupart des films tournés en Inde par Ivory et ses deux proches collaborateurs. Comme plus tard dans leurs films anglais, la fidélité à des acteurs-fétiches est une marque du cinéma d'Ivory. De même l'indianité de "The Householder" n'empêche pas d'y reconnaître la thématique favorite du cinéaste: parvenir à être soi-même dans un monde régi par des conventions aliénantes. Il raconte en effet comment un mariage arrangé se transforme peu à peu en mariage d'amour en dépit des défaillances du "chef de famille" qui ne se sent pas taillé pour le rôle car trop timide pour s'imposer face à un employeur et un bailleur cupides et une mère envahissante.

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