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Les 3 vies d'Agnès

Publié le par Rosalie210

Agnès Varda (2012)

Les 3 vies d'Agnès

Documentaire réalisé en 2012 et proposé en bonus dans le coffret DVD Tout(e) Varda, "Les 3 vies d'Agnès" fait référence aux trois activités artistiques auxquelles elle a consacré sa vie: la photographie, le cinéma et les arts plastiques auxquels elle préférait l'expression "arts visuels". Chacune de ses activités a occupé le devant de la scène de façon chronologique d'où "les 3 vies". Agnes VARDA avait en effet une formation de photographe qui l'a entraîné vers le cinéma qu'elle a pratiqué à partir du milieu des années cinquante et son premier film "La Pointe courte" (1954) précurseur de la nouvelle vague sous diverses formes et formats avant qu'au milieu des années 2000 elle ne diversifie encore plus le champ de ses activités. Il est cependant évident qu'il y a toujours eu une circulation entre toutes ces formes d'art, son cinéma se nourrissant de son oeil de photographe tout en préfigurant ses installations par leur mise en scène de l'hétérogénéité. C'est évident dès "La Pointe courte" (1954) qui alterne entre passages documentaires et passages de fiction, les deux grands genres entre lesquels Agnes VARDA n'a cessé de naviguer durant toute sa carrière. A l'autre bout du spectre, "Les Plages d'Agnes" (2007) fonctionne sur le principe du collage, du patchwork alors que dans "Visages, villages" (2017), elle revient à ses premières amours de photographe, épaulée par JR comme un passage de relai.

En dépit de son titre et de son ouverture sur des photographies (dont certaines déjà évoquées dans "Les Plages d'Agnes" (2007) comme l'exposition à Avignon consacrées à celles du TNP de Jean VILAR), le documentaire évoque surtout la troisième vie de Agnes VARDA, fonctionnant comme un catalogue d'expositions de l'artiste. Un art du fragment, que ce soit au travers d'une série de portraits et miroirs brisés, un recueil de témoignages ("Quelques veuves de Noirmoutier") (2006) que l'on écoute séparément alors qu'un grand écran les relie tous ou encore le travail de mémoire effectué à l'occasion de l'hommage aux Justes de France en 2007. Un travail de mémoire également présent lors de l'évocation de la rétrospective de l'oeuvre de, Agnes VARDA en Chine en 2012, plus de cinquante ans après son premier voyage sous l'ère Mao. Comme le rappelle l'artiste, la révolution culturelle a détruit une grande partie du patrimoine culturel de la Chine mais également nombre de souvenirs personnels. Si bien que les photographies et objets rapportés du voyage de 1957 constituent une sorte d'exhumation de vestiges d'un passé perdu. S'y ajoute une réflexion sur les différences de perception de ses installations en France et en Chine et sur la délicate question de la traduction des témoignages. La permanence de quelques totems comme la cabane, revisitée façon pagode sert de fil rouge entre tous les éclats de l'artiste. Un documentaire passionnant donc pour tous les fans de Agnes VARDA et plus généralement d'art tous azimuts.

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